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18/02/2025

MOHAMMED MHAWISH
Instantanés : J’ai parlé avec 20 personnes à Gaza après le cessez-le-feu. Mon cœur s’est brisé 20 fois

Au lendemain de la guerre, les habitants de Gaza recollent les morceaux de leurs maisons, de leurs familles et de leurs vies. Ces 20 instantanés montrent à quoi ressemble la survie et ce qu’elle coûte.

Mohammed R. Mhawish,  6/2/2025
Traduit par Fausto GiudiceTlaxcala

Mohammed Mhawish est un journaliste palestinien indépendant de Gaza, actuellement réfugié en Égypte. Il collabore avec plusieurs sites et médias anglophones. Meta Insta x

 

Dans les semaines qui ont suivi le cessez-le-feu, j’ai parlé à vingt personnes à Gaza - des mères, des pères, des enfants et des grands-parents - pour connaître leurs premiers moments, leurs premiers jours et leurs premières semaines après l’arrêt des bombardements. Leurs récits ne se limitent pas à la survie. Ils parlent de la perte : de maisons, d’êtres chers, de rêves, du rythme de la vie quotidienne.


Gaza au lendemain de la guerre. Photo Mohammed Salem/Reuters

 Ahmed, 32 ans, ouvrier du bâtiment (camp de Jabaliya)

A couru 5 kilomètres pour retrouver ses parents, une heure après l’annonce du cessez-le-feu.

« Je n’ai même pas réfléchi. J’ai couru si vite que mon cerveau et mon cœur avaient du mal à me rattraper. Lorsque j’ai vu ma mère, vivante et debout dans l’embrasure de la porte, je suis tombé à genoux. Elle tenait un balai et balayait les décombres comme si c’était un mardi comme les autres. Je l’ai serrée dans mes bras et ne l’ai pas lâchée pendant des minutes. Avant la guerre, je construisais des maisons pour les gens. Maintenant, je ne sais même pas si je pourrai reconstruire la mienne ».

Mariam, 45 ans, enseignante (Beit Hanoun)

Elle a marché dans les ruines de sa maison, ramassant des fragments des jouets de ses enfants, trois heures après le cessez-le-feu.

« J’ai trouvé la petite voiture de mon fils sous les débris de béton. Elle était écrasée, mais je l’ai tenue comme si c’était de l’or. J’ai continué à creuser : des photos, une tasse de thé, ma robe de mariée. Chaque pièce était comme une partie de moi. Mais je n’ai pas pleuré. J’ai continué à creuser ».

Youssef, 17 ans, étudiant (Ville de Gaza)

A fait la queue pendant des heures à un point de distribution d’aide improvisé le deuxième jour du cessez-le-feu.

« Je n’avais pas mangé depuis deux jours. Mon estomac se mangeait tout seul. Lorsque j’ai enfin obtenu le sac de farine, je l’ai serré dans mes bras comme s’il s’agissait de mon petit frère. J’ai couru jusqu’à la maison et ma mère a fait du pain dans la rue. Nous n’avons même pas attendu qu’il refroidisse. Je voulais aller à l’université à l’étranger. Mon rêve est devenu d’avoir un repas complet ».

Samira, 60 ans, grand-mère (Shuja’iyya)

A organisé un groupe de femmes pour nettoyer la mosquée locale, deux jours après le cessez-le-feu.

« La mosquée était à moitié détruite, mais le minaret était toujours là. Je me suis dit : “Si le minaret est encore là, nous le sommes aussi”. Nous avons balayé, transporté des briques et même lavé le sol avec l’eau d’un tuyau cassé. Au coucher du soleil, c’était à nouveau un lieu de paix. Mais la prière du vendredi n’est pas la même sans mes petits-enfants ».

Khaled, 28 ans, pêcheur (camp d’Al Shati [La Plage])

A enterré son frère à mains nues, trois jours après le cessez-le-feu.

« Nous n’avions pas de pelle. Nous n’avions que nos mains. J’ai creusé le béton jusqu’à ce que mes doigts saignent. Shady aimait la mer, alors je l’ai enterré au bord de l’eau. Je suis restée assis à regarder les vagues pendant des heures. Je ne pouvais pas pleurer. Je n’arrêtais pas de dire : “Je suis désolé”. Son visage est là chaque fois que je regarde la mer ».

Leila, 9 ans, enfant (Rafah)

Joue à la marelle dans une rue bombardée, quatre jours après le cessez-le-feu.

« Maman m’a dit de ne pas m’éloigner, mais je voulais juste jouer. J’ai dessiné des cases de marelle avec un morceau de craie que j’avais trouvé. Mes amis sont venus, et pendant un petit moment, on se serait cru à l’Aïd. Nous avons ri si fort que les voisins sont sortis pour nous regarder ».

17/02/2025

MOSAB ABU TOHA
Gaza doit être reconstruite par les Palestiniens, pour les Palestiniens

Les Palestiniens qui reviennent après le cessez-le-feu sont confrontés à la destruction de leurs maisons et à l’horreur de la proposition du président Trump de transformer Gaza en « Riviera du Moyen-Orient » en commettant un nettoyage ethnique.

Mosab Abu Toha, The New Yorker, 12/2/2025
Traduit par 
Fausto GiudiceTlaxcala

Mosab Abu Toha (Gaza, 1992) est un poète de Gaza, fondateur en 2017 de la bibliothèque Edward-Said, la première bibliothèque anglophone de Gaza. Il a pu quitter Gaza avec sa famille en novembre 2023 et aller aux USA, après une brève détention par les Israéliens. Il est l’auteur de « Things You May Find Hidden in My Ear » [Ce que vous trouverez caché dans mon oreille, Julliard, 2024] et de « Forest of Noise ».


Lorsque j’ai entendu pour la première fois le président Donald Trump faire des commentaires sur l’avenir de Gaza, j’étais à New York, à une projection spéciale célébrant la nouvelle saison de l’émission Netflix de mon ami Mo Amer, « Mo ». Puis un autre ami m’a envoyé un texto : « Conférence de presse horrible de Trump dans laquelle il dit que l’Amérique prendra le contrôle de Gaza. Nous en reparlerons demain. » J’étais choqué. Mais à qui les USA prendraient-ils Gaza ? Les forces israéliennes ont rasé des quartiers entiers avant de se retirer. Mon ami Ahmad, de Beit Hanoun, dans le nord de Gaza, m’a dit que les gens étaient retournés dans leur quartier non pas pour reprendre leur ancienne vie, mais « pour vivre sur les décombres de leur maison ». Mais même les décombres de Gaza ont un sens pour nous. C’est là que nos proches ont vécu et sont morts. Le moment venu, nous serons les seuls à enlever ce qui doit être enlevé, pour le réutiliser ensuite afin de reconstruire.


