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05/04/2022

REINALDO SPITALETTA
“El Verdugo” o la banalización del mal


Reinaldo Spitaletta, 5/4/2022

Pär Lagerkvist, escritor sueco, ganó el Nobel de Literatura en 1951 y en los 60 y 70 era uno de los autores más leídos en Colombia, en particular por ediciones que nos llegaron desde la Argentina. Por aquellos tiempos de la Guerra Fría, el rock, los jipis y las protestas contra la invasión estadounidense a Vietnam, nos fuimos hundiendo en reflexiones, sensaciones desconocidas y una especie de irónico horror con obras como Barrabás , El Enano, La eterna sonrisa y, en especial, con esa suerte de parábola sobre la destrucción y el mal que es El Verdugo. Para un joven de aquellas décadas era una aventura sin igual leer, por ejemplo, El ascensor que bajó al infierno.


 Por estos días, en un taller literario que realizamos en la patrimonial Casa Barrientos, en la avenida La Playa, de Medellín, analizamos El Verdugo. Y una de las múltiples variables que hallamos en la lectura, es la de la banalización del mal, como, en otro tiempo y en un ámbito distinto, lo advirtió la alemana Hannah Arendt. La literatura tiene el poder sin igual de conectarnos con “todos los ayeres”, pero, a la vez, con el presente y aún con lo que vendrá. El Verdugo, cuya temporalidad (o atemporalidad) es una de sus más atractivas características, tiene momentos en la Edad Media y otros en los días previos a la instauración de aquel horror llamado el nazismo.


Edvard Munch, “El Grito”, Óleo, temple y pastel sobre cartón , 91 cm × 74cm
Galería Nacional de Noruega, Oslo

Lagerkvist es un escritor expresionista. Y al leerlo podemos estar frente a un cuadro como “El grito”, de Edvard Munch, o viendo otra vez el Nosferatu, de Murnau. Ese es el poder de la literatura y, en general, de todas las artes. El Verdugo, una novela corta, es un alegato contra la violencia y, a su vez, un fresco estremecedor sobre la destrucción del hombre, el racismo y la catastrófica presencia de ideologías como el nazismo.


“¡La guerra es salud!”, proclama una voz. Y otra: “La paz es una cosa para los niños y los enfermos: son los que necesitan de la paz”. “Los niños deben ser educados para la guerra”, dice otro personaje. Y, entre tanto, se va vivando y ovacionando a unos asesinos que entran a la taberna sin tiempo donde está el eterno verdugo, pero también los que están de acuerdo con el exterminio de “razas inferiores”.

El Verdugo, publicada en 1933, cuando apenas el nazismo comenzaba su ascenso, es una advertencia, una profecía, un cuestionamiento, una posición de alerta sobre lo que ha sido el triunfo de la maldad, todo como una suerte de triunfo del mal, que arrasa sin piedad al opositor, al cual hay que borrar (por ejemplo, con fusilamientos). Es, por qué no, una especie de distopía, pero, ante todo, una metáfora de cómo se destruye la civilización y se alienta la barbarie.

Así como, por ejemplo, William Faulkner escribe varias novelas y cuentos sobre y contra el racismo en Estados Unidos, El Verdugo, en medio de música de jazz y tango, alertará de un modo doloroso sobre las razzias, la segregación, las ideas disparatadas sobre una presunta “raza superior”. Tiene escenas delirantes en las que una montonera de blancos la emprende contra los músicos negros de una orquesta de jazz que anima una fiesta, en la que la sangre se derrama a punta de bala e insultos.

Las ficciones, con todas sus maravillas, imaginaciones y deslumbramientos, nos conectan con la realidad. Y El Verdugo nos enlaza, digamos en estos tiempos, con los verdugos nuestros, con el racismo nuestro, con los que han promovido desde tiempos inmemoriales matanzas y desafueros a granel. Aquí tenemos, en esta realidad de congojas y terrores, que a veces nos parece parte de una ficción sangrienta, verdugos, racismo, “falsos positivos”, cacería de líderes populares, persecuciones a los que luchan por la justicia y la equidad…

Cuando durante el juicio al criminal de guerra nazi, Adolf Eichmann, en Israel, la filósofa Arendt deslizó su concepto sobre la banalidad del mal, que se sintetiza en que personas capaces de cometer grandes males pueden ser en apariencia “normales”, estaba abriendo los ojos al mundo sobre millares de asesinos (entre ellos, gobernantes, congresistas, “gentes de bien”, ministros…). Algo así se aprecia en la breve novela del sueco.

