25/08/2022

OMAR G. ENCARNACIÓN
La révolte de l'Espagne vide

Omar G. Encarnación, The New York Review of Books, 17/8/2022
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

Omar Guillermo Encarnación est professeur d'études politiques au Bard College à Annandale-on-Hudson (État de New York), où il enseigne la politique comparée et les études latino-américaines et ibériques.  Ses recherches portent sur les causes et les conséquences des transitions vers la démocratie, le rôle de la société civile dans le processus de démocratisation et les choix politiques que font les nouvelles démocraties pour faire face à un passé difficile et douloureux.  Il est l'auteur des livres Spanish Politics: Democracy after Dictatorship (Polity Press, 2008), Democracy without Justice in Spain: The Politics of Forgetting (University of Pennsylvania Press, 2014), Out in the Periphery: Latin America’s Gay Rights Revolution (Oxford University Press, 2016), et The Case for Gay Reparations (Oxford University Press, 2021)

 Un mouvement apartidaire visant à attirer l'attention sur la dépopulation des campagnes espagnoles a commencé à façonner la politique nationale.

Le 31 mars 2019, les habitants de Madrid se sont réveillés avec une manifestation massive de quelque 100 000 personnes dans les rues, dénonçant le problème de la sangría demográfica, l’hémorragie démographique. Cette métaphore saisissante désigne une crise de dépeuplement qui a laissé de larges pans d'Espagne à peine habités. Sous la bannière de “la révolte de l'Espagne vidée”, des manifestants de vingt-quatre provinces rurales se sont plaints de la négligence des organismes gouvernementaux, de la médiocrité des services Internet, du manque d'accès aux transports et aux soins de santé, et de l'indifférence des multinationales espagnoles et de ceux qui vivent dans les centres urbains florissants du pays. Inspirées par d'autres manifestations réussies dans la capitale, comme celles qui ont conduit à la légalisation du mariage homosexuel en 2005, leurs pancartes invoquaient la rhétorique de la justice sociale et des droits humains : “Égalité pour tous”, “Mon choix de mode de vie ne me prive pas de mes droits” et “Je suis un citoyen rural, et je suis en danger d'extinction”.

Les données de l'Institut national de la statistique espagnol (INE) dressent un tableau saisissant de l'évolution démographique du pays. Quelque 90 % de la population, soit environ 42 millions de personnes, sont actuellement regroupés dans 1 500 villes qui occupent moins d'un tiers du territoire. Le reste du pays est habité par 4,6 millions de personnes, soit à peu près le nombre de personnes qui vivent à Barcelone. L'INE signale également que quelque 80 % des villages de moins de mille habitants risquent de disparaître complètement en raison du vieillissement de leur population et du départ des jeunes, ce qui explique l'abondance des villes fantômes que connaissent les voyageurs qui se rendent dans l'intérieur de l'Espagne. Selon la société immobilière Aldeas Abandonadas, ou Villages abandonnés, il existe environ 1 500 hameaux qui peuvent être achetés pour moins de 100 000 dollars, la plupart en Aragon, en Castille-et-León, en Castille-La Manche, en Estrémadure et dans La Rioja. Ces cinq régions intérieures - connues sous le nom de cœur de l'Espagne parce qu'elles ont été le berceau du royaume d'Espagne et de son empire colonial - représentent 53 % du territoire national, mais n'abritent que 15 % de la population. La province de Zamora, en Castilla y León, a vu sa population chuter de plus de 30 % depuis 1975, alors que la population de l'ensemble du pays a augmenté de 30 % au cours de la même période.

GIDEON LEVY
Les détentions sans jugement de Palestiniens prouvent que Lapid et Gantz menacent aussi la démocratie

Gideon Levy, Haaretz, 24/8/2022
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

Il y a 723 raisons de ne pas soutenir l’actuel gouvernement israélien, et six autres en bonus. Les 723 personnes qui sont en prison sans jugement sont une raison suffisante pour comprendre qu'il n'y a pas de réelle différence entre le gouvernement actuel et son prédécesseur. L’interdiction et fermeture de six groupes de défense des droits humains en Cisjordanie fournit six raisons supplémentaires à quiconque insiste sur le fait que notre “gouvernement de changement” et d'espoir diffère de son prédécesseur.

Des manifestant·es palestinien·nes demandent la libération du détenu administratif Maher Akhras, dans le centre-ville d'Hébron en Cisjordanie occupée, le 14 octobre 2020.Photo : AFP

Maintenant, 729 éléments de preuve montrent qu'aucune amélioration significative n'est visible sur les questions fondamentales sous le gouvernement de centre-gauche. Nous pourrions même aller plus loin et conclure, au moins en ce qui concerne les détentions administratives scandaleuses - des détentions sans jugement - que Benjamin Netanyahou était préférable. Pendant 14 ans, dont la quasi-totalité sous son gouvernement, le nombre de détenus administratifs n'a jamais atteint ces proportions monstrueuses - et puis le gouvernement de centre-gauche est arrivé.