Un homme de Jabaliya vend du pain sous les restes de sa boulangerie, détruite lors d’une attaque israélienne. Photo Kareem Hana / AP

Les Gazaouis « vont connaître la paix », a déclaré Trump. « Ils ne seront pas abattus, tués et détruits comme cette civilisation de gens merveilleux a dû le subir. La seule raison pour laquelle les Palestiniens veulent retourner à Gaza est qu’ils n’ont pas d’autre choix. C’est actuellement un site de démolition. » Il n’a pas parlé de qui avait tiré, tué et détruit : l’armée israélienne, avec le soutien du gouvernement usaméricain.

Au lieu de cela, Trump a parlé de transformer la bande de Gaza en « Riviera du Moyen-Orient », comme si personne n’y vivait. Plus tard, lorsqu’on lui a demandé combien de personnes devraient être contraintes de quitter leur patrie, Trump a répondu : « Toutes... Probablement environ 1,7 million de personnes, peut-être 1,8 million... Je pense qu’ils seront réinstallés dans des régions où ils pourront mener une belle vie et ne pas craindre de mourir chaque jour. » Il a également déclaré qu’il avait le sentiment que le roi de Jordanie et le président de l’Égypte « ouvriront leur cœur » aux Palestiniens pendant la reconstruction de la région, comme si quelqu’un d’autre que les Gazaouis allait faire ce travail difficile et lent.

Je ne vais pas prendre la peine de corriger les chiffres de Trump. J’ai plutôt une question. Qui a dit que les Gazaouis avaient peur de mourir ? Beaucoup de gens dans le monde ont peur de mourir, y compris certains USAméricains qui n’ont pas d’assurance maladie ou qui vivent dans des zones à risque d’incendies de forêt. Mais notre inquiétude n’est pas de mourir. Les Palestiniens craignent d’être tués par les soldats et les colons israéliens, par les bombes et les balles. Comment empêcher les gens d’être tués ? Pas en éliminant les personnes qui ont été victimes de tirs et de bombardements, mais en arrêtant ceux qui tirent et bombardent.

SIDDHARTYA ROY
Le projet nationaliste hindou de Modi au Jammu-et-Cachemire est devenu un cauchemar pour les Hindous

Siddharthya Roy, Drop Site News, 16/2/2025 
Traduit par Fausto GiudiceTlaxcala

Siddharthya Roy est un journaliste indien indépendant qui se concentre sur les conflits politiques et les insurrections en Asie du Sud. Avec une formation d'ingénieur et des années passées à coder, il s'est tourné vers le journalisme professionnel en 2011. Après avoir obtenu une maîtrise en politique et affaires internationales à l'université de Columbia en 2018, il a obtenu la bourse du Pulitzer Center for Crisis Reporting pour ses reportages sur les groupes néo-djihadistes en Asie du Sud, enquêtant sur la traite des êtres humains et le trafic de drogue dans les camps rohingyas. Il a lancé le premier programme de journalisme de données et informatique en Inde au Symbiosis Institute Of Media and Communication. Il partage son temps entre le nomadisme numérique et le rêve de devenir un nomade analogique. Auteur de The Company of Violent Men: Stories from the Bloody Fault Lines of the Subcontinent, Ebury Press, 2024

Comme l'ont montré le président Donald Trump et le premier ministre indien Narendra Modi lors de leur rencontre à Washington cette semaine, les deux dirigeants ont beaucoup en commun : une préférence pour le nationalisme musclé et un désir de rendre leurs pays respectifs à nouveau “grands” en poussant vers le haut l'homme de la rue, du moins en théorie.

Mais on a peu évoqué la façon dont Modi et son parti, le Bharatiya Janata Party, s'efforcent de transformer l'Inde d'une république laïque en un État nationaliste hindou, et cela nulle part de manière plus frappante qu'au Jammu-et-Cachemire.

Avant la partition de 1947, le Cachemire était un royaume à majorité musulmane dirigé par un roi hindou qui cherchait à obtenir son indépendance à la fois de l'Inde et du Pakistan. Mais le Pakistan, revendiquant le Cachemire pour son identité musulmane, a lancé une offensive armée. En octobre 1947, le roi, incapable de résister, s'est tourné vers l'Inde pour obtenir de l'aide, ce qui a conduit à l'absorption du Cachemire en tant qu'État fédéral doté d'une autonomie exceptionnelle : sa propre constitution, son drapeau et des droits fonciers exclusifs pour les Cachemiris.

Cette paix fragile s'est effondrée. Le militantisme soutenu par le Pakistan et les répressions brutales de l'armée indienne ont transformé le Cachemire en une zone de conflit fortement militarisée. Dans ce chaos, les deux parties ont joué à des jeux démographiques dangereux. Dans les années 1990, les militants islamistes ont violemment expulsé les Pandits du Cachemire, la communauté hindoue indigène de la région, afin d'affirmer la domination musulmane. Parallèlement, les nationalistes hindous considèrent la majorité musulmane du Cachemire comme une cicatrice dans leur vision d'une Inde à dominante hindoue.

En août 2019, Modi a supprimé l'autonomie du Cachemire et dissous son assemblée législative, une décision qui répondait à un objectif nationaliste hindou, mais qui a créé une série de nouveaux défis sécuritaires que l'État indien n'est pas en mesure de relever.

Comme le rapporte Siddharthya Roy ci-dessous, l'abrogation de l'autonomie par la force des armes a rendu le gouvernement aveugle aux réalités du terrain, lui a coupé les yeux et les oreilles, et a attisé la confusion et les tensions entre l'armée, la police, les bureaucrates et les politiciens. Et, pour la première fois depuis les années 1990, elle a placé les civils hindous directement dans la ligne de mire des militants soutenus par le Pakistan.-  La rédaction de Drop Site News

Un soldat paramilitaire indien monte la garde sous le regard d'un garçon du Cachemire pendant que les électeurs attendent de voter lors des élections dans le district de Kupwara au nord du Cachemire. Photo Faisal Bashir/SOPA Images/LightRocket via Getty Images

Dans la soirée du 29 mai 2024, Kupwara, un district niché dans les vallées accidentées du Jammu-et-Cachemire, est devenu le théâtre d'une confrontation violente, dramatique et embarrassante. Tout a commencé par un raid de la police du Jammu-et-Cachemire sur un trafic de stupéfiants présumé. Les officiers ont agi rapidement, sur la base de renseignements glanés dans des communications interceptées qui, selon eux, les conduiraient à un personnage clé lié à la fois au trafic de drogue et au militantisme transfrontalier. Pour les officiers, il s'agissait d'une opération classique, dont ils ne pensaient pas qu'elle déboucherait sur une confrontation armée. Mais lorsqu'ils sont arrivés à la maison du suspect, ils ont fait une découverte stupéfiante : Il s'agissait d'un soldat de l'armée territoriale, une composante de réserve de l'armée indienne chargée de soutenir la sécurité intérieure.

