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27/07/2025

JOUMANA KHATIB
Un romancier suédois à la conquête de New York : “la permission d’être plus sauvage”
Rencontre avec Jonas Hassen Khemiri

Autofiction, fantastique ou comédie du déracinement ? Avec The Sisters, Jonas Hassen Khemiri signe son œuvre la plus audacieuse à ce jour.

Joumana Khatib, The New York Times, 17/6/2025
Traduit par 
Fausto GiudiceTlaxcala


Joumana Khatib est rédactrice à la New York Times Book Review.

Après avoir vécu pendant des années avec l’impression d’avoir été « envoûté par une malédiction », l’auteur suédois Jonas Hassen Khemiri s’est lancé dans l’écriture d’un roman pour sauver sa propre vie.


Pour la première fois, Jonas Hassen Khemiri a écrit un roman en anglais, qu’il a ensuite traduit en suédois. Photo Peter Garritano pour The New York Times

En apparence, tout allait bien : il était l’un des écrivains et dramaturges les plus reconnus de Suède, son précédent livre La clause paternelle avait été finaliste du National Book Award, et il avait fondé sa propre famille. Pourtant, il demeurait hanté par la figure de son père, dont les longues absences durant son enfance avaient laissé une empreinte existentielle douloureuse.

Cette ombre paternelle étouffait le sens des possibles de Khemiri et il cherchait désespérément à s’en débarrasser. Elle le suivait alors qu’il sillonnait le monde, rencontrait ses idoles et apprenait à façonner la langue pour traduire sa réalité. Il n’est pas exagéré de dire que Khemiri a consacré sa vie à réfléchir aux malédictions — qui ne sont, selon lui, rien d’autre que « des histoires qui tentent de prédire notre avenir ».

Son nouveau roman, The Sisters [Les Sœurs, à paraître en sept. 2025], publié le 17 juin chez Farrar, Straus and Giroux, est sa tentative de s’en libérer définitivement. Le livre suit Ina, Evelyn et Anastasia Mikkola, trois sœurs grandissant autour de Stockholm, gravitant autour d’un narrateur autofictionnel nommé Jonas.

Comme Jonas (et comme Khemiri lui-même), les Mikkola sont suédo-tunisiennes, et luttent contre un héritage familial lourd : leur mère, vendeuse de tapis, est persuadée que la famille est maudite, et chacune des sœurs suit un chemin radicalement différent après une enfance dysfonctionnelle.

Ina, anxieuse et rigide, incarne parfaitement le syndrome de la fille aînée — mais reste profondément attachante. Evelyn, la belle du milieu, erre jusqu’à découvrir, sur le tard, une passion pour le théâtre. Anastasia, rongée par la colère, se transforme lors d’un séjour en Tunisie pour apprendre l’arabe, où elle fait une rencontre décisive. Jonas, dans le roman, les croise à l’adolescence et nourrit une longue fascination pour le trio qui finit par révéler une connexion plus profonde qu'il n'aurait pu l'imaginer.

En plus de sa longueur imposante — plus de 600 pages — le roman adopte une structure originale. Chaque section couvre une période de plus en plus courte : un an, six mois, une minute. Khemiri y entrelace aussi des épisodes autobiographiques : ses années d’adolescent zonard à Stockholm, sa dépression, et ses mois exubérants à New York.

Il a visité New York pour la première fois à 18 ans, partageant un logement avec « une strip-teaseuse et deux soûlards australiens » — une période qu’il décrit comme la plus heureuse de sa vie.

« Tu te souviens de cette citation de Naguib Mahfouz : ‘Le foyer, ce n’est pas là où tu nais, c’est là où tu cesses de fuir’ ? C’est ce que j’ai ressenti en arrivant ici ».

 

Khemiri, dans la poussette, avec des membres de sa famille à Uppsala, en Suède, en 1980. Photo  via Jonas Hassen Khemiri

En déjeunant dans un restaurant au bord de la patinoire du Rockefeller Center, lieu de légendes douteuses de la famille Mikkola qui attirent néanmoins les sœurs dans la ville, il était facile d'imaginer Khemiri, aujourd'hui âgé de 46 ans, ici adolescent : un jeune homme nerveux d’1 m 90, captivé par une lecture de Paul Auster, tout juste sorti de sa trilogie new-yorkaise ou errant pendant des heures et se demandant ce qui dans la ville lui procurait un tel bonheur.

L'écrivain Darin Strauss enseigne aux côtés de Khemiri au programme d'écriture créative de l'Université de New York, à New York et à Paris. « Il a 90 ans et 12 ans », dit Strauss. « C'est la personne la plus mature et la plus innocente que l'on puisse connaître. »

Son premier roman, Un rouge œil rouge (Ett öga rött, 2003, inédit en français), raconte l’histoire d’un adolescent suédois d’origine nord-africaine qui veut devenir un « sultan de la pensée », imperméable à la norme dominante. Le livre s’est vendu à plus de 200 000 exemplaires en Suède, mais de nombreux critiques, bien qu’enthousiastes, ne savaient pas comment classer ce jeune auteur apparemment inclassable.

Dans une interview donnée à une publication usaméricaine destinée aux Suédois, Khemiri évoquait comment même les critiques positives trahissaient une forme d’intolérance. Il cite une critique qui affirmait que son livre donnait l’impression que « quelqu’un avait plongé un micro dans une famille immigrée ».

