Deux soldats sur 10 ont voté pour Sionisme religieux,
la liste qui comprend le parti Otzma Yehudit d'Itamar Ben-Gvir. Deux soldats
sur 10 sont kahanistes. Deux soldats sur 10 sont en faveur du transfert, de
l'annexion, de la mort aux terroristes, de la mort aux Arabes.
Soldats du
bataillon haredi Netzah Yehuda priant dans une synagogue près de Jénine, en
Cisjordanie, en 2014.Photo : Gil Cohen-Magen
Deux soldats sur 10 pensent qu'ils appartiennent à une
nation supérieure et que les Palestiniens n'ont aucun droit ici. Ils pensent
également que tout est permis aux soldats ; qu'ils sont toujours autorisés à
tirer pour tuer, que les Arabes ne comprennent que la force et l'humiliation,
qu'ils ne sont pas des êtres humains. Deux soldats sur dix sont kahanistes,
mais parmi les soldats servant en Cisjordanie, ce nombre est beaucoup plus
élevé.
Dans la brigade Kfir, et en particulier dans son
bataillon Netzah Yehuda (“Éternité de Juda”), il y a certainement plus de
kahanistes que dans la police aux frontières, l'unité 8200 du renseignement
militaire ou le 140eescadron (“Aigle doré”) de l'armée de l'air
israélienne. Il n'est pas déraisonnable de penser qu'environ la moitié des
soldats servant dans l'occupation ont voté pour Otzma Yehudit en votant pour Sionisme
religieux. Pour eux, la décision n'est pas seulement théorique. Non seulement
ils croient en Ben-Gvir, mais ils pratiquent ce qu'il prêche. C'est ce qui rend
leur choix si horrible.
Des soldats
israéliens arrêtent violemment un manifestant palestinien, dans le camp de
réfugiés de Jalazoun, près de la ville de Ramallah en Cisjordanie, en 2015.
Photo : Mohamad Torokman / REUTERS
L'avantage, cependant, du succès électoral de Ben-Gvir
est qu'il fait remonter la vérité à la surface. Fini le temps des histoires de
soldats tourmentés par leurs actes. Tout ce que nous avons toujours soupçonné
sur le comportement brutal, parfois barbare, des soldats des FDI et des membres
de la police aux frontières et de la police israélienne a été confirmé par le
décompte des voix. Les électeurs de Ben-Gvir dans les FDI constituent l'une de
ses plus grandes sources de soutien.
Quiconque voit le comportement des soldats dans les
territoires ne peut qu'être surpris qu'Otzma Yehudit n'ait pas recueilli 100 %
de leurs votes. Ben-Gvir les exhorte à être des stormtroopers [membres
des Sturmtruppen, les troupes d’assaut allemande, NdT] et ils l'en
remercient dans les urnes. Ils n'ont pas besoin d'entraînement, ils ne voient
rien de mal à être des stormtroopers, surtout lorsque les réactions de
leurs commandants à leurs actes vont de l'indifférence à l'encouragement. Ne
vous y trompez pas : Les soldats du rang ne sont pas les seuls à avoir voté
pour Ben-Gvir, certains de leurs commandants l'ont fait aussi. La tentative de
prétendre que les soldats ont voté contre leurs commandants (Yoav Limor, Israel
Hayom, 4 novembre) est un autre effort désespéré pour embellir et de
tailler un uniforme d’apparat au magnifique haut commandement éclairé.
Prenez, par exemple, le commandant de la brigade
régionale Menashe, le colonel Arik Moyal, un colon de Tapuah, qui a appelé à foutre
son poing dans la gueule des “voyous” du camp de réfugiés de Jénine : pour quel
parti a-t-il voté ? Et l'ancien commandant de la brigade régionale de Samarie,
le colonel Roi Zweig, qui a déclaré aux étudiants de la Yeshiva Alon Moreh que
le mouvement de colonisation et l'armée sont “une seule et même chose” ? Peu
importe la façon dont ils ont voté, l'esprit est celui de Ben-Gvir ; l'heure,
comme le disait son slogan de campagne, est l'heure de Ben-Gvir, parmi toutes
les unités de Tsahal dans les territoires.
L'ancien soldat
israélien Elor Azaria accueilli chez lui après avoir purgé neuf mois de prison
militaire pour avoir tué un Palestinien blessé et invalide, en 2018.Photo :
Ilan Assayag.
Les soldats qui assistent passivement aux pogroms et
qui aident même les auteurs de ces actes sont la preuve de l'esprit de Tsahal.
Le fait que le haut commandement accepte calmement les événements de ces
derniers mois, y compris les meurtres de dizaines d'adolescents et de jeunes
enfants, se contentant des mensonges et des dissimulations de l'unité du
porte-parole de Tsahal, ne fait que prouver que Ben-Gvir est le véritable
visage de Tsahal en Cisjordanie. Les élections l'ont confirmé.
Ces élections devraient mettre fin au mensonge selon
lequel les FDI sont une armée morale. Les soldats et les commandants qui votent
massivement pour un parti qui, en Europe, serait considéré comme néo-nazi,
définissent l'image de l'armée. Depuis que les colons ont pris le contrôle des
postes de commandement de l'armée, principalement en Cisjordanie, les FDI, qui
ont toujours été politiques, sont devenues plus droitières que jamais.
