L’indécision
israélienne concernant la guerre en Ukraine est à la fois une erreur morale et
stratégique, a déclaré le ministre de la Défense ukrainien Oleksii Reznikov à Haaretz
dans une interview exclusive. La Russie pourrait rétribuer l'Iran pour son aide
en renforçant son projet nucléaire alors qu'Israël ne fait rien
Le ministre ukrainien de la
Défense, Oleksii Reznikov, arrive à une réunion des ministres de la Défense de
l'OTAN à Bruxelles ce mois-ci. Photo : Kenzo Tribouillard/AFP
Il y a à peine
trois mois, une équipe d'assassins a tenté de tuer Oleksii Reznikov, mais le
ministre ukrainien de la Défense dit qu'il n'a pas peur. « Même s'ils me
tuent, cela ne changera rien », a-t-il déclaré à Haaretz cette
semaine, dans une interview exclusive, la toute première avec un média
israélien. L'Ukraine compte un million de personnes servant dans l'armée, les
services de sécurité, la police et d'autres organisations – qui sont ensemble
contre l'agression de Vladimir Poutine, a déclaré Reznikov. « S'ils me
tuent, rien ne changera, parce qu'il y aura plus de gens pour défendre
l'Ukraine. Quelqu'un d'autre prendra ma position, et nous poursuivrons la lutte
pour la liberté et l'indépendance du pays. Je suis certain que nous vaincrons
l'ennemi et gagnerons. »
L'entretien avec
Reznikov s'est déroulé en anglais, lundi 24 octobre sur Skype, environ deux
heures après sa conversation téléphonique – après de nombreux mois sans contact
– avec le ministre israélien de la Défense Benny Gantz. Reznikov avait l'air
détendu, calme et concentré. Il n'a pas éludé une seule question, mais au début
de l'entretien, il a particulièrement essayé d'utiliser le langage
diplomatique. « Nous avons eu une conversation chaleureuse », a dit
Reznikov à propos de son appel avec Gantz. « Je lui ai souhaité bonne
chance pour les élections et nous avons discuté de toutes les menaces
auxquelles l'Ukraine était confrontée à la suite de l'invasion russe. »
Mais plus tard, le
ministre a choisi ses mots moins soigneusement, et a exprimé sa déception et sa
frustration à l'égard de
la politique d'Israël ménageant la chèvre et le chou dans la guerre.
« Quand je parle avec mes collègues, je comprends que tout le monde a son
propre programme, et Israël a son propre programme, surtout avant les
élections, et je suis conscient de ses considérations et de ses intérêts aussi,
mais néanmoins je trouve difficile de comprendre pourquoi [Israël] agit de
cette façon. »
Comment ça ?
« J'ai
expliqué à mon collègue, Benny Gantz, que la
Russie a utilisé des drones iraniens… pour frapper des installations
civiles ukrainiennes… Au début, il a été dit que ces drones ne servaient qu’à
la collecte de renseignements. Mais très rapidement, il s'est avéré que ce sont
des drones d'attaque, qui attaquent la population civile sans défense et les
biens de tous les citoyens ukrainiens, indépendamment de la religion ou de
l'appartenance ethnique. »
Des institutions
juives, y compris des synagogues et des cimetières ont été endommagés, a-t-il
dit, et pour Rosh Hashanah, des drones iraniens ont survolé les dizaines de
milliers de Juifs qui étaient venus en pèlerinage annuel dans la ville
d'Uman : « Les drones ont ciblé et frappé les synagogues et autres
sites juifs, y compris ceux liés à Israël, comme à Kiev, le lieu de naissance
de Son Excellence, la distinguée Première ministre d'Israël, Golda Meir. »
Près de deux siècles après
que Thomas Babington Macaulay,
peut-être l'idéologue le plus éloquent de
l'empire britannique, eut rédigé sa vision de la création d' « une
classe qui puisse être l'interprète entre nous et les millions de personnes que
nous gouvernons ; une classe de personnes, indiennes par le sang et la couleur,
mais anglaises par le goût, les opinions, la morale et l'intellect », l'un
de ses produits gouverne maintenant la Grande-Bretagne. Ce n'est pas sans
importance, mais ce n'est pas non plus une revanche des indigènes périphériques
sur la métropole. Il s'agit plutôt d'un triomphe des intérêts de classe sur la
couleur de peau de tous les côtés.
