Nous sommes dans la salle n° 20, au 2ème étage du Musée central des Forces armées de Moscou. Sur la photo, on voit les restes de l’avion-espion U2 de la CIA, abattu le 1er mai 1960 au-dessus de Sverdlovsk (Iekaterinenburg) par un tir de missiles sol-air S-75 Dvina. Son pilote, Francis Gary Powers, loin d’avaler la capsule de cyanure qu’on lui avait fourni et de détruire l’avion, a préféré sauter en parachute. Les missiles ayant aussi abattu un Mig-19 qui avait pris l’U2 en chasse, on a d’abord pris Powers pour un pilote soviétique, puis le malentendu s’est dissipé. Il a été condamné à 10 ans de prison puis échangé en 1962 contre William Fischer, un espion du KGB qui était resté muet comme une tombe dans les interrogatoires.
Persuadées que Powers était mort, la Maison Blanche, la CIA, la NASA et toute la machine yankee s’étaient couvertes de ridicule dans cette affaire, prétendant que l’U2 était un avion de reconnaissance météo (ce que croyait aussi la famille du pilote, qui ignorait qu’il avait été recruté par la CIA) et que son pilote avait eu des « problèmes d’oxygène » au-dessus de la Turquie. La NASA alla même jusqu’à monter une mise en scène pour les médias sur la base d’Edwards en montrant un U2 “similaire” avec des marques et numéros de série fictifs de la NASA. Manque de pot, Powers était bien vivant et Moscou put démonter les mensonges yankees.
Nous sommes au XXIème siècle. Désormais, les Powers sont artificiels et il n’y a plus besoin de les doter de cyanure, ni d’une liasse de roubles, ni de bijoux féminins (ce qu’avait le capitaine Powers sur lui). Les restes du drone de combat et d’espionnage MQ9-Reaper (= la Faucheuse) intercepté (ou abattu ?) par l’aviation russe au-dessus de la mer Noire (au-dessus des eaux territoriales ukrainiennes ? russes ? internationales ? – on ne le sait pas) ont toute leur place dans la salle n° 20 du Tsentral'nyy muzey Vooruzhennykh Sil. Et Poutine, répétant le geste généreux de Kroutchchev, pourra toujours en envoyer un morceau à Uncle Joe.
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