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16/09/2025

Errico Malatesta : Mussolini au pouvoir

Errico Malatesta (1853-1932) : écrivain, propagandiste et révolutionnaire anarchiste italien. Étudiant en médecine à Naples, déjà républicain, il adhéra à l’anarchisme après la Commune de Paris (1871). Il participa à des révoltes dans le monde entier, de l’Égypte à l’Argentine, alternant entre prisons et exils. Ce texte fut publié dans le journal qu’il dirigeait, Umanità Nova, le 25 novembre 1922. 103 ans plus tard, il reste malheureusement d’une actualité brûlante et d’une portée universelle. -Tlaxcala

Originale italiano English

Pour couronner une longue série de crimes, le fascisme a finalement pris le contrôle du gouvernement.

Et Mussolini, le Duce, tant pour se distinguer, a commencé par traiter les députés au parlement comme un maître insolent traiterait des serviteurs stupides et paresseux.

Le parlement, celui qui devait être « le paladin de la liberté », a donné sa mesure.


Caricature du journal satirique L’Asino [L’Âne]
« Me ne frego » : « Je m’en fous » [sous-entendu de la mort], devise des Arditi, les soldats des troupes d’assaut pendant le Première Guerre mondiale, devenue un slogan des fascistes.
« Latin sangue gentile » : « Noble sang latin » : expression tirée du Canzoniere (1340-1374) de Pétrarque, reprise par Giosué Carducci dans un poème de 1859

Cela nous laisse parfaitement indifférents. Entre un fanfaron qui insulte et menace parce qu’il se sent à l’abri, et une bande de lâches qui semble se délecter de leur abjection, nous n’avons pas à choisir. Nous constatons seulement — et non sans honte — quelle espèce de gens est celle qui nous domine et au joug de laquelle nous ne parvenons pas à nous soustraire.

Mais quel est le sens, quel est l’enjeu, quel le résultat probable de ce nouveau mode d’arrivée au pouvoir au nom et au service du roi, violant la constitution que le roi avait juré de respecter et de défendre ?

À part les poses qui voudraient paraître napoléoniennes et ne sont en fait que des poses d’opérette, quand elles ne sont pas des actes de chef brigand, nous croyons qu’au fond rien ne changera, sauf pour un temps une plus grande répression policière contre les subversifs et contre les travailleurs. Une nouvelle édition de Crispi et Pelloux. C’est toujours la vieille histoire du brigand qui devient gendarme !

La bourgeoisie, menacée par la marée prolétarienne qui montait, incapable de résoudre les problèmes rendus urgents par la guerre, impuissante à se défendre par les méthodes traditionnelles de la répression légale, se voyait perdue et aurait salué avec joie quelque militaire qui se serait déclaré dictateur et aurait étouffé dans le sang toute tentative de soulèvement. Mais à ces moments-là, dans l’immédiat après-guerre, la chose était trop dangereuse, et cela pouvait précipiter la révolution plutôt que l’écraser. En tout cas, le général sauveur n’est pas apparu, ou il n’est apparu que sous la forme d’une parodie. À la place surgirent des aventuriers qui, ne trouvant pas dans les partis subversifs un champ suffisant pour leurs ambitions et leurs appétits, pensèrent spéculer sur la peur de la bourgeoisie en lui offrant, contre une rémunération adéquate, le secours de forces irrégulières qui, sûres de leur impunité, pouvaient se livrer à tous les excès contre les travailleurs sans compromettre directement la responsabilité des prétendus bénéficiaires des violences commises. Et la bourgeoisie a accepté, a sollicité, a payé leur concours : le gouvernement officiel, ou du moins une partie des agents du gouvernement, pensa à leur fournir les armes, à les aider quand, dans une attaque, ils étaient sur le point d’être battus, à leur assurer l’impunité et à désarmer préventivement ceux qui devaient être attaqués.

Les travailleurs ne surent opposer la violence à la violence parce qu’ils avaient été éduqués à croire en la légalité, et parce que, même lorsque toute illusion était devenue impossible et que les incendies et les assassinats se multipliaient sous le regard bienveillant des autorités, les hommes en qui ils avaient confiance leur prêchèrent la patience, le calme, la beauté et la sagesse de se laisser battre « héroïquement » sans résister — et par conséquent ils furent vaincus et offensés dans leurs biens, dans leurs personnes, dans leur dignité, dans leurs affects les plus sacrées.

Peut-être, lorsque toutes les institutions ouvrières eurent été détruites, les organisations dispersées, les hommes les plus haïs et considérés comme les plus dangereux tués ou emprisonnés ou de toute façon réduits à l’impuissance, la bourgeoisie et le gouvernement auraient voulu freiner les nouveaux prétoriens qui désormais aspiraient à devenir les maîtres de ceux qu’ils avaient servis. Mais il était trop tard. Les fascistes sont maintenant les plus forts et entendent se faire payer à usure les services rendus. Et la bourgeoisie paiera, cherchant naturellement à se refaire sur le dos du prolétariat.

En conclusion : misère accrue, oppression accrue.

Quant à nous, nous n’avons qu’à continuer notre combat, toujours pleins de foi, pleins d’enthousiasme.

Nous savons que notre chemin est semé d’embûches, mais nous l’avons choisie consciemment et volontairement, et nous n’avons aucune raison de l’abandonner. Qu’il soit donc bien connu Que tous ceux qui ont un sens de la dignité et de la pitié humaine et veulent se consacrer à la lutte pour le bien de tous sachent bien qu’ils doivent se préparer à toutes les désillusions, à toutes les douleurs, à tous les sacrifices.

Puisqu’il ne manque jamais de personnes qui se laissent éblouir par les apparences de la force et ont toujours une sorte d’admiration secrète pour qui triomphe, il y a aussi des subversifs qui disent que « les fascistes nous ont appris comment on fait la révolution ».

Non, les fascistes ne nous ont rien appris du tout.

Ils ont fait la révolution, si l’on veut appeler cela révolution, avec la permission des supérieurs et au service des supérieurs.

