31/10/2021

ANTONIO MAZZEO
Vicence (Italie) devient le centre névralgique du renseignement de l'armée US pour le continent africain

Antonio Mazzeo, Africa Express, 27/10/2021
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

La province de Vicence (Vicenza) a été transformée en centre de renseignement pour la pénétration de l'armée usaméricaine sur le continent africain. En présence de la direction de l'U.S. Army Southern European Task Force, Africa, jeudi 21 octobre, dans la grande caserne Camp Ederle de Vicence, a eu lieu la cérémonie d'installation du 522nd Military Intelligence Battalion, le bataillon de renseignement de l'U.S. Army transféré de Wiesbaden (Allemagne).


 Le 522ème s’installe à Camp Ederle

 
Le logo du 522ème : “The Equalizers”, les Égaliseurs, qui signifie les flingues en argot US

 

"Ils ont dit que ce serait impossible de le faire. Nous avons reçu l'ordre de relocalisation il y a tout juste cinq mois. Nous avons surmonté des obstacles tels que des changements de commandement de brigade et de bataillon, un déménagement en plein été et une vague de Covid dans la communauté, mais nous l'avons fait !" a déclaré le lieutenant-colonel Christian Gregoire, commandant du bataillon de renseignement. Les 150 soldats du 522e  ont été hébergés dans la grande installation allemande de Clay Kaserne Allen Field ; dans la région de la Vénétie, ils opéreront au Camp Ederle et à la station usaméricaine de Longare, dans les collines de Berici, sous le commandement de la 207e  Brigade de renseignement militaire de l'armée usaméricaine, stationnée à Vicence, renforçant ainsi les capacités de collecte et de traitement du renseignement stratégique pour les opérations des forces opérationnelles usaméricaines dans le sud de l'Europe et sur le continent africain.

"Le 522nd Military Intelligence Battalion effectue les analyses multiples d'informations de toutes sources, leur production, leur utilisation et leur transmission à l'appui des demandes des forces de l'USARAF, de diverses agences intergouvernementales et multinationales et pour les opérations terrestres de l'US AFRICOM (le commandement des opérations en Afrique) et de la Joint Task Force", explique l'US Army. Le bataillon de renseignement a une longue histoire d'opérations de combat. Il a été créé le 1er  septembre 1950 à Fort Bragg (Caroline du Nord) et a connu son baptême du feu en Corée.

"Le 522e  a été un atout essentiel en matière de renseignement pendant les nombreuses campagnes de la guerre de Corée et plus tard pendant la guerre froide", ajoute l'armée usaméricaine. "Plus récemment, lors des opérations Bouclier du désert et Tempête du désert en Irak, le 522e a participé activement à la défense de l'Arabie saoudite et à la libération du Koweït." En mars 2016, le 522e  bataillon de renseignement militaire a été transféré à Wiesbaden pour soutenir le commandement US AFRICOM à Stuttgart. Avec le transfert d'aujourd'hui, le 522e se rapproche encore plus du continent noir sur le plan opérationnel, rejoignant la 207e brigade de renseignement militaire et le 307e bataillon de renseignement militaire de l'armée usaméricaine, tous deux stationnés à Camp Ederle et Longare.

La 207th Military Intelligence Brigade exerce des fonctions de commandement et de contrôle pour les deux bataillons et le 337th Military Intelligence Battalion, une unité de réserve stationnée à Fort Sheridan, Illinois. Activée en 1944 pendant la Seconde Guerre mondiale, la brigade a été transférée en 1985 dans des casernes à Ludwigsburg, en Allemagne, sous la juridiction du 7ème Corps de l'US Army. La brigade a été déclassée en 1992 après la fin de la première guerre du Golfe, un effort de guerre qui l'a vu opérer à partir de la base aérienne d'Al Qaisumah en Arabie Saoudite.

 
Camp Ederle

Le 16 mars 2016, simultanément à la création du 522e bataillon à Wiesbaden, la 207e brigade de renseignement militaire a été réactivée à Vicence par le commandement du renseignement et de la sécurité de l'armée usaméricaine à Fort Belvoir, en Virginie. "Il s'agit de la première brigade de renseignement militaire conçue exclusivement pour contrer les menaces sécuritaires accrues sur le théâtre africain", expliquait alors son commandant, le colonel Timothy Higgins. "Sa tâche consistera à collecter et à traiter des informations de renseignement afin de briser les menaces transnationales et transrégionales et de promouvoir la stabilité sur le continent. Aujourd'hui, il existe un grand nombre de groupes extrémistes violents en Afrique. En Afrique de l'Est, la priorité est de contenir Al-Shabaab, une milice basée en Somalie et liée à Al-Qaïda, tandis que la menace en Afrique centrale est le groupe islamiste militant Boko Haram".