Le fait que ceux qui sont au sommet n'aient pas levé
le petit doigt pendant toutes ces années - et encore moins après l'affaire Elor
Azaria, le dernier soldat à être poursuivi dans les FDI pour homicide
involontaire - ne les exonère pas de leur responsabilité dans ce glissement
vers la droite. Lorsque les soldats ne sont pas poursuivis pour homicide, même
lorsque les preuves le réclament à cor et à cri, et lorsque les règles
d'engagement ne sont pas seulement assouplies mais en pratique complètement
annulées - lorsque tuer est autorisé et même souhaitable – c’est l'esprit de
Meir Kahane qui est encouragé. Le chef d'état-major Aviv Kochavi et le reste du
haut commandement peuvent détourner le regard et réciter de nobles déclarations
sur les principes, mais ils sont responsables de l'établissement d'une nouvelle
armée dans les territoires, l'armée de Ben-Gvir, la plus dangereuse des armées.
Itamar Ben-Gvir vu par Carlos Latuff: "Épuration ethnique maintenant: demandez-moi comment !"
Des villageois palestiniens protestent contre le vol de leurs
terres et le harcèlement incessant des colons à partir d’un avant-poste
illégal. L'armée et la police aux frontières tendent des embuscades aux manifestants
et leur tirent dessus. Un jeune de 17 ans est tué et un jeune de 16 ans, laissé
languir au sol par les soldats, est grièvement blessé
Une banderole commémorative pour
Mahdi Ladadwa, devant la maison de sa famille à Mizraat al-Gharbiyeh. La
méthode des soldats était la même dans son cas que dans celui de Nur Shreita : lancer
d'abord des gaz lacrymogènes pour effrayer les mômes, puis tirer délibérément
sur l'un d'eux.
Un adolescent blessé est allongé sur une civière placée sur la
route. Il est partiellement déshabillé, son estomac est couvert d'un tissu
blanc taché de sang, il saigne aussi. On ne dirait pas qu'il est conscient. Un
Palestinien essaie de s'occuper de lui, puis quelques autres, dont un
vieillard, lui prêtent main-forte. Alors qu'ils s'efforcent de ramasser la
civière et d'amener les jeunes blessés à l'hôpital, les soldats israéliens les
repoussent brutalement, leur aboyant dessus et les frappant avec les crosses de
leurs fusils. Un soldat tire en l'air afin de disperser ce qu'il perçoit
apparemment comme une meute de chiens errants – en réalité, les habitants de la
localité essaient de sauver leur voisin et parent, qui est en train de perdre
son sang sur la route. Des cris d'angoisse se font entendre en arrière-plan.
Ce sombre spectacle a été filmé par un témoin oculaire.
L'événement s'est produit dans l'après-midi du 7 octobre, un vendredi, sur une
colline rocheuse où poussent des oliviers et des figuiers sauvages et où le sol
est parsemé de vestiges d'anciennes terrasses. C'est Khirbet Harasha, situé non
loin de Ramallah en Cisjordanie. Sur la colline en face, appelée Jebel Harasha,
se trouve une base militaire avec des casernes et des antennes, et à côté
d'elles les maisons mobiles blanches d'un avant-poste de colons hors-la-loi
appelé Harasha. La plupart des terres situées sur cette colline en face
appartiennent à des particuliers et ont été volées, sous les auspices du
gouvernement israélien, aux habitants du village de Mizraat al-Garbiyeh,
également connu sous le nom de Qibliya. Et si la dépossession et le vol
n'étaient pas suffisants, au cours des deux dernières années, les colons des
avant-postes ont également harcelé les villageois avec une violence incessante.
Ils volent leurs récoltes d’olives, jettent des pierres sur les maisons situées
au pied de l'avant-poste, empêchent les agriculteurs d'accéder à leurs terres
et utilisent la source du village, dont l'eau est nécessaire pour irriguer ses
terres.
C'était nuageux quand nous avons visité Jebel Harasha lundi de
cette semaine ; le ciel était gris. Un vent froid d'automne soufflait et le
calme régnait dans l'abîme. Iyad Hadad, chercheur sur le terrain pour
l'organisation israélienne de défense des droits humains B’Tselem, nous a
conduits à travers le sol rocheux, au milieu des oliviers et des figuiers ainsi
que des taches de sang encore visibles, afin de récupérer et de documenter ce
qui s'est passé ici ce vendredi noir il y a un mois, dans le cadre de l'enquête
globale qu'il menait.
Il n'y a aucun signe de confrontation ici – pas de restes de
pneus brûlés, très peu de cartouches de gaz lacrymogène, pas de terre brûlée –
seulement une oliveraie bien cultivée sur les terrasses ravagées. C'est ici que
les soldats ont tendu leur embuscade, dit Hadad. C'est là qu'ils ont créé un
écran de fumée pour se cacher derrière, c'est là que le premier garçon est
tombé, et c'est là que le second s’est effondré. Le premier a été grièvement
blessé ; le second est mort. La méthode était la même dans les deux cas :
lancer d'abord des gaz lacrymogènes pour effrayer les mômes, puis viser
délibérément l'un d'eux.
