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06/06/2023

Walter et les Tutsis (applicable à l’Ukraine…)

Luis Casado, 28/3/2021-6/6/2023
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Cet article a été publié en 2021. Il se trouve que mon frère m’a envoyé une vidéo dans laquelle un spécialiste militaire démontre à la télévision française à quel point TOUTES les guerres sont préparées et déclenchées pour des raisons cachées au commun des mortels. C’est le cas de la guerre en Ukraine qui curieusement ne mobilise toujours (presque) aucun pacifiste. C’est une horreur tolérée par l’opinion publique, une horreur planifiée, préparée et ordonnée depuis Washington. Tandis que la propagande quotidienne raconte des histoires pour imbéciles. Ce qui s’est passé au Rwanda en 1994… était du même acabit. Bonne lecture.

 

L’hypocrisie en matière de droits de l’homme réclame une Coupe du monde. Les candidats au podium sont légion, de préférence parmi ceux qui s’autodésignent comme démocrates et progressistes. Une diatribe de Luis Casado.

Je ne peux pas vous dire ni qui ni comment était Walter, car cela nécessiterait deux ou trois livres. Walter m’a sauvé d’un boulot de merde en 1986, et dans une manœuvre du genre « mercato du ballon rond », il a réussi à me sortir de la multinationale dans laquelle je m’ennuyais pour m’ouvrir les portes d’une activité bouillonnante, incessante, planétaire, créative, divertissante, raisonnablement bien payée et dans laquelle on s’eSt bien fendu la poire. Ensemble, ou séparément mais toujours en contact, nous avons fait plusieurs fois le tour du monde.

Belge, de la variante flamande, né dans la ville de Mechelen que nous, francophones, appelons Malines (allez savoir pourquoi Den Haag s’appelle La Haye en français), Walter avait eu un père « collaborateur », ce qui à l’époque voulait dire qu’il avait été un homme de main de l’occupation nazie, une horreur que Walter a condamnée toute sa vie avec une attitude permanente d’une énorme qualité humaine.

Walter était l’optimisme fait homme. Toujours souriant et sur le point d’éclater de rire, il semblait à chaque instant finaliser le début d’un long voyage, une synthèse belge – en une seule personne – de Fernão de Magalhães (« Magellan ») et de Juan Sebastián Elcano, son successeur basque. Plus d’une fois, il m’a appelé pour me demander si j’avais quelques minutes à perdre et, quelques heures plus tard, j’étais à bord d’un vol intercontinental qui allait nous permettre de boire une caiperinha à Recife, un vin rouge français à Singapour ou à Bangkok, ou un vin blanc sec à Ayers Rock, un endroit qui se trouve, comme le disent les Australiens eux-mêmes, in the middle of nowhere (au milieu de nulle part). Mais vous savez, le boulot c’est le boulot et je suis un émule à la distance et dans le temps du célèbre Alexeï Stakhanov.

Divorcé, comme tout homme qui se respecte, Walter manquait d’une ancre, d’un hub comme disent les connards globe-trotters, d’une racine capable de lui offrir un foyer et le nécessaire repos du guerrier lorsqu’il revenait de ses pérégrinations sans fin autour de la planète. C’est alors qu’il a rencontré Catherine et l’a épousée. Catherine est une belle Rwandaise, Tutsi pour ne rien vous cacher, porteuse des caractéristiques innées de son ethnie : finesse, élégance, beauté, prestance et distinction [ heu, bon, enfin, Louis, là tu dérapes un peu, NdT]. C’est à ce moment-là que tout est parti en couille…

On était dans les années 1990, lorsque nous avons appris qu’un terrible drame se déroulait au Rwanda. Ce drame peut se résumer ainsi : un génocide – c’est-à-dire à l’extermination – de la population tutsie par le gouvernement hutu hégémonique. Entre le 7 avril et le 15 juillet 1994, ils ont tué environ 70 % des Tutsis, principalement à coups de machettes, mais pas seulement. Selon les chiffres disponibles, on estime qu’environ 700 000 Tutsis, hommes, femmes et enfants, ont été tués.

Curieusement,  l’armée française était présente au Rwanda, sous couvert d’une mission humanitaire.

Comme vous pouvez l’imaginer, il a été difficile de reconstruire le Rwanda, et encore plus la coexistence des Hutus et des Tutsis, les deux principaux groupes ethniques, afin de préserver le pays et son intégrité territoriale. Walter a participé à la modernisation du système de transport public de Kigali, et il s’est lancé dans des investissements hasardeux destinés à la promotion de la production agricole.

Dans le même temps, Walter m’a sévèrement réprimandé, accusant les Français d’être responsables de ce qui s’était passé. Votre serviteur, un homme de culture bigarrée, peut assumer tout ce que vous voulez, des massacres de la Guerre de Pacification de l’Araucanie aux horreurs de la Commune de Paris et à la torture industrielle perpétrée par l’armée française pendant la bataille d’Alger, mais, franchement, je n’ai eu aucune part dans le génocide rwandais, je ne suis jamais allé à Kigali, et à part Catherine, je  ne connaissais aucun citoyen de ce si beau pays.

Ce matin, j’écoutais la radio, France Info pour être précis, une radio du secteur public, qui a consacré un long reportage à un rapport demandé par le gouvernement français sur ce qui s’est passé au Rwanda en 1994.

Un groupe de spécialistes – dirigé par l’historien Vincent Duclert, maître de conférences à l’École nationale d’administration – a analysé toutes les données disponibles, y compris les archives diplomatiques, militaires et de renseignement, et a conclu que la France était coresponsable du génocide. Très précisément ceux qui ont donné des ordres et pris des décisions qui se sont révélées criminelles : François Mitterrand, le président, et Hubert Védrine, son ministre des Affaires étrangères.

Duclert lui-même a déclaré hier : « L’échec de la politique française au Rwanda a effectivement contribué à créer les conditions du génocide ».

Guillaume Ancel, lieutenant-colonel de l’armée française, qui se trouvait à l’époque au Rwanda dans le cadre de la « mission humanitaire » et a été témoin des massacres, a déclaré en direct : « Nous, militaires, sommes aussi responsables, car nous ne pouvons pas nous cacher derrière l’argument selon lequel nous avons obéi aux ordres ». L’armée française a notamment armé les Hutus, leur a fourni les armes dont ils avaient besoin pour commettre le génocide, les a protégés et a laissé les Tutsis sans défense.