Una banda de jazz, disminuida por la infame agresión de los blancos a los músicos negros en una taberna (hemos dicho que el tiempo en El Verdugo es una especie de delirio) que parecía, en determinado momento de locura colectiva y crimen, una “hirviente olla de brujas”, es una patética muestra de la irracionalidad de los que se consideran miembros de una “raza superior”.

En El Verdugo hay una naturalización del mal, del crimen y la perversión, como, por ejemplo, nos ha sucedido por estos contornos colombianos, cuando sobre la víctima recaen sospechas de que “algo debía” o de que se trata de “un buen muerto”. Cuando naturalizamos o normalizamos la violencia, somos cómplices de los asesinos.

Per Lagerkvist, Tjörn 1966 ©Lennart Nilsson/TT Nyhetsbyrån

Lagerkvist en Tjörn 1966. Foto Lennart Nilsson/TT Nyhetsbyrån

03/04/2022

ENZO BIANCHI
La barbarie règne parmi nous

par Enzo Bianchi, La Repubblica, 28/3/2022
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala


Enzo Bianchi
(Castel Boglione, 1943) est un moine italien, fondateur et prieur de la communauté monastique de Bose, une communauté interconfessionnelle composée d'hommes et de femmes réunis pour vivre l'Évangile dans le célibat et la vie commune dans un village du nord de l'Italie (Magnano). Il est st l'auteur de nombreux ouvrages de théologie spirituelle et de commentaires bibliques.

L’une des premières victimes dans un conflit est la pensée

On aurait envie de se taire, de rester muet face à cette guerre menée, racontée, discutée surtout par le mensonge. Nous sommes passés de l'attaque par la contagion virale de la pandémie à l'inondation par une extension virale de mensonges que nous pensions impensables.

La guerre s'est étendue bien au-delà des frontières russo-ukrainiennes, elle est présente et attestée parmi nous comme un affrontement, une barbarie qui rend impossible toute écoute et toute confrontation, comme un antagonisme théologico-politique qui ne voit le Mal que d'un côté et le Bien que de l'autre. Lorsqu'une guerre éclate - n'importe quelle guerre, comme nous le savons bien - la première victime qu'elle cherche à atteindre n'est pas la vérité, mais la pensée : la pensée, l'intelligence, ne doivent pas être exercées, car la guerre est étrangère à la raison. Lorsque la guerre survient parce qu'une nation veut diriger le monde et est convaincue que c'est son destin ou sa vocation historique, alors se répète le résultat désastreux de la Tour de Babel, le projet de pouvoir totalitaire et universel qui génère violence et confusion entre des langues incapables de communiquer entre elles.

 La guerre est déjà une catastrophe en soi, mais elle génère aussi la guerre entre les parties non belligérantes qui n'ont aucune conscience de l'avenir qu'elles préparent. Il ne s'agira pas seulement de reconstruire ce qui a été inutilement dévasté, mais d'un chemin beaucoup plus long de réconciliation, car la mémoire porte toujours des cicatrices difficiles à guérir.

Tout le monde le dit maintenant : qui a à gagner d'une telle guerre ? Pas ceux qui la mènent, mais les fabricants d'armes, y compris, de manière significative, ceux qui mènent cette guerre par procuration, non pas directement, mais par le biais des armes fournies aux belligérants et par l'envoi de mercenaires et de contractors [sous-traitants]. Ceux qui ne croient pas au destin belliqueux se rebellent, résistent et ne font pas confiance à une unité européenne qui ne se trouve que dans la décision d'augmenter les dépenses d'armement.

Cette lecture que je fais n'est pas une lecture d'équidistance, parce que l'agresseur reste un agresseur, mais il n'est pas possible que dans un pays comme le nôtre, qui se targue d'être une démocratie mature, il y ait autant d'intolérance et malheureusement aussi de mépris envers ceux qui ne se sentent pas en conscience de se conformer à la pensée dominante des pouvoirs occidentaux, une pensée non partagée par la majorité des gens ordinaires qui ont peur de la guerre et la condamnent.