Trahir ses amis, renier chaque jour les idées professées la veille si cela convient à son intérêt, se mettre au service des patrons, s’assurer l’assentiment des autorités politiques et judiciaires, faire désarmer par les carabiniers ses adversaires pour ensuite les attaquer à dix contre un, se préparer militairement sans avoir besoin de se cacher, au contraire en recevant du gouvernement armes, moyens de transport et équipements de caserne, puis être appelé par le roi et se placer sous la protection de Dieu... ce sont toutes des choses que nous ne pourrions ni ne voudrions faire. Et ce sont toutes des choses que nous avions prévues qui arriveraient le jour où la bourgeoisie se sentirait sérieusement menacée.

Au contraire, l’avènement du fascisme doit servir de leçon aux socialistes légalistes, qui croyaient, et hélas ! croient encore, qu’on peut renverser la bourgeoisie par les voix de la moitié plus un des électeurs, et ne voulurent pas nous croire quand nous leur disions que si jamais ils atteignaient la majorité au parlement et voulaient — pour ne faire que des hypothèses absurdes — instaurer le socialisme depuis le parlement, ils en seraient chassés à coups de pied au cul !




Errico Malatesta: Mussolini al poder

Errico Malatesta
(1853-1932): escritor, propagandista y revolucionario anarquista italiano. Estudiante en medicina en Nápoles, y ya republicano, adhiere al anarquismo después de la Comuna de París (1871). Participó en revueltas en medio mundo, desde Egipto hasta Argentina, alternando entre cárceles y exilios.  Este texto fue publicado en el periódico que dirigía, Umanità Nova, el 25 de noviembre de 1922. 103 años después, sigue desgraciadamente siendo de candente actualidad y alcance universal.-Tlaxcala

Original italiano  English

En la culminación de una larga serie de crímenes, el fascismo se ha establecido finalmente en el gobierno.

Y Mussolini, el Duce, sólo por distinguirse, ha comenzado por tratar a los miembros del parlamento como un patrón insolente trataría a siervos estúpidos y holgazanes.

El parlamento, que había de ser “el paladín de la libertad”, ha dado su medida.

Esto nos deja perfectamente indiferentes. Entre un matón que amenaza e insulta, porque así se siente seguro, y una banda de cobardes que parece deleitarse en su degradación, no tenemos que escoger. Constatamos solamente — y no sin vergüenza — qué tipo de personas es la que domina y del yugo de quién no podemos escapar.


Viñeta de la revista satírica L’Asino [El Burro]
“Me ne frego”: “No me importa un carajo” [en referencia a la muerte], lema de los Arditi, los soldados de las unidades de asalto durante la Primera Guerra Mundial, adoptado por los fascistas.
«Latin sangue gentile»: «Noble sangre latina»: expresión retomada del Canzoniere (1340-1374) de Petrarca, por Giosué Carducci en un poema de 1859.

¿Pero cuál es el significado, cuál el alcance, cuál el resultado probable de este nuevo modo de arribar al poder en nombre y al servicio del rey, violando la constitución que el rey había jurado respetar y defender?

Aparte de las poses de querer parecer napoleónico y que no son más que poses de opereta, cuando no son actuaciones de jefe bandolero, creemos que en el fondo nada habrá cambiado, excepto, por un tiempo, mayor presión de la policía contra los subversivos y contra los trabajadores. Una nueva edición de Crispi y Pelloux. ¡Siempre es la misma historia del bandido que se convierte en policía!

La burguesía, amenazada por la marea proletaria, incapaz de resolver los problemas urgentes de la guerra, impotente de defenderse con el método tradicional de la represión legal, se veía perdida y habría recibido con alegría a cualquier militar que fuese declarado dictador y que hubiese ahogado en sangre cualquier intento de reconquista.

Pero en aquellos momentos, inmediatamente después de la guerra, era demasiado peligroso y podía precipitar la revolución en lugar de derribarla. En cualquier caso, el general salvador no apareció, o solo apareció una parodia. En cambio, aparecieron aventureros que, al no encontrar en los partidos subversivos un campo suficiente para sus ambiciones y sus apetitos, pensaron en especular con el miedo de la burguesía ofreciéndole, a cambio de una compensación adecuada, la ayuda de fuerzas irregulares que, seguras de su impunidad, podían entregarse a todos los excesos contra los trabajadores sin comprometer directamente la responsabilidad de los presuntos beneficiarios de las violencias cometidas. Y la burguesía aceptó, solicitó y pagó su colaboración: el gobierno oficial, o al menos una parte de los agentes del gobierno, pensó en proporcionarles armas, en ayudarlos cuando en un ataque estaban a punto de salir perdiendo, en garantizarles la impunidad y en desarmar preventivamente a aquellos que debían ser atacados.

Los trabajadores no supieron oponer la violencia a la violencia porque habían sido educados para creer en la legalidad y porque, incluso cuando toda ilusión se había vuelto imposible y los incendios y asesinatos se multiplicaban bajo la mirada benévola de las autoridades, los hombres en los que confiaban les predicaban la paciencia, la calma, la belleza y la sabiduría de dejarse golpear “heroicamente” sin resistirse, y por eso fueron vencidos y ofendidos en sus bienes, en sus personas, en su dignidad, en sus afectos  más sagrados.

Tal vez, cuando todas las instituciones obreras sean destruidas, las organizaciones disueltas, los hombres más odiados y considerados más peligrosos asesinados o encarcelados o reducidos a la impotencia, la burguesía y el gobierno pretenda poner fin a la nueva guardia pretoriana que ahora aspira a convertirse en amos de quienes antes habían servido. Pero ya es demasiado tarde. Los fascistas ahora son los más fuertes y quieren que se les pague por sus servicios.Y la burguesía pagará, por supuesto, buscará pagar apoyada sobre los hombros del proletariado.

En conclusión, miseria aumentada, opresión aumentada.

En cuanto a nosotros, sólo tenemos que continuar nuestra batalla, siempre llenos de entusiasmo. Sabemos que nuestro camino está sembrado de tribulaciones, pero lo escogimos consciente y voluntariamente, y no tenemos ninguna razón para abandonarlo.

