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Sergio Rodríguez Gelfenstein
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23/12/2021

GIDEON LEVY
Une fois Bibi parti, les néosionistes sortent de leurs tanières

 Gideon Levy, Haaretz, 23/12/2021
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Comme des champignons après une pluie d'orage, ils sortent de leur tanière, arrachent leurs masques, se débarrassent de leurs déguisements et quittent le placard. Après avoir craint pendant des années de le faire, de peur d'être catalogués comme des partisans de Satan, alias Benjamin Netanyahou, ils peuvent maintenant redevenir les Archie Bunker qu'ils sont, les Yair Lapid du quartier bobo de Ramat Aviv Gimel à Tel Aviv.

Des bourgeois bien nourris, éternellement satisfaits d'eux-mêmes, qui ne demandent qu'à être tranquilles, sereins, bien vivre et surtout continuer à se congratuler sur eux-mêmes et sur le pays que leurs pères ont créé, sans que personne ne vienne troubler leur festin d'autosatisfaction.

Civils palestiniens (présentés comme « prisonniers de guerre ») détenus dans un des camps de concentration et de travail créés par les sionistes en 1948, ici à Ramleh. Photo : Salman Abu Sitta, Palestine Land Society 

La résistance palestinienne leur hérisse le poil, tout comme Adam Raz et sa dénonciation des massacres de 1948, tout comme Moiz Ben Harosh et sa haine des Ashkénazes. Tout cela fissure leur image de soi, si belle et si éclairée à leurs propres yeux. C'est ce qui vole leur pays et le conduit à l'égout, comme ils le chantaient lors des séances patriotiques avec la chanteuse Sarah’le Sharon.

Ils ont entre 40 et 50 ans, sont pour la plupart ashkénazes, certains ont vécu dans des kibboutzim ou des moshavim, seigneurs de la terre. Dans leur jeunesse, dans les années 90, ils étaient de gauche. Ils étaient si heureux d'Oslo et si choqués par le meurtre d'Yitzhak Rabin, qui a également assassiné la paix qui était à portée de main, si seulement Yigal Amir n'avait pas existé.

Ils étaient les enfants des bougies et des partisans des accords de Genève, se rendaient chaque année aux rassemblements pour Rabin sur la place éponyme et chantaient : « Tu as promis la paix ». Toute une génération qui réclamait la paix. Puis Netanyahou est arrivé au pouvoir, et ils se sont déversés dans les rues pour le chasser. Des Che Guevara et des Nelson Mandela bien de chez nous.

Maintenant, ils peuvent enfin s'allonger dans leurs transats et révéler leur visage, être de droite et nationalistes sans être soupçonnés d'être des bibiistes, ce qui est la pire des choses. Maintenant on peut le dire - ils sont tous en fait des Yair Lapid, creux et centristes modérés comme lui, et les différences entre eux et Naftali Bennett ou Ayelet Shaked sont beaucoup plus petites qu'elles ne le paraissent, si jamais elles existent. Même la différence entre eux et Bezalel Smotrich est plus petite que celle entre eux et Ayman Odeh. C'est pourquoi le gouvernement actuel peut exister dans un tel confort. Il n'y a pas de véritables conflits idéologiques en son sein.

Voyez comment Merav Michaeli réagit à une attaque terroriste. Lorsque des Palestiniens tendent une embuscade à une voiture qui descend de l'une des colonies les plus violentes et criminelles de toutes et tuent l'une des personnes qui s'y trouvent, c'est « une attaque terroriste vicieuse et épouvantable ». Lorsque les envahisseurs de la même colonie d’Homesh ont torturé un garçon palestinien, l'ont pendu à un arbre et lui ont brûlé les pieds, nous n'avons pas entendu la ministre du parti travailliste dire que c'était vicieux et effroyable. Et lorsque des soldats ont abattu un manifestant palestinien d'une balle dans la tête une semaine auparavant, Michaeli est restée silencieuse, tout comme elle l'a été lorsque les ONG palestiniennes de défense des droits humains ont été interdites, et s'est contentée de protester contre « la manière dont cela a été fait ».  Où est la différence idéologique entre elle et Bennett ? Ou entre celui-ci et Meretz, désormais trop occupé pour parler de l'occupation ?

Et regardez ce qui se passe à Haaretz : Uri Misgav, le kibboutznik vétéran des combats et sa série d'articles de pénitence. Dès que Netanyahou est tombé, le masque et le bandana sont tombés. Soudain, la Nakba n'est plus guère qu'une simple affaire palestinienne, le Golan restera à jamais entre les mains d'Israël. « Développer le Golan, c'est mal aussi maintenant ? » gémit le cosaque frustré. Et Ben Harosh ne doit pas écrire de chansons contre les Ashkénazes, car ils lui ont donné des prix [Prix de littérature du Premier ministre en 2009, NdT]. Uri Zaki, un pilier du Meretz, dans son nouveau poste sioniste de président du Centre Herzl [émanation de l’Organisation Sioniste Mondiale, NdT], écrit que nous ne devons pas comparer l'occupation du Golan à celle de la Cisjordanie, car le Golan est vide. D'abord, Israël a chassé 100 000 personnes, et maintenant nous pouvons prétendre que le Golan est vide et que ce n'est donc pas une occupation. Il assassine ses parents et pleure qu'il est orphelin, puis se fait passer pour un homme de gauche. Moran Sharir regrette également de ne pas avoir soutenu « Le peuple est avec le Golan » : « Nous avons de la chance qu'il n'y ait pas eu de partenaire pour la paix à l'époque ».

Les néosionistes sont de retour. Semblables aux suprémacistes juifs et aux gens de droite. Mais ne touchez pas à leur esprit éclairé. Ils sont merveilleux, tout comme les gens de droite.

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