L'incarcération massive sans procès et la fermeture des groupes de défense des droits humains constituent un bon test décisif pour le caractère réel d'un gouvernement et de ses valeurs. « Cette loi est une loi nazie. Elle est tyrannique. Elle est immorale - et une loi immorale est une loi illégale », a déclaré Menahem Begin à propos des règlements d'urgence autorisant la détention administrative. Begin s'exprimait en mai 1951 à la Knesset après que des membres de Brit Hakanaim [Pacte des zélotes, qui voulait faire de la Halakha, la loi juive, celle de l’État, NdT], un groupe clandestin ultra-orthodoxe radical, avaient été placés en détention administrative.

Mais ses paroles s'appliquent aujourd'hui aux détenus palestiniens retenus sans procès, même si aucune personne de gauche n'oserait les qualifier de lois nazies comme l'a fait Begin. Seule la droite peut le faire.

HAARETZ
La Cour suprême d'Israël refuse de libérer les Palestiniens en détention administrative

Éditorial, Haaretz, 23/8/2022
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

Lorsqu'il s'agit de la détention administrative - l'une des tactiques gouvernementales les plus agressives que l'on puisse imaginer, étant une forme de détention sans jugement - il est impossible de se fier à la Cour suprêmee. Selon une enquête du Haaretz, la Cour n'a pas fait droit à une seule demande d'annulation d'un ordre de détention administrative depuis le début de l'année. Et l'Association pour les droits civils en Israël ne se souvient d'aucun cas où elle l'aurait fait - pas seulement cette année, mais jamais (Hagar Shezaf, Haaretz de lundi).

Prisonniers palestiniens à la prison de Megiddo. Photo : Itzik Ben-Malki

 Le fait que la Cour serve de blanc-seing au service de sécurité du Shin Bet et aux Forces de défense israéliennes en ce qui concerne les détentions administratives est particulièrement inquiétant étant donné l'utilisation massive qu'Israël fait de cette tactique draconienne. Le nombre de personnes détenues dans les prisons israéliennes sans jugement a atteint 723 la semaine dernière, soit le chiffre le plus élevé depuis 2008. Onze de ces détenus sont des citoyens ou résidents arabes d'Israël, les autres étant des Palestiniens. Aucun d'entre eux n'est juif.

Aucune charge n'est jamais retenue contre les détenus administratifs ; leur détention est considérée comme une arrestation préventive. Les preuves à leur encontre ne sont jamais entendues au tribunal. Même leurs avocats ne sont pas autorisés à voir ces preuves, à l'exception d'un bref résumé de quelques phrases décrivant les soupçons qui pèsent sur eux. Le droit international autorise la détention administrative, mais seulement si elle est utilisée de manière limitée, dans les cas où il existe une menace pour le bien-être public et qu'il n'y a pas d'autre moyen de l'empêcher. Pour Israël, cependant, ce n'est jamais assez.

24/08/2022

WERNER RÜGEMER
1,21 € de salario mínimo o cómo Ucrania comparte “nuestros valores europeos”
La verdad sobre la corrupción, la pobreza, la prostitución, la maternidad subrogada, el acaparamiento de tierras y la explotación en Ucrania

Werner Rügemer, Nachdenkseiten, 21/7/2022
Traducido por Miguel Álvarez Sánchez, Tlaxcala

Ucrania es corrupta, lo sabemos, pero no importa, es por la buena causa. Pero la población más pobre y enferma, el país como eje de la mano de obra barata en toda Europa y el contrabando de cigarrillos en toda Europa, líder mundial en el tráfico del cuerpo femenino... y más soldados que cualquier Estado europeo de la OTAN.

 

Cuando se introdujo por primera vez un salario mínimo legal en Ucrania, en 2015, era de 0,34 euros la hora. Después lo incrementaron: en 2017 estaba en 68 céntimos, en 2019 en 10 céntimos más, que siguen siendo 78 céntimos, y desde 2021 son 1,21 euros. ¿Has oído hablar de algo así alguna vez?

Incluso este bajísimo salario no siempre se paga

Esto no significa en absoluto que este salario mínimo se pague realmente de forma correcta en este estado. Así, para una semana laboral completa en 2017, el salario mínimo mensual era de 96 euros. Pero en la industria textil y del cuero, por ejemplo, este salario mínimo para un tercio de los trabajadores, en su mayoría mujeres, sólo se consiguió mediante horas extraordinarias forzadas y no pagadas específicamente. También es habitual el pago por piezas: hay que coser un número determinado de camisas en una hora; si no se consigue, hay que volver a trabajar sin cobrar.

Si no había encargos, se ordenaban vacaciones no remuneradas. En muchos casos, no se concedieron o no se pagaron las vacaciones anuales que correspondían por ley. La dirección impidió la elección de los representantes de los trabajadores. Con este salario mínimo las personas estaban muy por debajo del nivel oficial de subsistencia: era de 166 euros en el año en cuestión.

La cadena salarial del hambre desde Ucrania a los países vecinos de la UE

Hay unas 2.800 empresas textiles registradas oficialmente, pero probablemente también un número igual de pequeñas empresas no registradas. Desde hace unas décadas, constituyen una economía sumergida muy normal, a menudo en pequeñas ciudades y pueblos.

En ello la mayoría de estas empresas son sólo proveedores de segunda clase para los productores de bajo coste mejor conectados internacionalmente en los países vecinos de la UE, especialmente en Polonia, pero también en Rumanía y Hungría.

Así, el 41 % de los zapatos de Ucrania se envían como productos semiacabados de sueldos de miseria a las fábricas de bajos salarios de Rumanía, Hungría e Italia: allí obtienen la inocente y hermosa etiqueta «Made in EU».