Je dois déclarer, messieurs les jurés, que j’ai personnellement connu François Mitterrand, qui nous a reçus quelques fois à l’Elysée, et qu’Hubert Védrine est à mes yeux le seul ministre français des Affaires étrangères du dernier quart de siècle qui ait fait preuve d’un brin d’intelligence. Personne ne prétend que l’un ou l’autre voulait perpétrer un génocide. L’officier susmentionné ne le prétend pas non plus, mais il souligne la responsabilité inéluctable de ceux qui ont imposé leur volonté et pris les décisions politiques. A César ce qui appartient à César, et à Dieu ce qui appartient à Dieu.

Walter n’est plus de ce monde pour le savoir, ni pour que moi, m’appuyant sur la solide amitié franco-belge que nous avons construite, je puisse présenter mes excuses à la chilienne : « Pardonnez la mort de l’enfant, c’était une erreur, je ne savais pas, les coupables seront punis dans la mesure du possible, il suffit d’attendre encore 40 ans… ». Walter est mort dans un taxi picaresque à Jakarta, capitale de l’Indonésie, dévoré par un cancer de la gorge qui ne lui a pas permis de terminer le dernier voyage de sa vie, celui qui devait le conduire à l’hôpital.

Là où il se trouve, il a échappé à la deuxième info du jour : « La France proteste vivement contre les conditions d’emprisonnement d’Alexeï Navalny », un escroc néo-nazi condamné pour divers trafics et autres crimes, mais recruté par les services de renseignement occidentaux en tant qu’« opposant » au régime russe.

« Au nom des droits de l’homme », donc, « la France élève sa voix indignée », et appelle Vladimir Poutine de noms d’oiseaux.

Si vous ne saviez pas ce que signifie la phrase bien connue « Il y a des coups de pied au cul qui se perdent », maintenant vous le savez.


LUIS CASADO
Walter y los Tutsis (aplicable a Ucrania…)

 Luis Casado,28/3/2021

Esta nota fue difundida en el año 2021. Pasa que mi hermano me hizo llegar un video en el que un especialista militar demuestra en la TV francesa a qué punto TODAS las guerras son preparadas y lanzadas por motivos que le ocultan al común de los mortales. Es el caso de la guerra de Ucrania, que curiosamente aun no moviliza a ningún pacifista. Es un horror tolerado por la opinión pública, un horror planificado, preparado y ordenado desde Washington. Mientras la propaganda cotidiana cuenta historias para imbéciles. Lo sucedido en Rwanda, en el año 1994… fue del mismo calado. Que aproveche…

 

La hipocresía en materia de Derechos Humanos reclama una Copa del Mundo. Los candidatos al podio son legión, preferentemente entre quienes se auto designan como demócratas y progresistas. Una parida de Luis Casado.

No te puedo contar quién y cómo era Walter porque necesitaría dos o tres libros. Walter me rescató de un laburo de mierda en el año 1986, y en una maniobra de tipo ‘mercato pelotero’ logró sacarme de la multinacional en la que me aburría para abrirme las puertas de una actividad burbujeante, incesante, planetaria, creativa, entretenida, razonablemente bien pagada y en la que nos divertimos un puñado. Juntos, o separados pero siempre en contacto, le dimos la vuelta al mundo unas cuantas veces.

Belga, de la especie flamenca, nacido en la ciudad de Mechelen que los francoparlantes llamamos Malines (anda a saber por qué jodida razón a Den Haag la llaman La Haya en castellano), Walter tuvo un padre ‘colaborador’, lo que en esa época quería decir que fue un esbirro de la ocupación nazi, horror que Walter condenó toda su vida con una actitud permanente de una enorme calidad humana.

Walter era el optimismo hecho persona. Siempre sonriente y a punto de lanzar una carcajada, parecía a cada instante estar finiquitando el inicio de un largo viaje, síntesis belga –en una sola persona– de Fernão de Magalhães y de Juan Sebastián Elcano. En más de una ocasión me llamó para preguntarme si tenía un par de minutos libres, y un par de horas más tarde me encontraba a bordo de un vuelo intercontinental que nos permitiría tomarnos una caiperinha en Recife, un tinto francés en Singapur o en Bangkok, o en su defecto un blanco seco en Ayers Rock, lugar que queda, como dicen los mismos australianos in the middle of nowhere. Tú ya sabes, el laburo es el laburo y servidor un émulo a la distancia y en el tiempo del célebre Alekséi Stakhanov.

Divorciado, como todo dios, a Walter le faltaba un ancla, un hub como dicen los boludos viajados, una raíz capaz de ofrecerle un hogar y el necesario reposo del guerrero cuando regresaba de sus interminables peregrinaciones alrededor del planeta. Entonces conoció a Catherine y se casó con ella. Catherine es una bella ruandesa, Tutsi para más señas, portadora de las características innatas de su etnia: fineza, elegancia, belleza, porte y distinción. Por ahí se chivó el cuento…

Corrían los años 1990, cuando tuvimos noticias de que un terrible drama tenía lugar en Ruanda. Ese drama puede resumirse en el genocidio –o sea la exterminación– de la población Tutsi por parte del gobierno hegemónico Hutu. Entre el 7 de abril y el 15 de julio de 1994 asesinaron aproximadamente al 70 % de los Tutsis, mayormente a machetazos, pero no solo a machetazos. Si miras las cifras disponibles, se calcula que fueron asesinados unos 700 mil Tutsis, hombres, mujeres y niños.

Curiosamente, el ejército francés estaba presente en Ruanda, bajo la cobertura de una misión humanitaria.

Como puedes imaginar, costó reconstruir Ruanda, y aún más la coexistencia de Hutus y Tutsis, las dos etnias principales, en modo tal de preservar el país y su integridad territorial. Walter participó en la modernización de los transportes públicos de Kigali, y se lanzó en azarosas inversiones destinadas a promover la producción agrícola.

Contemporáneamente, Walter me increpó duramente, acusando a los franceses de ser responsables de lo ocurrido. Servidor, de cultura variopinta, asume lo que quieras, desde las masacres de la Guerra de Pacificación de la Araucanía hasta los horrores de la Comuna de París y la tortura industrial perpetrada por el ejército francés durante la Batalla de Argel, pero, francamente, en el genocidio ruandés no tuve ni arte ni parte, nunca fui a Kigali, y aparte Catherine no conocía a ningún ciudadano de tan bello país.