« Plongé ? » a-t-il rétorqué. « Donc les Suédois sont au-dessus, et les immigrés en dessous ? »

 « L'identité est fluide et toutes les étiquettes sont inventées », dit Khemiri. « Même nos noms». Photo Peter Garritano pour The New York Times

Trois ans plus tard parut le roman Montecore, un tigre unique ainsi que la pièce très acclamée Invasion!, une comédie noire cinglante et hilarante sur les réalités politiques de la vie en tant qu’homme du Moyen-Orient dans un monde post-11 septembre. Cette pièce valut à Khemiri un Obie Award pour l’écriture dramatique.

En grandissant, Khemiri ressentait souvent une pression intense à « prouver » sa suédité, bien qu’il soit né en Suède (et d’une mère suédoise). Ses origines familiales et son apparence physique — il s’est un jour décrit comme « un gars qui n’a pas l’air suédois, avec des cheveux de fille » — faisaient que d’autres remettaient parfois en question son identité.

Le père tunisien de Khemiri a enseigné un temps le français et l’arabe au lycée, et cette éducation multilingue a éveillé très tôt chez Khemiri une conscience aiguë du pouvoir que confère le langage. Tout cela a nourri une carrière d’écrivain prolifique : au cours des vingt dernières années, il a publié six romans et sept pièces de théâtre.

Des personnages qui lui ressemblent, certains portant même le prénom de Jonas, apparaissent fréquemment dans ses romans. « Jonas est toujours en mouvement », expliquait Khemiri dans un e-mail. « Ce prénom récurrent rappelle que l’identité est fluide et que toutes les étiquettes sont inventées. Même nos noms. »

Mais selon Khemiri lui-même, Les Sœurs est son roman le plus personnel. Son obsession croissante pour le passage du temps — et ce sentiment que le temps s’accélère avec l’âge — a orienté l’histoire. Les sœurs Mikkola le guidaient depuis les coulisses de son esprit, disait-il, l’encourageant à abandonner ses croyances préconçues sur un destin écrit à l’avance.

Quand les Mikkola sont apparues dans sa tête, elles lui parlaient en anglais — et c’est donc dans cette langue qu’il a écrit le livre, une première pour lui. Cela lui a permis de raconter des épisodes de sa vie qui auraient été trop douloureux à exprimer autrement.

Contrairement au suédois, au français ou à l’arabe, l’anglais — la langue du rappeur Nas et des stars de basket usaméricaines qu’il adorait, et une sorte de monnaie culturelle chez les adolescents suédois à la recherche d’un statut culturel — représentait pour lui un territoire linguistique plus neutre pour explorer des expériences sensibles.

Compte tenu du rôle central de New York dans Les Sœurs, il était naturel que Khemiri retourne y écrire ce roman. En 2021, il s’est installé à Brooklyn avec sa famille, quittant Stockholm, emmenant ses deux jeunes fils qui ne parlaient pas un mot d’anglais, après avoir obtenu une bourse Cullman de la New York Public Library.

Khemiri dans la branche principale de la New York Public Library. Il a écrit Les Sœurs pendant son séjour en tant que boursier. Photo Peter Garritano pour le New York Times.

Après avoir rédigé une première version en anglais et l’avoir présentée à son éditeur suédois, Khemiri se souvient d’un moment quelque peu gênant : C’est merveilleux que tu aies un nouveau livre, lui dit l’éditeur, mais pourquoi n’est-il pas en suédois ?

Khemiri a alors traduit ce premier manuscrit en suédois — publié en 2023 sous le titre Systrarna — puis l’a retraduit en anglais.

Quand il était plus jeune, « j’étais fasciné par les feux d’artifice littéraires, par le fait de repousser les limites du langage », dit-il, citant Vladimir Nabokov et Marguerite Duras parmi ses inspirations de l’époque. « En tant qu’écrivain plus âgé, j’ai compris que les possibilités sont en réalité infinies si je sors ma boussole et vais dans la direction de la vérité. »

Cela en valait la peine, cela a même été libérateur, a-t-il ajouté, « d’écrire des histoires inventées qui semblent plus sincères que ma vie réelle ».

La romancière Madeleine Thien s’est liée d’amitié avec Khemiri pendant leur résidence à la bibliothèque, alors qu’elle travaillait elle aussi sur un livre, et se souvient de lui comme d’un camarade attentif et malicieux.

« Il a toujours gardé ce regard émerveillé sur la bibliothèque, sur la ville, tout en refusant de se comporter comme on s’y attendrait de la part d’un intellectuel universitaire» : par exemple en projetant des films et en faisant du yoga dans les bureaux, et en promouvant en général une attitude espiègle parmi les autres boursiers.

Les sœurs Mikkola, ajoute-t-elle, étaient « si réelles pour lui que j’avais l’impression qu’elles étaient là, tout près ».

Strauss, collègue de Khemiri à N.Y.U., a appris à connaître une autre figure importante — bien réelle cette fois — grâce aux descriptions vivantes de Khemiri.

Alors qu’ils discutaient de leurs parents autour d’un repas, au début de leur amitié, Khemiri confia à Strauss que lorsqu’il cherchait « la permission d’être plus sauvage qu’il ne l’est en réalité, il invoquait ‘Hassen’ » — Hassen étant son deuxième prénom, mais aussi celui de son père, que Strauss comprit comme un homme imprévisible.

Khemiri expliqua à Strauss qu’il « ne pouvait pas être cette personne tout le temps ». Il a en lui trop de choses constantes, fiables, pour être un vrai rebelle. Mais savoir qu’il pouvait s’appuyer sur « Hassen » lui permettait d’être plus libre dans son travail.

Pourtant, « Hassen » est un héritage complexe. Cette sauvagerie n’était qu’un des aspects d’un homme qui faisait aussi des prédictions sombres et punitives sur le destin de son fils. (Le père de Khemiri est décédé en janvier.)

