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28/10/2022

SUPRIYO CHATTERJEE
Rishi Sunak PM: Karma curry for white Britannia

Supriyo Chatterjee, Tlaxcala, 28/10/2022

Almost two centuries after Thomas Babington Macaulay, perhaps the most eloquent ideologue of the British empire, drafted his vision of crafting “a class who may be interpreters between us and the millions whom we govern; a class of persons, Indian in blood and colour, but English in taste, in opinions, in morals, and in intellect”, one of his products now governs Britain. This is not without significance, but neither is it a revenge of the peripheral natives on the metropolis. More a triumph of class interests over skin colour on all sides.

Rishi Sunak (or Rashid Sanook, as comedy gold Joe Biden called him) is young, rich, very rich, well-groomed as men of his class are,  and an unapologetic child of the Empire. His grandparents migrated to Africa from Punjab and his parents moved to Britain. In Africa, the Indians were skilled workers and clerks and supervised African labour. They played the part of colonial intermediaries that Macaulay had set out for them, this time in an alien continent.

The Africans largely detested these settler-colonial Indians. Most of them, as Orientalists of colour, followed their colonial masters back to Britain, preferring to face the racism of the white Britons to staying in independent Africa or returning to India. The African Indian contingent, like the Hong Kong Chinese brigade, is ferociously loyal to Britain and believes in the idea of its civilised empire .

Young Sunak, born in Britain, had privileged private education, worked for the financial sector, including at Goldman Sachs, as successful higher-caste Indian yuppies do since it does not involve manual labout and married the daughter of an Indian billionaire. Most of the Sunak family wealth comes from his wife's side, but now she gets to live in Downing Street, a privilege money can buy if cleverly invested.

As a loyal child of the empire, Sunak's political home is the Conservative Party where they believe in Thatcher's motto of greed is good. He is the richest member of Parliament, twice as rich as King Charles, and there are whispers that he has put away money in offshore bank accounts. His wife was found to be avoiding taxes in Britain and he was fined for violating Covid norms. In short, there can be no questions of his impeccable credentials for the party of law and order.

Sunak is an accidental Prime Minister. He has been in parliament for only seven years. As Chancellor during the Covid lockdown, his handling of the economy was somewhere between poor and disastrous. He was lucky that Boris Johnson and Liz Truss both stumbled in their jobs.  The opposition Labour Party has purged its Socialist wing and recast itself as an establishment B team. Brexit has radicalised the Conservative rank and file, so Sunak had to be appointed rather than elected by party members, who had have voted Boris in again.

Sunak's opponents withdrew from the race without saying why or who had persuaded them to and the men in the shadows annointed Sunak as their man. The British version of the deep state saw in him a safe pair of hands, their best bet in a mediocre field. Sunak is not the first ethnic Indian head of government in Europe: Ireland and Portugal have had them before. His position as a British Prime Minister of colour is nevertheless a novelty. Macaulay might have been a visionary, but it is difficult to believe that even he would have predicted that the British ruling class would one day need a “learned native” to keep the white population in check. Worse, Enoch Powell's threat of  rivers of blood has been reduced to a foaming torrent of tasteless curry.

 

 

 

27/10/2022

ADAM RAZ
Pourquoi Israël a secrètement décidé d'effacer la Ligne verte des cartes

Adam Raz, Haaretz, 9/9/2022
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

النسخة العربية  لماذا قررت إسرائيل محو الخط الأخضر سراً؟

Les procès-verbaux des réunions très secrètes du cabinet en 1967 révèlent comment la décision d'effacer la Ligne verte de la carte officielle d'Israël a été prise. Et ce n'était pas la seule chose qui a été effacée

Une tempête médiatique a éclaté le mois dernier à la suite de la décision de la municipalité de Tel-Aviv d'accrocher dans les salles de classe des cartes d'Israël montrant la Ligne verte – la ligne d'armistice sur laquelle Israël et ses voisins se sont mis d'accord en 1949, à la suite de la guerre d'indépendance d'Israël. Jusqu'en 1967, cette ligne représentait la frontière orientale de facto d'Israël et délimitait son territoire souverain. La ligne n'est pas apparue sur les cartes officielles de l'État d'Israël pendant toutes les années de l'occupation, et ce délibérément, à la suite de décisions secrètes prises par le cabinet de sécurité à la fin de 1967. Au lieu de la Ligne verte, il a été décidé de désigner les frontières (non officielles) d'Israël par les lignes de cessez-le-feu de la guerre de six jours qui a eu lieu en juin de la même année, englobant les territoires de la Cisjordanie (y compris Jérusalem-Est), la bande de Gaza, la péninsule du Sinaï et les hauteurs du Golan.