Hoy por la mañana escuchaba la radio, France Info para ser preciso, radio del sector público, que dedicó un largo reportaje a un informe solicitado por el gobierno galo a propósito de lo ocurrido en Ruanda en el año 1994.

Un grupo de especialistas –encabezado por el historiador Vincent Duclert, maestro de conferencias en la Escuela Nacional de Administración– analizó todos los datos disponibles, incluyendo los archivos diplomáticos, militares y de inteligencia, y concluyó en que Francia fue corresponsable del genocidio. Muy precisamente quienes dieron órdenes y tomaron decisiones que se revelaron criminales: François Mitterrand, el presidente, y Hubert Védrine, su ministro de Relaciones Exteriores.

El propio Duclert declaró ayer: «El fracaso de la política francesa en Ruanda contribuyó efectivamente a las condiciones del genocidio”.

Guillaume Ancel, teniente-coronel del ejército francés, que en esa época estaba en Ruanda en la ‘misión humanitaria’ y fue testigo de las masacres, declaró en vivo y en directo: “Nosotros los militares también somos responsables, porque no podemos escudarnos tras el argumento de haber obedecido órdenes”. Entre otras cosas, el ejército francés armó a los Hutus, les suministró las armas necesarias para cometer el genocidio, los protegió y dejó a los Tutsis indefensos.

Debo declarar, señores del Jurado, que conocí personalmente a François Mitterrand, quien nos recibió un par de veces en el Palacio del Eliseo, y que Hubert Védrine es a mis ojos el único ministro de Exteriores galo del último cuarto de siglo que haya mostrado trazas de inteligencia. Nadie pretende que ni el uno ni el otro hayan querido perpetrar un genocidio. El oficial de ejército ya citado tampoco lo pretende, pero subraya la inesquivable responsabilidad de quienes impusieron su voluntad y tomaron las decisiones políticas. Al César lo que es del César, y a dios lo que es de dios.

Walter ya no está con nosotros para saberlo, ni para que yo, apoyándome en la sólida amistad franco-belga que construimos, pueda pedir disculpas a la chilena: “Perdona la muerte del niño, fue un error, yo no sabía, los culpables serán castigados en la medida de lo posible, es cuestión de esperar unos 40 años más…”. Walter murió en un taxi perdulario de Yakarta, capital de Indonesia, devorado por un cáncer a la garganta que no le permitió terminar el último viaje de su vida, uno que lo llevaba al hospital.

Allí donde está, se libró de la segunda noticia del día: “Francia protesta vivamente por las condiciones de encarcelamiento de Alekséi Navalny”, un neonazi estafador condenado por diversos tráficos y delitos varios, pero reclutado por los servicios de inteligencia occidentales como “opositor” al régimen ruso.

“En nombre de los derechos humanos”, pues, “Francia eleva su voz indignada”, y llama a Vladimir Putin del nombre del puerco.

Si no sabías lo que quiere decir la conocida frase “Hay patadas en el culo que se pierden”, ahora lo sabes.

 

Soldados israelíes participan por primera vez, en maniobras militares en Marruecos

AFP, 5/6/2023

Soldados israelíes participarán por primera vez, en maniobras militares en territorio marroquí, en el ejercicio internacional "African Lion 2023", el más grande en el continente africano, que comienza el martes, informó este lunes el ejército israelí.

"Una delegación de 12 soldados y comandantes del Batallón de Reconocimiento Golani partieron el domingo para el ejercicio 'African Lion 2023' en Marruecos", país sede, según un comunicado israelí.

"Es la primera vez que el ejército israelí toma parte activa en esas maniobras internacionales en suelo marroquí", agrega.


La Brigada Golani es una unidad de infantería de élite que regularmente interviene en los territorios palestinos ocupados.

Organizada conjuntamente por Marruecos y Estados Unidos, la edición 19 del ejercicio "African Lion" debe movilizar hasta el 16 de junio a cerca de 8.000 soldados de 18 países.

Israel participó el año pasado en estas maniobras africanas pero en condición de observador militar internacional, sin desplazar soldados en el terreno.

Según las fuerzas armadas marroquíes, las maniobras incluyen ejercicios de planificación operativa y de lucha contra las armas de destrucción masiva, entrenamientos tácticos terrestres, marítimos, aéreos y de las fuerzas especiales.

Marruecos e Israel han acelerado su cooperación en múltiples áreas desde que normalizaron sus relaciones en diciembre de 2020 como parte de los Acuerdos de Abraham, un proceso de acercamiento del Estado judío con varios países árabes apoyado por Washington.

Des soldats israéliens participent pour la première fois à des manœuvres militaires au Maroc

AFP, 6/6/2023

Le Maroc et Israël s'activent à accélérer leur coopération depuis la normalisation de leurs relations en décembre 2020, dans le cadre des accords d'Abraham.

Des soldats israéliens vont participer "activement" pour la première fois à des manoeuvres militaires sur le sol marocain, l'exercice international "African Lion 2023", le plus large sur le continent africain, qui commence mardi, selon l'armée israélienne.


 "Une délégation de 12 soldats et commandants du Bataillon de reconnaissance Golani a quitté dimanche (Israël) pour l'exercice +African Lion 2023+ au Maroc", le pays-hôte, indique un communiqué israélien publié lundi. "C'est la première fois que l'armée israélienne prend une part active à ces manoeuvres internationales sur le sol marocain", souligne le communiqué. La Brigade Golani est une unité d'infanterie d'élite, engagée régulièrement dans les territoires occupés palestiniens. Co-organisée par le Maroc et les Etats-Unis, la 19e édition de l'exercice "African Lion" doit mobiliser jusqu'au 16 juin près de 8.000 soldats en provenance de 18 pays. 

"Pendant les deux prochaines semaines, nos soldats vont se concentrer sur un entraînement dans différentes situations de combat qui combinent guérilla urbaine et guerre souterraine, et qui se conclura par un exercice conjoint pour toutes les armées participantes", détaille le communiqué militaire israélien.

Israël avait déjà participé à "African Lion" l'an dernier mais seulement au niveau des observateurs militaires internationaux, sans déployer de soldats sur le terrain.  Selon l'état-major général des Forces armées royales (FAR) marocaines, ces manœuvres annuelles se dérouleront dans sept régions du pays maghrébin.  Elle comprennent des exercices de planification opérationnelle et de lutte contre les armes de destruction massives, des entraînements tactiques terrestres, maritimes, aériens et des forces spéciales, ainsi que des opérations aéroportées, selon les FAR.