Los propios trabajadores del sector textil sólo pueden permitirse importaciones de segunda mano de Alemania

La mayoría de los aproximadamente 220.000 trabajadores textiles son mujeres mayores. Sólo se mantienen a flote gracias a su propia agricultura de subsistencia, por ejemplo, teniendo su propio huerto con un gallinero. Las enfermedades debidas a la malnutrición son comunes.

La ropa propia que compran las trabajadoras del sector textil procede en su mayoía de importaciones de segunda mano, principalmente de Alemania, Polonia, Bélgica, Suiza y Estados Unidos. Ucrania importa muchos más productos textiles de los que exporta.

Las caras importaciones de Boss y Esprit procedentes del rico Occidente de la UE, preproducidas en Ucrania, se destinan a la élite rica y a la burbuja de las ONG de Kiev, mientras que la mayoría de las importaciones son productos textiles de segunda mano de lo más barato. Los trabajadores del sector textil, pero también la mayoría de la población, sólo pueden permitirse los textiles desechables casi gratuitos de los países ricos.[1]

Pero los sindicatos occidentales y los «activistas de los derechos humanos» siguen mirando a Asia y a Bangladés cuando se trata de mano de obra barata en la industria textil que viola los derechos humanos. Aunque los salarios bajos son mucho más inferiores en Ucrania. También en los debates actuales en la UE y en el Bundestag alemán sobre una ley de la cadena de suministro: allí la visión va más allá, en términos globales, hacia Asia, mientras que se niega la cadena de pobreza UE-Ucrania.

He aquí está la corrupción: C&A, Hugo Boss, Adidas, Marks&Spencer, New Balance, Esprit, Zara, Mexx son los usuarios finales que se lucran. Viven de una explotación que viola los derechos humanos. Es aquí, en los estados ricos de la UE, donde se encuentran los principales protagonistas de la corrupción. En secreto aplauden la inexistente o cómplice inspección de trabajo del estado ucraniano y la UE encubre también la injusticia laboral sistémica, con una amonestación ritualmente hipócrita e inconsecuente de la corrupción en Ucrania. [2]

Distribuidores de automóviles, productos farmacéuticos, ingeniería mecánica

De modo similar a la industria textil y del cuero funciona en otros sectores. Ucrania fue un foco de producción industrial en la Unión Soviética. Tras la independencia en 1991, los oligarcas se hicieron con las empresas, se llevaron los beneficios y no invirtieron nada en innovación. Las empresas occidentales tenían a su disposición a millones de trabajadores bien cualificados; con bajísimos salarios.

Miles de empresas, sobre todo de Estados Unidos y de la UE -unas 2.000 sólo de Alemania-, hacen pedidos de subcontratación de piezas más bien sencillas: Porsche, VW, BMW, Schaeffler, Bosch y Leoni, por ejemplo, para los cables de los coches; empresas farmacéuticas como Bayer, BASF, Henkel, Ratiopharm y Wella envasan y embalan sus productos allí; Arcelor Mittal, Siemens, Demag, Vaillant, Viessmann mantienen sucursales de montaje y venta. Aquí se pagan salarios de dos a tres euros, lo que supera el salario mínimo, pero sigue siendo inferior al de los países vecinos de la UE, Hungría, Polonia y Rumanía.

Por eso están los sitios ucranianos estrechamente vinculados a los sitios de las mismas empresas en estos países vecinos de la UE, donde los salarios mínimos legales son superiores a 3 euros e inferiores a 4 euros. Pero la interconexión es igual de válida con los estados vecinos aún más pobres, o sea Moldavia, Georgia y Armenia, que no son miembros de la UE. Aquí también operan las sucursales. En el contexto de la «vecindad del este», organizada por la UE, se explotan todas las diferencias de cualificación, incluso de salario, con Ucrania como puerta giratoria. 

Fuga de cerebros, por Sergii Fedko

 

Migración laboral por millones

Esta explotación selectiva de las ventajas de ubicación por parte de los capitalistas occidentales no ha conducido al desarrollo económico nacional, sino todo lo contrario. Ucrania se ha empobrecido económicamente. La mayoría de la población se hizo más pobre y más enferma. Una reacción masiva es la emigración laboral.

Empezó muy pronto. Hasta finales de la década de 1990, varios cientos de miles de ucranianos habían emigrado a Rusia. Los salarios no eran mucho más altos, pero en Rusia la excesiva occidentalización de los estilos de vida y el aumento del coste de la vida en lo que respecta a la alimentación, los alquileres, la sanidad y las tasas gubernamentales no causan estragos.

Arrêtez les massacres du peuple palestinien !
Nous condamnons fermement la campagne inadmissible en Allemagne contre le président palestinien Mahmoud Abbas (Abou Mazen)!



L’association Communauté palestinienne d'Allemagne observe avec inquiétude les réactions des médias et du gouvernement allemands qui ont pris pour prétexte la déclaration du Président Abbas concernant l'Holocauste. 