Depuis lors, les cartes officielles imprimées par Survey of Israel, le service cartographique gouvernemental, n'ont pas établi de distinction entre le territoire de l'État tel qu'il était à la veille de la guerre de 1967 et ce qu'il comprenait par la suite. Dans la pratique, comme le montre la carte officielle, Israël (et non « État de » ni « Terre de ») s'étend de la mer Méditerranée, à l'ouest, au Jourdain, à l'est. La décision politique de 1967 d'effacer la ligne de la carte officielle a peut-être eu pour but de laisser ouvertes toutes les options concernant l'avenir de ces territoires. Toutefois, avec l'établissement de colonies de peuplement dans les territoires occupés et leur transformation, aux yeux de beaucoup, en une partie intégrante d'Israël, l'effacement de la ligne est passé d'un exercice cartographique à une réalité politique. La Ligne verte a en fait été oubliée et, pour de nombreux Israéliens, elle n'existe plus concrètement.

La réaction du maire Benny Kashriel, de Ma'aleh Adumim, une colonie urbaine en Cisjordanie, à la décision de la mairie de Tel-Aviv reflète fidèlement la réalité politique d'Israël. Selon Kashriel, « l'État de Tel-Aviv et ses dirigeants pensent que les frontières de la Terre d'Israël se terminent à Gush Dan [agglomération de Tel-Aviv]. Je les invite à quitter Sheinkin et Ibn Gavirol [rues de Tel-Aviv] et à venir nous voir à Ma'aleh Adumim pour voir de près ce qu'est une colonie. »

Au-delà du verbiage anti-Tel Aviv, qui est à la mode dans certains milieux, la position du maire, selon laquelle Ma'aleh Adumim fait partie d'Israël, reflète une position étatique de longue date. En effet, hityashvut (le terme politiquement neutre utilisé par Kashriel pour « colonisation », au lieu de hitnahlut, le mot habituellement employé, parfois de manière dérisoire, pour désigner la colonisation dans les territoires occupés) est un projet d'État. Cependant, comme les décideurs l'ont très bien compris, il était nécessaire d'être ambigu dès le départ sur la question.

Ainsi, en octobre 1967, lors d'une réunion du comité ministériel sur la sécurité concernant la « disparition » de la Ligne verte, le projet de colonisation n'étant pas encore à l'horizon, le ministre de la Défense Moshe Dayan a clairement indiqué que, selon certains, « nous ne devrions pas manifester nos intentions expansionnistes ». Depuis lors, Israël a clairement manifesté ses intentions. De son côté, le ministre sans portefeuille Menahem Begin a déclaré qu'il « n'était pas d'accord avec le terme « expansion » [hitpashtut, en hébreu], tout comme je n'étais pas d'accord avec le terme « occupation ». C'est une très mauvaise phraséologie. » 

Cartes officielles d'après les guerres de 1948,  1967 et 1973

 

Un certain nombre de réunions des hauts dirigeants israéliens en octobre et novembre 1967 ont été consacrées à l'avenir de la Ligne verte sur des cartes publiées par l'État. Pour les participants, il était clair que la décision sur le sujet n'était pas anodine. À la suite de la décision prise par le gouvernement à l'automne d'annuler les lignes d'armistice de 1949, le ministre du Travail, Yigal Allon, a soumis une résolution au comité ministériel sur la sécurité. Allon dit : « Ma proposition est simple. Prendre un instantané de la vraie réalité reconnue, telle qu'elle est. » 

 

« Assis sur de nouvelles lignes »

Ce qu'il voulait dire, c'est que l'État devrait publier des cartes basées sur le « statut du cessez-le-feu » dans la guerre des Six Jours et non sur celui des lignes d'armistice de 1949. En d'autres termes, effacer la frontière orientale reconnue d'Israël de la carte officielle. Comme l'a expliqué Allon lors d'une des réunions : « La logique est la suivante : le gouvernement a décidé que lors de la déclaration de la guerre des Six Jours, les accords d'armistice ont cessé d'exister, avec tout ce que cela implique. S'il n'y a pas de lignes d'armistice, il n'y a pas de frontières... Nous sommes assis sur de nouvelles lignes, qui ont le statut de lignes de cessez-le-feu. »

