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20/07/2023

GIDEON LEVY
Les carottes, ça suffit : il est temps que les USA utilisent le bâton pour changer la politique israélienne

Gideon Levy, Haaretz, 20/7/2023
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Il est difficile de savoir s’il faut pleurer ou rire en lisant les grandes lignes de la conversation d’une heure que Joe Biden a eue avec Thomas Friedman, du New York Times après avoir rencontré le président Isaac Herzog, résumées le mardi 18 juillet.


United States of Israel, par Emanuele Del Rosso

On peut pleurer sur l’impuissance et l’inutilité de la plus grande superpuissance du monde face à son protégé, Israël. On peut aussi rire des rôles inversés de la fourmi et de l’éléphant.

On peut crier que l’USAmérique n’a rien appris et n’a rien oublié de la seule façon de traiter Israël, si l’on veut vraiment l’influencer, et on peut se laisser aller à rire de la façon dont Israël continue à se moquer des USA.

Le résultat est le même : Israël peut continuer à faire tout ce qu’il veut, promulguer des lois antidémocratiques, mener des pogroms contre les Palestiniens et poursuivre l’apartheid - les USA ne bougeront pas le petit doigt.

Même lorsque Washington grogne, s’emporte, fulmine, condamne et retarde même l’invitation du premier ministre - la plus terrible des armes apocalyptiques - Israël n’a pas à le prendre au sérieux. L’USAmérique parle mais ne tire jamais. Si elle veut un jour influencer Israël, ce qui n’est pas encore le cas, elle devra commencer à tirer, comme le dit l’adage usaméricain.

Le terrible Biden, qui n’invite pas notre Netanyahou, malgré toutes les souffrances du peuple juif, “plaide” auprès d’Israël. Plaide. Friedman a pu écrire que Biden a transmis un message clair selon lequel la législation [sur la réforme judiciaire] doit cesser, mais ce message est creux, comme la plupart de ceux qui l’ont précédé.

Au fil des ans, Israël a appris à ignorer ces messages. Rien de grave ne lui est arrivé. Cela ne peut que signifier que le plaideur lui-même ne souhaite pas vraiment voir la partie qu’il implore changer de comportement. Biden ne fait que des beaux discours sur la démocratie israélienne et ne dit pas un mot sur ce que son pays fera si Israël ne tient pas compte de son appel.

19/07/2023

EL DIARIO
Une juge ouvre une procédure pénale contre Ada Colau pour avoir suspendu le jumelage de Barcelone avec Tel Aviv

Pau Rodríguez / Oriol Solé Altimira, El Diario, 17/7/2023

Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

La magistrate accepte dexaminer la plainte pour “prevaricación” [équivalent d’un recours en excès de pouvoir] de l’avocat Francesc Jufresa contre l’ex-mairesse et le directeur de la Coopération de la mairie de l’époque ; une juge des contentieux administratifs avait, début juillet, refusé de bloquer le décret de la mairesse qui suspendait les relations.
Une juge a ouvert une nouvelle procédure pénale contre Ada Colau, cette fois pour avoir rompu les relations de Barcelone avec Israël et le jumelage avec la ville de Tel-Aviv. La magistrate du 5e tribunal d’instruction a admis la plainte de l’avocat Francesc Jufresa, qui voit dans cette décision un délit de “prévarication” [abus d’autorité], et l’attribue à la fois à l’ancienne mairesses et à l’ancien responsable de la Justice globale et de la coopération internationale. 

Dans sa décision, rendue le 11 juillet et consultée par elDiario.es, la magistrate admet également la plainte déposée par l’Association et communication sur le Moyen-Orient, pro-israélienne, auprès du ministère public. C’est cette organisation qui avait déjà saisi la juridiction contentieuse pour demander l’arrêt du décret de la mairesse suspendant les relations, mais la juge a rejeté sa demande de mesure conservatoire visant à bloquer la décision.

Bien qu’elles concernent la même décision, les deux procédures sont différentes : dans la juridiction contentieuse, le juge annulera tout au plus la suspension des relations entre Israël et Barcelone. Mais la procédure pénale est plus grave, car Colau et son responsable de la coopération risquent d’être déchus de leurs droits d’exercer une fonction publique s’ils sont condamnés.

