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02/09/2025

PINO ARLACCHI
Le Gros Bobard du Venezuela comme “narco-État” : la géopolitique du pétrole camouflée en lutte antidrogue

Pino Arlacchi, L’Antidplomatico, 27/8/2025
Traduit par Tlaxcala

Pino Arlacchi (Gioia Tauro, 1951) est un sociologue, homme politique et haut fonctionnaire italien. De 1997 à 2002, il a été Secrétaire général adjoint des Nations Unies et Directeur exécutif de l’UNODC, l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime.

Durant mon mandat à la tête de l’UNODC, l’agence antidrogue et anticriminalité de l’ONU, j’ai passé beaucoup de temps en Colombie, en Bolivie, au Pérou et au Brésil, mais je ne suis jamais allé au Venezuela. Tout simplement parce qu’il n’y en avait pas besoin. La coopération du gouvernement vénézuélien dans la lutte contre le narcotrafic était parmi les meilleures d’Amérique du Sud, seulement comparable à l’impeccable efficacité de Cuba. Un fait qui, aujourd’hui, fait du délire narratif trumpien sur le « narco-État vénézuélien », une calomnie à motivation géopolitique.

Mais les données réelles, celles qui apparaissent dans le Rapport mondial sur les drogues 2025 de l’organisme que j’ai eu l’honneur de diriger, racontent une histoire diamétralement opposée à celle que diffuse l’administration Trump. Une histoire qui démonte, pièce par pièce, la construction géopolitique autour du soi-disant Cartel de los soles — une entité aussi légendaire que le monstre du Loch Ness, mais bien utile pour justifier sanctions, embargos et menaces d’intervention militaire contre un pays qui, par hasard, repose sur l’une des plus grandes réserves de pétrole au monde.

Le Venezuela selon l’UNODC : un pays marginal sur la carte du narcotrafic

Le rapport 2025 de l’UNODC est d’une clarté limpide, et devrait embarrasser ceux qui ont fabriqué la rhétorique de la diabolisation du Venezuela. Le rapport ne fait qu’une mention marginale du Venezuela, précisant qu’une fraction insignifiante de la production colombienne de drogue transite par le pays en direction des USA et de l’Europe. Selon l’ONU, le Venezuela a consolidé son statut de territoire exempt de cultures de coca, de marijuana et d’autres substances, ainsi que de la présence de cartels criminels internationaux.

Ce document ne fait que confirmer les 30 rapports annuels précédents, qui ne parlent pas de narcotrafic vénézuélien — parce qu’il n’existe pas. Seuls 5 % de la drogue colombienne transitent par le Venezuela. Pour mettre ce chiffre en perspective : en 2018, alors que 210 tonnes de cocaïne traversaient le Venezuela, 2 370 tonnes — dix fois plus — étaient produites ou commercialisées via la Colombie, et 1 400 tonnes via le Guatemala.

Oui, vous avez bien lu : le Guatemala est un corridor de drogue sept fois plus important que le supposé « narco-État » bolivarien. Mais personne n’en parle car le Guatemala est historiquement à sec : il ne produit que 0,01 % du total mondial — de la seule « drogue » qui intéresse vraiment Trump : le pétrole.

Le Fantastique Cartel des Soleils : une fiction hollywoodienne

Le Cartel de los soles est une créature de l’imaginaire trumpien. Il serait dirigé par le président du Venezuela, mais il n’apparaît dans aucun rapport de l’organisme mondial antidrogue, ni dans les documents d’aucune agence anticriminalité européenne, ni dans presque aucune autre source internationale. Pas même une note de bas de page. Un silence assourdissant, qui devrait interpeller quiconque garde encore un minimum d’esprit critique. Comment une organisation criminelle soi-disant si puissante qu’elle justifie une prime de 50 millions de dollars peut-elle être totalement ignorée par tous les acteurs réels de la lutte antidrogue ?

En d’autres termes, ce qui est vendu comme un super-cartel façon Netflix n’est en réalité qu’un assemblage de petites bandes locales — le type de criminalité de rue qu’on retrouve dans n’importe quel pays du monde, y compris aux USA, où, rappelons-le, près de 100 000 personnes meurent chaque année d’overdoses aux opioïdes. Des morts qui n’ont rien à voir avec le Venezuela, mais tout avec les grandes firmes pharmaceutiques usaméricaines.