« Comme toute personne à qui on a déjà lancé une malédiction le sait, même quand on essaie de faire exactement l’inverse de ce qu’elle annonce, on vit toujours dans son ombre », a déclaré Khemiri. « On n’est jamais vraiment libre. »

Mais une malédiction, au fond, n’est qu’une histoire. Peu importe combien de temps on y croit — même si elle concerne votre propre vie — cela ne veut pas dire qu’elle est vraie.

 

Les Sœurs

Jonas Hassen KHEMIRI

Stockholm, 1991. Ina, Evelyn et Anastasia surgissent dans la vie de Jonas. Trois sœurs insaisissables, aussi magnétiques qu'éphémères. Lune excelle au basket, l'autre ensorcelle par ses récits, la dernière, regard perçant et couteau dissimulé, sait exactement où frapper. Très vite, Jonas pressent qu'un lien inintelligible les relie à sa propre histoire, à cet homme qu'il a toujours cherché à comprendre : son père. Puis un jour, elles disparaissent. Pendant trente ans, leurs trajectoires s'entrecroisent ici et là, furtivement, se frôlant sans jamais vraiment se toucher. Mais Jonas ne peut pas les oublier. Pourquoi les sœurs Mikkola l'obsèdent-elles à ce point ? Et pourquoi ont-elles cette impression tenace que leurs vies sont dictées par une force obscure ? Une malédiction : “Tout ce que vous aimez, vous le perdrez”.
De Stockholm à Tunis, de Paris à New York, du souvenir à l'oubli, Jonas Hassen Khemiri livre une odyssée littéraire d'une force et d'une subtilité redoutables, où le temps s'accélère et se fragmente, où la mémoire vacille et où la fiction se glisse dans les failles du réel.
septembre, 2025
14.50 x 24.00 cm
688 pages
Traduit par Marianne SÉGOL-SAMOY

ISBN : 978-2-330-20882-0
Prix indicatif : 26.80€



JOUMANA KHATIB
En svensk romanförfattare intar New York: ”Tillåtelse att vara mer vild”
Möte med Jonas Hassen Khemiri

Kalla det självfiktion, övernaturlighet eller en komedi om rotlöshet: med ”Systrarna” tar Jonas Hassen Khemiri sitt största språng hittills.

Joumana Khatib, The New York Times17/6/2025
Översatt av Fausto GiudiceTlaxcala

 

Joumana Khatib är redaktör vid The New York Times Book Review.

 Efter att ha levt i åratal med känslan av att ha blivit ”bortförd av en förbannelse”, började den svenske författaren Jonas Hassen Khemiri skriva en roman för att rädda sitt eget liv.


För första gången skrev Jonas Hassen Khemiri en roman på engelska, som han sedan översatte till svenska. Foto Peter Garritano för The New York Times

På ytan verkade han lycklig: han var en av Sveriges mest hyllade författare och dramatiker. Hans senaste bok Pappaklausulen var finalist för ett National Book Award. Han hade bildat familj. Ändå förföljdes han av skuggan från sin far, vars långa frånvaro under barndomen blev ett djupt existentiellt hån.

Faderns skugga kvävde Khemiris känsla av möjligheter och han var desperat att komma undan med det. Det följde honom när han reste världen runt, träffade sina idoler och formade språket till något som liknade hans verklighet. Det är ingen överdrift att säga att Khemiri har tillbringat en livstid med att tänka på förbannelser – en förbannelse som bara är ”en berättelse som försöker förutsäga vår framtid”, som han sa i en intervju.

Hans nya roman, ”The Sisters” (Systrarna), som ges ut den 17 juni av Farrar, Straus and Giroux, är hans försök att äntligen befria sig. Boken följer Ina, Evelyn och Anastasia Mikkola, som växer upp i Stockholmsområdet i närheten av en självfiktiv berättare vid namn Jonas.

Liksom Jonas (och Khemiri själv) är systrarna svenskt-tunisiska och bär på ett tunkört familjearv: deras mor, en mattförsäljare, är övertygad om att familjen är förbannad, och varje syster väljer en helt annan väg efter en dysfunktionell uppväxt.

Ina, ängslig och stel, visar tydliga drag av ”äldsta-dottern-syndromet” – men framstår ändå som sympatisk. Den vackra mellansystern Evelyn driver mest omkring tills hon sent i livet upptäcker en passion för skådespeleri. Anastasia bär på en djup ilska, men förändras efter en period i Tunisien där hon studerar arabiska och möter en kvinna som påverkar henne starkt. Jonasfiguren möter systrarna som tonåringar och utvecklar en fascination som slutar med att avslöja ett djupare band än han kunnat föreställa sig.

Förutom sin imponerande längd – över 600 sidor – är romanen strukturellt komplex. Varje del beskriver en allt kortare tidsperiod: ett år, sex månader, en minut. Khemiri väver också in memoarliknande episoder från sitt eget liv, som åren som missanpassad tonåring i Stockholm, behandling för depression och sprudlande månader tillbringade i New York.

Han besökte New York första gången som 18-åring och delade bostad med "en strippa och två australiensiska fyllon” — och han hade aldrig varit lyckligare.

”Minns du vad Naguib Mahfouz sa? ‘Hem är inte där du föds, utan där dina flyktförsök upphör.’ Så kände jag när jag kom hit för första gången”.

 

Khemiri, i barnvagnen, med familjemedlemmar i Uppsala, Sverige år 1980. Foto via Jonas Hassen Khemiri

Medan man åt lunch på en restaurang vid isbanan i Rockefeller Center, platsen för en tvivelaktig Mikkola-familjens historia som ändå lockar systrarna till staden, var det lätt att föreställa sig Khemiri, nu 46, här som tonåring: en ung, senig man på 190 cm, uppslukad av en Paul Auster-läsning, nyss avslutad sin New York-trilogi eller vandrande i timmar och undrandes över vad det var med staden som gav honom sådan lycka.