Rishi Sunak (ou Rashid
Sanook, comme l’a appelé le comique en chef Joe Biden) est jeune, riche, très
riche, soigné comme le sont les hommes de sa classe, et un enfant de l'Empire
qui ne s'en cache pas. Ses grands-parents ont migré du Pendjab vers l'Afrique
et ses parents se sont installés en Grande-Bretagne. En Afrique, les Indiens
étaient des travailleurs qualifiés et des commis et servaient de contremaîtres
pour superviser la main-d'œuvre africaine. Ils jouaient le rôle
d'intermédiaires coloniaux que Macaulay leur avait assigné, cette fois sur un
continent étranger.
Les Africains détestaient
largement ces colons indiens. La plupart d'entre eux, en tant qu'orientalistes
de couleur, suivirent leurs maîtres coloniaux en Grande-Bretagne, préférant
affronter le racisme des Britanniques blancs plutôt que de rester dans
l'Afrique indépendante ou de retourner en Inde. Le contingent afro-indien,
comme la Brigade chinoise de Hong Kong, est férocement fidèle à la
Grande-Bretagne et croit en l'idée de son empire civilisé.
Le jeune Sunak, né en
Grande-Bretagne, a bénéficié d'une éducation privée privilégiée, a travaillé
dans le secteur financier, notamment chez Goldman Sachs, comme le font les
yuppies indiens de caste supérieure qui réussissent, car cela n'implique pas de
travail manuel, et a épousé la fille d'un milliardaire indien. La plupart des
richesses de la famille Sunak proviennent du côté de sa femme, mais elle a
maintenant le droit de vivre à Downing Street, un privilège que l'argent peut
acheter s'il est investi intelligemment.
En tant qu'enfant fidèle de
l'empire, le foyer politique de Sunak est le parti conservateur, qui croit en
la devise de Mme Thatcher, à savoir que la cupidité est une bonne chose. Il est
le membre du Parlement le plus riche, deux fois plus riche que le roi Charles,
et on murmure qu'il a mis de l'argent de côté sur des comptes bancaires
offshore. On a découvert que sa femme évitait les impôts en Grande-Bretagne et
il a été condamné à une amende pour avoir violé les normes covidiennes. Bref, ses
références pour le parti de la loi et de l'ordre sont incontestablement impeccables.
Sunak est un Premier ministre
accidentel. Il est au parlement depuis seulement sept ans. En tant que
Chancelier pendant le confinement covidien, sa gestion de l'économie se situait
entre la médiocrité et le désastre. Il a eu de la chance que Boris Johnson et
Liz Truss aient trébuché dans leurs fonctions.Le parti travailliste d'opposition a purgé son aile socialiste et s'est
refondu en équipe B de l'establishment. Le Brexit a radicalisé la base
conservatrice, si bien que Sunak a dû être nommé plutôt qu'élu par les membres
du parti, qui auraient à nouveau voté Boris.
Les adversaires de Sunak se
sont retirés de la course sans dire pourquoi ni qui les avait persuadés de le
faire et les hommes de l'ombre ont adoubé Sunak comme leur homme. La version
britannique de l'État profond a vu en lui une paire de mains sûres, leur
meilleur pari dans un champ médiocre. Sunak n'est pas le premier chef de
gouvernement d'origine indienne en Europe : l'Irlande et le Portugal en ont
déjà eu. Sa position de Premier ministre britannique de couleur est néanmoins
une nouveauté. Macaulay était peut-être un visionnaire, mais il est difficile
de croire que même lui aurait prédit que la classe dirigeante britannique
aurait un jour besoin d'un “indigène assimilé” pour garder la population
blanche sous contrôle. Pire, la menace d'Enoch Powell de rivières de sang a été
réduite à un torrent écumant de curry insipide.
Almost two centuries
after Thomas Babington Macaulay, perhaps the most eloquent ideologue of the
British empire, drafted his vision of crafting “a class who may be
interpreters between us and the millions whom we govern; a class of persons,
Indian in blood and colour, but English in taste, in opinions, in morals, and
in intellect”, one of his products now governs Britain. This is not without
significance, but neither is it a revenge of the peripheral natives on the
metropolis. More a triumph of class interests over skin colour on all sides.