L’Équateur : le véritable hub que personne ne veut voir

Tandis que Washington brandit l’épouvantail vénézuélien, les véritables plaques tournantes du narcotrafic prospèrent presque sans entrave. L’Équateur, par exemple, d’où 57 % des conteneurs de bananes quittant Guayaquil pour Anvers arrivent chargés de cocaïne. Les autorités européennes ont saisi 13 tonnes de cocaïne sur un seul navire espagnol, en provenance directe des ports équatoriens contrôlés par des entreprises protégées par des figures du gouvernement équatorien.

L’Union européenne a produit un rapport détaillé sur les ports de Guayaquil, documentant comment « les mafias colombiennes, mexicaines et albanaises opèrent toutes massivement en Équateur ». Le taux d’homicides en Équateur est passé de 7,8 pour 100 000 habitants en 2020 à 45,7 en 2023. Mais on en parle peu. Peut-être parce que l’Équateur ne produit que 0,5 % du pétrole mondial, et parce que son gouvernement n’a pas la mauvaise habitude de défier l’hégémonie usaméricaine en Amérique latine.

Les vraies routes de la drogue : géographie contre propagande

Durant mes années à l’UNODC, l’une des leçons les plus importantes que j’ai apprises est que la géographie ne ment pas. Les routes de la drogue suivent des logiques précises : proximité des zones de production, facilité de transport, corruption des autorités locales, présence de réseaux criminels établis. Le Venezuela ne remplit quasiment aucun de ces critères.

La Colombie produit plus de 70 % de la cocaïne mondiale. Le Pérou et la Bolivie couvrent la majeure partie des 30 % restants. Les routes logiques vers les marchés usaméricain et européen passent par le Pacifique vers l’Asie, par les Caraïbes orientales vers l’Europe, et par voie terrestre via l’Amérique centrale vers les USA. Le Venezuela, tourné vers l’Atlantique Sud, est géographiquement désavantagé pour ces trois routes principales. La logistique criminelle en fait un acteur marginal du grand théâtre du narcotrafic international.

Cuba : l’exemple qui gêne

La géographie ne ment pas, certes, mais la politique peut la contredire. Cuba demeure aujourd’hui encore la référence absolue en matière de coopération antidrogue dans les Caraïbes. Une île à quelques encablures de la Floride, théoriquement une base parfaite pour le trafic vers les USA, mais qui, en pratique, reste étrangère aux flux du narcotrafic. J’ai maintes fois constaté l’admiration des agents de la DEA et du FBI pour la rigueur des politiques antidrogue des communistes cubains.

Le Venezuela chaviste a constamment suivi le modèle cubain de lutte antidrogue inauguré par Fidel Castro lui-même : coopération internationale, contrôle du territoire, répression de la criminalité. Ni au Venezuela ni à Cuba n’ont jamais existé de vastes zones cultivées en coca et contrôlées par la grande criminalité.

L’Union européenne n’a pas d’intérêts pétroliers particuliers au Venezuela, mais elle a un intérêt concret à combattre le narcotrafic qui frappe ses villes. Elle a produit son Rapport européen sur les drogues 2025, basé sur des données réelles et non sur des fantasmes géopolitiques. Ce document ne mentionne pas une seule fois le Venezuela comme corridor du trafic international de drogue.

Voilà la différence entre une analyse honnête et une narration fausse et insultante. L’Europe a besoin de données fiables pour protéger ses citoyens de la drogue, et donc elle produit des rapports précis. Les USA ont besoin de justifications pour leurs politiques pétrolières, et donc ils produisent de la propagande déguisée en renseignements.

Selon le rapport européen, la cocaïne est la deuxième drogue la plus consommée dans les 27 pays de l’UE, mais les sources principales sont clairement identifiées : la Colombie pour la production, l’Amérique centrale pour le transit, et diverses routes via l’Afrique de l’Ouest pour la distribution. Dans ce scénario, le Venezuela et Cuba n’apparaissent tout simplement pas.