Författaren Darin Strauss undervisar tillsammans med Khemiri på N.Y.U:s program för kreativt skrivande både i New York och i Paris. ”Han är 90 och han är 12”, säger Strauss. ”Han är den mognaste personen du känner, och den mest oskyldiga”.

Khemiris debutroman ”Ett öga rött” (2003) sålde över 200 000 exemplar i Sverige. Den följer en svensk tonåring med nordafrikanskt ursprung som vill bli en ”tankens sultan”, immun mot det kulturella mainstream. Kritikerna hyllade boken, men många visste inte hur de skulle placera dess tyll synes oklassificerbara författare.

I en intervju med en amerikansk tidning för svenska läsare berättade han hur även positiv kritik kunde vara nedlåtande, med en recensent som skrev att det var som att ”någon hade sänkt ner en mikrofon i en invandrarfamilj”.

”Sänkt ner?” sa han. ”Är vi svenskar där uppe, och invandraren där nere?”

”Identitet är flytande och alla etiketter är påhittade”, säger Khemiri. ”Till och med våra namn”.
Foto Peter Garritano för The New York Times

Tre år senare kom romanen Montecore, En unik tiger och det hyllade teaterstycket Invasion!, en brännande rolig svart komedi om politik och livet som man från Mellanöstern i en värld efter 11 september. Den gav Khemiri ett Obie Award för dramatik.

När han växte upp kände Khemiri ofta en stark press att "bevisa" sin svenskhet, trots att han var född i Sverige (och med en svensk mamma). Hans familjebakgrund och fysiska utseende – han har en gång beskrivit sig själv som en “icke-svensk utseendemässig kille med tjejigt hår” – gjorde att andra ibland ifrågasatte hans identitet.

Khemiris tunisiske far undervisade i franska och arabiska på gymnasiet en tid, och den flerspråkiga uppväxten gjorde att Khemiri tidigt förstod det maktfulla i språk. Allt detta blev råmaterial till en produktiv författarkarriär: Under de senaste 20 åren har han skrivit sex romaner och sju pjäser.

Karaktärer som liknar honom, ibland med namnet Jonas, dyker ofta upp i hans romaner. “Jonas förändras hela tiden,” förklarade Khemiri i ett mejl. “Det återkommande namnet påminner om att identitet är flytande och att alla etiketter är påhittade. Även våra namn.”

Men enligt Khemiri själv är Systrarna hans mest personliga roman. Hans växande besatthet av tidens gång, och känslan av att tiden accelererar ju äldre man blir, hjälpte till att forma berättelsen. Systrarna Mikkola coachade Khemiri från sidlinjen av hans eget medvetande, berättade han, och uppmuntrade honom att släppa sina tidigare övertygelser om en ödesbestämd framtid.

När Mikkola-systrarna först dök upp i hans huvud talade de engelska – och därför skrev han boken på det språket, för första gången i sitt liv. Det gjorde det möjligt för honom att gestalta delar av sitt liv som annars hade varit för smärtsamma att återge.

Till skillnad från svenska, franska eller arabiska var engelska – språket hos rapparen Nas och de amerikanska basketstjärnor han älskade, och en valuta bland svenska tonåringar som sökte kulturell status – ett mer neutralt språkligt territorium där han kunde utforska känsliga erfarenheter.

Med tanke på New Yorks centrala roll i Systrarna var det naturligt att Khemiri återvände dit för att skriva romanen. År 2021 flyttade han från Stockholm till Brooklyn med sin familj, inklusive två unga söner som inte kunde någon engelska, efter att ha fått ett Cullman-stipendium från New York Public Library.


Khemiri inne i New York Public Librarys huvudbyggnad. Han skrev Systrarna under ett stipendium där. Foto Peter Garritano för The New York Times.

Efter att ha skrivit ett första utkast på engelska och presenterat det för sin svenska redaktör, mindes Khemiri ett något besvärligt ögonblick: Det är fantastiskt att du har en ny bok, sade redaktören, men varför är den inte på svenska?

Khemiri översatte då det första utkastet till svenska, vilket publicerades 2023 som Systrarna, och översatte det sedan tillbaka till engelska.

När han var yngre, “var jag väldigt fascinerad av litterär fyrverkerikonst, att tänja på språkets gränser,” sade han, och nämnde författare som Vladimir Nabokov och Marguerite Duras som inspiration då. “Som en äldre författare har jag insett att möjligheterna faktiskt är oändliga om jag tar fram kompassen och styr mot sanningen.”

Det har varit värt det, ja till och med befriande, tillade han, “att skriva påhittade berättelser som känns ärligare än mitt faktiska liv.”

Författarinnan Madeleine Thien kom nära Khemiri under deras tid på Public Library, då hon arbetade på en egen bok, och beskrev honom som en skarp och busig stridskamrat.

“Han behöll alltid en känsla av förundran inför biblioteket, staden, samtidigt som han vägrade göra vad man kunde förvänta sig av en akademiker”: till exempel att visa filmer och göra yoga på kontoret, och i allmänhet främja ett busigt perspektiv bland stipendiaterna.

Mikkola-systrarna, tillade hon, var “så verkliga för honom att jag kände att de fanns där.”

Strauss, Khemiris kollega vid N.Y.U., har fått lära känna en annan viktig figur – om än en verklig, av kött och blod – genom Khemiris levande beskrivningar.

