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13/07/2025

HANIF ABDURRAQIB
Zohran Mamdani et Mahmoud Khalil sont dans le coup
L'islamophobie ? Mieux vaut en rire, ensemble

Hanif Abdurraqib, The New Yorker, 13/7/2025

Traduit par Fausto GiudiceTlaxcala


Hanif Abdurraqib (né en 1983) est un poète, essayiste et critique culturel usaméricain de Columbus, Ohio.


De gauche à droite, Ramy Youssef, Zohran Mamdani et Mahmoud Khalil sur scène au Beacon Theatre, à New York, le 28 juin

Je dis parfois que je me considère comme un musulman d’équipe junior. Que cela soit pris comme une blague ou comme une invitation à me réprimander (verbalement ou non, avec amour ou non) dépend entièrement des autres musulmans présents dans la pièce. Mais bon, je le dis haut et fort : je prends le ramadan très au sérieux, plus sérieusement que tout autre chose. Au fond de moi, je suis resté un enfant soumis à une routine rigoureuse. Je ne bois pas, je ne fume pas et je ne consomme pas de drogues, même si je suppose que cela a moins à voir avec ma relation à l’islam qu’avec mon ancien engagement à être un athlète de haut niveau et, lorsque cela a échoué, avec le plaisir que j’ai pris à flirter avec une fille punk qui ne buvait pas et ne fumait pas. Et puis, lorsque cela a échoué, je me suis retrouvé trop anxieux à l’idée que mes excentricités déjà brillantes pourraient devenir encore plus étranges si je m’abandonnais à l’ivresse, quelle qu’elle soit. En d’autres termes, je n’ai pas confiance en mon propre cerveau, mais j’ai confiance en autre chose. Je me sens le plus musulman lorsque je suis stupéfait par un moment de clarté au sein de mes propres contradictions. Au-delà des déconnexions qui peuvent exister dans ma pratique religieuse, je me sens toujours profondément lié à l’ummah – le corps, la communauté – et aux responsabilités que cette connexion implique. Un hadith que j’aime beaucoup et qui sous-tend bon nombre de mes actions dit que « les croyants, dans leur gentillesse, leur compassion et leur sympathie mutuelles, sont comme un seul corps. Quand l’un des membres souffre, tout le corps réagit par l’éveil et la fièvre ».

Le hadith dit que, grâce à notre foi, le corps est un, et que par conséquent, ta souffrance est inextricablement liée à ma souffrance. Lorsqu’une personne âgée très chère à ma communauté, après des années de maladie, ne reconnaissait plus son propre corps et avait beaucoup de mal à reconnaître son esprit, elle et moi avons prié ensemble, assis sur deux chaises, car elle avait décidé que, si elle était à peine capable de bouger, ses mouvements devaient être dirigés vers Dieu. C’est dans ces moments-là, lorsque je ressens la distance entre la facilité de ma vie et la douleur dans la vie des autres, que je me sens à la fois le plus et le moins musulman. Dans la distance entre le fait de tenir mon téléphone portable dans une pièce sombre et de regarder les images qu’il contient : un bébé affamé à Gaza, un enfant tiré des décombres, les ruines d’un hôpital spécialisé dans le cancer. Dans la distance entre ces ruines et ma maison. Dans la distance entre l’impossibilité de m’endormir et le luxe d’avoir un lit dans lequel je ne parviens pas à trouver le sommeil.

J’ai discuté avec mes amis musulmans de la forme particulière d’islamophobie et de sentiment anti-arabe qui a récemment émergé – ou réémergé, selon le point de vue – aux USA. À New York, Zohran Mamdani, qui vient de remporter une victoire étonnante lors des primaires démocrates pour la course à la mairie, devra très certainement, pendant les mois précédant l’élection générale, répondre à plusieurs reprises aux mêmes questions sur son antisémitisme et sur ses projets pour assurer la sécurité des New-Yorkais juifs (qu’il a détaillés longuement). Mais il n’existe aucun cadre permettant d’engager une discussion parallèle sur les craintes ou la sécurité des New-Yorkais musulmans. Avant les primaires, un comité d’action politique pro-Cuomo a préparé un mailing qui semblait épaissir et allonger la barbe de Mamdani, et pourtant Andrew Cuomo n’a pas été interrogé à plusieurs reprises sur la manière dont il comptait assurer la sécurité des musulmans ou sur le dialogue qu’il entretenait avec les dirigeants musulmans. Je ne dis pas nécessairement qu’il faille faire pression sur les adversaires de Mamdani pour qu’ils répondent à ces questions, mais simplement qu’il n’existe même pas de terrain propice à un tel débat. C’est comme si une partie entière de la population restait invisible jusqu’à ce qu’elle soit crainte.

J’ai tendance à trouver l’islamophobie peu spectaculaire. Cela ne signifie pas pour autant que je ne la trouve pas insidieuse et grave. Je l’imagine simplement, comme d’autres préjugés, comme une sorte de bruit de fond omniprésent dans la psyché usaméricaine, parfois plus faible, puis devenant cacophonique au moindre réglage du volume. Ce bruit de fond est une raison non négligeable pour laquelle je peux, depuis mon téléphone dans ma chambre, voir une école détruite à Gaza et savoir que la plupart des personnes puissantes dans le monde ne seront pas émues. Pourtant, mes amis et moi, en particulier ceux qui étaient adolescents ou plus âgés au moment du 11 septembre, avons été déconcertés par l’islamophobie actuelle, qui semble particulièrement vintage et directe, sans être édulcorée par une rhétorique obscurissante ou visant à servir un objectif plus large. Au moment des primaires démocrates, l’actrice Debra Messing a affirmé sur Instagram que Mamdani « célébrait le 11 septembre ». La théoricienne du complot d’extrême droite Laura Loomer a publié sur X que Mamdani voulait instaurer à la fois la charia et le communisme à New York.

Parfois, cette panique anti-musulmane est drôle, ou plutôt, son absurdité finit par devenir comique, ou alors j’en ris avec des amis qui comprennent bien les dommages matériels causés par cette agitation médiatique. Nous rions parce que, si nous devons vivre cela, nous estimons avoir le droit de rire, unis dans ce rire. Le soir des primaires démocrates, une discussion de groupe entre musulmans s’est rapidement remplie d’exemples de la panique excessive qui régnait sur Internet, et nous avons ri de la rapidité avec laquelle cette panique a été suivie par des musulmans, également en ligne, qui se moquaient de cette panique. (« Préparez-vous à prier 5 fois par jour à New York », a posté un utilisateur de X.) Dans mon rire, je pouvais presque sentir tous les membres du groupe de discussion rire dans différents coins du monde. Si le corps est un dans la souffrance, il doit aussi être un dans le plaisir.