La situation s'est rapidement aggravée. Vers 21 h 40, 30 à 40 soldats armés de l'armée territoriale, dirigés par trois lieutenants-colonels, ont pris d'assaut le poste de police de Kupwara après avoir appris le raid. Les soldats ont agressé les policiers à coups de crosse et à coups de poing, laissant quatre policiers hospitalisés, selon des témoins oculaires et les caméras de vidéosurveillance. Au milieu du chaos, les soldats se seraient emparés des téléphones portables des blessés et auraient enlevé l'agent principal. L'incident a bouleversé ce qui, jusqu'alors, avait été une longue histoire de coordination entre la police locale et les autorités fédérales.

Le lendemain, la police de l'État de Jammu-et-Cachemire a engagé des poursuites pénales à l'encontre de 16 membres de l'armée. Mais les autorités militaires ont semblé indifférentes, qualifiant l'épisode de “malentendu mineur” résolu pacifiquement, malgré les preuves vidéo et les témoignages montrant le contraire. Un porte-parole de la défense basé à Srinagar est allé plus loin en qualifiant les rapports sur l'altercation de “mal fondés et incorrects”. Dans la majeure partie de l'Inde, un épisode aussi choquant donnerait lieu à des poursuites judiciaires rapides - dans le cas présent, aucune mesure de ce type n'a été prise. Mais le Cachemire, ligne de fracture dans le conflit intense qui oppose depuis des décennies l'Inde et le Pakistan, a toujours été un cas unique.

En août 2019, Narendra Modi, le Premier ministre indien, a privé le Jammu-et-Cachemire de son statut spécial, en le divisant en deux territoires sous le contrôle direct de New Delhi et en dissolvant l’assemblée parlementaire de l'État. Ce faisant, il a mis à bas un compromis vieux de sept décennies visant à sauvegarder l'identité unique de la seule région à majorité musulmane de l'Inde. Pour mener à bien sa prise de pouvoir, Modi a révoqué deux dispositions constitutionnelles : l'article 370, qui accordait au Jammu-et-Cachemire le droit à sa propre constitution ainsi qu'un contrôle important sur les questions internes, et l'article 35A, qui donnait à la législature de l'État le pouvoir d'empêcher les non-résidents de s'y installer ou d'y acquérir des terres. Les représentants du gouvernement indien ont fait des gestes pour restaurer le statut d'État du Jammu-et-Cachemire en s'engageant à organiser des élections au niveau de l'État.

Les critiques ont considéré que ces mesures prises par Modi s'inscrivaient dans le cadre d'un effort concerté visant à ouvrir la voie à des changements démographiques et à poursuivre la mission du BJP, qui consiste à transformer l'Inde d'une nation laïque en un État nationaliste hindou. La suppression des protections contre la propriété foncière des non-Kashmiris a suscité des craintes de colonialisme, déclenchant une résistance locale et une condamnation internationale, en particulier de la part du Pakistan et des organisations de défense des droits humains, qui ont qualifié l'abrogation des articles 370 et 35A d'érosion de l'autonomie historique et de l'identité culturelle du Cachemire.

Pour Modi et le BJP, le statut unique du Jammu-et-Cachemire a longtemps été un obstacle à leur vision d'une nation unifiée. « Les articles 370 et 35A n'ont apporté que séparatisme, népotisme et corruption au peuple du Jammu-et-Cachemire », a déclaré Modi dans un discours national le 8 août 2019. Le Pakistan, rival historique de l'Inde, a utilisé l'article 370 « comme un outil pour répandre le terrorisme » qui a fait 42 000 victimes depuis le début de l'insurrection en 1989, a-t-il ajouté. » Je suis convaincu que les habitants du Jammu-et-Cachemire vaincront le séparatisme avec une nouvelle énergie et un nouvel espoir ».

La fin du statut spécial du Jammu-et-Cachemire a créé un dangereux vide de normes constitutionnelles. La dissolution de l'assemblée de l'État et l'imposition du pouvoir central ont fortement réduit la capacité des représentants élus locaux à répondre aux griefs ou à demander des comptes aux forces de sécurité. La neutralisation des institutions locales a, en fait, transféré une plus grande autorité au gouvernement central indien. Et comme l'abrogation a coupé des sources locales fiables de renseignements sur les activités des milices et les menaces émergentes, New Delhi s'est effectivement aveuglé sur les développements sur le terrain.

Pour compenser, le personnel de sécurité indien a commencé à inonder le Jammu-et-Cachemire à partir du 5 août 2019. Leur présence accrue dans la région a toutefois eu pour effet d'augmenter la probabilité d'affrontements entre les civils et les forces armées. Grâce à l'affaiblissement de l'autorité locale, de multiples forces de sécurité opèrent désormais sous des autorités concurrentes et sous une surveillance minimale. L'ensemble de ces facteurs a créé un environnement instable et confus qui, paradoxalement, est devenu de plus en plus dangereux pour les Hindous de la région.

Depuis 2023 et jusqu'à la fin de l'année dernière, une série d'incidents choquants, dont la mêlée de Kupwara, ont révélé les conséquences inattendues du pari du BJP au Jammu-et-Cachemire : Au lieu de stabiliser la région, il semble avoir semé les graines d'une agitation plus importante.

Un État sécuritaire

La menace de violences communautaires entre Hindous et Musulmans a toujours plané sur le Jammu-et-Cachemire. Dirigé par un maharaja hindou, ce territoire à majorité musulmane a cherché à obtenir son indépendance et a reçu le soutien d'une milice pakistanaise qui l'a envahi en octobre 1947. Le soulèvement qui s'ensuivit obligea le maharaja à demander le soutien militaire de New Delhi, ce qui conduisit à l'adhésion du Jammu-et-Cachemire à l'Inde et, deux ans plus tard, à l'adoption de l'article 370.

Pendant des décennies, l'article 370 a contribué à maintenir un équilibre précaire entre l'autonomie du Jammu-et-Cachemire, la souveraineté de l'Inde et les liens de la région avec le Pakistan. Mais au fil des décennies, le militantisme soutenu par le Pakistan a progressivement transformé le Jammu-et-Cachemire d'un État ordinaire de l'Union indienne en un État de sécurité, où la responsabilité démocratique et les droits civils ont été relégués au second plan.

