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21/10/2022

TOURNONS LA PAGE
Tchad : la répression systématique des manifestations contre la prolongation de la période de transition doit immédiatement cesser

Survie, 21/10/2022
Jeudi 20 octobre 2022, à l’appel d’une plateforme regroupant une partie de l’opposition politique et des organisations de la société civile, des manifestants sont descendus dans les rues de la capitale N’Djaména et de plusieurs villes de provinces dont Moundou pour dénoncer la prolongation de la période de transition. 

Le 10 octobre dernier, à l’issue d’un dialogue dit de « réconciliation nationale » boycotté par une partie de la société civile et de l’opposition, Mahamat Idriss Déby Itno a été investi comme Président de transition pour vingt-quatre mois supplémentaires. Il a aussi obtenu le droit de se présenter en tant que candidat aux prochaines élections présidentielles en contradiction avec la décision du Conseil de Paix et de Sécurité de l’Union africaine du 3 août 2021 [1] et réaffirmée le 19 septembre 2022 fixant au 20 octobre 2022 la fin de la transition et interdisant aux membres du Conseil militaire de transition (CMT) d’être candidat aux élections à la fin de la transition [2].

La manifestation du 20 octobre avait été interdite par les autorités mais de nombreuses mobilisations ont néanmoins été organisées dans les différents quartiers des villes de N’Djamena et Moundou notamment. Ces manifestations ont été immédiatement réprimées par les forces de l’ordre par le jet de gaz lacrymogènes et des tirs à balles réelles. Selon le Premier ministre du gouvernement de transition tchadien, au moins une « cinquantaine » de personnes ont été tuées, dont une « dizaine » de membres des forces de sécurité. Il y aurait aussi « plus de 300 personnes blessées ». Mais le bilan pourrait être bien plus lourd que celui annoncé par les autorités. Les organisations de la société civile continuent à documenter les violences en se rendant dans les différents hôpitaux et centres de santé où se trouvent de très nombreux blessés.

Parmi les victimes, on déplore notamment le décès du jeune journaliste Narcisse Oredje. L’artiste Ray’s Kim, engagé depuis de nombreuses années dans la promotion des droits humains et de la démocratie, serait à l’hôpital en soins intensifs après avoir été touché par balle. Ces deux cas sont emblématiques de la brutalité qui s’est abattue sur tous les citoyens présents dans les rues tchadiennes ce jeudi 20 octobre 2022.

Le Rapporteur spécial des Nations Unies sur la liberté d’association et de réunion pacifique, Clément Voule, a rappelé aux autorités tchadiennes que « tout recours à un usage excessif de la force contre les manifestants expose leurs auteurs à des poursuites conformément aux standards internationaux ». Alors que les violations des droits humains perdurent, la France et l’UE ont soutenu la transition et ont maintenu la coopération avec le Tchad, notamment la coopération militaire et policière.

La communauté internationale ne peut se contenter de déplorer ces violences et d’appeler à les faire cesser. Le régime doit être isolé et des sanctions ciblées doivent être mises en place tout en veillant à ce que la population tchadienne ne soit pas la première impactée.

Les organisations signataires de ce communiqué demandent  :

- aux autorités tchadiennes de mettre fin, de façon immédiate, à l’usage délibéré et excessif de la force létale à l’encontre de manifestants ;

- à l’ensemble des acteurs internationaux (États européens, États-Unis, ONU, Union Africaine…) de condamner le recours à la force contre les manifestations pacifiques et d’exiger des enquêtes indépendantes sur ces violations massives des droits humains ;

- à la France et aux Etats-Unis de suspendre toute coopération avec les forces de défense et de sécurité impliquées dans ces violences ;

- à l’ensemble de la Communauté Internationale, et notamment la France et l’UE, d’envisager la mise en place de sanctions ciblées à l’encontre du gouvernement tchadien et des personnes responsables de la répression.