Au moment où notre gouvernement décidait d'augmenter les dépenses d'armement, le pape François a eu l'audace de dire : « J'ai honte lorsqu'un groupe d'États s'engage à dépenser 2 % du PIB pour l'achat d'armes en réponse à ce qui se passe. C'est de la folie ! »  Ces paroles du Pape sont censurées ou tolérées avec condescendance, mais si elles sont prononcées par d'autres personnes en accord avec lui, elles sont jugées naïves ou font l'objet d'une « lapidation » verbale, comme cela s'est produit avec certaines interventions pacifiques d'hommes et de femmes de culture.

De fait, il semble inutile de parler, car toute voix qui déclare que la guerre est « étrangère à la raison », une voix subtile et douce, est méprisée, et toute analyse du conflit qui tente de s'interroger sur les causes et les responsabilités est étouffée par une rhétorique belliqueuse.

La barbarie règne donc parmi nous ici, dans notre vivre-ensemble, et elle ne dessine certainement pas un horizon de paix pour l'avenir.

 

-Où sont les "pacifistes" ?
-Sous les bombes, comme toujours

Mauro Biani 

01/04/2022

L’élargissement de l’OTAN aux frontières de la Russie : une “erreur tragique”, selon George Kennan en 1998

Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Sa voix est un peu frêle maintenant, mais son esprit, même à 94 ans, est aussi vif que jamais. Aussi, lorsque j'ai joint George Kennan [mort en 2005, NdT] par téléphone pour connaître sa réaction à la ratification de l'élargissement de l'OTAN par le Sénat US, je n'ai pas été surpris de constater que l'homme qui a été l'architecte de l'endiguement réussi de l'Union soviétique par les USA et l'un des grands hommes d'État usaméricains du XXe siècle avait une réponse toute prête.

« Je pense que c'est le début d'une nouvelle guerre froide », a déclaré M. Kennan depuis sa maison de Princeton. « Je pense que les Russes vont progressivement réagir de manière assez négative et que cela affectera leurs politiques. Je pense que c'est une erreur tragique. Il n'y avait aucune raison pour cela. Personne ne menaçait qui que ce soit. Cette expansion ferait se retourner dans leur tombe les pères fondateurs de notre pays. Nous avons signé pour protéger toute une série de pays, alors que nous n'avons ni les ressources ni l'intention de le faire de manière sérieuse. [L'expansion de l'OTAN] n'était qu'une action légère d'un Sénat qui ne s'intéresse pas vraiment aux affaires étrangères ».


 « Ce qui me dérange, c'est à quel point tout le débat au Sénat était superficiel et mal informé», a ajouté M. Kennan, qui était présent lors de la création de l'OTAN et dont l'article anonyme de 1947 dans la revue Foreign Affairs, signé ''X'', a défini la politique d'endiguement de la guerre froide de l'USAmérique pendant 40 ans. « J'ai été particulièrement gêné par les références à la Russie en tant que pays brûlant d’attaquer l'Europe occidentale. Les gens ne comprennent-ils pas ? Nos divergences dans la guerre froide étaient avec le régime communiste soviétique. Et maintenant, nous tournons le dos aux personnes mêmes qui ont organisé la plus grande révolution sans effusion de sang de l'histoire pour supprimer ce régime soviétique.

 

L'ambassadeur George F Kennan (à droite) en compagnie de Nikolai Chvernik, président du présidium du Soviet suprême après la présentation de ses lettres de créance, Moscou, 15 mai 1952. À gauche, AF Gorkine, secrétaire du présidium. Photo Sovfoto/Universal Images Group via Getty Images

« Et la démocratie russe est aussi avancée, sinon plus, que n'importe lequel de ces pays que nous venons de nous engager à défendre contre la Russie », a déclaré M. Kennan, qui a rejoint le Département d'État en 1926 et a été ambassadeur des USA à Moscou en 1952 [et déclaré persona non grata 5 mois plus tard, NdT]. « Cela montre une si faible compréhension de l'histoire russe et de l'histoire soviétique. Bien sûr, il y aura une mauvaise réaction de la part de la Russie, et ensuite [les partisans de l'élargissement de l'OTAN] diront : nous vous avons toujours dit que les Russes étaient comme ça, mais c'est tout simplement faux ».