La brigade s'est également vu confier des tâches d'entraînement et de formation pour les unités de renseignement africaines. "Le 207e M.I.B. soutiendra également les engagements entre militaires dans le but d'accroître la coopération avec les pays partenaires en Afrique", a ajouté le colonel Higgins. « Ayant atteint sa pleine capacité opérationnelle, la brigade s'attaquera à la myriade de défis qui existent dans la zone sous sa responsabilité et où se trouvent 54 nations, en déplaçant de petites équipes évolutives à travers le continent avec compétence et rapidité. Les menaces sanitaires constitueront un autre défi, comme l'a déjà fait l'US Army Africa Command avec Ebola et les opérations de secours au Liberia ».

La 207e brigade de renseignement militaire et ses bataillons constitutifs (les 307e et 522e à Vicence et le 337e dans l'Illinois) ont été affectés au commandement de l'armée usaméricaine pour l'Europe et l'Afrique (USAREUR-AF), qui a fusionné les deux commandements terrestres précédents pour l'Europe et l'Afrique à la fin de 2020. Avec l'unification, la U.S. Army Africa/Southern European Task Force à Vicence a été renommée U.S. Army Southern European Task Force, Africa (SETAF-AF) et a assumé le contrôle des opérations et des ressources militaires de l'U.S. Army en Italie et en Afrique (y compris, bien sûr, la 173rd Airborne Brigade à Vicenza), en étroite coordination avec U.S. AFRICOM.

"Cette consolidation permet de garantir la préparation mondiale et régionale à l'appui de la stratégie de défense nationale", a déclaré le secrétaire général de l'armée usaméricaine, le général Ryan D. McCarthy. « La nouvelle structure augmentera l'efficacité du commandement et du contrôle, la flexibilité et la capacité de mener des opérations multiples, interarmées et à grande échelle. Il jouera également un rôle essentiel dans le soutien des missions opérationnelles sur les deux théâtres interconnectés. Enfin, elle renforcera la capacité des sièges à remplir leurs fonctions et à améliorer leur réponse aux besoins existants ».

Lors de sa visite à Camp Ederle le 31 juillet 2020, le secrétaire de l'armée usaméricaine Ryan D. McCarthy a annoncé qu'il était prévu de consacrer plus de 370 millions de dollars à la modernisation des infrastructures de logement dans la province de Vicence, au profit du personnel militaire usaméricain et de leurs familles. Des investissements importants ont également été réalisés dans le complexe militaire de Longare, où les centres de renseignement de la 207e  brigade de renseignement militaire, du 307 e bataillon de renseignement militaire et, à ce jour, du 522e  bataillon sont opérationnels.

Connue sous le nom de Site Pluto pendant la guerre froide, l'installation de Longare abritait des têtes nucléaires de type W-79 d'une puissance comprise entre 5 et 10 kilotonnes et W-82 de 2 kilotonnes, destinées aux obusiers à courte portée M-109 et M-110 de l'armée usaméricaine et aux missiles Nike Hercules de la base aérienne italienne voisine de San Rocco. Une fois les armes nucléaires tactiques démantelées, la base a été transformée en centre d'entraînement pour les soldats de l'armée usaméricaine de Camp Ederle et pour les parachutistes de la 173e brigade aéroportée basée dans l'ancien aéroport Dal Molin de Vicence, et en station de commandement, de contrôle, de collecte et de traitement des données pour les services de renseignement (nom de code Vicenza Simulations Center), pour un coût de plus de 32 millions de dollars depuis 2013.

Le 4 octobre, lors d'une cérémonie à laquelle ont assisté les administrateurs municipaux de Longare, l'armée usaméricaine a inauguré la nouvelle route d'accès au complexe militaire. "Les travaux d'extension et de modernisation ont consisté à refaire le revêtement de la route, à créer un trottoir, un éclairage à économie d'énergie et un parking adjacent au nouveau portail d'accès", rapporte le journal en ligne Vicenza report. "Avant de couper le ruban, une visite de la base de Longare a été organisée au cours de laquelle le maire Matteo Zennaro [de « gauche », NdT] a pu voir les travaux en cours pour construire de nouveaux bureaux et des aires de stationnement pour les soldats de la 207e brigade de renseignement militaire. Zennaro a exprimé la gratitude de l'administration municipale pour le grand rapport d'estime et d'amitié avec la communauté usaméricaine et a exprimé son « appréciation pour les investissements réalisés par les forces armées américaines et les interventions futures qui auront un impact économique important sur la communauté locale ».

