المقالات بلغتها الأصلية Originaux Originals Originales

08/10/2025

Au Royaume-Désuni, une action pour la Palestine peut coûter 14 ans de prison : merci, camarade Starmer !

Le Premier british Keir Starmer, 63 ans, devenu chef du parti travailliste après l'exécution sommaire de Jeremy Corbyn pour "antisémitisme", n'en rate pas une pour soutenir la bande à Bibi, des tueurs qu'en d'autres temps on aurait jugés à Nuremberg. Sa politique férocement pro-sioniste le range définitivement du côté d'un certain Lord Balfour - le Tory antisémite auteur de la fameuse Déclaration, petit joyau d'"impérialisme pragmatique"- plutôt que dans celle d'un Clement Attlee, Premier ministre labour de 1945 à 1951, qui tenta en vain de s'opposer à la création de l'État sioniste et ne le reconnut qu'en 1949, une fois ses camarades du Mapai arrivés au pouvoir. 
Starmer a donc dissous pour "terrorisme" un groupe d'activistes appelé Palestine Action, dont les militants et sympathisants risquent jusqu'à 14 ans de prison pour des actions consistant à exercer des violences symboliques contre des objets, des bâtiments, des symboles et jamais contre des êtres vivants. Mais au Royaume-Désuni, tous les politiciens ne sont pas sur la même longueur d'onde. 
Plus au nord, à Edimbourg, le Premier ministre nationaliste écossais, John Swinney, 61 ans, dont 46 en politique, poussé au cul par la rue et les stades -où les foules de supporters du Celtic Glasgow affichent massivement leur soutien aux Palestiniens - a commencé à prendre des mesures contre les entreprises complices du génocide en cours. Lisez donc !  
Traduit par Tlaxcala

SOMMAIRE

  1. Le fabricant israélien d’armes Elbit Systems a fermé une installation britannique ciblée par Palestine Action
  2. Le ministère de l’Intérieur britannique obtient le droit de contester le recours de Palestine Action contre son interdiction pour terrorisme
  3. L’Écosse interdit les aides financières aux entreprises d’armement qui fournissent l’armée israélienne 


Le fabricant israélien d’armes Elbit Systems a fermé une installation britannique ciblée par Palestine Action

Le site d’Elbit Systems UK à Bristol a fait l’objet de manifestations quelques jours avant que le groupe d’action directe ne soit interdit

Haroon Siddique et Jamie Grierson, The Guardian, 6/9/2025

Une installation du fabricant israélien d’armes Elbit Systems UK à Bristol, qui avait été prise pour cible à plusieurs reprises par le groupe Palestine Action, semble avoir fermé de manière inattendue.

Le site d’Elbit Systems UK, situé dans le parc d’activités Aztec West, avait fait l’objet de dizaines de manifestations menées par Palestine Action, notamment le 1er  juillet 2025, quelques jours avant que ce groupe d’action directe ne soit interdit en vertu de la loi antiterroriste britannique.

Elbit détenait depuis 2019 le bail du site, qui ne devait expirer qu’en 2029. Les manifestations comprenaient des blocages avec des chaînes, l’occupation des toits, la brisure de vitres et l’aspersion du bâtiment de peinture rouge, symbolisant le sang versé.

Elbit Systems UK est une filiale de la société israélienne Elbit Systems, le plus grand fabricant d’armes d’Israël.
La société mère, qui a réalisé l’an dernier un chiffre d’affaires de 5 milliards de livres (5,8 milliards d’€) se décrit comme la « colonne vertébrale » de la flotte de drones de l’armée israélienne (IDF), largement utilisée lors de l’offensive contre Gaza.
Son portefeuille comprend également des systèmes pour avions et hélicoptères militaires, des navires armés télécommandés, des véhicules terrestres, ainsi que des solutions de commandement et de contrôle.

Elbit Systems UK n’a pas répondu à la demande de commentaires du Guardian concernant le statut du site.
Mais la propriété, située dans une zone commerciale et industrielle à la périphérie de Bristol, à la jonction des autoroutes M5 et M4, était déserte lorsque le Guardian s’y est rendu début septembre.
Aucun membre du personnel n’était présent, à l’exception d’un agent de sécurité posté dans un véhicule à l’extérieur du bâtiment.

Le site appartenait auparavant au conseil du comté de Somerset, qui avait lui aussi été pris pour cible par Palestine Action avant de vendre la propriété l’an dernier. Le Guardian a tenté de contacter les propriétaires actuels.
Des clôtures et barrières ont été installées autour du site après les dernières actions des militants.