Así que todos quienes tienen un sentido de dignidad y compasión humana y quieren dedicarse a la lucha por el bien de todos sepan que deben estar preparados para todas las desilusiones, todo el dolor, todos los sacrificios.

Ya que nunca faltan los que se dejan deslumbrar por las apariencias de la fuerza y siempre tienen algún tipo de admiración secreta por el vencedor, también hay subversivos que dicen que “los fascistas nos han enseñado cómo hacer una revolución.”

No, los fascistas no nos enseñaron nada.

Hicieron la revolución, si revolución le quieren llamar, con permiso de sus superiores y al servicio de sus superiores.

Traicionar a los amigos, renegar todos los días de las ideas profesadas ayer, si así conviene a la propia ventaja ponerse al servicio del patrón, asegurar el consentimiento de las autoridades políticas y judiciales, desarmar con la policía a los oponentes para luego atacarlos en diez contra uno, prepararse militarmente sin necesidad de ocultarse, incluso recibiendo armas del gobierno, además de vehículos y equipos de cuartel, y luego ser llamado por el rey y ponerse bajo la protección de dios… son todas cosas que no podríamos y no querríamos hacer.

Y son todas cosas que habíamos dicho que ocurrirían el día en que la burguesía se sintiera seriamente amenazada.

En vez, el ascenso del fascismo debe ser una lección para los socialistas legalistas, quienes creían, y ¡ay! aún creen que podemos derrocar a la burguesía por los votos de la mitad más uno de los votantes, y no quisieron creernos cuando les dijimos que si alguna vez alcanzaran una mayoría en el parlamento y quisieran — sólo por hacer suposiciones absurdas — implementar el socialismo mediante el parlamento, ¡les patearían el culo!




15/09/2025

SYLVAIN GEORGE
Las flotillas por Gaza o lo inacabado como forma política

Sylvain George, lundimatin, 2-9-2025
Traducido por Tlaxcala

Hace unos meses, el Madleen fue interceptado por el ejército israelí a pocos kilómetros de las costas de Gaza. Este 31 de agosto, es una flotilla de varias decenas de barcos la que se lanza al Mediterráneo con la esperanza de romper el bloqueo que asfixia, hambrea y genocida a Gaza. Los espíritus más realistas, que son también los más cínicos, lo ven como un intento vano o insensato, dado el poder contra el cual los veleros no pueden más que estrellarse. En este excelente texto, el autor y cineasta Sylvain George demuestra y defiende exactamente lo contrario. Lo que está en juego en esta flotilla es un desplazamiento de nuestros referentes políticos: lo inacabado como camino, la vulnerabilidad y la obstinación como potencia, la fragmentación como forma.-lundimatin

 




Introducción: del acontecimiento singular a la cadena inacabada

El pasado mes de junio, la partida del Madleen fue pensada como la invención de una forma política singular: la de lo inacabado. [1]


Se trata entonces de una flota plural, heterogénea, compuesta de militantes, médicos, artistas y “personas comunes”, que se lanza al mar para afrontar el horizonte del asedio.

A través de este gesto, frágil e interrumpido, se abría la posibilidad de una política que no es la del cumplimiento soberano, del acto definitivo o de la victoria fulgurante, sino la del fragmento, el recomienzo, la exposición. El barco, impedido de llegar a Gaza, portaba sin embargo una carga simbólica y material irreductible: inscribía en lo real un gesto de desobediencia marítima, una brecha en el orden establecido, una imagen que no se cierra.

Conviene recordar, sin embargo, que el Madleen no fue una primera vez y venía después de una serie de intentos, desde finales de los años 2000, de romper el bloqueo. Pero su mérito fue haber sabido reactivar la atención pública, arrojar una luz cruda sobre Gaza y mostrar que aún es posible producir una imagen disidente en un mundo saturado de consentimiento y complicidad. Pues si el barco fue impedido, llevó sin embargo al espacio internacional la prueba de que un gesto menor, vulnerable, podía todavía fisurar el cerco simbólico del asedio.

He aquí que poco después del Madleen, y del Handala en julio de 2025, una nueva flotilla zarpó el domingo 31 de agosto de 2025, con varios barcos esta vez, la “Global Sumud Flotilla”, que pretende marcar una inflexión decisiva e intentar una vez más romper el bloqueo. Esta vez, Israel no tendrá que interceptar una nave aislada, sino enfrentarse a una flota entera. La coalición de asociaciones (Freedom Flotilla, Global March to Gaza, Caravana Sumud), reforzada por la presencia de figuras internacionales y miles de voluntarios de 160 nacionalidades, afirma querer lanzar «la misión marítima humanitaria más grande de la historia» [2].

La cuestión que se impone es la siguiente: ¿cómo pensar filosóficamente esta nueva partida? ¿Se trata de una simple repetición de lo mismo, de una continuación lineal, o bien de un desplazamiento que transforma el significado del acto? Si el primer barco podía aparecer como un acontecimiento puntual, a la vez heroico y vulnerable, el hecho de que otros le sigan compromete otro régimen de temporalidad y de pensamiento: el de una política de la persistencia —no una persistencia fundada en una esencia inmutable, sino una reanudación discontinua, fragmentaria, donde cada fracaso llama a una reanudación, donde la repetición engendra la diferencia y no la identidad—, el del recomienzo, de la cadena inacabada.

Podría uno verse tentado de reducir estas flotillas a fracasos tácticos: cada nave es interceptada, confiscada, impedida. Pero precisamente en ese impedimento mismo reside su fuerza. Pues lo inacabado no es aquí un defecto contingente, sino que deviene condición de posibilidad de la repetición. Lo que no se cumple una vez puede rejugarse de otro modo, bajo otra forma, en otra constelación. Lo que fracasa en cerrarse renace como fragmento, expuesto a la aprehensión, pero también a la reinscripción.

Así, el gesto de las flotillas no pertenece al paradigma del acontecimiento único, aquel que, en su fulguración, trastornaría el orden establecido. Se trata más bien de una serie discontinua de actos frágiles, cada uno condenado a lo inacabado, pero que componen juntos una escritura política de largo alcance. Cada barco es una hoja arrancada de un libro inacabado, una imagen fragmentaria que persiste. Ahí se perfila un problema: ¿cómo pensar una acción política cuya potencia no reside en el cumplimiento, sino en la reiteración? ¿Cómo concebir una política que asume no ser un “gran acontecimiento” sino una sucesión de gestos menores, intermitentes, pero insistentes?

