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10/06/2023

GIANFRANCO LACCONE
Défendre les sols : une mission impossible dans le système de marché mondial

Gianfranco Laccone, climateaid.it, 8/6/2023
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

L’imperméabilisation des sols (leur recouvrement permanent par des couches imperméables de bâtiments, de routes asphaltées, de parkings, etc.) entraîne une perte irréversible de leurs fonctions écologiques. Les villes sont de plus en plus touchées par des vagues de chaleur dues au manque d’évaporation en été.


Nous devons nous demander pourquoi les appels à la protection des sols tombent dans l’oreille d’un sourd. Il est désormais devenu courant (et stérile) de communiquer chaque année, à l’occasion de la Journée mondiale des sols [5 décembre], des données sur la quantité de sol encore consommée par les routes et les constructions. Je me souviens avoir écrit en 2015 que « sur le territoire de l’Union européenne, environ 1 000 km2 de sol sont soustraits pour la construction de logements, d’industries et de réseaux autoroutiers, ce qui, en termes d’impact, provoque un changement irréversible du sol et de ses fonctions biologiques ». Bien des années auparavant, soucieux d’impressionner les gens, le WWF avait écrit dans l’une de ses publicités : « Cette année, nous avons perdu une Autriche » (en référence à la zone déboisée de l’Amazonie).

Des études ont montré, il y a déjà une dizaine d’années, que l’équilibre entre l’environnement naturel et l’agriculture polluante était compromis, prédisant que dans notre pays, il y avait un risque de désertification à hauteur de 21,3 % du sol italien et de 41,1 % du sol dans les régions centrales et méridionales. Au cours des 50 dernières années, les phénomènes de dégradation des sols ont entraîné une réduction de plus de 30 % de leur capacité à retenir et à réguler l’eau, amplifiant encore le risque hydrogéologique et l’occurrence d’événements catastrophiques.

Cette tendance non durable menace la disponibilité de sols fertiles et de réservoirs d’eau souterraine pour les générations futures. L'imperméabilisation des sols (leur recouvrement permanent par des couches imperméables de bâtiments, de routes asphaltées, de parkings, etc.) entraîne une perte irréversible de leurs fonctions écologiques. L'eau ne pouvant ni s'infiltrer ni s'évaporer, cela augmente le ruissellement, entraînant des inondations catastrophiques.

Les villes sont de plus en plus touchées par des vagues de chaleur, en raison du manque d’évaporation en été. Les paysages sont fragmentés et les habitats deviennent trop petits ou trop isolés pour accueillir certaines espèces. En outre, le potentiel de production alimentaire des terres est perdu à jamais. Le Centre commun de recherche de la Commission européenne estime que quatre millions de tonnes de céréales sont potentiellement perdues chaque année à cause de l’imperméabilisation des sols. Or, contrairement à d’autres ressources telles que l’air et l’eau, il n’existe toujours pas de législation spécifique au niveau de l’UE pour protéger les sols.

L'Acropole d'Athènes bétonnisée

Je pense que nous devons nous demander pourquoi les appels à la protection des sols tombent dans l’oreille d’un sourd et pourquoi, comme d’autres biens que tout le monde aurait intérêt à maintenir en bon état, les sols font eux aussi l’objet d’une négligence inexplicable d’un point de vue rationnel et apparemment incompatible avec les objectifs que toute activité productive reposant sur les sols est censée atteindre.

La réponse à ces questions doit être recherchée dans les mécanismes déclenchés par une société fondée sur les règles du marché financier appliquées à toutes les relations et transactions possibles. Le vivant, dont la caractéristique est d’être cyclique, s’adapte mal à ces systèmes rectifiés, aux relations très simplifiées ; ce qui en souffre en premier lieu, c’est l’agriculture, système créé par l’humain pour augmenter la quantité de nourriture disponible, et qui repose sur l’utilisation de deux facteurs : la terre et l’eau et la circularité des relations créées entre eux, avec la formation de vapeur, de nuages, de vents, par la rotation de la terre.

Le sol agricole est donc un bien primordial qu’il faut toujours protéger, et d’innombrables études ont identifié les points critiques des transformations qui se sont produites dans les sols agricoles de la planète : l’érosion, la salinisation des sols et la désertification de vastes zones de la planète causée par l’action de l’homme représentent des effets qui doivent être combattus par le biais de plates-formes internationales d’accord entre les États. Tout le monde converge sur la nécessité de restaurer certains aspects de l’efficacité et de la fertilité des sols agricoles que leur utilisation excessive a dissipés, et la protection des sols apparaît donc comme un objectif largement partagé.

Il convient d’ajouter qu’au cours des 70 dernières années, la prise de conscience scientifique du lien essentiel entre la terre et l’eau et, par conséquent, la nécessité de défendre les sols non utilisés à des fins “humaines” (forêts naturelles, habitats, cours d’eau) se sont ajoutées, rendant de plus en plus évident le fait que tout ce qui se trouve sur la planète ne peut pas être plié à des fins économiques. Au contraire, les recettes économiques propagées pendant longtemps tendaient à considérer la terre, et donc le sol, comme un élément susceptible d’être valorisé de manière productive par le biais d’une utilisation plus intensive. Ces recettes ne sont plus gérables car les dommages qui en résultent sont de moins en moins importants dans le temps : les bénéfices sont réduits à la fois en ampleur et en durée.