Concrètement, le ministère de la Défense a dépensé 565 000 dollars pour le nouveau réseau routier, auxquels il convient d'ajouter 18 millions de dollars pour les "autres travaux en cours et ceux déjà prévus sur la Berica Riviera". Le 27 septembre 2021, le service d'aménagement du territoire de la région de Vénétie a délivré aux autorités usaméricaines une autorisation paysagère pour la "réalisation d'ouvrages de consolidation profonde et le revêtement ultérieur d'une partie d'une route existante à l'intérieur de la base militaire américaine de Longare - Site Pluto".

La militarisation asphyxiante et la conversion de zones toujours plus grandes du territoire national à des fins militaires sont également le résultat de la collaboration aveugle des régions et des administrateurs locaux...

AMIRA HASS
Je finance des groupes terroristes

 Amira Hass, Haaretz, 26/10/2021
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

J'annonce et j'avoue ici que je finance le terrorisme. Une partie de l'argent des impôts que je verse au gouvernement israélien est transférée à ses activités terroristes et à celles de ses représentants, les colons, contre le peuple palestinien.

 
Carlos Latuff

Si l'on entend par "terrorisme" le fait d'imposer la terreur et la crainte, alors que font les commandants de l'armée et du service de sécurité Shin Bet lorsqu'ils envoient des soldats masqués faire des descentes dans les maisons des Palestiniens nuit après nuit ? Accompagnés de chiens et pointant leurs fusils, les soldats réveillent les familles de leur sommeil, renversent le contenu des placards, confisquent les biens et frappent les adultes devant les enfants.

Que font les inspecteurs de l'administration civile lorsqu'ils se promènent parmi les communautés de bergers, et vérifient si l'on n'a pas ajouté une tente ou un toboggan pour enfants qu'il faudrait démolir ? Que font les caméras de surveillance installées à chaque poste de contrôle à la sortie d'une ville palestinienne, si ce n'est intimider et tyranniser ?

Et les hommes et les femmes de la police des frontières à Jérusalem, qui arrêtent quiconque leur semble être un Arabe, et les soldats et les policiers qui donnent un coup de pied par-ci, une gifle par-là, à quiconque ose discuter avec eux, ou cueillir des olives - quel est leur travail, sinon d'instiller la peur ?

GIDEON LEVY
En Israël, la droite juive agit et la gauche juive bavasse

Gideon Levy, Haaretz, 31/10/2021
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

La frustration et la rage de la vraie gauche en Israël s'accumulent. Deux auteures de Haaretz ont exprimé cette indignation : « Vous n'avez pas seulement assassiné. Vous avez assassiné et hérité. Quelqu'un a-t-il le moindre doute que le sionisme religieux a hérité du pays ? Où que vous regardiez aujourd'hui, vous voyez le sionisme religieux.

Ils sont partout. Avec des kippas, sans kippas, à droite, à gauche, au gouvernement et dans l'opposition, dans toute la structure de commandement de l'armée, dans la police, au bureau du procureur de l'État, dans les médias. Aujourd'hui, tout le monde parle le langage du sionisme religieux », écrit Carolina Landsmann, dans un cri du cœur.

Trois jours plus tard, l'ancienne présidente du Meretz, Zehava Galon, a écrit, avec une colère encore plus féroce : "Écoute, espèce d'animal raciste, homophobe, xénophobe et misogyne, qui essaies de nous entraîner dans un régime de type taliban - nous n'avons pas peur de toi... Maintenant, dégage, avant que nous te traitions comme nous avons traité les premiers fascistes », en faisant référence à ce qui serait une réponse correcte du centre et de la gauche à la droite.

Des membres du mouvement du Front rose manifestent devant la résidence du Premier ministre, rue Balfour à Jérusalem, à l'été 2020. Photo : Ohad Zwigenberg

 Une femme colon juive s'entraînant à tuer des "terroristes arabes". Photo Rina Castelnuovo

La gauche sioniste moralisatrice n'aime pas cette rage. Elle leur casse les oreilles - et ils préfèrent la tranquillité polie. Mais il y a tellement de raisons d'être en colère.

29/10/2021

JOHN FEFFER
La signification réelle de Squid Game
Une allégorie de la mondialisation sanguinaire

John Feffer, Foreign Policy In Focus, 27/10/2021
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

 

John Feffer est un écrivain, éditeur et militant de gauche usaméricain, directeur de Foreign Policy In Focus à l’ Institute for Policy Studies, où il développe un nouveau projet pour une Transition globale juste. Son livre le plus recent est Right Across the World: The Global Networking of the Far-Right and the Left Response. Auteur de la trilogie dystopique Splinterlands, Frostlands et Songlands, il a aussi écrit The Pandemic Pivot. Il est membre des Democratic Socialists of America. @johnfeffer

La Corée du Sud a été un grand gagnant dans le jeu de la mondialisation. Mais cela a eu un prix.

