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13/06/2025

YOSSI MELMAN
“Quel mal il y a à ça ?” : Comment Israël a formé et armé une milice gazaouie liée à Daech

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou a approuvé cette opération secrète visant à soutenir une milice palestinienne pour garder l’aide humanitaire - tout en cachant la vérité au public


“Quel mal il y a à ça ?”

Yossi Melman, Haaretz, 11/6/2025
Traduit par Fausto GiudiceTlaxcala 

“Quel mal il y a à ça ?” Avec ces quatre mots soi-disant innocents, le Premier ministre Benjamin Netanyahou a causé des dommages supplémentaires à toute chance de mettre fin à la guerre à Gaza et de restituer les otages. C’est ainsi qu’il a réagi la semaine dernière à la révélation du député Avigdor Lieberman selon laquelle les services de sécurité israéliens géraient une milice armée à Gaza, dont le personnel était affilié à Daech. Le chef de cette milice est Yasser Abou Shabab, membre d’une grande famille bédouine de Rafah.

Netanyahou a accusé Lieberman de révéler un secret d’État, mais en confirmant l’information, le premier ministre s’est lui-même rendu complice. Cela pourrait entraver les efforts futurs des services de renseignement israéliens pour recruter des agents et des collaborateurs.



Photo tirée de Facebook montrant des miliciens d’Abou Shabab. Ils ont été formés par le Shin Bet.

Selon Tamir Hayman, ancien chef de la direction du renseignement militaire et actuel directeur exécutif de l’Institut d’études de sécurité nationale de Tel-Aviv, « toute la force de cette idée réside dans la dissimulation de toute action de ce type, de manière à la faire paraître authentique et populaire, motivée par la souffrance des habitants de Gaza des habitants de Gaza qui en ont assez du régime du Hamas ».

L’idée d’armer le clan Abou Shabab n’est pas nouvelle - elle a été évoquée peu après le massacre du 7 octobre. Cette décision a été prise par défaut, dans les deux sens du terme. En déclarant que Gaza « ne sera ni le Hamastan ni le Fatahstan », Netanyahou a condamné l’Autorité palestinienne et a rejoint le programme d’annexion et de transfert de population de Bezalel Smotrich, non seulement à Gaza, mais aussi en Cisjordanie.

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Le vide créé à Gaza par la perte de gouvernance du Hamas suite aux succès des Forces de défense israéliennes sur le champ de bataille a également été renforcé par le refus du gouvernement Netanyahou d’autoriser les forces des pays arabes modérés tels que l’Égypte, la Jordanie, les Émirats arabes unis et l’Arabie saoudite à pénétrer dans la bande de Gaza. C’est ainsi qu’Israël s’est retrouvé désespérément à la recherche d’une alternative pour nourrir 2,2 millions de bouches affamées.

Face à ces contraintes imposées par Netayahou et son gouvernement d’extrême droite, le ministre de la défense Yoav Gallant, qui a démissionné il y a quelques mois, a eu l’idée de mettre en place un régime des milices et des clans dans la bande de Gaza. Gallant avait déclaré qu’Israël devrait utiliser des éléments locaux, affiliés à Ramallah et coordonnés avec l’(in)Autorité palestinienne. En d’autres termes, Gallant essayait d’introduire l’(i)AP par des moyens détournés.

Troisième tentative

Gallant et l’establishment de la défense ont tenté d’exécuter ce mouvement pour la première fois en février 2024. Cependant, lorsque des camions transportant de l’aide humanitaire sont entrés dans l’enclave, ils ont été attaqués par le Hamas et la tentative de les protéger a échoué. Un autre échec s’est produit lorsqu’Israël a tenté de mettre en place une milice armée issue du même clan dans les camps de réfugiés du centre de Gaza. C’est la troisième fois qu’Israël tente le même coup, cette fois-ci après l’occupation de Rafah par ses troupes.

Il y a environ un an, des agents de terrain du district sud du service de sécurité Shin Bet ont reformulé l’idée en action opérationnelle. Le chef du Shin Bet, Ronen Bar, a soutenu le plan, qui a été approuvé par Netanyahou et le ministre de la défense, Israel Katz. Les ministres du gouvernement ont été tenus dans l’ignorance. À cette époque, le chef de district, A., a pris sa retraite du Shin Bet après avoir assumé la responsabilité de l’échec du 7 octobre. Il a été remplacé par S., qui a commencé à faire avancer le plan et, en octobre 2024, il a été décidé de le mettre en pratique.


Soldats des FDI de la brigade Golani opérant dans la zone de Rafah, à Gaza.

Le plan a été soutenu par les FDI, à l’époque sous le commandement du chef d’état-major Herzl Halevi, par le nouveau chef de la direction du renseignement militaire, le général de division Shlomi Binder, et par le coordinateur des activités gouvernementales dans les territoires, le général de division Ghassan Alian. Un autre grand partisan de l’initiative était le général de division Roman Gofman, secrétaire militaire de Netanyahou.

Les instructeurs du Shin Bet ont formé les membres du clan Abou Shabab et les ont équipés d’armes légères - fusils d’assaut Kalachnikov et armes de poing - saisies au Hamas depuis le début de la guerre de Gaza. Après que l’organisation non gouvernementale Hatzlaha a menacé de saisir la justice, les FDI ont fourni des données partielles sur le nombre d’armes à feu légères saisies depuis le début de la guerre : quelque 2 500 fusils et armes de poing. Israël verse également des salaires aux miliciens, grâce à l’argent confisqué depuis le début de la guerre - les FDI ont saisi plus de 100 millions de shekels (environ 24 millions d’€) en différentes devises.

La tâche principale de la milice est de sécuriser le transfert de l’aide humanitaire vers les centres d’approvisionnement alimentaire et d’empêcher le Hamas de la piller [sic; lisez : la distribuer]. La question de l’aide humanitaire est également entourée de mystère et se déroule de manière détournée, caractéristique du gouvernement de Netanyahou depuis le début de la guerre. Israël a décidé de mettre fin aux activités de l’agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens, l’UNRWA, parce que certains de ses employés palestiniens étaient des activistes du Hamas ou coopéraient avec l’organisation. Israël a également eu du mal à mobiliser les organisations d’aide internationale parce qu’elles refusaient de coopérer avec lui. En outre, certains ministres du gouvernement, principalement ceux contrôlés par l’extrême droite messianique, ont appelé à affamer les habitants de Gaza.