Les investissements productifs initiés dans cette perspective et soutenus pendant longtemps, bien représentés en Italie par la bonification  intégrale, ont subi le sort de toutes les politiques d’investissement de marché : ils sont devenus secondaires, considérés comme moins valables que d’autres ayant des rendements plus élevés et susceptibles d’avoir un impact immédiat sur les budgets de l’État. Dans les années de récession, les politiques de réduction des postes financiers non prioritaires, c’est-à-dire les investissements, surtout ceux à faible rendement, sont généralement privilégiées ; dans les années d’expansion, ce sont les investissements à haut rendement, souvent à haut risque, liés aux marchés financiers, qui sont favorisés. Cet abandon ne concerne plus seulement les investissements liés aux productions agricoles incluses dans les marchés de matières premières, mais aussi les activités et productions liées à un engagement de “développement durable”, qui jusqu’à présent avaient réussi à gagner un espace d’intérêt, capable de “soutenir” les activités de service liées au développement de la consommation foncière immatérielle. Il faut noter que dans les deux cas, cependant, le sol est considéré comme un support, à modeler et à modifier, et sa protection est une fonction liée à la correction des défaillances produites par son utilisation intensive.

Un premier élément de la théorie économique appliquée au domaine agricole est que la protection du sol n’est pas considérée comme une activité normale liée au cycle d’utilisation du bien, comme cela pourrait être le cas pour tout autre bien économique, dont la réintégration est normalement prise en compte par des quotas d’amortissement. Dans ce cas, la fonction de remise en état est décomposée en diverses autres fonctions, considérées non pas comme des fonctions de remise en état, mais comme des fonctions d’activité, productives ou sociales, et donc susceptibles d’une utilisation économique ou d’une utilisation pour l’intérêt collectif. Les fonctions de défense du sol sont directement liées à la valeur des productions qui y sont implantées, comme dans le cas de la fertilisation ou de la défense contre les ravageurs ; même dans le cas des investissements, le sol est valorisé pour l’amélioration de sa structure, ou pour une éventuelle dépollution ou valorisation. Dans tous ces cas, le sol n’a pas une valeur “unique” et peut même être valorisé différemment selon l’intervention envisagée.

Contrairement à ce que l’on prétend, à savoir que la division des sols ruraux et urbains permet une protection plus efficace des sols, la protection des sols se heurte avant tout à la parcellisation et à la privatisation qu’ils ont subies, ainsi qu’à la division culturelle entre ville et campagne, qui a considéré les sols existant dans une même zone géographique, voire contigus, de manière très différente selon qu’ils appartiennent à la catégorie des sols urbains ou ruraux.

L’assainissement et la protection des sols sont principalement destinés aux populations urbaines (actuellement la majorité de la population du continent européen), qui ne semblent pas se rendre compte de cet intérêt et se déchargent de tous les aspects du problème sur l’agriculture, le secteur qui occupe la plus grande partie des sols avec son activité économique.

Mais même dans le domaine de l’agriculture, la protection des sols suscite peu d’intérêt, pour de nombreuses raisons ; pour nous limiter au domaine strictement économique, l’une des principales raisons réside dans le fait que la production ne rentabilise pas un investissement dans ce sens, outre le fait que la division de la propriété rend encore moins attrayant pour les particuliers ce qui a manifestement un coût considérable non lié à un profit à court terme.

Du moins tant qu’il n’est pas question de réparer les dégâts d’une quelconque catastrophe.

 


09/06/2023

FAUSTO GIUDICE
Annecy, Francia: un amok “en nombre de Jesucristo”

Fausto Giudice, Tlaxcala, 9/6/2023

Amok, palabra derivada del vocablo malayo amuk que significa “furia incontrolable”, se refiere a los actos cometidos por personas -generalmente hombres- que repentinamente son presa de una locura asesina y llevan a cabo ataques con arma blanca contra individuos al azar en una carrera que generalmente termina con la muerte o el suicidio del agresor. Esta forma extrema de descompensación suicida, observada en Malasia y otros países, ha sido objeto de innumerables estudios etnológicos y psiquiátricos, obras literarias - de Rudyard Kipling a Romain Gary y Stefan Zweig - y películas (al menos 9 desde 1927).


Lo ocurrido a orillas del lago de Annecy en Francia el jueves 8 de junio de 2023 es un caso típico de amok: Abdelmasih Hannoun, sirio de 31 años, apuñaló a 4 niños pequeños delante de sus horrorizadas madres, y después a dos ancianos. Un joven, Henri, de 24 años, que pasaba por allí, intentó detenerle con su mochila, pero no lo consiguió. Eso fue todo lo que necesitó este estudiante de marketing, que actualmente recorre las catedrales de Francia, para convertirse en el “héroe de la mochila” de las llamadas redes sociales. La policía fue alertada e intervino, poniendo fin a la alocada carrera, sin matar al asaltante, disparándole en las piernas.