Et pourtant, le Venezuela est systématiquement diabolisé, contre toute vérité. L’explication a été donnée par l’ancien directeur du FBI, James Comey, dans ses mémoires après sa démission, où il évoque les motivations inavouées de la politique usaméricaine envers le Venezuela : Trump lui aurait dit que le gouvernement de Maduro était « un gouvernement assis sur une montagne de pétrole que nous devons acheter ».

Il ne s’agit donc ni de drogue, ni de criminalité, ni de sécurité nationale. Il s’agit de pétrole que l’on préférerait ne pas payer.

C’est Donald Trump, donc, qui mériterait une mise en accusation internationale pour un crime bien précis : « calomnie systématique contre un État souverain visant à s’approprier ses ressources pétrolières. »


 


PINO ARLACCHI
The Great Hoax against Venezuela as a “narco-state”: oil geopolitics disguised as a war on drugs

 Pino Arlacchi, L’Antidplomatico, 27/8/2025
Translated by Tlaxcala

Pino Arlacchi 
(Gioia Tauro, 1951) is an Italian sociologist, politician, and civil servant. From 1997 to 2002 he was United Nations Under-Secretary-General and Executive Director of UNODC, the United Nations Office on Drugs and Crime

During my time heading the UNODC, the UN’s anti-drug and anti-crime agency, I spent much of my time in Colombia, Bolivia, Peru, and Brazil—but I was never in Venezuela. Simply put, there was no need. The Venezuelan government’s cooperation in the fight against drug trafficking was among the best in South America, matched only by Cuba’s impeccable record. A fact which, in today’s delirious Trumpian narrative of the “narco-state Venezuela,” sounds like a geopolitically motivated slander.


But the real data, the hard evidence found in the 2025 World Drug Report of the very agency I had the honor to lead, tells a story completely opposite to the one being peddled by the Trump administration. A story that dismantles, piece by piece, the geopolitical fabrication built around the so-called Cartel de los soles—an entity as legendary as the Loch Ness monster, but useful for justifying sanctions, embargoes, and even threats of military intervention against a country which, not coincidentally, sits on one of the largest oil reserves on the planet.

Venezuela According to the UNODC: A Marginal Country on the Drug Trafficking Map

The 2025 UNODC report is crystal clear, and should be an embarrassment for those who crafted the rhetoric of demonizing Venezuela. The report barely mentions Venezuela, stating only that a marginal fraction of Colombian drug production passes through the country en route to the United States and Europe. According to the UN, Venezuela has consolidated its status as a territory free from coca leaf and marijuana cultivation, as well as from the presence of international criminal cartels.

The document merely confirms the 30 previous annual reports, none of which mention Venezuelan drug trafficking—because it doesn’t exist. Only 5% of Colombian drugs transit through Venezuela. To put that in perspective: in 2018, while 210 tons of cocaine crossed Venezuelan territory, a staggering 2,370 tons—ten times as much—were produced or traded through Colombia, and another 1,400 tons through Guatemala.

Yes, you read that right: Guatemala is a drug corridor seven times more significant than the supposedly fearsome Bolivarian “narco-state.” Yet no one talks about it because Guatemala is historically bone-dry—it produces just 0.01% of the global supply—of the only “drug” that Trump really cares about: oil.

The Fantastic Cartel of the Suns: Hollywood Fiction

The Cartel de los soles is a creature of Trumpian imagination. Supposedly led by Venezuela’s president, it is not mentioned once in the report of the world’s leading anti-drug body, nor in the documents of any European anti-crime agency, nor in nearly any other international source. Not even a footnote. A deafening silence that should make anyone with a shred of critical sense pause. How can a criminal organization allegedly so powerful that it warrants a $50 million bounty be completely ignored by every actual anti-drug authority?

In other words, what is sold as a Netflix-style super-cartel is in reality a patchwork of small local networks—the sort of petty crime you find in any country, including the United States, where, incidentally, nearly 100,000 people die each year from opioid overdoses. Deaths that have nothing to do with Venezuela and everything to do with USAmerican Big Pharma.

Ecuador: The Real Hub No One Wants to See

While Washington waves the Venezuelan bogeyman, the real drug hubs thrive almost unchallenged. Ecuador, for instance, with 57% of banana containers leaving Guayaquil for Antwerp loaded with cocaine. European authorities seized 13 tons of cocaine in a single Spanish ship that came directly from Ecuadorian ports controlled by companies tied to figures within Ecuador’s government.