Rishi Sunak (or Rashid
Sanook, as comedy gold Joe Biden called him) is young, rich, very rich,
well-groomed as men of his class are,and an unapologetic child of the Empire. His grandparents migrated to
Africa from Punjab and his parents moved to Britain. In Africa, the Indians
were skilled workers and clerks and supervised African labour. They played
the part of colonial intermediaries that Macaulay had set out for them, this
time in an alien continent.
The Africans largely
detested these settler-colonial Indians. Most of them, as Orientalists of
colour, followed their colonial masters back to Britain, preferring to face
the racism of the white Britons to staying in independent Africa or returning
to India. The African Indian contingent, like the Hong Kong Chinese brigade,
is ferociously loyal to Britain and believes in the idea of its civilised
empire .
Young Sunak, born in
Britain, had privileged private education, worked for the financial sector,
including at Goldman Sachs, as successful higher-caste Indian yuppies do
since it does not involve manual labout and married the daughter of an Indian
billionaire. Most of the Sunak family wealth comes from his wife's side, but
now she gets to live in Downing Street, a privilege money can buy if cleverly
invested.
As a loyal child of the
empire, Sunak's political home is the Conservative Party where they believe
in Thatcher's motto of greed is good. He is the richest member of Parliament,
twice as rich as King Charles, and there are whispers that he has put away
money in offshore bank accounts. His wife was found to be avoiding taxes in
Britain and he was fined for violating Covid norms. In short, there can be no
questions of his impeccable credentials for the party of law and order.
Sunak is an accidental
Prime Minister. He has been in parliament for only seven years. As Chancellor
during the Covid lockdown, his handling of the economy was somewhere between
poor and disastrous. He was lucky that Boris Johnson and Liz Truss both
stumbled in their jobs.The opposition
Labour Party has purged its Socialist wing and recast itself as an
establishment B team. Brexit has radicalised the Conservative rank and file,
so Sunak had to be appointed rather than elected by party members, who had
have voted Boris in again.
Sunak's opponents
withdrew from the race without saying why or who had persuaded them to and
the men in the shadows annointed Sunak as their man. The British version of
the deep state saw in him a safe pair of hands, their best bet in a mediocre
field. Sunak is not the first ethnic Indian head of government in Europe:
Ireland and Portugal have had them before. His position as a British Prime
Minister of colour is nevertheless a novelty. Macaulay might have been a
visionary, but it is difficult to believe that even he would have predicted
that the British ruling class would one day need a “learned native” to keep
the white population in check. Worse, Enoch Powell's threat ofrivers of blood has been reduced to a
foaming torrent of tasteless curry.
Les procès-verbaux des réunions très secrètes du
cabinet en 1967 révèlent comment la décision d'effacer la Ligne verte de la
carte officielle d'Israël a été prise. Et ce n'était pas la seule chose qui a
été effacée
Une tempête médiatique a éclaté le
mois dernier à la suite de la décision de la municipalité de Tel-Aviv
d'accrocher dans les salles de classe des cartes d'Israël montrant la Ligne
verte – la ligne d'armistice sur laquelle Israël et ses voisins se sont mis
d'accord en 1949, à la suite de la guerre d'indépendance d'Israël. Jusqu'en
1967, cette ligne représentait la frontière orientale de facto d'Israël et
délimitait son territoire souverain. La ligne n'est pas apparue sur les cartes
officielles de l'État d'Israël pendant toutes les années de l'occupation, et ce
délibérément, à la suite de décisions secrètes prises par le cabinet de
sécurité à la fin de 1967. Au lieu de la Ligne verte, il a été décidé de
désigner les frontières (non officielles) d'Israël par les lignes de
cessez-le-feu de la guerre de six jours qui a eu lieu en juin de la même année,
englobant les territoires de la Cisjordanie (y compris Jérusalem-Est), la bande
de Gaza, la péninsule du Sinaï et les hauteurs du Golan.