Une vidéo de l'incident. Nur Shreita
est sur une civière, son évacuation est retardée.
Un calme tendu, pesant, menaçant règne ici maintenant,
personne n'ose descendre à la source du village, située dans la vallée et
coincée entre les deux collines, sous lesquelles nous nous tenons maintenant.
C'est la terre des avant-postes dits de Talmonim au nord de
Ramallah. Hadad raconte la brève histoire de l'avant-poste d'Harasha à partir
de ses notes. L'histoire commence en 1995 avec l'établissement d'une base
militaire ici, et l'expropriation de terres des résidents palestiniens, suivie
immédiatement par l'infiltration illégale de colons, d'abord dans des tentes et
ensuite dans des maisons mobiles qui ont été placées sur le versant, à côté de
la clôture entourant la base militaire. En 2011, l'expropriation d'environ 1
000 dounams (100 hectares) de terres sur la colline, dont 700 dounams
appartenant à des particuliers, a été légalisée.
En 2018, l'avant-poste a été établi sur les pentes du Jebel Harasha,
en 2020 il a été agrandi, et une route, apparemment illégale, a été construite
menant de l'avant-poste à la source et aux ruines de l'ancien village de
Qibliya. Actuellement, une dizaine de mobil-homes blancs sont perchés sur la
colline qui nous fait face. C'est l'avant-poste d'Harasha. Hadad rapporte que
la plupart des villageois ont abandonné l'espoir de récupérer leurs terres, soit
par la lutte, soit par le biais des tribunaux.
Le vendredi 7 octobre, quelques jeunes du village se sont
dirigés vers la colline qui surplombe l'avant-poste. Les vendredis, les colons
descendent habituellement à la source du village, se baignant et en prenant le
contrôle Environ 20 jeunes Palestiniens ont décidé de monter une manifestation
ce jour-là. Des unités des Forces de défense israéliennes et de la police aux
frontières étaient arrivées sur les lieux plus tôt, afin de protéger les
colons, bien sûr – peut-être même après une coordination préalable avec eux.
Des affrontements ont éclaté immédiatement : les jeunes ont lancé des pierres ;
les soldats ont tiré des balles en métal enrobé de caoutchouc et des grenades
lacrymogènes, et ont été rejoints par la suite par des agents de la police aux
frontières. En peu de temps, de plus en plus de jeunes du village sont arrivés,
jusqu'à ce qu'ils soient finalement entre 100 et 150.
Mahdi Ladadwa
Dans la pauvre maison de Mizraat al-Garbiyeh - où il vivait
avec son père, Mohammed, un ouvrier du bâtiment de 52 ans ayant des besoins
spéciaux ; sa mère, Nawal, une femme au foyer de 43 ans ; et ses deux jeunes
frères et sœurs – Mahdi Ladadwa, 17 ans, s'est réveillé vers midi ce vendredi-là.
Mahdi, qui a abandonné l'école après la quatrième année, a fait des petits
boulots avec des parents. Au cours de la dernière année, il a commencé à
travailler comme assistant carreleur, et au cours des dernières semaines, il
avait loué de l'espace dans un ancien bâtiment dans le village, où il prévoyait
de mettre en place un café avec un espace pour le billard et les jeux de
cartes. Ce jour-là, il avait prévu de se rendre sur le site pour prendre les
dispositions finales avant sa réouverture : un café avait déjà opéré sur
les lieux.
Dès sa prise de fonction, la nouvelle Première
ministre italienne a ouvertement montré à quel point l'inspiration et les
actions du gouvernement le plus à droite de l'histoire de la République
italienne seront fascistoïdes.
C’est une tautologie de relever que l'une des cibles
du nouveau gouvernement seront les personnes immigré·es et réfugié·es, même les
plus “respectables” : il suffit de dire que lors des réponses à la Chambre des
députés pour le vote de confiance à son gouvernement, Giorgia Meloni a tutoyé
le seul député “de couleur” (comme elle dirait), à savoir Aboubakar Soumahoro,
de la Gauche italienne et des Verts, en plus de s’être trompée sur son nom [« Souhomoro…Soumahoro,
excuse-moi… »].
La gauche, en particulier la gauche “modérée”, porte
une responsabilité considérable dans l'impensable victoire de l'extrême droite,
pour de nombreuses raisons et non des moindres, celle d'avoir négligé,
minimisé, banalisé l'importance décisive de la lutte contre le racisme et pour
l'intégration et les droits des personnes immigrées et réfugiées. Et cela même
de la part de certain·es chercheurs·se et intellectuel·les de gauche, qui
critiquent souvent les politiques d'immigration et d'asile les plus infâmes,
mais au nom de la raison utilitaire et selon une vision instrumentale :
l'accueil des personnes immigrées et réfugiées servirait à contrecarrer le
déclin démographique, et donc le déclin de l'Italie, et à sauver des secteurs
fondamentaux de notre économie qui dépendent du travail, souvent servile, de la
main-d'œuvre immigrée.