Signataires :

Action des chrétiens pour l’abolition de la torture (ACAT-France) ; AfricanDefenders ; Agir ensemble pour les droits humains ; CCFD – Terre solidaire ; Civil Society Human Rights Advocacy Platform of LIBERIA ; CRID ; Coalition Burkinabè des Défenseurs des Droits Humains (CBDDH) ; Coalition Ivoirienne des Défenseurs des Droits Humains (CIDDH) ; Fédération internationale pour les droits humains (FIDH) ; Front Citoyen Togo Debout ; Gender Centre for Empowering Development ; Human Rights Defenders Network-SL ; Institute for Democracy & Leadership (IDEAL) Swaziland ; Mouvement pour une Alternative Non-violente (MAN) ; Network of the Independent Commission for Human rights CIDH Africa ; Novation Internationale ; Organisation Mondiale Contre la Torture (OMCT) ; Réseau des défenseurs des droits humains en Afrique centrale (REDHAC) ; Réseau Nigérien des Défenseurs des Droits Humains (RNDDH) ; Réseau ouest africain des défenseurs des droits de l’homme (ROADDH) ; ROTAB Publiez Ce Que Vous Payez ; Secours Caholique - Caritas France (SCCF) ; Survie ; Synergie Togo ; Tournons La Page.

[1] Union Africaine, Communiqué de la 1016eme réunion du CPS, 3 août 2021 : https://bit.ly/3TmJppH

[2] Union Africaine, PSC/PR/COMM.1106 (2022), 19 septembre 2022, Addis-Abéba http://www.peaceau.org/uploads/1106th-comm-fr.pdf


GIDEON LEVY
Des “arsim” avec des armes

Gideon Levy, Haaretz, le 20/10/2022
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

 C'est ainsi que le haut commandement des Forces de défense israéliennes perçoit l'ennemi de l'armée en Cisjordanie : «des  arsim avec des armes ». (« Ars » signifie « proxénète » en arabe, et « voyou » en argot hébreu*.) Dans une série de briefings à huis clos et au moins une interview publique, les dirigeants de l'armée ont décrit la résistance à Jénine et la nouvelle organisation à Naplouse, la « Tanière des Lions», comme des activités d’« arsim ».

La chasse aux arsim près de Naplouse. Photo :  JAAFAR ASHTIYEH - AFP

Du chef d'état-major Aviv Kochavi au chef du commandement central Yehuda Fuchs et jusqu’au bas de l’échelle, ils voient les jeunes hommes armés qui s'opposent aux invasions de l'armée israélienne dans leurs villes et camps de réfugiés comme des arsim. Maintenant, les FDI éliminent les arsim. Six arsim de la Tanière es Lions ont déjà été tués et un a été capturé. Les permis d'entrée en Israël ont été retirés à 164 membres de leurs familles.

Les FDI sont en train d'éradiquer le phénomène des arsim. Une armée de beaux jeunes hommes proprets, les plus moraux de l'univers, face à l'armée des arsim.

C'est dur de savoir ce que veulent dire les officiers supérieurs quand ils parlent d'arsim. Il n'est pas politiquement correct d'appeler un Israélien un ars, mais bien sûr, c'est permis dans le cas d'un Palestinien. Le commandant de la brigade Menashe, le colonel Arik Moyal, a expliqué ce qui s'était passé à Jénine comme suit :

« Des bandes d'arsim qui ont du temps à perdre et jouent aux petits soldats. Ils forment toutes sortes d'unités, de confusion et d'autres absurdités pour leur propre compte … Il y a des arsim qui ont perdu leur sang-froid, et nous devons leur taper sur les doigts maintenant et en finir avec eux », selon l'officier colon de Tapuah, qui est maintenant celui qui a perdu son sang-froid

Mettons de côté ce langage arrogant et méprisable des officiers supérieurs de Tsahal, qui sont des m’as-tu-vu professionnels. Mettons aussi de côté l'humiliation de l'autre. La police des frontières et les policiers dans les unités d'occupation sont de merveilleux exemples de la définition tsahalesque des « arsim armés», certainement pas moins que les jeunes de Naplouse et de Jénine. Le terme « arsim armés » leur convient parfaitement. Ce n'est pas par hasard qu'Israël envoie ses propres « arsim » pour affronter les arsim palestiniens.

Il se peut que la « Tanière des Lions », la nouvelle organisation armée à Naplouse, dont le nom puéril aurait pu être craché par l'ordinateur de Tsahal qui sait donner des noms comme « Formation d’acier » et « Formation de feu » aux divisions de Tsahal, soit composée d'arsim. C'est comme ça quand on grandit dans un camp de réfugiés comme Balata ou Askar, avec un passé de réfugiés, un présent d'occupation et un futur de désespoir : on devient arsim.