L’installation d’Aztec West est distincte de celle de Filton, également à Bristol, qui a elle aussi été visée par Palestine Action.
Dans ce dossier, 24 personnes attendent leur procès pour des chefs d’accusation tels que détérioration de biens, troubles violents et cambriolage aggravé.
Une personne est également inculpée de blessures corporelles graves avec intention.

Avant d’être interdite, Palestine Action menait une campagne contre les sites britanniques d’Elbit et ses entreprises partenaires, campagne qui s’est intensifiée après l’offensive israélienne sur Gaza en réponse aux attaques du 7 octobre 2023 menées par le Hamas.

Les derniers comptes d’Elbit Systems UK montrent une perte d’exploitation de 4,7 millions de livres l’an dernier, contre un bénéfice de 3,8 millions en 2023.

Andrew Feinstein, expert et auteur spécialisé dans le commerce mondial des armes et ancien député [juif de l’ANC] sud-africain, a qualifié cette fermeture d’« extrêmement significative », ajoutant :

« Il faut se rappeler qu’Elbit Systems est, avec IAI, l’une des deux entreprises d’armement israéliennes les plus importantes ; elle constitue de toute évidence un élément central du complexe militaro-industriel d’Israël. »

L’an dernier, Elbit Systems UK a vendu sa filiale basée dans les Midlands de l’Ouest, Elite KL (désormais Calatherm).
Après une baisse de 75 % de son bénéfice opérationnel en 2022, l’entreprise avait expliqué ce recul par la hausse des coûts de sécurité, son site de Tamworth ayant lui aussi été pris pour cible par Palestine Action.
Les nouveaux propriétaires ont annoncé qu’ils rompraient tout lien avec Elbit et annuleraient ses contrats de défense.

En 2022, Elbit a vendu Ferranti P&C, une autre filiale basée à Oldham, après 18 mois de manifestations menées par Palestine Action et le groupe pacifiste Oldham Peace.

Le mois dernier, le magazine Private Eye a révélé qu’Elbit Systems UK faisait partie d’un consortium sur le point de décrocher un contrat de 2 milliards de livres, qui en ferait un « partenaire stratégique » du ministère britannique de la Défense.
Le Financial Times a rapporté que Peter Hain, ancien ministre travailliste, avait écrit au secrétaire à la Défense Jon Healey, pour l’exhorter à ne pas attribuer le contrat à Elbit, compte tenu de « la dévastation en cours à Gaza ».

Palestine Action a obtenu l’autorisation d’un recours judiciaire, prévu pour novembre, contre la décision d’interdire le mouvement. [lire article ci-dessous]

Cependant, lors d’une audience en appel le 25 septembre, la ministre de l’Intérieur cherchera à faire annuler cette autorisation.

 

Le ministère de l’Intérieur britannique obtient le droit de contester le recours de Palestine Action contre son interdiction pour terrorisme

Rajeev Syal, rédacteur aux affaires intérieures, The Guardian, 4 septembre 2025

Le ministère britannique de l’Intérieur a remporté une décision de justice lui permettant de tenter de bloquer la démarche engagée par Palestine Action pour faire annuler son interdiction en vertu des lois antiterroristes.


Manifestants propalestiniens rassemblés à Trafalgar Square, à Londres, en juin.
Photo Sean Smith / The Guardian

Dernier rebondissement juridique dans la bataille opposant le gouvernement britannique au groupe de protestation — désormais interdit et classé comme organisation terroriste —, la cour d’appel a statué que la ministre de l’Intérieur, Yvette Cooper, pouvait contester la décision d’autoriser un contrôle judiciaire de l’interdiction du mouvement, dont l’audience était prévue pour novembre.

Cette décision d’appel est intervenue le même jour où six personnes ont comparu devant un tribunal pour nier des accusations liées au terrorisme, après avoir été accusées d’avoir tenté d’organiser des rassemblements de masse destinés à rendre l’interdiction inapplicable.

Elle survient à la veille d’une manifestation prévue samedi 6 septembre, au cours de laquelle les organisateurs affirment attendre plus de 1 000 participants à un rassemblement près du Parlement britannique. [NdT : il y a eu 1 500 participants, dont 890 ont été arrêtés. Simultanément se déroulait la 30ème  Marche nationale organisée par la Palestine Solidarity Campaign, avec environ 300 000 participants].

Selon l’ordonnance rendue le 21 août par la cour d’appel, la ministre de l’Intérieur a obtenu l’autorisation de faire appel. Dans les observations jointes au jugement, le juge Lord Justice Underhill a déclaré :

« Je considère que l’appel présente une réelle chance de succès. »

L’audience visant à contester la décision d’autoriser le réexamen de l’interdiction de Palestine Action aura lieu le 25 septembre.
En juillet, les avocats de Huda Ammori, cofondatrice du mouvement, avaient obtenu le droit de contester l’interdiction, arguant que cette décision violait la liberté d’expression et constituait une forme de censure des protestations légitimes.