Un samedi soir récent, lors d’un spectacle à guichets fermés au Beacon Theatre, à New York, le comédien Ramy Youssef arpentait la scène tandis que de petits cercles lumineux dansaient sur une vague de rideaux rouges derrière lui. Youssef est en quelque sorte un pont entre plusieurs modes d’identité musulmane. Au cours de ses trois saisons, sa série télévisée, “Ramy, a été saluée pour avoir redéfini la représentation de la vie musulmane, en abordant les thèmes de la foi, de la famille, de la lignée et de l’échec. Cela lui a valu un public musulman enthousiaste, dont beaucoup étaient présents dans la salle du Beacon, comme en témoignait le bruit qui a éclaté, puis s’est prolongé, lorsque l’on a demandé, au début, combien de musulmans se trouvaient dans l’assistance. Mahmoud Khalil, diplômé de Columbia et militant propalestinien récemment libéré de détention par l’ICE, était au premier rang. À sa droite se trouvait sa femme, Noor Abdalla. À sa gauche, Zohran Mamdani.

C’était un vrai plaisir d’apercevoir Khalil en proie à un fou rire. Il riait comme si chaque rire était un récipient physique qui sortait précipitamment de son corps, ou un secret qu’il avait gardé si longtemps qu’il avait fini par s’échapper. Le corps de Khalil se secouait quand il riait : son rire était plus un événement cinétique qu’acoustique. Il se balançait, tremblait légèrement et souriait largement. À côté, Mamdani riait aussi, un peu plus fort ; son rire semblait moins être un secret longtemps gardé qu’une idée qu’il avait hâte de partager. La plupart des spectateurs ne savaient pas que les deux hommes étaient dans la salle et, de ce fait, ils ont manqué le petit miracle de les voir partager leur joie devant la scène qui se déroulait devant eux.

Lorsque Khalil a été arrêté par l’ICE, début mars, il est devenu le premier cas très médiatisé de détention par l’administration Trump d’étudiants titulaires d’un visa ou d’une carte verte ayant participé à des manifestations propalestiniennes. Tout au long de sa détention, qui a duré plus de cent jours, Khalil a rédigé des tribunes libres dans son carnet de prison, puis les a dictées par téléphone. Dans l’un de ces articles, écrit après la naissance de son fils, il décrit le chagrin insondable d’avoir été contraint de manquer la naissance de son premier enfant. Mais il met également en avant ses principes politiques fondamentaux, continuant à placer la Palestine au centre de ses préoccupations. Il ne considère pas sa détention comme une raison de renoncer à ses convictions, mais comme une occasion de les défendre fermement et publiquement.

Si vous ne faites pas attention, et si vous n’êtes pas à l’écoute de votre propre humanité et de celle des autres, vous pouvez être tenté de confondre les personnes avec des symboles. Il est facile d’associer un prisonnier politique à ses opinions politiques ou aux horreurs de sa détention, et de ne rien voir d’autre. Le gouvernement a cherché à faire de Mahmoud Khalil un exemple, afin de montrer aux autres ce qui arrive quand on défend ouvertement les droits du peuple palestinien. À bien des égards, c’est ainsi que l’État déforme la perspective même des personnes les mieux intentionnées : si ce que vous comprenez de Khalil, c’est qu’il a souffert, et que vous croyez que sa souffrance est injuste, et que votre cœur souffre pour lui, cette douleur peut l’emporter sur votre capacité à le comprendre autrement. Une telle myopie n’est pas malveillante, mais elle réduit une vie entière à une fraction de celle-ci. J’aime le hadith sur le corps collectif, car il ne parle pas seulement de la douleur, mais aussi du partage de toute la gamme des sentiments humains. Je ne suis pas poussé à agir uniquement parce que des gens ont souffert ou souffrent encore ; je suis poussé à agir parce que je suis profondément conscient de chaque parcelle d’humanité dont la souffrance prive les gens.

J’ai rencontré Khalil et Mamdani dans les coulisses. Au début, Khalil semblait à la fois ravi et submergé par l’émotion. Mais après la ruée initiale des photographes, le calme s’est installé autour de lui et dans la pièce. Dans cette atmosphère sereine, Khalil semblait observateur, ouvert et bien plus intéressé par les autres qu’ils ne pouvaient l’être par lui. Lorsque nous avons trouvé un coin isolé, Khalil a voulu parler de poésie, des merveilles de la paternité, de ce qui l’attendait dans les mois à venir, outre l’épuisement lié à son procès contre l’administration Trump.

Abdalla m’a dit que son mari apprenait à porter leur bébé, et ce qui m’est immédiatement venu à l’esprit, c’est que Khalil, qui a trente ans, est encore si jeune. Si on le laissait tranquille, il consacrerait tout son temps à découvrir le monde de la paternité et la vie après ses études supérieures. Il n’a pas demandé à devenir un symbole, même s’il a su le devenir avec grâce et attention. C’était merveilleusement surréaliste d’être en coulisses, dans un spectacle d’humour, à boire un café avec lui. J’étais tellement reconnaissant de sa présence que tout ce que j’ai pu dire, pendant ce premier moment de calme, c’était : « Je suis heureux que tu sois là. Je suis heureux qu’ils n’aient pas pu te prendre complètement à nous. »

Khalil et Mamdani ne s’étaient jamais rencontrés auparavant, mais je les ai vus engager une conversation fluide et souvent drôle. C’était fascinant de voir deux figures emblématiques de la victoire musulmane se rencontrer : l’un chargé de réinventer une ville, l’autre de faire de sa liberté quelque chose qui le dépasse. Mamdani était vêtu d’un costume sombre et d’une cravate à motifs, comme il le fait souvent pendant la campagne électorale. Il a évoqué la recrudescence des menaces de mort qu’il avait reçues depuis sa victoire aux primaires et la façon dont il avait dû changer ses habitudes depuis qu’il était désormais sous protection rapprochée. J’ai pensé à la tournée promotionnelle de mon livre qui avait occupé une grande partie de l’année écoulée. À mesure que les foules grossissaient, les menaces contre ma vie se multipliaient, et je devais parfois faire appel à des agents de sécurité pour surveiller la file d’attente lors des séances de dédicaces ou pour m’escorter jusqu’à mon hôtel. J’envoyais des SMS à mon groupe de discussion musulman, disant en substance : « Je me sens plus musulman que jamais quand quelqu’un veut ma mort », et nous riions. Ce n’est peut-être pas drôle si vous n’êtes pas l’un des nôtres.

Khalil a déclaré qu’il avait lui aussi été inondé de menaces, et que celles-ci avaient augmenté de manière exponentielle depuis sa libération. Il a ajouté qu’il essayait surtout d’ignorer les menaces et d’être prudent lorsqu’il sortait. Après cela, un bref silence s’est installé entre nous trois, un moment de reconnaissance partagée des difficultés de rester en vie. Pour certaines personnes, Khalil et Mamdani offrent, de manière différente mais non sans rapport, des récits essentiels de résistance, une série de cordes auxquelles tant de personnes s’accrochent pour survivre à des moments où la survie semble impossible.