Le Maroc et Israël s'activent à accélérer leur coopération -- militaire, sécuritaire, commerciale et touristique -- depuis la normalisation de leurs relations en décembre 2020, dans le cadre des accords d'Abraham, un processus entre l'Etat hébreu et plusieurs pays arabes, soutenu par Washington. En contrepartie, Rabat a obtenu de Washington la reconnaissance de la "souveraineté marocaine" sur le territoire du Sahara occidental face aux indépendantistes du Front Polisario soutenus par Alger.

Après la ministre israélienne des Transports Miri Regev, le président de la Knesset Amir Ohana est attendu mercredi au Maroc pour une visite officielle "historique", la première par un chef du parlement israélien, à l'invitation de son homologue Rachid Talbi El Alami. M. Ohana, ancien ministre israélien de la Sécurité intérieure et membre du Likoud, le parti de droite de Benjamin Netanyahu, est d'origine marocaine.

Toutefois le rapprochement tous azimuts entre les deux pays alliés se heurte, au moins dans l'opinion publique, à l'accession au pouvoir en Israël de courants ultra-nationalistes, hostiles à toute reprise des pourparlers avec les Palestiniens. Si la mobilisation militante a faibli, la cause palestinienne continue de susciter une immense sympathie dans la population marocaine.

 

05/06/2023

SERAJ ASSI/ZACHARY FOSTER
“Les Palestiniens, ça n’existe pas”: une affirmation sioniste dans laquelle le fanatisme le dispute à l’ignorance

Seraj Assi et Zachary Foster, Haaretz, 21/3/2023
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

Seraj Assi est un Palestinien né en Israël, titulaire d’un doctorat en études arabes et islamiques de l’université de Georgetown (Washington DC, USA), où il est chercheur invité. Il est professeur adjoint d’arabe à l’université George Mason (Fairfax, Virginie). Il est l’auteur de The History and Politics of the Bedouin. Reimagining Nomadism in Modern Palestine, Routledge 2018. @Srjassi

Zachary Foster est un historien usaméricain de la Palestine et le créateur de Palestine Nexus. @_ZachFoster

Des hommes politiques israéliens comme le ministre des Finances Bezalel Smotrich persistent à nier l’existence d’un peuple palestinien, mais les faits historiques parlent d’eux-mêmes. Smotrich et les conservateurs usaméricains pro-israéliens devraient écouter.

Le ministre israélien des Finances, Bezalel Smotrich, a prononcé en mars à Paris un discours niant l’existence des Palestiniens en tant que peuple, affirmant que “la nation palestinienne n’existe pas” : « Il n’existe pas de nation palestinienne. Il n’y a pas d’histoire palestinienne. Il n’y a pas de langue palestinienne ».


 Smotrich s’est exprimé devant un pupitre drapé d’une image représentant une carte d’Israël incluant la Cisjordanie occupée, la bande de Gaza, la Jordanie et une partie de la Syrie. Il est difficile d’ignorer l’ironie de la situation : un ministre ultranationaliste qui entretient l’idée que les Palestiniens sont un peuple artificiel tout en montrant une carte artificielle d’Israël.

La plus ancienne carte ptolémaïque de la Palestine encore existante. Copie grecque byzantine de la carte de la 4e carte de l’ Asie de Ptolémée [IIème  siècle ap. J-C). Tirée du Codex Vaticanus Urbinas Graecus 82, Constantinople vers 1300. Probablement assemblée par Maximus Planudes ; plus tard en possession de Palla Strozzi (1372-1462) puis de Federico da Montefeltro, duc d’Urbino. Les grandes lettres rouges au centre indiquent en grec : Παλαιστινης ou Palaistinis.


Autre carte de la Palestine de Ptolémée 

 Carte vénitienne de 1300

Abraham Ortelius, Palestinae Sive Totius Terrae Promissionis Nova Descriptio Auctore Tilemanno Stella Sigenens (Une nouvelle description de la Palestine ou de toute la Terre promise par l’auteur Tilemannus Stella Sigenens.), extrait de l’édition allemande de 1572 de son Theatrum Orbis Terrarum, le premier atlas moderne.

Smotrich n’était pas le premier haut responsable israélien à nier l’existence du peuple palestinien. Il faisait clairement écho au fameux dicton de Golda Meir : « Les Palestiniens, ça n’existe pas », ainsi qu’aux remarques plus récentes de la députée du Likoud Anat Berko, qui a affirmé que le peuple palestinien n’existait pas « parce qu’il ne peut pas prononcer la lettre P », une déclaration qui pourrait faire un titre dans The Onion (site satirique].

Ces dernières années, nier l’existence nationale des Palestiniens est devenu un stéréotype faux-cul populaire parmi les politiciens pro-israéliens en Occident également. Les politiciens conservateurs usaméricains ont nié à plusieurs reprises l’existence des Palestiniens à des fins politiques. Pour Mike Huckabee [ancien gouverneur républicain de l’Arkansas et pasteur baptiste, NdT] : « Les Palestiniens n’existent pas vraiment ». Pour Newt Gingrich, ancien président de la Chambre des représentants : « Il n’y a pas eu d’État palestinien, je pense que le peuple palestinien a été inventé ».

Une fois de plus, les Palestiniens se trouvent dans l’obligation de défendre leur existence même en tant que peuple. Heureusement, les données historiques sont sans ambiguïté et parlent d’elles-mêmes : Les Palestiniens sont connus sous le nom de Palestiniens depuis le XIXe siècle.

 

L’édition du 18 août 1931 du journal Filastin. Photos : Archives Filastin

Les références aux Palestiniens en tant que peuple remontent aux années 1870, lorsque des voyageurs et diplomates usaméricains et européens en Palestine ont commencé à désigner les habitants arabes de la Palestine comme “Palestiniens”. Parmi eux, le consul britannique à Jérusalem, James Finn, le missionnaire protestant allemand Ludwig Schneller et la voyageuse irlando-usaméricaine Adela E. Orpen, qui ont tous appelé les habitants arabes musulmans et chrétiens de la Palestine “Palestiniens”.