On ne peut que se demander ce que diront les historiens de demain. Si nous avons de la chance, ils diront que l'élargissement de l'OTAN à la Pologne, à la Hongrie et à la République tchèque n'avait tout simplement pas d'importance, parce que le vide qu'il était censé combler l'avait déjà été, mais que l'équipe Clinton ne pouvait pas le voir. Ils diront que les forces de la mondialisation qui intègrent l'Europe, associées aux nouveaux accords de contrôle des armements, se sont avérées si puissantes que la Russie, malgré l'expansion de l'OTAN, a progressé sur la voie de la démocratisation et de l'occidentalisation, et a été progressivement entraînée dans une Europe vaguement unifiée. Si nous n'avons pas de chance, ils diront, comme M. Kennan l'a prédit, que l'expansion de l'OTAN a créé une situation dans laquelle l'OTAN doit maintenant soit s'étendre jusqu'à la frontière de la Russie, déclenchant une nouvelle guerre froide, soit arrêter son expansion après ces trois nouveaux pays et créer une nouvelle ligne de démarcation à travers l'Europe.

Mais il y a une chose que les historiens du futur ne manqueront pas de remarquer, c'est l'absence totale d'imagination qui a caractérisé la politique étrangère usaméricaine à la fin des années 1990. Ils noteront que l'un des événements marquants de ce siècle a eu lieu entre 1989 et 1992 - l'effondrement de l'Empire soviétique, qui avait la capacité, les intentions impériales et l'idéologie pour menacer véritablement l'ensemble du monde libre. Grâce à la détermination de l'Occident et au courage des démocrates russes, cet empire soviétique s'est effondré sans coup férir, donnant naissance à une Russie démocratique, libérant les anciennes républiques soviétiques et conduisant à des accords de contrôle des armements sans précédent avec les USA.

Et quelle a été la réponse de l'USAmérique ? Elle a été d'étendre l'alliance de la guerre froide de l'OTAN contre la Russie et de la rapprocher des frontières de la Russie.

Oui, dites à vos enfants, et aux enfants de vos enfants, que vous avez vécu à l'époque de Bill Clinton et de William Cohen, à l'époque de Madeleine Albright et de Sandy Berger, à l'époque de Trent Lott et de Joe Lieberman, et que vous étiez vous aussi présents lors de la création de l'ordre de l'après-guerre froide, lorsque ces titans de la politique étrangère ont mis leurs têtes ensemble et ont produit... une souris.

Nous sommes dans l'ère des nains. La seule bonne nouvelle, c'est que nous en sommes sortis indemnes parce qu'il y a eu une autre époque, celle des grands hommes d'État qui avaient à la fois de l'imagination et du courage.

En me disant au revoir au téléphone, M. Kennan a ajouté une dernière chose : « Ça a été ma vie, et cela me fait mal de la voir si gâchée à la fin ».

AFASPA
L’Espagne se déshonore une seconde fois


Association Française d’Amitié et de Solidarité avec les Peuples d’Afrique, 26/3/2022

Pour la seconde fois de son Histoire l’Espagne se défausse de ses obligations internationales à l’égard du peuple du Sahara occidental, territoire non autonome qu’elle a colonisé durant quatre-vingt-onze années.

En 1975 c’est l’Espagne du dictateur Franco qui signa en catimini des accords secrets cédant illégalement la place dans sa colonie, au Maroc et à la Mauritanie.


 En 2022 c’est l’Espagne gouvernée par le socialiste Pedro Sanchez qui bafoue le droit international, sans consultation des diverses composantes de la coalition, par une annonce qui cautionne une confiscation au peuple sahraoui de son droit imprescriptible et inaliénable à l’autodétermination.

Ce ralliement à la posture unilatérale que le Maroc adopte depuis plusieurs décennies, qui bloque le Plan de paix signé en 1991, n’est autre qu’une soumission au chantage à l’immigration exercé par le royaume chérifien et clairement revendiqué par lui, pour obtenir des pays européens en particulier, un reniement du droit international pour régler ce conflit de décolonisation inachevé.