Dans le calme, je me suis surpris à réfléchir à nouveau à la distance qui sépare deux hommes musulmans qui vivent deux victoires distinctes, mais qui sont confrontés à des préoccupations similaires. J’ai pensé à la distance entre ceux qui veulent votre mort et ceux qui veulent votre départ, votre disparition par l’expulsion ou une forme plus banale de silence. Il n’y a peut-être pas autant de distance entre ces deux groupes que nous le souhaiterions, surtout si leurs membres sont bruyants, ont du pouvoir et n’ont pas peur de fantasmer publiquement sur la violence physique. La distance entre ces deux populations se réduit encore davantage lorsque quelqu’un semble partir, puis a le culot de revenir – être rejeté comme un perdant, puis remporter une primaire, ou être emprisonné pour avoir tenu des propos propalestiniens et, une fois libéré, prendre la parole en faveur de la Palestine dès que l’occasion se présente.

Une fois ce moment passé, Mamdani sourit, passa son bras autour des épaules de Khalil et dit : « J’aimerais pouvoir t’emmener partout avec moi. » Et nous avons ri tous les trois, même si cette plaisanterie avait un goût amer. Un rire teinté de tristesse reste un rire.

Il y a un autre hadith que j’aime beaucoup. Dans celui-ci, un prophète qui prononce un sermon dit : « Le paradis et l’enfer m’ont été montrés, et je n’ai jamais vu autant de bien et de mal qu’aujourd’hui. Si vous saviez ce que je sais, vous ririez peu et pleureriez souvent. »

Ces jours-ci, je ne parle et ne pense qu’à la dissonance cognitive nécessaire pour évoluer dans le monde. J’ai de plus en plus de mal à démêler mes multiples personnalités pour pouvoir avancer dans mon voyage. Toutes mes personnalités pleurent souvent. J’essaie de faire preuve de grâce. Je dis à mes amis que je ne comprends plus comment on peut passer les jours, les mois, sans reconnaître les horreurs qui nous entourent. J’imagine ce que cela doit être de pouvoir éteindre les parties du monde qui vous perturbent. Cela doit donner l’impression d’exister dans un univers animé qui obéit aux lois de la physique des dessins animés : vous tombez d’une hauteur inconcevable et, en atterrissant, un nuage de poussière s’élève du sol, mais vous vous secouez et continuez à avancer.

Je me convaincs que je ris encore suffisamment. Tous ceux que j’aime aimeraient voir la fin des guerres, aimeraient empêcher que des gens soient enlevés dans la rue et expulsés, mais certains jours, nous ne pouvons pas manifester, car il fait tellement chaud dehors que c’est dangereux. Il fait dangereusement chaud dehors, en partie à cause des conséquences climatiques des guerres ; elles ne s’arrêtent pas et ne se sont pas arrêtées depuis aussi longtemps que nous sommes en vie. La mosquée de mon quartier a reçu des menaces l’année dernière, alors les membres de la communauté ont mis leur argent en commun pour engager des agents de sécurité. L’un des anciens a plaisanté en disant que tant que la mosquée était vide, quelqu’un pouvait se sentir libre de la brûler, cela nous donnerait une bonne excuse pour enfin la rénover. Nous avons ri. Je me sens le plus musulman lorsque les autres pensent que la blague est à la charge de mon peuple, mais mon peuple survit, et donc la blague n’est en fait pas du tout à notre charge.

À la fin du spectacle de Youssef, il arpentait la scène dans le silence quasi total qui avait suivi les applaudissements enthousiastes. Puis il a commencé à parler de deux choses qui lui avaient redonné espoir cette semaine-là. J’ai remarqué un couple devant moi qui murmurait « Zohran ? ». Puis il est apparu sur scène, saluant la foule debout qui l’acclamait. Il a brièvement évoqué sa vision d’un New York différent, où les gens pourraient défendre les droits des Palestiniens sans craindre d’être persécutés. Youssef a ensuite présenté Khalil, qui a reçu une ovation encore plus forte et plus bruyante. Il a souri largement et a levé le poing, un geste que beaucoup dans le public ont imité.

Vers la fin de son bref discours, Khalil a regardé Mamdani comme s’ils étaient seuls dans la pièce et lui a dit : « Je suis enthousiaste à l’idée d’élever mon fils dans une ville dont tu seras le maire. » Ce fut un moment saisissant, l’un de ces moments où, si vous écoutiez attentivement, vous pouviez entendre un souffle collectif avant qu’une nouvelle vague d’applaudissements n’éclate. Les gens se dirigeaient vers les sorties, certains essuyant leurs larmes. J’ai aperçu une amie et nous nous sommes embrassés. Elle m’a dit : « Je ne m’étais pas rendue compte que je pleurais, mais maintenant je ne peux plus m’arrêter. »

Aussi beau que fût ce souvenir, ce qui m’est resté en tête, c’est la dernière blague de la soirée, lorsque Khalil a déclaré qu’il était honoré d’être aux côtés de Mamdani, « un homme si intègre que l’ICE ne l’a pas encore arrêté ». Il a marqué une pause, puis, avec un timing parfait, il a ajouté : « On voit bien qu’ils y pensent ». Mamdani a ri. Youssef a ri. J’ai ri dans mon siège. C’était une blague classique, faite par quelqu’un qui avait été arraché du hall de son immeuble par des agents de l’ICE, une blague affectueusement adressée à un candidat à la mairie qui a été menacé d’expulsion par le président et d’autres dirigeants politiques. La blague était drôle à cause de ce que certains d’entre nous dans la salle savaient et à cause de ce que la personne qui la racontait avait vécu. La blague était drôle parce que, même si certains d’entre nous dans la salle pleuraient souvent, notre rire surpassait ce que nous savons du monde, pendant quelques secondes à la fois.

 

GIDEON LEVY
Le Guernica de la guerre d’extermination menée par Israël à Gaza

 Gideon LevyHaaretz , 13/7/2025
Traduit par Fausto GiudiceTlaxcala

Guernica. Guernica à Deir al-Balah, jeudi dernier. 


Omar Meshmesh porte le corps de sa nièce Aya, âgée de 3 ans, qui fait partie des 10 personnes, dont deux femmes et cinq enfants, tuées jeudi lors d’une frappe israélienne alors qu’elles attendaient de recevoir des compléments alimentaires dans une clinique médicale gérée par Project Hope à Deir al-Balah, dans la bande de Gaza. Photo Abdel Kareem Hana/AP

Tout d’abord, vous entendez les cris, ceux qui vous glacent le sang. La caméra se rapproche alors que la rue est envahie par la poussière et les débris du bombardement. La première image montre un petit groupe de mères et de bébés blottis les uns contre les autres. L’une des mères est allongée sur le dos, apparemment déjà morte. Une autre est accroupie près de son bébé sans vie, étendu sur le trottoir. Une troisième serre son bébé dans ses bras – impossible de dire s’il est vivant ou mort – tandis qu’une femme plus âgée est assise à côté d’elle, hébétée et silencieuse.