“Tal y como están las cosas, no tenemos pruebas que sugieran que había un móvil terrorista”, declaró la fiscal de Annecy, Line Bonnet-Mathis, en una rueda de prensa en el lugar de los hechos 6 horas después. Como el agresor no estaba bajo los efectos del alcohol ni de las drogas, la investigación se está centrando en sus antecedentes psiquiátricos y su estado psicológico. Los investigadores, que sin duda no han leído ni a Stefan Zweig ni a Émile Durkheim, tendrán mucho trabajo para explicar el desmadre.

A medida que pasaban las horas, iban apareciendo detalles sobre Abdelmasih Hannoun [traducción literal: Esclavo misericordioso del Mesías]: refugiado en Suecia, donde se casó con una sueca de Trollhättan conocida en Turquía, este cristiano sirio (“asirio”) de Hassaké, en el noreste de Siria, pasó unos diez años en Suecia antes de divorciarse y abandonar el país. Solicitó asilo en Francia, Italia y Suiza antes de que su primera solicitud de asilo en Suecia fuera finalmente aceptada el 26 de abril de 2023, lo que motivó la denegación de su solicitud en Francia, notificada el 4 de junio. Tras obtener un permiso de residencia permanente en Suecia en 2013, había solicitado la ciudadanía sueca a partir de 2017, que le fue denegada tres veces, a pesar de tener una hija, que ahora tiene 3 años, y de estudiar enfermería.

Durante su amok, este siervo del Mesías gritó dos veces: “En el nombre de Jesucristo” en inglés. Llevaba una cruz y, además del cuchillo, un libro de oraciones. Por ello, la policía no le disparó en la cabeza, lo que sin duda habría ocurrido si hubiera gritado “Allahu Akhbar”. Esto habría ahorrado al Sr. Ministro de Interior Darmanin el trabajo de devanarse los sesos sobre “coincidencias inquietantes” y habría calmado “el susto que abruma a nuestro país” (Aurore Bergé, líderesa del grupo Renacimiento de los diputados macronistas, que aprovechó el amok saboyano para denunciar la “pelea de trapoers” en la Asamblea Nacional sobre la reforma de las pensiones).

Así pues, podríamos añadir esta definición al Diccionario de las ideas recibidas de Gustave Flaubert:

Amok: una forma de terrorismo cuando el autor es musulmán, un acto meramente aterrador y perturbador cuando el autor es cristiano, incluso si es árabe y barbudo”.

 

FAUSTO GIUDICE
Annecy: un amok “nel nome di Gesù Cristo”

Fausto Giudice, Tlaxcala, 9/6/2023

Amok, parola derivata dal termine malese amuk che significa “rabbia incontrollabile”, si riferisce ad atti commessi da persone - di solito uomini - che vengono improvvisamente sopraffatti da una follia omicida e compiono attacchi all’arma bianca contro individui casuali in una corsa che generalmente si conclude con l'uccisione o il suicidio dell'assassino. Questa forma estrema di scompenso suicidario, osservata in Malesia e in altri paesi, è stata oggetto di innumerevoli studi etnologici e psichiatrici, opere letterarie - da Rudyard Kipling a Romain Gary e Stefan Zweig - e film (almeno 9 dal 1927).

 

L'accaduto sulle rive del lago di Annecy giovedì 8 giugno 2023 è un tipico caso di amok: Abdelmasih Hannoun, un siriano di 31 anni, ha accoltellato 4 bambini piccoli davanti alle loro madri inorridite, e poi due anziani. Un giovane, Henri, 24 anni, che passava di lì, ha cercato di fermarlo con il suo zaino, ma non è riuscito a farlo. È bastato questo per far sì che questo studente di marketing, attualmente impegnato in un tour delle cattedrali francesi, diventasse l'“eroe dello zaino” delle reti cosiddette sociali. La polizia è stata allertata ed è intervenuta, ponendo fine alla folle corsa, senza uccidere l'aggressore, ma sparandogli alle gambe.

“Allo stato attuale, non abbiamo prove che suggeriscano che ci fosse un movente terroristico”, ha dichiarato la procuratrice di Annecy Line Bonnet-Mathis durante un briefing con la stampa sulla scena 6 ore dopo. Poiché l'aggressore non era sotto l'effetto di alcol o droghe, le indagini si stanno orientando verso sua storia psichiatrica e sul suo stato psicologico. Gli inquirenti, che senza dubbio non hanno letto né Stefan Zweig né Émile Durkheim, avranno il loro bel da fare per spiegare l'accaduto.

Con il passare delle ore sono emersi dettagli su Abdelmasih Hannoun [traduzione letterale: servo misericordioso del Messia]: rifugiato in Svezia, dove ha sposato una donna svedese di Trollhättan conosciuta in Turchia, questo cristiano siriaco (“assiro”) di Hassake, nel nord-est della Siria, ha trascorso una decina d'anni in Svezia prima di divorziare e lasciare il paese. Ha presentato domande di asilo in Francia, Italia e Svizzera prima che la sua prima domanda di asilo in Svezia fosse finalmente accettata il 26 aprile 2023, il che ha portato al rifiuto della sua domanda in Francia, notificato il 4 giugno. Avendo ottenuto un permesso di soggiorno permanente in Svezia nel 2013, dal 2017 aveva presentato domanda di citaddinanza svedese, respinta per tre volte, nonostante avesse una figlia, oggi di 3 anni, e studiasse per diventare infermiere.