Roman Gofman, secrétaire militaire du Premier ministre Benjamin Netanyahu, lors d’un événement.

C’est ainsi qu’Israël s’est retrouvé pris au piège. En raison de la pression exercée par l’administration Trump, qui a promis qu’il ne laisserait pas les habitants de la bande de Gaza mourir de faim, Israël a dû proposer une solution de type “Israbluff”. Netanyahou et ses ministres se sont engagés à ce que le contribuable israélien ne finance pas l’acheminement de nourriture et de médicaments aux habitants de Gaza, mais très vite ils n’ont pas tenu leur promesse.

Afin de cacher la vérité au public et de minimiser l’embarras des ministres d’extrême droite, il a été décidé de dissimuler le fait que le ministère des finances avait déjà alloué quelque 700 millions de shekels [=168 M€] à cette entreprise. Au lieu de cela, le gouvernement présente faussement l’argent comme provenant d’une d’une organisation non gouvernementale basée en Suisse. Cette organisation a engagé une société de sécurité usaméricaine qui emploie des vétérans de l’armée et d’agences de sécurité US.

Mais une fois de plus, c’est Lieberman qui a démasqué le mensonge. Il a déclaré que le Mossad, spécialisé dans la création de sociétés écrans anonymes, était à l’origine de l’organisation suisse et de son enregistrement à l’étranger (le Mossad s’est refusé à tout commentaire). Il a également été affirmé que des magnats juifs usaméricains affiliés à la droite israélienne ont contribué aux activités de l’organisation et lui ont peut-être aussi fourni un financement provisoire.

Cet exercice détourné du ministère des finances, qui manque de transparence et frise la criminalité, découle de la volonté de contourner la loi sur les procédures d’appel d’offres. Selon cette loi, le ministère aurait dû annoncer un appel d’offres international, afin que plusieurs entreprises puissent concourir pour le contrat.

Mercenaires

Abou Shabab, le chef de la milice, qui est âgé d’une trentaine d’années, était à la tête d’une bande criminelle composée de trafiquants d’armes et de drogue et de voleurs de nourriture et d’équipement. Bien qu’il soit douteux qu’Abou Shabab, âgé d’une trentaine d’années, ait une idéologie politique ou religieuse, son nom et celui de plusieurs de ses hommes ont déjà été associés à Daech.

Certains membres de la milice étaient auparavant des partisans du Fatah qui s’opposaient au Hamas et étaient emprisonnés dans les prisons de la bande de Gaza. Dans le chaos créé par la guerre, des centaines d’entre eux ont réussi à s’échapper. Avant et pendant la guerre, le Hamas a exécuté certains membres du clan Abou Shabab pour avoir coopéré avec Israël. Abou Shabab a également fait des allers-retours dans les prisons du Hamas. Il est donc plus probable que la milice ait également des liens avec les agences de sécurité de l’Autorité palestinienne, qui continuent à coopérer étroitement avec Tsahal et le Shin Bet.


Des membres du Hamas se préparent à exécuter des Palestiniens qu’ils soupçonnent de collaborer avec Israël, en 2014. Photo Reuters

Il s’agit d’une milice mercenaire similaire à celles mises en place par les régimes coloniaux. La France y a eu recours en Algérie et en Syrie, les Britanniques dans leurs colonies d’Afrique et d’Asie, et les USA par l’intermédiaire de la CIA au Vietnam, en Afghanistan et en Irak. Israël a agi de la même manière dans les années 1970 lorsqu’il a mis en place les ligues villageoises palestiniennes en Cisjordanie, les Phalangistes et l’Armée du Sud-Liban au Liban, ainsi que des vigies villageoises sur les hauteurs du Golan syrien, à proximité de la frontière israélienne. Dans la plupart des cas de ce phénomène en Israël et dans le monde, la création de milices composées de collaborateurs et de mercenaires a échoué.

3J’ai du mal à comprendre la logique qui sous-tend cette expérience vouée à l’échec », dit Michael Milshtein, chercheur au centre Moshe Dayan d’études moyen-orientales et africaines de l’université de Tel-Aviv, ancien colonel et chef du département des affaires palestiniennes au sein de la division de recherche des services de renseignement de l’armée. « Nous ne devons pas oublier la nature de ce gang et éviter d’imaginer un Robin des Bois gazaoui - ce qui a déjà été dit dans certains cercles - et nous devons nous souvenir des précédents historiques amers où nous avons fait des affaires avec des éléments douteux qui se sont rapidement retournés contre nous, comme les phalangistes au Liban ».


Michael Milshtein, chercheur au Centre Moshe Dayan d’études moyen-orientales et africaines de l’Université de Tel-Aviv. Photo : Tomer Appelbaum

« En général, il vaut mieux s’abstenir de tenter d’influencer la pensée de nos ennemis et de jouer les faiseurs de roi. Le Hamas est en effet blessé comme jamais auparavant, mais il vaut mieux éviter les éloges funèbres prématurés (comme ce fut le cas à de nombreuses reprises au cours de cette guerre, lorsque les signes de l’effondrement du groupe semblaient évidents). Même si nous supposons que le Hamas finira par s’effondrer, il vaut mieux penser à ce qui se passerait si Gaza se remplissait de groupes semblables à celui d’Abou Shabab - une réalité qui nous rappelle la Somalie ».

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Bien que Hayman ait également des doutes quant au succès de cette initiative, il est prêt à lui donner une chance. « Je ne suis pas un puriste. L’Autorité palestinienne est faible et dépourvue de tout cadre politique sérieux, et toutes les initiatives et possibilités visant à stabiliser Gaza doivent être poursuivies », dit-il. « Toutefois, ajoute-t-il, je suis conscient que toute tentative israélienne de façonner le Moyen-Orient, à l’instar des efforts israéliens au Liban dans les années 1970 et 1980 et en Syrie pendant la guerre civile il y a dix ans, est vouée à l’échec. Seules les superpuissances peuvent le faire. Nous sommes trop petits pour le faire ». L’ancien chef de la direction du renseignement militaire estime que la création de la milice « est une mission tactique qui permet une activité opérationnelle, et rien de plus ».