La tension a atteint son paroxysme à la suite des élections législatives contestées de 1987, lorsque les jeunes Cachemiris qui avaient participé au processus démocratique ont constaté que leurs votes étaient devenus pratiquement sans valeur en raison des fraudes généralisées orchestrées par le parti du Congrès, qui contrôlait alors le gouvernement central. Nombre de ces jeunes désabusés ont traversé la frontière pour se rendre au Cachemire sous administration pakistanaise, avant de revenir plus tard en tant que militants aguerris.

En 1989, l'agitation s'est transformée en une violente insurrection alimentée par des sentiments séparatistes et le soutien du Pakistan, ce qui a eu pour effet de militariser davantage la région et d'accentuer les divisions. L'insurrection des années 1990 qui a suivi a marqué l'ère la plus sanglante du Cachemire, marquée par des assassinats ciblés d'Hindous cachemiris, qui ont conduit à leur exode massif, et par le meurtre de centaines de musulmans lors d'opérations contre-insurrectionnelles.

Pendant un certain temps, les groupes anti-indiens, qu'il s'agisse d'organisations armées comme Lashkar-e Taiba, le plus grand groupe militant du Cachemire, ou d'organisations non armées comme la Hurriyat Conference, ont trouvé une place dans la politique cachemirie, tant qu'ils adhéraient à une règle non écrite : une règle qui excluait de la liste des cibles toute personne n'appartenant pas aux forces armées, au gouvernement et aux forces de l'ordre. Mais les événements de ces deux dernières années semblent indiquer que ce n'est plus le cas.

MURTAZA HUSSAIN
Alors que Modi se rend à Washington, des USAméricains sikhs affirment que la surveillance et les menaces se poursuivent

La campagne transnationale présumée d’assassinats et d’intimidation visant les dissidents sikhs est loin d’être finie

Murtaza Hussain, Drop Site News, 14/2/2025
Traduit par Fausto GiudiceTlaxcala

Murtaza Hussain est un journaliste d’origine pakistanaise qui a grandi à Toronto et vit aujourd’hui à New York. Après avoir travaillé au site ouèbe The Intercept, il contribue au nouveau site créé par Jeremy Scahill et Ryan Grim, Drop Site News. @MazMHussain

 


Dans l’après-midi du 22 décembre 2024, un véhicule blanc s’est arrêté devant les portes de la maison de l’activiste politique Pritpal Singh à Fremont, en Californie. Les images de sécurité fournies à Drop Site montrent un homme se garant devant la propriété, située dans un cul de sac tranquille de la banlieue, sortant de son véhicule, prenant plusieurs photos de la maison de Singh et des environs, avant de s’éloigner après avoir été remarqué par des voisins sortant de chez eux.

M. Singh est un organisateur usaméricain d’origine sikh qui avait déjà précédemment été averti par le FBI que sa vie était en danger. Ces avertissements ont été émis après une série d’assassinats et de tentatives d’assassinat d’autres militants sikhs en Amérique du Nord en 2023, qui, selon les USA et le Canada, auraient été orchestrés par des agents des services de renseignement indiens et dirigés par de hauts responsables du gouvernement Modi.

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Alors que le président Donald Trump fait la cour au premier ministre indien Narendra Modi à Washington cette semaine, des agents des forces de l’ordre enquêtent pour savoir si des personnes travaillant pour le gouvernement indien continuent de cibler les USAméricains sikhs dans le cadre d’une série de fusillades, de menaces et d’incidents d’intimidation non élucidés dans plusieurs pays.


Le président Donald Trump et le premier ministre indien Narendra Modi tiennent une conférence de presse conjointe à la Maison Blanche le 13 février 2025 / Andrew Harnik / Getty Images

Ces incidents feraient partie d’une campagne mondiale orchestrée par le gouvernement indien pour cibler les dissidents à l’étranger, notamment aux USA, au Royaume-Uni et au Canada. L’Inde est actuellement dirigée par un gouvernement nationaliste religieux qui a adopté une ligne dure à l’égard du séparatisme et des mouvements politiques basés sur les minorités dans le pays.

Singh, qui milite pour les droits des Sikhs et l’indépendance politique, a reçu plusieurs notifications du FBI concernant des menaces de mort. Le FBI et d’autres agences de renseignement usaméricaines appliquent une politique connue sous le nom de « devoir d’avertissement », qui les oblige à fournir des informations sur une menace imminente pour la vie d’un individu. À peu près à la même époque, M. Singh a fait état de plusieurs cas où des personnes se sont rendues à son domicile.

« Nous avons cinq cas de surveillance suspecte à mon domicile, dont trois au cours des dernières semaines. D’après ce que nous avons appris grâce à l’alerte du FBI, nous pensons que cette surveillance est liée au gang de Modi », a déclaré M. Singh. « Il est stupéfiant d’apprendre du FBI que l’on est la cible d’un gouvernement étranger alors que l’on pensait être en sécurité chez soi en tant que citoyen usaméricain ».

Les militants sikhs en Occident affirment depuis des années qu’ils sont la cible d’attaques de la part du gouvernement indien, y compris de meurtres présumés. Les militants visés sont pour la plupart des partisans de la création d’un État sikh séparatiste en Inde, une cause qui a déclenché une insurrection militante à l’intérieur de l’Inde dans les années 1980, mais qui est restée largement en sommeil depuis, vivant principalement comme un thème d’activisme politique de la diaspora.


Une liste de 43 “gangsters anti-indiens” recherchés, publiée par la National Investigation Agency (NIA), le FBI indien en septembre 2023. Les personnes assassinées au Canada figuraient sur cette liste

L’année dernière, le gouvernement canadien a publié une série de déclarations publiques sans précédent, accusant l’Inde d’avoir mené pendant des années une campagne de meurtres, d’incendies criminels, d’extorsions, de violations de domicile et de harcèlement politique à l’encontre des militants sikhs dans ce pays. Selon le gouvernement canadien, cette campagne comprenait les meurtres d’au moins deux hommes, Hardeep Singh Nijjar et Sukhdool Singh Gill, tous deux tués par balles lors d’assassinats perpétrés par des gangs qui, selon le Canada, auraient été dirigés par de hauts responsables du gouvernement indien.

Three men are pictured in mugshots in this composite photo.

Karan Brar, Kamalpreet Singh and Karanpreet Singh, les 3 suspects dans le meurtre de Hardeep Singh Nijjar

Cette campagne de violence s’est étendue au territoire usaméricain, selon un acte d’accusation usaméricain.