När de pratade om sina föräldrar över en måltid tidigt i deras vänskap, berättade Khemiri för Strauss att när han söker “tillåtelse att vara vildare än han egentligen är, så åkallar han ‘Hassen’” – Hassen är hans mellannamn, men också hans fars förnamn, som Strauss förstod var en oförutsägbar man.

Khemiri berättade för Strauss att han “inte kan vara den personen hela tiden.” Det finns för mycket i honom som är stabilt eller pålitligt för att vara en sann rebell. Men vetskapen om att han kunde luta sig mot “Hassen” gjorde att han blev friare i sitt skapande.

Men “Hassen” är ett komplicerat arv. Den vildheten var bara en aspekt av en man som också gav dystra och bestraffande förutsägelser om Khemiris framtid. (Khemiris far dog i januari.)

“Som alla som någonsin fått en förbannelse lagd på sig vet, så lever man fortfarande i dess skugga även när man försöker göra motsatsen till vad den varnar för,” sade Khemiri. “Man är fortfarande inte fri.”

En förbannelse, däremot, är bara en berättelse. Oavsett hur länge man tror på en – även om den handlar om ens eget liv – betyder det inte att den är sann.

26/07/2025

GIDEON LEVY
Les Palestiniens ne vivent plus dans cette vallée. Ils ont même peur de s’en approcher

Gideon Levy  & Alex Levac (photos), Haaretz , 26/7/2025
Traduit par Fausto GiudiceTlaxcala

Avant la guerre, cette étendue de terre à l’est de Jérusalem, parsemée de rochers et d’oliveraies, abritait trois communautés de bergers palestiniens – jusqu’à ce que des colons violents et des ordres d’évacuation les en chassent.


Ali Askar parmi les ruines calcinées de la ferme familiale.
Un autre habitant de Hizma a raconté au frère blessé d’Ali, Ouda, qu’un officier de l’armée s’était présenté et lui avait dit :
« Les colons sont fous. On ne peut pas les arrêter. Ne vous frottez pas à eux. »

 Le danger rôde partout. Il est dangereux de mener les troupeaux au pâturage, dangereux de se promener dans la nature, dangereux de travailler la terre, dangereux même d’essayer de l’atteindre.

Depuis le début de la guerre à Gaza – et dans les communautés palestiniennes de Cisjordanie devenues l’arrière-cour de ce conflit – le terrain a subi une transformation radicale. Aux centaines de check-points militaires, à l’étranglement économique imposé par les blocus israéliens sur les villages et villes, à la brutalité des soldats atteignant des sommets inédits, aux descentes militaires aléatoires et incessantes, aux innombrables avant-postes de colons sauvages établis sans aucune opposition des autorités, et aux pogroms quasi quotidiens commis par les colons, s’ajoute une atmosphère de terreur absolue.

Une terreur de quitter sa maison, et encore plus de s’aventurer hors de sa communauté. Dehors, tout est plus dangereux. Les colons violents rôdent partout, et personne ne les arrête. Ils observent de loin et attaquent rapidement quiconque ose marcher dans les zones ouvertes, pourtant en grande partie propriétés privées palestiniennes.

Depuis le 7 octobre, les territoires palestiniens ont vu fleurir des tentes de deuil pour les centaines de personnes tuées par des tirs de soldats ou de colons, ainsi que pour des milliers de blessés tentant de se remettre des violences, sous le regard des forces israéliennes.

Nous avons récemment rendu visite à plusieurs blessés, chacun dans une zone différente de la Cisjordanie. À Hizma, à l’est de Jérusalem, trois personnes se remettent d’attaques récentes de colons. L’une d’elles est Ouda Ahmed Askar, 29 ans, ouvrier du bâtiment célibataire, dont la jambe a été pulvérisée par des balles, et qui est en convalescence chez son frère.


Ouda Askar, qui a été blessé à la jambe par des colons ce mois-ci.
Un ami est venu l’aider — et les colons ont tiré sur l’ami aussi, raconte Askar.

 Une attaque ciblée contre des bergers

L’incident a eu lieu le dimanche 29 juin. Sabrine, la sœur de 25 ans d’Ouda, emmenait les moutons de la famille au pâturage, accompagnée de sa nièce de 3 ans, Ibtisam. Leur troupeau, d’environ 100 têtes, est gardé dans un enclos en bordure de la ville, près d’une vallée appelée Biryat Hizma.

Alors qu’elles s’approchaient de la vallée, huit colons masqués, dont quatre armés de fusils et pistolets, ont surgi d’une colline voisine. Apparemment venus d’un avant-poste clandestin, ils ont pris position face à Sabrine et à l’enfant.

Sabrine a immédiatement envoyé un message WhatsApp à Ouda, lui demandant de venir d’urgence. Vingt proches et voisins l’ont suivi. Sabrine, fuyant la vallée avec sa nièce, a raconté qu’un des colons les avait menacées en arabe :
« Si vous revenez avec les moutons, on vous les confisque et on brûle l’enclos. »
Ils ont ajouté :
« On vous fera comme à Kafr Malik »,
faisant référence au pogrom du 25 juin, où trois Palestiniens ont été tués et de nombreux biens incendiés.

La vallée est rapidement devenue une zone de guerre. Les habitants jetèrent des pierres pour repousser les colons, qui menaçaient d’approcher les maisons et les enclos. Soudain, les colons ont ouvert le feu. À une distance de 50 mètres, ils ont tiré en rafale.

Ouda a été touché à la jambe droite. Un ami l’a aidé à fuir en voiture — mais lui aussi a été blessé par balle. Les deux hommes ont atteint une clinique à Hizma, où un troisième blessé, touché à l’épaule lors de la même attaque, venait aussi d’arriver. Tous trois ont été évacués à l’hôpital gouvernemental de Ramallah.