Depuis l’interdiction prononcée le 5 juillet, plus de 700 personnes — dont beaucoup ont publiquement exprimé leur soutien à Palestine Action — ont été arrêtées par la police métropolitaine de Londres.

La ministre de l’Intérieur avait banni le groupe au titre des lois antiterroristes après qu’une action militante eut recouvert de peinture des avions de la Royal Air Force (RAF) à Brize Norton. La police a estimé que les dommages s’élevaient à 7 millions de livres sterling [=8 M€].

Cette interdiction signifie que l’adhésion ou le soutien à Palestine Action constitue désormais un délit passible de 14 ans de prison. Le gouvernement a justifié cette décision en expliquant qu’elle visait spécifiquement un groupe impliqué dans des actes de criminalité grave.

Les accusations portées contre les six personnes concernent la préparation de réunions à Londres, Cardiff et Manchester, qui auraient été organisées via des appels Zoom en juillet, août et septembre.

Parmi les accusés figurent Tim Crosland, ancien juriste du gouvernement, originaire de Southwark (sud de Londres), ainsi que Dawn Manners, 61 ans, de Hackney (est de Londres), et David Nixon, 39 ans, de Barnsley (Yorkshire du Sud), qui ont comparu au tribunal de Westminster.

Lors d’une autre audience, jeudi après-midi, Patrick Friend, 26 ans, étudiant originaire de Grange (Édimbourg), a comparu avec Gwen Harrison, 48 ans, de Kendal (Cumbria), et Melanie Griffith, 62 ans, de Southwark (Londres).

Le collectif Defend Our Juries, cofondé par Crosland, est l’organisateur de la manifestation prévue ce samedi sur Parliament Square, dans le centre de Londres.

NdT : un sit-in silencieux de protestation contre l’interdiction de Palestine Action le 4 octobre a rassemblé un millier de personnes, dont 492, âgées de 18 à 89 ans, ont été arrêtées.
La présidente de la Fédération de la police métropolitaine Paula Dodds a déclaré que « ça suffit », affirmant que les policiers chargés du maintien de l'ordre lors des manifestations à Londres étaient « épuisés émotionnellement et physiquement ». « Ça suffit. Notre priorité devrait être d'assurer la sécurité des personnes alors que le pays est en état d'alerte maximale face à une attaque terroriste [contre une synagogue à Manchester]. Or, au lieu de cela, des policiers sont mobilisés pour faciliter ces manifestations incessantes. Et nous sommes critiqués pour ça. Comment est-ce possible ? Nous ne sommes pas assez nombreux. Des policiers qui travaillent dur voient constamment leurs jours de congé annulés, font des gardes plus longues et sont déplacés d'autres zones pour faciliter ces manifestations. Nous sommes épuisés émotionnellement et physiquement. Que vont faire les responsables politiques et les hauts gradés de la police ? » [faire appel à l’armée, comme Mister Trump ?, NdT].

L’Écosse interdit les aides financières aux entreprises d’armement qui fournissent l’armée israélienne 

Le gouvernement écossais exige que les sous-traitants sollicitant un soutien prouvent que leurs produits ne seront pas utilisés par l’armée israélienne

Severin Carrell rédacteur pour l’Écosse, The Guardian, 3/9/2025


Le Premier ministre écossais, John Swinney, a également annoncé la suspension de toute nouvelle subvention pour des produits destinés à des pays accusés de génocide.
Photographie : Andy Buchanan / AFP / Getty Images

Le gouvernement écossais a interdit aux entreprises d’armement qui fournissent les Forces de défense israéliennes (IDF) de recevoir des subventions ou un soutien à l’investissement, et il gèlera par ailleurs tout soutien au commerce avec Israël.

John Swinney, le Premier ministre, a déclaré mercredi que tout entrepreneur de défense souhaitant obtenir une aide financière en Écosse devrait désormais prouver que ses produits ne seraient pas utilisés par l’armée israélienne.

Il a affirmé que les gouvernements du monde entier devaient prendre des mesures urgentes face à la « catastrophe humanitaire » à Gaza, où il existe désormais, selon lui, des preuves plausibles de génocide.