La cuestión adquiere toda su gravedad si recordamos hacia dónde navegan estos barcos: un territorio transformado en un campo a cielo abierto, donde el hambreamiento [3] se ha convertido en método de gobierno, donde se despliega ante nuestros ojos una limpieza étnica metódica, cubierta por la complicidad occidental y árabe, y por el consentimiento establecido de la mayoría de las naciones. Desde entonces, se plantea la cuestión abismal: ¿qué significa la partida de unos pocos barcos —o incluso de decenas de navíos— frente a un genocidio?

En este sentido, la «Global Sumud Flotilla» no es simplemente la continuación de la anterior. Marca una inflexión: el paso del gesto aislado al devenir-flotilla, es decir, a una política que encuentra su fuerza en la repetición, en el hecho de reabrir sin cesar la herida del bloqueo, en el rechazo obstinado del cierre. Allí donde Israel busca normalizar la excepción, naturalizar el bloqueo como horizonte insuperable, la flotilla viene a reabrir el tiempo, a reavivar lo intolerable, a inscribir una temporalidad insurgente.

Es este pasaje lo que debe analizarse: del Madleen, que supo reavivar la luz sobre Gaza actualizando la fuerza de lo inacabado, a la nueva flotilla como política de la persistencia, como heterotopía frágil frente al campo, como escritura fragmentaria que no cesa de reinscribirse a pesar del impedimento.

 

I. Lo inacabado como forma política

El Madleen, impedido de llegar a Gaza, no «triunfó»: no abrió un corredor marítimo, no rompió materialmente el bloqueo, no alivió concretamente a la población sitiada. Pero reducir su alcance a ese fracaso táctico sería no comprender el corazón de su operación política. Pues el Madleen no fue ante todo un acto logístico o militar. Fue un gesto. Y este gesto debe ser pensado filosóficamente como la puesta en obra de una forma singular: la de lo inacabado.

En la lógica soberana de los Estados, el acto político se define por su culminación. Vale si se concluye, si produce un resultado decisivo, si instituye un fin. La soberanía, como recuerda Schmitt, consiste en el poder de decidir, es decir, de cerrar. En esta economía política de lo acabado, lo inacabado no es más que una carencia, una falla, un residuo. Pero la flotilla desplaza radicalmente esta lógica: propone una política cuyo valor no reside en el cierre sino en la apertura, no en la culminación sino en la reanudación. Transforma lo inacabado de defecto en recurso, en potencia paradójica.

Porque lo que el Madleen inscribió en lo real no fue una victoria consumada, sino una brecha, una desobediencia marítima que, precisamente porque fue interrumpida, permanece disponible, reinscriptible, susceptible de volver. Es en este sentido que Benjamin, en sus Tesis sobre el concepto de historia [4], nos enseña que la historia de los oprimidos no se lee como una continuidad victoriosa sino como una sucesión de fragmentos, de constelaciones inacabadas, de reanudaciones. Lo inacabado no es ahí lo que condena, sino lo que promete: mantiene abierto el espacio de lo posible. Lo que no se cierra, lo que no se concluye, puede ser retomado en otra constelación, en otro montaje.

Así, cada interceptación, cada impedimento no constituye un fin, sino que se convierte en condición de repetición. Lo inacabado no es el fracaso de la acción, es su modo de persistencia. El Madleen, capturado, dispersado, confiscado, dejó tras de sí una imagen que llama a otras imágenes, una acción que exige otras acciones. Es precisamente porque fue interrumpido que pudo ser rejugado por el Handala, y luego por la nueva flotilla. Lejos de apagar el gesto, el impedimento lo obliga a relanzarse.

Lo inacabado, así comprendido, es más que una circunstancia. Es una categoría política. Define una manera de actuar que se arranca del paradigma de la soberanía, que rechaza la culminación como único criterio de valor, y que inventa una política fragmentaria, frágil, pero persistente. Esta política no busca imponer un fin último sino mantener abierta la falla, reabrir el tiempo, producir una persistencia en y por la interrupción.


II. La lógica de la repetición: del hecho puntual al devenir-flotilla

Si el Madleen pudo aparecer como un acontecimiento aislado, una fulguración frágil pronto absorbida por el inmenso aparato del bloqueo, la reaparición del Handala, y luego la partida de una nueva flotilla, marcan un giro decisivo. Lo que se despliega ahora no es ya el acto puntual, sino una lógica de la repetición. La flotilla deviene un devenir-flotilla, una temporalidad política que no se deja agotar en la singularidad de un solo gesto.

Ahora bien, repetir nunca es simplemente reproducir. Como subraya Deleuze en Diferencia y repetición, la verdadera repetición no es identidad, sino diferenciación. No reconduce lo mismo, introduce una alteración, una intensidad nueva, un desplazamiento del sentido. Repetir es “llevar la primera vez a la “enésima” potencia” [5], escribe Deleuze. Cada barco, lejos de ser una copia del anterior, es una variación que despliega una nueva figura del gesto inicial. El Madleen llamaba al Handala; el Handala llama a otros navíos; y cada uno, por su diferencia, compone con los otros una cadena discontinua, pero insistente.

Hay que insistir aquí en el alcance político de esta lógica. La soberanía estatal, ya se dijo, busca cerrar: se define por la decisión, por el fin impuesto, por la culminación. En cambio, la flotilla abre. Su gesto, condenado a lo inacabado, no se extingue. Permanece relanzable y llama a otros gestos. Allí donde el acto soberano se consuma en su propia efectividad, el acto frágil, inacabado, se despliega en una temporalidad insurgente, hecha de reanudaciones, de retornos, de recomienzos.