Ces arguments - qui, à première vue, semblent
réalistes et convaincants face à ceux qui craignent l’“invasion” - risquent en
réalité, même si c’est involontaire, de confirmer le statu quo de
l'exploitation extrême et d'évoquer le stéréotype des femmes immigrées et
réfugiées comme “incubatrices de la patrie” des autres. C'est également la
raison pour laquelle l'émergence d'un mouvement indépendant et autoorganisé de
militant·es immigr·ées et réfugié·es doit être encouragée par tous les moyens
possibles.
Déjà dans mon essai de 2009 (Regole e roghi. Metamorfosi del razzismo, Dedalo, p. 216 p), j’avais, avec une certaine ironie, défini racisme démocratique
ou respectable ce racisme sournois et hypocrite qui surgit des
entrailles de la zone autrefois connue comme étant de gauche. Et ce également
pour le distinguer du racisme institutionnel et du racisme “spontané”, déclaré
et décomplexé.
Il est absolument évident que, surtout avec le
gouvernement Conte I, dit “facho-étoilé”, la dialectique perverse entre le
racisme institutionnel et le racisme “populaire”, sur laquelle j'écris depuis
de nombreuses années, a atteint son apogée. Et ce, non seulement en raison
d'une production législative elle-même ouvertement sécuritaire et
discriminatoire, qui ne fait que titiller, légitimer et alimenter le sens commun
d’intolérance et les sentiments diffus d'hostilité généralisés envers les autres.
Mais aussi grâce à l'utilisation d'une stratégie de propagande bien pensée et
bien payée, qui est désormais devenue, comme dans les régimes totalitaires, un
instrument de gouvernement et, en même temps, de manipulation des masses : les
deux dimensions deviennent de plus en plus interchangeables, voire coïncident, allant
de pair avec la violation constante du principe démocratique de la séparation
des pouvoirs.
C'est aussi en
raison de cette dialectique que les actes de racisme “spontané”, si l'on peut
dire, se multiplient selon le mécanisme bien connu par lequel la frustration,
le ressentiment et la rancœur (qui sont souvent un effet des conditions
sociales vécues) sont dirigés vers le bouc émissaire du moment, généralement le
plus méprisé, le plus vulnérable et le plus altérisé. Cela a favorisé le
développement du racisme, même dans les régions traditionnellement “rouges”.
Néanmoins, la pente suivie, dangereuse pour la survie
de la démocratie elle-même, est aussi le résultat - qui aujourd'hui sera
sûrement poussé à l'extrême par le gouvernement Meloni - du travail des
gouvernements passés, pas seulement du plus récent et pas seulement de centre-droit.
Je rappelle que c'est sous le premier gouvernement Prodi qu'a eu lieu, le 28
mars 1997, le massacre d'une centaine de réfugiés albanais de Katër i Radës,
pour la plupart des femmes et des enfants, tou·tes fuyant la guerre civile.
Comme on le sait, le petit patrouilleur, débordant de réfugié·es, a été
éperonné dans le canal d'Otrante par la corvette Sibilla de la Marine,
qui, sur ordre d’en haut, devait les empêcher de débarquer. Le gouvernement, en
effet, avec le rôle décisif de Giorgio Napolitano, avait décrété, en
accord avec l'Albanie, un blocus naval consistant en une barrière de navires de
guerre, sévèrement critiqué par le HCR comme illégal.
C'est sous le même gouvernement Prodi qu'a été
approuvée la loi dite Turco-Napolitano, n° 40 du 6 mars 1998, qui, entre
autres, a institué pour la première fois, avec les Centres de séjour temporaire
et d'assistance, la détention administrative [dite “rétention”] en tant
qu’instrument ordinaire, non validé par l'autorité judiciaire. Ce
type de détention est réservé aux immigrées “irrégulières” soumises à des
mesures d'expulsion ou de rapatriement forcé. Dès leur inauguration, les CPTA
(généralement appelés CPT et aujourd'hui CIE) ont causé jusqu'à huit décès, ce
qui en dit long sur l’assistance dont bénéficiaient les personnes
“retenues”.
En effet, la tendance prévaut, dans la conscience
collective comme chez de nombreux locuteurs médiatiques (même ceux qui se
considèrent comme antiracistes), à évacuer les antécédents, le développement,
le caractère cyclique et, en tout cas, la longue durée du néo-racisme à
l'italienne.
Ce n'est certainement pas la première fois que le
racisme verbal le plus grossièrement biologisant s'exprime dans notre pays.
Pour ne pas remonter trop loin dans le temps, on peut citer l'année 2013, qui a
vu un retour déconcertant de la “race”, évoquée par des topoï semblables
à ceux que l'on pouvait trouver dans les publications populaires au service de
la propagande fasciste : en premier lieu, le motif récurrent assimilant les “nègres”
à des singes, avec le corollaire typique des bananes.
Au cours de cette année, les moqueries et les insultes
se sont intensifiées, visant les footballeurs d'origine subsaharienne ou
étrangère, ou “seulement” méridionaux, mais surtout la ministre de
l'Intégration de l'époque, Cécile Kyenge, objet d'attaques racistes
incessantes. L'une des plus graves, également en raison de la position
institutionnelle occupée par l'orateur, a été celle prononcée par Roberto
Calderoli qui, en tant que vice-président du Sénat, a osé comparer la ministre
à un orang-outan.