Des biens palestiniens vandalisés par des colons dans la vallée, ce mois-ci.
Après que les colons ont ouvert le feu, les habitants ont fui, et les colons ont incendié la propriété sans être inquiétés.

Entendant les tirs des colons, les Palestiniens ont fui en panique vers la ville.
Ni l’armée ni la police n’étaient présentes.
Le repli des habitants a permis aux colons de passer à leur deuxième activité favorite — après les tirs à balles réelles sur des Palestiniens — à savoir incendier les biens palestiniens.

Ils ont mis le feu à la ferme des Askar, située à la lisière de la vallée.
C’était une construction en bois colorée — comme on peut le voir sur les photos — où la famille venait se reposer en paix, au cœur de la nature. Elle était ornée de plantations décoratives et de pots de fleurs.
Il n’en reste plus rien aujourd’hui.

Ouda a subi deux opérations à la jambe et a été hospitalisé pendant huit jours.
Il commencera la rééducation le mois prochain ; en attendant, il est alité.
L’ami qui l’a secouru — et qui a demandé à rester anonyme — a lui aussi passé une semaine à l’hôpital.

Trois autres familles élargies vivaient à proximité de cette vallée jusqu’au début de la guerre à Gaza.
L’une d’elles a dû partir après la démolition de ses habitations par l’Administration civile (branche du gouvernement militaire israélien).
Les deux autres familles, terrorisées par les colons, se sont déplacées cinq kilomètres plus à l’est.

La vallée a été “nettoyée”.

 


Mohammed Askar. L’oliveraie familiale est divisée en deux parcelles : la famille n’a plus le droit d’approcher l’une, et l’autre a été arrachée par les colons.


Amer Aruri, chercheur de terrain pour l’organisation israélienne de défense des droits humains B’Tselem, a documenté six attaques de colons qui ont accéléré le nettoyage de la vallée.
La barrière de séparation, qui coupe les Palestiniens de 40 % de leurs terres depuis plus de vingt ans, a été accompagnée depuis le 7 octobre d’une hausse significative des attaques et accaparements par les colons près de Hizma, selon B’Tselem.

Les colons n’entrent pas dans la ville densément peuplée, à l’entrée de laquelle l’armée a récemment installé une barrière en acier jaune (ouverte cette semaine).
Mais ils se contentent d’expulser quiconque s’approche ou entre dans la vallée en bordure de Hizma — même sur ses confins les plus éloignés.

Retour à l’incident avec Ouda : une unité de l’armée est arrivée à la clinique où Ouda et son ami s’étaient rendus, mais ils étaient déjà à l’hôpital.
Un interrogateur du Shin Bet l’a appelé là-bas, mais Ouda était incapable de parler.
Depuis, il affirme n’avoir reçu aucune nouvelle des autorités israéliennes.

Un habitant local a raconté à Ouda qu’après sa fuite, l’armée est arrivée et un officier a déclaré :

« Les colons sont fous. On ne peut pas les arrêter. Ne vous frottez pas à eux et ne leur lancez pas de pierres. »

Nous nous sommes rendus sur les lieux de l’attaque avec Ali, le frère de 40 ans d’Ouda, père de quatre enfants, qui avait lui aussi participé à la défense du troupeau ce dimanche-là.
Il nous a également montré les ruines de maisons voisines, démolies ces dernières années par l’Administration civile.
Pendant ce temps, un nouveau quartier de tours est en construction non loin de là.
Les colonies d’Anatot (à l’est) et d’Adam (au nord) dominent les crêtes des collines environnantes.

Au cœur de la vallée, on aperçoit deux caroubiers isolés.
L’oliveraie des Askar y est divisée en deux :
la famille ne peut plus approcher l’une des parcelles depuis le début de la guerre ; l’autre a été arrachée par les colons.
Le reste de la vallée est rocailleux, désert, vallonné.
Le troupeau familial est toujours dans l’enclos — mais il est désormais impossible de l’emmener paître dans la vallée.

Le père d’Ouda, un homme barbu et expressif nommé Mohammed, affirme avoir « environ 70 ans ».
Combien d’enfants avez-vous ?, lui avons-nous demandé.
— Vingt.

Des bidons jaunes en plastique, utilisés pour apporter de l’eau aux moutons, sont éparpillés sur le sol.
Un chien de berger, attaché, montre les crocs et aboie sur notre passage.

Non loin de là, tout ce qui reste de la ferme des Askar, c’est de la poussière et des cendres.

Les colonies juives et la "barrière de séparation" (Mur de l'Apartheid), photographiée ici en 2007 lorsqu'elle était en construction, ont fait perdre aux habitants d'Hizma 60% de leurs terres

NADIA ELIAS
La muerte del artista libanés Ziad Rahbani a los 69 años: una pérdida devastadora para la cultura árabe

Nadia Elias, Al-Quds Al-Arabi, 26/7/2025

Traducido por Fausto GiudiceTlaxcala

Con profunda tristeza, el pueblo libanés recibió la noticia del fallecimiento del gran y brillante artista Ziad Rahbani, a la edad de 69 años, tras luchar contra una enfermedad.

Emad Hajjaj

Muchos expresaron su inmensa pena ante su partida repentina, compartiendo sus fotos en redes sociales y lamentando esta gran pérdida para el arte y la cultura libanesa y árabe. Fue una voz libre que denunció la injusticia y la hipocresía, rompiendo el silencio con la palabra y la acción.