Por eso la repetición de las flotillas no debe ser comprendida como redundancia sino como obstinación creadora. Cada vez, el bloqueo parece imponerse definitivamente, como una fatalidad insuperable. Y, sin embargo, cada vez, los barcos vuelven a zarpar, reabriendo la herida, reinscribiendo en el presente lo intolerable. Su repetición dice: el tiempo del bloqueo no está cerrado, puede ser horadado, fisurado, interrumpido…

Repetir, aquí, no es recaer en la impotencia, sino transformar el fracaso en condición de posibilidad, hacer de la interrupción el motor de una persistencia. El devenir-flotilla es esta temporalidad paradójica donde el gesto se sabe impedido, pero persiste en rejugarse, no a pesar del fracaso, sino a causa de él.

III. La fragmentación como escritura política

Si la flotilla debe pensarse como un devenir, es porque no se totaliza en un cumplimiento único, sino que se despliega bajo la forma de fragmentos. Cada partida es una parcela de escritura política, un fragmento arrancado al mar y a la historia, que solo cobra sentido en la relación con los otros fragmentos que le precedieron y con aquellos que le seguirán. No se puede leer una flotilla como un relato cerrado, sino como una página dispersa de un libro inacabado, cuya unidad nunca está dada sino siempre por reconstituir en el después, en el montaje de las huellas.

Este carácter fragmentario no significa debilidad o contingencia, sino que constituye, al contrario, una forma de resistencia. Pues el poder soberano busca el cierre, la decisión, la totalidad. El Estado quiere imponer el sentido por la culminación: una ley promulgada, una frontera sellada, una guerra ganada. La flotilla, en cambio, rechaza esta lógica. Se inscribe en una política que no culmina, que no unifica, que no busca la conclusión de la totalidad sino la apertura del fragmento. Inventa un modo de actuar donde el valor reside en la intermitencia, en la reinscripción, en la reanudación.

Foucault recordaba que el barco es “la heterotopía por excelencia”: lugar móvil, espacio otro que lleva consigo su propio afuera, contraespacio frágil pero real. Gaza, por su parte, condensa la experiencia extrema del espacio cerrado: suspensión de la ley, normalización de la excepción, administración de la supervivencia por la privación y el hambre. Entre el cierre y la travesía, entre el campo y la heterotopía, se abre un contraste decisivo. El campo encierra, fija, inmoviliza; la flotilla abre, desplaza, descentra. El campo busca hacer absoluto el cierre; la flotilla recuerda que siempre existen espacios otros, incluso fugitivos, incluso precarios.

Este contraste ilumina el alcance de la fragmentación. Pues cada navío es un fragmento de heterotopía opuesto al fragmento disciplinario del campo. Cada flotilla despliega un contrafragmento que fisura el orden espacial y simbólico del bloqueo. Y como estos fragmentos no se suman para formar una totalidad estable, sino que se repiten y se desplazan, su potencia reside en su capacidad de persistir en la interrupción.

Blanchot y Nancy han propuesto que la comunidad moderna ya no se funda sobre una totalidad cerrada, sino sobre la exposición de fragmentos, sobre la yuxtaposición de singularidades inacabadas que se mantienen juntas por su no-coincidencia. La flotilla actualiza esta lógica: cada navío es una singularidad expuesta, cada partida un fragmento vulnerable, pero es en su puesta en relación, en su constelación discontinua, donde se construye una forma política.

Así, la flotilla no es solamente un acontecimiento puntual condenado al fracaso. Es una escritura fragmentaria que deshace la lógica del cierre, que opone a la totalidad impuesta del campo una constelación de heterotopías vulnerables pero insistentes. Una política que no busca constituir un todo, sino hacer vivir fragmentos, mantener abierta la posibilidad de un afuera.



IV. Temporalidad insurgente: romper la normalización del bloqueo

El bloqueo de Gaza no se reduce a un cierre espacial. Constituye, sobre todo, una técnica de temporalización, una manera de producir el tiempo como instrumento de dominación. Desde 2007, Israel ha buscado hacer del bloqueo no una medida excepcional y provisoria, sino un horizonte insuperable, una normalidad instalada. Gaza queda así reducida a una temporalidad suspendida, un presente sin futuro, ritmado por las cuotas de comida, las penurias de agua, los cortes de electricidad, los bombardeos recurrentes.

Esta suspensión del tiempo no es un accidente: es el corazón de la estrategia. Pues uno de los rasgos más aterradores del bloqueo es el uso sistemático del hambre como arma, no de guerra en el sentido clásico —ya que la asimetría impide hablar estrictamente de guerra—, sino de aniquilamiento. El hambreamiento no es una consecuencia indirecta, sino una política deliberada. Se trata de privar a la población de alimentos, agua, medicinas, de someterla a una supervivencia mínima administrada cotidianamente. Es lo que debemos nombrar una limpieza étnica lenta, una política de borramiento metódico que combina el aniquilamiento espacial (el asedio, la destrucción de infraestructuras) y el aniquilamiento temporal (la imposición de un tiempo muerto, el de la espera, el racionamiento, la agonía prolongada).

En esta configuración, como se esbozó antes, Gaza aparece como la figura paradigmática del campo, en el sentido que Agamben le dio: el espacio donde la ley se suspende para ejercerse mejor, donde la excepción se convierte en regla, donde las vidas quedan reducidas al estado de “vida desnuda” que se administra, se expone, se destruye. [6] El campo es el espacio donde se confisca el tiempo, donde se anula el porvenir, donde la historia queda congelada en la repetición del desastre.

Frente a esta lógica de cierre e inmovilización, la flotilla introduce un contratiempo. Cada partida, incluso impedida, incluso interceptada, produce una intermitencia, una ruptura en el tiempo homogeneizado del asedio. Inscribe en el presente una disonancia, el recordatorio de que el bloqueo no es un horizonte natural, sino una construcción política, y que, por lo tanto, puede ser cuestionado. En este sentido, cada flotilla encarna lo que Benjamin llamaba un Jetztzeit, un “tiempo del ahora” que arranca la historia de la continuidad impuesta, de la continuidad del desastre, para abrir una nueva constelación, que devuelve densidad al presente allí donde todo parecía congelado.