Vingt ans après la loi Turco-Napolitano, c'est de même
un gouvernement dit de centre-gauche qui a voté les deux lois d'avril 2017,
toutes deux unies par une idéologie sécuritaire et répressive : la loi 46, dite
Minniti-Orlando (« Dispositions urgentes pour l'accélération des
procédures en matière de protection internationale, ainsi que pour la lutte
contre l'immigration illégale ») et la loi 48, dite Minniti (« Dispositions
urgentes sur la sécurité dans les villes »). Ce sont ces deux mesures
législatives qui ont constitué le modèle de la loi n° 132, du 1er décembre
2018, qui, fermement souhaitée par Salvini, chevauche, et ce n'est pas un
hasard, les questions de sécurité et d'immigration, exaspérant le caractère
répressif-raciste-sécuritaire, au point d'être clairement inconstitutionnelle,
de l'avis de pas mal de juristes.
Et c'est sous le même gouvernement Gentiloni que,
principalement sur ordre du ministre de l'Intérieur, des accords ont été
conclus avec des bandes criminelles libyennes et que “Désert rouge” a été
inauguré, une opération militaire au Niger visant à bloquer l'afflux de
réfugiés du sud vers les côtes libyennes. Au cours de cette même législature,
le processus de délégitimation des ONG s'est intensifié, également de la part
du gouvernement : le Code de conduite adopté par Minniti, avec ses
contre-mesures et ses sanctions, les a en effet empêchées d'effectuer des
opérations de recherche et de sauvetage, transférées formellement aux tristement
célèbres garde-côtes libyens.
Quant aux agressions racistes, allant jusqu'au meurtre
et au massacre, contre des personnes immigré·es, réfugié·es et/ou altérisé·es,
elles ponctuent inexorablement au moins les quarante dernières années de
l'histoire italienne. C'est dans la nuit du 21 au 22 mai 1979 à Rome qu'Ahmed
Ali Giama, un citoyen somalien de 35 ans - ancien étudiant en droit à
l'université de Kiev, puis réfugié politique ayant fui la féroce dictature de
Mohammed Siad Barre - a été brûlé vif par quatre jeunes Italiens alors qu'il
dormait sous le portique de Via della Pace, près de Piazza Navona. Malgré les
témoignages détaillés de sept personnes, qui sont sorties d'un restaurant
voisin, les quatre accusés furent acquittés par la Cour de cassation.
Pour citer un autre cas glaçant, le 9 juillet 1985, à
Udine, Giacomo Valent, seize ans, a été tué de soixante-trois coups de couteau
par deux de ses amis de lycée, âgés de quatorze et seize ans, qui étaient
ouvertement néonazis. Fils d'un fonctionnaire d'ambassade et d'une princesse somalienne,
Giacomo était constamment traité de “sale nègre” en raison de ses cheveux frisés
et de sa couleur de peau ambrée, mais aussi de ses opinions de gauche. Cette
affaire et d'autres montrent que la discrimination et le racisme (pouvant aller
jusqu'au meurtre) n'épargnent même pas les personnes parfaitement intégrées.
Le meurtre de Jerry Masslo, un réfugié politique
sud-africain contraint de travailler dans des conditions proches de l'esclavage
pour récolter des tomates dans la campagne de Villa Literno afin de survivre,
est plus connu. Ce meurtre, perpétré le 20 septembre 1989 par une bande de
jeunes braqueurs, racistes de surcroît, a été suivi de la première grève des
migrants contre le caporalato [système des caporali, recruteurs
mafieux de main d’œuvre faisant office de contremaîtres et garde-chiourme, NdT]
et d'une manifestation nationale qui a rassemblé au moins deux cent mille
personnes, inaugurant le mouvement antiraciste italien.
Aujourd'hui encore, on continue à parler
paresseusement de “guerre entre les pauvres”, alors que la dialectique perverse
entre racisme institutionnel et racisme “populaire”, souvent impulsé par des
formations néo-fascistes et/ou la Ligue du Nord, semble avoir atteint son
paroxysme.
Sans parler de la tendance à ramener un phénomène complexe comme le racisme à la "haine" ou à la "peur" et de la réitération de slogans impolitiques et moralisateurs comme l'obsessionnel "Restons humains" : aussi anthropocentrique qu'impolitique, comme je l'ai écrit à plusieurs reprises.
Il faut espérer que la gauche comprendra le caractère absolument central de la lutte contre le racisme et pour les droits des personnes migrantes et réfugiées, en pratiquant un antiracisme solidaire et radical, et en s'opposant ainsi de manière décisive au gouvernement le plus à droite de l'histoire de la République.
NdT
*Camerata : terme correspondant à l’allemand Kamerad, équivalent
fasciste et nazi du terme français Camarade (ital. Compagno, all. Genosse), utilisé,
lui, uniquement dans les milieux de gauche, à l’exception du PPF, le parti
fasciste fondé par l’ancien communiste Jacques Doriot en 1936.
Images : affiches de la campagne contre les clichés
racistes de la Fondation contre le racisme et l’antisémitisme (GRA) lancée en
2003 en Suisse, qui se voulait « délibérément choquante et déstabilisante »
et « entendait faire réagir le public ». Elle suscita des
controverses, ce qui était le but recherché.