Vous avez soit vu la série Netflix Squid Game, soit envisagé de regarder la série sud-coréenne avant de la laisser passer en raison de sa violence, soit lu quelque chose à son sujet et vous vous êtes demandé pourquoi on en faisait tout un plat. Vous savez donc que ce succès mondial met en scène des centaines de Coréens endettés qui s'affrontent pour remporter un énorme jackpot. Les compétitions sont des jeux d'enfants comme le tir à la corde et les billes. La peine encourue en cas de défaite est la mort.


Ce n'est pas une émission de télé-réalité. Mais ce drame fictif reflète fidèlement la réalité de la vie dans la société sud-coréenne d'aujourd'hui.

Les commentaires sur Squid Game ont mis l'accent sur la précarité économique dans laquelle vivent tant de Coréens. En Corée du Sud, la dette des ménages représente plus de 100 % du PIB du pays. Les logements sont chers et les emplois sûrs sont rares. Il y a quelques années, les jeunes ont commencé à parler de leur pays comme du royaume infernal Chosun, un endroit où ils ne pouvaient tout simplement pas avancer. La concurrence est impitoyable pour les places dans les meilleures universités et les postes de choix dans les principaux conglomérats connus sous le nom de chaebols. L'inégalité qui en résulte est devenue un thème majeur de la culture coréenne, qui a attiré l'attention du public mondial en 2019 avec le film populaire Parasite.

Tout cela est vrai. Mais voici une interprétation plus radicale.

Squid Game reflète une anxiété plus profonde quant à la place de la Corée du Sud dans le monde et à ce qu'il a fallu pour passer d'un pays pauvre du tiers-monde à l'une des principales économies mondiales. D'une manière étrange, l'émission traite de la mondialisation mais a habilement dissimulé son message critique pour atteindre un public mondial.

 

Profitant du succès de l’acteur indien Anupam Tripathi, qui incarne l’immigré pakistanais Abdul Ali dans Squid Game (le nombre de ses followers sur Instagram est passé de 3 000 à plus de 3 millions), le fabricant indien de toasts à beurrer Amul, fait sa pub, avec un jeu de mots (itsquide nice = it’s quite nice, c’est vraiment super)

STAN COX EN DIÁLOGO CON NOAM CHOMSKY
El camino hacia un futuro habitable
¿O dejamos que las empresas de los ricos destrocen el planeta?

Stan Cox/ Noam Chomsky, TomDispatch.com, 24/10/2021

Traducido del inglés por Sinfo Fernández, Tlaxcala 

Este mes marcará una coyuntura crítica en la lucha para evitar la catástrofe climática. En la cumbre mundial sobre el clima COP26, que comenzará la semana que viene en Glasgow (Escocia), los negociadores se enfrentarán a la urgente necesidad de sacar a la economía mundial del camino de la continuidad, que llevará a la Tierra hasta y por encima de los 3 grados centígrados de exceso de calentamiento antes de que acabe este siglo, según el Grupo Intergubernamental de Expertos sobre el Cambio Climático (IPCC, por sus siglas en inglés). Sin embargo, hasta ahora, las promesas de los países ricos de reducir las emisiones de gases de efecto invernadero han sido demasiado débiles para frenar el aumento de la temperatura. Mientras tanto, los planes climáticos de la administración Biden penden de un hilo. Si el Congreso no aprueba el proyecto de ley de reconciliación, la próxima oportunidad para que Estados Unidos adopte medidas climáticas efectivas puede que no surja hasta que sea demasiado tarde.

Durante las últimas décadas, Noam Chomsky ha sido una de las voces más contundentes y persuasivas que se han enfrentado a la injusticia, la desigualdad y la amenaza que supone el caos climático provocado por el hombre para la civilización y la Tierra. Estaba ansioso por conocer la opinión del profesor Chomsky sobre las raíces de nuestra grave situación actual y sobre las perspectivas de la humanidad para salir de esta crisis hacia un futuro habitable. Accedió amablemente a hablar conmigo a través de un videochat. El texto que sigue es una versión abreviada de la conversación que mantuvimos el 1 de octubre de 2021.

El profesor Chomsky, de 92 años, es autor de numerosas obras políticas de gran éxito de ventas, traducidas a decenas de idiomas. Sus críticas al poder y su defensa de la acción política de la persona común han inspirado a generaciones de activistas y organizadores. Es profesor emérito del Instituto Tecnológico de Massachusetts desde 1976. Sus libros más recientes son Consequences of Capitalism: Manufacturing Discontent and Resistance, con Marv Waterstone, y Climate Crisis and the Global Green New Deal: The Political Economy of Saving the Planet, con Robert Pollin y C.J. Polychroniou. (Stan Cox)

Daniel Murphy
, Irlanda 

Stan Cox (SC): La mayoría de los países que se reunirán en Glasgow para la 26ª Conferencia de las Naciones Unidas sobre el Cambio Climático, del 31 de octubre al 12 de noviembre de 2021, se han comprometido a reducir las emisiones. En su mayoría, esas promesas son totalmente deficientes. ¿Qué principios cree usted que deberían guiar los esfuerzos para evitar la catástrofe climática?