El navío, ya se ha visto, es esa “heterotopía por excelencia”, un espacio otro, móvil, errante, que lleva en sí su propio afuera. La flotilla, en este sentido, es una heterotopía insurgente que se opone a la espacialidad cerrada del campo. No triunfa materialmente sobre el bloqueo, pero despliega otro espacio-tiempo. Un espacio de travesía, un tiempo de recomienzo. Allí donde el bloqueo quiere imponer la repetición de la supervivencia, la flotilla impone la repetición de la insurrección.

Por eso la lucha de las flotillas no es solo logística o simbólica: es también kairopolítica. Oponen al tiempo muerto del asedio la irrupción de un tiempo por venir, de un presente que persiste, de un surgimiento que abre. Incluso interceptada, incluso impedida, la flotilla ya ha fisurado el tiempo del bloqueo. Ha recordado que la historia no está cerrada, que puede ser reinscrita, que otras configuraciones siguen siendo pensables.

Así, frente al campo que encierra en una temporalidad congelada, la flotilla despliega no una nueva continuidad, sino la experiencia de una discontinuidad temporal, de una temporalidad insurgente, frágil, intermitente, pero capaz de romper la evidencia del desastre, de recordar que todavía es posible actuar y resistir.



V. Política de la persistencia: vulnerabilidad y obstinación

Todo parece condenar a las flotillas a la insignificancia. Han sido y serán interceptadas por un ejército sobrepoderoso, apresadas por fuerzas navales que disponen de una superioridad tecnológica y militar aplastante. Transportan solo pequeñas cargas, irrisorias frente a las inmensas necesidades de una población hambrienta. No pueden romper materialmente el asedio, ni invertir la máquina de destrucción que se abate sobre Gaza. ¿Cómo, entonces, pensar el valor de estos gestos frágiles frente a un genocidio que se ejerce ante los ojos del mundo?

Es precisamente en esta desproporción donde reside su alcance. Judith Butler ha mostrado que la vulnerabilidad no debe entenderse únicamente como exposición a la herida, sino como condición de la acción colectiva, como recurso ético y político. [7]

Las flotillas encarnan esta vulnerabilidad: se exponen deliberadamente, saben de su impotencia relativa, asumen el fracaso probable. Pero es en esa exposición misma donde se aloja su fuerza. Pues la cuestión no es rivalizar con el Estado, sino testimoniar, mediante el gesto, la imposibilidad de aceptar el consentimiento general.

La desproporción deviene así un revelador. ¿Qué significan unos pocos barcos frente a un genocidio? La pregunta no anula el sentido del acto, sino que lo funda. Pone en evidencia la complicidad de las naciones occidentales, que arman y apoyan a Israel; la pasividad, e incluso la cooperación tácita, de numerosos regímenes árabes; el silencio o la indiferencia de una opinión internacional que terminó por naturalizar el asedio y por considerar el hambreamiento como un hecho consumado. La flotilla opone entonces un frente de rechazo. Dice: no. No al silencio, no al consentimiento establecido, no a la reducción del crimen a una fatalidad.

Esta obstinación frágil no es ingenuidad. Sabe que no puede vencer militarmente. Pero inventa una política menor en sentido deleuziano: una política de los márgenes, de la reanudación, de la intermitencia. Se opone a la soberanía que cierra, no por una contrasoberanía simétrica, sino por una sucesión de gestos vulnerables, abiertos, reinscriptibles. No produce una victoria, sino una persistencia.

Hay que pensar entonces esta persistencia como una forma de resistencia en el doble nivel espacial y temporal. Frente al campo, espacio de la excepción normalizada, la flotilla encarna una heterotopía precaria pero insubordinada. Frente al tiempo muerto del asedio, despliega un tiempo insurgente, el del recomienzo. Lo que opone al genocidio no es la potencia, sino la obstinación vulnerable de un gesto que se niega a desaparecer, que persiste a pesar del fracaso, que viene una y otra vez a pesar de la derrota.

Así, la flotilla no se define por lo que cumple, sino por lo que impide. Impide que la derrota sea total, que el silencio sea completo, que el consentimiento sea unánime. Inscribe una falla en el consenso asesino y recuerda que incluso frente al abismo, todavía es posible actuar, débilmente, minoritariamente, pero obstinadamente.

 

Conclusión: Una constelación de actos inacabados

Las flotillas por Gaza no deben entenderse como una sucesión de intentos fallidos. Componen una constelación de actos inacabados, fragmentos dispersos pero enlazados, que nunca se reabsorben en un cumplimiento final y que encuentran su fuerza en la persistencia misma de su inacabamiento.

El Madleen, impedido, no triunfó, pero reabrió un espacio de visibilidad y arrojó una luz cruda sobre Gaza. El Handala prolongó este gesto. La nueva flotilla, con varios navíos, afirma una obstinación que excede el acontecimiento puntual. Inventa un devenir-flotilla, una temporalidad de repetición creadora donde cada impedimento deviene condición de una reanudación.

Así se despliega una lógica paradójica: el fracaso no cierra, abre. Lo inacabado no condena, promete. La fragmentación no disuelve, compone. La vulnerabilidad no reduce, intensifica. Es lo que Benjamin nombraba la potencia de los fragmentos, lo que Deleuze pensaba como la repetición diferenciadora, lo que Butler reconoce en la vulnerabilidad expuesta, lo que Foucault y Agamben iluminan por la oposición entre la heterotopía y el campo.

Pues ahí se juega la dialéctica esencial: de un lado, Gaza como campo de aniquilación a cielo abierto, figura paradigmática de la excepción convertida en norma, laboratorio de una política del hambreamiento y del borramiento metódico, sostenida por la complicidad occidental y árabe; del otro, la flotilla como heterotopía insurgente, espacio otro, móvil, frágil, pero capaz de arrancar un afuera, de fisurar el cierre, de producir una temporalidad insurgente que recuerda lo intolerable.

Hay que replantear aquí aún la cuestión en toda su aspereza: ¿qué significan unos pocos barcos frente a un genocidio? La desproporción es abismal. Pero es precisamente en esa desproporción donde reside la potencia de estos gestos. No pretenden vencer, se niegan a consentir. No pretenden cerrar el bloqueo, se niegan a naturalizarlo. No pretenden abolir el genocidio, rechazan el silencio que lo rodea.