Le bureau du Premier ministre n’a pas répondu à la demande de Haaretz. Les porte-parole de Tsahal et du Shin Bet se sont refusés à tout commentaire.


MOSTAFA GHAHREMANI
Nuclear Deterrence Is Also Our Inalienable Right

Mostafa Ghahremani, 13/6/2025

The author is an Iranian-born German surgeon.

The peaceful use of nuclear energy is not the only inalienable right we claim. In a region marked by persistent military tensions and security instability—where the Israeli regime, with its nuclear arsenal, stands as the main source of aggression and unrest—developing deterrent capabilities is a matter of national sovereignty and strategic survival.

As long as this regime—accused of war crimes and backed by powerful extra-regional actors—continues to undermine the foundations of peace, stability, and sustainable development in the region, the pursuit of credible deterrence mechanisms becomes a security imperative and geopolitical necessity.

In the absence of a comprehensive regional disarmament agreement, any unilateral renunciation of this effective deterrent option would be a grave strategic error.

Without adequate and optimized defensive and deterrent capabilities, Iran risks being reduced to a defenceless target, fragmented and exploited by regional and global rivals.

The "American Goat" and the "Persian Garden"!

The United States and Trump must give up the fantasy that their inspectors could interfere with or make decisions about our peaceful nuclear program on Iranian soil.

We will most certainly not yield even a single inch of our sovereign rights.

Just as Ayatollah Khomeini once stood up against the disgraceful Capitulation Law — which granted special privileges to American soldiers in our country — so too today, the "Iranian forest" is certainly not empty of lions!

We will never allow the American "goat" to become the gardener of the Persian garden.

MOSTAFA GHAHREMANI
La dissuasion nucléaire aussi est notre droit inaliénable !

Mostafa Ghahremani, 13/6 /2025

L'auteur est un chirurgien allemand d'origine iranienne

L’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire ne fait pas seulement partie de nos droits inaliénables. Dans une région marquée par des tensions militaires et des incertitudes en matière de sécurité – et où le régime israélien, avec son arsenal nucléaire, est considéré comme le principal acteur de l’agression et de l’instabilité –, la capacité de dissuasion est un élément central de la souveraineté nationale et de l’affirmation stratégique.

Tant que ce régime, accusé de crimes de guerre et soutenu par de puissants acteurs suprarégionaux, continuera de saper les fondements de la paix, de la stabilité et du développement durable dans la région, la mise en place de mécanismes de dissuasion crédibles restera une nécessité sécuritaire et géopolitique.

Renoncer unilatéralement à cet instrument, en l’absence d’un accord régional global sur le contrôle des armements, serait une grave erreur stratégique.

Sans capacités de défense et de dissuasion suffisantes, l’Iran risque à long terme d’être écrasé et divisé comme une victime sans défense entre les intérêts de rivaux régionaux et mondiaux.

La “chèvre yankee” et le “jardin persan” !

 Les USA et Trump devraient oublier le rêve que leurs inspecteurs puissent décider ou interférer avec notre programme nucléaire pacifique sur le sol iranien. Nous ne renoncerons certainement pas d'un millimètre à nos droits souverains. Si l'ayatollah Khomeini s'est autrefois rebellé contre la honteuse Loi de capitulation – qui accordait des droits spéciaux aux soldats usaméricains dans notre pays –, alors, aujourd'hui encore, la « forêt iranienne » n'est certainement pas exempte de lions ! Nous ne laisserons jamais la « chèvre » yankee devenir le jardinier du jardin persan.

MOSTAFA GHAHREMANI
Auch die nukleare Abschreckung ist unser unveräußerliches Recht!

Mostafa Ghahremani, 13.6.2025

Der Autor ist ein deutscher Chirurg iranischer Herkunft.

Nicht nur die friedliche Nutzung der Kernenergie gehört zu unseren unveräußerlichen Rechten. In einer Region, die durch militärische Spannungen und sicherheitspolitische Unsicherheiten geprägt ist – und in der das israelische Regime mit seinem Atomwaffenarsenal als Hauptakteur von Aggression und Instabilität gilt –, ist die Fähigkeit zur Abschreckung ein zentrales Element nationaler Souveränität und strategischer Selbstbehauptung.

Solange dieses Regime, das wegen Kriegsverbrechen angeklagt ist und von mächtigen überregionalen Akteuren unterstützt wird, die Grundlagen für Frieden, Stabilität und nachhaltige Entwicklung in der Region untergräbt, bleibt die Entwicklung glaubwürdiger Abschreckungsmechanismen eine sicherheits- und geopolitische Notwendigkeit.

Einseitiger Verzicht auf dieses Instrument – in Abwesenheit eines umfassenden regionalen Rüstungskontrollabkommens – wäre ein schwerer strategischer Fehler.

Ohne ausreichende Verteidigungs- und Abschreckungskapazitäten droht Iran langfristig, wie ein wehrloses Opfer zwischen den Interessen regionaler und globaler Rivalen zerrieben und aufgeteilt zu werden.

Die "amerikanische Ziege" und der "persische Garten"!

Die USA und Trump sollen sich diesen Traum abschminken, dass ihre Inspektoren auf iranischem Boden über unser friedliches Atomprogramm entscheiden oder darin eingreifen könnten.

Wir werden ganz gewiss keinen Millimeter von unserem souveränen Recht abrücken.

Wenn einst Ayatollah Khomeini gegen das schändliche Kapitulationsgesetz – das amerikanischen Soldaten in unserem Land Sonderrechte einräumte – aufstand,so ist auch heute der „iranische Wald“ gewiss noch nicht frei von Löwen!

Wir werden niemals zulassen, dass die amerikanische "Ziege" zum Gärtner des persischen Gartens wird.