Pratiquement tous les ministres étaient en faveur du projet de résolution. Le Premier ministre, Levi Eshkol, l'a accepté, expliquant dans l'une des discussions : « C'est aujourd'hui une carte qui n'est qu'un instantané de la situation existante. [Mais] cela ne signifie pas que c'est la carte finale. » Les ministres étaient conscients des implications de leur décision. Le ministre du Commerce et de l'Industrie, Zeev Sherf, a noté que « la publication d'une carte du service cartographique gouvernemental est un acte politique, important et grave ». C'est pourquoi Eshkol a dit qu'il « préférerait que nous n'ayons pas d'opinions divergentes à ce sujet ».

Le ministre de la Police Eliahu Sasson, qui était également en faveur de la décision, a expliqué la logique qu'il y a trouvée : « Les territoires administrés sont trois fois plus grands que la zone précédente de l'État d'Israël. Il y a des pays qui savent que nous avons conquis tel ou tel territoire, mais ils n'imaginent pas la taille des territoires que nous avons conquis. Si nous leur donnons une carte sur laquelle nous marquons séparément les territoires administrés par les Forces de défense israéliennes, ils verront à quel point Israël était minuscule et quelle est la taille des territoires administrés. Nous ne devrions pas placer une telle carte entre les mains de ceux qui veulent que nous nous retirions des territoires administrés. »

Les discussions ont porté sur divers points. L'un des plus intéressants d'entre eux concernait le titre de la carte : « État d'Israël » ou simplement « Israël » ? « Nous avons convenu, nota Allon, que pour éviter les allégations d'annexions et autres, le titre de la carte serait ‘Israël’ et le sous-titre ‘Carte des lignes de cessez-le-feu’. »

Un débat a été consacré à la question de la censure et à la crainte que la décision d'effacer cette ligne ne devienne publique avant la réunion de l'Assemblée générale des Nations Unies, prévue quelques semaines plus tard, début novembre. C'est le ministre des Affaires étrangères Abba Eban qui a demandé que les cartes ne soient imprimées qu'après les sessions de l'Assemblée générale, et c'est ce qui s'est passé. Cependant, ce n'était pas seulement une question de diplomatie, c'était aussi une question intérieure. En effet, Eban lui-même a déclaré dans l'une des discussions : « Je pense qu'il y a des raisons internes et externes pour effacer la ligne de la carte. »

L'une de ces raisons était probablement le désir d'établir des colonies sur les hauteurs du Golan. À l'époque, la plupart des ministres n'aspiraient pas à un vaste projet de colonisation en Cisjordanie. Mais les choses étaient différentes quand il s'agissait des hauteurs du Golan ; Allon a expliqué que laisser les cartes avec la Ligne verte dessus était quelque chose qui « ne pouvait nous contrarier que dans le cas des hauteurs du Golan ». Il avait raison. Aux yeux de la plupart des Israéliens, les colonies de peuplement qui ont été construites sur les hauteurs du Golan depuis lors sont considérées comme des yeshuvim - terme politiquement neutre – et non comme des hitnahaluyot, le terme utilisé, comme on l'a noté, pour désigner les colonies de peuplement d'après 1967.

Le ministre de la justice Yaakov Shimshon-Shapira a également évoqué la dissimulation de la décision et ses implications. « Des cartes [des lignes] du cessez-le-feu ont déjà été publiées des dizaines de fois. Quel est le secret ici ? Le secret est que le gouvernement a décidé de publier une carte de ce genre en tant que carte officielle. » Ainsi, les décisions du comité ministériel pour la sécurité d'effacer la Ligne verte des cartes officielles ont été qualifiées de « top secret » et n'ont pas été publiées pendant des années.