En solo siete años, desde 2014 hasta fines de 2021,
se calcula que 29.000 inmigrantes “ilegales” o indocumentados murieron
en su intento de entrar en el acorazado europeo mediante el cruce del
Mar Mediterráneo. Cifras que podrían ser mucho más altas, ya que
centenares (incluso miles) de todas las edades perecen en embarcaciones
improvisadas sin que nadie los contabilice. Y muchos otros tampoco
aparecen en los cálculos oficiales debido a que sus muertes se
relacionan con deportaciones obligadas, en general forzadas y, muy a
menudo violentas.
La Organización Internacional para las Migraciones, OIM, logró
documentar desde principios de 2021 hasta octubre de ese mismo año unas
5.684 muertes en las rutas migratorias hacia Europa y dentro del
continente.
Documentar la barbarie con dignidad
Julia Black, una de las autoras de un informe elaborado por el Proyecto Migrantes Desaparecidos de
dicha organización, publicado la última semana de octubre, señala que
«esta continuidad de muertes constituye otro sombrío recordatorio de que
se necesitan, desesperadamente, más vías legales y seguras para la
migración».
Según dicho informe, en ese mismo período se registraron 2.836
muertes y desapariciones en la ruta del Mediterráneo Central, un
aumento significativo en comparación con los 2.262 casos entre 2019 y
2020. Son particularmente alarmantes las 1.532 muertes en la ruta desde
África Occidental hacia las Islas Canarias (España): el número más alto
desde 2014, cuando la OIM inició el registro.
Los investigadores que elaboraron el informe señalan que, muy probablemente, los datos sobreestas
rutas mediterráneas son incompletos debido a las complicaciones para
verificar los denominados «naufragios invisibles», es decir, de
embarcaciones que se pierden en el mar sin que nadie se entere y, en
consecuencia, sin ninguna búsqueda ni rescate.
El Proyecto Migrantes Desaparecidos documenta casos
de personas —incluso refugiados y solicitantes de asilo—, que han
fallecido en zonas de frontera o en su trayecto hacia un destino fuera
de sus respectivos países de origen. Este proyecto se puso en marcha
para dar respuesta a conteos discrepantes sobre el número de fallecidos
(o desaparecidos) en las más variadas rutas migratorias de todo el
mundo, y particularmente, después del naufragio ocurrido en octubre de
2013, cuando 368 personas perecieron cerca de la isla italiana de
Lampedusa.
El Proyecto es, actualmente, autoridad indiscutida en
su género ya que cuenta con la única base de datos de libre acceso
sobre personas fallecidas a nivel internacional en trayectos
migratorios. Además publica reportes, resúmenes e infografías que
analizan en cada región geográfica los riesgos en las rutas de migración
irregular, cuestiones vinculadas a la identificación de migrantes
desaparecidos, información sobre los mecanismos de asistencia para las
familias de los migrantes desaparecidos y la metodología para la
recopilación de datos. Se propone convertirse en un punto de referencia y
consulta en aquellos casos en que se busca a migrantes de los que no se
tiene ninguna información actualizada.
Desde 2014, más de 50.000 personas han muerto durante
viajes migratorios inseguros. Como señala su sitio web, “los datos
recopilados por el Proyecto son testimonio de uno de los fracasos
políticos más estrepitosos de los tiempos actuales. La OIM reclama que
inmediatamente se provean rutas para la migración seguras, humanas y
legales”. Los responsables del Proyecto sostienen que, de contarse con
mejores datos, sería posible formular políticas que pongan fin a esta
tragedia.
Acabamos de publicar
Humeurs/Humores, una colección bilingüe (francés/español) de poemas de Kadda
Benkhira, un poeta argelino que respondió amablemente a nuestras preguntas.
¿Cómo te convertiste
en poeta?
Creo que mi gusto por la
poesía comenzó en la escuela primaria. El maestro, para familiarizarnos con la
lengua francesa, nos daba a menudo un poema para que lo aprendiéramos de
memoria y lo recitáramos al día siguiente en clase.
Pero no sólo se trata de
recitar. También me había acostumbrado a frecuentar cada fin de semana un gran
zoco en el que no sólo había productos para la venta, sino también
flautistasque hacían bailar a las
serpientes.... cantantes… A mí, lo que me interesaba de este lugar tan animado
era sobre todo aquellas personas que tenía su forma de contar historias sobre
diversos temas y hacerlas muy entrañables, también tenían eran maestros
en el arte de recitar poemas en un lenguaje popular muy límpido... Más tarde,
empecé a escuchar poesía árabe clásica y a leer en francés todos los libros) de
poesía que encontraba... Así es como me convertí en poeta.
¿El hecho de escribir
en francés –“un botín de guerra” según Kateb Yacine- ¿no disminuye el alcance
de tus poemas en Argelia?
Sí, disminuye el alcance
de mis poemas en Argelia, pero quisiera señalar que este “botín de guerra”,
independientemente de su importancia, acabará desapareciendo. Además, no pasa
un día sin que la lengua de mis antepasados gane un pedacito de terreno que le
ha sido confiscado. Silenciosamente, volverá a ocupar su lugar de la forma más
natural posible). ¡Y qué hay más hermoso, más noble, más natural para un pueblo
que recuperar su lengua!