Les liens étroits qui se sont noués depuis plus de 130 ans entre les peuples d’Espagne et du Sahara occidental doivent permettre de contraindre le gouvernement espagnol à assumer ses obligations de puissance administrante du dernier territoire non autonome d’Afrique et mettre fin à une situation de guerre dans le Maghreb qui dure depuis près de cinquante ans.

Le droit des peuples ne peut s’appliquer à géométrie variable à l’heure où le règlement des conflits au Proche orient, en Europe et en Afrique, nécessite le respect des résolutions de l’ONU, de l’Union africaine et dans le cas du Sahara occidental, de l’avis de la Cour Internationale de justice de la Haye. A ce propos, l’Union européenne et sa Commission, doivent respecter les décisions de la Cour européenne de justice en cessant de conclure des accords économiques délictueux avec le Maroc.

31/03/2022

SERGIO RODRÍGUEZ GELFENSTEIN
À l'occasion du 40e anniversaire de la guerre des Malouines : quelques leçons à retenir

Sergio Rodríguez Gelfenstein, 31/3/2022
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

En 1982, j'étais au Nicaragua. C'était les premières années de la révolution sandiniste et je travaillais dans l'armée. Un jour d'avril, quelqu'un dont je ne me rappelle malheureusement pas le nom m'a demandé si j'étais prêt à aller aux Malouines pour combattre aux côtés du peuple argentin dans la lutte pour récupérer les îles de la domination coloniale britannique.

J'avais un peu plus de 25 ans et je n'avais encore jamais été confronté à un dilemme éthique d'une telle ampleur. Cela signifiait apporter une contribution à la juste aspiration de l'Argentine à récupérer la souveraineté d'un territoire qui, par l'histoire et la justice, lui appartient, mais cela signifiait aussi me mettre aux ordres d'une dictature satrape, violatrice des droits humains, ce pour quoi elle était répudiée par la grande majorité de l'humanité décente de la planète.


Bien que le contingent qui avait été autorisé à combattre n'ait pas rejoint le combat, il était impossible d'éviter la polémique interne née de la nécessité de résoudre la controverse morale qui nous a tourmentés pendant plusieurs semaines.

«Les Malouines sont argentines» : banderole exposée par l’équipe nationale argentine à La Plata, avant un match face à la Slovénie, en juin 2014

La résolution de cette lutte intime a fourni de précieux outils de gestion politique pour l'avenir. L'un d'eux était de comprendre que la dimension tactique doit toujours être subordonnée à l'évaluation et au sens stratégique. Dans ce cas, l’enjeu stratégique était la responsabilité argentine et latino-américaine de récupérer les Malouines comme un impératif de notre propre condition d'hommes et de femmes de ce temps.
La contradiction éthique à laquelle a été confrontée la décision sur le comportement le plus correct à assumer dans cette situation, a mis en évidence et indique sans équivoque qu'il n'y a aucun obstacle ni aucune limite connue à la nécessité de combattre le colonialisme et l'impérialisme dans toutes leurs manifestations et avec toutes les méthodes à notre disposition. 
Nous, Latino-américains de cette époque, ne pouvons pas vivre dans le doute quant à la manière dont nous devons nous comporter face à certains faits et situations. En ce sens, une conscience critique nous oblige à réfuter l'imposition coloniale qui, en Amérique latine, exerce encore - au XXIe siècle - un contrôle sur les Malouines, Porto Rico et d'autres pays et territoires des Caraïbes.
Se réveiller chaque jour en sachant que la squame coloniale continue de s'étendre comme un cancer dans certaines régions d'un continent qui a décidé d'être libre il y a plus de 200 ans, circonscrit l'idée que la tâche n'est pas encore achevée. Aux premières heures du 2 avril 1982, Ronald Reagan et le général Leopoldo Galtieri ont eu une conversation téléphonique tendue qui a duré environ cinquante minutes. Le dictateur argentin ne s'est pas senti à l'aise ou satisfait une fois l'entretien avec le président usaméricain terminé. Galtieri avait secrètement espéré obtenir un soutien clair de Reagan, ou au moins une neutralité effective et complice qui permettrait d'éviter une réaction utilisant toute la force de ses armes. Au contraire, le président usaméricain avait essayé à plusieurs reprises de convaincre le général de s'abstenir d'une opération de guerre aux Malouines, et l'avait averti que l' « agression », comme il l'appelait, provoquerait une réponse sûre et énergique de Margaret Thatcher. Enfin, il aurait proposé une médiation face à l'imminence d'un conflit international.