Durante il suo amok, il nostro servo del Messia ha gridato due volte: “Nel nome di Gesù Cristo” in inglese. Indossava una croce a ciondolo e, oltre al coltello, aveva con sé un libro di preghiere. Di conseguenza, la polizia non gli ha sparato alla testa, cosa che sarebbe avvenuta se avesse gridato “Allahu Akhbar”. Questo avrebbe risparmiato al Signor Ministro dell’ Interno Darmanin di scervellarsi su “coincidenze inquietanti” e avrebbe calmato “lo spavento che sta travolgendo il nostro Paese" (Aurore Bergé, capa del gruppo Renaissance dei deputati macronisti, la quale ha approfittato dell'amok savoiardo per denunciare la “battaglia degli straccioni” all'Assemblea nazionale sulla riforma delle pensioni).

Potremmo quindi aggiungere questa definizione al Dizionario dei luoghi comuni di Gustave Flaubert:

Amok: una forma di terrorismo quando l'autore è musulmano, un atto semplicemente spaventoso e inquietante quando l'autore è cristiano, anche se arabo e barbuto”.


 

FAUSTO GIUDICE
Annecy, France: an amok “in the name of Jesus Christ”

 Fausto Giudice,  Tlaxcala, 9/6/2023

Amok, a term derived from the Malay word amuk meaning “uncontrollable rage”, refers to acts committed by people - usually men - suddenly gripped by a murderous madness, engaging in knife attacks against random individuals in a race that generally ends with the murderer's death or suicide. This extreme form of suicidal decompensation, observed in Malaysia and other countries, has been the subject of countless ethnological and psychiatric studies, literary works - from Rudyard Kipling to Romain Gary and Stefan Zweig - and films (at least 9 since 1927).


What happened on the shores of Lake Annecy on Thursday, June 8, 2023 is a typical case of amok: Abdelmasih Hannoun, a 31-year-old Syrian, stabbed 4 small children to death before the eyes of their horrified mothers, and then two seniors. A young man, Henri, 24, who was passing by, tried to stop him with his backpack, but failed. This was all it took for the marketing student, who is currently on a tour of France's cathedrals, to become the “backpack hero” of the so-called social networks. The police, alerted, intervened, putting an end to the mad race, without killing the aggressor, but by shooting him in the legs.

“As things stand, we have no evidence to suggest that there was any terrorist motivation,” said Annecy public prosecutor Line Bonnet-Mathis at a press briefing on the scene 6 hours later. As the assailant was not under the influence of alcohol or drugs, the investigation is focusing on his psychiatric history and psychological state. The investigators, who probably hasn’t read neither Stefan Zweig nor Émile Durkheim, will have have a hard time explaining this amok.

As the hours passed, details emerged about Abdelmasih Hannoun [literal translation: Merciful Slave of the Messiah]: a refugee in Sweden, where he married a Swedish woman from Trollhättan known in Turkey, this Syriac (“Assyrian”) Christian originally from Hassake, in northeastern Syria, spent some ten years in Sweden before divorcing and leaving the country. He applied for asylum in France, Italy and Switzerland before his first application for asylum in Sweden was finally accepted on April 26, 2023, resulting in the rejection of his application in France, notified on June 4. Having obtained a permanent residence permit in Sweden in 2013, he had applied for Swedish citizenship from 2017, which was rejected three times, despite having a child, now aged 3, and studying to become a nurse.

During his amok, this servant of the messiah shouted twice: “In the name of Jesus Christ”. He was carrying a cross and, in addition to his knife, a prayer book. As a result, the police did not shoot him in the head, which would certainly have been the case had he shouted “Allahu Akhbar”. This would have saved Mr. Darmanin, the Interior Minister, the trouble of racking his brain about “troubling coincidences” and calmed “the awe that is overwhelming our country” (Aurore Bergé, leader of the Macronist parliamentary group Renaissance, who took advantage of the Savoyard amok to denounce the “rag-tag battle” at the National Assembly over pension reform).

We could therefore add this definition to Gustave Flaubert’s  Dictionary of Received Ideas:

Amok: a form of terrorism when the perpetrator is a Muslim, a simply frightening and disturbing act when the perpetrator is Christian, even if he is a bearded Arab”.


 

FAUSTO GIUDICE
Annecy : un amok “au nom de Jésus-Christ”

Fausto Giudice, Tlaxcala, 9/6/2023

Amok, ce mot venant du terme malais amuk signifiant “rage incontrôlable”, désigne des actes commis par des personnes -généralement des hommes - prises soudainement de folie meurtrière et se livrant à des attaques à l’arme blanche contre des individus pris au hasard d’une course finissant généralement par la mise à mort ou le suicide du meurtrier. Cette forme extrême de décompensation suicidaire, observée en Malaisie et dans d’autres pays, a fait l’objet d’innombrables études ethnologiques et psychiatriques, d’œuvres littéraires – de Rudyard Kipling à Romain Gary en passant par Stefan Zweig – et de films (au moins 9 depuis 1927).