No hay que olvidar que la
barbarie colonial francesa ha permanecido en Argelia durante 132 años. No se
puede eliminar esta lengua de nuestra patria como se saca un clavo viejo de una
tabla, se necesita tiempo y mucha paciencia...
Hoy en día, la mayoría de
los jóvenes argelinos y argelinas prefieren el inglés al francés.
Además, el próximo año
escolar, el gobierno ha decidido empezar la enseñanza del inglés desde la
escuela primaria... “Si el francés, decía el presidente, es un botín de guerra,
el inglés es una lengua internacional”. está muy claro...
También he notado que los
jóvenes comienzan a interesarse seriamente por otros idiomas como el español,
el italiano, el turco...
Por mi parte, seguiré
utilizando el francés, que es (como todos los demás idiomas) un medio de
comunicación. Y estoy seguro de que mis poemas se traducirán al árabe. Así,
encontraré a los lectores que el “botín de guerra” me hizo
perder...
Verás, un escritor (o un
poeta), aunque su patria nunca ha sido colonizada, su lengua solo puede hacerlo
conocer en su país. Si quiere cruzar sus fronteras, si quiere hacerse famoso,
debe absolutamente recurrir a esta honorable dama llamada: TRADUCCIÓN...
Né à Tel
Aviv, Amir Barnea est professeur agrégé de finance à HEC Montréal depuis 2011
et chroniqueur indépendant pour le Toronto Star et Haaretz. Il a
obtenu son doctorat de l'Université de Colomvie britannique en 2005 avec une
thèse sur la responsabilité sociale des entreprises. @abarnea1
L’industrie
pétrolière et gazière de la Norvège a généré une richesse inimaginable pour sa
population. Est-ce vraiment de l’argent sale ? Et que peut en apprendre Israël
?
OSLO
- Au n°2,
Bankplassen (Place de la Banque), dans le centre de la ville, deux portes
métalliques de couleur cuivre s'ouvrent sur un hall qui n'a manifestement pas
été rénové depuis des décennies. Des pétunias en pot, à la réception un employé
courtoisPas le moindre soupçon de la puissance
économique gigantesque que recèle ce vieux bâtiment.
Mais
je sais qu'en cet endroit même, peut-être à l’étage au-dessus, se cache une
richesse d'une taille inconcevable. Pas moins d’1,4 billion - soit mille quatre
cents milliards - de dollars sont gérés à partir d’ici.
Ceci
est le siège [de la Banque de Norvège et] du fonds pétrolier norvégien, officiellement connu sous le nom de
Government Pension Fund Global, qui est devenu, sur une période relativement
courte – environ 25 ans -- le plus grand organisme d'investissement public du
monde. La Norvège a une population assez faible de quelque 5,5 millions
d'habitants, alors que celle des USA est 60 fois supérieure, mais le fonds
norvégien représente trois fois la valeur de CalPERS (California Public
Employees' Retirement System), le plus grand fonds de pension des USA.
Une plate-forme gazière
offshore appartenant à une entreprise publique norvégienne. « Nous sommes
tellement heureux d'avoir ce fonds pétrolier - d'où vient l'argent, personne ne
veut en parler », dit la professeure Marianne Takle. Photo : Olaf Nagelhus
/ Equinor
La
puissance du fonds norvégien peut être mieux décrite par le fait stupéfiant que
cet organisme, qui investit la majeure partie de son argent dans les actions de
quelque 9 000 entreprises publiques de 70 pays différents, détient près de 1,5
% des sociétés cotées dans le monde
Pour
comprendre l'origine de ces incroyables richesses, il faut remonter à la veille
de Noël 1969. Après trois ans d'exploration, la Norvège découvre Ekofisk, la
plus grande réserve maritime de pétrole et de gaz jamais trouvée - et pour la
plus grande chance du pays, ce gisement est situé juste à la limite intérieure
de ses eaux territoriales, en mer du Nord. S'il se trouvait à quelques dizaines
de kilomètres de là, dans quelque direction que ce soit, il appartiendrait à la
Grande-Bretagne, au Danemark, à la Hollande ou à l'Allemagne. Un peu de chance
n'a jamais fait de mal à personne.
Le gouvernement norvégien
en 2021. Photo : HAAKON MOSVOLD LARSEN / NTB / AF
La
production de pétrole a commencé dans les années 1970. Au départ, les bénéfices
étaient directement transférés à l'État, mais lorsque d'autres gisements ont
été découverts, il a été décidé de créer un organisme chargé de gérer l'argent
généré par les revenus de la production de pétrole et de gaz, ainsi que par les
royalties et taxes qui y sont associées. Les gestionnaires du fonds ont
reçu le mandat d'adopter une vision à long terme en termes d'investissements,
afin de percevoir les bénéfices les plus élevés pour un risque raisonnable.
Ainsi, la génération actuelle et celles à venir pourront bénéficier des
richesses pétrolières de la Norvège. Le fonds souverain d'Israël, appelé “Israeli
Citizens' Fund”, qui a commencé à fonctionner en juin, a été créé sur la base
de principes similaires.