Un homme interpelle la femme en deuil : « Ça suffit, ça suffit ! » Mais elle lui répond par un cri de pure angoisse.

La caméra glisse lentement à travers la rue, s’arrêtant sur les corps prostrés de deux jeunes hommes. Serait-ce les pères ? Elle dérive ensuite vers deux autres tas de cadavres, puis s’éloigne brusquement, comme incapable de supporter cette vue. Un adolescent est allongé sur le ventre, deux autres sont couchés sur le dos ; tous trois semblent morts. Un vélo est abandonné sur le bord de la route. Un père se penche sur le corps de son nourrisson.

Quelqu’un se fraye un chemin entre les corps. « Al-Tayara », dit-il, en référence à l’avion qui a largué les bombes. Un garçon est allongé, le visage pressé contre l’asphalte, du sang coulant de sa tête. Sa main tremble dans un dernier spasme de vie. La mare rouge sous lui s’étend progressivement. Deux femmes sont recroquevillées l’une contre l’autre sur le trottoir, presque comme des cuillères. Entre elles repose le corps d’une petite fille.

On entend la voix de l’homme qui filme. Il s’adresse à une femme qui berce sa petite fille : « Ça va, ça va, tout va bien. » Il essaie de calmer la mère qui tient dans ses bras son bébé, qui vient d’être assassiné. La femme regarde fixement sa fille qui ne réagit pas, puis lève les yeux vers lui et lui demande, impuissante : « Qu’est-ce qui lui est arrivé ? »

En arrière-plan, la voix d’un autre homme s’élève : « Y a-t-il une voiture pour les emmener ? » tandis qu’un autre homme appelle à l’aide en criant : « Regardez par ici ! » Une femme serrant son enfant dans ses bras hurle : « Il a besoin d’une ambulance ! Emmenez-le, s’il vous plaît, sa main a été sectionnée. » L’homme qui filme la scène lui dit : « Allonge-le par terre. »

De l’autre côté de la rue, les corps de deux jeunes hommes gisent sur le dos. Vêtus de haillons, leurs chaussures déchirées, l’un d’eux a une jambe mutilée. Leurs bras sont tendus, leur bouche grande ouverte – peut-être ont-ils eu le temps d’appeler à l’aide.

Non loin de là, une adolescente gît prostrée, son corps étendu sur le trottoir, ses jambes débordant sur la chaussée. Elle est morte. Un enfant terrifié enfouit son visage dans les genoux de sa mère. À proximité, une autre mère est assise, serrant contre elle le corps sans vie de son bébé. Elle pleure de douleur, les yeux suppliants, le corps secoué de sanglots, chaque mouvement faisant sursauter le petit cadavre. La tête du bébé tombe comme celle d’une poupée. Peut-être essaie-t-elle de le ramener à la vie en le secouant, mais c’est en vain.

Une femme est allongée sur la route, la tête appuyée sur le trottoir. Son enfant gît à côté d’elle, le sang coulant encore de sa tête. Quelques instants auparavant, son corps a fait un dernier mouvement faible. La mère presse son visage contre le sien, comme si elle essayait d’inspirer son dernier souffle. L’air est chargé de cris incessants et effrayants – des femmes et des enfants qui hurlent dans un chœur obsédant de douleur et de terreur.

Personne ne s’occupe des blessés : il n’y a plus personne pour les aider. Bientôt, les morts et les blessés seront chargés sur des charrettes tirées par des ânes et emmenés vers les ruines de l’hôpital le plus proche, l’hôpital Shuhada al-Aqsa à Deir al-Balah.

Guernica, Guernica à Deir al-Balah, jeudi dernier. Quinze personnes tuées, dont dix nourrissons et enfants et trois mères. Le lieu : un centre de distribution de lait maternisé, la clinique locale de suivi pédiatrique.

Pablo Picasso a peint son célèbre tableau en réponse au bombardement de la ville basque de Guernica le 26 avril 1937, pendant la guerre civile espagnole.

Ces vidéos, que CNN et d’autres médias ont déclaré avoir reçues, sont le Guernica de la guerre d’extermination menée par Israël à Gaza. Tous les Israéliens doivent voir ce Guernica. Pourtant, presque aucun Israélien ne l’a vu, et presque aucun Israélien ne le verra jamais.

12/07/2025

LYNA AL TABAL
I stand with Francesca Albanese/ Dou meu apoio a Francesca Albanese

Dra. Lyna Al-Tabal,Rai Al Youm, 11-7-2025
Original árabe

Traduzido por Helga Heidrich, Tlaxcala

Lyna Al Tabal é libanesa, doutora em Ciências Políticas, advogada de formação e professora de Relações Internacionais e Direitos Humanos.

 

Sim, decidi dar este título ao artigo em inglês. Não por querer me gabar, nem porque acredite mais na globalização da língua do que na sua equidade. Mas porque esta frase se tornou, sem a permissão de ninguém, uma declaração de solidariedade mundial.

I stand with Francesca Albanese. Dou meu apoio a    Francesca Albanese.

Uma frase curta, mas cheia de significado... apenas cinco palavras. Pronunciadas com calma, mas classificadas como perigosas para a segurança nacional... Como assim?

Há uma mulher italiana que hoje está sendo perseguida por causa de Gaza. Ela não tem genes de resistência, não tem nenhum vínculo familiar com Gaza, nem um passado marcado pela Nakba, nem mesmo uma foto. Ela não é árabe, não nasceu em um acampamento, não foi criada com o discurso da libertação. Ela não é uma sonhadora de esquerda, talvez nunca tenha lido Marx em cafés. Não atirou uma única pedra contra um soldado israelense... Tudo o que fez foi cumprir o seu dever profissional.

“Louca”, declarou Trump. Ele, que monopoliza esse adjetivo e o distribui como fazem os narcisistas quando se esfarelam diante de uma mulher que não se cala diante da injustiça.

Ela se chama Francesca Albanese. Advogada e acadêmica italiana, ocupa o cargo de relatora especial das Nações Unidas para os direitos humanos nos territórios palestinos ocupados desde 1967. Como funcionária internacional, sentada atrás de uma escrivaninha branca, redige relatórios com uma linguagem precisa e uma formulação jurídica imparcial. Não é boa oradora, mas foi clara e inequívoca: o que está acontecendo em Gaza é um genocídio.

Ele escreveu preto no branco em um relatório oficial publicado no âmbito de suas funções, em linguagem compreensível para o direito internacional: o que Israel está fazendo em Gaza é um genocídio.

Da noite para o dia, seu nome se tornou perigoso e deveria ser aniquilado, assim como o exército israelense aniquila as casas em Rafah. Seu nome foi destruído por um único míssil político e foi incluído na lista de sanções, ao lado de traficantes e financiadores do terrorismo.