Ce qui s’est passé au bord du lac d’Annecy le jeudi 8 juin 2023 est un cas typique d’amok : Abdelmasih Hannoun, un Syrien de 31 ans, a poignardé 4 petits enfants sous les yeux de leurs mères horrifiées puis deux personnes âgées. Un jeune homme de 24 ans, Henri, qui passait par là, a tenté de l’arrêter avec son sac à dos mais n’y est pas parvenu. Il n’en fallait pas plus pour que cet étudiant en marketing, qui est en train de faire un tour de France des cathédrales, devienne « le héros au sac à dos » des réseaux dits sociaux. La police, alertée, est intervenue, mettant fin à la course folle, sans tuer l’agresseur, mais en lui tirant dans les jambes.

« En l’état on n’a pas d’éléments qui pourraient nous laisser entendre qu’il y a une motivation terroriste », a déclaré la procureure d’Annecy Line Bonnet-Mathis au cours d’un point de presse sur place, 6 heures plus tard. L’agresseur n’étant sous l’effet ni d’alcool ni de stupéfiants, l’enquête s’oriente donc sur ses antécédents psychiatriques et son état psychologique. Les enquêteurs n’ayant sans doute lu ni Stefan Zweig ni Émile Durkheim, auront fort à faire pour expliquer l’amok.

Au fil des heures, des détails ont émergé sur Abdelmasih Hannoun [traduction littérale : Esclave miséricordieux du Messie] : réfugié en Suède où il s’est marié avec une femme de nationalité suédoise de Trollhättan connue en Turquie, ce chrétien syriaque (“assyrien”) originaire de Hassaké, dans le nord-est de la Syrie, a passé une dizaine d’années en Suède avant de divorcer et de quitter le pays. Il a déposé des demandes d’asile en France, en Italie et en Suisse avant de voir sa première demande d’asile en Suède finalement acceptée le 26 avril 2023, ce qui a entraîné le rejet de sa demande en France, notifié le 4 juin. Ayant obtenu un titre de séjour permanent en Suède en 2013, il avait fait une demande de naturalisation suédoise à partir de 2017, qui a été rejetée trois fois, bien qu’il ait un enfant, aujourd’hui âgé de 3 ans, et qu’il étudie pour devenir infirmier.

Lors de son amok, ce serviteur du messie a crié deux fois : « In the name of Jesus Christ ». Il arborait une croix et avait sur lui, à part son couteau, un livre de prières. Les policiers ne lui donc pas tiré dans la tête, ce qui aurait très certainement été le cas s’il avait crié « Allahou Akhbar ». Ce qui aurait évité à Monsieur Darmanin de se casser la tête sur les “coïncidences troublantes” et calmé “l’effroi qui submerge notre pays” (Aurore Bergé, cheffe du groupe de députés macroniens Renaissance, qui a profité de l’amok savoyard pour dénoncer la “bataille de chiffoniers“ à l’Assemblée nationale autour de la réforme des retraites).

On pourrait donc ajouter cette définition au Dictionnaire des idées reçues :

« Amok : forme de terrorisme quand l’auteur est musulman, acte simplement effrayant et troublant quand l’auteur est chrétien, même s’il est arabe et barbu ».


 

08/06/2023

GIDEON LEVY
Un bébé palestinien assassiné par un soldat, ça n’est pas une info pour les médias israéliens

Gideon Levy, Haaretz, 7/6/2023
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Lundi, un enfant en bas âge, Mohammed Tamimi, est mort des suites des blessures infligées par un soldat israélien qui lui avait tiré une balle dans la tête, sous les yeux de son père. Le soldat a tiré une deuxième balle dans la poitrine du père. Mohammed, âgé de deux ans et demi, est décédé à l’hôpital pour enfants Safra du centre médical Sheba, à Tel Hashomer, quatre jours après que la balle a explosé dans sa tête.

Des proches de Mohammed Haitham Al Tamimi, âgé de deux ans et demi, pleurent pendant ses funérailles dans le village de Nabi Saleh, mardi. Photo : AHMAD GHARABLI/AFP

Un soldat israélien a tué un enfant de deux ans et demi, et les médias israéliens ont décidé, presque à l’unisson, que ce n’était pas intéressant, pas important, ou les deux. En d’autres termes, ce n’est pas un sujet. Channel 12 News [Canal 12, en hébr. Kephet 12], Israel Hayom et Maariv ont complètement fait disparaître l’histoire des yeux de leurs consommateurs d’informations. Elle n’a tout simplement jamais eu lieu. Les autres grands médias, à l’exception de Haaretz, l’ont reléguée dans les dernières pages, littéralement ou virtuellement. Ils l’ont également adoucie, l’ont rendue plus facile à avaler pour les consommateurs sensibles : après tout, ce n’est pas si joli que ça qu’un soldat israélien tue un enfant en bas âge.

Le site de la télévision publique Kan 11 : « On a annoncé la mort du petit Palestinien de 3 ans qui a été touché par une force de Tsahal qui a tiré sur les terroristes ». On a annoncé la mort d’un Palestinien de 3 ans et, surtout, la force a tiré sur des terroristes, pas sur le bambin et son père. Tout a déjà fait l’objet d’une enquête et tout est connu, la vérité comme vous la voulez. Le site d’information Walla a été encore plus prudent et patriotique : « La mort a été déclarée pour le Palestinien de 3 ans qui a apparemment été touché par des tirs des Forces de défense israéliennes ». Apparemment. Ce n’est pas certain. Peut-être qu’il s’est tiré dessus, peut-être que son père l’a tué, peut-être que ce sont les terroristes brutaux de Nabi Saleh qui l’ont tué : Qui sait, lecteurs de Walla. Pourvu que vous passiez une bonne nuit de sommeil et que vous nous rendiez visite à nouveau.