Depuis lors, les cartes officielles
imprimées par Survey of Israel, le service cartographique gouvernemental, n'ont
pas établi de distinction entre le territoire de l'État tel qu'il était à la
veille de la guerre de 1967 et ce qu'il comprenait par la suite. Dans la
pratique, comme le montre la carte officielle, Israël (et non « État
de » ni « Terre de ») s'étend de la mer Méditerranée, à l'ouest,
au Jourdain, à l'est. La décision politique de 1967 d'effacer la ligne de la
carte officielle a peut-être eu pour but de laisser ouvertes toutes les options
concernant l'avenir de ces territoires. Toutefois, avec l'établissement de
colonies de peuplement dans les territoires occupés et leur transformation, aux
yeux de beaucoup, en une partie intégrante d'Israël, l'effacement de la ligne
est passé d'un exercice cartographique à une réalité politique. La Ligne
verte a en fait été oubliée et, pour de nombreux Israéliens, elle n'existe
plus concrètement.
La réaction du maire Benny
Kashriel, de Ma'aleh Adumim, une colonie urbaine en Cisjordanie, à la
décision de la mairie de Tel-Aviv reflète fidèlement la réalité politique
d'Israël. Selon Kashriel, « l'État de Tel-Aviv et ses dirigeants pensent
que les frontières de la Terre d'Israël se terminent à Gush Dan [agglomération
de Tel-Aviv]. Je les invite à quitter Sheinkin et Ibn Gavirol [rues de
Tel-Aviv] et à venir nous voir à Ma'aleh Adumim pour voir de près ce qu'est une
colonie. »
Au-delà du verbiage anti-Tel Aviv,
qui est à la mode dans certains milieux, la position du maire, selon laquelle
Ma'aleh Adumim fait partie d'Israël, reflète une position étatique de longue
date. En effet, hityashvut (le terme
politiquement neutre utilisé par Kashriel pour « colonisation », au
lieu de hitnahlut, le mot
habituellement employé, parfois de manière dérisoire, pour désigner la
colonisation dans les territoires occupés) est un projet d'État. Cependant,
comme les décideurs l'ont très bien compris, il était nécessaire d'être ambigu
dès le départ sur la question.
Ainsi, en octobre 1967, lors d'une
réunion du comité ministériel sur la sécurité concernant la
« disparition » de la Ligne verte, le projet de colonisation n'étant
pas encore à l'horizon, le ministre de la Défense Moshe Dayan a clairement
indiqué que, selon certains, « nous ne devrions pas manifester nos
intentions expansionnistes ». Depuis lors, Israël a clairement manifesté
ses intentions. De son côté, le ministre sans portefeuille Menahem Begin a
déclaré qu'il « n'était pas d'accord avec le terme « expansion » [hitpashtut,
en hébreu], tout comme je n'étais pas d'accord avec le terme
« occupation ». C'est une très mauvaise phraséologie. »
Cartes officielles d'après les guerres de 1948, 1967 et 1973
Un certain nombre de réunions des
hauts dirigeants israéliens en octobre et novembre 1967 ont été consacrées à
l'avenir de la Ligne verte sur des cartes publiées par l'État. Pour les
participants, il était clair que la décision sur le sujet n'était pas anodine.
À la suite de la décision prise par le gouvernement à l'automne d'annuler les
lignes d'armistice de 1949, le ministre du Travail, Yigal Allon, a soumis une
résolution au comité ministériel sur la sécurité. Allon dit : « Ma
proposition est simple. Prendre un instantané de la vraie réalité reconnue,
telle qu'elle est. »
« Assis sur de nouvelles
lignes »
Ce qu'il voulait dire, c'est que
l'État devrait publier des cartes basées sur le « statut du
cessez-le-feu » dans la guerre des Six Jours et non sur celui des lignes
d'armistice de 1949. En d'autres termes, effacer la frontière orientale
reconnue d'Israël de la carte officielle. Comme l'a expliqué Allon lors d'une
des réunions : « La logique est la suivante : le gouvernement a
décidé que lors de la déclaration de la guerre des Six Jours, les accords
d'armistice ont cessé d'exister, avec tout ce que cela implique. S'il n'y a pas
de lignes d'armistice, il n'y a pas de frontières... Nous sommes assis sur de
nouvelles lignes, qui ont le statut de lignes de cessez-le-feu. »
Pratiquement tous les ministres
étaient en faveur du projet de résolution. Le Premier ministre, Levi Eshkol,
l'a accepté, expliquant dans l'une des discussions : « C'est
aujourd'hui une carte qui n'est qu'un instantané de la situation existante.