C’est avec l’écrivain palestinien Khalil Baydas (1874-1949) que l’appellation “palestinien” s’est imposée en arabe. Baydas a été le premier Arabe à utiliser le terme “palestinien” au sens moderne et national du terme. En 1898, il publie une traduction arabe d’un traité russe populaire, Description de la Terre Sainte. Son objectif était évidemment patriotique. « Les livres arabes de géographie sur le sujet étaient insuffisants », écrit-il dans l’introduction. « Le peuple de Palestine avait besoin d’un livre de géographie sur son pays ». Le reste de l’ouvrage est truffé de références aux Palestiniens en tant que peuple.

Au XXe siècle, après que la révolution constitutionnelle ottomane a assoupli les lois sur la censure de la presse en 1908, des dizaines de périodiques sont apparus en Palestine, et le terme “palestinien” a ainsi gagné en popularité. Entre 1908 et 1914, le terme apparaît quelque 170 fois dans plus de 110 articles de livres et de journaux arabes.

En 1911, Isa al-Isa et Yusif al-Isa, des cousins palestiniens de Jaffa, ont fondé ce qui allait devenir le journal le plus populaire de Palestine, pour lequel ils ont choisi le nom de Filastin. En fait, des années avant la fondation de Filastin, plusieurs autres Palestiniens, dont Ilyas Bawwad à Safed et Yusuf Siddiqi à Hébron, avaient tenté de lancer un journal appelé Palestine ou Filastin, mais aucune de ces tentatives ne s’était concrétisée.

Un sentiment d’identité palestinienne se développe en Palestine et au-delà, et les Palestiniens de l’Est à l’Ouest adoptent rapidement cette identité. Entre 1908 et 1914, une multitude d’associations “palestiniennes” sont créées à Chicago, Beyrouth et Istanbul.

L’occupation britannique de la Palestine pendant la Première Guerre mondiale n’a fait qu’accélérer le rythme d’adoption de l’identité nationale palestinienne. En 1919, craignant la montée du sionisme et de l’immigration juive en Palestine, le premier congrès arabe palestinien se tient à Jérusalem. Le 3 septembre 1921, le journal Filastin déclare : « Nous sommes d’abord des Palestiniens et ensuite des Arabes ».

L’identité palestinienne ne tardera pas à se répandre dans les villes et les villages de Palestine. En 1925, l’éminent éducateur palestinien Khalil Sakakini a parcouru la campagne palestinienne en tant que représentant de la délégation du sixième Congrès arabe palestinien. Il s’en souviendra plus tard : « La nation palestinienne vivait une phase de lune de miel du nationalisme ».

Sixième congrès national palestinien, Jaffa, octobre 1925. Photo : Institute of Palestine Studies.

Même les dirigeants sionistes ont été contraints de reconnaître l’existence d’une identité nationale palestinienne. En 1923, Ze’ev Jabotinsky écrit : « le peuple arabe de Palestine dans son ensemble ne vendra jamais ce patriotisme fervent qu’il garde si jalousement ». En 1929, David Ben-Gourion prévient qu’un mouvement national arabe palestinien est en train de naître.

Grâce au Grand soulèvement palestinien, qui a duré de 1936 à 1939, le terme “palestinien” était tout simplement omniprésent dans la presse à la fin des années 1930. De nombreux écrivains palestiniens, par exemple, tenaient à souligner que des familles “non palestiniennes”, notamment les Sursuq (ou Sursock), avaient vendu des “terres palestiniennes” aux sionistes. Les écrivains arabes ont également invoqué le terme pour faire l’éloge des “Palestiniens” qui ont joué un rôle clé dans le mouvement littéraire arabe d’avant-guerre, ou de ceux qui ont rejoint la Grande Révolte arabe, dirigée par l’émir Faysal Ier  pendant la Première Guerre mondiale.

Tout cela montre que les Arabes de Palestine sont connus sous le nom de Palestiniens depuis [au moins] le dix-neuvième siècle et qu’ils se sont toujours identifiés comme Palestiniens.

Alors pourquoi les propagandistes racistes comme Smotrich ressentent-ils constamment le besoin de nier l’existence des Palestiniens ? Parce que la notion même de peuple palestinien rappelle constamment que l’entreprise sioniste a été fondée sur l’effacement de l’identité nationale des Palestiniens. Mais l’histoire nous enseigne que le peuple palestinien existait bien avant la création de l’État d’Israël, et même avant le mouvement sioniste moderne.

 NdT
La palme de l'infamie revient sans doute à Shmuel Trigano, dans l'article Le passé historique du mot « Palestine » – Peleshet/Philistie, Plishtim/ Philistins/Envahisseurs (2021). Il écrit :
C’est le KGB qui en 1964 réécrivit l’histoire pour les « idiots utiles » d’Occident, la gauche socialiste, communiste, tiers mondiste, en faisant de la guerre des Arabes contre les Juifs (ce que fut excactement la guerre de 1948 rassemblant plusieurs pays arabes contre Israël, une guerre semi nationaliste, semi djihadique), une guerre nationale palestinienne contre le colonialisme occidental.” [sic]

 

 

 

04/06/2023

ANTONIO MAZZEO
Le marché de l’armement italien est toujours florissant : la holding Leonardo réalise des affaires juteuses avec l’Algérie

Antonio Mazzeo, Africa ExPress, 1/6/2023
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

Alger est l’un des principaux partenaires commerciaux et militaires de la Russie sur le continent africain, mais l’Italie ne cesse de faire des affaires de millions de dollars avec elle. Après les accords stratégiques signés dans le secteur de l’énergie par ENI avec l’entreprise publique SONATRACH, c’est le complexe militaro-industriel qui frappe aux portes du gouvernement de la République algérienne démocratique et populaire pour développer la production et les commandes dans le secteur de l’industrie de guerre.

 
Le secrétaire de la Défense, Luciano Portolano, et les représentants de Leonardo à Alger

Le 25 mai s’est achevée la visite institutionnelle en Algérie du secrétaire général de la Défense et directeur national de l’armement, le général Luciano Portolano, et d’une délégation de hauts responsables de Leonardo SpA, conduite par Pasquale Di Bartolomeo (directeur commercial du groupe).