Agora eu sei: neste mundo, basta não mentir para que te proíbam de viajar, congelem suas contas e te excluam do sistema internacional.

Francesca não infringiu a lei, ela a aplicou. E esse é o seu verdadeiro crime.

Ele não cometeu nenhum erro de definição, não exagerou na linguagem, não extrapolou suas funções. A única coisa que fez foi chamar o crime pelo seu nome.

Não, este relatório não trata do genocídio dos nativos americanos. Nem do Vietnã, nem do fósforo branco, nem de Bagdá, nem de Trípoli... Este relatório não remoi o passado dos Estados Unidos, mas trata de um presente descarado. E do direito que se perde quando o reivindicamos... Este relatório trata da justiça internacional que é afogada diante dos nossos olhos e da carta dos direitos humanos que também se evapora diante dos nossos olhos. Enquanto o culpado ocupa um lugar no Conselho de Segurança.

Este relatório fala de um mundo que não castiga os mentirosos. Um mundo que te mata quando amas sinceramente, quando dás sem pedir nada em troca, quando falas com coragem, quando tentas reparar o mal causado.

Este relatório fala simplesmente do mundo das trevas.

Este mundo que estrangula todos aqueles que não querem ser como ele.

Francesca não foi a primeira.

Quando o Estatuto de Roma foi criado, os EUA trataram o Tribunal Penal Internacional como um “vírus jurídico”, porque não podiam controlá-lo... Bill Clinton assinou-o (sem ratificá-lo). Depois veio George W. Bush, retirou sua assinatura e promulgou a chamada “lei de invasão de Haia”, que autoriza a invasão militar dos Países Baixos se o Tribunal Penal ousar julgar um único soldado ianque... Barack Obama, o sábio, não revogou a lei... Depois veio Trump, o cowboy loiro, com duas pistolas no cinto, que deu o golpe de misericórdia na justiça... Ele puniu Fatou Bensouda, a ex-procuradora-geral do Tribunal, por abrir os processos do Afeganistão e da Palestina. Retirou-lhe o visto, congelou os seus bens e pendurou-a na corda dos seus tweets sarcásticos.

Depois veio Karim Jan, o atual procurador-geral, encarregado do pesado dossiê de Gaza e de uma lista de nomes igualmente pesados: Netanyahu, Galant... Mais uma vez, o facão da vingança política voltou e ameaçou a espada da justiça.

Karim Jan tem sido alvo de inúmeras ameaças vindas do Congresso, da Casa Branca e de Tel Aviv.

 No primeiro dia após sua chegada à Casa Branca, Donald Trump assinou a lei sobre sanções contra o Tribunal Penal Internacional. Um homem de origem paquistanesa que ousa tocar em nomes intocáveis? O jogo acabou.

É assim que uma instituição internacional, com todo o seu pessoal e equipamento, foi alvo de sanções americanas, como se fosse uma milícia armada... Seus funcionários foram proibidos de viajar, de trabalhar e até mesmo de respirar livremente... Quem disse que os EUA impedem a justiça? Desde que ela não se aproxime de Tel Aviv ou do Pentágono.

E, num momento de sinceridade, Joe Biden disse isso com sua formulação rebuscada: essas leis não foram redigidas para se aplicarem ao “homem branco”, mas aos africanos... e a Putin, quando necessário.

E assim se completa o paradoxo: 85% dos processos e julgamentos perante o Tribunal Penal Internacional são contra africanos.

 E quando são abertos processos contra ocidentais, a justiça torna-se uma ameaça... e o Tribunal, um alvo.

E agora você já sabe: se cruzar a linha vermelha,

é o tribunal que é julgado,

o juiz que é julgado,

e a testemunha que é julgada.

Só resta o assassino... sentado na primeira fila, sorrindo para as câmeras, recebendo convites para participar de uma conferência sobre direitos humanos. Por que não?

Trump desferiu um golpe mortal ao direito internacional, uma facada no coração do Tribunal Penal, e depois enterrou o que restava do sistema de direitos humanos e nos jogou o cadáver: “Aqui está, enterrem”, disse ele com o mesmo tom usado para dar ordens durante os massacres na costa síria, quando os alauítas foram enterrados sob os escombros, sem testemunhas, sem investigação, às vezes sem nome, apenas com um número... Um buraco e tudo acabou.

Trump agiu como um cowboy: disparou e depois declarou que o alvo ameaçava a segurança. Tudo isso diante dos olhos das nações. E também diante dos nossos olhos... Diante dos olhos da Europa, mais concretamente.

A Europa que redigiu estas leis a partir das cinzas das suas guerras, dos seus complexos psicológicos nunca resolvidos, do seu medo de si própria.

E hoje, olha, em silêncio... Com todos os seus complexos psicológicos, a Europa hoje guarda silêncio. Enterra seu filho jurídico com sangue frio, como as mães de Gaza enterram seus filhos...

Com uma única lágrima, porque o tempo não permite chorar muito tempo.

Entendem agora? Todas as leis sobre direitos humanos, desde o Estatuto de Roma até a Carta Internacional, são boas para sessões acadêmicas e cursos de formação que terminam com a entrega de diplomas e fotos após a formatura dos felizes especialistas.

E tudo é decidido em Washington.

É assim que se administra a justiça internacional na era da hegemonia: uma lista de sanções... e um tapete vermelho estendido diante do carrasco.

Você acompanhou bem a história?

Uma italiana na lista americana de terrorismo político... Chama-se Francesca Albanese. Não é originária de Gaza, não saiu de uma guerra, não nasceu sob o bloqueio. Não esconde armas nem bombas na bolsa, não pertence a nenhuma organização secreta... Vem do mundo do direito, das instituições das Nações Unidas, de uma burocracia neutra... A única coisa que fez foi redigir um relatório oficial sobre o que aconteceu em Gaza...

Ele escreveu o que viu: sangue, escombros, um crime em todos os sentidos... Escreveu que o que aconteceu ali não foi uma operação de segurança nem de legítima defesa, mas um genocídio... Fez o seu trabalho na linguagem dos relatórios, sem slogans, sem gritos de guerra, sem sequer desenhar uma metade de melancia na margem... Francesca Albanese perturbou a ordem mundial porque não mentiu...

Ele não infringiu as normas diplomáticas... Simplesmente aplicou a lei...

 ➤Assine a petição

Prêmio Nobel da Paz para Francesca Albanese e os médicos de Gaza

LYNA AL TABAL
I stand with Francesca Albanese/Ich stehe hinter Francesca Albanese

Dr. Lyna Al Tabal,Rai Al Youm, 11.7.2025
Arabisches Original
Übersetzt von
 Helga Heidrich, Tlaxcala

Lyna Al Tabal ist Libanesin, Doktorin der Politikwissenschaft, ausgebildete Juristin und Professorin für internationale Beziehungen und Menschenrechte.