L'effacement de la ligne n'avait pas pour but de délimiter une nouvelle frontière pour Israël, mais cette question a été soulevée tout au long des discussions. « Il faut qu'il y ait une note [indiquant] qu'il ne s'agit pas d'une carte des frontières du pays, mais des lignes de cessez-le-feu. Cela enlève tout le « piquant » » », a déclaré le ministre de l'Information Israël Galili. Dans la pratique, cependant, la question de la frontière a été divisée en plusieurs questions. Le directeur général du ministère de l'Intérieur, Meir Silverstone, a écrit en septembre 1967 à son ministre, Haim-Moshe Shapira, que « le ministre de la Défense (et peut-être d'autres ministres) sont favorables à une approche de « brouillage » de la frontière entre l'État et le territoire administré. Pour cette raison, ils ne veulent pas que nous nous occupions de la question par le biais d'une supervision des frontières sur la base de la loi sur l'entrée en Israël. »

« Un seul Israël »

Il convient de rappeler que la municipalité de Tel-Aviv n'a pas été le premier organisme à vouloir restaurer la Ligne verte sur les cartes – le sujet a en fait été débattu au fil des ans. Par exemple, en 2006, lorsque le ministre de l'Éducation, Yuli Tamir (travailliste), a lancé une enquête pour déterminer si la ligne pouvait être restaurée sur des cartes dans les manuels scolaires, cela a généré une brève fureur politique. Le fait que la Ligne verte n'apparaisse pas sur les cartes officielles, et que l'histoire de son existence ne soit pas correctement enseignée dans le système éducatif, a permis de reproduire pendant des décennies l'ignorance sur les limites du territoire souverain d'Israël. « Il n'y a pas de Ligne verte. Il y a un Israël. Un enfant dans [la colonie de] Karnei Shmron, dans Netivot [en Israël souverain], dans [les colonies de] Ariel ou Ofra – ils sont un seul et même enfant », a déclaré le ministre de l'Éducation Naftali Bennett des années plus tard. « Nous enseignons sur toute la Terre d'Israël, sans distinction. »

La décision d'effacer la Ligne verte des publications de Survey of Israel a également été adoptée pour d'autres cartes. En décembre 1967, par exemple, de nouvelles cartes ont été imprimées pour marquer les « nouveaux sentiers » de la Société pour la protection de la nature en Israël. « La carte contient les nouveaux sentiers qui ont été marqués dans le désert de Judée libéré, le long desquels des milliers de jeunes vont faire de la randonnée durant quelques jours pendant les sorties de Hanoukka des mouvements de jeunesse », a écrit le journal Lamerhav (l'organe du parti de Galili et Allons, les travaillistes). La Ligne verte, notait-on dans l'article, avait été « complètement retirée de la carte ».

Les considérations étaient très claires. Dans l'une des discussions sur la question, le Premier ministre Eshkol a explicitement fait référence à la considération cachée qui sous-tend l'effacement de la Ligne verte et la décision de le garder secret, disant : « Nous savons tous pourquoi une mariée vient se tenir sous le dais*. Mais nous n’en parlons pas ».

NdT

*Dais : la houppa est un dais sous lequel les mariés juifs se tiennent lors de la cérémonie de mariage, pour symboliser le foyer commun qu’ils fondent


 

Pour apporter un peu d'oxygène, quelques cartes de la Palestine, réalisées par Rami Abou Qa'adan, un jeune Palestinien de Cisjordanie, sans aucune ligne, ni verte, ni bleue. Yalla Filastin!

 



 

“Ras-le-bol des machines à laver ! Vivement qu’on en revienne à la polygamie !” : Meir Mazzouz, le rabbin tunisien de Bnei Brak, n’en rate pas une

 


Haaretz, 26/10/2022
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

NdT : Meir Mazzouz, illustre rejeton de Matsliah Mazzouz, le rabbin et posseq [docteur ès halakha-loi juive] de Djerba, assassiné en 1971 en Tunisie (son meurtrier était, selon les sources, un “nationaliste arabe” ou un “fanatique musulman” ou même un Palestinien), est le doyen de la yeshiva Kissé Rahamim à Bnei Brak, capitale du sionisme religieux, et pourrait fort bien se retrouver ministre en cas de victoire de Netanyahou aux prochaines élections, étant donné que l’ensemble des partis et groupes  dits orthodoxes se sont coalisés derrière Bibi et son Likoud. Ce partisan de la lapidation des gays et lesbiennes a trouvé l’explication au fait que selon lui, les pays arabes avaient été épargnés par le COVID-19 : ils ont interdit les gay prides ! En revanche, il a expliqué la propagation du virus en Iran par le fait que les Iraniens sont des “tordus” qui “haïssent Israël”. Cet allumé du bocal vient d’en remettre une couche.

“Aujourd'hui, nous avons quatre femmes à la maison. Nous avons une machine à laver, c’en est une. Nous avons une cuisinière à gaz, c’en est une autre. Nous avons un séchoir...” : le chef de la communauté juive tunisienne en Israël, le rabbin Meir Mazzouz, lors de son cours hebdomadaire de Torah diffusé en direct.