Lors d'une conférence de presse à la chancellerie le 16 août 2022, le président palestinien Mahmoud Abbas a comparé les massacres perpétrés par les Israéliens avec l'Holocauste. Nous, dans la communauté palestinienne d'Allemagne, savons bien sûr que l'Holocauste était un crime contre L'humanité, en particulier contre les Juifs, les communistes, les Rroms et Sintis et toutes les personnes qui combattaient les nazis qui ont coûté la vie à des millions de personnes. La communauté palestinienne comprend la sensibilisation aux questions liées à l'Holocauste. 

Mais ce qui étonne la communauté palestinienne et tous les partisans du peuple palestinien, c'est qu'Israël prétend représenter les Juifs en Allemagne, en Europe et dans le monde et les victimes juives, ce qui est toutefois douteux. Il y a beaucoup de groupes juifs en Allemagne, en Europe, aux USA et dans le monde qui s'opposent au sionisme et ils rejettent cette revendication de l'État d'Israël. Notre deuxième point de désaccord est que le régime d’occupation israélien utilise l'holocauste comme couverture pour exercer la violence et les massacres contre le peuple palestinien.

Israël a déjà commis plus de 50 massacres et provoqué la Nakba, qui a chassé plus de la moitié du peuple palestinien de sa patrie. Le gouvernement israélien persécute les Palestiniens qui font obstacle à sa politique d'occupation, que ce soit en Palestine, dans les pays arabes ou même en Europe, où des écrivains, des hommes politiques et des ambassadeurs palestiniens ont été assassinés. C'est pourquoi nous condamnons fermement cette campagne de dénigrement qui vise à délégitimer la lutte du peuple palestinien pour la liberté et la dépendance.

Stoppt die Massaker am palästinensischen Volk!
Wir verurteilen aufs Schärfste die unverhältnismäßige Kampagne gegen den palästinensischen Präsidenten Mahmoud Abbas (Abu Mazen)!

Die palästinensische Gemeinde Deutschland e. V beobachtet mit Sorge die Reaktionen der deutschen Medien und der deutschen Regierung, die die Aussage von Präsident Abbas was Holocaust betrifft als Vorwand genommen haben.
Der palästinensische Präsident Mahmud Abbas hat bei einer Pressekonferenz im Kanzleramt am 16.8.2022 die von den Israelis verübten Massakern mit dem Holocaust verglichen.

Wir in der palästinensischen Gemeinde Deutschland wissen natürlich, dass der Holocaust ein Verbrechen gegen die Menschlichkeit war, insbesondere gegen Juden, Kommunisten, Sinti und Roma und alle gegen die Nationalsozialisten kämpfenden Menschen, das Millionen das Leben gekostet hat.

Die palästinensische Gemeinde versteht die Sensibilität des Themas Holocaust. Aber was uns als palästinensischen Gemeinde und allen Unterstützern des palästinensischen Volkes erstaunt, ist, dass Israel behauptet, die Juden in Deutschland, Europa sowie weltweit und die jüdischen Opfer zu vertreten, was jedoch zweifelhaft ist.

Es gibt viele jüdische Gruppen in Deutschland, Europa, USA und weltweit, die gegen den Zionismus stehen und sie lehnen diesen Anspruch des israelischen Staates ab. Der zweite Punkt, dem wir nicht zustimmen können, ist, dass das israelische Besatzungsregime den Holocaust als Deckmantel nutzt, um Gewalt und Massaker gegen das palästinensische Volk zu verüben.

!اوقفوا المجازر بحق الشعب الفلسطيني
!نستنكر بشدة الحملة التي تستهدف الرئيس الفلسطيني محمود عباس (أبو مازن)

تراقب الجالية الفلسطينية ردود الفعل التي استغلت مقارنة المجازر التي ترتكب بحق الفلسطينيين من قبل قوات الاحتلال الاسرائيلي بالهولوكوست. نحن نرى بالطبع ان الهولوكوست كان جريمة بحق الانسانية وخاصة بحق اليهود والشيوعيين والنور والتي راح ضحيتها الملايين لا يجب ان يتكرر ولا يساوي اي مجزرة محدودة

ان الجالية الفلسطينية ترى ان هذا موضوع خاص وما يزعج الفلسطينيين وكل انصار الشعب الفلسطيني ادعاء اسرائيل انها تمثل اليهود والضحايا وهذا مشكوك به وهناك مجموعات يهودية تقف ضد الصهيونية ولا ترى بان إسرائيل تمثلها وهي منتشرة في اوروبا وامريكا وبكل العالم. والموضوع الاخر الذي لا يمكننا الموافقة عليه هو ان تتخذ حكومة الاحتلال الاسرائيلي كغطاء لممارسة العنف وارتكاب المجازر بحق الشعب الفلسطيني. لقد ارتكتبت اسرائيل بالفعل اكثر من ٥٠ مجزرة وتسببت بالنكبة التي ابعدت اكثر من نصف الشعب الفلسطيني عن ارضه وتلاحق كل من يقف في وجه سياساتها سواء في فلسطين او بالدول الغربية او حتى في اوروبا حيث تم اغتيال كتاب وسياسيين فلسطينيين بالعديد من الدول.

لهذا نستنكر بشدة هذه الحملة التي تستهدف نضال الشعب الفلسطيني الذي يواجه الاحتلال وطرده من ارضه.