Gurpatwant Singh Pannun


Nikhil Gupta

En 2024, le ministère usaméricain de la justice a inculpé Vikash Yadav, un agent de renseignement indien accusé d’avoir orchestré un projet d’assassinat visant un citoyen usaméricain à New York la même année. Selon le ministère de la justice, le complot visant à tuer Gurpatwant Singh Pannun, conseiller général de l’organisation séparatiste sikh Sikhs For Justice, n’a été déjoué que lorsque le tueur à gages chargé de l’exécuter s’est avéré être un agent infiltré de la DEA. Un autre homme, Nikhil Gupta, attend actuellement d’être jugé aux USA pour son implication dans cette tentative d’assassinat ratée. L’acte d’accusation contre Gupta laisse entendre que de nombreux autres assassinats ont pu être planifiés après celui de Pannun, Gupta ayant déclaré à l’agent infiltré : “Nous avons tellement de cibles”.

16/02/2025

Contro la repressione e la militarizzazione del Wallmapu da parte dei governi di Cile e Argentina
Dichiarazione di 79 organizzazioni

 VOCIDALLASTRADA, 16/2/2025

Di fronte alla brutale repressione scatenata dagli Stati del Cile e dell’Argentina, rispettivamente sotto i governi di Gabriel Boric e Javier Milei, con il pretesto delle “indagini” legate agli incendi nella regione, le organizzazioni riunite nell’Espacio Día a Día per Julia Chuñil esprimono la nostra più profonda solidarietà ai popoli Mapuche e Tehuelche, in particolare alle comunità di El Maitén ed Esquel, nella provincia di Chubut.

Denunciamo che queste misure repressive, basate sulla criminalizzazione delle lotte e sulla militarizzazione territoriale, non colpiscono solo le comunità direttamente coinvolte, ma rispondono anche a una strategia più ampia promossa dal capitale estrattivo e dal colonialismo contemporaneo. Il suo scopo principale è lo sfruttamento delle risorse naturali a scapito della distruzione dei territori ancestrali. Aziende come Forestal Arauco S.A., insieme ad altri attori del settore forestale ed estrattivo, traggono vantaggio dall'espropriazione sistematica di terre e risorse, violando i diritti fondamentali dei popoli indigeni.

Rifiutiamo l'applicazione della legge antiterrorismo e la militarizzazione del  Wallmapu come strumenti di oppressione imposti dagli Stati del Cile e dell'Argentina. Queste politiche non solo violano i diritti umani, ma aggravano anche la violenza e l'espropriazione dei popoli indigeni. Il proseguimento di questa offensiva, sostenuta dai governi di Boric e Milei con il sostegno della falsa opposizione, cerca di soffocare le legittime richieste di autodeterminazione del popolo Mapuche.

In questo scenario, chiediamo solidarietà nazionale e internazionale per continuare a denunciare la repressione e chiediamo:

  • Processo e punizione per i responsabili degli incendi,

  • Smilitarizzazione del Wallmapu e ritiro immediato delle forze repressive,

  • Espulsione delle imprese forestali ed estrattive responsabili del saccheggio dei territori,

  • Riconoscimento e rispetto dell'autodeterminazione del popolo della nazione Mapuche,

  • Attuazione effettiva della Convenzione 169 dell'OIL, che garantisce i diritti dei popoli indigeni.

Riaffermiamo il nostro impegno a continuare a organizzarci e a lottare contro questo sistema di espropriazione e violenza. Non accettiamo l'impunità con cui operano i governi e le grandi aziende e riaffermiamo che continua la resistenza contro questo modello di dominio basato sul colonialismo e sul saccheggio dei territori ancestrali.

La presente dichiarazione è firmata dalle seguenti organizzazioni:

1. Abya Yala Rompe el Cerco

2. Acuerpamientx Feminista

3. Agrupación Cultural Violeta Parra

4. Agrupación Kintulafken

5. Agrupación por la memoria histórica Providencia Antofagasta

6. Amerindia Chile

7. Amerindia Continental

8. Amulepe Taiñ Weichan

9. Archivo APJ

10. Archivo de la Resistencia Visual

11. Asamblea constituyente CA

12. Asociación AD KIMVN

13. Asociación AYÜN, Chaltumay

14. Asociación Mapuche Kimün

15. Bordando en cuerpo

16. Cabildo Plaza P de Valdivia

17. Casa Salvador Allende Toronto (Canadá)

18. Centro Cultural Caleta Horcón

19. Centro Ecoceanos

20. Chile Mejor sin TLC

21. Claudio Escobar

22. CODEPU

23. Colectivo ComuniCAOS

24. Colectivo corazón del tiempo / Puelmapu territorio ancestral mapuche (nor Patagonia argentina)

25. Colectivo Cueca Sola

26. Colectivo Mujeres en RESISTENCIA,

27. Colectivo Paulo Freire Chile

28. Colectivo Pueblo Soberano

29. Colectivo Sequía

30. Colectivo ULT

31. Colectivo VientoSur

32. Comisión Ética Contra la Tortura

33. Comité por un Chile Digno - Noruega

34. Comunidad de pueblos originarios pakcha Calle Larga

35. Confederación Nacional de Trabajadoras y Trabajadores de la Educación SUTE CHILE

36. Coordinadora Ambiental El Bosque-San Bernardo

37. Coordinadora El Apañe

38. Coordinadora Nacional de Inmigrantes Chile

39. Coordinadora por Palestina

40. Corporación La Caleta

41. Defensa Popular

42. Diario digital Werken Rojo

43. Efecto Radio

44. Escuela Popular Campesina de Curaco de Vélez

45. Espacio Político-Cultural Casa Roja

46. FORO LATINOAMERICANO VÄXJÖ SUECIA

47. Fuerza Ecologista Verde

48. Fundación Chile Sin Ecocidio

49. Fundación CIJYS

50. Fundación Ecolety

51. Fundación Marisol Vera

52. HUE NEHUEN

53. ⁠Huerta Comunitaria Jano Venegas

54. Jornadas Antifascistas

55. Londres38, espacio de memorias

56. Magallanes Antifascista

57. Marcha Mundial de las Mujeres-Chile

58. MIT (Movimiento Internacional de Trabajadores)

59. Movimiento Acción Migrante

60. Movimiento de pobladores y pobladoras en lucha. MPL.

61. Movimiento por el Agua y los Territorios MAT

62. MovimientoFemNNA

63. MST

64. Mujeres por el Buen Vivir

65. Noelia Minka Comunicaciones

66. Núcleo de Estudios en Conflictos Socioambientales NECOSOC

67. Partido de Trabajadores Revolucionarios

68. Radio Hue Nehuen

69. Radio La Comuna

70. Rambuen

71. Resumen Latinoamericano,

72. Revista Micelio Sur Sur-

73. SICNoticia

74. Somos Cerro Blanco

75. Trawunche Madrid (Coordinación de Apoyo al Pueblo Mapuche)

76. Trvntrv Mallin Mew

77. TRVNTRV MALLIN MEW y HUE NEHUEN

78. Yaguel Lavkenche, Gulumapu (Tirúa, Chile)

79. Canal La Comuna

GIDEON LEVY
Si quelqu’un ne doit “ni oublier ni pardonner”, ce sont les Palestiniens