Un éminent dirigeant ultra-orthodoxe proche de nombreux députés du camp pro-Netanyahou a été filmé en train de comparer les femmes à des machines à laver et des cuisinières et de pleurer la fin de la polygamie sanctionnée par le rabbinat.

Dans une vidéo de l'une de ses conférences qui a été partagée en ligne, le rabbin Meir Mazzouz, chef de la communauté juive tunisienne en Israël et figure influente dans le monde de la politique nationaliste et ultra-orthodoxe, se plaint qu’« autrefois, la femme faisait tout, même la lessive. Pourquoi était-il permis, à l'époque [talmudique], à un homme de prendre jusqu'à quatre épouses ? Il était fou de chaque femme une semaine par mois ».

« Aujourd'hui, nous avons quatre épouses à la maison. Nous avons une machine à laver le linge, c'en est une. Nous avons une cuisinière à gaz, c’en est une autre. Nous avons un sèche-linge... Autrefois, une femme était un lave-linge, une cuisinière, une meunière, une couturière ».

Mazuz a fait les gros titres cet été lorsqu'il a qualifié les ministres Yair Lapid et Avigdor Liberman de “pires que des nazis”, exprimant l'espoir de leur mort en raison de leur soutien à des changements au statu quo religieux de longue date du pays.

« Il y a beaucoup de mauvaises personnes et nous attendons qu'elles disparaissent un jour du monde », a déclaré Mazzouz lors de sa conférence biblique hebdomadaire diffusée en direct.

« Les nazis aimaient leur peuple. [Lieberman et Lapid] détestent leur peuple. Ils veulent détruire les enfants et les personnes âgées » et fermer les écoles orthodoxes, a-t-il accusé.

Mazzouz est connu pour ses opinions controversées et ses critiques acerbes à l'égard des hommes politiques avec lesquels il est en désaccord. Il avait déjà traité l'ancien Premier ministre Naftali Bennett de "traître" et déclaré que voter pour le ministre des affaires étrangères Yair Lapid revenait à "faire de l'idolâtrie".

En novembre dernier, Mazzouz s'est emporté contre plusieurs groupes au sein du judaïsme, affirmant que les Juifs de l'ancienne Union soviétique et les Juifs réformés sont des non-croyants qui détruisent le judaïsme en Israël.

« Vous devez savoir que ce qui nous arrive n'est pas moins grave que ce qui s'est passé en Russie. Lieberman vient de Russie et en Russie il n'y a pas de religion, il n'y a pas de Dieu, rien, [ce sont] des hérétiques complets », a déclaré Mazzouz à l'époque, ajoutant que « les juifs réformés ont détruit le peuple d'Israël. »

En mars 2020, Mazzouz a affirmé qu'Israël souffrait de la pandémie de coronavirus parce qu'il avait autorisé les parades de gay pride, tandis qu'en 2016, il a prétendu que l'effondrement d'un parking en construction à Tel-Aviv, qui a fait six morts, était dû au manque de respect du shabbat. À l'époque, il était le chef spirituel du parti Yachad, fondé par l'ancien chef du parti ultra-orthodoxe Shas, Eli Yishai.

En 2014, Ynet a rapporté qu'il avait déclaré que les juifs séfarades n'avaient pas péri pendant l'Holocauste parce qu'ils étudiaient la Torah et que l'évasion fiscale des étudiants à plein temps de yeshiva pouvait être autorisée.

Tsahal ne se laisse pas “fragiliser” par les terroristes (parole d'expert)

“L'épisode Abou Aqleh aurait pu fragiliser Tsahal”, mais il n'en a rien été : c'est une des perles de cet “expert” militaire israélien, habitué du studio de la chaîne de propagande israélienne en français i24, interviewé récemment à propos de l'opération destinée à “éliminer le zoo”, comme il appelle les combattants du groupe de Naplouse Arin Al Ousoud (La Tanière des Lions). Notre expert considère en outre que Naplouse se trouve en Israël. Bref, il officialise l'annexion de fait de la Cisjordanie. Deux exemples scolaires du volet médiatique de la guerre contre-insurrectionnelle menée par l'armée la plus morale du monde, en concurrence sérieuse pour ce titre avec l'armée ukrainienne.