Le site d’information Ynet a également marché sur des œufs : « On a annoncé la mort de l’enfant de 3 ans qui a été abattu par erreur par une force de Tsahal qui a riposté à des terroristes ». Le porte-parole de Tsahal est devenu superflu. La gigantesque unité du porte-parole peut être démantelée. Elle n’aurait pas pu écrire une meilleure propagande. Tirs par erreur, tirs sur des terroristes. Aucun des messages d’alerte n’a nommé l’enfant, un Palestinien sans nom. Ils se sont tous contentés de l’expression froide “la mort a été annoncée”, comme s’il s’agissait d’une question bureaucratique. Les préposés se sont assis et ont annoncé le décès. Les soldats des FDI n’ont rien eu à voir avec cela.

Canal 12 News mérite un traitement spécial : c’est le feu de camp tribal. Ils savaient que l’enfant était mort et ont néanmoins décidé que ce n’était ni intéressant ni important. Qu’est-ce qui est passé par la tête du PDG Avi Weiss et de son équipe éditoriale ? À quoi pensait la présentatrice Yonit Levy, aux opinions bien arrêtées, lorsqu’ils ont décidé de cacher au public la mort d’un enfant en bas âge, tué d’une balle dans la tête par un soldat des forces de défense israéliennes ? Ils ont aussi des enfants, n’est-ce pas ? Ont-ils vu la photo de Mohammed saignant du trou béant dans sa tempe ? Ont-ils imaginé un enfant israélien dans son état ? Pouvez-vous imaginer l’enfer qu’ils auraient déclenché à l’antenne ?

Peut-être était-ce une question d’espace. Ce soir-là, les journaux télévisés ont présenté un homme acquitté d’accusations de viol. Les parents de la femme soldat tuée à la frontière égyptienne deux jours auparavant ont suivi, puis un reportage sur “la terreur tranquille”. J’ai pensé qu’il s’agissait à la fois d’une terreur et d’une tranquillité. C’est la terreur avec laquelle les soldats de Tsahal ont tué 24 enfants depuis le début de l’année, selon B’Tselem. Trouveront-ils le temps de parler du 24ème, Mohammed Tamimi ? Ne faites pas rire Weiss, Levy et les rédacteurs en chef. La “terreur tranquille”, c’est bien sûr la terreur contre les colons : pierres, bombes incendiaires. Nous n’en entendons pas assez parler. Nous avons suffisamment entendu parler des soldats qui tuent des enfants.

Canal 12 est la chaîne modérée/centriste d’Israël. Sur Canal 14, les téléspectateurs savent ce qu’ils obtiennent. Canal 12 est la voix de la vérité, de la sagesse, du professionnalisme et de la décence. Et cette voix nous dit chaque soir que la vie d’un bambin palestinien ne vaut rien, n’est pas intéressante et n’est pas importante. Continuons à protester, continuons à nous complaire dans le mégaphone arraché par le député Simcha Rothman à un proetstataire à New York et la croisière en Grèce du député Nissim Vaturi, continuons à nous battre pour la démocratie avec Canal12.

Seule l’histoire jugera des dégâts qu’elle a causés, de sa dissimulation systématique de l’occupation et de ses crimes, de son blanchiment et de sa légitimation à tout prix. Channel 12 est la véritable chaîne de propagande d’Israël.

Carlos Latuff

Rassemblement de soutien au village palestinien de Nabi Saleh

Officiellement jumelé depuis plusieurs mois maintenant avec L'Île-Saint-Denis (93), le village palestinien de Nabi Saleh a été le théâtre de nouvelles violences ces derniers jours, menant notamment à la mort d'un enfant de 2 ans et demi sous les balles de l'armée israélienne. Face à cette situation, un rassemblement de soutien est prévu vendredi 9 juin, à partir de 18h30 sur le parvis de l'Hôtel de Ville (1 rue Méchin). Les drapeaux de l’Hôtel de ville sont mis en berne. Une collecte solidaire sera notamment mise en place pour aider financièrement les familles à assurer les coûts des funérailles et des soins pour les autres habitants de Nabi Saleh blessés. Ne nous résignons jamais à accepter inhumanité et barbarie à l’égard du peuple palestinien.

Comment aller à Mairie de l'Île-Saint-Denis à L'Ile-Saint-Denis en Bus, Métro, Train, Tram ou RER ?

 

 

LUCA MARTINELLI
NO FUTURE pour les bouteilles en plastique d’eau minérale

Luca Martinelli, Altreconomia, 31/5/2023
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

Alors que les représentants de 175 pays se réunissent à Paris à l’Unesco pour négocier un traité mondial contre la pollution plastique, la Fédération italienne des industries des eaux minérales naturelles et des eaux de source (Mineracqua) défend le “modèle italien” d’embouteillage au Parlement. Il s’agit d’un modèle d’embouteillage aux mains de quelques opérateurs et basé sur des bouteilles en PET (Polytéréphtalate d’éthylène).