23/08/2022

AMOS HAREL
Beaucoup de généraux israéliens souffrent de SSPT, mais ces confessions du général de brigade Effie Defrin sont sans précédent
De la défaite au Liban en 2006 à la mondialisation du savoir-faire sioniste

Amos Harel, Haaretz, le 19/8/2022

Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Ce qui s'est passé dans les derniers instants de la Seconde Guerre du Liban le hante jour et nuit. Entretien à cœur ouvert avec le général de brigade des FDI Effie Defrin

Le général Effie Defrin : « Mon état d’esprit était déjà que je ne reviendrais pas. Le vendredi soir, j'ai parlé avec ma femme au téléphone et je me suis demandé comment mener une dernière conversation avec elle sans lui dire que je ne reviendrais pas. » Photo :Tomer Appelbaum

 

Vendredi dernier, le 12 août, le général de brigade Effie Defrin a marqué ce qu'il appelle, avec une certaine ironie, « l'anniversaire de ma mort ». Dans l'après-midi de ce jour, il y a 16 ans, Defrin était le commandant du 9e bataillon de la 401e brigade blindée des Forces de défense israéliennes. Lorsque la brigade a commencé à traverser Wadi Saluki, dans ce qui deviendrait probablement la bataille la plus connue et la moins nécessaire de la Seconde Guerre du Liban, le bataillon de Defrin a été attaqué avec des missiles antichars dans une embuscade du Hezbollah. Il a été grièvement blessé et a été évacué alors qu'il était ventilé et dans le coma induit. Initialement, son état a été classé comme critique. Sa femme, Carmel, a été appelée à l'hôpital, avec l'idée qu'elle devrait se séparer de lui.

 

Mais Defrin se remit exceptionnellement vite, surprenant ses médecins, et quelques semaines plus tard il était de retour à la tête de son bataillon – qui, comme lui, était sorti de la guerre battu et meurtri. Au cours des trois dernières années, il a dirigé la Division de la coopération internationale de l'armée, qui, malgré son nom plutôt inoffensif (qui sera bientôt changé), est chargée de coordonner les efforts de collaboration entre les FDI et des dizaines d'armées étrangères, et entretient également certains des liens de sécurité sensibles d'Israël.

 

Sur les photos officielles de l'armée, Defrin, en uniforme, sourit toujours. C'est aussi le visage connu de ses nombreux homologues dans les armées des pays amis. Mais depuis la bataille de Wadi Saluki, il a néanmoins porté en lui une expérience qui n'a été diagnostiquée que ces dernières années comme un syndrome de stress post-traumatique (SSPT).

 

Dans une interview à Haaretz, il décrit franchement les pensées et les sentiments difficiles que la guerre lui a laissés : qu'il s'agisse de la mauvaise préparation des troupes, de la déception au vu de l'issue des combats, ou de la perte de ses hommes et de l'immense estime pour le courage dont ses soldats ont fait preuve au combat. À mon avis, les hauts gradés de Tsahal encore en service, ou ceux qui ont terminé leur service ces dernières années, qui portent des fardeaux similaires ne sont pas rares – mais Defrin est apparemment le premier d'entre eux à en parler si franchement.

 

Tanks disparus

 

J'ai rencontré Defrin pour la première fois, en avril 2007, environ huit mois après la fin de la guerre au Liban. À l'époque, il avait 35 ans. Au cours de la collecte de matériel pour un livre sur la guerre (publié en anglais, en 2009, sous le titre « 34 Days : Israel, Hezbollah, and the War in Lebanon » [34 jours : Israël, le Hezbollah et la guerre au Liban]), que j'ai écrit avec Avi Issacharoff, des centaines d'entretiens ont été menés avec des personnes qui avaient été impliquées dans les combats. Parfois, le voyage que nous avons fait parmi les personnes interrogées – du premier ministre et des membres du cabinet, en passant par les généraux et les soldats du rang – ressemblait à des visites à des personnes blessées dans un accident de voiture en chaîne.

 

Le rapport intérimaire accablant de la Commission d'enquête Winograd sur la guerre venait d'être publié. L'histoire révisionniste de la guerre, la fausse affirmation que les FDI avaient en fait remporté une victoire retentissante, n'avait pas encore vu le jour. Certains des acteurs clés avaient déjà démissionné, dans un climat de dépression que la guerre avait engendré parmi le public. D'autres luttaient toujours pour leur avenir, avec l'aide d'avocats et de transcriptions de réunions secrètes. Des citations ont été tirées d'eux avec soin pour démontrer la responsabilité limitée que ces individus portaient ostensiblement pour l'échec de la guerre et pour rejeter la responsabilité sur leurs rivaux.

 

La rencontre avec Defrin était totalement différente. À la différence d’une grande partie des entretiens menés pour le livre, il s'agissait d'une conversation de fond, qui a été arrangée par des représentants de l'unité du porte-parole de Tsahal, parce que Defrin était toujours en service actif. Nous n'étions pas autorisés à le citer directement. L'entrevue d'une heure que j'avais programmée avec lui a duré près de trois heures.