The European Union produced a detailed report on the ports of Guayaquil, documenting how “Colombian, Mexican, and Albanian mafias all operate extensively in Ecuador.” The murder rate in Ecuador skyrocketed from 7.8 per 100,000 inhabitants in 2020 to 45.7 in 2023. Yet little is said about Ecuador. Perhaps because Ecuador produces only 0.5% of global oil, and because its government does not make a habit of challenging U.S. hegemony in Latin America.

The Real Drug Routes: Geography vs. Propaganda

During my years at UNODC, one of the most important lessons I learned is that geography does not lie. Drug routes follow precise logics: proximity to production centers, ease of transport, corruption of local authorities, and the presence of established criminal networks. Venezuela meets almost none of these criteria.

Colombia produces over 70% of the world’s cocaine. Peru and Bolivia cover most of the remaining 30%. The logical routes to reach U.S. and European markets go across the Pacific to Asia, through the Eastern Caribbean to Europe, and overland via Central America into the U.S. Venezuela, facing the South Atlantic, is geographically disadvantaged for all three main routes. Criminal logistics make Venezuela a marginal actor in the grand theater of international drug trafficking.

Cuba: The Embarrassing Example

Geography does not lie, true—but politics can override it. Cuba remains today the gold standard of anti-drug cooperation in the Caribbean. An island just off the Florida coast, theoretically a perfect base for smuggling into the U.S., yet in practice absent from drug flows. I repeatedly witnessed DEA and FBI agents express admiration for the Cuban communists’ rigorous anti-drug policies.

Chavista Venezuela has consistently followed the Cuban model, pioneered by Fidel Castro himself: international cooperation, territorial control, repression of criminal activity. Neither Venezuela nor Cuba has ever had large tracts of land cultivated with coca and controlled by organized crime.

The European Union, while having no particular oil interest in Venezuela, does have a concrete interest in fighting the drug trade afflicting its cities. It has produced its own European Drug Report 2025, based on real data rather than geopolitical wishful thinking. That report does not mention Venezuela even once as a corridor for international drug trafficking.

This is the difference between an honest analysis and a false, insulting narrative. Europe needs reliable data to protect its citizens from drugs, so it produces accurate reports. The U.S. needs justifications for its oil policies, so it produces propaganda disguised as intelligence.

According to the European report, cocaine is the second most used drug in the EU 27 countries, but the main sources are clearly identified: Colombia for production, Central America for transit, and various routes through West Africa for distribution. In this picture, Venezuela and Cuba simply do not appear.

Yet Venezuela is systematically demonized against every principle of truth. The explanation was provided by former FBI Director James Comey in his post-resignation memoirs, where he revealed the unspoken motivations behind U.S. policy toward Venezuela: Trump had told him that Maduro’s government was “sitting on a mountain of oil that we need to buy.”

So it is not about drugs, crime, or national security. It is about oil that the U.S. would rather not pay for.

It is Donald Trump, therefore, who deserves an international warrant for a very specific crime: “systematic slander against a sovereign state aimed at appropriating its oil resources.”


 

PINO ARLACCHI
El Gran Chascarro de Venezuela como “narco-Estado”: la geopolítica del petróleo disfrazada de guerra contra las drogas

Pino Arlacchi, L’Antidplomatico, 27-8-2025
Traducción: El Universal

Pino Arlacchi (Gioia Tauro, 1951) es un sociólogo, político y funcionario italiano. De 1997 a 2002 fue subsecretario general de las Naciones Unidas y director ejecutivo de la ONUDD/UNODC, la Oficina de las Naciones Unidas contra la Droga y el Delito

 
Durante mi mandato como director de la ONUDD, la agencia de la ONU contra la droga y el delito, estuve en Colombia, Bolivia, Perú y Brasil, pero nunca visité Venezuela. Simplemente, no hubo necesidad. La cooperación del gobierno venezolano en la lucha contra el narcotráfico era una de las mejores de Sudamérica; se puede comparar solo con el impecable historial de Cuba. Este hecho, en la delirante narrativa de Trump de «Venezuela como narcoestado», suena a una calumnia geopolíticamente motivada.