Il est difficile de savoir lequel des arsim serait le plus violent s'ils devaient se battre à armes égales, mais dans des conditions d'occupation, les arsim israéliens sont certainement plus violents. Il y a aussi une concurrence sérieuse quand il s'agit de comportement d’arsouille [gredin, voyou, truand], et là je pense que c’est l'ars israélien qui gagne.

Beaucoup de soldats et de policiers dans les territoires ne savent plus comment parler aux Palestiniens, ils savent seulement leur aboyer dessus. Voir la nouvelle description grotesque des « combattants des carrefours/points de passage », voir la police des frontières à Jérusalem-Est ou les soldats de la brigade Kfir, dont le bataillon ultra-orthodoxe Netzah Yehuda, avec de leurs invasions nocturnes de chambres à coucher, de chambres d'enfants.

Il est difficile de penser à un comportement plus « arsimiesque » que cela. Peut-être qu'il est impossible de servir dans les territoires occupés depuis 1967 sans être un ars. Est-ce que le lieutenant-général Kochavi pense vraiment que les soldats qu'il envoie sur les Palestiniens sont moins “arsim” que les lions de la tanière ? De quelle manière exactement ? Plus éduqués ? Plus éthiques ? Plus humains ?

Dégradez dégradez les Palestiniens. Pour ce qui est de la disparité des forces entre la Tanière des Lions et « Netzah Yehuda », qui est le plus fort, le mieux armé, équipé et organisé ? Il y a pas photo. Mais le plus fort n'a aucun avantage éthique dans cette histoire, bien au contraire.

Les arsim de la Tanière prennent des mesures pour protéger leurs maisons, leurs camps et leurs villes, lorsqu'une armée étrangère les envahit. Ils peuvent perdre leur temps et jouer aux petits soldats, selon le diagnostic savant du commandant de brigade Moyal, mais lui et ses soldats n'ont aucun avantage sur eux. « Un soldat noir frappe un soldat blanc », a écrit le dramaturge Hanokh Levin** … « Pleurs dans les chambres et silence dans les jardins ».

NdT

*Le mot arabe ars (jeune berger et par extension, proxénète) a été approprié en hébreu israélien (féminin arsit, pluriel arsim) d’abord pour désigner méliorativement une personne rusée et intelligente. Il a évolué, à partir des années 1970, pour désigner péjopratovement une personne qui est, ou se comporte comme, un petit criminel, qui se vante et prétend être prospère, et, surtout, est apparemment d’origine sépharade (Al Andalous, Maghreb) ou mizrahie (terme fourre-tout englobant tous les juifs originaires du monde arabe, persan, caucasien, berbère, kurde, turc et indien)

**Hanokh Levin (1943-1999) a sans doute été le plus grand dramaturge israélien. Ses deux pièces satiriques Toi, moi et la prochaine guerre (1968) et La Reine de la baignoire (1970), un mix hébreu de Brecht et des Monty Python, mirent à mal l’euphorie suscitée chez les sionistes par la victoire de la Guerre des Six-Jours de 1967.

Une citation de Hanokh Levin, extraite de la pièce Le Patriote :

« Consignes de sécurité dans les territoires occupés

Bienvenue à la résidence du gouverneur militaire de Beit Jarjur.

Instructions de sécurité :

Un homme qui descend la rue en jetant des regards nerveux d'un côté à l'autre et par-dessus son épaule - sera suspecté d'être un terroriste arabe.

Un homme descendant la rue et regardant calmement devant lui - sera suspecté d'être un terroriste arabe à tête froide.

Un homme descendant la rue et regardant le ciel - sera suspecté d'être un terroriste arabe religieux.

Un homme descendant la rue et fixant le sol - sera suspecté d'être un terroriste arabe timide.

Un homme descendant la rue les yeux fermés - sera soupçonné d'être un terroriste arabe somnolent.

Un homme ne descendant pas la rue - sera suspecté d'être un terroriste arabe malade.

Tous les suspects énumérés ci-dessus doivent être arrêtés. En cas de tentative d'évasion, un coup de semonce sera tiré en l'air.