!بازدارندگی هسته‌ای نیز حق مسلم ماست

 مصطفی قهرمانی

نه‌فقط استفاده صلح‌آمیز از انرژی هسته‌ای حق مسلم ماست، بلکه در جغرافیایی به‌شدت امنیتی و نظامی‌شده ــ جایی که بزرگ‌ترین عامل تجاوز و ناآرامی در منطقه، یعنی رژیم اسرائیل با زرادخانه هسته‌ای خود، عملاً صلح، آرامش و امکان توسعه پایدار را از ملت‌ها و دولت‌های منطقه سلب کرده است ــ بهره‌گیری از این ابزار در راستای بازدارندگی و ایجاد مقاومت و تاب‌آوری در برابر تجاوزها و ددمنشی‌های رژیمی متهم به جنایت جنگی و حامیان فرامنطقه‌ای آن، یک حسابگری سیاسی ـ نظامیِ لازم و اجتناب‌ناپذیر است

مادامی‌که یک برنامه جامع و فراگیر محدودسازی تسلیحاتی در منطقه شکل نگیرد، چشم‌پوشی یکجانبه از این امکان بازدارندگیِ مؤثر، خطای استراتژیک نابخشودنی خواهد بود

ایران، در فقدان قابلیت‌های دفاعی و بازدارندگی لازم و بهینه، در نهایت همانند گوشت قربانی، بین رقبای منطقه‌ای و فرامنطقه‌ای تقسیم و تجزیه خواهد شد

!"بُز امریکایی" ‌و "باغ ایرانی"

امریکا و ترامپ باید این آرزو را با خود به گور ببرند که بازرسان‌شان در خاک ایران در باره صنعت صلح‌آمیز هسته‌ای ما تصمیم‌گیری یا دخالت کنند
ما بی‌هیچ تردیدی از حق حاکمیتی خود کوتاه نخواهیم آمد.
اگر روزی آیت‌الله خمینی در برابر قانون ننگین  کاپیتولاسیون -که امتیاز ویژه‌ای برای نظامیان امریکایی در میهن ما قائل بود- قیام کرد، امروز نیز "بیشه ایرانی" هنوز از شیر خالی نشده است.
ما هرگزاجازه نخواهیم داد که "بُز" امریکایی باغبان باغ ایرانی
شود

MURTAZA HUSSAIN
Israël attaque l’Iran et promet une opération militaire de grande envergure

Alors que les négociations sur le nucléaire piétinent, les autorités usaméricaines nient que Washington ait été impliqué dans les frappes

Murtaza Hussain, Drop Site News, 13/6/2025
Traduit par Fausto GiudiceTlaxcala 


Un immeuble endommagé dans la capitale iranienne, Téhéran, à la suite d’une attaque, le 13 juin 2025. Le ministre israélien de la Défense, Israel Katz, a annoncé qu’Israël avait mené des frappes sur l’Iran. (Photo par Ahmet Dursun/Anadolu via Getty Images)

Israël a attaqué l’Iran tôt vendredi matin, ciblant la capitale Téhéran et d’autres parties du pays avec de multiples frappes aériennes dans le cadre d’une escalade dramatique de sa guerre régionale. Des explosions ont été signalées dans des villes abritant des sites majeurs liés au programme nucléaire iranien. Les premiers rapports indiquent qu’Israël pourrait avoir visé les domiciles de responsables politiques et militaires iraniens, ainsi que des personnalités liées à son programme nucléaire. La télévision d’État iranienne a indiqué qu’un certain nombre de hauts responsables avaient été tués, dont le commandant en chef du corps des gardiens de la révolution islamique, Hossein Salami.

Selon le New York Times, les attaques ont visé au moins six bases militaires autour de Téhéran, dont le complexe militaire iranien de Parchin. La télévision d’État iranienne a montré que deux immeubles résidentiels s’étaient effondrés, faisant de nombreux morts et blessés, dont au moins un enfant.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou a qualifié l’attaque, baptisée “Opération Lion dressé”*, de “frappe préventive”, avant de déclarer l’état d’urgence général en Israël en prévision d’une probable riposte iranienne. Dans un discours prononcé jeudi soir, Netanyahou a détaillé une opération militaire de grande envergure visant les infrastructures nucléaires et de missiles iraniennes, affirmant qu’elle était nécessaire pour empêcher l’Iran de fabriquer des armes nucléaires et promettant que les frappes se poursuivraient « pendant autant de jours qu’il le faudra ». Netanyahou a affirmé que les attaques avaient permis de frapper la principale installation d’enrichissement d’uranium de l’Iran à Natanz, les scientifiques nucléaires iraniens impliqués dans le développement d’armes, ainsi que le programme de missiles balistiques de l’Iran.

*Baptisée en anglais “Rising Lion”, l'opération a été appelée en hébreu “Im Klavi”, “Avec Caleb”, tiré des paroles de Balaam ben Beor : “Voici, le peuple de Caleb se lèvera et se couchera comme un lion ; il ne se couchera pas avant d'avoir dévoré sa proie et bu le sang de l'innocent” (Nombres, chapitre 23, verset 24). Caleb était le seul des 12 éclaireurs-espions envoyés par Moïse à Canaan lors de la sortie d'Égypte estimant que cette terre était colonisable. [NdT]

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« Suite à l’attaque préventive de l’État d’Israël contre l’Iran, une attaque de missiles et de drones contre l’État d’Israël et sa population civile est attendue dans l’immédiat », a également déclaré Katz dans un communiqué. Des responsables israéliens ont indiqué que le pays pourrait subir « une attaque importante en provenance de l’est » dans les prochaines heures, probablement sous la forme d’un tir de barrage de missiles iraniens en représailles. Israël a fermé son espace aérien et l’aéroport international Ben Gourion de Tel Aviv a interrompu les vols à l’arrivée et au départ. L’agence de presse iranienne Tasnim a rapporté que les autorités avaient suspendu les vols à l’aéroport international Imam-Khomeini, qui n’a pas été touché par les attentats.

Les attentats surviennent après que les USA ont annoncé le retrait du personnel de leurs ambassades et consulats au Moyen-Orient et que le président Donald Trump a laissé entendre qu’une attaque israélienne contre l’Iran pourrait avoir lieu dans un avenir proche. Malgré ces préparatifs, le secrétaire d’État Marco Rubio a déclaré jeudi que « les USA n’étaient pas impliqués dans les frappes ». Pourtant, selon le Times of Israel, l’armée israélienne affirme qu’elle coordonne ses actions avec les USA. Dans sa déclaration, Rubio a indiqué qu’ »Israël nous a fait savoir qu’il pensait que cette action était nécessaire à son autodéfense », ajoutant un avertissement à l’Iran pour qu’il « ne prenne pas pour cible les intérêts ou le personnel USA ».