Portolano et Benchiba

Dans la capitale maghrébine, la délégation italienne a rencontré le secrétaire du ministère de la Défense, le général de division Mohamed Salah Benbicha. Avant de quitter Alger, le général Portolano et le Dr Di Bartolomeo ont visité le site industriel d’Aïn Arnat, dans la province de Sétif (nord-est de l’Algérie), siège de la coentreprise créée en mars 2019 par Leonardo et EPIC/EDIA (Établissement public de caractère industriel/Établissement de développement des industries aéronautiques), une entreprise publique qui opère dans le domaine industriel militaro-aéronautique.

« Le secrétaire général de la défense et directeur national de l’armement a souligné que, dans ce cas également, la synergie entre le ministère de la défense et l’industrie italienne est un exemple de l’efficacité du système de défense du pays », rapporte l’état-major de la défense. « L’occasion a permis de donner une impulsion supplémentaire afin que toutes les conditions nécessaires pour rendre concrètement opérationnelle la joint-venture industrielle italo-algérienne et passer à la phase industrielle de l’assemblage des hélicoptères soient finalisées ».


L’hélicoptère AW 139

« En particulier, des contingences ont été créées pour accélérer le calendrier de signature des accords auxiliaires et la commande des sept premiers hélicoptères AW139 sur un total de 70 (dont 53 pour le marché algérien) », ajoute la Défense. « L’homologue algérien a confirmé l’avancement des négociations et le fait que le ministère algérien de la Défense lui-même a déjà alloué les ressources financières nécessaires pour garantir la durabilité industrielle dans les années à venir ».

Luciano Portolano a rencontré son homologue algérien, Mohamed Salah Benbicha, à l’occasion du 12ème Comité bilatéral Italie-Algérie, qui s’est tenu à Alger le 2 mars. L’objectif central du sommet était de renforcer le partenariat et les relations bilatérales industrialo-militaires, en commençant bien sûr par la relance de l’accord Leonardo-EPIC/EDIA pour la production d’hélicoptères de guerre, après le “ralentissement” dû à la pandémie de Covid 19.


2016

L’usine d’Aïn Arnat est détenue à 51 % par le ministère algérien de la Défense et à 49 % par la holding italienne. Selon l’accord de 2019, Leonardo assurera l’assemblage, la vente et la prestation de services pour divers modèles d’hélicoptères AgustaWestland, principalement pour les besoins nationaux algériens (avions de transport légers et moyens, évacuation médicale, surveillance et contrôle). Une partie de la production sera destinée à l’exportation vers les marchés d’Afrique et du Moyen-Orient ; la coentreprise fournira également aux clients des services après-vente tels que la réparation et la révision, la formation et le développement de capacités technologiques dans le domaine de la production de matériaux aéronautiques.

Le groupe Leonardo (anciennement Finmeccanica) a obtenu d’autres commandes importantes dans le secteur militaro-sécuritaire en Algérie. En janvier 2008, les filiales SELEX Sistemi Integrati et Elsag Datamat ont signé un contrat d’une valeur de 230 millions d’euros avec la Gendarmerie nationale pour la fourniture d’équipements et de systèmes de surveillance, de contrôle et de sécurité, soutenus par un réseau de communication pour l’intégration de différentes technologies.

Plus précisément, une structure C4I (commandement, contrôle, communication, informatique et renseignement) flexible a été fournie, avec de multiples centres opérationnels régionaux et intermédiaires, des postes de commandement mobiles, ainsi que 250 centres de contrôle locaux à déployer dans toute l’Algérie.

SELEX Sistemi Integrati, en tant que maître d’œuvre, s’est chargée de la logistique, de la formation des techniciens algériens et du service après-vente ; SELEX Communications a fourni le système de communication mobile TETRA, ainsi que les connexions radio HF, satellite et micro-ondes. Elsag Datamat, pour sa part, a fourni les applications logicielles pour l’exploitation des systèmes de surveillance.

Le 15 juillet 2010, lors d’une visite officielle en Algérie du ministre des Affaires étrangères de l’époque, Franco Frattini, une commande de 30 hélicoptères AgustaWestland d’une valeur de 460 millions a été annoncée pour “renouveler” la flotte des forces armées algériennes.

En fait, selon le site spécialisé sud-africain Defenceweb, entre 2010 et 2016, le groupe italien a fourni aux forces armées, à la police et à la gendarmerie algériennes environ soixante-dix hélicoptères de différents types, pour un montant total de 1,3 milliard de dollars (8 AW101, 24 AW109, 8 AW119 Koala pour la formation des pilotes, 20 AW139 et 10 Super Lynx).

Leonardo a également livré un lot de canons OTO Melara 127/64 LW (Lightweight) pour armer les nouvelles frégates Meko A200 de la marine algérienne, qui seront construites en Allemagne à partir de 2016 par le groupe ThyssenKrupp Marine Systems.

Les frégates Meko A200 sont également équipées de torpilles anti-sous-marines MU90 fabriquées par le groupement européen Eurotorp, détenu à 50 % par WASS - Whitehead Alenia Sistemi Subacquei S.p.A., une société de la holding Leonardo basée à Livourne.

AMEER MAKHOUL
Comment les dirigeants israéliens menacent de faire la guerre à l’Iran pour résoudre la crise interne

Ameer Makhoul (bio) , middleeasteye.net, 31/5/2023
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

La récente “guerre des menaces” a révélé la profondeur de la crise économique et financière d’Israël résultant du coup d’État judiciaire entrepris par le gouvernement actuel

Le chef de l’état-major général de l’armée israélienne, Herzi Halevi, s’exprime lors de la conférence de Herzliya le 23 mai 2023 (Twitter)

La conférence d’Herzliya des 22 et 23 mai, qui s’est tenue à l’université israélienne Reichman, a servi de cadre à l’amplification des menaces militaires contre des cibles régionales, notamment le Liban et l’Iran. Selon le chef d’état-major des forces israéliennes, Herzl “Herzi” Halevi, des attaques "aériennes, maritimes et terrestres" sont envisageables.

 S’exprimant lors de la conférence, Halevi a évoqué la possibilité d’une attaque préventive israélienne : « Des développements négatifs pourraient nécessiter une action contre l’Iran. Le moment d’une attaque [militaire] préventive contre le Hezbollah qui garantirait notre avantage devrait être examiné... [Hassan] Nasrallah ose nous affronter, mais le rétablissement après la guerre serait extrêmement difficile pour le Liban ».