[Mais] cela ne signifie pas que c'est la carte finale. » Les ministres
étaient conscients des implications de leur décision. Le ministre du Commerce
et de l'Industrie, Zeev Sherf, a noté que « la publication d'une carte du
service cartographique gouvernemental est un acte politique, important et
grave ». C'est pourquoi Eshkol a dit qu'il « préférerait que nous
n'ayons pas d'opinions divergentes à ce sujet ».
Le ministre de la Police Eliahu
Sasson, qui était également en faveur de la décision, a expliqué la logique
qu'il y a trouvée : « Les territoires administrés sont trois fois
plus grands que la zone précédente de l'État d'Israël. Il y a des pays qui
savent que nous avons conquis tel ou tel territoire, mais ils n'imaginent pas
la taille des territoires que nous avons conquis. Si nous leur donnons une
carte sur laquelle nous marquons séparément les territoires administrés par les
Forces de défense israéliennes, ils verront à quel point Israël était minuscule
et quelle est la taille des territoires administrés. Nous ne devrions pas
placer une telle carte entre les mains de ceux qui veulent que nous nous
retirions des territoires administrés. »
Les discussions ont porté sur
divers points. L'un des plus intéressants d'entre eux concernait le titre de la
carte : « État d'Israël » ou simplement
« Israël » ? « Nous avons convenu, nota Allon, que pour
éviter les allégations d'annexions et autres, le titre de la carte serait
‘Israël’ et le sous-titre ‘Carte des lignes de cessez-le-feu’. »
Un débat a été consacré à la
question de la censure et à la crainte que la décision d'effacer cette ligne ne
devienne publique avant la réunion de l'Assemblée générale des Nations Unies,
prévue quelques semaines plus tard, début novembre. C'est le ministre des Affaires
étrangères Abba Eban qui a demandé que les cartes ne soient imprimées qu'après
les sessions de l'Assemblée générale, et c'est ce qui s'est passé. Cependant,
ce n'était pas seulement une question de diplomatie, c'était aussi une question
intérieure. En effet, Eban lui-même a déclaré dans l'une des discussions :
« Je pense qu'il y a des raisons internes et externes pour effacer la
ligne de la carte. »
L'une de ces raisons était
probablement le désir d'établir des colonies sur les hauteurs du Golan. À
l'époque, la plupart des ministres n'aspiraient pas à un vaste projet de
colonisation en Cisjordanie. Mais les choses étaient différentes quand il
s'agissait des hauteurs du Golan ; Allon a expliqué que laisser les cartes
avec la Ligne verte dessus était quelque chose qui « ne pouvait nous
contrarier que dans le cas des hauteurs du Golan ». Il avait raison. Aux
yeux de la plupart des Israéliens, les colonies de peuplement qui ont été
construites sur les hauteurs du Golan depuis lors sont considérées comme des yeshuvim
- terme politiquement neutre – et non comme des hitnahaluyot, le terme
utilisé, comme on l'a noté, pour désigner les colonies de peuplement d'après
1967.
Le ministre de la justice Yaakov
Shimshon-Shapira a également évoqué la dissimulation de la décision et ses
implications. « Des cartes [des lignes] du cessez-le-feu ont déjà été
publiées des dizaines de fois. Quel est le secret ici ? Le secret est que
le gouvernement a décidé de publier une carte de ce genre en tant que carte
officielle. » Ainsi, les décisions du comité ministériel pour la sécurité
d'effacer la Ligne verte des cartes officielles ont été qualifiées de
« top secret » et n'ont pas été publiées pendant des années.
L'effacement de la ligne n'avait
pas pour but de délimiter une nouvelle frontière pour Israël, mais cette
question a été soulevée tout au long des discussions. « Il faut qu'il y
ait une note [indiquant] qu'il ne s'agit pas d'une carte des frontières du
pays, mais des lignes de cessez-le-feu. Cela enlève tout le
« piquant » » », a déclaré le ministre de l'Information
Israël Galili. Dans la pratique, cependant, la question de la frontière a été
divisée en plusieurs questions. Le directeur général du ministère de
l'Intérieur, Meir Silverstone, a écrit en septembre 1967 à son ministre,
Haim-Moshe Shapira, que « le ministre de la Défense (et peut-être d'autres
ministres) sont favorables à une approche de « brouillage » de la
frontière entre l'État et le territoire administré. Pour cette raison, ils ne
veulent pas que nous nous occupions de la question par le biais d'une supervision
des frontières sur la base de la loi sur l'entrée en Israël. »
« Un seul Israël »
Il convient de rappeler que la
municipalité de Tel-Aviv n'a pas été le premier organisme à vouloir restaurer
la Ligne verte sur les cartes – le sujet a en fait été débattu au fil des ans.