JORGE MAJFUD
Psychopatriotisme yankee

Jorge Majfud, Escritos Críticos, 21/8/2022
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

En vertu d'une loi de 1994 (Holocaust Education Bill), les écoles publiques de Floride ont une matière appelée “Holocauste”, dans laquelle sont étudiées les atrocités racistes commises en Europe contre les juifs. En 2020, le gouverneur Ron DeSantis a promulgué une autre loi exigeant que toutes les écoles primaires et secondaires certifient qu'elles enseignent l'Holocauste aux nouvelles générations. Dans le même temps, les sénateurs de la communauté afro ont réussi à faire inclure dans le programme la mention du massacre d'Ocoee, où au moins 30 Noirs ont été tués en 1920, ce qui, pour comprendre le racisme endémique et les injustices sociales, revient à expliquer le corps humain par son ombre.

Le 2 novembre 1920, July Perry est lynché par une foule lors du massacre d'Ocoee, le pire jour d'élections de l'histoire des USA. Les problèmes ont commencé lorsqu'un homme noir du nom de Moses Norman s'est vu refuser le droit de vote, parce qu'on lui a dit qu'il ne pouvait pas voter parce qu'il n'avait pas payé sa taxe électorale (photo de July Perry, avec l'aimable autorisation du Orange County Regional History Center) (Orlando Sentinel). Ci-dessous deux plaques commémoratives apposées pour le centenaire.


 

Par la loi également, à partir de 2022, dans ces mêmes lycées de Floride, il est interdit de discuter de l'histoire raciste usaméricaine. La raison, selon le gouverneur Ron DeSantis, est que « personne ne devrait apprendre à se sentir inégal ou à avoir honte de sa race. En Floride, nous ne laisserons pas l'agenda de l'extrême-gauche prendre le contrôle de nos écoles et de nos lieux de travail. Il n'y a pas de place pour l'endoctrinement ou la discrimination en Floride ».

Si on n'en parle pas, ça n'existe pas. De ce côté-ci de l'Atlantique, le racisme n'existe pas et n'a jamais existé.

Les mêmes esclavagistes qui définissaient des millions d'esclaves (la base de la prospérité du pays) comme “propriété privée” sur la base de leur couleur de peau, appelaient ce système une “bénédiction de l'esclavage”, qu'ils voulaient “répandre dans le monde entier” pour “lutter pour la liberté” tout en appelant leur système de gouvernement “démocratie” (Brown, 1858).

“Ce nègre a voté”. Cette photo provient de Miami, en Floride, dans les années 1920, où le Klu Klux Klan a lancé une “parade de la peur” destinée à effrayer les électeurs noirs pour qu'ils ne votent pas.
Après le massacre, jusqu'à 500 Noirs ont été chassés de leurs terres à Ocoee et le Klu Klux Klan a mis en place un embargo autour de la ville pour s'assurer qu'aucun d'entre eux ne pourrait retourner chez lui. Pendant ce temps, les Blancs saisissent leurs biens, parfois avec des actes exigeant que les terres “ne soient plus cédées aux Noirs”.

Les mêmes personnes qui ont volé et exterminé des peuples autochtones bien plus démocratiques et civilisés que la nouvelle nation de la ruée vers l'or avant la ruée vers l'or, ont appelé cela de la “légitime défense” contre des “attaques non provoquées” de sauvages (Jackson, 1833 ; Wayne, 1972).

22/08/2022

ISAAC SCHER
La CIA incapable de corroborer l'étiquetage par Israël de groupes de défense des droits des Palestiniens comme “terroristes”

 Isaac Scher, The Guardian, 22/8.2022
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala 

Exclusif: selon des sources, un rapport montre que la CIA est incapable de trouver des preuves à l'appui de l’allégation israélienne, mais la découverte n'incite pas les USA à la réfuter

Une course de vélo à Rafah, Gaza, l'année dernière, organisée par l'Union des Comités de femmes palestiniennes. Israël affirme que le groupe est une couverture pour le FPLP. Photo: Agence Anadolu/Getty Images

Un rapport classifié de la CIA montre que l'agence n'a pas été en mesure de trouver des preuves à l'appui de la décision d'Israël de qualifier six ONG palestiniennes de premier plan d ' “organisations terroristes”.

En octobre, Israël a qualifié de groupes terroristes Addameer Prisoner Support and Human Rights Association, Al-Haq, le Centre Bisan pour la Recherche et le développement, Defense for Children International-Palestine, l'Union des Comités de travail agricole et l'Union des Comités de Femmes Palestiniennes.

Israël a affirmé que les organisations étaient des groupes de façade pour le Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), un parti politique de gauche qui a une branche paramilitaire.

Plus tôt cette année, Israël a transmis des renseignements sur la désignation aux USA, mais une évaluation de renseignement par la CIA sur le matériel n'a trouvé aucune preuve à l'appui de cette affirmation, selon deux sources proches de l'étude.

Le rapport de la CIA « ne dit pas que les groupes sont coupables de quoi que ce soit », a déclaré une source. L'évaluation était hautement confidentielle, a déclaré une deuxième source. L'évaluation était hautement confidentielle, a précisé une deuxième source.

De nombreux États, y compris des alliés d'Israël, ont rejeté la désignation comme terroristes, l’estimant sans fondement.

Défendre les droits humains, ce n’est pas du terrorisme

 B’Tselem, 21/8/2022

53 organisations de la société civile solidaires des organisations palestiniennes désignées par Israël comme “groupes terroristes”.

La défense des droits humains, ce n'est pas du terrorisme. Israël persiste à déclarer d'importantes organisations de la société civile palestinienne comme des groupes terroristes. Récemment, l'armée a joint le geste à la parole en faisant une descente dans leurs bureaux et en les fermant.