 

Ja, ich habe mich dafür entschieden, diesen Artikel auf Englisch zu betiteln. Nicht, weil ich damit angeben möchte oder weil ich mehr an die Globalisierung der Sprache glaube als an ihre Fairness. Sondern weil dieser Satz ohne Erlaubnis zu einer Erklärung globaler Solidarität geworden ist.

I stand with Francesca Albanese. Ich stehe hinter Francesca Albanese.

Ein kurzer Satz, aber voller Bedeutung... nur fünf Wörter. Ruhig gesprochen, aber als gefährlich für die nationale Sicherheit eingestuft... Wieso?

Es gibt eine Italienerin, die derzeit wegen Gaza strafrechtlich verfolgt wird. Sie hat keine Gene des Widerstands, keine familiären Verbindungen zu Gaza, keine Vergangenheit, die von der Nakba geprägt ist, nicht einmal ein Foto. Sie ist keine Araberin, sie wurde nicht in einem Lager geboren, sie ist nicht mit Befreiungsrhetorik aufgewachsen. Sie ist keine linke Träumerin, sie hat vielleicht nie Marx in Cafés gelesen. Sie hat nie einen Stein auf einen israelischen Soldaten geworfen... Sie hat lediglich ihre berufliche Pflicht erfüllt.

„Verrückt“, sagte Trump. Er, der dieses Etikett für sich beansprucht und es wie ein Narzisst verteilt, wenn er vor einer Frau zusammenbricht, die angesichts von Ungerechtigkeit nicht schweigt.

Ihr Name ist Francesca Albanese. Die italienische Juristin und Wissenschaftlerin ist Sonderberichterstatterin der Vereinten Nationen für Menschenrechte in den seit 1967 besetzten palästinensischen Gebieten. Als internationale Beamtin sitzt sie hinter einem weißen Schreibtisch und verfasst Berichte in präziser Sprache und unparteiischen juristischen Begriffen. Sie ist keine begnadete Rednerin, aber sie hat ihre Position klar und unmissverständlich zum Ausdruck gebracht: Was in Gaza geschieht, ist Völkermord.

Sie schrieb es schwarz auf weiß in einem offiziellen Bericht, der im Rahmen ihrer Aufgaben veröffentlicht wurde, in einer Sprache, die nach internationalem Recht verständlich ist: Was Israel in Gaza tut, ist Völkermord.

Über Nacht wurde ihr Name gefährlich und musste vernichtet werden, so wie die israelische Armee Häuser in Rafah vernichtet. Ihr Name wurde durch eine einzige politische Rakete vernichtet, und sie wurde zusammen mit Menschenhändlern und Terrorismusfinanzierern auf die Sanktionsliste gesetzt.

Jetzt weiß ich: In dieser Welt muss man nur nicht lügen, um mit einem Reiseverbot belegt, seine Konten eingefroren und aus dem internationalen System ausgeschlossen zu werden.

Francesca hat nicht gegen das Gesetz verstoßen, sie hat es durchgesetzt. Und das ist ihr eigentliches Vergehen.

Sie hat in ihrer Definition keine Fehler gemacht, sie hat in ihrer Sprache nicht übertrieben, sie hat ihre Befugnisse nicht überschritten. Sie hat lediglich das Verbrechen beim Namen genannt.

Nein, dieser Bericht befasst sich nicht mit dem Völkermord an den amerikanischen Ureinwohnern. Er befasst sich auch nicht mit Vietnam, mit weißem Phosphor, Bagdad oder Tripolis... Dieser Bericht wühlt nicht die Vergangenheit US-Amerikas auf, er befasst sich mit einer unverhüllten Gegenwart. Und mit dem Recht, das verloren geht, wenn wir es einfordern... Dieser Bericht befasst sich mit der internationalen Gerechtigkeit, die vor unseren Augen erstickt wird, und mit der Charta der Menschenrechte, die ebenfalls vor unseren Augen verschwindet. Während die Schuldigen im Sicherheitsrat sitzen.

Dieser Bericht handelt von einer Welt, in der Lügner nicht bestraft werden. Eine Welt, in der man getötet wird, wenn man aufrichtig liebt, wenn man gibt, ohne Gegenleistung zu erwarten, wenn man mutig spricht, wenn man versucht, Schaden wiedergutzumachen.

Dieser Bericht befasst sich ausschließlich mit der dunklen Welt.

Diese Welt, die alle erwürgt, die nicht so sein wollen wie sie.

Francesca war nicht die Erste.

Als das Römische Statut ins Leben gerufen wurde, behandelten die USA den Internationalen Strafgerichtshof als „juristischen Virus“, weil sie ihn nicht kontrollieren konnten... Bill Clinton unterzeichnete es (ohne es zu ratifizieren). Dann kam George W. Bush, zog seine Unterschrift zurück und verabschiedete das sogenannte „Hague Invasion Act“, das eine militärische Invasion der Niederlande genehmigt, sollte der Strafgerichtshof es wagen, auch nur einen einzigen US-amerikanischen Soldaten vor Gericht zu stellen... Barack Obama, der Weise, hob das Gesetz nicht auf... Dann kam Trump, der blonde Cowboy mit zwei Pistolen im Gürtel, der der Gerechtigkeit den Gnadenstoß versetzte... Er bestrafte Fatou Bensouda, die ehemalige Chefanklägerin des Gerichtshofs, weil sie die Verfahren gegen Afghanistan und Palästina eröffnet hatte. Er widerrief ihr Visum, fror ihr Vermögen ein und hängte sie an den Galgen seiner sarkastischen Tweets.

Dann kam Karim Khan, der derzeitige Generalstaatsanwalt, der mit dem schweren Fall Gaza und einer Liste ebenso schwergewichtiger Namen betraut wurde: Netanjahu, Galant... Wieder einmal kehrte das Buschmesser der politischen Rache zurück und bedrohte das Schwert der Gerechtigkeit.

Karim Khan wurde mit Drohungen aus dem Kongress, dem Weißen Haus und Tel Aviv überschüttet.

 An seinem ersten Tag im Weißen Haus unterzeichnete Donald Trump das Gesetz, das Sanktionen gegen den Internationalen Strafgerichtshof verhängt. Ein Mann pakistanischer Herkunft, der es wagt, unantastbare Namen anzurühren? Das Spiel ist vorbei.

So wurde eine internationale Institution mit all ihren Mitarbeitern und ihrer Ausrüstung unter US-Sanktionen gestellt, als wäre sie eine bewaffnete Miliz... Ihren Mitarbeitern wurde verboten, zu reisen, zu arbeiten und sogar frei zu atmen... Wer hat gesagt, dass US-Amerika Gerechtigkeit verhindert? Solange diese nicht in die Nähe von Tel Aviv oder dem Pentagon kommt.