Noam Chomsky (NC): Los impulsores del Acuerdo de París pretendían tener un tratado vinculante, no acuerdos voluntarios, pero había un impedimento. Ese impedimento se llama Partido Republicano. Estaba claro que el Partido Republicano nunca aceptaría ningún compromiso vinculante. La organización republicana, que ha perdido cualquier pretensión de ser un partido político normal, se dedica casi exclusivamente al bienestar de los súper ricos y del sector empresarial, y no se preocupa en absoluto por la población ni por el futuro del mundo. La organización republicana nunca habría aceptado un tratado. En respuesta, los organizadores redujeron su objetivo a un acuerdo voluntario, que tiene todas las dificultades que has mencionado

Hemos perdido seis años, cuatro bajo la administración Trump que se dedicó abiertamente a maximizar el uso de los combustibles fósiles y a desmantelar el aparato regulatorio que, hasta cierto punto, había limitado sus efectos letales. Estas regulaciones, de algún modo, protegían a sectores de la población de la contaminación, principalmente a los pobres y a la gente de color. Porque son ellos los que, por supuesto, se enfrentan a la principal carga de la contaminación. Son los pobres del mundo que viven en lo que Trump llamó “países de mierda” los que más sufren; son los que menos han contribuido al desastre, pero son los que más sufren.

No tiene por qué ser así. Como ha escrito en su nuevo libro, The Path to a Liveable Future (El camino hacia un futuro habitable), sí hay un camino hacia un futuro habitable. Hay formas de tener políticas responsables, sanas y racialmente justas. Depende de todos nosotros exigirlas, algo que los jóvenes de todo el mundo ya están haciendo.

Otros países tienen sus propias cosas por las que responder, pero Estados Unidos tiene uno de los peores historiales del mundo. Estados Unidos bloqueó el Acuerdo de París antes de que Trump acabara llegando al poder. Pero fue bajo las instrucciones de Trump que Estados Unidos se retiró del acuerdo por completo.

Si miras por encima a los demócratas más cuerdos, que están lejos de ser inocentes, hay gente llamada moderada como el senador Joe Manchin (démocrata por Virginia Occidental), el principal receptor de fondos de los combustibles fósiles, cuya posición es la de las compañías de combustibles fósiles, que postula, como él dijo, ninguna eliminación, solo innovación. Esa es también la opinión de Exxon Mobil: “No se preocupen, nos ocuparemos de ustedes”, dicen. “Somos una corporación con alma. Estamos invirtiendo en algunas formas futuristas de eliminar de la atmósfera la contaminación que estamos vertiendo en ella. Todo está bien, solo tienen que confiar en nosotros”. No hay eliminación, solo innovación, que puede o no llegar y si lo hace, probablemente será demasiado tarde y demasiado limitada.

Tomemos el informe del IPCC que acaba de aparecer. Es mucho más funesto que los anteriores y dice que debemos eliminar los combustibles fósiles paso a paso, cada año, y librarnos de ellos por completo en unas pocas décadas. Pocos días después de la publicación del informe, Joe Biden lanzó un llamamiento al cártel petrolero de la OPEP para que aumentara la producción, lo que haría bajar los precios de la gasolina en Estados Unidos y mejoraría su posición ante la población. Hubo una euforia inmediata en las revistas petroleras. Se pueden obtener muchos beneficios, pero ¿a qué precio? Estuvo bien tener a la especie humana durante un par de cientos de miles de años, pero evidentemente eso es ya suficiente. Al fin y al cabo, la vida media de una especie en la Tierra es aparentemente de unos 100.000 años. Entonces, ¿por qué deberíamos batir el récord? ¿Por qué organizar un futuro justo para todos cuando podemos destrozar el planeta ayudando a las corporaciones ricas a enriquecerse?


La última cumbre, por Emanuele Del Rosso, Italia

SC: La catástrofe ecológica se está cerniendo sobre nosotros en gran medida porque, como usted dijo una vez, “todo el sistema socioeconómico se basa en la producción con fines de lucro y en un imperativo de crecimiento que no puede sostenerse”. Sin embargo, parece que solo la autoridad estatal puede aplicar los cambios necesarios de forma equitativa, justa y equitativa.  Dada la situación de emergencia a la que nos enfrentamos, ¿cree que el gobierno de Estados Unidos podría justificar la imposición de restricciones a nivel nacional, como reglas de asignación de recursos o racionamiento equitativo, políticas que necesariamente limitarían la libertad de las comunidades locales y de los individuos en su vida material?