Cada partida inscribe una disidencia, aunque efímera, en un mundo saturado de complicidad. Cada barco testimonia que todavía es posible actuar, aunque débilmente, aunque minoritariamente. Cada fragmento recuerda que la historia no está cerrada, que puede ser reinscrita, que aún existen gestos capaces de romper los estados de normalidad impuestos.

Así, las flotillas componen una memoria insumisa. No una memoria de la victoria, sino una memoria de la persistencia. No el cumplimiento, sino lo inacabado como forma política. No la totalidad, sino la constelación fragmentaria de actos vulnerables y obstinados que, en el corazón del desastre, recuerdan la urgencia de actuar y el rechazo del consentimiento.

«Si está escrito que debo morir / Que mi muerte traiga esperanza / Que mi muerte se vuelva historia» [8], escribía Refaat Alareer, poeta de 43 años asesinado por un bombardeo israelí el 6 de diciembre de 2023. Estas palabras, que dicen que la esperanza nace de la interrupción misma, que el fragmento inacabado deviene promesa, que la muerte violenta se transmuta en un llamado a la persistencia, se encuentran, a un siglo y medio de distancia, con la fórmula de Blanqui: “solo el capítulo de las bifurcaciones está abierto a la esperanza” [9]. Pues es precisamente en la bifurcación tras el fracaso, en el recomienzo tras el impedimento, en el rechazo del cierre, donde se mantiene la posibilidad de otro porvenir.

Quizá ahí radique la lección silenciosa, o la señal secreta, que envían las flotillas: como el agua que no cesa de volver contra el dique, abren cada vez una brecha, recordando que ningún bloqueo, por hermético que sea, puede abolir para siempre el movimiento del mar y la esperanza obstinada de quienes lo atraviesan.

Gaza, no desaparecerás.

Notas

[1] Sylvain George, « Le Madleen ou l’inachevé comme forme (politique», AOC, 10 de junio de 2025.

[2] Declaración de la coalición Global Sumud Flotilla, 31 de agosto de 2025.

[3] El término hambreamiento (affamement) se usa aquí para subrayar que no se trata de una simple penuria alimentaria resultante de circunstancias económicas o bélicas, sino de una política deliberada de privación de recursos esenciales, destinada a someter y destruir a la población.

[4] Walter Benjamin, Tesis sobre el concepto de historia, 1940.

[5] Gilles Deleuze, Diferencia y repetición, 1968.

[6] Giorgio Agamben, Homo sacer. El poder soberano y la nuda vida, 1995.

[7] Judith Butler, Marcos de guerra. Las vidas lloradas, 2009.

[8] Refaat Alareer (1979-2023), poeta palestino asesinado en Gaza el 6 de diciembre de 2023 por un bombardeo israelí. Poema citado en numerosos homenajes internacionales.

[9] Louis-Auguste Blanqui, Instructions pour une prise d’armes, L’Éternité par les astres et autres textes, recueil établi par Miguel Abensour et Valentin Pelosse, Paris, Édition de la Tête des Feuilles, 1972.

Sobre las afinidades electivas entre W. Benjamin y Blanqui, véase el magnífico texto de Miguel Abensour., « W. Benjamin entre mélancolie et révolution. Passages Blanqui », en Heinz Wismann (éd.), Walter Benjamin et Paris, Paris, éd. du Cerf, 1986.

 

 

 

 

 

14/09/2025

FRANÇOIS VADROT
Wenn das Hôtel Matignon zum Kriegsministerium wird
Ein Premierminister des Krieges ohne Krieg – ein Novum in Friedenszeiten

François Vadrot, 14.9.2025

Dramatische Gravur: Macron als Napoleon auf einem sich aufbäumenden Pferd, nach Osten gewandt. Neben ihm Lecornu mit einer französischen Trikolore, vor einem „Ministère de la Guerre“. Am Boden die Worte „En Marche“ und „Renaissance“ auf dem Kopf, ebenso das Ministeriumsschild – als Kulisse des Verteidigungsministeriums.
Macron als Kriegsherrscher: Die Geste nach Osten, die Worte verkehrt – die politische Sprache selbst ins Gegenteil gekehrt.

Eine beispiellose Ernennung unter der Fünften Republik

Seit der Gründung der Fünften Republik im Jahr 1958 ist noch kein amtierender Verteidigungsminister direkt zum Premierminister aufgestiegen. Pierre Messmer, Verteidigungsminister von 1959 bis 1969, wurde erst 1972 Premierminister – nach drei Jahren Rückzug. Das war keine direkte Kontinuität, sondern ein Comeback.

Das einzige wirkliche Beispiel stammt aus der Vierten Republik: Maurice Bourgès-Maunoury wurde 1957 Regierungschef, mitten im Algerienkrieg. Im Gefolge der Suez-Krise gab er zudem grünes Licht für den Technologietransfer, der Israels Atomprogramm in Dimona ermöglichte.

👉 In Friedenszeiten ist Lecornus Ernennung daher ein historisches Novum in der Fünften Republik.

Das Gesetz von 2023 als juristisches Scharnier

Das Militärprogrammgesetz 2024–2030 (verabschiedet 2023) hat die Exekutive mit erweiterten Befugnissen ausgestattet: Im Fall einer „aktuellen oder vorhersehbaren Bedrohung“ kann der Staat Personen, Güter und Dienstleistungen requirieren – mit Strafen für Verweigerer. Keine Generalmobilmachung, aber ein juristischer Werkzeugkasten, jederzeit einsatzbereit.

Die amerikanische Parallele

In den USA hat Trump den Titel Secretary of War wiederbelebt, der 1947 zugunsten des beschönigenden Secretary of Defense aufgegeben wurde. Keine bürokratische Kleinigkeit, sondern ein politisches Signal: den Krieg beim Namen nennen. In Frankreich hebt Macron einen Verteidigungsminister direkt ins Matignon – ein Novum der Fünften Republik. Zwei Gesten, ein Klima: Der Westen rüstet sich offen zur Konfrontation.