Le corps sera transporté à l'institut médico-légal. »

Sur Hanokh Levin, on peut lire en français Le Théâtre de Hanokh Levin-Ensemble à l'ombre des canons, de Nurit Yaari, Éditions théâtrales, 2008

 

  YANIV KUBOVICH/JACK KHOURY
La Tanière des Lions de Naplouse, un sacré casse-tête pour l’occupant israélien et l’(In)autorité palestinienne

Yaniv Kubovich et Jack Khoury, Haaretz, 12/10/2022
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

La “Tanière des Lions” [عرين الأسد arin al ousoud  גוב האריות gov-ha-ar-ayot, Lion’s Den] est une cellule laïque et inorganisée [une façon de parler, NdT] composée principalement de jeunes hommes palestiniens. En quelques semaines, elle est devenue le principal auteur des tirs contre les soldats israéliens autour de Naplouse
 

Des jeunes de Naplouse attaquent les forces de sécurité de l'(In)autorité palestinienne après l'arrestation de Shtayeh en début d'année. Photo : JAAFAR ASHTIYEH - AFP

Au début de 2022, les responsables de la sécurité israélienne ont noté une augmentation du nombre d'incidents de tirs dirigés contre des cibles militaires israéliennes dans la région de Naplouse, dans le nord de la Cisjordanie. L'augmentation des incidents a été attribuée, à l'époque, à un groupe appelé les Bataillons de Naplouse, qui avait intensifié son activité dans la vieille ville de Naplouse.

Sur la base des renseignements recueillis, les responsables de la sécurité ont manifesté un intérêt particulier pour plusieurs personnalités éminentes du groupe, et il a été décidé de prendre des mesures à leur encontre. En février, après que l'agence de sécurité Shin Bet eut déterminé que quatre membres du groupe prévoyaient d'attaquer des soldats israéliens prochainement, il a été décidé de procéder à leur assassinat ciblé.

Au cours de la journée du 8 février, les troupes de Yamam, l’unité spéciale ce contre-insurrection [“lutte contre le terrorisme”] de la police aux frontières, sont entrées dans le centre de Naplouse pour coincer la bande. Dans l’échange de tirs qui s’est ensuivi, trois membres du groupe palestinien ont été tués – Ashraf al-Mubaslat, Adham Mabrukeh et Mohammed al-Dakheel – qui étaient connus des autorités de sécurité israéliennes comme membres des Bataillons de Naplouse. Un quatrième homme, Ibrahim al-Nabulsi, qui dirigeait le groupe armé, n'était pas présent ce jour-là.

Six mois plus tard, le 9 août, les forces israéliennes ont tué al-Nabulsi, qui se cachait dans la région de Naplouse. Les Forces de défense israéliennes ont alors annoncé qu'il avait fait partie de la bande terroriste de Mabrukeh, qui n'était « pas affiliée à une organisation terroriste » [sic].

Soldats israéliens près de Naplouse, la semaine dernière. Photo  : Majdi Mohammed/AP

Un mois après la mort d'al-Nabulsi, un Israélien qui roulait en voiture près du village palestinien de Hawara en Cisjordanie a été abattu depuis un véhicule qui a fui les lieux. Un groupe appelé La Tanière des Lions, inconnu des autorités israéliennes, a revendiqué la responsabilité de la fusillade. Depuis lors, le groupe, qui a été responsable d'un grand nombre d'attaques armées dans la région de Naplouse, est devenu un problème majeur pour les forces de sécurité israéliennes et pour les forces de sécurité de l'(In)autorité palestinienne.

Les responsables de la sécurité israélienne pensent que le groupe est composé de personnes qui avaient précédemment été membres d'autres groupes et qu'une série d'événements les a amenés à se « rebaptiser » La Tanière des Lions.

Les membres du groupe sont actifs dans la région de Naplouse, principalement dans sa vieille ville et dans le camp de réfugiés de Balata, et leur objectif déclaré est d'affronter les soldats de Tsahal lorsqu'ils entrent dans la ville ou viennent escorter les juifs orthodoxes venant prier au Tombeau de Joseph à la périphérie de la ville. La plupart sont de jeunes hommes laïcs âgés de 18 à 24 ans qui ne fréquentent pas les mosquées et ne sont pas influencés par des personnalités religieuses.

Dans une conversation avec Haaretz, les membres du groupe ont reconnu que leurs opérations étaient centrées sur la réponse aux opérations de l'armée israélienne ou qu'elles étaient lancées au niveau local. « Il n'y a pas de salle d'opération au sens militaire, ni de plans ou d'objectifs officiels », disent-ils. Ils ajoutent qu'ils sont loin d'être une milice organisée et qu'ils ne mènent pas d'opérations telles que celles de la branche militaire du Hamas ou du Jihad islamique dans la bande de Gaza.