Le 16 juin 1982, un mois et demi après l'annonce par les USA de leur soutien inconditionnel à la Grande-Bretagne, Galtieri reconnaît publiquement dans un message au pays la défaite des troupes argentines face aux forces britanniques. Quelques jours plus tard, Galtieri lui-même, dans une interview avec la journaliste Oriana Fallaci, reconnaît avec amertume et déception, entre autres, le rôle des USA dans la défaite, qualifiant leur action de « trahison ». 
Le même jour et le même mois de juin, Nicanor Costa Méndez, diplomate de carrière, anticommuniste invétéré, très proche des USA et ministre des Affaires étrangères du gouvernement argentin, dut reconnaître la capitulation qu'il attribuait à la supériorité militaire et technologique de la Grande-Bretagne et de l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN), acceptant avec amertume la participation décisive des USA, qui agissaient davantage comme membre de l'alliance militaire qui unit les deux pays que comme membre du Traité interaméricain d'assistance réciproque (TIAR). Le ministre argentin des Affaires étrangères a ensuite annoncé de manière surprenante le démantèlement du système de défense et du pacte hémisphérique face au mépris du gouvernement usaméricain pour ses résolutions.


Fresque murale rappelant la guerre des Malouines dans une rue de Buenos Aires, en Argentine. Photo Juan Mabromata/AFP

Le désarroi amer et douloureux des généraux argentins face à l'abandon yankee, qui a même conduit Galtieri à les traiter de traîtres, a montré que leur formation les empêchait de comprendre l'essence impérialiste de la politique étrangère usaméricaine, dans laquelle il existe une longue histoire de liens avec les pays au sud du Rio Bravo, invariablement basés sur leurs intérêts économiques, leur expansion et leur domination, plutôt que sur des principes et des engagements éthiques et politiques.

SERGIO RODRÍGUEZ GELFENSTEIN
En el 40 aniversario de la guerra por Malvinas : algunas enseñanzas para recordar

Sergio Rodríguez Gelfenstein, 31/3/2022

En 1982 me encontraba en Nicaragua. Se vivían los primeros años de la revolución sandinista y yo trabajaba en el Ejército. Un día de abril, alguien cuyo nombre lamentablemente no he podido recordar me preguntó si estaba dispuesto a ir a las Malvinas a combatir junto al pueblo argentino en la lucha por recuperar las islas del dominio colonial británico.

Tenía poco más de 25 años y nunca antes me había visto obligado a enfrentar un dilema ético de tamañas dimensiones. Se trataba de hacer un aporte a la justa aspiración argentina de rescate de la soberanía de un territorio que por historia y por justicia le pertenece, pero también significaba ponerse a las órdenes de una dictadura sátrapa, violadora de los derechos humanos por lo que era repudiada por la amplia mayoría de la humanidad decente del planeta.

Aunque la incorporación al combate del contingente que había dado el visto bueno para su participación en la contienda no se concretó, fue imposible evitar la controversia interna que emergió de la necesidad de resolver la polémica que en términos morales nos acosó durante varias semanas. 


Juli, Rosario

La resolución de dicho forcejeo íntimo entregó valiosos instrumentos de manejo político de cara al futuro. Uno de ellos fue entender que la dimensión de lo táctico siempre debe subordinarse a la evaluación y sentido de lo estratégico. En este caso, lo estratégico era la responsabilidad argentina y latinoamericana de recobrar las Malvinas como imperativo de nuestra propia condición de hombres y mujeres de este tiempo.

La contradicción ética que encaraba la decisión sobre el comportamiento más correcto a asumir en esta situación, señalaba y señala inequívocamente que no hay impedimento alguno ni límite conocido ante la necesidad de combatir al colonialismo y al imperialismo en todas sus manifestaciones y con cualquier método a nuestro alcance.