Un immeuble endommagé sur le boulevard Farahzadi dans la capitale iranienne, Téhéran, à la suite d’Une attaque, le 13 juin 2025. (Photo : Fatemeh Bahrami/Anadolu via Getty Images)

L’attaque israélienne intervient après que les pourparlers entre les USA et l’Iran se sont enlisés en raison des nouvelles exigences des USA concernant le démantèlement total du programme nucléaire iranien. Bien que les responsables usaméricains aient nié avoir participé aux frappes actuelles, l’opération risque maintenant d’entraîner les USA dans une guerre plus vaste, Israël se préparant à de probables représailles iraniennes tout en étendant sa propre campagne d’attaques à l’ensemble de l’Iran.

Bien que l’objectif déclaré de l’opération israélienne soit de faire reculer les efforts nucléaires iraniens, il y a des raisons d’être sceptique quant à cet objectif. Bien avant la vague actuelle de frappes, les services de renseignement usaméricains et d’autres analystes avaient souligné la capacité limitée des frappes israéliennes à détruire ou à faire reculer de manière significative le programme nucléaire iranien. Contrairement aux installations nucléaires qu’Israël a frappées par le passé en Irak et en Syrie, le programme iranien est plus avancé, fortifié et réparti sur un territoire beaucoup plus vaste. Les principales installations nucléaires iraniennes, comme Natanz et Fordow, sont également construites sous des couches de béton et de granit fortifiés - dans certains cas, elles sont littéralement encastrées dans des montagnes - ce qui les rend impossibles à détruire par toute capacité militaire israélienne conventionnelle connue.

L’incapacité probable d’Israël à détruire complètement le programme, malgré sa capacité à frapper diverses cibles en Iran, a conduit certains experts militaires à conclure que le véritable objectif de toute attaque est simplement de donner le coup d’envoi d’une guerre régionale de plus grande ampleur, dont l’issue n’est pas déterminée. Une telle guerre pourrait entraîner les USA en tant que participants, notamment pour défendre Israël contre les représailles iraniennes, même à un moment où des segments de l’administration Trump et de sa base politique intérieure expriment une frustration intense à l’égard de la poursuite des conflits au Moyen-Orient.

« Les gouvernements israélien et américain, ainsi que nos services militaires et de renseignement respectifs, sont pleinement conscients que les frappes aériennes israéliennes sur l’Iran ne vont pas réussir à détruire le programme nucléaire iranien. Il s’agit d’installations souterraines dispersées dans un vaste pays et d’un capital humain qui sait comment reconstruire les choses. Tout au plus, de telles attaques retarderaient les progrès pendant plusieurs mois, voire moins d’un an », a déclaré Harrison Mann, ancien major de l’armée usaméricaine et ex-directeur exécutif de la Defense Intelligence Agency (DIA) pour le centre régional Moyen-Orient/Afrique. « La seule chose que l’on peut réellement obtenir en essayant de bombarder les sites nucléaires iraniens est de provoquer des représailles de la part de l’Iran, ce qui contribuerait à faire dégénérer la situation en une guerre plus importante et à attirer les USA. C’est ce à quoi tend tout effort supposé POUR bombarder le programme nucléaire iranien ».

Mann, qui a démissionné de son poste à la DIA l’année dernière pour protester contre la politique usaméricaine à Gaza, a ajouté qu’une campagne aérienne visant le programme nucléaire iranien nécessiterait probablement l’envoi de troupes au sol pour vérifier si le programme a effectivement été détruit. Elle pousserait également l’Iran à se retirer de son engagement actuel envers le traité de non-prolifération nucléaire (TNP) et à mettre au point une bombe, une mesure dont les responsables iraniens ont déclaré ces derniers jours qu’elle était envisagée au cas où ils seraient attaqués.

« L’Iran n’a jamais fabriqué d’arme nucléaire. C’est un choix que les dirigeants successifs de ce pays ont fait », a déclaré Mann. « Mais le moyen de s’assurer qu’ils essaient de se doter d’une arme nucléaire est de leur faire sentir qu’ils n’ont pas d’autre choix ».


Les marchands yankees de T-shirts ont réagi au quart de tour

Une guerre éternelle

La guerre actuelle a commencé après que les négociations nucléaires entre les USA et l’Iran ont commencé à s’enliser sur la question de l’autorisation pour l’Iran de maintenir l’enrichissement nucléaire à des fins énergétiques civiles. En avril, l’émissaire usaméricain pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, a indiqué publiquement qu’un tel arrangement pourrait être acceptable pour les USA, à condition que l’exigence de Trump que l’Iran ne développe pas d’arme nucléaire soit respectée. Après que les Iraniens ont exprimé leur accord avec ces conditions dans des déclarations publiques, la position usaméricaine a commencé à changer rapidement. Ces derniers jours, Witkoff et d’autres membres de la faction néoconservatrice de l’establishment de la politique étrangère de Washington ont commencé à exiger à la place un démantèlement à la libyenne de l’ensemble du programme nucléaire iranien - une question que Téhéran avait déjà indiquée comme une ligne rouge qui détruirait la possibilité d’un accord diplomatique.

« Les USA récoltent ce qu’ils ont semé en 2018. Nous avions un accord - pas un accord parfait, mais un bon accord que les Iraniens mettaient pleinement en œuvre », a déclaré Sina Azodi, spécialiste des relations internationales et de la politique du Moyen-Orient à l’université George Washington. « Mais Donald Trump est arrivé, s’est retiré de l’accord et a calculé à tort que l’Iran reviendrait et supplierait pour un meilleur accord. Tout ce qu’il pensait s’est avéré faux ».

En fonction de la manière dont le cycle d’attaques et de représailles se déroule, un conflit avec l’Iran pourrait dominer le programme politique de la seconde administration Trump. Les responsables israéliens de la sécurité étaient divisés sur la question de savoir s’il fallait procéder à une attaque sans le soutien des USA, mais ils s’attendent depuis longtemps à ce qu’une confrontation militaire prolongée avec l’Iran nécessite une aide importante des USA, que ce soit sous la forme d’opérations militaires directes, de soutien en matière de renseignement, de logistique ou d’aide à la défense et à la dissuasion contre les contre-attaques de l’Iran et de ses alliés.