L'argent
a commencé à affluer dans le fonds norvégien en 1996 et a été initialement
investi dans de solides obligations d'État. Depuis lors, cependant, dans un
processus qui a mis des années à évoluer, une proportion croissante a été
canalisée vers des actions de sociétés cotées en bourse, et a généré un
rendement confortable. Une structure de gestion légère, des salaires nettement
inférieurs à ceux habituellement pratiqués dans ce domaine et une transparence
totale ont également contribué à l'énorme succès du fonds.
Les
pays scandinaves sont souvent considérés comme un seul bloc, et ils ont en
effet beaucoup en commun. Mais lorsqu'il s'agit de richesse, et depuis que
l'argent des plateformes pétrolières a commencé à affluer, la Norvège a fait un
bond en avant, laissant ses sœurs nordiques derrière elle. Selon les dernières
prévisions du Fonds monétaire international, à la fin de 2022, le produit
intérieur brut par habitant en Norvège s'élèvera à 99 000 dollars, soit près de
50 % de plus qu'au Danemark et 70 % de plus qu'en Suède. En fait, si l'on ne
tient pas compte de petits pays comme le Liechtenstein, Monaco et le
Luxembourg, la Norvège est aujourd'hui l'un des trois pays les plus riches du
monde, en termes de PIB par habitant (les autres sont la Suisse et l'Irlande,
qui a attiré des entreprises internationales grâce à des incitations fiscales,
même si une grande partie des richesses qui en résultent ne restent pas dans le
pays).
L'une des clauses concernant le Government Pension Fund Global, alias le fonds
pétrolier, stipule que 3 % de sa valeur totale sont transférés annuellement au
budget de l'État. En 2021, ce montant ne représentait pas moins de 20 % de ce
budget. Les effets de la manne pétrolière et gazière sont partout perceptibles
dans le pays.
Vous pensez que l'opéra de Sydney est luxueux ? Si vous voulez vraiment voir du
luxe, montez sur le toit du grandiose opéra d'Oslo. Non loin de là, un immense musée
consacré à la vie et à l'œuvre du peintre Edvard Munch a ouvert il y a un an.
L'expression du visage du sujet de l'œuvre emblématique de Munch, Le Cri,
traduit le choc que représente le coût de la construction du musée : 314
millions de dollars. Et comme si cela ne suffisait pas, à quelques minutes de
là se trouve la nouvelle bibliothèque municipale de la capitale – construite
pour un montant d'environ 250 millions de dollars –qui a ouvert ses portes il y a deux ans. La
structure est d'une beauté à couper le souffle ; son rez-de-chaussée est
entièrement transparent. Selon l'un des directeurs de la bibliothèque, « en
plus des 450 000 livres, vous pouvez y regarder des films avec vos amis,
enregistrer des podcasts, apprendre à jouer du piano, coudre une robe et
utiliser les imprimantes 3D, ou simplement jouir de la vue sur le fjord d'Oslo
et de l'architecture. »
Como
expresaran vecinos de la asociación vecinal de la zona, ellos tardaron diez
años en sensibilizar a alguna autoridad pública con el reclamo ante la
contaminación de sus suelos producidos por agrotóxicos, que se sospechaba
provenían de viveros forestales.
Pero
cuando las instancias públicas empiezan a actuar contra los venenos usados por
la agroindustria, la Dirección de Servicios Forestales del Ministerio de
Agricultura logra “en tiempo récord” la habilitación de dichos tóxicos a pedido
del lobby forestal (institucionalmente, la SPF), y consecuentemente amplía el
uso de tales agrotóxicos.
Observemos
el mecanismo marxista aplicado al episodio. Como se sabe, Groucho Marx hizo
célebre aquel aforismo: “Tengo mis principios, pero si no son de su agrado,
tengo otros.”
La
Sociedad de Productores Forestales (SPF) goza de excelente buena conciencia.
Declaran, por ejemplo: “Conservamos el suelo, el agua y la biodiversidad en áreas
forestales.” Maravilla biológica puesto que se conserva todo “eso” en un
monocultivo. Caso único, suponemos, en el mundo.
Declaran
además que: “llevamos una gestión forestal sustentable”. No sabemos bien a qué
se refiere; a si cuando se termine con el cultivo forestal y se hayan cosechado
los troncos, se liberará al suelo de los tocones y sus raíces para devolverle
posibilidades de recuperación biótica, de pasturas, o si cuidan los equilibrios
hídricos de las plantaciones.
Este
episodio, que nos tememos haya hecho temblar las finanzas de UPM en el mundo
entero, clarifica el comportamiento ambiental de nuestro país.
Mediante
el pago de multas, cualquier empresa transnacional no necesita modificar sus
procesos de transformación de la materia, sean estos contaminantes o no.
Sencillamente, se paga la multa para seguir contaminando libremente (el único
límite a semejante estrategia podría provenir de que el monto de la multa fuera
mayor que el costo de modificación del proceso industrial o agroindustrial en
entredicho).
Pero
por ese lado, las empresas pueden estar tranquilas: las multas son mucho
menores, muchísimos menores, que dichos costos.
Y
así todos contentos. Salvo, apenas, la gente y el suelo del planeta.