Les procédures judiciaires s’ajoutent à la liste des plaintes et des dénonciations que Colau et d’autres membres de son administration ont reçues dans le cadre de procédures pénales, que les membres de Barcelona en Comú en ont toujours qualifiées de guerre judiciaire, étant donné qu’à ce jour aucune d’entre elles n’a abouti à un procès : toutes ont été classées sans suite ou se trouvent dans la phase d’instruction.

La nouvelle affaire concernant la suspension des relations avec Israël consiste, une fois de plus, à transférer une divergence politique à une procédure pénale en considérant une décision symbolique comme un délit d’excès de pouvoir. L’avocat Jufresa, considéré comme l’un des ténors du barreau de Barcelone, avait déjà poursuivi Colau dans le passé pour la piétonnisation de la ville, qu’il considérait également comme un délit.

La décision de Colau de suspendre le jumelage avec Tel-Aviv a été l’une des plus controversées de sa dernière période en tant que mairesse. La cheffe de file de Barcelona en Comú l’a approuvée par décret le 9 février, mettant ainsi fin à l’accord d’amitié signé par le maire socialiste de l’époque, Joan Clos, en 1998. Les comuns s’appuyaient sur une initiative menée par la plateforme Prou Complicitat, avec plus de 4 000 signatures et le soutien de 80 organisations, qui demandait la fin de cette relation en signe de protestation contre la violation des droits humains par l’État d’Israël au sein de la population palestinienne. 

Mais Colau a été rejetée par son propre partenaire gouvernemental, le PSC [branche catalane du PSOE], et par tous les autres partis représentés au sein de la plénière municipale. À l’exception d’ERC [Gauche républicaine de Catalogne], qui s’est abstenue, tous les autres ont accusé Colau d’avoir agi “unilatéralemen” et lui ont demandé de lever la suspension. Cette décision est maintenant sur la table du nouveau maire, le socialiste Jaume Collboni, qui était contre la rupture de la relation mais qui n’a pas encore pris de décision sur ce qu’il fera (même s’il a déjà reçu une lettre du maire de Tel-Aviv). 

Le manque de compétences de Colau est mis en avant

La plainte a d’abord été déposée auprès de l’Audience nationale, car il était entendu que les effets du délit présumé se produisaient dans un autre pays, Israël, mais la réponse du tribunal a été que les tribunaux compétents étaient ceux de la capitale catalane. Les arguments avancés par les plaignants pour alléguer la “prévarication” sont que le conseil municipal n’a pas le pouvoir de prendre des décisions qui affectent la politique étrangère, ce qui correspondrait au gouvernement central, et que l’option de contourner la plénière municipale - où Colau n’avait pas la majorité - rendrait l’initiative "juridiquement irréalisable". 

La plainte souligne que Colau n’avait pas lautorité pour rompre formellement les relations avec Israël, bien que le décret approuvé ne fasse référence qu’au jumelage avec Tel Aviv. En revanche, Colau a accompagné sa décision d’une lettre adressée au premier ministre du pays, Benyamin Netanyahou, dans laquelle elle annonce qu’elle suspend “temporairement” les relations avec l’État d’Israël “jusqu’à ce que les autorités mettent un terme à la violation systématique des droits humains à l’égard de la population palestinienne”. Selon les plaignants, cette lettre a le statut d’“acte administratif”, ce que les comuns nient. 

BERTIL LINTNER
Wan Kuok Koi alias “Dent cassée”, boss mafieux et tête de pont de l’investissement chinois au Myanmar

Bertil Lintner , The Irrawaddy, 17/7/2023
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

 

Bertil Lintner (1953) est un journaliste, auteur et consultant stratégique suédois qui écrit sur l'Asie depuis près de quarante ans. Il a été correspondant en Birmanie (Myanmar) de la Far Eastern Economic Review, aujourd'hui disparue, et correspondant pour l'Asie du quotidien suédois Svenska Dagbladet et du quotidien danois Politiken. Il travaille actuellement comme correspondant pour Asia Times et The Irrawaddy. Bio-bibliographie @gardlunden

 Il y a moins de dix ans, Wan Kuok Koi, plus connu sous le nom de “Dent cassée”, était incarcéré dans un centre de détention de haute sécurité construit à cet effet à Coloane, l’une des deux îles qui faisaient autrefois partie de l’ancienne possession portugaise de Macao, au large de la côte de la Chine méridionale. Il avait été arrêté en mai 1998 après l’explosion d’une bombe dans un minibus appartenant à Antonio Marques Baptista, surnommé “Rambo”, le nouveau chef des forces de police du territoire portugais de l’époque. Aucune preuve de son implication dans cet attentat n’a jamais été révélée au tribunal. Au lieu de cela, il a été traduit en justice pour d’anciennes accusations liées à l’intimidation d’employés du casino Lisboa à Macao, à des prêts usuraires et à des soupçons d’appartenance à une “organisation illégale”.