Les frappes actuelles, dont le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou a déclaré qu’elles se poursuivraient « aussi longtemps que nécessaire », pourraient bien déclencher le processus d’une guerre plus vaste. Un rapport publié cette année par le Washington Institute for Near East Policy (WINEP), un organisme néoconservateur, a reconnu que les frappes aériennes ne seraient que la première phase d’un conflit beaucoup plus vaste, affirmant que « des actions secrètes et des frappes militaires visant à perturber et à retarder les efforts de reconstruction pourraient s’avérer nécessaires dans les mois et les années suivant une première attaque ».

Trois  des hauts responsables iraniens qui ont été tués : le général Hossein Salami (à gauche), commandant du Corps des gardiens de la révolution islamique, Mohammad Mehdi Tehranchi (au centre), physicien nucléaire et recteur d'université, et Fereydoon Abbasi (à droite), ancien chef du programme nucléaire.

Trois autres victimes : de g. à dr. le 
général de brigade Amir Ali Hajizadeh, commandant de la Force aérospatiale de l'armée des Gardiens de la révolution islamique, le Lieutenant-général Mohammad Bagheri,  chef d'État-major des Forces armées iraniennes et sa fille Fereshteh Bagheri, journaliste

Effets de représailles

L’année dernière, l’Iran a lancé deux barrages de missiles contre Israël à la suite d’autres attaques israéliennes. Mais les analystes de la sécurité affirment que ces attaques ont été soigneusement calibrées et télégraphiées à l’avance afin de gérer le niveau d’escalade et d’éviter qu’une véritable guerre n’éclate.

À la suite des graves attaques israéliennes contre son programme nucléaire, l’Iran est désormais confronté à un choix : capituler, riposter ou se retirer du TNP et se précipiter vers l’arme nucléaire. Compte tenu de la nature des capacités militaires de l’Iran, qui reposent d’une part sur le parrainage de milices non étatiques qui mènent une guerre sous-conventionnelle et d’autre part sur une flotte massive de missiles balistiques et hypersoniques, la capacité de l’Iran à riposter d’une manière mesurée qui crée un effet dissuasif sans entraîner une escalade vers une guerre majeure est limitée.

« Les capacités de frappe de l’Iran sont fortement optimisées pour deux scénarios : des opérations discrètes en deçà du seuil des grandes campagnes militaires, ou une confrontation totale. En avril dernier, son attaque était très performante, alors qu’en octobre, il a décidé de montrer certaines de ses capacités haut de gamme », a déclaré Shahryar Pasandideh, un analyste de la sécurité spécialisé dans les questions de défense. « Mais cette fois, si Israël attaque l’Iran, les Iraniens pourraient riposter en s’attaquant à des cibles qualitativement différentes ».

L’Iran peut également choisir de ne pas riposter de manière soutenue aux attaques d’Israël s’il décide qu’une meilleure riposte serait de se retirer du TNP, d’expulser les inspecteurs nucléaires et de se doter d’une arme nucléaire. Cela signifierait que la réaction cinétique immédiate de l’Iran pourrait être limitée, tandis que le pays se préparerait plutôt à développer une bombe en dehors de toute surveillance internationale.

« Si les sites nucléaires iraniens font l’objet d’attaques de grande envergure et non symboliques, et que les Iraniens décident de se doter d’une arme nucléaire en réponse, il n’est pas très logique de procéder à des attaques de missiles en représailles », a ajouté Pasandideh. « On en revient aux capacités de frappe. Si vous voulez utiliser une arme nucléaire en réponse à une attaque, il serait préférable de limiter vos représailles à une campagne de frappes de missiles d’un ou deux jours, puis de garder le reste de vos forces pendant plusieurs mois ou un an, jusqu’à ce que vous ayez reconstruit ce que vous avez perdu et que vous soyez en mesure d’utiliser une arme nucléaire ».

En fonction de sa durée, la guerre pourrait finir par provoquer des scissions au sein de la coalition de Trump, divisée entre les partisans de l’Amérique d’abord, opposés à de nouvelles guerres au Moyen-Orient, et les néoconservateurs, pour qui l’attaque de l’Iran est un objectif de longue date. Si la guerre se poursuit pendant une longue période, la capacité des USA à éviter un conflit plus important diminuera, et la pression exercée par Israël sur les USA pour qu’ils interviennent et l’aident à poursuivre sa campagne ne fera qu’augmenter.

« Il n’y a pas d’option israélienne viable sans une étroite coordination avec les USA. Toute campagne israélienne de longue durée a besoin des USA dans un rôle central», dit Trita Parsi, vice-présidente exécutive du Quincy Institute for Responsible Statecraft (Institut Quincy pour une gestion responsable des affaires publiques). « Les Israéliens ne sont pas en train de vendre seulement la guerre aux USA, ils leur vendent une guerre sans fin ».

 

Ismael Hammad, Jordanie

12/06/2025

GIDEON LEVY
Sanctionner Ben-Gvir et Smotrich n’est qu’un tout petit pas ridicule pour mettre fin au massacre de Gaza

Gideon LevyHaaretz, 11/6/2025
Traduit par Fausto GiudiceTlaxcala 

Hélas ! Malheur à nous, car nous avons péché : cinq pays ont imposé des sanctions au ministre des finances Bezalel Smotrich et au ministre de la sécurité nationale Itamar Ben-Gvir. La guerre à Gaza va maintenant cesser immédiatement, et peut-être aussi l’occupation, certainement l’apartheid.


 Emad Hajjaj

Smotrich, qui a consacré sa vie à l’étude des œuvres d’Ibsen et aime parcourir les rues d’Oslo, inspiré par les drames, ne pourra plus visiter la Norvège.

Ben-Gvir, l’ornithologue passionné, ne pourra plus traquer le kiwi, cet oiseau fascinant dont l’unique habitat est la Nouvelle-Zélande. Ces deux pays, ainsi que la Grande-Bretagne, le Canada et l’Australie, ont décidé d’infliger à ces deux messieurs une punition qu’eux-mêmes, le gouvernement et l’opinion publique israélienne ne pourront probablement pas supporter. Vilains, vilains, Bezalel et Itamar, tsk, tsk, tsk ! Les deux mauvais garçons d’Israël resteront au coin.