NC: Vamos a ver, es preciso afrontar algunas realidades. Me gustaría ver un movimiento hacia una sociedad más libre y justa: producción por necesidad en lugar de producción por beneficio, trabajadores capaces de controlar sus propias vidas en lugar de subordinarse a los amos durante casi toda su vida consciente. El tiempo que se requiere para tener éxito en tales esfuerzos es simplemente demasiado grande para abordar esta crisis. Eso significa que tenemos que resolverla en el marco de las instituciones existentes, que pueden ser mejoradas.

El sistema económico de los últimos 40 años ha sido especialmente destructivo. Ha infligido grandes agresiones a la mayoría de la población, lo que ha provocado un enorme crecimiento de la desigualdad y ataques a la democracia y al medio ambiente.

Un futuro habitable es posible. No tenemos por qué vivir en un sistema en el que las normas fiscales se han cambiado para que los multimillonarios paguen tipos más bajos que los trabajadores. No tenemos que vivir en una forma de capitalismo de Estado en la que se ha robado al 90% de los ingresos más bajos aproximadamente 50 billones de dólares, en beneficio de una fracción del 1%. Esa es la estimación de la RAND Corporation, una grave subestimación si tenemos en cuenta otros dispositivos que se han utilizado. Hay formas de reformar el sistema actual dentro del mismo marco de las instituciones. Creo que estas deberían cambiar, pero tendría que ser a largo plazo.

La pregunta es: ¿Podemos evitar la catástrofe climática en el marco de instituciones capitalistas estatales menos salvajes? Creo que hay razones para creer que sí podemos, y hay propuestas muy cuidadosas y detalladas sobre cómo hacerlo, incluyendo algunas incluidas en tu nuevo libro, así como las propuestas de mi amigo y coautor, el economista Robert Pollin, que ha trabajado muchas de estas cosas con gran detalle. Jeffrey Sachs, otro buen economista, que ha utilizado modelos algo diferentes, ha llegado a las mismas conclusiones. Estas son más o menos las propuestas de la Asociación Internacional de la Energía, de ninguna manera una organización radical, que surgió de las corporaciones energéticas. Pero todos tienen esencialmente el mismo panorama.

Hay, de hecho, incluso una resolución del Congreso, promovida por Alexandria Ocasio-Cortez y Ed Markey, que esboza propuestas que son bastante cercanas a esto. Y creo que todo está dentro del rango de la viabilidad. Sus estimaciones de costes del 2% al 3% del PIB, con esfuerzos factibles, no solo abordarían la crisis, sino que crearían un futuro más habitable, sin contaminación, sin atascos, y con un trabajo más constructivo y productivo, mejores empleos. Todo esto es posible.

Pero hay serias barreras: las industrias de los combustibles fósiles, los bancos, las otras grandes instituciones, que están diseñadas para maximizar los beneficios y no se preocupan por nada más. Después de todo, ese fue el lema anunciado del período neoliberal: el pronunciamiento del gurú económico Milton Friedman de que las corporaciones no tienen ninguna responsabilidad con el público o con la mano de obra, que su responsabilidad total es maximizar el beneficio para unos pocos.

Por razones de relaciones públicas, las corporaciones de combustibles fósiles como ExxonMobil a menudo se presentan a sí mismas como llenas de sentimientos y benévolas, que trabajan día y noche en aras al bien común.  Es lo que se llama “ecoblanqueo”.

SC: Algunos de los métodos más discutidos para capturar y eliminar el dióxido de carbono de la atmósfera consumirían enormes cantidades de biomasa producida en cientos de millones o miles de millones de hectáreas, lo que supondría una amenaza para los ecosistemas y la producción de alimentos, sobre todo en los países de bajos ingresos y bajas emisiones.  Un grupo de especialistas en ética y otros estudiosos escribieron recientemente que un “principio básico” de la justicia climática es que “las necesidades urgentes y básicas de las personas y los países pobres deben estar garantizadas frente a los efectos del cambio climático y de las medidas adoptadas para limitarlo”. Eso parece descartar claramente estos planes de “emitir carbono ahora para capturarlo después”, y hay otros ejemplos de lo que podríamos llamar “imperialismo de mitigación del clima”. ¿Cree usted que el mundo puede enfrentarse cada vez más a este tipo de explotación a medida que aumentan las temperaturas? ¿Y qué opina de estas propuestas de bioenergía y captura de carbono?

