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25/06/2021

GIDEON LEVY
Evyatar est le test du nouveau gouvernement israélien

Gideon Levy, Haaretz, 24/6/2021

Traduit par Fausto Giudice

Imaginez : Un Palestinien a été tué par balle par un soldat israélien. En réaction, les Palestiniens décident de se venger d'Israël. Ils construisent un avant-poste au cœur de la place Kikar Hamedina à Tel Aviv. Les forces de sécurité palestiniennes les aident et envoient des bulldozers militaires pour ouvrir la voie à la nouvelle colonie. Plus d'un million de shekels (258.000€) y sont investis, de l'argent provenant de dons anonymes, et en quelques semaines, Kikar Hamedina change de visage : un village palestinien y surgit.

                                                               L'avant-poste d'Evyatar

Les envahisseurs mentent et prétendent que Kikar Hamedina est une terre d'État. Israël prétend qu'il s'agit d'une terre privée. L'Autorité palestinienne affirme que le statut de la terre doit être « clarifié », qu'il s'agit peut-être d'un « terrain d'enquête » dont la propriété reste à déterminer. C'est ainsi que naît une nouvelle colonie nommée Tareq, en l'honneur de Tareq Sanober, qui a été tué par des soldats israéliens deux jours après la naissance de son premier fils.

Le village de Tareq restera sur la place pour toujours. Chaque jour, ils y construisent de nouvelles structures, 52 familles palestiniennes y vivent déjà, et il y a une mosquée et un centre communautaire. Les anciens résidents de Kikar Hamedina sont dévastés et choqués. Ils ouvrent les fenêtres de leurs appartements et sont stupéfaits de voir les envahisseurs qui se sont installés au milieu de la place, sur leurs terres privées, devant des yeux qui refusent de croire. Tous leurs efforts pour manifester ou se tourner vers les autorités et exiger de récupérer leurs terres sont restés vains. Le village de Tareq est un fait.

Je me souviens d'une interview de Daniella Weiss, leader des colons, deux ou trois jours après l'attaque de Tapuah Junction, au cours de laquelle Yehuda Guetta a été tué. Avec des yeux pétillants et des mots doux, comme d'habitude, Weiss a dit qu'elle construisait une nouvelle colonie. Lorsqu'il s'agit de vol de terres, les vieux voleurs ne meurent jamais, ni ne s'effacent : ils ne cesseront pas de voler.

À l'époque, Weiss a menti effrontément - après tout, pour la Terre d'Israël, tout est permis - et a déclaré qu'il s'agissait de terres domaniales, alors qu'elle n'a pas non plus le droit d'envahir des terres domaniales.

Les sceptiques sont invités à se rendre sur la page Facebook de l'ONG Kerem Navot. Dror Etkes, chercheur sur les colonies, y prouve, photos aériennes à l'appui, que les Palestiniens cultivaient cette terre avant que les Forces de défense israéliennes ne s'en emparent dans les années 1980.

Quelques jours plus tard, je me suis rendu en voiture à l'avant-poste d'Evyatar. Une vingtaine de bâtiments s'y dressaient déjà, et au centre se trouvait un énorme bulldozer militaire venu prêter main forte. Des soldats en uniforme ont été filmés en train de participer à la construction. Plusieurs officiers se tenaient là et discutaient avec les colons combinards d'un nouveau compromis. Un moment de plus et Evyatar sera là pour toujours.

La vérité est que l'existence d'Evyatar ne change pas grand-chose. Les colons ont gagné il y a longtemps, et entre-temps 52 familles vivent à Evyatar. Personne n'évacuera jamais 700 000 colons. Et apparemment pas 52 familles non plus. La situation est devenue irréversible. Mais les collines qui entourent Evyatar sont imprégnées du sang d'au moins cinq Palestiniens qui y ont été tués, et du sang de dizaines d'autres qui ont été blessés par les tirs des FDI, l'une des seules armées au monde, avec l'armée du Myanmar, qui tue des manifestants à balles réelles.

Rétrospectivement, la colonie d'Evyatar n'est pas importante en soi. Mais la petite justice et le droit de propriété des habitants des trois villages qui l'entourent doivent être rétablis. Par-dessus tout, Evyatar est le test du nouveau gouvernement. Si Evyatar reste, nous le saurons une fois pour toutes : un gouvernement de droite, comme nous le soupçonnions ; un gouvernement sans changement, comme nous le craignions.

Il n'y a pas de test plus clair. Tout compromis qui n'inclurait pas la restitution de toutes les terres à leurs propriétaires et la démolition totale de toutes les structures serait un nouvel acte d'injustice. Pour le bien des résidents qui voient comment des hooligans israéliens se sont comportés sur leur terre sous la protection de l'armée, et qui étaient impuissants à l'empêcher, tout Israélien décent doit espérer la destruction d'Evyatar et l'effacement de cette honte de la surface de la terre. De tels quartiers de crime organisé doivent être détruits, jusqu'aux fondations.

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