Pero los datos, publicados en el Informe Mundial sobre Drogas 2025, de la organización que tuve el honor de dirigir, cuentan una historia opuesta a la que difunde la administración de Trump. Una historia que desmonta pieza por pieza el entramado geopolítico construido alrededor del “Cartel de los Soles”, una entidad tan legendaria como el Monstruo del Lago Ness, pero apta para justificar sanciones, embargos y amenazas de intervención militar contra un país que, casualmente, se ubica sobre una de las mayores reservas de petróleo del planeta.

Venezuela según la ONUDD: Un país irrelevante en el mapa del narcotráfico

El informe 2025 de la ONUDD es clarísimo, lo que debería avergonzar a quienes han construido la retórica de la demonización de Venezuela. El informe solo hace una mención mínima y breve de Venezuela, afirmando que una fracción mínima de la producción colombiana de drogas pasa por el país rumbo a Estados Unidos y Europa. Venezuela, según la ONU, se ha consolidado como un territorio libre del cultivo de hoja de coca, marihuana y productos similares, así como de la presencia de cárteles criminales internacionales.

El documento no ha hecho otra cosa que confirmar los 30 informes anuales precedentes, que no hablan de narcotráfico venezolano porque no existe. Solo el 5% de la droga colombiana transita por Venezuela.

Para poner esta cifra en perspectiva: en 2018, mientras 210 toneladas de cocaína transitaban por Venezuela, Colombia producía o comercializaba 2.370 toneladas (diez veces más) y Guatemala, 1.400 toneladas; sí, leyeron bien.

Guatemala es un pasadizo de drogas siete veces más importante que el supuesto temible “narcoestado” bolivariano. Pero nadie habla de ello porque Guatemala produce solo el 0,01% del total mundial de la única droga no natural que le interesa a Trump: el petróleo.

El Fantástico Cártel de los Soles: Ficción al estilo Hollywood

El «Cártel de los Soles» es una creación de la imaginación de Trump. Supuestamente, está liderado por el presidente de Venezuela, pero no se menciona en el informe de la principal agencia antidrogas del mundo, ni en los documentos de ninguna agencia europea ni de casi ninguna otra agencia anticrimen del mundo. Ni siquiera una nota a pie de página. Un silencio ensordecedor, que debería hacer reflexionar a cualquiera que aún tenga un mínimo de pensamiento crítico. ¿Cómo puede una organización criminal tan poderosa, merecedora de una recompensa de 50 millones de dólares, ser completamente ignorada por quienes trabajan en el ámbito antidrogas?

En otras palabras, lo que se vende como un supercartel al mejor estilo Netflix es en realidad el tipo de delitos menores que se encuentran en todos los países del mundo, incluido Estados Unidos, donde además casi 100.000 mueren personas cada año por sobredosis de opioides que no tienen nada que ver con Venezuela, pero sí con las grandes farmacéuticas estadounidenses.

Ecuador: El verdadero centro que nadie quiere ver

Mientras Washington alborota el tema Venezuela, los verdaderos centros del narcotráfico prosperan casi sin ser molestados. En Ecuador, por ejemplo, el 57% de los contenedores de cambures que salen de Guayaquil llegan a Bélgica cargados de cocaína. Las autoridades europeas incautaron 13 toneladas de cocaína de un barco español provenientes de puertos ecuatorianos, controladas por empresas protegidas por funcionarios del gobierno ecuatoriano.

La Unión Europea realizó un informe detallado sobre los puertos de Guayaquil , que describe cómo «las mafias colombianas, mexicanas y albanesas operan ampliamente en Ecuador». La tasa de homicidios en Ecuador se ha disparado de 7,8 por cada 100.000 habitantes en 2020 a 45,7 en 2023. Pero de Ecuador poco se habla. ¿Quizás porque Ecuador produce solo el 0,5% del petróleo mundial y porque su gobierno no tiene la mala costumbre de desafiar el dominio estadounidense en Latinoamérica?

Las verdaderas rutas de la droga: Geografía vs. Propaganda

Durante mis años en la ONUDD, una de las lecciones más importantes que aprendí fue que la geografía no miente. Las rutas de la droga siguen una lógica precisa: cercanía a los centros de producción, facilidad de transporte, corrupción de las autoridades locales y presencia de redes criminales consolidadas. Venezuela no cumple ninguno de estos criterios.