Un enregistrement attribué à al-Nabulsi, peu avant sa mort : « Je suis entouré maintenant, j'aime ma mère et je vais mourir comme un martyr. Protégez la patrie, je vous adjure tous de faire le serment de ne pas déposer les armes. »

فهرست بازداشت شدگانِ اعتراضات به قتل بی رحمانه مهسا امینی (به روز شده)

تلاسکالا، ۲۸ مهر ۱۴۰۱

این فهرست به مرور تکمیل خواهد شد


 

20/10/2022

REINALDO SPITALETTA
Soy un perdido, soy un marihuano…


 Reinaldo Spitaletta, El Espectador, 18/10/2022

Hubo un tiempo, más bien lejano, en que el consumidor de marihuana era una especie de descastado, por sí mismo peligroso, con el cual no se debía tener ninguna relación. Había que aislarlo y estigmatizarlo. Era, en esa atmósfera de pulcritudes aparentes, de moralismos y discursos de buena conducta, un enemigo de la estabilidad social, al menos de la del barrio o la cuadra. El adicto a la “yerba maldita” (término muy común en los periódicos de los 50 y 60) debía consumir su pucho en la clandestinidad.

Bueno, ni tanto, porque por ejemplo en la penumbra de las salas de cine el “marihuano” aprovechaba para darse unos toques. El penetrante olor se esparcía al tiempo que en la pantalla había disparos o besos o persecuciones, o incluso cuando ya se había proyectado, instantes después de apagarse las luces, el prohibitivo aviso de “no fume”.

Un marihuanero, digamos en los sesenta, era alguien que podía ser capturado y llevado a la cárcel. En Medellín, por ejemplo, era común aplicarle un “treintazo”, término acuñado por varios inspectores de policía para señalar que el detenido (casi siempre “por sospecha”) permanecería treinta días encerrado en una celda o calabozo. También en Medellín, donde abundaron los camajanes de barrio, muchachos proletarios que se vestían con arrebato, excéntricos, buenos bailarines de música antillana, escuchadores de tango en bares y cantinas, y aspiradores de “marimba”, se bautizó al cantante puertorriqueño Daniel Santos, legendario marihuanero, como El Jefe.


En el turbulento bar El perro negro, sector de Guayaquil, el Inquieto Anacobero* (como también se le conoció a Santos) recibió su renombrada jefatura. Y la marihuana que consumía en la “ciudad industrial” la conseguía en un barrio de Envigado, Bandera Roja, de gaitanistas, guapos, putas y matones, proporcionada por el loco Alfredo. Era, según dicen, la mejor marihuana del continente porque el secreto del loco, que la sembraba en las vegas del río, era regarla con aguapanela y alcohol. El “jibarito” Santos quedó fascinado con ella (y muy bien “trabado”).

En los sesentas, la marihuana, muy consumida por ejemplo por los soldados estadounidenses que habían invadido a Vietnam, se erigió en determinados sectores juveniles como una irreverencia frente a las normas, una protesta más contra la opresión y los desafueros oficiales. Aquí y allá. La “mona”, otra designación de época, les daba cierto cartel a poetas, como el legendario Barba Jacob, cuya Balada de la loca alegría la recitaban algunos marihuaneros muchos años después de compuesta por el santarrosano: “soy un perdido, soy un marihuano”.

El nadaísta Darío Lemos llamaba “legumbre” a la “maracachafa”, matica que desde mucho tiempo atrás en Colombia era perseguida y proscrita. Por ejemplo, en 1946 la llamada Ley Consuegra endureció las penas por consumo y venta de marihuana, por considerar que atentaba contra la salud pública, y tres años después, el gobierno de Mariano Ospina Pérez prohibió el consumo y comercio de la marihuana en el territorio nacional. Sin embargo, la medida restrictiva provocó más ganas de fumarla.

Así por lo menos lo señala el investigador Eduardo Sáenz en “La ‘prehistoria’ de la marihuana en Colombia: consumo y cultivos entre los años 30 y 60″, al advertir que además del consumo de vieja data en la parte doméstica, el país “empezó a ser fuente de exportación desde los años 50″, y pone en Santa Marta el lugar de irradiación de la yerba hacia Estados Unidos. “En 1957, se reportó que marineros colombianos habían llevado marihuana a Nueva Orleáns a bordo del buque “Ciudad de Bogotá” de la Flota Mercante Grancolombiana. Incluso había sospechas de que se estaba exportando marihuana colombiana a otros países, además de Estados Unidos”, dice Sáenz en su texto.