 La conférence a coïncidé avec des visites de bases militaires stratégiques par le Premier ministre
Benjamin Netanyahou et le ministre de la Sécurité Itamar Ben-Gvir, qui se sont récemment fait l’écho de ces sentiments dans leurs déclarations publiques.

 Cette année, la conférence annuelle sur la sécurité avait pour thème “Visions et stratégies à l’ère de l’incertitude”, partant du principe que l’État juif serait au bord d’une guerre régionale désastreuse. Dans ce contexte, les dirigeants militaires et gouvernementaux du pays ont multiplié les menaces explicites à l’encontre de l’Iran, du Hezbollah, de la Syrie et du Liban.

 

"L'Iran est une menace pour la paix"-Sur la hache : "Colonies"
Carlos Latuff

Se préparer à la guerre

Le ministre de la Défense, Yoav Gallant, a déclaré lors de la conférence qu’Israël se préparait à ce qu’il a décrit comme une “guerre difficile, complexe et sur plusieurs fronts”. Il a accusé les Gardiens de la révolution iraniens de “transformer des navires commerciaux civils en bases militaires, en transporteurs de drones et en bases terroristes maritimes au Moyen-Orient”.

Il est intéressant de noter que ces menaces semblent avoir suscité plus d’intérêt de la part des médias étrangers que de la part des médias israéliens.

Gallant a ajouté : « Ces plates-formes terroristes maritimes représentent une extension du terrorisme maritime de l’Iran dans le golfe Persique et la mer d’Arabie, avec l’ambition d’étendre sa portée à l’océan Indien, à la mer Rouge et peut-être même à la mer Méditerranée ».

 Gallant propose une “solution” : « Seules la coopération internationale et la mise en place d’une coalition contre le terrorisme iranien dans le Golfe, ainsi qu’une menace militaire réelle contre chaque front, permettront d’affronter le plus efficacement possible le terrorisme iranien, que ce soit dans les airs, en mer ou sur terre ».

 Par ailleurs, le chef de la direction du renseignement militaire, le général Aharon Haliva, a lancé un avertissement : « Nasrallah est sur le point de commettre un faux pas qui pourrait plonger la région dans une guerre importante ». Il a évoqué un
incident récent impliquant un combattant du Hezbollah qui a franchi la frontière israélienne et posé un engin explosif près du carrefour de Megiddo, à l’intérieur du pays, disant qu’il n’était ni accessoire ni unique.

Haliva a souligné que l’Iran continuait d'avancer dans ses ambitions nucléaires, en progressant dans l’enrichissement de l'uranium. Il a déclaré : « Nos évaluations indiquent que l’Iran n’a pas encore pris la décision définitive d’obtenir des armes nucléaires. Israël reste vigilant et suit de près tous ces changements ».

Haliva a ajouté que
le retour de la Syrie au sein de la Ligue arabe, ainsi que le réchauffement des relations et la visite du président Bachar Al Assad en Arabie saoudite, laissent présager une remontée du moral et de l’assurance des Syriens, ce qui pourrait renforcer le défi que représente la Syrie pour Israël.

Dans une contradiction apparente, la rhétorique exacerbée menaçant d’une guerre préemptive imminente contraste fortement avec la nature même de la guerre préemptive, qui repose traditionnellement sur des éléments de tromperie et de surprise.

La perception unilatérale selon laquelle le Hezbollah a été dissuadé depuis 2006, associée aux affirmations de la conférence d’Herzliya selon lesquelles il est désormais plus audacieux dans sa confrontation avec Israël, néglige un point essentiel, à savoir qu’Israël lui-même aurait pu être dissuadé. La dissuasion est en effet une voie à double sens. Cette notion a d’ailleurs été illustrée par la récente résolution de la crise du gaz en Méditerranée orientale, ainsi que par le barrage de missiles qu’Israël a essuyé depuis le Sud-Liban il y a quelques semaines.

Plusieurs analystes militaires soutiennent que le mandat de Netanyahou en tant que premier ministre pendant la majeure partie de la dernière décennie, en particulier ses efforts pour saper l’accord sur le nucléaire iranien jusqu’à son abandon par l’administration Trump, a peut-être posé par inadvertance un risque stratégique pour Israël.

 Cette affirmation découle de l’observation que le rythme de l’enrichissement de l’uranium et le développement de missiles à longue portée en Iran se sont tous deux accélérés, à la suite du retrait des USA
de l’accord. Ils ajoutent que tout acte d’agression contre l’Iran pourrait inciter ses dirigeants à accélérer l’achèvement de son projet nucléaire militaire, ce qui est tout à fait contraire aux intérêts stratégiques d’Israël.



Emad Hajjaj

 Motivations politiques

L’analyste politique israélien Ronel Alfer et l’analyste militaire Amir Oren affirment dans Haaretz que la position adoptée par les dirigeants militaires, les institutions de sécurité et le gouvernement actuel est principalement destinée à l’opinion publique israélienne. Selon les analystes, la menace de guerre est devenue un cliché, bien qu’elle prévienne efficacement l’insubordination militaire potentielle parmi les pilotes.

Ils estiment en outre que ce climat d’alerte accrue aide Netanyahou à atteindre son objectif, qui est d’écarter ses rivaux politiques, tels que Ben-Gvir et le parti Otzma Yehudit (Pouvoir juif), et d’intégrer le chef de l’opposition, Benny Gantz, dans un gouvernement de coalition d’urgence. Ils estiment en outre que l’intégration de Gantz dans le gouvernement pourrait obtenir l’approbation de l’administration Biden.

Alfer évoque en outre la possibilité qu’Israël mette en péril sa propre sécurité pour tenter de faire dérailler les efforts de “réforme judiciaire” et de surmonter la crise interne en cours. Selon lui, cela pourrait déboucher sur un conflit motivé par des objectifs politiques internes.

 À la suite de ses attaques contre Gaza, Netanyahou a réussi à regagner une partie de sa
popularité et de sa stature perdues, mais ce rebond est notablement limité et n’a pas modifié l’orientation dominante de la politique intérieure israélienne.

La population israélienne est actuellement plus préoccupée par l’état de l’économie, l’escalade des prix et l’appréhension d’un effondrement économique que par les questions relatives à l’Iran. La pression économique a été encore exacerbée par le spectre de la guerre, qui a entraîné une dépréciation marquée du shekel israélien par rapport aux devises étrangères, ce qui laisse présager de nouvelles hausses de prix et une inflation financière.