NC: Es totalmente inmoral, pero es una práctica habitual. ¿A dónde van los residuos? No van al patio de tu casa, van a lugares como Somalia que no pueden protegerse. La Unión Europea, por ejemplo, ha estado vertiendo sus residuos atómicos y otros tipos de contaminación en las costas de Somalia, perjudicando a las zonas de pesca y a las industrias locales. Es horroroso.

El último informe del IPCC reclama el fin de los combustibles fósiles. La esperanza es que podamos evitar lo peor y alcanzar una economía sostenible en un par de décadas. Si no lo hacemos, alcanzaremos puntos de inflexión irreversibles y las personas más vulnerables -las menos responsables de la crisis- serán las primeras en sufrir las consecuencias y las más graves. Las personas que viven en las llanuras de Bangladesh, por ejemplo, donde los potentes ciclones causan daños extraordinarios. Las personas que viven en la India, donde la temperatura puede superar los 49 grados centígrados en verano.  Muchos pueden ser testigos de cómo algunas partes del mundo se vuelven inhabitables.

Recientemente, unos geocientíficos israelíes condenaron a su gobierno por no tener en cuenta el efecto de las políticas que están llevando a cabo, incluido el desarrollo de nuevos yacimientos de gas en el Mediterráneo. Desarrollaron un análisis que indicaba que, dentro de un par de décadas, durante el verano, el Mediterráneo alcanzaría el calor de un jacuzzi, y las llanuras bajas se inundarían. La gente seguiría viviendo en Jerusalén y Ramallah, pero las inundaciones afectarían a gran parte de la población. ¿Por qué no cambiar el rumbo para evitarlo?

SC: La economía neoclásica que subyace en estas injusticias pervive en los modelos económicos del clima conocidos como “modelos de evaluación integrada”, que se reducen a análisis de costes y beneficios basados en el llamado coste social del carbono. Con tales proyecciones, ¿los economistas pretenden jugarse el derecho de las generaciones futuras a una vida digna?

NC: No tenemos derecho a jugar con la vida de los habitantes del sur de Asia, de África o de las comunidades vulnerables de Estados Unidos. ¿Quieres hacer un tipo de análisis así en tu seminario académico? De acuerdo, adelante. Pero no te atrevas a trasladarlo a la política. No te atrevas a hacerlo.

Hay una diferencia notable entre los físicos y los economistas. Los físicos no dicen, oye, vamos a probar un experimento que podría destruir el mundo, porque sería interesante ver qué pasaría. Pero los economistas lo hacen. Sobre la base de las teorías neoclásicas, instituyeron una gran revolución en los asuntos mundiales a principios de la década de 1980 que despegó con Carter y se aceleró con Reagan y Thatcher. Dado el poder de Estados Unidos en comparación con el resto del mundo, el asalto neoliberal, un gran experimento de teoría económica, tuvo un resultado devastador. No hacía falta ser un genio para darse cuenta. Su lema ha sido: “El gobierno es el problema”.

Eso no significa que se eliminen las decisiones, sino que se trasladan. Las decisiones se siguen tomando. Si no las toma el gobierno, que está, de forma limitada, bajo la influencia popular, las tomarán las concentraciones de poder privado, que no tienen ninguna responsabilidad ante el público. Y siguiendo las instrucciones de Friedman, no tienen ninguna responsabilidad ante la sociedad que les dio el don de la incorporación. Solo tienen el imperativo del autoenriquecimiento.

Luego llega Margaret Thatcher y dice que no existe la sociedad, solo individuos atomizados que se manejan de alguna manera en el mercado. Por supuesto, hay una pequeña nota a pie de página que ella no se molestó en añadir: para los ricos y poderosos, hay mucha sociedad. Organizaciones como la Cámara de Comercio, la Business Roundtable, ALEC, todo tipo de organizaciones. Se reúnen, se defienden, etc. Hay mucha sociedad para ellos, pero no para el resto de nosotros. La mayoría tiene que enfrentarse a los estragos del mercado. Y, por supuesto, los ricos no. Las empresas cuentan con un Estado poderoso que las saque de apuros cada vez que hay algún problema.  Los ricos tienen que contar con el poderoso Estado -así como con sus poderes policiales- para asegurarse de que nadie se interponga en su camino.

SC: ¿Dónde ves esperanza?

NC: En los jóvenes. En septiembre hubo una huelga internacional por el clima; cientos de miles de jóvenes salieron a exigir el fin de la destrucción del medio ambiente. Hace poco, Greta Thunberg se plantó en la reunión de Davos de los grandes y poderosos y les dio una charla sobria sobre lo que están haciendo. “¿Cómo os atrevéis?”, dijo, “me habéis robado mis sueños y mi infancia con vuestras palabras vacías. Nos habéis traicionado”. Esas son las palabras que deberían grabarse en la conciencia de todos, especialmente de la gente de mi generación, que les ha traicionado y sigue traicionando a la juventud del mundo y a los países del mundo.