Colombia produce más del 70% de la cocaína a nivel mundial. Perú y Bolivia representan la mayor parte del 30% restante. Las rutas lógicas para llegar a los mercados estadounidenses y europeos pasan por el Pacífico hacia Asia, por el Caribe oriental hacia Europa y por tierra, pasando por Centroamérica hacia Estados Unidos. Venezuela, frontera del Atlántico Sur, se encuentra en desventaja geográfica para las tres rutas principales. La logística criminal convierte a Venezuela en un actor irrelevante en el gran escenario del narcotráfico internacional.

Cuba: El ejemplo embarazoso

La geografía no miente, de hecho, pero la política puede derrotarla. Cuba hoy sigue representando el modelo a seguir de la cooperación antidrogas en el Caribe. Una isla cerca de la costa de Florida, una base teóricamente perfecta para el tránsito hacia Estados Unidos, pero en la práctica, no es utilizada en el tránsito del narcotráfico. Observó repetidamente la admiración de los agentes de la DEA y del FBI hacia las rigurosas políticas antidrogas de los comunistas cubanos.

La Venezuela chavista ha seguido constantemente el modelo cubano en la lucha contra las drogas , inaugurado por el propio Fidel Castro : “cooperación internacional, control territorial y represión de la actividad criminal”. Ni Venezuela ni Cuba han tenido jamás extensiones de tierra cultivadas con cocaína y controladas por grandes delincuentes.

La Unión Europea no tiene intereses petroleros particulares en Venezuela, pero sí tiene un interés concreto en combatir el narcotráfico que afecta sus ciudades. Ha realizado el Informe Europeo sobre Drogas 2025. El documento, basado en datos reales y no en ilusiones geopolíticas, no menciona ni siquiera una vez a Venezuela como ruta del tráfico internacional de drogas.

Esta es la diferencia entre un análisis honesto y una narrativa falsa e insultante. Europa necesita datos confiables para proteger a sus ciudadanos de las drogas, por lo que elabora informes precisos. Estados Unidos necesita justificar sus políticas petroleras, por lo que producen propaganda disfrazada de servicios de inteligencia.

Según el informe europeo, la cocaína es la segunda droga más consumida en los 27 países de la UE, pero las principales fuentes están claramente identificadas: Colombia para la producción, Centroamérica para la distribución y África Occidental con diferentes rutas para la distribución.

Venezuela y Cuba simplemente no aparecen

Pero Venezuela está demonizada sistemáticamente, contra cualquier principio de verdad. El exdirector del FBI, James Comey, dio la explicación en su libro de memorias luego de su renuncia, donde habló de las motivaciones inconfesables detrás de las políticas estadounidenses hacia Venezuela: Trump le había dicho que el gobierno de Maduro era «un gobierno sentado sobre una montaña de petróleo que nosotros tenemos que comprar». Entonces, no se trata de drogas, criminalidad o seguridad nacional. Se trata de petróleo que sería mejor no pagar.

Es entonces Donald Trump quien merecería una recompensa internacional por un delito muy preciso: «calumnias sistemáticas contra un Estado soberano con el fin de apropiarse de sus recursos petroleros».


 

TIGRILLO L. ANUDO
Colombie : des candidatures qui pèsent

Tigrillo L. Anudo, 2/9/2025
Traduit par Tlaxcala

Le courant progressiste colombien aligne de solides prétendants pour l’élection présidentielle de 2026. Deux noms émergent : Iván Cepeda Castro et Carolina Corcho Mejía.

Iván incarne la mesure, l’équilibre, la défense des droits humains, la justice, la solidarité, l’éthique, la paix, la dignité et la cohérence.
Carolina, elle, se distingue par son éloquence, ses idées, sa loyauté, son énergie, son empathie, son sens du leadership et de la gestion, sa capacité d’action et de connexion.

Deux profils différents mais complémentaires, qui pourraient former un ticket équilibré et crédible pour la présidentielle.

Mais les qualités personnelles, aussi solides soient-elles, ne suffisent pas. Un nom ne vaut que s’il s’accompagne d’un projet politique démocratique et populaire. C’est ce programme, sa cohérence et sa capacité à fédérer, qui pourra transformer l’histoire nationale.