 


26/10/2022

YOSSI MELMAN
L'opération en Malaisie montre le recours croissant à l'externalisation par le Mossad

Yossi Melman, Haaretz, 25/10/2022
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

Jusqu'à présent, le Mossad ne s'est écarté de ses méthodes d'opérations spéciales qu'à l'égard de l'Iran. Exploiter une cellule malaisienne pour enlever un expert en informatique palestinien serait un changement pour la « brigade internationale » de l'agence

L'arrestation de ressortissants malaisiens qui, selon des informations locales, ont enlevé un homme de Gaza à Kuala Lumpur au nom du Mossad en septembre et l'ont interrogé sur ses liens avec la branche armée du Hamas, est une erreur embarrassante qui pourrait affecter les plans et les futures opérations d'espionnage israéliennes en Asie du Sud-Est.

Cette affaire a attiré beaucoup d'attention en Malaisie. Plusieurs conclusions peuvent être tirées de cette info. La première, et la plus importante, est que l'opération est apparemment une expansion du recours à l'externalisation [outsourcing] par le Mossad.

Si, dans un passé récent, l'agence a utilisé des agents étrangers principalement pour recueillir des informations et seulement rarement pour des opérations spéciales – la plupart des actions « difficiles » et violentes étant aussi « bleues et blanches » que le drapeau israélien – dans ce cas, des Malaisiens ont apparemment été embauchés pour une opération locale d'enlèvement et d'interrogatoire.

Il s'agit d'un détail important, car jusqu'à présent, il a été signalé que le Mossad ne s'écartait de ses méthodes de fonctionnement et de recrutement que dans le cas de l'Iran.

Le chef du Mossad de l'époque, Yossi Cohen, a laissé entendre en juin 2021, dans une interview d'adieu à l'émission de télévision d'investigation israélienne « Uvda », que des agents étrangers opéraient en Iran pour le Mossad dans son opération de vol des archives nucléaires de Téhéran. Cependant, des informations étrangères ont également attribué des actes de sabotage et des assassinats dans la République islamique au Mossad.

On peut supposer que cette « brigade internationale » subit une formation approfondie, et que les experts du Mossad leur enseignent les secrets de la profession – mais à un niveau inférieur à celui des agents israéliens.

La rigueur du « travail israélien » n'est pas seulement une question de fierté nationale. Le Mossad traitait toujours avec respect les agents étrangers qu'il recrutait ou exploitait, et ne les voyait jamais comme des « traîtres » ou des « mouchards ». De grands efforts ont été déployés pour les convaincre d'être motivés à travailler pour Israël en raison de valeurs, d'intérêts et d'idéologies communs, ainsi que pour établir des liens de fraternité et de solidarité, et non pour exploiter leurs faiblesses. La communauté du renseignement n'a jamais aimé le terme « shtinker » [“puant”, collaborateur, informateur, importé en hébreu israélien de l’allemand stinken, puer, NdT] )pour décrire ses agents étrangers.

D'un autre côté, il est tout à fait logique de compter sur des étrangers dans des États ennemis ou hostiles. La principale considération ici, bien sûr, est de minimiser le risque de capture pour les Israéliens opérant sous des identités étrangères, avec la peine de mort ou d'emprisonnement prolongée que cela impliquerait. De là, il n’y a qu’un pas au recrutement de mercenaires. Le hic est que quelqu'un qui s'enrôle pour une poignée de dollars est susceptible de devenir agent double et d'aller travailler pour l'adversaire si celui-ci paie plus.

En outre, l'utilisation d'étrangers dans des opérations complexes réduit les capacités du Mossad et entrave la pleine exploitation de son potentiel technologique et humain – en raison de la nécessité de ne pas révéler des moyens et des méthodes de fonctionnement avancés à ceux dont la loyauté peut être mise en cause.

Fonctionnement similaire

Selon les médias malaisiens, le Palestinien qui a été enlevé et interrogé est un expert en informatique qui peut pirater des smartphones et est soupçonné de travailler pour le département de cyber-guerre du Hamas.

Toujours sur la base de ces infos, il y a environ quatre ans, le Mossad a recruté une femme locale dans la trentaine, qui a été formée en tant qu'enquêteur privé et en renseignements commerciaaux. On peut supposer que les recruteurs se sont présentés à elle comme les propriétaires d'une entreprise et lui ont offert un emploi – dans ce qui est connu comme « recrutement sous un drapeau étranger ». Selon les infos, elle a ensuite été envoyée en Europe pour y suivre une formation complémentaire.