Par exemple, en 2006, lorsque le ministre de l'Éducation, Yuli Tamir
(travailliste), a lancé une enquête pour déterminer si la ligne pouvait être
restaurée sur des cartes dans les manuels scolaires, cela a généré une brève
fureur politique. Le fait que la Ligne verte n'apparaisse pas sur les cartes
officielles, et que l'histoire de son existence ne soit pas correctement
enseignée dans le système éducatif, a permis de reproduire pendant des
décennies l'ignorance sur les limites du territoire souverain d'Israël.
« Il n'y a pas de Ligne verte. Il y a un Israël. Un enfant dans [la
colonie de] Karnei Shmron, dans Netivot [en Israël souverain], dans [les
colonies de] Ariel ou Ofra – ils sont un seul et même enfant », a déclaré
le ministre de l'Éducation Naftali Bennett des années plus tard. « Nous
enseignons sur toute la Terre d'Israël, sans distinction. »
La décision d'effacer la Ligne
verte des publications de Survey of Israel a également été adoptée pour
d'autres cartes. En décembre 1967, par exemple, de nouvelles cartes ont été
imprimées pour marquer les « nouveaux sentiers » de la Société pour
la protection de la nature en Israël. « La carte contient les nouveaux
sentiers qui ont été marqués dans le désert de Judée libéré, le long desquels
des milliers de jeunes vont faire de la randonnée durant quelques jours pendant
les sorties de Hanoukka des mouvements de jeunesse », a écrit le journal Lamerhav
(l'organe du parti de Galili et Allons, les travaillistes). La Ligne verte,
notait-on dans l'article, avait été « complètement retirée de la
carte ».
Les considérations étaient très
claires. Dans l'une des discussions sur la question, le Premier ministre Eshkol
a explicitement fait référence à la considération cachée qui sous-tend
l'effacement de la Ligne verte et la décision de le garder secret,
disant : « Nous savons tous pourquoi une mariée vient se tenir sous
le dais*. Mais nous n’en parlons pas ».
NdT
*Dais :
la houppa est un dais sous lequel les mariés juifs se tiennent lors de la cérémonie
de mariage, pour symboliser le foyer commun qu’ils fondent
Pour apporter un peu d'oxygène, quelques cartes de la Palestine, réalisées par Rami Abou Qa'adan, un jeune Palestinien de Cisjordanie, sans aucune ligne, ni verte, ni bleue. Yalla Filastin!
NdT : Meir Mazzouz, illustre rejeton de Matsliah Mazzouz, le rabbin et
posseq [docteur ès halakha-loi juive] de Djerba, assassiné en 1971 en Tunisie (son
meurtrier était, selon les sources, un “nationaliste arabe” ou un “fanatique
musulman” ou même un Palestinien), est le doyen de la yeshiva Kissé Rahamim à Bnei Brak,
capitale du sionisme religieux, et pourrait fort bien se retrouver ministre en
cas de victoire de Netanyahou aux prochaines élections, étant donné que l’ensemble
des partis et groupesdits orthodoxes se
sont coalisés derrière Bibi et son Likoud. Ce partisan de la lapidation des
gays et lesbiennes a trouvé l’explication au fait que selon lui, les pays
arabes avaient été épargnés par le COVID-19 : ils ont interdit les gay
prides ! En revanche, il a expliqué la propagation du virus en Iran par le
fait que les Iraniens sont des “tordus” qui “haïssent Israël”. Cet allumé du
bocal vient d’en remettre une couche.
“Aujourd'hui, nous avons quatre femmes à la maison.
Nous avons une machine à laver, c’en est une. Nous avons une cuisinière à gaz,
c’en est une autre. Nous avons un séchoir...” : le chef de la communauté
juive tunisienne en Israël, le rabbin Meir Mazzouz, lors de son cours
hebdomadaire de Torah diffusé en direct.