L’unité des électeurs se gagne par la clarté des objectifs et la force du projet collectif. Iván et Carolina disposent d’un capital politique important, mais il leur faudra bâtir et diffuser un programme commun, sans tarder. Un plan qui aborde les priorités du pays : Paix Totale, Réforme agraire, réformes de la santé, de l’éducation, de la justice et de la politique, libération des jeunes emprisonnés après la révolte sociale, baisse drastique des tarifs des services publics, fin des péages, lutte contre l’impunité, soutien à l’économie populaire, protection de l’eau et de l’environnement, transition énergétique, culture, réindustrialisation, développement ferroviaire, entre autres.

La Paix Totale, proposition phare mais controversée du gouvernement Petro, devra être repensée. La violence en Colombie a des racines économiques et culturelles. Il est donc urgent d’impliquer entreprises, universités, associations sociales et culturelles pour en faire un véritable mouvement de transformation, et non un simple slogan idéologique. Objectif : sauver des vies, qu’il s’agisse de civils, de policiers, de militaires ou de jeunes enrôlés de force.

Autre priorité : s’attaquer aux causes structurelles de la violence : l’inégalité et la cupidité. Une paix durable passera par l’intégration des jeunes liés à la délinquance et par la persuasion des acteurs économiques et sociaux sur les bénéfices d’une démobilisation générale.

La Réforme agraire est également incontournable : garantir la souveraineté alimentaire, réorienter des terres peu productives vers l’agriculture et réduire la dépendance aux importations.

Le progressisme porte aussi un autre défi : déprivatiser le pays. Routes nationales confiées à des consortiums privés, services publics parmi les plus chers d’Amérique latine, notariats et chambres de commerce qui imposent des coûts excessifs aux entrepreneurs… Autant de structures qui enrichissent une élite et appauvrissent la majorité. La remise à plat des institutions, souvent gangrenées par la corruption, s’impose.

En somme, la tâche est immense. Gustavo Petro a ouvert un chemin en écartant les obstacles symboliques. Il appartient désormais aux nouveaux candidats de rendre visibles, aux yeux du peuple, les possibles d’un avenir plus juste et plus démocratique.


TIGRILLO L. ANUDO
Colombia: candidaturas que suman

Tigrillo L. Anudo, 2/9/2025

El progresismo colombiano presenta muy buenos candidatos a la presidencia de la República para el 2026. Se destacan entre ellos Iván Cepeda Castro y Carolina Corcho Mejía.

Iván es sindéresis, ecuanimidad, defensa de los derechos humanos, justicia, solidaridad, ética, paz, decoro, coherencia, reposo, dignidad.

Carolina es elocuencia, ideas, lealtad, compromiso, conocimientos, energía, empatía, liderazgo, gerencia, proyecto, acción, conexión.

Ambos candidatos tienen lo suyo. Se complementan; hacen gala de atributos disímiles que auguran armonía en un funcionamiento administrativo. Podrían ser una buena dupla para las presidenciales.

Sin embargo, no basta tener impecables candidatos a ocupar el cargo más importante. Los nombres cuentan, pero ellos están sujetos a las ideas de un programa político democrático y popular.

Lo más relevante para la transformación de la historia nacional es el proyecto político. Lo decididamente importante es la coherencia, la necesidad y la unidad que susciten las propuestas que logren expresar dichos candidatos.

Lo que finalmente empuja a los electores a la unidad y al apoyo general en torno al proyecto es la presentación de los objetivos y su ideario político. Es necesario desplegar claridad y contundencia frente a las realizaciones que se proponen para los próximos cuatro años administrativos.

Carolina e Iván podrían presentarse como la fórmula presidencial (presi y vice) para las elecciones del 2026. Juntos suman un enorme capital político y unas virtudes públicas innegables. Juntos pueden acordar un programa de gobierno para empezar a difundirlo en el territorio colombiano. No hay tiempo que perder. Elaborar una exposición de este programa a través de un inventario de puntos clave en torno a aspectos como la Paz Total, la Reforma Agraria, las reformas a la salud – educación – política – justicia, la atención a los jóvenes injustamente encarcelados por el estallido social, la reducción drástica en las tarifas de los servicios públicos, la desaparición de los peajes, la lucha contra la impunidad, el fortalecimiento de la economía popular, el cuidado del agua y los ecosistemas, las innovaciones en la transición energética, el apoyo a los artistas y organizaciones culturales, los programas para las madres cabezas de familia, la reindustrialización, los ferrocarriles, entre otros.