Il est difficile de savoir si les gouvernements de ces pays sont naïfs ou lâches. Se contentent-ils de belles paroles ou croient-ils vraiment que cette punition aura un effet quelconque sur les actions d’Israël ? D’un certain point de vue, cette mesure est certainement la bienvenue. Enfin, les pays prennent des mesures concrètes et pas seulement des paroles en l’air, ce qui pourrait, espérons-le, en appeler d’autres.

Peut-être que ce pas minuscule et ridicule n’est destiné qu’à réveiller un monde qui s’est endormi paisiblement au milieu du massacre de Gaza, et que dans son sillage viendra le déluge. Pourtant, d’un autre point de vue, on ne peut s’empêcher de se moquer. Nous méritons beaucoup plus.

La décision de ces pays se fonde sur un certain nombre de déclarations dégoûtantes de nos deux ministres. Ils se gardent bien de les punir pour leurs actes. Ce n’est pas bien, Bezalel, que tu aies dit Huwara doit être rayé de la carte. “Mort aux Arabes”, Itamar ?

Ben-Gvir, par António Santos, Portugal

Outre ces distinctions entre les mauvais garçons et le bon gouvernement, tous ceux qui menacent d’imposer des sanctions prennent également soin de faire la distinction entre le gouvernement et le peuple. Tout cela est la faute du Premier ministre Benjamin Netanyahou et de son gouvernement, et pas la vôtre, chers Israéliens. Nous voulons maintenir avec vous des relations de “forte amitié” et de “valeurs partagées”. Ce n’est pas tous les jours que l’on a la seule démocratie du Moyen-Orient avec l’armée la plus morale du monde.

Les cinq pays qui ont fait les premiers pas ont rejoint les USA de l’administration précédente, qui ont imposé des sanctions personnelles à deux colons violents et demi. Telle est la contribution usaméricaine qui a précédé la guerre contre l’apartheid. Mais l’apartheid a regardé droit dans le blanc des yeux de ces sanctions, et s’est encore renforcé, de même que la violence des colons.

Il en va de même pour la détermination de Smotrich et Ben-Gvir à être les pires pécheurs. Quatre pays du Commonwealth britannique et la Norvège se sont rendu la vie facile. Ce qu’Israël fait dans la bande de Gaza n’est pas dû à Ben-Gvir et Smotrich. Ils ne sont même pas les principaux coupables. Les blâmer, et eux seuls, relève de l’autosatisfaction et de l’hypocrisie.

La bande de Gaza et Israël attendent désespérément des sanctions internationales qui mettront fin au massacre de Gaza. Nous ne pouvons plus attendre, les marmonnements comme ceux des cinq pays ne suffiront pas. Le massacre ne s’arrêtera pas sans sanctions, et le massacre ne peut pas continuer.

Les sanctions doivent viser l’ensemble du gouvernement, de Netanyahou, qui est poursuivi par la Cour pénale internationale. Les sanctions devraient également viser les officiers militaires et les bureaucrates qui se livrent au massacre à Gaza.

Une majorité d’Israéliens, comme l’indiquent les sondages d’opinion, soutient le massacre et et attendent même le transfert de population qui en découlera. C’est pourquoi la pression et la punition doivent être dirigées contre Israël dans son intégralité.

Et nous ne pouvons pas continuer sans un intermède comique : le big boss de la “résistance israélienne”, Benny Gantz, chef du parti de l’Unité nationale, voit dans la décision de sanctions contre Smotrich et Ben-Gvir “un profond échec moral de la part du monde”. Diplomates et décideurs, vous comprenez ? En Israël, nous sommes tous devenus Ben-Gvir et Smotrich. Nous tous.





ALON IDAN
Détruire Gaza “avec amour” : les nouveaux yoginazis d’Israël

Alon IdanHaaretz, 18/5/2025

Qui a dit que spiritualité et nettoyage ethnique n’allaient pas de pair ? Israël regorge de types spirituels qui considèrent l’anéantissement de l’autre comme une forme d’épanouissement personnel.


Rivka Lafair : même les bébés. Capture d’écran de sa page Facebook

Rivka Lafair est une « animatrice d’ateliers, de rencontres et de sessions de groupe sur des thèmes liés au yoga, professeur de yoga féminin et de développement personnel ». Elle vit dans la colonie de Shiloh dans le sud de la Cisjordanie et se définit comme une “juive fière” qui “sort des sentiers battus”. C’est charmant. Elle souhaite également anéantir et expulser deux millions d’êtres humains dans la bande de Gaza.

Mme Lafair appartient à un courant du judaïsme israélien que l’on peut qualifier de “yoginazis” : des personnes dont le spiritualisme sous-tend le nazisme. Il s’agit d’une sous-strate relativement nouvelle - bien qu’elle ait des racines profondes dans la  culture locale - qui a gagné en popularité depuis le 7 octobre, en grande partie grâce à sa capacité à réunir des concepts qui, à première vue, semblent opposés : spiritualité et anéantissement, autonomisation et expulsion, yoga et famine, retraites et bombardements en tapis.

Lafair est une personne qui croit que « la musique a le pouvoir de modifier notre conscience », mais aussi que l’expulsion et l’anéantissement de deux millions de Gazaouis commencent par « la modification de sa conscience ». Pour réussir ce changement cognitif important, nous devons comprendre que « nous avons un ennemi ici - que nous regardons dans les yeux et que nous éliminons ». Oui, regardez-les dans les yeux - ne le faites pas dans leur dos, car nous devons être en contact direct et sans intermédiaire avec ceux que nous anéantissons.

Et pour qu’il soit clair que par “ennemi”, elle n’entend pas seulement les terroristes du Hamas, elle précise : « Nous sommes déterminés à nous venger et à détruire Gaza. Du nourrisson à la vieille femme ». Elle termine par un verset biblique approprié : « Tu effaceras le souvenir d’ Amalek de dessous les cieux, tu n’oublieras pas ».

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Lafair comprend que les gens aient tendance à être perplexes face à cette dissonance entre spiritualité et anéantissement. Dans l’une de ses vidéos, elle adresse donc « un message à tous ceux qui ne comprennent pas comment il est possible d’être spirituel, d’enseigner le yoga et d’organiser des retraites, tout en appelant à l’expulsion et à l’annihilaSHon [sic] de votre ennemi ».