Pour l'enlèvement, qui aurait eu lieu à 22 h le 28 septembre près des tours Petronas dans la capitale Kuala Lumpur, la femme a recruté 11 personnes localement. La tentative d'enlèvement a été faite lorsque le Palestinien est monté dans la voiture avec un autre programmeur informatique palestinien, mais n'a été que partiellement réussie : la cellule a réussi à attraper un seul d'entre eux dans la voiture, selon les infos locales. Le second s'est rendu à un poste de police dans un délai de 40 minutes et a déposé une plainte.

Selon les rapports, la personne enlevée a été emmenée dans une cabane éloignée, battue et interrogée sur vidéo par deux Israéliens au sujet de ses activités pour le Hamas. Dans de tels cas, les agents du Mossad sont responsables de l'opération tandis que le service de sécurité de Shin Bet est responsable de l'interrogatoire.

La police et les services de sécurité malaisiens ont agi efficacement. Selon les rapports, ils ont localisé la cabane dans les 24 heures, l'ont perquisitionnée, ont libéré la personne enlevée et ont arrêté les personnes impliquées.

Al Jazeera a cité une « source malaisienne bien informée » disant qu'une enquête avait « découvert une cellule du Mossad » dans le pays qui était impliquée dans l'espionnage de sites importants, y compris les aéroports, et qui cherchait à « pénétrer les entreprises électroniques gouvernementales ». La source a également déclaré que deux membres du Hamas avaient quitté la Malaisie immédiatement après l'incident.

Il est clair que si les ravisseurs l'avaient désiré, ils auraient tué la personne enlevée. Cependant, il semble que leur objectif était de l'interroger sur ses compétences et ses connexions, et sur les plans du Hamas.

Il y a quelques mois, il y a eu une opération similaire attribuée au Mossad dans laquelle des inconnus ont enlevé un agent des Gardiens de la Révolution en Iran, l'ont amené en Israël pour l'interroger et l'ont ensuite relâché. Certaines parties de l'interrogatoire ont été divulguées à la chaîne d'opposition londonienne Iran International, considérée comme un porte-voix du Mossad.

La Malaisie est un pays à majorité musulmane qui n'entretient pas de relations diplomatiques avec Israël. Ses dirigeants ont souvent fait des déclarations antisémites [sic], mais on a signalé de légers changements d'attitude ces dernières années. Des touristes de Malaisie se sont rendus en Israël ; des diplomates et des hommes d'affaires israéliens ont rencontré leurs homologues malaisiens ; et certains liens commerciaux se développent également entre les pays. Par le passé, il a également été rapporté que le Mossad avait essayé d'établir des liens avec les services de sécurité malaisiens, mais qu'il avait reçu une fin de non-recevoir.

En même temps, un nombre relativement important de Palestiniens étudient en Malaisie, principalement dans les domaines de la science, de l'informatique et de l'ingénierie – offrant ainsi une réserve potentielle pour le Hamas afin d'améliorer ses capacités dans des domaines tels que les roquettes, les missiles, les drones et la cyber-guerre. Dans le passé, le Shin Bet révélait que des militants du Hamas pratiquait du parapente en Malaisie.

En outre, selon des informations étrangères, c'est là que des membres du Mossad ont assassiné Fadi al-Batsh, un ingénieur électrique palestinien de Gaza qui appartenait au Hamas. Deux inconnus à moto l'ont abattu alors qu'il se rendait à une mosquée locale en avril 2018 – la même année où, selon les rapports, le Mossad a recruté la femme qui était à la tête de la cellule qui a effectué la dernière opération à Kuala Lumpur. Le Hamas a affirmé en janvier dernier avoir arrêté un suspect dans l'assassinat d'al-Batsh.

Aussi embarrassantes soient-elles, les erreurs du type de celles qui se seraient produites en Malaisie portent atteinte à la réputation du Mossad mais constituent un danger professionnel. Lorsqu'un tel événement se produit, des protocoles d'urgence visant à minimiser les dommages et à couvrir les pistes sont activés immédiatement – y compris l'annulation d'opérations similaires en Malaisie ou dans les pays voisins. En d'autres termes, plusieurs années de travail et d'investissements considérables passent à la trappe. [les pauvres, on est bien tristes pour eux, NdT]

Le Cabinet du Premier Ministre, dont relève le Mossad, a refusé de commenter cette affaire.

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