La Paz Total debería reformularse. Se puede argumentar más profundamente sobre este tema para hacer pedagogía en la población. Ha sido la propuesta más controversial en formulación y resultados del gobierno nacional. La violencia es un tema con orígenes económicos y culturales, se podría montar el programa “Quitémosle jóvenes a la violencia entre todos”. Vincular a la empresa privada, a la academia, a las organizaciones sociales-ambientales-artísticas-culturales. Hacer de este propósito un movimiento amplio de transformación cultural para superar su connotación ideológica.

Ninguna vida está por encima de otra. Ante todo, asumir la defensa de la vida de todo ser humano. Reconfigurar la Paz Total para evitar al máximo posible la pérdida de vidas de soldados, policías, miembros de organizaciones criminales, jóvenes reclutados a la fuerza por grupos delincuenciales. No enviar a trampas mortales a los integrantes de la fuerza pública. Garantizar que el cumplimiento de su deber esté protegido por protocolos de seguridad e inteligencia.

La violencia estructural es consecuencia de la desigualdad social y la codicia. Luchar contra estos orígenes es un imperativo para lograr un cambio significativo en el país. Un proyecto de Paz Total reconoce esos orígenes y buscaría comprometer a actores armados y a la sociedad civil en programas que acojan a los atrapados en la violencia. Se trata de persuadir al empresariado, a la sociedad en general en torno a los beneficios que traería para todos los colombianos la desmovilización de jóvenes que “trabajan” en el sector delincuencial.

La Reforma Agraria es la condición fundamental para generar soberanía alimentaria y crear condiciones más favorables para el desarrollo del capitalismo que luego evolucionará hacia al socialismo. Es de primer orden promover la destinación de tierras fértiles dedicadas a la ganadería poco productiva hacia el cultivo de productos agrícolas, es decir alimentos para no tener que importarlos a precios más caros.

Desprivatizar a Colombia. Es otra tarea pendiente que puede iniciar el progresismo. Por ejemplo, las carreteras nacionales están privatizadas, tienen dueños particulares. No es solo el acaudalado y voraz Sarmiento Angulo. Son empresas privadas españolas, empresas de familias adineradas colombianas, consorcios anónimos. Son quienes recaudan los dineros de los “pillajes” (peajes). El gobierno nacional nada ha hecho para desmontar peajes que ya cumplieron su ciclo, llevan 30 años asaltando el bolsillo de los viajeros, empresarios, trabajadores y conductores colombianos.

Desprivatizar los servicios públicos. Las empresas prestadoras de estos servicios abusan de las tarifas. Lo que encarece los costos de producción en fábricas y empresas de servicios y de comercio. Los precios de la energía, el gas y el agua, entre los más caros en América Latina, están empobreciendo la capacidad adquisitiva del ciudadano de a pie. El dinero que podría servir para comprar libros o asistir a un concierto u obra de teatro se va hacia empresas que de públicas no tienen sino el nombre, son auténticas empresas acumuladoras de capital, enriquecedoras de una casta de burócratas politiqueros y empresariales.

Las notarías y Cámaras de Comercio también son dueñas del salario de los propietarios y comerciantes colombianos. Los costos de escrituras, documentos notariales y contribuciones por afiliación a las Cámaras de Comercio son una carga onerosa. No se justifican esas entidades parasitarias politiqueras.

Iniciar un análisis de la pertinencia y financiamiento de instituciones como contralorías, procuradurías, Corporaciones Autónomas Regionales (encargadas de controles ambientales), que en gran parte son burocracias inoperantes y corruptas, fortines de clanes y Delincuencia Política Organizada -DPO-.

En síntesis, es mucho lo que al progresismo le queda por hacer en Colombia. El presidente Gustavo Petro corrió la piedra que no dejaba ver la senda emancipadora. Ahora, corresponde a los candidatos más opcionados visibilizar en un espejo que puede ver el pueblo atento, todo aquello que podemos lograr en un futuro inmediato.