Und in einem Moment der Aufrichtigkeit sagte Joe Biden es in seiner gewundenen Art: Diese Gesetze wurden nicht geschrieben, um für „weiße Männer“ zu gelten, sondern für Afrikaner ... und für Putin, wenn nötig.

Und damit ist das Paradoxon komplett: 85 % der Strafverfolgungen und Verfahren vor dem Internationalen Strafgerichtshof betreffen Afrikaner.

 Und wenn Fälle gegen Westler eröffnet werden, wird Gerechtigkeit zu einer Bedrohung ... und das Gericht zu einem Ziel.

Und jetzt wissen Sie es auch: Wenn Sie die Grenze überschreiten,
es ist das Gericht, das beurteilt wird,
der Richter, der gerichtet wird,
und der Zeuge, der gerichtet wird.

Was bleibt, ist der Mörder ... der in der ersten Reihe sitzt, in die Kameras lächelt und Einladungen zu einer Menschenrechtskonferenz erhält. Warum auch nicht?

Trump hat dem Völkerrecht einen tödlichen Schlag versetzt, dem Internationalen Strafgerichtshof einen Dolchstoß in den Rücken, dann hat er die Überreste des Menschenrechtssystems begraben und uns die Leiche hingeworfen: „Da, begrabt ihn“, sagte er in demselben Tonfall, mit dem während der Massaker an der syrischen Küste Befehle erteilt wurden, als Alawiten unter den Trümmern begraben wurden, ohne Zeugen, ohne Ermittlungen, manchmal ohne Namen, nur mit einer Nummer... Ein Loch, und alles ist vorbei.

Trump hat sich wie ein Cowboy verhalten: Er hat zuerst geschossen und dann erklärt, dass das Ziel eine Bedrohung für die Sicherheit darstelle. All dies vor den Augen der ganzen Welt. Und auch vor unseren Augen ... Vor den Augen Europas, um genau zu sein.

Europa hat diese Gesetze aus den Trümmern seiner Kriege, seinen ungelösten psychologischen Komplexen und seiner Angst vor sich selbst heraus erarbeitet.

Und heute schaut es zu, schweigend... Mit all seinen psychologischen Komplexen schweigt Europa heute. Es begräbt sein rechtmäßiges Kind kaltblütig, so wie die Mütter in Gaza ihre Kinder begraben...

Mit einer einzigen Träne, denn die Zeit lässt kein langes Weinen zu.

Verstehen Sie jetzt? Alle Menschenrechtsgesetze, vom Römischen Statut bis zur Internationalen Charta, eignen sich gut für akademische Seminare und Schulungen, die mit der Verleihung von Diplomen und Fotos glücklicher Experten enden.

Und alles wird in Washington entschieden.

So wird internationale Gerechtigkeit im Zeitalter der Hegemonie ausgeübt: eine Liste von Sanktionen ... und ein roter Teppich für den Henker.

Haben Sie die Geschichte richtig verstanden?

Eine Italienerin auf der US-Liste politischer Terroristen... Ihr Name ist Francesca Albanese. Sie kommt nicht aus Gaza, sie hat keinen Krieg erlebt, sie wurde nicht unter einer Blockade geboren. Sie versteckt keine Waffen oder Bomben in ihrer Tasche, sie gehört keiner geheimen Organisation an... Sie kommt aus der Welt des Rechts, aus Institutionen der Vereinten Nationen, aus einer neutralen Bürokratie... Alles, was sie getan hat, war, einen offiziellen Bericht über die Ereignisse in Gaza zu verfassen...

Sie schrieb, was sie sah: Blut, Trümmer, ein Verbrechen an sich... Sie schrieb, dass das, was dort geschah, keine Sicherheitsoperation und keine Selbstverteidigung war, sondern Völkermord... Sie tat ihre Arbeit in der Sprache der Berichterstattung, ohne Parolen, ohne Kampfrufe, ohne auch nur eine rote halbe Wassermelone an den Rand zu malen... Francesca Albanese erschütterte die Weltordnung, weil sie nicht gelogen hat...

Sie hat nicht gegen diplomatische Regeln verstoßen... Sie hat lediglich das Gesetz angewendet...

 ➤Unterschreiben Sie die Petition

Friedensnobelpreis für Francesca Albanese und die Ärzte von Gaza

LYNA AL TABAL
I stand with Francesca Albanese/Sono solidale con Francesca Albanese

Dott.ssa Lyna Al-Tabal, Rai Al Youm, 11/7/2025
Originale arabo
Tradotto da 
Gulietta Masinova, Tlaxcala

Lyna Al Tabal è libanese, dottoressa in scienze politiche, avvocata di formazione e docente di relazioni internazionali e diritti umani.

 


Sì, ho deciso di intitolare questo articolo in inglese. Non perché mi piaccia mettermi in mostra, né perché creda più nella globalizzazione della lingua che nella sua equità. Ma perché questa frase è diventata, senza l’autorizzazione di nessuno, una dichiarazione di solidarietà mondiale.

I stand with Francesca Albanese. Sono solidale con Francesca Albanese

Una frase breve, ma densa... solo cinque parole. Pronunciata con calma, ma classificata come pericolosa per la sicurezza nazionale... Come?

C’è una donna italiana che oggi è perseguita a causa di Gaza. Non ha i geni della resistenza, non ha alcun legame con Gaza, nessun passato segnato dalla Nakba, nemmeno una foto. Non è araba, non è nata in un campo profughi, non è stata educata al discorso della liberazione. Non è una sognatrice di sinistra, forse non ha mai letto Marx nei caffè. Non ha mai lanciato un sasso contro un soldato israeliano... Tutto quello che ha fatto è stato compiere il suo dovere professionale.

“Pazza”, ha detto Trump. Lui che monopolizza questo aggettivo e lo distribuisce come fanno i narcisisti quando crollano davanti a una donna che non ha taciuto di fronte all’ingiustizia.

Si chiama Francesca Albanese. Avvocata e accademica italiana, ricopre la carica di relatrice speciale delle Nazioni Unite sui diritti umani nei territori palestinesi occupati dal 1967. Funzionaria internazionale, seduta dietro una scrivania bianca, redige rapporti in un linguaggio preciso e con una formulazione giuridica imparziale. Non è dotata di grande eloquenza, ma lo ha detto chiaramente e senza ambiguità: quello che sta succedendo a Gaza è un genocidio.

Lo ha scritto nero su bianco in un rapporto ufficiale pubblicato nell’ambito delle sue funzioni, in un linguaggio comprensibile al diritto internazionale: ciò che Israele sta facendo a Gaza è un genocidio.

Da un giorno all’altro, il suo nome è diventato pericoloso e doveva essere annientato proprio come l’esercito israeliano annienta le case a Rafah. Il suo nome è stato distrutto da un unico missile politico ed è stata inserita nella lista delle sanzioni, insieme ai trafficanti e ai finanziatori del terrorismo.