Le 30 mai, Ettore Fortuna, vice-président de Mineracqua, a été auditionné par les commissions de l’environnement et des activités productives de la Chambre des députés sur la proposition de règlement du Parlement et du Conseil européens relative aux emballages et aux déchets d’emballages. Dans le cadre du Pacte vert européen, les changements prévus font partie du “deuxième paquet sur l’économie circulaire”, dont l’objectif est - évidemment - d’éviter la production de déchets.

Fortuna a présenté aux députés une analyse du secteur, soulignant la production record d’eau minérale italienne en 2022, qui s’élèvait à environ 16,5 milliards de litres, et l’importance des exportations qui ont atteint 1,6 milliard de litres, donnant ainsi du lustre - selon lui - à la marque “Made in Italy”, précisant que le marché est très concentré, étant donné que sur environ 200 opérateurs, les huit premiers représentent 70% du marché.

Entrant dans le détail, il a ensuite précisé certaines données qui rendraient impossible l’adhésion des opérateurs du secteur à une réforme. Il a notamment rappelé que pour de nombreuses entreprises, celles qui n’opèrent pas sur le segment premium du marché et qui vendent l’eau même à 11 centimes d’euro le litre dans les supermarchés, l’achat de l’emballage représente aujourd’hui jusqu’à 70 % du coût du prix de détail. Fortuna a ensuite souligné que les entreprises ont réduit le poids des bouteilles en PET de 40 % au cours des quinze dernières années, en présentant ce changement comme le résultat d’une prise de conscience environnementale, alors qu’il est évident qu’il s’agit d’un moyen de réduire les coûts de production.

Lire


 

 

LUCA MARTINELLI
Le pont sur le détroit de Messine : un Grand Projet Inutile et Non durable

Luca Martinelli, il manifesto, 31/5/2023
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

Luca Martinelli (Pistoia, 1980) est un journaliste italien, écrivant pour le magazine Altreconomia, la rubrique gastronomique du quotidien Repubblica (R-Food) et le quotidien il manifesto (rubrique Extraterrestre). Il a été l'un des porte-parole du comité référendaire “2 oui pour l'eau comme bien commun”. Il a publié plusieurs livres, dont Le conseguenze del cemento (Les conséquences du béton), Salviamo il paesaggio ! (Sauvons le paysage !), La posta in gioco (L'enjeu), L’acqua (non) è una merce (L’eau (n’) est (pas) une marchandise), L’Italia di vino in vino (L’Italie de vin en vin) et L'Italia è bella dentro  (L’Italie est belle dedans), tous publiés par Altreconomia Edizioni. @lmartinelli80

Grands Projets Inutiles : un dossier du Kyoto Club, de la Lipu [Ligue italienne de protection des oiseaux] et du WWF démonte pièce par pièce le “grand projet” sur le détroit de Messine : « Les flux de trafic prévus sont ridicules et ça taxerait l’Italie ».

Il y a dix ans, en avril 2013, l’entreprise qui devait construire le pont sur le détroit de Messine s’est retrouvée en liquidation. En 2023, fin mai, le Parlement a approuvé une nouvelle loi pour la construction du pont. Sur le site du ministère des Infrastructures, dirigé par Matteo Salvini, une section FAQ est également apparue, prononcée fuck mais signifiant frequently asked questions, c’est-à-dire tout ce que vous vouliez savoir sur le fameux pont, y compris le fait - nous citons - que le projet « constitue l’aboutissement de plus de quarante ans d’études », c’est-à-dire d’une idée née dans les années 1970.


Le KYOTO CLUB, la LIPU et le WWF ont réagi à l’approbation du décret-loi qui relance le projet de pont à travée unique de 2011, un projet d’un coût de 14,6 milliards d’euros et d’une valeur indéterminée (dans le sens où les bénéfices ne sont pas mesurables, ni sa constructibilité certaine), par un dossier détaillé : Lo Stretto di Messina e le ombre sul rilancio del ponte, auquel a contribué un pool d’experts qualifiés, qui fait le point sur les principales questions qui restent en suspens et est à l’origine de cet article.

FAISABILITÉ. EN 2021 un groupe de travail du ministère des Infrastructures et de la Mobilité durable (MiMS), alors rebaptisé, a mis en évidence les faiblesses du projet de pont à travée unique de 2011, élaboré par l’entreprise principale Eurolink. En particulier, la décision de situer l’ouvrage au point de distance minimale entre la Sicile et la Calabre, qui éloigne la traversée des barycentres des zones métropolitaines de Messine et de Reggio de Calabre, et des risques liés aux vents et aux séismes (dans l’une des zones présentant le risque sismique le plus élevé de la Méditerranée). En outre, le pont suspendu aurait une portée 50 % plus longue que le plus long pont construit à ce jour dans le monde.