Regieren per Dekret

Mit Lecornu hat Macron keinen Grund, eine Vertrauensabstimmung zu riskieren, die er verlieren könnte. Die Verfassung der Fünften Republik erlaubt es, einen Premierminister zu halten, solange keine Misstrauensabstimmung Erfolg hat. Matignon wird so zum Kommandoturm, der per Dekret und 49.3 regiert und die Nationalversammlung an den Rand drängt.

Projektion ohne Grenzübertritt

Frankreich kann seine Präsenz in Osteuropa – Rumänien, Polen, Baltikum – verstärken, ohne die Ukraine zu betreten. Vorausstationierung lautet die Strategie: sichtbare Truppen, gelagertes Material, Logistik, Übungen. Das ermöglicht Macron:

  • Internationale Glaubwürdigkeit zurückzugewinnen.

  • Die Innenpolitik unter dem Banner der nationalen Sicherheit neu zu rahmen.

  • Das Militär auf eine Eskalation vorzubereiten.

Macrons Kalkül

Kein Wahlsieg, keine Reform zu retten – aber Überlebensrationalität:

  • Das innenpolitische Scheitern überdecken durch martialische Rhetorik.

  • Politische Bedeutungslosigkeit abwenden, indem er „Kriegspräsident“ wird.

  • Den Staatsapparat festigen durch Militarisierung und Ausnahmebefugnisse.

  • Zentrale Stellung im Westen beanspruchen, während die USA mit Spaltungen, Karibik und Israel beschäftigt sind.

Das Paradox

Die USA werden keine europäische Front eröffnen. Zu polarisiert, zu absorbiert von anderen Prioritäten. Sie überlassen es den Europäern, die Linie zu halten – während sie aus der Ferne dirigieren. Macrons Wette: Frankreich zur Fahne einer Front zu machen, die Washington selbst nicht tragen wird.

👉 Kurz: Lecornu in Matignon ist kein Notbehelf, sondern ein Signal. Macron kann das zivile Frankreich nicht mehr regieren – also bereitet er das militärische Frankreich vor. Nach „En Marche“ und „Renaissance“ bleibt nur ein Wort: die „Fahne“.

FRANÇOIS VADROT
Cuando el Hôtel Matignon se convierte en Ministerio de la Guerra
Un primer ministro de guerra sin guerra — un hecho inédito en tiempos de paz

François Vadrot, 14-9-2025

Grabado dramático: Macron como Napoleón en un caballo encabritado, mirando hacia el Este. A su lado, Lecornu sostiene una tricolor francesa frente a un “Ministère de la Guerre”. En el suelo, “En Marche” y “Renaissance” aparecen al revés, al igual que el letrero del ministerio — el reverso del decorado del Ministerio de Defensa.

Macron como líder de guerra: el gesto hacia el Este, las palabras invertidas — el lenguaje político vuelto del revés

Un nombramiento sin precedentes en la Quinta República

Desde 1958, ningún ministro de Defensa en funciones había sido elevado directamente a Primer Ministro. Pierre Messmer, ministro de las Fuerzas Armadas de 1959 a 1969, solo regresó como jefe de gobierno en 1972, tras tres años de retiro: no fue una sucesión directa, sino un retorno.

El único precedente real fue Maurice Bourgès-Maunoury, en la Cuarta República, en 1957, en plena guerra de Argelia. En el marco de la crisis de Suez, también autorizó la transferencia de tecnología nuclear a Israel, lo que hizo posible el programa de Dimona.

👉 En tiempos de paz, el ascenso de Lecornu es por tanto un primer histórico en la Quinta República.

La ley de 2023 como cerrojo jurídico

La Ley de Programación Militar 2024–2030, aprobada en 2023, reforzó el arsenal legal del Ejecutivo. Permite al Estado, en caso de “amenaza actual o previsible”, requisar personas, bienes y servicios, con sanciones para quienes se nieguen. No es una movilización general, pero sí una caja de herramientas jurídica para una militarización parcial.

El paralelo estadounidense

En Estados Unidos, Trump ha resucitado el título de Secretary of War, abandonado en 1947 en favor del más edulcorado Secretary of Defense. No es un tecnicismo, sino una señal política: llamar a la guerra por su nombre. En Francia, Macron coloca directamente a un ministro de Defensa en Matignon — un hecho sin precedentes en la Quinta República. Dos gestos distintos, un mismo clima: Occidente se instala en la confrontación abierta.

Gobernar por decreto

Con Lecornu, Macron no tiene motivos para arriesgarse a un voto de confianza que podría perder. La Quinta República le permite mantener un Primer Ministro mientras no prospere una moción de censura. Matignon se convierte así en una torre de mando, que gobierna por decreto y por el 49.3, marginando a la Asamblea.

Proyección sin cruzar la línea

Francia puede reforzar su presencia militar en el Este —Rumanía, Polonia, Estados bálticos— sin entrar en Ucrania. La estrategia es la preposicionamiento: tropas visibles, material almacenado, cooperación logística, maniobras. Esto permite a Macron:

  • Recuperar credibilidad internacional como motor europeo.

  • Reenmarcar la escena interna bajo el signo de la seguridad nacional.

  • Preparar al aparato militar para una futura escalada.

El cálculo de Macron

Ninguna victoria electoral, ninguna reforma que salvar – pero una racionalidad de supervivencia:

  • Cubrir el fracaso interno con un relato marcial.

  • Protegerse de la irrelevancia política convirtiéndose en “presidente de guerra”.

  • Consolidar el aparato estatal mediante la militarización y la autoridad excepcional.

  • Reclamar centralidad occidental presentándose como líder europeo, mientras Washington está absorbido por sus propias fracturas, el Caribe e Israel.

La paradoja

Estados Unidos no abrirá un frente europeo: demasiado polarizado, demasiado absorbido por otras prioridades. Dejará que los europeos aguanten la línea, mientras dirige a distancia. La apuesta de Macron: convertir a Francia en el estandarte de un frente que Washington no llevará.

👉 En resumen: Lecornu en Matignon no es un fusible, sino una señal. Macron ya no puede gobernar la Francia civil, así que prepara la Francia militar. Tras “En Marche” y “Renaissance”, solo queda una palabra: el “Estandarte”.