En outre, les événements en cours coïncident avec la ratification d’un budget d’État de deux ans pour lequel Netanyahou s’est manifestement plié aux exigences de ses partenaires de coalition, à savoir les sionistes religieux et les Haredim.

Manque de capacité

Bien qu’elle reste entourée d’incertitude et de scepticisme, une autre question clé est de savoir si Israël est préparé à une guerre bien calculée contre le Hezbollah et l’Iran. Plusieurs analystes ont conclu qu’Israël, malgré ses formidables capacités militaires et ses prouesses dans l’utilisation de l’intelligence artificielle à des fins militaires, pourrait ne pas être en mesure de dicter pleinement l’issue, la trajectoire et l’ampleur d’une telle guerre.

La capacité du front intérieur israélien à supporter une guerre d’une ampleur presque totale est tout aussi obscure.

Selon les déclarations du chef d’état-major israélien, la menace du Hezbollah a été gérée efficacement depuis 2006. Toutefois, cette même période illustre également la position similaire d’Israël en matière de dissuasion. Pendant toutes ces années, la frontière nord est restée l’une des lignes de confrontation les plus pacifiques.

En outre, l’accord définissant la démarcation des frontières maritimes entre le Liban et Israël, en particulier en ce qui concerne l’exploration gazière, témoigne de cette double dissuasion politique et militaire. Les récentes déclarations de l’état-major israélien viennent compléter ce tableau complexe. À la suite de la dernière agression contre Gaza, les autorités israéliennes ont précisé que les évaluations appropriées pour évaluer les attaques contre le Jihad islamique ne s’appliquaient pas au front nord, où opère le Hezbollah.

 Cette déclaration fait suite aux travaux de la conférence d’Herzliya, où, selon les évaluations israéliennes, le Hezbollah a été qualifié de front le plus redoutable de l’Iran.

 Si l’objectif de ces menaces est de rajeunir la capacité de dissuasion d’Israël, cela correspondrait à l’affirmation de Netanyahou sur la supériorité d’Israël dans le domaine de “l’intelligence humaine et artificielle”. Cette dernière partie concerne les opérations militaires, les cybercapacités et “l’influence sur l’opinion publique et le moral de l’adversaire”.

 Toutefois, l’Iran et le Hezbollah considèrent le gouvernement de. Netanyahou comme un facteur qui a affaibli Israël sur le plan stratégique, ce qui se reflète dans la diminution de son influence régionale. Pour eux, le leadership actuel offre plus d’opportunités que de risques. Revenant apparemment sur ses menaces, un porte-parole de l’armée israélienne a déclaré aux médias étrangers le 24 mai que les avertissements émis par les dirigeants politiques et militaires du pays « ne signifient pas qu’une guerre se profile à l’horizon, ni qu’Israël va frapper l’Iran de manière imminente ».



La Chine parraine l'accord entre l'Iran et l'Arabie saoudite
Emad Hajjaj

Changement d’alliances

Dans un paysage régional en mutation, des signes naissants de réconciliation interarabe et arabo-iranienne apparaissent. Dans le même temps, Israël et les USA affirment que l’Iran aide la Russie en lui fournissant des drones et des missiles dans le cadre du conflit russo-ukrainien.

En fin de compte, il est peu probable que l’escalade des menaces des dirigeants israéliens précipite une guerre à grande échelle

Cet alignement de l’Iran sur la Russie et la Chine, tel qu’il est perçu par Netanyahou, pourrait susciter l’intérêt des USA pour une éventuelle attaque contre l’Iran, mettre un terme à la détente entre l’Arabie saoudite et l’Iran et entre les pétromonarchies du Golfe et la Syrie, et limiter les efforts arabes visant à instaurer un nouvel ordre mondial fondé sur la multipolarité plutôt que sur une configuration unipolaire.

Les analyses israéliennes suggèrent qu’en menaçant d’une guerre régionale, Netanyahou pourrait accélérer les pressions usaméricaines sur l’Arabie saoudite pour qu’elle normalise ses relations diplomatiques avec Israël. Cet effort comprend actuellement des mesures limitées à court terme telles que la facilitation des vols directs entre Israël et l’Arabie Saoudite pour transporter les pèlerins du Hadj parmi les Palestiniens de 1948.

Il est de plus en plus douteux que la guerre de menaces orchestrée par Israël se transforme en une véritable guerre, une entreprise qui présente des risques dépassant de loin toute capacité à en prédire les conséquences - potentiellement dévastatrices non seulement pour le Liban, mais aussi pour Israël lui-même.

Le récent assaut israélien sur Gaza, qui visait spécifiquement le mouvement du Jihad islamique, relativement petit et de capacité limitée, a mis en évidence l’incapacité d’Israël à contrôler efficacement la progression de l’offensive ou à dicter sa conclusion. Comme l’a déclaré Halevi, la situation sur le front nord est totalement différente de celle de Gaza, et les mêmes stratégies ne peuvent être employées.

Dans ces conditions, il semble que l’influence régionale d’Israël ait diminué de manière significative et palpable. Il est également très peu probable que les dirigeants israéliens parviennent à remodeler les priorités mondiales des USA au profit de leur propre agenda politique. Par ailleurs, la “guerre des menaces”, répétée depuis 2004 et en particulier en 2013 et 2014 avant la conclusion de l’accord international sur le programme nucléaire iranien, est devenue inefficace.

Les objectifs de cette rhétorique sont axés sur des gains à court terme plutôt que sur une stratégie à long terme. La “guerre des menaces” actuelle a révélé la profondeur de la crise économique et financière d’Israël résultant du coup d’État judiciaire entrepris par le gouvernement actuel.

Alors que certaines guerres ont pu soutenir l’économie israélienne dans le passé, elles sont devenues désastreuses pour l’économie, qui retient actuellement l’attention de la société israélienne plus que toute autre question. Cela indique que la crise politique interne israélienne, le coup d’État judiciaire et ses résultats sont à l’origine de l’érosion de la dissuasion israélienne, parallèlement aux transformations régionales et mondiales mentionnées précédemment.

 En fin de compte, il est peu probable que l’escalade des menaces des dirigeants israéliens précipite une guerre à grande échelle. Et bien que les manœuvres diplomatiques usaméricaines puissent favoriser une certaine détente entre Israël et l’Arabie saoudite, la perspective de relations diplomatiques formelles reste incertaine.