Ahora tenemos una lucha por delante. Se puede ganar, pero cuanto más se retrase, más difícil será. Si hubiéramos asumido esto hace diez años, el coste habría sido mucho menor. Si Estados Unidos no hubiera sido el único país en rechazar el Protocolo de Kioto, habría sido mucho más fácil. Cuanto más esperemos, más traicionaremos a nuestros hijos y a nuestros nietos. Esas son las opciones. A mí no me quedan muchos años, pero a muchos de ustedes sí. La posibilidad de un futuro justo y sostenible existe, y hay mucho que podemos hacer para llegar a él antes de que sea demasiado tarde.


Pedripol, España

28/10/2021

LAURA FIELD
« Conservatisme national » : des professeurs trumpistes complotent en vue d’un come-back autoritaire

Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala


Laura K. Field est écrivaine et théoricienne politique, chercheuse en résidence à l'American University et chargée de recherche au Niskanen Center, une boîte à idées washingtonienne qui se définit comme « modérée », prônant un capitalisme à visage humain et écologique. @lkatfield

Les plans des intellectuels conservateurs pour éroder la démocratie libérale ne font que commencer.

Le jour d'Halloween, la deuxième conférence du National Conservatism, ou NatConII, débutera à Orlando, en Floride. Il est difficile de savoir quoi penser du programme de cette manifestation de trois jours, qui compte quelques noms connus (les sénateurs Josh Hawley et Marco Rubio sont tous deux des orateurs principaux), mais aussi le conspirationniste Jack Posobiec, célèbre pour le Pizzagate. À quelques exceptions près, le soutien à Donald Trump est une constante. Mais les idées animatrices viennent moins de l'ex-président que d'un groupe disparate d'universitaires autrefois obscurs.


 Illustration par The New Republic

La couverture médiatique du phénomène Trump commence et se termine généralement par la base - le mineur de charbon dans le diner du Midwest, ou la foule du rallye MAGA [Make America Great Again]. On ne parle pas beaucoup des professeurs.

Depuis 2016, un ensemble d'intellectuels conservateurs peu connus et de sortes de think tanks ont émergé comme des voix puissantes dans le parti républicain de Trump. L'opposition zélée à l'immigration et à la culture dite woke a alimenté leur ambition politique. Ils ont prêté un vernis de respectabilité bien nécessaire à l'administration Trump. Et maintenant, malgré certaines différences théoriques réelles, le groupe se coalise autour d'un projet politique illibéral - ne se contentant pas d'épouser les préférences politiques conservatrices typiques, mais se dressant contre la démocratie libérale et constitutionnelle au sens traditionnel et non partisan. Certaines des voix intellectuelles les plus éminentes de la droite se regroupent ouvertement autour de l'idée que l'Amérique a besoin d'une transformation politique radicale, s'éloignant du gouvernement par et pour "Nous le Peuple" et allant vers quelque chose de plus descendant et monolithique. Par essence, la NatCon II est l'occasion pour les grands noms de ce mouvement de proposer une version habillée et sublimée du trumpisme.

À    première vue, Trump semble être un champion improbable pour un groupe d'intellectuels, et il est vrai que beaucoup le tiennent à distance. Mais certains en sont venus à apprécier l'irrévérence de Trump, ou ce que Charles R. Kesler, du Claremont Institute, a appelé son "courage", pour tenir tête à la gauche. Petit groupe de réflexion conservateur fondé en 1979, le Claremont Institute se positionne en défenseur de la fondation américaine et de la tradition du droit naturel et est devenu un champion intellectuel précoce de Trump. En septembre 2016, l'institut a publié l'essai "Flight 93 Election", qui soutenait, en fait, qu'il était temps pour les conservateurs de mettre leur argent là où se trouvait Monsieur Loyal depuis des décennies. Comme le dit l'auteur, "une présidence d'Hillary Clinton, c'est la roulette russe avec un semi-automatique. Avec Trump, on peut au moins faire tourner le barillet et tenter sa chance". Rush Limbaugh a consacré l'une de ses émissions à la promotion de l'article, et son auteur, Michael Anton, allait plus tard rejoindre le Conseil national de sécurité de Trump. Anton travaille aujourd'hui pour le Hillsdale College, dont le président actuel, Larry P. Arnn, a présidé le rapport de la Commission 1776 du président Trump, qui plaidait pour la promotion d'une "éducation patriotique", préfigurant les attaques républicaines actuelles contre la théorie critique de la race.