Gideon Levy, Haaretz, 16/2/2025
Traduit par Fausto GiudiceTlaxcala

Une image vaut mille mots : des centaines de détenus et de prisonniers palestiniens qui ont été libérés samedi sont vus à genoux, en prison, portant des sweatshirts blancs avec une étoile de David bleue et les mots « nous n’oublierons pas et nous ne pardonnerons pas ». Israël les a ainsi contraints à devenir des bannières ambulantes du sionisme sous sa forme la plus méprisable. La semaine dernière, il s’agissait de bracelets portant un message similaire : « Le “peuple éternel” n’oublie jamais, je poursuivrai et trouverai mes ennemis ».


Des prisonniers palestiniens avec des sweatshirts portant le logo de l’administration pénitentiaire israélienne et la phrase « Nous ne pardonnerons ni n’oublierons », photo publiée samedi par l’administration pénitentiaire israélienne

Le chef de l’administration pénitentiaire israélienne, Kobi Yaakobi, s’est révélé être un rédacteur publicitaire douteux. Il n’y a rien de tel que ces images ridicules pour montrer à quel point la propagande d’un État moderne peut tomber bas. L’administration pénitentiaire voulait être Hamas, mais le Hamas réussit mieux que le service, du moins dans cette bataille pour gagner les esprits. On peut également dire qu’il est plus humain. Les captifs israéliens qui sont revenus samedi avaient meilleure mine que certains des prisonniers en sweatshirts bleus et blancs.

Aussi ridicules que soient ces images, on ne peut ignorer le message qu’Israël a choisi d’attacher aux corps des prisonniers libérés : Nous n’oublierons pas. Nous ne pardonnerons pas. Nous vous poursuivrons. Le message du Hamas était le suivant : le temps presse. Même s’il s’agit d’une propagande de bas étage, on ne peut pas ignorer le message. Il est immoral d’utiliser des prisonniers comme bannière de propagande ? Alors cela s’applique aussi à nous. Leur propagande parle de fin de guerre, la nôtre parle de poursuite et de guerre sans fin, menée par le “peuple éternel” qui n’oublie pas et ne pardonne pas.

Le monde, Israël compris, a oublié l’Allemagne nazie, le Vietnam a oublié les USA, les Algériens ont oublié la France et les Indiens ont fait de même avec la Grande-Bretagne - seul le “peuple éternel” n’oubliera jamais. C’est ridicule. Si quelqu’un ne doit un jour « ni oublier ni pardonner », ce sont les Palestiniens, après 100 ans de tourments, y compris les prisonniers qui ont été libérés samedi. Ils n’oublieront pas les conditions dans lesquelles ils ont été détenus, et certains ne pardonneront pas leur détention injustifiée, sans qu’aucun procès ait jamais eu lieu dans leur cas.

Samedi, l’émotion était à nouveau à son comble, et à juste titre. Trois nouvelles vies ont été arrachées à l’enfer. L’analyste militaire Canal 12, Nir Dvori, a expliqué aux Israéliens que la libération des otages était la preuve « de la résilience de la nation israélienne », sans préciser ce qu’il entendait par là. Pour les téléspectateurs qui ont subi un lavage de cerveau et qui sont fatigués, il n’était pas nécessaire de le faire. Il a suffi au philosophe Dvori de dire à quel point nous sommes beaux. Mais tandis que tous les yeux humides étaient tournés vers la base militaire de Re’im, premier point d’arrivée des otages, puis vers le centre médical de Sheba et l’hôpital d’Ichilov, où ils ont été emmenés, 369 autres détenus et prisonniers palestiniens ont été libérés, tous des êtres humains, exactement comme nos Sagui, Iair et Sasha.

Les caméras des médias étrangers se sont moins concentrées sur les Palestiniens, tandis que les caméras israéliennes les ont presque totalement ignorés. Après tout, ce sont tous des “meurtriers”. Aucun hélicoptère ne les a attendus pour les conduire à l’hôpital, et certains ont été immédiatement expulsés de leur pays. Une minorité d’entre eux avaient du sang sur les mains, les autres étaient des prisonniers politiques, des opposants au régime. La plupart d’entre eux étaient des habitants de Gaza qui ont été pris dans cet enfer. Il est peu probable que les centaines de Gazaouis libérés samedi aient tous levé la main sur un soldat des forces de défense israéliennes ou sur des habitants des communautés frontalières d’Israël.

Certains d’entre eux ont été enlevés à Khan Younès, tout comme des Israéliens ont été enlevés à Nir Oz. Mais aux yeux d’Israël, ils faisaient tous partie de la force Nukhba du Hamas. Ils étaient également attendus par des familles enthousiastes, tout aussi enthousiastes que les familles Dekel Chen, Troufanov et Horn. Elles aussi aiment leurs enfants.

Certains d’entre eux ne savaient pas ce qu’il était advenu de leurs proches depuis le début de la guerre, tout comme nos familles ne le savaient pas. Mais alors que nos familles, comme l’ensemble de la nation, étaient autorisées à se réjouir autant qu’elles le souhaitaient, guidées par les émissions de propagande israéliennes qui transforment toute célébration humaine en un festival d’endoctrinement à la nord-coréenne, les Palestiniens se sont vu interdire de se réjouir. À Jérusalem-Est et en Cisjordanie, toute manifestation de joie a de nouveau été interdite. Ils n’avaient pas le droit d’exprimer leur joie. Notre tyrannie est si cruelle qu’elle va jusqu’à contrôler leurs émotions.

À en juger par le traitement des prisonniers (palestiniens) et des otages (israéliens) - un indice très significatif - il est difficile de savoir quelle société est la plus humaine. Israël respecte-t-il davantage la convention de Genève que le Hamas ? Il ne peut plus le prétendre. Cette dure impression ne peut plus être corrigée, pas même avec des sweatshirts frappés d’une étoile de David bleue.

 

TIGRILLO L. ANUDO
Colombia : es el proyecto político, no los egos y estigmas

Tigrillo L. Anudo, 16-2-2025

No se trata de seguir ciegamente al presidente Gustavo Petro. Se trata de comprender sus formas y contenidos en el ejercicio de su gobierno. Siempre, teniendo como referencia la coherencia con el proyecto político para el cual fue elegido. La lealtad no se pide sólo para el presidente o para los ministros, sino, ante todo, hacia el proyecto.