Ziad Rahbani, nacido el 1 de enero de 1956, era hijo de Fairuz y del fallecido músico Assi Rahbani. Es reconocido como uno de los músicos y hombres de teatro más destacados del Líbano, así como dramaturgo, compositor, crítico político, comentarista radial y periodista consumado.

Conocido por su afiliación a la izquierda y su apoyo a la idea de la resistencia, fue un defensor firme de la causa palestina y un opositor del sistema político tradicional libanés. Sus obras, centradas en una crítica satírica y directa de la realidad social y política libanesa, le valieron una gran audiencia en el Líbano y en el mundo árabe.

Rahbani es famoso por sus obras teatrales revolucionarias, que se han convertido en clásicos del teatro libanés y se transmiten de generación en generación con cariño e interés. Entre las más destacadas se encuentran: Sahrieh, Nazl al-Surur, Haga Fashal, Asb’l Bi-Luqra Shou?, Film Amriki Tall, Lawla Fashat Al-Amal, Bi’s-Karama wa al-Sha’b al-’Aneed, entre otras.

Extrajo su material teatral del lenguaje cotidiano, presentando a sus personajes con el habla del pueblo y un talento cómico poco común, lo que lo destacó como un actor hábil que sabía elegir sus papeles conforme a su personalidad y capacidades.

Ziad comenzó su carrera artística a muy temprana edad, escribiendo y componiendo para su madre, Fairuz. Se convirtió en el tercer pilar cultural tras sus padres, proponiendo una nueva visión del teatro árabe contemporáneo que combinaba música, comedia, política y audacia.

A pesar de su retiro relativo de la vida artística en los últimos años, mantuvo un gran respeto entre un amplio público de intelectuales y amantes del arte auténtico.

Los detalles del funeral se anunciarán en las próximas horas, con la participación de su madre, Fairuz, su hermana Rima y su hermano Hali.

Las comunidades oficiales, artísticas y populares del Líbano lamentaron su pérdida. El presidente Joseph Aoun expresó su “dolor por el fallecimiento del gran artista Ziad Rahbani, quien murió tras una carrera artística excepcional que marcó profundamente nuestra conciencia cultural”.

Declaró: “Ziad Rahbani no era solo un artista, sino una entidad intelectual y cultural completa. Más aún, era una conciencia viva, una voz rebelde contra la injusticia y un espejo fiel de los sufrientes y marginados. Escribía sobre el dolor de la gente y tocaba las cuerdas de la verdad sin ambigüedad. A través de su teatro comprometido y su música rebosante de creatividad, oscilando entre lo clásico, el jazz y la música oriental, ofreció una visión artística única y abrió nuevas perspectivas para la expresión cultural libanesa, ganando así renombre internacional con sus innovaciones”.

El Presidente añadió: “Ziad fue una prolongación natural de la familia Rahbani, que le ha dado tanta belleza y dignidad al Líbano. Es hijo del creador Assi Rahbani y de Fairuz, nuestra embajadora ante las estrellas, a quien hoy dirigimos nuestras sinceras condolencias y estamos con ella de todo corazón en esta gran pérdida. Compartimos con ella el dolor de perder a quien fue para ella mucho más que un apoyo. También extendemos nuestras condolencias a la honorable familia Rahbani por esta enorme pérdida”.

Concluyó diciendo: “Las numerosas obras notables de Ziad permanecerán vivas en la memoria de los libaneses y los árabes, inspirando a las generaciones futuras y recordándoles que el arte puede ser resistencia y que las palabras pueden ser una toma de postura. Que Ziad Rahbani descanse en paz, y que su música y sus obras, llenas de memoria y vida, sigan siendo un faro de libertad y un llamado a la dignidad humana”.

El primer ministro Nawaf Salam también expresó su pésame, escribiendo: “Con la desaparición de Ziad Rahbani, el Líbano pierde a un artista creativo excepcional y a una voz libre, fiel siempre a los valores de justicia y dignidad. Ziad encarnaba un profundo compromiso con las causas de la humanidad y de la nación. En el escenario, con música y palabras, Ziad dijo lo que muchos no se atrevían a decir, y tocó las esperanzas y los sufrimientos de los libaneses durante décadas. Con su franqueza dolorosa, insufló una nueva conciencia en la cultura nacional. Ofrezco mis más sinceras condolencias a su familia y a todos los libaneses que lo amaban y lo consideraban su voz”.

El ministro de Cultura, Dr. Ghassan Salameh, escribió en su cuenta de X: “Temíamos este día, porque sabíamos que su estado de salud se deterioraba y su deseo de recibir tratamiento disminuía. Los proyectos de tratarlo en el Líbano o en el extranjero se volvieron ideas del pasado, porque Ziad ya no podía imaginar los tratamientos y operaciones que eso implicaba. Que Dios tenga piedad del creativo Rahbani. Lo lloraremos cantando sus eternas canciones”.

Por su parte, la actriz libanesa Carmen Lebbos, quien fue pareja de Ziad Rahbani, cubrió su perfil con un fondo negro y escribió con tristeza: “¿Por qué es así? Siento que todo ha desaparecido... Siento que el Líbano está vacío”.