Ces déclarations sont sans fondement. En effet, l'administration usaméricaine, l'Union européenne et d'autres alliés d'Israël ont trouvé les allégations d'Israël peu convaincantes. Après avoir examiné en détail le matériel qu'Israël leur a fourni, tous les pays européens donateurs de ces organisations ont décidé de poursuivre leur soutien.

HAGAR SHEZAF
Le nombre de Palestiniens détenus sans jugement dans les prisons israéliennes atteint son plus haut niveau depuis 2008

 Hagar Shezaf, Haaretz, 22/8/2022
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala 

Le nombre de détenus administratifs en Israël a grimpé en flèche depuis la vague d'attaques terroristes de mars dernier, atteignant plus de 700, dont 11 Palestiniens de nationalité israélienne

La prison israélienne d'Ofer en Cisjordanie, ce mois-ci. Photo : Ohad Zwigenberg

Israël détient actuellement 723 détenus en prison sans jugement, le nombre le plus élevé depuis 2008 et une augmentation significative par rapport aux 671 détenus début août. Onze des détenus sont des citoyens israéliens-aucun d'entre eux n'est juif-et les autres sont des Palestiniens.

Le nombre de détenus administratifs en Israël a grimpé en flèche depuis la vague d'attentats terroristes de mars, avec 52 nouveaux prisonniers depuis le début du mois d'août. Des arrestations ont été effectuées depuis les combats à Gaza au début du mois contre le Jihad islamique et la répression de l'organisation en Cisjordanie.

Les suspects placés en détention administrative sont incarcérés en Israël sans inculpation dans le cadre d'un système de “détention préventive”. Ils ne sont pas traduits devant un tribunal et leurs avocats ne reçoivent pas les preuves à leur encontre, à l'exception d'un bref résumé des principaux soupçons. Un rapport de renseignement confidentiel et un ordre de détention administrative signés par le chef du Commandement central des Forces de défense israéliennes sont présentés au juge qui doit approuver la détention, sans la présence du détenu.


Ahlam Haddad, l'avocate représentant le gréviste de la faim Khalil Awawdeh, a déclaré à Haaretz que de nombreux détenus administratifs avaient été arrêtés parce qu'ils avaient exprimé leur soutien à son client.

EYAL WEIZMAN
À Kassel : la documenta fifteen

 Eyal Weizman, London Review of Books, 4/8/2022
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala 

Eyal Weizman (Haïfa, 1970) est le fondateur et directeur de Forensic Architecture (Architecture médico-légale) et professeur de cultures spatiales et visuelles à Goldsmiths, Université de Londres, où il a fondé en 2005 le Centre for Research Architecture. En 2007, il a créé, avec Sandi Hilal et Alessandro Petti, le collectif d'architectes DAAR à Beit Sahour/Palestine.

Il est l'auteur de nombreux ouvrages, dont Hollow Land, The Least of all Possible Evils, Investigative Aesthetics, The Roundabout Revolutions, The Conflict Shoreline et Forensic Architecture.

Eyal a occupé des postes dans de nombreuses universités du monde, notamment à Princeton, à l'ETH Zurich et à l'Académie des beaux-arts de Vienne.

Il est membre du conseil consultatif technologique de la Cour pénale internationale et du Centre pour le journalisme d'investigation.

En 2019, il a été élu membre à vie de la British Academy. En 2020, il a reçu un MBE (Ordre de l’Empire britannique) pour “services rendus à l'architecture” et en 2021 le London Design Award. Forensic Architecture a reçu un Peabody Award pour les médias interactifs et le prix pour la culture de la Fondation européenne de la culture.

Eyal a étudié l'architecture à l'Architectural Association, dont il est sorti diplômé en 1998. Il a obtenu son doctorat en 2006 au London Consortium de Birkbeck, Université de Londres.

On peut lire de lui en français À travers les murs. L’architecture de la nouvelle guerre urbaine, La Fabrique, Paris, 2008, et La vérité en ruines-Manifeste pour une architecture forensique, éditions Zones, 2021 .@ForensicArchi

La documenta, qui se tient tous les cinq ans à Kassel, est l'exposition d'art contemporain la plus influente au monde. Le 19 juin, un jour après l'ouverture, une banderole de huit mètres de haut intitulée People's Justice, peinte par le collectif artistique indonésien Taring Padi, a été suspendue à un échafaudage sur la Friedrichsplatz, la place centrale de Kassel. Il s'agissait d'une énorme pièce d'agit-prop, une version caricaturale d'une peinture murale de Diego Rivera, représentant les auteurs et les victimes du régime Suharto, à commencer par la campagne génocidaire de 1965-1966 contre des membres réels ou imaginaires du parti communiste indonésien, des gauchistes et des Chinois de souche.

