16/07/2022

ANTONIO MAZZEO
L'ONU condamne Tel-Aviv pour violations des droits humains, mais Rome renforce sa coopération avec Israël

Antonio Mazzeo, Africa Express, 14/7/2022
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

L'Italie et Israël renforceront encore leur coopération militaro-industrielle. Mercredi 13 juillet, une importante délégation du ministère israélien de la Défense s'est rendue en visite officielle à Rome pour rencontrer le secrétaire général de la défense et directeur national des armements, le général Luciano Portolano.

La délégation était conduite par le major général Amir Eshel, directeur général du ministère de la Défense et ancien commandant en chef de l'armée de l'air israélienne de 2012 à 2017. Étaient également présents le directeur général adjoint et chef de la direction des achats et de la production des forces armées israéliennes, le colonel Avi Dadon, et l'attaché militaire de l'ambassade d'Israël en Italie, le colonel Dror Altman.

« Les rencontres se sont déroulées dans une atmosphère d'estime mutuelle et de coopération, et ont permis de consolider davantage les relations déjà excellentes entre l'Italie et Israël, avec une référence particulière au renforcement de la coopération industrielle, à travers le partage de nouveaux domaines de collaboration à développer avec la pleine implication des forces armées respectives », écrit le bureau de presse de la Défense. « Le dialogue stratégique constant entre les parties a également permis une discussion franche, sincère et fructueuse sur les défis imposés par les scénarios de crise internationale actuels et le contexte dans lequel les parties entendent coopérer ».

À l'issue de la rencontre, le général Amir Eshel a exprimé sa « grande satisfaction, au nom de l'ensemble de la Défense israélienne », pour l'alliance stratégique entre les deux pays et la « position ferme de l'Italie aux côtés de l'État d'Israël dans les contextes internationaux ».

Ni les crimes commis par les forces armées israéliennes contre la population palestinienne, ni les récentes opérations sanglantes de Tel- Aviv à Gaza, au Liban et en Syrie ne continuent à inquiéter l'Italie. Les affaires sont les affaires, et le partenariat entre la holding publique Leonardo SpA et les principales entreprises du complexe militaro- industriel israélien est de plus en plus solide et convaincu.

Il est dommage qu'au moment même de la visite officielle de l'influente délégation militaire israélienne, les Nations unies aient émis une autre lourde condamnation d'Israël en termes de violations des droits humains.

Le 11 juillet, le secrétaire général Antonio Guterres a présenté le rapport annuel sur les enfants et les conflits armés dans le monde, qui cite Israël parmi les pays responsables des « niveaux les plus élevés de violations graves » en 2021, aux côtés de l'Afghanistan, de la Syrie, de la République démocratique du Congo, de la Somalie et du Yémen.

« Les Nations unies ont vérifié 2 934 violations graves à l'encontre de 1 208 enfants palestiniens et de 9 mineurs israéliens en Cisjordanie, y compris Jérusalem-Est, à Gaza et en territoire israélien », indique le rapport.

En particulier, le Secrétaire général a noté la détention de 637 mineurs palestiniens pour « crimes présumés contre la sécurité » par les forces israéliennes. « Quatre-vingt-cinq de ces mineurs ont fait état de mauvais traitements et de violations des garanties d'une procédure régulière par les autorités israéliennes pendant leur détention et 75 % d'entre eux ont déclaré avoir subi des violences physiques ».


 L'ONU établit également un bilan des morts dramatique : 88 filles et garçons (86 Palestiniens et 2 Israéliens) ont été assassinés à Gaza (69), en Cisjordanie et à Jérusalem-Est (17) et en Israël (2) par les forces armées et la police israéliennes (78), par des groupes armés palestiniens (8) ou par des auteurs non identifiés ou à la suite de l'explosion de résidus de guerre (2).