Ora lo so: in questo mondo basta non mentire per vedersi vietare di viaggiare, congelare i propri conti ed essere esclusi dal sistema internazionale.

Francesca non ha infranto la legge, l’ha applicata. Ed è questo il suo vero crimine.

Non ha commesso errori di definizione, non ha esagerato nel linguaggio, non ha oltrepassato i limiti delle sue funzioni. Tutto ciò che ha fatto è stato chiamare il crimine con il suo nome.

No, questo rapporto non tratta del genocidio degli indiani d’America. Né del Vietnam, né del fosforo bianco, né di Baghdad, né di Tripoli... Questo rapporto non rivanga il passato usamericano, ma tratta di un presente spudorato. E del diritto che si perde quando lo rivendichiamo... Questo rapporto tratta della giustizia internazionale che viene soffocata sotto i nostri occhi e della Carta dei diritti umani che svanisce anch’essa sotto i nostri occhi. Mentre il colpevole siede al Consiglio di sicurezza.

Questo rapporto parla di un mondo che non punisce i bugiardi. Un mondo che ti uccide quando ami sinceramente, quando dai senza riserve, quando parli con coraggio, quando cerchi di riparare i danni.

Questo rapporto parla semplicemente del mondo delle tenebre.

Questo mondo che strangola tutti coloro che non vogliono assomigliargli.

Francesca non era la prima.

Quando è stato creato lo Statuto di Roma, gli USA hanno trattato la Corte penale internazionale come un “virus giuridico”, perché non potevano controllarla... Bill Clinton l’ha firmato (senza ratificarlo). Poi è arrivato George W. Bush, che ha ritirato la firma e ha promulgato quella che è stata definita la “legge di invasione dell’Aia”, che autorizza l’invasione militare dei Paesi Bassi se la Corte penale osa giudicare anche un solo soldato usamericano... Barack Obama, il saggio, non ha abrogato la legge... Poi è arrivato Trump, il cowboy biondo, con due pistole alla cintura, che ha dato il colpo di grazia alla giustizia... Ha punito Fatou Bensouda, l’ex procuratrice generale della Corte, per aver aperto i fascicoli sull’Afghanistan e sulla Palestina. Le ha revocato il visto, congelato i beni e l’ha impiccata con i suoi tweet sarcastici.

Poi è arrivato Karim Khan, l’attuale procuratore generale, incaricato del pesante dossier di Gaza e di una lista di nomi altrettanto pesanti: Netanyahu, Galant... Ancora una volta, la scimitarra della vendetta politica è tornata a minacciare la spada della giustizia.

Karim Khan è stato sommerso da minacce provenienti dal Congresso, dalla Casa Bianca e da Tel Aviv.

 Il primo giorno del suo arrivo alla Casa Bianca, Donald Trump ha firmato la legge sulle sanzioni contro la Corte penale internazionale. Un uomo di origini pakistane che osa toccare nomi intoccabili? Finito di giocare.

È così che un’istituzione internazionale, con tutto il suo personale e le sue attrezzature, è stata sottoposta alle sanzioni usamericane, come se si trattasse di una milizia armata... Ai suoi dipendenti è stato vietato di viaggiare, lavorare e persino respirare liberamente... Chi ha detto che l’USAmerica impedisce la giustizia? A patto che questa non si avvicini a Tel Aviv o al Pentagono.

E in un momento di sincerità, Joe Biden lo ha detto con la sua formulazione contorta: queste leggi non sono state scritte per applicarsi all’ “uomo bianco”, ma agli africani... e a Putin, quando necessario.

Ed ecco che il paradosso è completo: l’85% dei procedimenti e dei processi dinanzi alla Corte penale internazionale riguarda africani.

 E quando vengono aperti dei fascicoli su soggetti occidentali, la giustizia diventa una minaccia... e il Tribunale un bersaglio.

E ora lo sapete anche voi: se superate il limite,

è il tribunale che viene giudicato,
il giudice che viene giudicato,

e il testimone che viene giudicato.

Rimane solo l’assassino... seduto in prima fila, sorridente davanti alle telecamere, mentre riceve inviti per partecipare a una conferenza sui diritti umani. Perché no?

Trump ha inferto un colpo mortale al diritto internazionale, una pugnalata al cuore della Corte penale, poi ha seppellito ciò che restava del sistema dei diritti umani e ci ha gettato il cadavere: “Ecco, seppellitelo”, ha detto con lo stesso tono usato per dare ordini durante i massacri sulla costa siriana, quando gli alawiti venivano seppelliti sotto le macerie, senza testimoni, senza indagini, a volte senza nome, con solo un numero... Una buca, e tutto è finito.

Trump ha agito come un cowboy: ha sparato e poi ha dichiarato che il bersaglio minacciava la sicurezza. Tutto questo sotto gli occhi delle nazioni. E anche sotto i nostri occhi... Sotto gli occhi dell’Europa, per la precisione.

L’Europa che ha redatto queste leggi dalle ceneri delle sue guerre, dai suoi complessi psicologici mai risolti, dalla sua paura di sé stessa.

E oggi guarda, silenziosa... Con tutti i suoi complessi psicologici, l’Europa oggi tace. Seppellisce il suo figlio giuridico a sangue freddo, come le madri di Gaza seppelliscono i loro figli...

Con una sola lacrima, perché il tempo non permette di piangere a lungo.

Capite ora? Tutte le leggi sui diritti umani, dallo Statuto di Roma alla Carta internazionale, sono buone per le lezioni accademiche e i corsi di formazione che si concludono con la consegna dei diplomi e le foto di rito dopo la cerimonia di laurea agli esperti soddisfatti.

E tutto si decide a Washington.

È così che viene amministrata la giustizia internazionale nell’era dell’egemonia: un elenco di sanzioni... e un tappeto rosso steso davanti al boia.

Avete seguito bene la storia...

Un’italiana nella lista usamericana dei terroristi politici... Si chiama Francesca Albanese. Non è originaria di Gaza, non è uscita da una guerra, non è nata sotto il blocco. Non nasconde armi o bombe nella borsa, non appartiene a un’organizzazione segreta... Proviene dal mondo del diritto, dalle istituzioni delle Nazioni Unite, da una burocrazia neutrale... Tutto quello che ha fatto è stato redigere un rapporto ufficiale su quanto è accaduto a Gaza...

Ha scritto ciò che ha visto: sangue, macerie, un vero e proprio crimine... Ha scritto che ciò che è successo lì non è stata un’operazione di sicurezza, né legittima difesa, ma un genocidio... Ha fatto il suo lavoro con il linguaggio dei rapporti, senza slogan, senza grida di battaglia, senza nemmeno mettere una mezza anguria rossa a margine... Francesca Albanese ha sconvolto l’ordine mondiale perché non ha mentito...

Non ha violato le regole diplomatiche... Ha semplicemente applicato la legge...

 ➤Firma la petizione

Premio Nobel per la pace a Francesca Albanese e ai medici di Gaza