Wan Kuok Koi, alias Dent cassée, sort en voiture après sa libération de prison à Macao le 1er  décembre 2012. / AFP

En clair, il s’agissait d’une triade, ces sociétés secrètes qui sont l’équivalent chinois de la mafia. Au terme d’un procès long et compliqué, où les témoins ont été frappés les uns après les autres par de soudaines crises d’amnésie et n’ont pu se souvenir de rien, il a néanmoins été condamné à 15 ans de prison et s’est vu confisquer tous ses biens en novembre 1999, un mois avant que Macao ne revienne sous l’autorité chinoise et ne devienne, comme Hong Kong, une “région administrative spéciale” (RAS) de la République populaire de Chine.

Parmi les nombreuses entreprises farfelues dont Wan a été accusé, et qui ont été rendues publiques au cours du procès, figurait un commerce d’armes au Cambodge, où il aurait cherché à vendre des roquettes, des missiles, des chars, des véhicules blindés et d’autres types d’équipements militaires dans ce pays alors ravagé par la guerre civile. Peu de gens imaginaient qu’il réapparaîtrait un jour comme ce qu’il avait toujours prétendu être : un simple “homme d’affaires de premier plan”. C’est pourtant ce qui s’est passé lorsqu’il a bénéficié d’une libération anticipée en décembre 2012. Wan avait alors passé 13 ans et 10 mois derrière les barreaux.

Mettant à profit ses anciennes relations, Wan s’est réinstallé dans le secteur des casinos à Macao et, quelques années plus tard, a lancé une crypto-monnaie appelée Dragon Coin. Il a également créé trois entités opérant depuis le Cambodge : La Hongmen History and Culture Association, le Dongmei Group, dont le siège officiel se trouve à Hong Kong, et la Palau China Hung-Mun Cultural Association, censée être basée à Palau, une nation de l’océan Pacifique.

Les désignations en disent long. Hongmen, ou Hung Mun dans le dialecte cantonais d’origine de Wan, est le nom des triades de la pègre originelle formées au XVIIIe siècle. Selon une déclaration du 9 décembre 2020 du département du Trésor usaméricain, la Hongmen History and Culture Association, en particulier, a rapidement étendu son influence à toute l’Asie du Sud-Est, d’abord au Cambodge, puis au Myanmar. Le groupe Dongmei de Wan est un investisseur majeur dans les enclaves de casinos situées près de Myawaddy, qui ont été créées après qu’une faction de l’Union nationale karen (KNU) et de son armée de libération nationale karen (KNLA) se soit séparée, ait conclu des accords de cessez-le-feu avec l’armée du Myanmar et soit devenue une force de garde-frontière (BGF).

La première de ces enclaves a été Shwe Kokko, construite sur les ruines d’une ancienne base militaire de la KNLA connue sous le nom de Kawmoorah, ou Wangkha, qui a été envahie par l’armée du Myanmar en 1995. La BGF qui a pris le contrôle officiel de l’enclave est dirigée par Saw Chit Thu, un ancien officier de la KNLA dont l’armée protège toutes les activités à Shwe Kokko. Officiellement appelé Yatai New City et localement connu sous le nom de “Chinatown”, le projet a été lancé en avril 2017 et, une fois achevé, il est censé inclure des logements de luxe, des hôtels, des centres commerciaux, des centres de commerce, des usines, des terrains de golf, des casinos et peut-être même un aéroport. Shwe Kokko a été rapidement suivi par deux autres “zones économiques spéciales” autonomes similaires près de Myawaddy, la “Huanya International City” et la “Saixigang Industrial Zone”. Le groupe Dongmei de Wan et son réseau de filiales louches sont des investisseurs majeurs dans ces projets. Wan est également connu pour être impliqué dans des projets à Mong Pawk, au sud-est du quartier général de Panghsang (Pangkham) de l’Armée unie de l’État Wa, à la frontière entre le Myanmar et la Chine.

Selon un rapport de juillet 2020 de l’Institut des USA pour la paix (USIP), « la société Dongmei elle-même semble avoir été constituée en entreprise à Hong Kong le 3 mars 2020, mais elle opère depuis Kuala Lumpur. Wan promeut le projet par le biais du WeChat public officiel de l’Association Hongmen, ainsi qu’en partenariat avec un représentant de la Huaguan Holding Company basée au Guangdong ».

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HERNÁN CANO
Sergio Rodríguez Gelfenstein, combattant au Nicaragua : « Le 19 juillet 1979 a été le plus beau jour de ma vie »

 

Hernán Cano, Sputnik Mundo, 18/7/2022
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

 

Hernán Cano est un journaliste argentin basé au Venezuela bolivarien. https://www.instagram.com/hernancanoperiodista/

43 ans après la victoire de la Révolution sandiniste, cet écrivain, chercheur et analyste politique vénézuélien a raconté dans une interview à Sputnik sa participation au Front Sud, avec un contingent internationaliste envoyé de Cuba par Fidel Castro. De même, il détaille comment, après le triomphe contre la dictature de Somoza, ce lieutenant des Forces armées révolutionnaires (FAR) s'est attelé à la tâche de créer l'armée nicaraguayenne. La vie de Sergio Rodríguez Gelfenstein est associée dès sa naissance à la révolution socialiste. De père guérillero, il fait ses premiers pas en politique avec le triomphe de Salvador Allende au Chili, jusqu'à ce que la dictature d'Augusto Pinochet mette fin à l'expérience de l'Unité Populaire avec le bombardement du Palais de La Moneda et un putsch sanglant. Rodríguez Gelfenstein a été lieutenant dans les FAR cubaines, combattant internationaliste au Nicaragua, bâtisseur de l'armée nicaraguayenne, et plus tard ambassadeur du Venezuela dans ce pays, dans l'un des rares moments où la terre de Sandino a eu un peu de paix. En dialogue avec Sputnik, ce chercheur et écrivain raconte avec passion les événements survenus il y a exactement 43 ans, lorsque le dirigeant cubain Fidel Castro lui proposa, ainsi qu'à un groupe de combattants latino-américains, la mission d'aller combattre au Nicaragua, ce qu'il accepta ,inspiré par la maxime guévariste de « combattre l'impérialisme où qu'il soit ».

Sergio Rodríguez Gelfenstein interviewé par Sputnik à Caracas - Photo Hernán Cano, Sputnik Mundo

Depuis ce jour, le Nicaragua est une collection de souvenirs indélébiles, éternels, d'un bonheur énorme qui exige un engagement continu envers la révolution. « Tout comme nous avons Bolívar, le Nicaragua a Sandino, et cela crée une empreinte, une façon d'être et de se regarder », dit Rodríguez Gelfenstein.

Et il rappelle que « ce n'est pas à Playa Girón que la première défaite de l'impérialisme en Amérique a eu lieu, mais au Nicaragua, lorsque le général Augusto César Sandino a expulsé l'armée d'invasion yankee ». Aujourd'hui, quatre décennies après ces années turbulentes, « le Nicaragua, Cuba et le Venezuela ont formé, non pas un axe du mal, mais un triangle qui poursuit la tradition de la lutte anti-impérialiste" » souligne-t-il.

Sergio Rodríguez Gelfenstein : Fidel nous a dit que l'équilibre au Nicaragua devait être rompu par le Front Sud.

- Quel est votre lien avec la révolution sandiniste ?

- Mon père a été emprisonné dans le stade national du Chili après le coup d'État contre Salvador Allende. Il est ensuite parti au Pérou et n'a pas pu rentrer au Venezuela car il avait des affaires en cours datant de l'époque où il était dans la guérilla. Dans ces conditions, après plusieurs offres, il a choisi de partir à Cuba. J'avais 17 ans, et quand je suis arrivé à La Havane, j'ai demandé une formation militaire, et avec un groupe de camarades chiliens, parce que j'étais aussi chilien, nous avons reçu une formation militaire dans l'armée régulière cubaine. C'était une époque où presque tous les soldats cubains partaient en mission internationaliste, par exemple en Afrique, et beaucoup d'entre nous ont demandé à être envoyés dans l'une de ces missions, mais Fidel, dans son infinie sagesse, nous a dit non, que nous devions attendre, que le temps viendrait pour nous, que nous n'étions pas des Cubains.

- Excusez-moi de vous interrompre, étiez-vous un officier des forces armées cubaines ?

- Oui, à l'époque, j'étais lieutenant, j'étais à la tête d'une batterie d'artillerie et j'avais la responsabilité de 64 soldats, de 6 obusiers de 122 mm, et je remplissais mes fonctions comme tout officier régulier de l'armée cubaine. C'était en 1979, j'avais 22 ans.

HERNÁN CANO
Sergio Rodríguez Gelfenstein, combatant in Nicaragua: ‘July 19 was the best day of my life’

Hernán Cano, Sputnik Mundo, 18/7/2022
Translated by John Catalinotto

Hernán Cano is an Argentine journalist based in Bolivarian Venezuela. https://www.instagram.com/hernancanoperiodista/



 After 43 years since the victory of the Sandinista Revolution, this Venezuelan writer, researcher and political analyst recounted in an interview with Sputnik his participation in the Southern Front, with an internationalist contingent sent from Cuba by Fidel Castro.

He also detailed how, after the triumph against the Somoza dictatorship, this lieutenant of Cuba’s Revolutionary Armed Forces (FAR) participated in the task of creating the Nicaraguan army.

Sergio Rodríguez Gelfenstein’s life has been associated with the socialist revolution since his birth. With a guerrilla father, he took his first steps in politics with the triumph of Salvador Allende in Chile [1970], until the dictatorship of Augusto Pinochet put an end to the Popular Unity experience with the bombing of La Moneda Palace and a bloody coup d’état [1973].


Sergio Rodríguez Gelfenstein was interviewed by Sputnik in Caracas - Credit Hernán Cano/Sputnik Mundo

Rodriguez Gelfenstein was a lieutenant in the Cuban FAR, an internationalist combatant in Nicaragua, a builder of the Nicaraguan army, and later ambassador to this country, in one of the few moments in which the land of Sandino had some peace.

In a dialogue with Sputnik, this researcher and writer passionately narrates the events that took place exactly 43 years ago, when Cuban leader Fidel Castro proposed to him and a group of Latin American fighters the mission of going to fight in Nicaragua, which he accepted, inspired by the Guevarist maxim of “fighting against imperialism wherever it is.”

The author conducted this interview with Venezuelan Sergio Rodriguez Gelfenstein for the news agency Sputnik in preparation for the July 20 anniversary of the 1979 Nicaraguan revolution. It’s introduction noted that Rodriguez Gelfenstein, whose guerrilla father was forced out of Chile by the 1973 coup led by Augusto Pinochet, was at 22 an officer in Cuba’s Revolutionary Armed Forces and participated at the last month of Nicaragua’s war of liberation with an international contingent fighting the Somoza dictatorship and later in the training of the national army.

Since that July 20, Nicaragua has been an accumulation of indelible, eternal memories, of enormous happiness that demand a continuous commitment to the revolution. “Just as we [Venezuelans] have Bolivar, Nicaragua has Sandino, and that creates an imprint, a way of being and looking at ourselves,” says Rodriguez Gelfenstein.

And he recalls that “it is not in Playa Girón where the first defeat of imperialism in America took place, but in Nicaragua [in 1933], when General Augusto César Sandino expelled the invading Yankee army.” Today, four decades after those convulsive years, “Nicaragua, Cuba and Venezuela have configured, not an axis of evil, but a triangle that continues with the tradition of anti-imperialist struggle,” he emphasizes.


Sergio Rodríguez Gelfenstein: Fidel told us that the balance in Nicaragua had to be broken by the Southern Front – Credit Hernán Cano/Sputnik Mundo

Hernán Cano- How did you connect with the Sandinista Revolution?

Sergio Rodriguez Gelfenstein- My father was imprisoned in the National Stadium in Chile after the coup d’état against Salvador Allende. Then he left for Peru, and could not return to Venezuela because he had pending cases from when he participated in the guerrilla struggle. 

Under those conditions, and after receiving several offers, he chose to go to Cuba. I was 17 years old, and when I arrived in Havana I requested military training. Together with a group of Chilean comrades, because I was also Chilean, we received military training in the Cuban regular army. 

It was the period when almost all the Cuban military were going on internationalist missions, for example in Africa, and many of us asked to be sent on one of those missions, but Fidel, in his infinite wisdom, said no, we should wait, that the time would come for those of us who were not Cubans.

HC- Excuse me for interrupting, were you an officer in the Cuban Armed Forces?