Los latinoamericanos de esta época no podemos vivir dudando del comportamiento que se debe contraer ante algunos hechos y algunas situaciones. En este sentido, la conciencia crítica nos obliga a refutar la imposición colonial que en América Latina ejerce todavía -en el siglo XXI- el control sobre las Malvinas, Puerto Rico y otros países y territorios del Caribe.

Despertarse todos los días sabiendo que la costra colonial continúa extendida como un cáncer en algunas áreas de un continente que decidió ser libre hace más de 200 años, circunscribe a la idea de que la tarea aún no ha sido culminada

Durante aquella madrugada del 2 de abril de 1982, Ronald Reagan y el General Leopoldo Galtieri, mantuvieron un tenso dialogo vía telefónica que duró aproximadamente cincuenta minutos.  El dictador argentino no se sintió cómodo ni satisfecho una vez finalizada la entrevista con el presidente estadounidense.  Galtieri tenía la secreta esperanza de obtener un claro respaldo de Reagan, o al menos una efectiva y cómplice neutralidad que contribuyera a impedir una reacción británica en la que podría emplear todo el poder de sus armas. Por el contrario, el mandatario estadounidense había intentado en reiteradas ocasiones convencer al general que se abstuviera de una operación bélica en las Malvinas, y le advirtió que una “agresión”, como la calificó, provocaría una segura y enérgica respuesta de Margaret Thatcher. Finalmente le habría ofrecido intermediar ante el inminente conflicto internacional.

 El 16 de junio del año 1982, un mes y medio después de que Estados Unidos anunciara su apoyo irrestricto a Gran Bretaña, Galtieri reconoció públicamente en un mensaje al país, la derrota de las tropas argentinas a manos de las fuerzas británicas. Pocos días más tarde, el propio Galtieri en entrevista concedida a la periodista Oriana Fallaci, entre otras cosas admitió con amargura y decepción el papel de Estados Unidos en la derrota llegando a calificar el proceder norteamericano como una “traición”.

En el mismo día y mes de junio, Nicanor Costa Méndez, diplomático de carrera, inveterado anti comunista, muy cercano a Estados Unidos y Ministro de Relaciones Exteriores del gobierno argentino,  debió reconocer la capitulación que adjudicó a la superioridad militar y tecnológica de Gran Bretaña y la Organización del Tratado del Atlántico Norte (OTAN), aceptando con amargura  la determinante participación de Estados Unidos, que actuó más como integrante de esa alianza militar que une a los dos países, que como miembro del Tratado Interamericano de Asistencia Reciproca  (TIAR). A continuación, el canciller argentino de manera sorprendente, anunció la desarticulación del sistema y pacto de defensa hemisférico ante el desconocimiento de sus resoluciones por parte del gobierno estadounidense.

30/03/2022

ANTONIO MAZZEO
Israël et le Maroc signent un accord historique d'échanges économico-militaires

Antonio Mazzeo, Africa ExPress, 26/3/2022
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

L'industrie aéronautique militaire et civile du Maroc se renforce grâce à l'assistance technique et financière d'Israël. Le 23 mars, un accord de coopération « historique » a été signé entre le ministre marocain de l'industrie et du commerce, Ryad Mezzour, et le président du conseil d'administration d'IAI - Israel Aerospace Industries, Amir Peretz [ancien leader du parti travailliste, ancien ministre de la défense, né à Bejaâd au Maroc et possédant la double nationalité israélienne et marocaine, NdT].


« Ce mémorandum s'inscrit dans le cadre de la mise en œuvre de la Déclaration de coopération Maroc-Israël qui a été signée à Rabat le 22 décembre 2020, par laquelle les deux pays ont exprimé leur volonté de promouvoir une coopération bilatérale dynamique et innovante dans le domaine de l'investissement technologique », rapporte le site spécialisé Israeldefense.

L'accord stipule notamment que les autorités gouvernementales marocaines et les dirigeants de la holding industrialo-militaro-financière israélienne lanceront des programmes visant à promouvoir l'impression 3D et la production de pièces internes pour les cabines, les moteurs et les aérostructures, ainsi que la création d'un centre de recherche et de développement en ingénierie au Maroc pour fournir des composants d'aéronefs à l'industrie nationale marocaine, avec l'assistance et les conseils techniques d'IAI.