« L’ampleur des souffrances [à Gaza] est inimaginable, a-t-il déclaré devant le Parlement écossais. Personne ne peut l’ignorer. Nous devons affronter cette crise avec urgence, compassion et un engagement indéfectible envers la responsabilité. »

Après avoir exhorté le gouvernement britannique à soutenir la plainte pour génocide contre Israël devant la Cour internationale de justice, Swinney a annoncé que son gouvernement décentralisé à Édimbourg avait décidé de modifier ses règles d’aide financière aux entreprises de défense.

Il a précisé que l’Écosse suspendrait désormais toute nouvelle subvention ou tout nouveau financement destiné à des produits exportés vers des pays « raisonnablement accusés de génocide ».

Swinney a indiqué avoir ordonné à ses services, à l’agence publique Scottish Enterprise et à la Banque nationale d’investissement d’Écosse (SNIB) de ne plus accorder d’aide financière aux entreprises non conformes, en commençant par celles qui fournissent Israël.

Selon une enquête du site The Ferret, depuis janvier 2022, Scottish Enterprise a versé au moins 2,75 millions de livres sterling à des entreprises de défense telles que Raytheon, Thales et Leonardo, dont les produits sont utilisés par l’armée israélienne, notamment des drones, des avions de chasse F-35 et des missiles guidés.

Swinney a ajouté que Scottish Enterprise avait également reçu instruction de ne pas faciliter de nouveaux contrats d’exportation non militaires avec Israël pour les sociétés basées en Écosse, avant d’appeler le gouvernement britannique à abandonner son accord commercial avec Israël.

Cependant, des sources gouvernementales britanniques ont accusé Swinney d’être « incohérent », après qu’il a également annoncé que l’Écosse lèverait une interdiction de fait de financer les sous-traitants de la défense qui fournissent des munitions à l’Ukraine.

Une source gouvernementale a déclaré que certaines entreprises de défense pouvaient à la fois avoir des contrats pour approvisionner l’Ukraine et fabriquer des équipements utilisés par l’armée israélienne, citant BAE Systems, qui emploie des milliers de personnes dans la production d’équipements militaires britanniques. « Essayer de faire deux choses à la fois est une erreur », a déclaré cette source.

Dimanche, le gouvernement britannique a annoncé que les chantiers navals de BAE Systems sur la rivière Clyde joueraient un rôle central dans un contrat record de 10 milliards de livres avec la Norvège, pour la construction d’au moins cinq nouvelles frégates de type 26, garantissant 2 000 emplois en Écosse.

En juin, Kate Forbes, vice-première ministre écossaise, avait annoncé que Scottish Enterprise accorderait 9,22 millions de livres à BAE Systems pour la création d’une académie de formation et de compétences intégrée à un nouveau chantier naval sur la Clyde, permettant la création de 300 nouveaux emplois.

BAE Systems a été critiquée par des militants propalestiniens parce qu’elle fournit des composants pour le programme des avions de chasse F-35 depuis ses usines situées dans d’autres régions du Royaume-Uni.

Swinney a reconnu implicitement qu’il existait des tensions internes dans cette nouvelle politique, en promettant toutefois qu’aucun programme d’apprentissage financé par le gouvernement écossais dans les entreprises de défense ne serait affecté.

Son annonce visait à apaiser les critiques de gauche, notamment le Parti vert écossais, qui a appelé les ministres à boycotter les entreprises fournissant l’armée israélienne.

Jamie Livingston, directeur d’Oxfam Royaume-Uni, a déclaré que le gouvernement britannique devrait suivre l’exemple de Swinney :

« Gaza est en train d’être transformée en cimetière sous nos yeux : l’histoire demandera si les dirigeants ont tout fait pour l’empêcher. Le Premier ministre s’est engagé à agir ; Westminster doit faire de même. »

Un porte-parole du gouvernement britannique a déclaré :

« Nous avons suspendu les licences d’exportation d’équipements militaires vers les forces israéliennes susceptibles d’être utilisés dans les opérations à Gaza, sous réserve des dispositions spéciales du programme mondial F-35, sur la base de notre évaluation selon laquelle ces équipements pourraient être utilisés pour commettre ou faciliter de graves violations du droit international humanitaire. Nous continuerons de travailler avec nos alliés et les acteurs régionaux à un processus crédible menant à une solution à deux États, et ferons tout notre possible pour soutenir les fondations de l’État palestinien. » [Thank You, Sir!]

Les supporters du Celtic, emmenés par les Irlandais de la Brigade Verte, en action

“L'UEFA est complice de génocide en normalisant avec Israël. Virez-les maintenant !”
 Tribune lors du match de Ligue des champions de l'UEFA contre l'Atlético de Madrid au Celtic Park, Glasgow, Écosse, le 25 octobre 2023 [Hargi/Al Jazeera]


Aucun commentaire: