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Jaime Rafael Nieto López
El Reloj Político Latinoamericano 

Hoy sabemos que el mundo se está transformando desde el punto de vista geopolítico, obviamente también desde el punto de vista geoeconómico, lo cual reclama de los gobiernos progresistas una política regional e internacional cada vez más autónoma, soberana e integrada frente a los grandes poderes a nivel mundial… Es probable que aún no estén dadas las condiciones subjetivas para un giro revolucionario. Pero, ¿existe la voluntad política por parte del progresismo para efectuarlo?

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21/06/2023

OFER ADERET
Révélations sur les efforts de la milice sioniste Lehi (Groupe Stern) pour convaincre les nazis de l’aider dans son combat pour un “État juif totalitaire”

Ofer Aderet, Haaretz, 21/6/2023
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

La Haganah a interrogé des membres du Lehi* en 1942 - et les transcriptions récemment publiées mettent en lumière un chapitre sombre de l’histoire de la milice d’extrême droite : « Stern a dit qu’en temps de guerre, il n’y a pas de place pour les sentiments ».

Avraham “Yair” Stern, chef de la milice du Lehi, et les documents récemment révélés. Montage photo : Aron Ehrlich

En 1942, des combattants de la Haganah ont enlevé Efraim Zetler, membre de la milice du Lehi, devant la maison de son père à Kfar Sava. « Ils l’ont conduit en voiture pendant une heure... en le tenant, en lui bandant les yeux et en lui liant les jambes », a raconté son père plus tard. « En chemin, ils ont changé de voiture, puis l’ont emmené dans un verger et dans une usine d’emballage où ils l’ont assis sur des cartons vides, les yeux bandés ». Au cours des vingt jours suivants, Zelter, âgé de 18 ans, a été interrogé sur son rôle dans le groupe extrémiste, dirigé par Avraham "Yair" Stern, qui sera tué par les Britanniques plus tard dans l’année.

Les transcriptions de l’interrogatoire de Zetler, qui ont été rendues publiques le mois dernier par les archives de l’État d’Israël, contiennent des informations sur un chapitre sombre de l’histoire de Lehi, à savoir ses liens avec l’Allemagne nazie.

« Nous communiquerons avec toute puissance militaire prête à aider à l’établissement du royaume d’Israël, même s’il s’agit de l’Allemagne », déclare Zetler aux interrogateurs stupéfaits. « La seule condition est que nous recevions des armes, afin de pouvoir nous rebeller contre les Anglais », a-t-il ajouté.

« Si l’Allemagne accepte de nous aider à combattre l’ennemi numéro 1, les Anglais, nous ferons équipe avec elle »,  a-t-il poursuivi en disant à propos de l’Allemagne : « Ce n’est pas un ennemi des Juifs en Israël » : Le Lehi coopérerait avec elle si elle aidait les clandestins à « obtenir cette terre ».

« Nous devons nous battre contre les Anglais... Je crois que c’est la voie à suivre. L’Angleterre est notre ennemi" » a-t-il ajouté.


Combattants de la Haganah dans la forêt Balfour [créée par des colons sionistes en 1928]. Photo : Zoltan Kluger / GPO

L’interrogatoire de Zetler a eu lieu environ deux semaines après la conférence de Wannsee à Berlin, au cours de laquelle les responsables nazis ont discuté de la mise en œuvre de la solution finale. Quatre-vingt-un ans plus tard, il est encore difficile de comprendre comment les Juifs de la Terre d’Israël ont pu croire à l’enrôlement de l’Allemagne nazie dans la lutte pour “libérer la patrie” de la tutelle britannique.

L’idée avait été évoquée pour la première fois deux ans plus tôt par Stern, le chef du Lehi qui prônait une résistance violente à la domination britannique. Son point de vue contrastait avec celui de la majorité du Yishuv, qui avait abandonné la lutte contre les Britanniques lorsque la Seconde Guerre mondiale avait éclaté pour se joindre à la lutte contre leur ennemi commun, l’Allemagne nazie.

« Une stratégie kasher qui se solde par un échec est mauvaise ; une stratégie “erronée” qui se solde par une victoire est la plus strictement kasher de toutes », expliquait Stern.

Un pacte avec le Reich allemand

Fin 1940, des agents du Lehi rencontrent un fonctionnaire du ministère allemand des Affaires étrangères à Beyrouth. Le document qu’ils présentent propose, entre autres, une coopération entre la milice juive et les nazis. Il propose la « participation active du Lehi à la guerre aux côtés de l’Allemagne », citant un “partenariat d’intérêts” entre « la vision allemande du monde et les véritables aspirations nationales du peuple juif ».

Le document précise également que « la création de l’État juif historique sur une base nationale totalitaire, dans une relation d’alliance avec le Reich allemand, est compatible avec la préservation de la puissance allemande ».

Les nazis ne prennent pas la peine de répondre. À l’époque, ils préfèrent Haj Amin al-Husseini, le mufti palestinien de Jérusalem, qui s’est réfugié en Allemagne pour fuir les Britanniques et tente d’enrôler les Arabes dans le soutien à Hitler. Haj Amin espérait que le chef allemand les aiderait à chasser les Britanniques.

Efraim Zetler : «  Nous communiquerons avec toute puissance militaire prête à aider à l’établissement du royaume d’Israël, même s’il s’agit de l’Allemagne ». Photo : Lehi Heritage Association

Contrairement aux nazis, la Haganah était très intéressée par les tentatives du Lehi de se lier d’amitié avec l’Allemagne. Deux dossiers des archives de la Haganah, intitulés « L’Irgoun et le Lehi avec les puissances de l’Axe (Seconde Guerre mondiale) » ont été rendus publics le mois dernier.

« Vous ne vous souciez pas du fait que l’ensemble du Yishuv [communauté juive de la Palestine mandataire], à l’exception de votre bande, s’oppose à votre façon de faire ? », demande l’interrogateur, ce à quoi Zetler répond : « Le Yishuv a-t-il jamais voulu connaître notre philosophie ? Il est facile de nous traiter d’assassins ». Il ajoute qu’il considère Stern comme un “prophète”.

Zetler était le frère cadet de Yehoshua, l’un des principaux responsables des opérations du Lehi. Après que la Haganah a terminé son enquête, il a été libéré, mais a ensuite été arrêté par les Britanniques et envoyé dans des camps d’internement au Soudan, en Érythrée et au Kenya. Après la création de l’État d’Israël, il est revenu, s’est engagé dans les Forces de défense israéliennes et a participé à la guerre d’indépendance. En 1950, il a été tué par une mine terrestre.

À peu près au même moment où Efraim a été interrogé, un autre membre de la milice, Yaakov Hershman, a également été kidnappé par la Haganah et interrogé dans un verger. Il fut interrogé sur les valeurs idéologiques fondamentales du Lehi, comme il l’avait entendu de Stern. « Nation, pays, patrie et alliés », répondit-il.


Yaakov Hershman : « Le but de l’organisation est de régner ». Photo : Lehi Heritage Association

Un interrogateur lui a alors demandé ce qu’il entendait par “alliés”, ce à quoi Hershman a répondu : « Des forces extérieures qui sont prêtes à nous aider à résoudre par la force des armes la question des Juifs en Terre d’Israël ». Lorsqu’on lui a demandé de préciser, il a expliqué : « Le but de l’organisation est de régner. Les Britanniques règnent aujourd’hui.... Qui aurait certainement intérêt à ce que l’Angleterre ne soit plus là ? ». Il a ensuite cité ceux qui pourraient l’aider, parmi lesquels “l’Axe”.

À ce moment-là, l’interrogateur a demandé à Hershman : « Cela ne signifie-t-il pas que [Stern] vous prépare à jouer le rôle de Quisling en Terre d’Israël ? » Il faisait référence à Vidkun Quisling, le premier ministre norvégien pendant l’occupation allemande, qui a collaboré avec les occupants nazis. Son nom est devenu un synonyme de “collaborateur” ou de “traître”.

Hershman a répondu : « Peut-être ».

L’interrogateur continue sur sa lancée. « Comment expliquez-vous que vous puissiez accepter cette idéologie ? C’est difficile à comprendre. Une personne prépare les juifs, les sionistes, à la venue de l’ennemi numéro 1 du peuple juif, à entrer en contact avec cet ennemi et à recevoir de lui le pouvoir de gouverner ? »

Hershman répond : « Ce sont des hommes dévoués à une idée qu’ils pensent être juste. Ils considèrent que la prise du pouvoir est le moyen de résoudre la question juive de la manière qu’ils pensent être la bonne, par la force des armes... peu importe la manière dont ils utilisent cette force ».

Flirt avec l’Axe

Yaacov Poliakov, fondateur et officier supérieur du Lehi, a raconté à ses interrogateurs de la Haganah une réunion qu’il avait eue avec Stern. « Stern nous a parlé de la question des relations... Il voulait lancer des appels d’offres... et il nous a dit que nous devrions tendre la main, sous certaines conditions, aux pays étrangers.... pour qu’ils donnent de l’argent et des armes aux Juifs ».

Yaacov Poliakov, fondateur et officier supérieur de la milice Lehi. Photo : Lehi Heritage Association

Selon Poliakov, Stern « a donné un exemple de la guerre précédente » - la Première Guerre mondiale - en disant que « les Juifs se sont battus pour l’Angleterre et, dans le même temps, quelqu’un négociait avec l’Allemagne au cas où elle gagnerait ».