Avant

La banderole était conçue comme un tribunal populaire, un appel à la responsabilité. Les Taring Padi étaient des étudiants protestataires en 1998, lorsqu'un soulèvement populaire - et des combats de rue sanglants - ont finalement fait tomber Suharto. Ils ont perdu de nombreux amis dans la violence. People's Justice, créé en 2002, est leur réponse collective. Elle a été exposée à plusieurs reprises au niveau international, mais jusqu'à son dévoilement à Kassel, personne ne semblait avoir remarqué que parmi les centaines de personnages de la peinture, deux étaient clairement antisémites. L'indignation est grande, et la banderole est retirée deux jours plus tard. De nombreux médias ont célébré la défaite du postcolonialisme et déclaré que l'exposition dans son ensemble était une cause embarras national. Certains réclament la fin de la documenta. Le président allemand, Frank-Walter Steinmeier, réagit en avertissant que “la liberté artistique a des limites” lorsqu'il s'agit de questions politiques. Le chancelier Scholz a annoncé que, pour la première fois en trente ans, il ne se rendrait pas à l'exposition. La ministre de la culture, Claudia Roth, a promis un contrôle accru de l'État. Enfin, le 16 juillet, la directrice de la documenta, Sabine Schormann, a démissionné d'un “commun accord” avec le conseil de surveillance.

Lors de ma visite, le week-end suivant l'ouverture, la vaste exposition, répartie sur une trentaine de sites, était aussi vide que je ne l'ai jamais vue. Pourtant, elle dégageait une énergie décontractée et délabrée. On y trouvait des œuvres en cours de réalisation présentées en vrac, des tentes éparpillées et d'autres structures improvisées où étaient projetées des vidéos, des performances en direct, un dortoir d'artistes, une cuisine commune, une serre-jardin expérimentale et plusieurs espaces de débat politique, principalement sur l'héritage du colonialisme européen. La documenta quinze est organisée par Ruangrupa, un autre collectif indonésien, qui l'a conçue comme un système pyramidal : les participants, pour la plupart issus du Sud, étaient encouragés à inviter d'autres collectifs, qui transmettaient à leur tour l'invitation. Personne ne sait exactement combien de personnes ont fini par contribuer à l'exposition - peut-être jusqu'à 1500. L'ensemble de l'arrangement était irrévérencieux, non hiérarchique, un correctif bien nécessaire au style muséologique rigide des “éditions” précédentes, comme la documenta appelle ses expositions. Elle se moquait du système de mécénat d’entreprises et des foires commerciales du monde de l'art.

Après

La dictature de Suharto n'aurait pas duré trois décennies sans le soutien - diplomatique, financier et tactique - des gouvernements occidentaux et de leurs agences de renseignement. Des documents récemment déclassifiés montrent que la CIA a fourni à l'armée indonésienne des listes de cibles, tandis que le ministère britannique des Affaires étrangères a attisé le sentiment anticommuniste en distribuant de faux bulletins d'information destinés aux "émigrés" et en diffusant des histoires dans les émissions de radio. Comme le montrent les transcriptions des réunions, Gerald Ford et Henry Kissinger ont personnellement approuvé l'invasion du Timor oriental par Suharto en 1975. Plus de cent mille personnes y ont été tuées avec l'aide des armes usaméricaines. Pour de nombreux artistes militants en Indonésie, comme ailleurs dans le Sud, la brutalité exercée par les gouvernements autoritaires dans leur pays est liée à leurs complices à l'étranger. Contrairement aux auteurs de violence nationaux, qui ont des noms et des visages, ces autres inconnus opèrent dans l'ombre - ce qui leur permet de devenir plus facilement grossiers et monstrueux dans l'imagination.

En tant qu'agit-prop, People's Justice n'est pas complexe. À droite, on trouve les simples citoyens, les villageois et les travailleurs : les victimes du régime. À gauche, les auteurs présumés et leurs complices internationaux. Les représentants des services de renseignement étrangers - l'ASIO australien, le MI5, la CIA - sont représentés sous forme de chiens, de cochons, de squelettes et de rats. Il y a même un personnage appelé “007”. Une colonne armée défile sur un tas de crânes, une fosse commune. Parmi les auteurs de l'attentat, un soldat au visage de porc porte une étoile de David et un casque sur lequel est inscrit “Mossad”. À l'arrière-plan, on aperçoit un homme avec des moustaches, un nez tordu, des yeux injectés de sang et des crocs à la place des dents. Il est vêtu d'un costume, mâchonne un cigare et porte un chapeau portant la mention “SS” : un Juif orthodoxe, représenté comme un riche banquier, jugé pour crimes de guerre - en Allemagne, en 2022.

Lors de leur première tentative d'excuses, le 24 juin, les artistes ont suggéré que l'agent du Mossad à visage de cochon avait une signification différente dans le contexte dans lequel il avait été peint. Le cochon est un symbole traditionnel javanais de corruption et le Mossad y figure parce que les services de renseignements israéliens ont joué un rôle - mineur - dans le soutien à Suharto. Ils ont insisté sur le fait que leur cible n'était pas un groupe ethnique ou religieux particulier, mais l'ensemble des pays occidentaux qui s'étaient rangés derrière le régime. Ils ont fait remarquer qu'il y avait d'autres cochons dans le tableau. Mais en Allemagne, où des gravures de “la truie juive” décorent encore des cathédrales, malgré des campagnes et des actions en justice visant à les faire retirer, il était difficile d'affirmer que l'image n'était pas destinée à désigner les Juifs. Il n'y a eu, en tout cas, aucune tentative d'expliquer l'image du juif orthodoxe avec le chapeau SS. Il est placé derrière une représentation tout aussi raciste d'un GI noir, pénis à la main, en train d'éjaculer. Une œuvre d'art peu subtile.