SRG- Yes, at that time I was a lieutenant, I was head of an artillery battery and I was in charge of 64 soldiers, with six 122mm howitzers, and I performed duties like any regular officer of the Cuban army. That was already 1979, I was 22 years old.

HERNÁN CANO
Sergio Rodríguez Gelfenstein, combatiente en Nicaragua: “El 19 de julio fue el mejor día de mi vida”

 Hernán Cano, Sputnik Mundo, 18/7/2022

Hernán Cano es un periodista argentino radicado en la Venezuela Bolivariana. https://www.instagram.com/hernancanoperiodista/

 

 A 43 años de la victoria de la Revolución Sandinista, este escritor, investigador y analista político venezolano relató en entrevista con Sputnik su participación en el Frente Sur, con un contingente internacionalista enviado desde Cuba por Fidel Castro.

Sergio Rodríguez Gelfenstein fue entrevistado por Sputnik en Caracas - Foto Hernán Cano, Sputnik Mundo

Asimismo, él detalló cómo luego del triunfo contra la dictadura de Somoza este teniente de la Fuerzas Armadas Revolucionarias (FAR) se puso a la tarea de crear el ejército nicaragüense.

La vida de Sergio Rodríguez Gelfenstein está asociada desde su nacimiento a la revolución socialista. De padre guerrillero, labra sus primeros pasos en la política con el triunfo de Salvador Allende en Chile, hasta que la dictadura de Augusto Pinochet puso fin a la experiencia de la Unidad Popular con el bombardeo al Palacio de La Moneda y un sangriento golpe de Estado.

Rodríguez Gelfenstein fue teniente de las FAR cubanas, combatiente internacionalista en Nicaragua, constructor del ejército nicaragüense, y luego embajador en este país, en uno de los pocos momentos en que la tierra de Sandino tuvo algo de paz.

En diálogo con Sputnik, este investigador y escritor narra apasionadamente los acontecimientos ocurridos hace exactamente 43 años, cuando el líder cubano Fidel Castro les planteó a él y a un grupo de combatientes latinoamericanos la misión de ir a combatir a Nicaragua, que aceptó inspirado en la máxima guevarista de "luchar contra el imperialismo donde quiera que esté".

Desde aquel día, Nicaragua es un cúmulo de recuerdos imborrables, eternos, de enorme felicidad que exigen un compromiso continuo con la revolución. “Así como nosotros tenemos a Bolívar, Nicaragua tiene a Sandino, y eso crea una impronta, una forma de ser y de mirarnos”, dice Rodríguez Gelfenstein.

Y recuerda que "no es en Playa Girón donde se produce la primera derrota del imperialismo en América, sino en Nicaragua, cuando el General Augusto César Sandino expulsa el ejército invasor yanqui". Hoy, 4 décadas después de aquellos años convulsos, "Nicaragua, Cuba y Venezuela han configurado, no un eje del mal, sino un triángulo que continúa con la tradición de lucha antiimperialista", destaca.

Sergio Rodríguez Gelfenstein: Fidel nos planteó que el equilibrio en Nicaragua lo tenía que romper el Frente Sur. Foto Hernán Cano/ Sputnik

— ¿Cómo te vinculas con la Revolución Sandinista?

— Mi papá estuvo preso en el Estadio Nacional de Chile tras el golpe de Estado contra Salvador Allende. Luego sale hacia Perú, y no podía regresar a Venezuela porque tenía causas pendientes de cuando había estado en la guerrilla. En esas condiciones, luego de varios ofrecimientos, él opta por irnos a Cuba. Yo tenía 17 años, y al llegar a La Habana solicito tener formación militar, y junto con un grupo de compañeros chilenos, porque yo también era chileno, recibimos formación militar en el ejército regular de Cuba. Era la época en que casi todos los militares cubanos iban a cumplir misiones internacionalistas, por ejemplo, en África, y muchos de nosotros solicitamos que nos envíen a una de esas misiones, pero Fidel, con su infinita sabiduría, decía que no, que esperemos, que ya iba a llegar el momento para nosotros, que no éramos cubanos.

18/07/2023

ALAIN MARSHAL
14 juillet : ni apaisés, ni résignés, ni intimidés, mais plus déterminés que jamais!

 Alain Marshal, 14/7/2023

Le 17 avril, trois jours après la promulgation à la schlague de l’infâme réforme des retraites, via le recours antidémocratique au 47.1, au 49.3 puis à l’article 40, autant de signes d’un véritable « ensauvagement » des institutions françaises, le Président le plus impopulaire de la Ve République tentait de calmer le vent de révolte que ses deux mandats avaient soulevé dans le pays. La mobilisation nationale contre la réforme des retraites, qui faisait suite au mouvement mémorable des Gilets Jaunes, a en effet rassemblé des millions de personnes durant plusieurs mois, dans un mouvement sans précédent en France depuis plus d’un demi-siècle, et qui a suscité l’admiration bien au-delà de nos frontières.

Pour faire taire le son des casserolades qui martelaient régulièrement le rejet massif de ses politiques régressives, le Méprisant de la République s’est lancé dans une manœuvre de diversion. Dans une allocution solennelle, Emmanuel Macron annonçait le « grand projet » de « reconstruire et retrouver l’élan de notre nation » à travers « trois grands chantiers » : « le chantier du travail »,  le chantier « de la justice et de l’ordre républicain et démocratique » et le chantier « du progrès, progrès pour mieux vivre » afin que chaque Française et Français « retrouve la certitude que nos enfants pourront bâtir une vie meilleure. » Il concluait sa déclaration en fanfare : « Le 14 juillet prochain doit nous permettre de faire un premier bilan. Nous avons devant nous 100 jours d’apaisement, d’unité, d’ambitions et d’actions au service de la France. ».

OMAR G. ENCARNACIÓN
Les exceptions espagnoles

 Omar G. Encarnación, The New York Review of Books, 16/7/2023
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

NdT

Qualifier de séparatistes les partis et mouvements autonomistes/indépendantistes/régionalistes/nationalistes est un choix que je ne partage pas mais que je respecte. Rappelons tout de même l’origine religieuse du terme : il désignait au XVIIème siècle les dissidents de l’Église anglicane d’État. Et son acception postmoderne macronienne, inscrite dans la loi   «confortant les principes républicains », dite loi contre le séparatisme (musulman/islamiste).

Les prochaines élections anticipées en Espagne pourraient être décidées par les partis séparatistes imprévisibles du pays.

Les dirigeant·es de la Gauche républicaine de Catalogne (ERC) votent en faveur d’un référendum sur l’indépendance, Lleida, Catalogne, Espagne, 28 janvier 2023. Photo : Marc Trilla/Europa Press/Getty Images

Fin mai, le Premier ministre Pedro Sánchez a annoncé que les Espagnol·es se rendraient aux urnes le 23 juillet pour élire un nouveau gouvernement national. Il s’agissait d’une annonce surprise - les élections n’étaient pas prévues avant décembre - précipitée par les lourdes pertes que le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) de Sánchez venait de subir lors des élections locales et régionales du même mois. Si l’on se fie à l’histoire, le prochain scrutin déclenchera de nombreuses turbulences politiques. Lors des dernières élections nationales, ni le PSOE ni son ennemi juré, le Parti populaire (PP) conservateur, n’ont été en mesure de remporter une victoire suffisante pour former un gouvernement à eux seuls, faisant d’autres forces politiques, notamment les principaux partis séparatistes de Catalogne et du Pays basque, des faiseurs de rois potentiels.

Les partis séparatistes espagnols sont suffisamment fluides sur le plan idéologique pour soutenir les gouvernements de l’ensemble du spectre politique. Ils ont également le potentiel de briser un gouvernement national, comme ils l’ont fait il y a cinq ans lors de la crise séparatiste catalane, la période politique la plus précaire de l’Espagne depuis la fin de la dictature franquiste. En octobre 2017, une coalition de partis séparatistes en Catalogne a organisé un référendum sur l’indépendance que la Cour constitutionnelle espagnole avait déjà déclaré inconstitutionnel. Le Premier ministre Mariano Rajoy du PP a réagi de manière excessive en envoyant la Garde civile pour empêcher les gens de voter, en dissolvant le gouvernement régional de la Catalogne et en plaçant la région sous l’autorité directe de Madrid. Après la destitution de Rajoy à la suite d’un scandale de corruption touchant l’ensemble de son parti, Sánchez, nouvellement installé au poste de premier ministre, a ouvert des négociations avec la Catalogne, mais a rejeté les appels en faveur d’un référendum sanctionné par l’État.

En représailles, les séparatistes catalans ont retiré leur soutien à la coalition gouvernementale de Sánchez, ne lui laissant d’autre choix que de dissoudre le parlement et d’appeler à de nouvelles élections. Sánchez a remporté ces élections en 2019 et a pu former un nouveau gouvernement de coalition avec Podemos, un parti populiste de gauche, et sans le soutien des séparatistes. De nombreux observateurs, y compris l’auteur de ces lignes, n’ont pas perdu de vue que, dans leur quête de revanche, les séparatistes catalans étaient prêts à prendre le risque de laisser le gouvernement tomber entre les mains d’un parti qui les aurait traités avec plus d’hostilité que Sánchez n’aurait jamais pu le faire. Avant le référendum, il avait approuvé la réécriture de la Constitution espagnole pour transformer l’Espagne en une “nation de nations” en renforçant l’autonomie régionale dans tout le pays. Mais rien de tout cela ne comptait pour les séparatistes catalans, dont la position de victimes de Madrid attirait l’attention de la communauté internationale sur leur projet.

Malgré leur réputation bien méritée de perturbateurs et de fauteurs de troubles politiques, les partis séparatistes ont également apporté des contributions significatives à la démocratie espagnole. Ils ont introduit les libertés politiques pendant l’entre-deux-guerres, ont mené la résistance au régime autoritaire de Franco et ont assuré le succès de la transition vers la démocratie dans les années 1970. Ce qui est moins apparent, mais tout aussi important, c’est que ces dernières années, ils se sont imposés comme des remparts contre l’extrême droite. La force du séparatisme explique en partie pourquoi l’Espagne a résisté au malaise politique connu sous le nom de recul démocratique, qui se produit généralement dans les jeunes démocraties à la politique polarisée lorsque les dirigeants élus s’attaquent au système électoral, sapent l’autonomie des tribunaux et politisent l’armée. La démocratie espagnole n’a pas encore cinquante ans et ses niveaux de polarisation sont parmi les plus élevés au monde, mais au niveau national, la robustesse des partis séparatistes et leur souci des droits des minorités constituent un contrepoids puissant à l’illibéralisme.

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L’Espagne est un État unitaire très décentralisé. Elle fonctionne selon un système de “communautés autonomes”, chacune ayant ses propres droits et compétences administratives. L’Espagne diffère en cela des États fédéralistes classiques, comme les USA, où chaque sous-unité a la même relation avec l’État central. La Catalogne et le Pays basque ont été les premiers à recevoir l’autonomie en 1979 ; en l’espace de cinq ans, l’ensemble du pays a été divisé en dix-sept communautés et deux villes autonomes en Afrique du Nord (Ceuta et Melilla). La Catalogne, le Pays basque et la Galice sont les régions les plus autonomes, en raison de leur statut de “régions historiques”, qui reconnaît que leurs revendications nationales sont antérieures au régime franquiste. Ces trois régions possèdent un patrimoine linguistique unique, mais la Galice, berceau de Franco, se distingue par l’absence d’un mouvement séparatiste fort. Au contraire, dans l’ère post-franquiste, les privations économiques et l’héritage franquiste bien ancré se sont conjugués pour faire du PP, qui promeut vigoureusement le nationalisme castillan, la force politique dominante de la région. À l’exception de la région méridionale de l’Andalousie, les quatorze communautés restantes ont été créées au terme d’un processus lent, qui a consisté à demander l’autonomie à Madrid et à organiser un référendum.

La décentralisation espagnole peut sembler aléatoire (le processus a été baptisé café para todos, ou café pour tous), mais il s’agit d’une réalisation capitale. Entre le milieu du XIXe siècle et le milieu des années 1970, les tentatives de partition de l’Espagne avaient fait échouer tous les efforts de démocratisation. Une tentative de fédéralisation de l’Espagne a condamné la Première République (1873-1874). La Seconde République, en place entre 1931 et 1939, s’est effondrée pendant la guerre civile espagnole, en grande partie parce que la droite s’est opposée à toute tentative de décentralisation du pays, craignant qu’elle ne soit le prélude à l’éclatement de l’Espagne. L’une des principales missions du régime autoritaire de Franco était d’éradiquer toute trace de distinction culturelle sur le territoire national espagnol afin de rendre le fédéralisme ou tout autre type de décentralisation inutile, voire tout à fait superflu. Les partis séparatistes, qui ont été les principaux moteurs de la tentative d’instaurer le fédéralisme en Espagne, ont été parmi les principales cibles de ce génocide culturel ; le fait qu’ils aient survécu à la dictature franquiste témoigne de leur profond enracinement dans la société.