Poliakov a cité une réunion avec Stern. « Nous l’avons bombardé de questions : S’il y a des pays que vous avez à l’esprit, ce sont bien l’Allemagne et l’Italie, qui persécutent les Juifs. Il nous a répondu qu’en temps de guerre, il n’y avait pas de place pour les sentiments : Il faut travailler avec ceux qui donnent de l’argent et des armes. ...Il a également dit que la plupart des Juifs travaillaient avec les Anglais, pourquoi ne pas passer un accord avec un pays ennemi de l’Angleterre, et au cas où [l’Allemagne] gagnerait, tout se passerait bien ».

Poliakov a ajouté que la milice de l’Irgoun avait également envisagé de coopérer avec l’Allemagne nazie. Il a affirmé que Ya’akov Meridor, commandant de l’Irgoun de 1941 à 1943 et plus tard membre de la Knesset et ministre du Likoud, lui avait dit : « Nous avons nous-mêmes essayé - nous avons commencé. Nous avons perdu nos liens avec l’Allemagne. Nous ne voyons rien de mal à entretenir des relations avec l’Axe. Si cela peut nous apporter l’indépendance, nous sommes prêts à passer un accord avec le diable en personne ». Même l’“élite” de l’Irgoun avait “flirté avec l’Axe”, a déclaré Poliakov à ses interrogateurs.


Place du Lehi à Petah Tikva, avec le salut de la milice. Photo : Dr. Avishai Teicher

Les nazis n’étaient pas les seuls partenaires que la droite sioniste de la Palestine mandataire avait recherchés pendant la Seconde Guerre mondiale. L’un des documents récemment sortis des dossiers de la Haganah s’intitule “Sur l’orientation italienne”.

On peut y lire : « Un homme a été informé par ses connaissances du parti révisionniste [de Jabotinsky, ancêtre du Likoud, NdT] qu’il existe un courant au sein du parti qui veut renforcer les liens avec les Italiens, parce que la victoire du fascisme est garantie, de sorte que nous devons nous préparer à la possibilité d’une coopération avec l’Italie plus tard. Ils envisagent de faire la différence entre Hitler et Mussolini dans ce domaine ».

Le document, qui n’est pas signé et ne contient pas d’autres détails, affirme que les principaux partisans de cette croyance étaient le poète et futur député du Hérout, Uri Zvi Greenberg, et Abba Ahimeir, l’un des leaders idéologiques de la droite. Le document affirme également que Zvi Mareseh, qui était responsable des finances du Lehi, a déclaré “lors d’une fête privée” que « ce ne serait pas terrible si les Italiens occupaient le pays. Nous pouvons conclure un accord avec eux ».

Un autre membre du Lehi interrogé par la Haganah était Menachem Berger, qui devint plus tard le chef de l’Association du Barreau d’Israël. Au cours de son interrogatoire, il a déclaré que “plusieurs amis” avaient parlé “de contacts avec l’Axe”, parmi lesquels Stern lui-même et Yitzhak Shamir, un membre du Lehi qui devint plus tard premier ministre d’Israël. Cependant, Berger a déclaré que lorsqu’il a montré de l’intérêt pour cette question, on lui a répondu : « Il ne s’est rien passé, sauf une tentative de contact qui a échoué ».

NdT

*Le Lehi (acronyme hébreu pour Lohamei Herut Israel, “Combattants pour la liberté d’Israël”, baptisé par les Britanniques The Stern Gang (La bande à Stern/Le Groupe Stern) fut un groupe paramilitaire sioniste actif entre 1940 et 1948. Auteur de nombreux attentats contre les Britanniques et les Palestiniens, il fut dissous en 1948 par le jeune État israélien pour avoir assassiné le comte Folke Bernadotte, médiateur spécial des Nations Unies en Palestine et le colonel français Sérot, chef des observateurs des Nations Unies. Après la mort de son premier dirigeant Avraham “Yair” Stern en février 1942, l’organisation fut dirigée par un triumvirat : Yitzhak Shamir, futur Premier ministre israélien, Israël Eldad et Nathan Yalin Mor. La nouvelle direction réorienta l’idéologie de l’organisation dans un sens se voulant “anti-impérialiste” et en soutien de l’Union soviétique. La milice se transforma en un éphémère “Parti des combattants” qui eut un député à la Knesset. Après sa dissolution, une partie des membres rejoignit le parti Hérout, certains comme Nathan Yalin Mor, le Parti communiste. Yitzhak Shamir ira, lui, au Mossad, puis au Hérout, avant de devenir Premier ministre. Le tireur du commando ayant assassiné Bernadotte, Yehoshua Cohen, deviendra le garde du corps personnel de Ben Gourion après le retrait de celui-ci de la vie politique dans le kibboutz de Sde Boker. En 1980 Le gouvernement de Menahem Begin a institué le ruban des anciens du Lehi, qui peut être attribué officiellement à tous les anciens membres qui souhaitent le porter. On peut le trouver en vente sur ebay pour 200 $ ou 160 £…


 

 

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