Al presidente Petro lo seguimos apoyando porque encarna el proyecto del cambio. Lo logró dilucidar, transmitir, impulsar, de tal modo que nadie mejor que él para abanderarlo y desarrollarlo inicialmente. Él propició la esquiva juntanza, él encontró las llaves para entrar a la presidencia, también vislumbró el camino para avanzar hacia una primera etapa del cambio. Es el líder que tiene mejor dibujado el proyecto en su mente.

El cambio anhelado no se logra en 4 años. Requiere mínimo entre 12 y 20 años, es decir, otros 4 gobiernos progresistas. Lo que se estructuró durante 215 años no se puede desestructurar, corregir y mejorar en poco tiempo. En Colombia reinan la ilegalidad, la corrupción, los grupos multicrimen, la impunidad y la injusticia. El Estado está tomado por clanes políticos y mafias controladoras de rentas legales e ilegales. Cada departamento es un feudo cuyos dueños son la Delincuencia Política Organizada –DPO-, redes de contratistas, narcos, paracos, carteles empresariales, extorsionistas y reductos “guerrilleros”. La población trabajadora es objeto de despojo y burla en la danza de las ganancias ilícitas. Colombia es un remedo de país, un Estado fallido donde no opera la justicia.

El cambio que queremos es estructural. Hay que reinventar a Colombia. Más que ajustarla es volverla a moldear y configurar. Pero por algo hay que empezar. El presidente Petro ya puso la primera piedra. Corresponderá a las nuevas generaciones educadas, revolucionarias y leales al proyecto político poner otras piedras. Tendremos que elegir un congreso con mayorías leales al proyecto progresista en el 2026. Igualmente, debemos apoyar a un candidato presidencial que prosiga la juntanza, que tenga carácter y que también sea leal al proyecto.

No se trata de egos y estigmas. Se trata de consolidar el proyecto político.

Todo aquél que ayude a conservar y profundizar el proyecto será bienvenido al proyecto. Todo aquel que busque puestos dentro del proyecto, poniendo por encima sus egos e intereses personales, no le sirve al proyecto. El proyecto no tiene dueño ideológico. No es exclusivamente de la izquierda, ni del “centro”, ni de los liberales progresistas. El proyecto es de las ciudadanías libres, de los partidistas y sin partido, de todo aquel que quiera reconstruir a Colombia, contribuir al cambio, jugársela por la paz, el progreso con justicia social y la desaparición de la impunidad.

¡Que se vayan todos los ministros que tienen aspiraciones electorales! Los directores también. No están jugándosela con el proyecto. Están por su ego, por seguir trepando en la escalera política. Así no es.

No podemos seguir reproduciendo el sistema de casta política que creó el Frente Nacional. Un segmento privilegiado de funcionarios partidistas que cooptaron el Estado, se hicieron ricos y humillaron a los ciudadanos con su desatención y sus pésimas gestiones.

Los servidores públicos son servidores del pueblo que los eligió. Su principal función es ejecutar los compromisos adquiridos con el pueblo, hacerlos bien.

El objetivo del gobierno en el año y medio que le resta es ejecutar el Plan Nacional de Desarrollo. Los ministros, en su mayoría, no estaban ejecutando, no estaban liderando, a pesar de que tenían toda la autonomía para gestionar. El presidente solo no puede hacer lo que le corresponde a su equipo. Se necesita gente con carácter, liderazgo, iniciativa y capacidad de trabajo para sacar adelante el proyecto político. Por eso es que Petro mantiene a Laura Sarabia y a Armando Benedetti. Porque además de esas virtudes, ellos son negociadores con otras fuerzas políticas. Ellos están contribuyendo al proyecto sin pertenecer a la línea dura del proyecto 

El presidente Petro no fue presa de una rabieta, tampoco incurrió en un acto autoritario, menos en un “despelote” que se le salió de las manos. No actuó ni arbitraria ni individualistamente en el manejo que le dio al Consejo de ministros del pasado 4 de febrero. Como jefe del Gabinete solicitó una rendición de cuentas que se convirtió sorpresivamente en un semi mitin de los funcionarios por la ratificación de Sarabia y Benedetti en los cargos elegidos. Siquiera ocurrió lo que ocurrió. Ese “accidentado” Consejo de ministros mostró debilidades en algunos funcionarios. Por un lado, deslealtad al presidente. No han internalizado la estrategia política adoptada por el jefe de Estado, quien conduce el proyecto. Al proyecto lo conduce Petro (su creador y ganador en las urnas con ese mandato). El proyecto no es conducido por sus ministros y directores. El verdadero conductor del proyecto escogió la estrategia de jugar con varias fuerzas políticas en el durísimo y arduo propósito de democratizar un proceso de cambio en un país desmembrado. Y a esas fuerzas políticas pertenecen o le juegan los funcionarios estigmatizados.

Por otro lado, hay funcionarios del alto gobierno que son presa de la enfermedad infantil del izquierdismo al considerar que en el gobierno deben estar sólo los que más han batallado por el cambio durante sus vidas, por tanto, no debería dársele cabida a otros. Eso es sectarismo aquí y en Cafarnaúm. Pareciera que aún no tenemos una lectura objetiva y holística del contexto político colombiano, y menos acerca del talante de los actores que se apropiaron del Estado. También es decepcionante ver en el Consejo de ministros cómo una ministra brillante (quizás la mejor del gabinete) expresa que “no se puede sentar junto a Benedetti”. Reveló un feminismo y discriminación extremos. Así no es. No podemos derivar a crucificarnos desde los juicios los unos a los otros. O escuchar a Francia Márquez hablando de “la falta de transparencia y la corrupción galopante”. O a un director, también brillante y leal al proyecto, quejarse como un estudiante ante el profesor porque una compañerita no envió sus representantes a un evento. ¿Dónde queda el respeto al otro?, ¿dónde la lealtad, el perdón, la aceptación del diferente, la comprensión y la compasión? ¿Cómo avanzar así hacia el amor eficaz que proponía el sacerdote revolucionario Camilo Torres Restrepo?

Y no es que no se deban quejar. Sino que también hay formas y momentos para hacerlo. Manifestarlo en un Consejo transmitido por todos los canales nacionales cuando el objetivo del evento era una rendición de cuentas y la urgencia de acelerar las ejecuciones, no era la mejor opción. Pero se dio y hay que analizarlo.

Quienes más deberían mostrar estrategia y táctica no lo hacen y se enfrascan en discusiones desgastantes y dañinas para el proyecto. No se apropian de la estrategia y táctica del presidente; no hay sintonía con el ajedrez de éste en las formas de conducir el proceso. Esto si es delicado porque puede socavar desde dentro todo el proyecto.