 

 شو هالأيام

كأنه المصاري قشطت لحالا عهيدا نتفة وهيدا كتير

حلوة دي حلوة دي حلوة دي بتعجن في الفجرية

بيقولولك من عرق جبينه طلع مصاري هالإنسان

طيب كيف هيدا وكيف ملايينه وما مرة شايفينه عرقان

مش صحيح مش صحيح مش صحيح الهوا غلاب

شو هالإيام اللي وصلنالا قال إنه غني عم يعطي فقير

كأنه المصاري قشطت لحالا عهيدا نتفة وهيدا كتير

حلوة دي حلوة دي حلوة دي بتعجن في الفجرية

الغني من تلقاء نفسه حابب يوزع ورق المال

مانه بخيل أبدا على عكسه ذكركم يا ولاد الحلال

ليل يا لال ليل يا لال ليل

كل واحد منا عنده ستيله ما بيمنع إنو يصير تنسيق

جبلي لمضيلك قلمي ستيله كل الشعوب بكرا هتفيق

يا سلام يا سلام يا سلام سلم

شو هالإيام اللي وصلنالا قال إنه غني عم يعطي فقير

كأنه المصاري قشطت لحالا عهيدا نتفة وهيدا كتير

حلوة دي حلوة دي حلوة دي بتعجن في الفجرية

كل المصاري اللي مضبوبة الما بتنعد وما بتنقاس

أصلا من جياب الناس مسحوبة لازم ترجع ع جياب الناس

هيا دي هيا دي هيا دي هيا الأصلية

هيا دي هيا دي هيا دي هيا الأصلية

Qué días son estos que vivimos, dime?

Parece que el dinero cae del cielo,
Un poco pa’ uno, pa’l otro, un carretel.
¡Ay, qué bonita! ¡Qué linda es ella!
Amasa la masa sin pena ni estrella.

Dicen: “Él lo ganó con sudor y empeño”,
Frente en alto, luchando sin sueño.
¿Y aquel con millones, sin gota de frente?
¡Jamás lo vimos sudar entre gente!

Estribillo:
¿Qué días son estos que estamos viviendo?
¿Crees que un rico da sin estar mintiendo?
Parece que llueven billetes del aire,
Un poco pa’ ti, pa’l otro un millonario baile.
¡Qué linda es ella! ¡Tan viva, tan bella!
Amasa la masa con risa y estrella.

El rico de pronto se pone a donar,
¿No es tacaño? ¡Eso hay que dudar!
No es generoso, ni es corazón,
Es viejo teatro sin emoción.

Recuerda, pueblo noble y sufrido,
Lo que te quitó debe ser restituido.
Pero te lanza una sonrisa y un billete,
Y aplaudimos todos sin hacer un debate.

Estribillo
¿Qué días son estos que estamos viviendo?
Un mundo al revés, sin rumbo ni tiempo.
Parece que crecen los billetes en flor,
Un poco pa’ ti, pa’l otro el honor.
¡Qué linda es ella! ¡Qué fuego su huella!
Amasa la masa con luz de centella.

Layl ya lal, layl ya lal,
Cada uno con su propio ritual.
Pero unamos la voz, el canto y la herida,
Mañana los pueblos alzarán la vida.

Tantos tesoros que no se pueden contar,
Nos los sacaron sin parpadear.
Ya es hora de cambiar el guión,
Que el oro del mundo regrese en canción.

Estribillo final
¿Qué días son estos que estamos viviendo?
¿Un rico que da sin estar fingiendo?
Parece que el cielo reparte sin ley,
Un poco pa’ ti, pa’l otro la grey.
Pero la verdad, la única, la entera,
Es que lo robado regrese a tu acera.

Sí, es esa, sí, es esa,
La única ruta, la voz más espesa.
Sí, es esa, sí, es esa —
La justicia viva, sin palabrer
ía


بلا ولا شي

ولا فيه بهالحب مصاري ولا ممكن فيه ليرات

ولا ممكن فيه أراضي ولا فيه مجوهرات

تعي نقعد بالفي مش لحدا هالفي

حبيني وفكّري شوي

تعي نقعد تعي نقعد بالفي مش لحدا هالفي

حبيني وفكّري شوي

بلا ولا شي بحبك بلا ولا شي

بلا كل أنواع تيابك بلا كل شي فيه تزييف

بلا كل أصحاب صحابك التقلا والمهضومين

تعي نقعد بالفي مش لحدا هالفي

حبيني وفكّري شوي

تعي نقعد تعي نقعد بالفي مش لحدا هالفي

حبيني وفكّري شوي

بلا ولا شي وحدك بلا ولا شي

بلا جوقة أمّك فيّي ورموش وماسكارا

بلا ما النسوان تحيك بلا كل هالمسخرة

تعي نقعد بالفي مش لحدا هالفي

حبيني وفكّري شوي

تعي نقعد تعي نقعد بالفي مش لحدا هالفي

حبيني وفكّري شوي

Te quiero sin un mango


Te quiero sin un mango, sin un sope,
sin guita, sin anillo, sin escote.
Este amor no viene con billete,
ni campos, ni oro, ni juguete.
Venite a sentarte a la sombrita,
que no es de nadie, pero es bonita.
Quereme... y pensá un cacho.
Venite, che, quedate un rato.

[Estribillo]
Te quiero sin un mango, sin chamuyo,
sin trajes caros, sin barullo.
Sin esos amigos tan copados,
pero en el fondo re caretas y pesados.
Venite a sentarte a la sombrita,
que no es de nadie, pero es bonita.
Quereme... y pensá un cacho.
Venite, che, quedate un rato.


Te quiero solita, sin tu troupe,
sin tu vieja, ni rimel ni tul.
Sin las minas que viven bardeando,
sin todo ese circo que estás armando.
Venite a sentarte donde no joden,
lejos de todo, donde no hay orden.
Quereme... y pensá un cacho.
Venite, che, quedate un rato.

 

[Estribillo final]
Te quiero así nomás, sin maquillaje,
sin careta, sin embalaje.
Sin consejos, sin moralina,
quereme simple, sin cocina.
Venite a sentarte a la sombrita,
que no es de nadie, pero es bonita.
Quereme... y pensá un cacho.
Venite, che, quedate un rato.