LE TIRANT D’AIR NAVIGABLE. Le pont, dans sa partie centrale (d’une longueur d’environ 600 mètres) garantit une hauteur libre navigable de 65 mètres, en présence de conditions de chargement maximales, et de 70 mètres, en l’absence de trains et de poids lourds, mais cela, selon le dossier, bloquerait le transit des plus grands porte-conteneurs en route de l’océan Indien vers Gioia Tauro, une ville calabraise de la côte tyrrhénienne, le plus important port de transbordement d’Italie.

LE COÛT ET L’APPEL D’OFFRES. Selon les environnementalistes, il n’est pas possible de relancer le contrat avec Eurolink, qui a expiré il y a dix ans. Un nouvel appel d’offres serait nécessaire. De plus, le prix de référence actualisé par rapport à la valeur initiale du pont, qui était de 3,9 milliards d’euros en 2003, est aujourd’hui de 6,065 milliards d’euros, de sorte que le prix actuel dépasse largement la limite maximale dans laquelle la valeur d’un ouvrage peut augmenter (50 %) sans qu’un nouvel appel d’offres soit nécessaire.

ASPECTS FINANCIERS. Par ailleurs, d’un point de vue financier, le Kyoto Club, la Lipu et le WWF soulignent que le risque de l’investissement et de la gestion de l’infrastructure serait supporté par le secteur public : c’est en effet le groupe de travail du MiMS qui a fait valoir que la brièveté du tracé de la traversée et des travaux connexes ne permettait pas de faire payer aux usagers un nombre de péages permettant une opération de financement de projet.

TRAFIC. C’est aussi parce que les flux de trafic ne remboursent pas les frais de construction. Cela s’explique par les données recueillies par le ministère (celui d’avant) : 76,2 % des déplacements par bateau dans la zone locale (navetteurs) sont effectués par des passagers sans voiture, et un total de 4 500 personnes se déplacent chaque jour entre les deux rives. En ce qui concerne le transport ferroviaire, la redevance d’utilisation de l’infrastructure ferroviaire sera déterminée, conformément à ce qui est dit dans le décret-loi sur le pont, de manière à poursuivre la durabilité environnementale de l’ouvrage, constituant ainsi une véritable taxe sur le transport ferroviaire. Alors que le trafic routier attendu serait de 11,6 millions de voitures, pour une capacité annuelle de l’infrastructure de 52,56 millions, avec un degré de saturation modeste qui ne justifie pas l’ouvrage.


Le pont sur le Détroit créera 1 million d'emplois
Fulvio Fontana

L’ÉVALUATION DES INCIDENCES SUR L’ENVIRONNEMENT. Selon les environnementalistes, la procédure doit être refaite car - comme l’indique le Code de l’environnement - plus de cinq ans se sont écoulés sans que le projet soit mis en œuvre. De plus, entre-temps, l’article 9 de la Constitution a été modifié et protège désormais non seulement le paysage, mais aussi l’environnement et les écosystèmes. Cependant, le dossier rappelle qu’en 2013, la Commission technique pour l’évaluation de l’impact sur l’environnement (EIE , Évaluation de l'impact sur l'environnement et EES, Évaluation environnementale stratégique) a constaté que dans le projet final, sur 27 prescriptions, seules 6 étaient respectées, 18 n’étaient que partiellement respectées (y compris les aspects sismotectoniques et hydrogéologiques) et 1 n’était pas respectée (2 ne relevaient pas de la responsabilité du ministère de l’environnement).

VALEUR NATURALISTE. Le pont n’est pas favorable aux oiseaux migrateurs et constituerait une barrière transversale à la migration. Le détroit de Messine est une zone cruciale pour la migration afro-eurasienne où passent des centaines d’espèces d’oiseaux, avec des passages saisonniers de l’ordre de dizaines de milliers d’individus pour les oiseaux de proie (38 espèces) et de l’ordre de millions pour de nombreuses autres espèces. De plus, elle est considérée comme l’un des points de concentration migratoire les plus importants pour les oiseaux de proie diurnes et les cigognes de l’écozone du Paléarctique occidental.

LE PAYSAGE. Dans le projet de pont sur le détroit de Messine, les environnementalistes constatent l’absence d’une vision holistique du paysage qui prenne en compte le cadre éco-paysager de l’ensemble de la zone et il n’y a aucun respect des contraintes existantes et des prescriptions dictées par l’aménagement local du territoire.

-Tu me donnes un verre d'eau ?
-Non, mais si tu veux, je te donne un pont

Mauro Biani, 2015
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LA LÉGITIMITÉ CONSTITUTIONNELLE. Les juristes qui ont contribué à la rédaction du dossier contestent la légitimité constitutionnelle des normes introduites dans la loi de finances 2023 et le décret-loi 35/2023, pour la violation présumée de l’article 9 ainsi que des articles 32 (protection de la santé) et 41 (initiative économique privée) de la Constitution, car la protection du paysage et de l’environnement fait partie des principes fondamentaux et prévaut dans la mise en balance des valeurs. « Les règles qui prévoient la mise en œuvre d’un projet sans évaluation environnementale, au mépris de la vocation naturaliste de lieux d’une rare beauté et d’une grande fragilité dans des zones protégées par des directives de l’UE pour la plus grande concentration de biodiversité au monde, sont déraisonnables parce qu’elles n’envisagent pas l’option zéro », écrivent-ils.

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, par Gianfranco Laccone

 Prochaine manifestation contre le projet