En effet, sa réponse est simple : « J’aime mon peuple d’un amour indéfectible et je déteste mon ennemi d’une haine indéfectible... L’un ne contredit pas l’autre. On peut être une personne pleine de valeurs et d’amour, et en même temps... on sait aussi ce qui est bien et ce qui est mal, on s’oppose fermement à son ennemi et on sait ce qu’il faut faire de lui ».

Alors, que faut-il faire d’eux ? (SHSHSH... ne le dites à personne.)

***

Et si l’on peut faire abstraction du spiritualisme nazi de Lafair parce qu’il s’agit d’une colonisatrice qui a trouvé une solution efficace pour réaliser l’idée du Grand Israël, il est intéressant de noter qu’il s’agit d’un phénomène beaucoup plus large qui ne se limite pas aux territoires occupés.

Un jour avant la journée de commémoration de l’Holocauste, par exemple, l’humoriste et satiriste Gil Kopatz, qui flirte avec la spiritualité et la religion depuis des années, a posté ce qui suit : « Si vous nourrissez les requins, ils finissent par vous manger. Si vous nourrissez les Gazaouis, ils finiront par vous manger. Je suis favorable à l’extinction des requins et à l’extermination des Gazaouis. Réflexions pour la Journée de commémoration de l’Holocauste 2025 ».

Après la “tempête” suscitée par ce message, Kopatz a publié une mise au point : « Je n’ai pas une once de compassion pour les Gazaouis. Pour les Arabes dans leur ensemble, oui, pour les êtres humains dans leur ensemble, oui, pour les requins, non, et pas pour les bêtes humaines ». Bien entendu, son désir d’éradiquer des millions de personnes n’implique pas qu’il soit une mauvaise personne. En effet, « je me considère comme une personne humaine, libérale et morale », écrit-il. Et pour couronner le tout, il termine son billet par un trait d’humour noir : « Ce n’est pas un génocide, c’est un pesticide, et c’est essentiel ». Une véritable émeute, ça, hein ?


Gil Kopatz : « Ce n’est pas un génocide, c’est un pesticide »

En fait, la majeure partie du vocabulaire spirituel en Israël a été mobilisée au service du yoginazisme. Prenons l’exemple de M., une femme originaire d’une grande ville aisée située à quelques kilomètres au nord de Tel Aviv. Elle dirige un studio décrit comme « un espace agréable, rempli d’inspiration », qui prône trois valeurs : « Créativité. Émotion. Expérience ».

Dans cet espace agréable, elle anime « des groupes de créativité pour les enfants - à partir de quatre ans - et des séances d’accompagnement émotionnel personnel pour les enfants et les jeunes - avec une approche douce, communicative et nourricière ». Tout cela se passe, bien sûr, dans une « atmosphère familiale, chaleureuse et professionnelle » (les personnes intéressées sont « invitées avec amour »).

Pourtant, lorsqu’on fait voir à cette même M. une vidéo montrant un enfant affamé dans la bande de Gaza, elle affirme immédiatement : « Pas crédible. Je suis désolée. J’ai vu comment les clips sont mis en scène - positionnement, maquillage, élaboration d’un scénario ». La même femme qui s’occupe d’enfants « avec une approche douce, connectée et nourricière » explique : « Vous savez quoi ? Même si c’est vrai, après le 7 octobre, je n’ai pas une once de compassion pour qui que ce soit là-bas. Pas même pour les enfants ». Elle ajoute : « ça m’attriste de voir des gens parmi nous partager cette merde, et pire, s’identifier à elle et exprimer leur douleur ».

Pour bien montrer qu’elle n’est pas une personne insensible, elle résume : « La soussignée est une mère, une amoureuse de l’humanité et une personne formidable à tous points de vue ». C’est juste que « le 7 octobre m’a enlevé mon innocence ». Pauvre femme, elle a vraiment du mal.

***

A., elle non plus, n’est pas une colone. Elle vit dans une ville bien établie d’Israël et cherche simplement à trouver un nouveau foyer pour « une chienne extraordinaire !!!! Elle est parfaitement propre, c’est une chienne pleine d’amour qui a besoin d’un foyer chaleureux et aimant ».

Tant d’attention, tant d’amour, tant de compassion. Et pourtant, lorsqu’elle tombe sur la photo d’un enfant de Gaza tué lors d’un bombardement israélien, elle comprend immédiatement que quelqu’un essaie de l’embrouiller et publie un message : « Soyons clairs. S’il n’y avait pas eu de massacre ici, il n’y aurait pas eu de massacre là-bas ! Ce n’est pas l’affaire de la poule et de l’œuf ! !! »

Ensuite, lorsque la poule et l’œuf ne parviennent pas à comprendre ce qu’elle a voulu dire, elle a recours à certaines des « meilleures » calomnies démenties diffusées à la suite de l’horrible massacre – « après que les bébés ont été brûlés, qu’on leur a coupé la tête, qu’on les a mis dans un four » - et elle conclut de manière retentissante : « Il n’y avait aucune raison d’envoyer un conteneur de vêtements pour leurs enfants ».

Bien sûr, elle aussi était autrefois une personne compatissante et sensible – « Ne vous méprenez pas, je pensais exactement comme vous jusqu’au 6 octobre, mais si quelqu’un vient pour vous tuer... c’est une affaire classée. Ils ont commencé et nous finirons !!!" (vous ne voulez pas dire “finiSH” ?).

***

Ils sont nombreux dans l’Israël d’aujourd’hui. Des personnes spirituelles qui considèrent l’anéantissement de l’autre comme une forme de croissance personnelle et l’éradication de l’ennemi comme un renforcement des capacités. Ils vivent dans une grande retraite, où la conscience est si bien réglée que tous les bruits disparaissent, toutes les perturbations sont étouffées, de sorte qu’il ne leur reste qu’eux-mêmes, eux et leur être intérieur - pur, compatissant, non souillé - et qu’ils sont enfin capables de se connecter à ce qui a toujours résidé en eux, attendant d’être révélé : le désir d’annihiler et de détruire des millions de personnes, y compris des enfants, des femmes et des personnes âgées. Avec beaucoup d’amour.