« En Cisjordanie, des enfants ont été tués avec des armes à feu, principalement lors de manifestations (9), ou en relation avec des attaques ou tentatives d'attaques présumées contre des civils ou des forces israéliennes (7) », ajoute le rapport. « À Gaza, 59 enfants sont morts à la suite de frappes aériennes, un a été touché par les forces israéliennes lors de l'escalade des hostilités en mai, six par des roquettes tirées par des groupes armés palestiniens, un par les forces israéliennes lors d'une manifestation devant le mur d'enceinte entre Israël et Gaza. Les deux enfants israéliens tués en 2021 ont également été touchés par des roquettes tirées par des groupes armés palestiniens ».

Plus dramatique encore est le nombre d'enfants qui ont subi des mutilations et des blessures graves : 1 121 Palestiniens et 7 Israéliens (850 garçons et 278 filles). « Les responsables des blessures étaient dans l'ordre les forces armées israéliennes (982), les colons israéliens (28) et les groupes armés palestiniens dont les Brigades Al-Qods du Jihad islamique (46) », écrit le secrétaire général de l'ONU. Les mutilations ont été causées par les Israéliens lors de tirs d'artillerie et de frappes aériennes (539), par l'inhalation de gaz lacrymogène (153), par des balles en métal enrobées de caoutchouc (133) et par des balles (116). En Cisjordanie et à Jérusalem- Est, 196 enfants ont été gravement blessés par les forces israéliennes lors de manifestations contre les colonies de peuplement ».

Quarante-trois enfants de Gaza ont subi des mutilations à la suite d'opérations menées par des groupes armés palestiniens, 18 après des attaques à la roquette en mai 2021, 23 suite à l'explosion d'armes stockées et 2 parce qu'ils ont été touchés accidentellement lors d'activités d'entraînement.

L'ONU a également vérifié 246 attaques armées contre des écoles et des hôpitaux, dont plus de la moitié par les forces armées israéliennes. « Ces incidents ont été causés par des frappes aériennes (67), par des attaques contre le personnel médical (59), par l'explosion de munitions stockées à proximité d'écoles et d'hôpitaux (5), et par des tirs de roquettes (1) », ajoute le rapport. En outre, 156 autres types d’ingérence dans les secteurs de la santé (54) et de l'éducation (102) ont été commis par les forces armées israéliennes et les colons. Dans la plupart des cas, ces ingérences ont pris la forme de tirs contre des centres de santé, des ambulances et du personnel paramédical, ainsi que la fermeture illégale d'écoles ou le refus d'accès aux enseignants et aux élèves ».

Les Nations unies ont également constaté que les autorités israéliennes ont refusé ou retardé l'octroi de permis à 38 % des enfants qui ont demandé à traverser le point de passage d'Eretz pour accéder à un traitement médical spécialisé en dehors de Gaza (933 garçons et 648 filles au total).

« Je suis choqué par le nombre d'enfants tués et gravement blessés par les forces armées israéliennes pendant les hostilités, lors de frappes aériennes contre des zones densément peuplées, par l'utilisation de balles réelles dans les opérations des FDI, et par l'incapacité persistante à assumer la responsabilité de ces violations », déplore le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres.

« Je suis également préoccupé », poursuit le Secrétaire général, « par l'augmentation du nombre de mineurs détenus par Israël et par les informations faisant état de violences physiques qu'ils subissent en détention. Je réitère mon appel à Israël pour qu'il respecte les normes de la justice internationale pour mineurs, y compris le recours à la privation de liberté en dernier ressort et pour la durée la plus courte possible, qu'il cesse de recourir à la détention administrative des enfants et qu'il prévienne toutes les formes de violence et de mauvais traitements en détention ».

Un appel a également été lancé aux groupes armés palestiniens pour qu'ils cessent de recruter et d'utiliser des mineurs. « Je les exhorte également à cesser complètement les tirs de roquettes et de mortier depuis les zones densément peuplées de Gaza en direction des centres de population civile israéliens », a conclu le Secrétaire général des Nations Unies, ajoutant : « J'exhorte tous les groupes armés palestiniens à protéger les mineurs, notamment en évitant qu'ils soient exposés au danger de la violence ou en évitant de les instrumentaliser à des fins politiques ».

 

 

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