Tenemos que apropiarnos del proyecto. El proyecto político es ante todo un proyecto reformista democrático de ajustes dentro de la democracia burguesa, el cual requiere del apoyo de fuerzas de diverso color político e ideológico. No se sostiene privilegiando posiciones de izquierda de línea dura. Tampoco sembrando divisiones inútiles dentro del gobierno. Lo fundamental es ir sumando ejecuciones, ir avanzando en la disputa del presupuesto para inversiones que favorecen al pueblo. Pensarnos cómo contribuimos al proceso proyectando los cambios a corto, mediano y largo plazo.    

Hay gente que no percibe ni experimenta ningún cambio. Hay otros que valoran los cambios reales en cuestiones como los golpes que han sufrido los carteles de la droga (incautaciones históricas), la entrega de tierras a campesinos, el liderazgo internacional del presidente, las reformas tributaria y pensional, la estabilidad económica, las fuerzas policiales que ya no le sacan los ojos ni asesinan a los manifestantes, el uso de los bienes de la SAE a favor del pueblo, las mejoras salariales de los militares, etc. También hay individuos que conciben el cambio como transformaciones estructurales o de fondo que no se están produciendo. Hay otros quienes pensamos que el cambio ya empezó en agosto del año 2022 con la elección de un proyecto progresista opuesto en sus principios a la agenda neoliberal de los que gobernaron durante 215 años.

La tarea principal, entonces, es ejecutar los compromisos adquiridos con el pueblo. Cumplir al 100% el Plan Nacional de Desarrollo. Pero, además, intentar una y otra vez reformas que no van a dejar hacer por la desventaja numérica de los progresistas en el parlamento. Intentar liberar o mejorar las condiciones de reclusión de los cientos de jóvenes condenados injustamente durante el estallido social. Hacer realidad la reducción de las tarifas de servicios públicos. Convocar a las empresas privadas que tienen concesiones a través de peajes en carreteras para renegociar su permanencia y las tarifas de cobro. Disminuir la vacuna del 4 X 1.000. Cumplir con los Acuerdos de Paz. Involucrar más a las fuerzas militares en acciones con la sociedad civil. Neutralizar los focos de desestabilización terrorista por parte de grupos narco-criminales (el ELN vendió su alma al narcotráfico). Desarrollar a fondo la sustitución de cultivos ilícitos y llevar el desarrollo a las regiones cocaleras. Profundizar la Reforma Agraria. Poner a funcionar a toda máquina el Ministerio de la Igualdad, uno de los que más puede incidir contra la injusticia social en la Colombia profunda.

El cambio en marcha es invisible y lento porque tiene muchas resistencias. La estructura socioeconómica que recibió el gobierno del Pacto Histórico tiene fundamentos y raíces clientelares, injustas y corruptas. El Estado heredado es un inmenso aparato totalmente cooptado por la Delincuencia Política Organizada –DPO- y grupos criminales satélites de ésta. La policía está corrompida. El ejército está lleno de Zapateiros bandidos y sediciosos. La tierra hermosa y fértil está en manos de terratenientes parasitarios, paramilitares y empresarios mimados. Los departamentos son haciendas en poder de toda laya de vividores de las rentas legales e ilegales. Las mejores oportunidades para salir de pobre siempre las brinda la ilegalidad. ¿Cómo transformar un país tan envilecido?

Pero también debemos decir que este proyecto político tendría que ir de menos a más. Del reformismo hacia los cambios estructurales. De gobiernos reformistas a gobiernos de la revolución estructural. El reformismo necesita otros 4 años de gobierno. En este gobierno que entró en su última recta, difícilmente se lograrán otras reformas significativas. El Congreso saboteará todos los intentos con el fin de desprestigiar al Pacto Histórico para las elecciones del 2026. El presidente Petro y sus coequiperos en el legislativo han librado duras batallas y han conseguido importantes conquistas gracias también a Roy Barreras (otro indeseable) y a apoyos liberales, conservadores y “centristas”. Se impone cuidar los huevitos que contra viento y marea no se han roto en el gallinero.

Hoy en día, es inviable lo que proponen algunos compañeros, como, por ejemplo, dejar de pagar la deuda externa, eliminar las 7 bases militares gringas, desconocer los tratados leoninos de libre comercio, abolir el parlamento, ignorar las instituciones, tomar y destruir el Estado burgués, que la clase obrera se tome los medios de producción, eliminar la propiedad privada, etc. Las condiciones no están dadas para emprender alguna de esas reivindicaciones.   Colombia sí debe avanzar hacia una revolución que permita la reconstrucción de un país muy distinto al que tenemos hoy; Colombia será un país potente, justo y digno. Pero esa revolución debe pasar primero por otras revoluciones, la primera, una revolución cultural educativa. Los “valores” y disvalores tradicionales que han dominado la cultura colombiana son los que han impulsado a elegir gobiernos verdugos del pueblo, gobiernos que vendieron la patria, gobiernos que han gobernado con los peores gánsteres y hampones. Esta realidad no se va a transformar fácilmente; requiere una revolución cultural; posicionar en el imaginario colectivo otros valores, los valores de la paz, la justicia social, la empatía, la solidaridad, el trabajo honrado, el enriquecimiento lícito, la información veraz (la verdad histórica), el amor eficaz, la cooperación. Otra revolución previa será la de la justicia. Mientras en Colombia no haya justicia soberana, eficiente, imparcial, restaurativa, no habrá cambios estructurales. En nuestro país es más respetado el ladrón exitoso que el profesor, el campesino o el artista. Mientras haya impunidad no habrá Patria.

Así que el camino es largo y lleno de huecos. Respiremos profundo y pensemos. ¿Vamos a defender egos o vamos a rodear la defensa del proyecto político? ¿Vamos a dividirnos con estigmatizaciones moralistas y sectarias, para facilitar de ese modo el regreso del fascismo criollo al poder? La oposición está al acecho como hienas alrededor de la presa. Lo primero que hará si vuelve a gobernar es destruir la Jurisdicción Especial para la Paz –JEP-, el organismo que ha revelado cómo eliminaban las voces inconformes con el proyecto de la ultraderecha.

 Posdata: Es importante transmitir los Consejos de ministros siempre y cuando haya una metodología, un respeto a la intervención de cada ministro, un apoyo en herramientas visuales y tecnológicas para informar sobre las ejecuciones en los ministerios, departamentos y unidades. Estas transmisiones educarán y empoderarán a la población. Los principios de esas transmisiones deben ser transparencia y pedagogía.