Le gouvernement marocain a expliqué aux médias que l'accord avec les Israéliens répond aux « priorités de promotion de la formation avancée, de l'emploi et de la production nationale, ainsi que de la recherche et de l'innovation ».

« Ce que nous avons scellé est un partenariat stratégique pour les deux pays », a expliqué le ministre Ryad Mezzour. « Celal ouvre la voie à une collaboration fructueuse dans l'industrie aérospatiale. L’accord tire parti de l'expérience d'IAI et de l'expertise technologique de notre plateforme aérospatiale et constitue un moteur de croissance pour l'investissement et le développement dans ce secteur industriel très avancé ».

Pour le groupe israélien, le mémorandum avec le Maroc est une étape supplémentaire dans le renforcement de sa présence sur le marché continental africain. « Je suis convaincu de l'incroyable potentiel qui existe aujourd'hui au Maroc et nous n'en sommes qu'au début », souligne Amir Peretz, PDG d'IAI. « Ensemble, nous allons créer des équipes qui feront de notre vision une réalité. Les industries israéliennes et le Maroc vont conjointement promouvoir et commercialiser des projets dans le domaine de l'aviation ».

Au cours de son séjour au Maroc, la délégation d’IAI a également visité le complexe industriel de Nouaceur (dans la région de Casablanca-Settat) où sont effectués les travaux de maintenance et de modernisation des avions, ainsi que l'IMA, l'Institut des métiers de l'aéronautique de Casablanca.

À la mi-février, le quotidien financier Globes de Tel Aviv, citant des sources anonymes de la défense israélienne, a rapporté que les forces armées marocaines et les responsables d'IAI avaient conclu un accord pour l'achat d'un certain nombre de systèmes de défense antimissile « Barak MX ADS » pour un montant de 500 millions de dollars.

Selon IAI, le "Barak MX ADS" est un système de missiles "capable de se défendre contre des menaces aériennes multiples et simultanées, telles que des missiles de croisière, des drones, des hélicoptères, provenant de sources et de distances différentes". Le système de missiles se décline en plusieurs modèles : le "Barak MRAD", d'une portée opérationnelle de 35 km, le "Barak LRAD", de 70 km, et le "Barak ER", de 150 km. "Ils sont soutenus par des radars de différentes portées et configurations", ajoute IAI. "Tous ses composants (le centre de gestion de combat, les lanceurs avec intercepteurs et radars) peuvent fonctionner à partir d'une infrastructure permanente ou être montés à bord de camions et transférés sur des sites opérationnels temporaires."

En plus du système de missiles "Barak", le Maroc a également l'intention d'acheter un lot de drones kamikazes "Harop" (avions sans pilote armés de bombes et d'explosifs qui explosent à l'impact avec la cible) aux industries aérospatiales israéliennes. Le "Harop" est un petit avion sans pilote (2,5 mètres de long), mais il peut transporter une charge de 20 kg d'explosifs et voler pendant sept heures consécutives jusqu'à 1 000 kilomètres.

A l'occasion de la visite au Maroc du ministre israélien de la Défense, Benny Gantz, les 23 et 24 novembre 2021, après la normalisation des relations diplomatiques entre les deux pays dans le cadre des accords dits d'Abraham, il a été décidé d'implanter dans deux usines industrielles marocaines la production de mini-drones et d'avions sans pilote auto-explosifs, en utilisant le savoir-faire et les technologies d’IAI - et de sa filiale BlueBird Aero Systems.

Au cours des réunions avec les autorités de Rabat - selon les rapports de la société de renseignement israélienne "JaFaJ", qui surveille le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord - le ministre Gantz s'est dit prêt à discuter avec l'administration usaméricaine pour faciliter la vente de chasseurs-bombardiers F-35 de cinquième génération et d'autres systèmes d'armes avancés au Maroc, en réponse au réarmement de l'Algérie voisine, qui négocie avec la Russie l'achat d'un lot de chasseurs Su-57 "Felon".

De nouvelles commandes militaires entre le Maroc et Israël pourraient être facilitées par l'accord de coopération économique signé le 20 février lors de la visite à Rabat de la ministre israélienne de l'économie, Orna Barbivay. En 2021, la valeur des échanges entre les deux pays a dépassé 70 millions de dollars.