Un éminent dirigeant ultra-orthodoxe proche de
nombreux députés du camp pro-Netanyahou a été filmé en train de comparer les
femmes à des machines à laver et des cuisinières et de pleurer la fin de la
polygamie sanctionnée par le rabbinat.
Dans une vidéo de l'une de ses conférences qui a été
partagée en ligne, le rabbin Meir Mazzouz, chef de la communauté juive
tunisienne en Israël et figure influente dans le monde de la politique
nationaliste et ultra-orthodoxe, se plaint qu’« autrefois, la femme
faisait tout, même la lessive. Pourquoi était-il permis, à l'époque
[talmudique], à un homme de prendre jusqu'à quatre épouses ? Il était fou de
chaque femme une semaine par mois ».
« Aujourd'hui, nous avons quatre épouses à la
maison. Nous avons une machine à laver le linge, c'en est une. Nous avons une
cuisinière à gaz, c’en est une autre. Nous avons un sèche-linge... Autrefois,
une femme était un lave-linge, une cuisinière, une meunière, une couturière ».
Mazuz a fait les gros titres cet été lorsqu'il a
qualifié les ministres Yair Lapid et Avigdor Liberman de “pires que des nazis”,
exprimant l'espoir de leur mort en raison de leur soutien à des changements au
statu quo religieux de longue date du pays.
« Il y a beaucoup de mauvaises personnes et nous
attendons qu'elles disparaissent un jour du monde », a déclaré Mazzouz
lors de sa conférence biblique hebdomadaire diffusée en direct.
« Les nazis aimaient leur peuple. [Lieberman et
Lapid] détestent leur peuple. Ils veulent détruire les enfants et les personnes
âgées » et fermer les écoles orthodoxes, a-t-il accusé.
Mazzouz est connu pour ses opinions controversées et
ses critiques acerbes à l'égard des hommes politiques avec lesquels il est en
désaccord. Il avait déjà traité l'ancien Premier ministre Naftali Bennett de
"traître" et déclaré que voter pour le ministre des affaires
étrangères Yair Lapid revenait à "faire de l'idolâtrie".
En novembre dernier, Mazzouz s'est emporté contre
plusieurs groupes au sein du judaïsme, affirmant que les Juifs de l'ancienne
Union soviétique et les Juifs réformés sont des non-croyants qui détruisent le
judaïsme en Israël.
« Vous devez savoir que ce qui nous arrive n'est
pas moins grave que ce qui s'est passé en Russie. Lieberman vient de Russie et
en Russie il n'y a pas de religion, il n'y a pas de Dieu, rien, [ce sont] des
hérétiques complets », a déclaré Mazzouz à l'époque, ajoutant que « les
juifs réformés ont détruit le peuple d'Israël. »
En mars 2020, Mazzouz a affirmé qu'Israël souffrait de
la pandémie de coronavirus parce qu'il avait autorisé les parades de gay pride,
tandis qu'en 2016, il a prétendu que l'effondrement d'un parking en
construction à Tel-Aviv, qui a fait six morts, était dû au manque de respect du
shabbat. À l'époque, il était le chef spirituel du parti Yachad, fondé par
l'ancien chef du parti ultra-orthodoxe Shas, Eli Yishai.
En 2014, Ynet a rapporté qu'il avait déclaré que les
juifs séfarades n'avaient pas péri pendant l'Holocauste parce qu'ils étudiaient
la Torah et que l'évasion fiscale des étudiants à plein temps de yeshiva
pouvait être autorisée.
“L'épisode
Abou Aqleh aurait pu fragiliser Tsahal”, mais il n'en a rien été : c'est une
des perles de cet “expert” militaire israélien, habitué du studio de la chaîne
de propagande israélienne en français i24, interviewé récemment à propos de
l'opération destinée à “éliminer le zoo”, comme il appelle les combattants du
groupe de Naplouse Arin Al Ousoud (La Tanière des Lions). Notre expert considère en outre que Naplouse se trouve en Israël. Bref, il officialise l'annexion de fait de la Cisjordanie. Deux exemples
scolaires du volet médiatique de la guerre contre-insurrectionnelle menée par
l'armée la plus morale du monde, en concurrence sérieuse pour ce titre avec
l'armée ukrainienne.