 Así como a principios de los sesenta se señaló a los Cuerpos de Paz, del gobierno de John Kennedy, como auspiciadores del consumo y cultivo de marihuana en Colombia, para la década del setenta se daría la “bonanza marimbera”, auspiciada por tenebrosas bandas de narcotraficantes. Se volvió célebre la “Santa Marta Gold”, que “trabó” a millares de consumidores de bareta en los Estados Unidos. En el gobierno de López Michelsen se estableció la “ventanilla siniestra”, que permitió el libre cambio de dólares en el Banco de la República, sin que se averiguara su procedencia. A su vez, Washington impulsó una guerra contra las drogas, con la anuencia del gobierno de Turbay Ayala, y promovió la fumigación con glifosato en la Sierra Nevada de Santa Marta.

Después, se escucharon múltiples voces a favor de la legalización y consumo de marihuana. Y en esas estamos todavía. Carolo, tal vez el jipi más famoso que hubo en Medellín, promotor del célebre Festival de Ancón en 1971, pudo ser uno de los marihuaneros más expertos del país, tanto que estuvo en Holanda como catador de “la mona”. Y Roberto, que pudo ser el marihuanero más viejo del mundo, vivió muchos años en Bello, donde se distinguió por ser buen zapatero y por su extravagante “tumbao” al caminar.

 Roberto, el zapatero de Bello

NdE

*Anacobero en lengua ñáñiga —hablada por los afrodescendientes de la sociedad secreta cubana Abakuá— significa diablillo y por extensión bohemio.  (Fuente) La Asociación de Academias de la Lengua Española, en su diccionario de americanismos, da esta "definición": "Persona de raza negra cuya forma de hablar resulta incomprensible." Sin comentarios


Balada de la loca alegría

Mi vaso lleno –el vino del Anáhuac–
mi esfuerzo vano –estéril mi pasión–
soy un perdido –soy un marihuano–
a beber y a danzar al son de mi canción...
 
Ciñe el tirso oloroso, tañe el jocundo címbalo.
Una bacante loca y un sátiro afrentoso
conjuntan en mi sangre su frenesí amoroso.
Atenas brilla, piensa y esculpe Praxiteles,
y la gracia encadena con rosas la pasión.
¡Ah de la vida parva, que no nos da sus mieles
sino con cierto ritmo y en cierta proporción!
 
¡Reíd, danzad al soplo de Dionisos que embriaga el corazón...!
 
La Muerte viene. Todo será polvo
bajo su imperio: ¡polvo de Pericles,
polvo de Codro, polvo de Cimón!
 
Mi vaso lleno –el vino del Anáhuac.
Mi esfuerzo vano –estéril mi pasión.
Soy un perdido –soy un marihuano.
A beber– a danzar al son de mi canción...
 
De Hispania fructuosa, de Galia deleitable,
de Numidia ardorosa y de toda la rosa
de los vientos que beben las águilas romanas,
venid, puras doncellas y ávidas cortesanas.
 
Danzad en voluptuosos, lúbricos episodios,
con los esclavos nubios, con los marinos rodios.
Flaminio, de cabellos de amaranto,
busca para Heliogábalo en las termas
varones de placer... Alzad el canto,
reíd, danzad en báquica alegría,
y haced brotar la sangre que embriaga el corazón.
 
Danzad en voluptuosos, lúbricos episodios,
con los esclavos nubios, con los marinos rodios.
Flaminio, de cabellos de amaranto,
busca para Heliogábalo en las termas
varones de placer... Alzad el canto,
reíd, danzad en báquica alegría,
y haced brotar la sangre que embriaga el corazón.
 
La muerte viene. Todo será polvo:
¡Polvo de Augusto, polvo de Lucrecio,
polvo de Ovidio, polvo de Nerón!
 
Mi vaso lleno –el vino del Anáhuac.
Mi esfuerzo vano –estéril mi pasión.
Soy un perdido –soy un marihuano.
A beber –a danzar al son de mi canción...
 
Aldeanas del Cauca con olor de azucena,
montañesas de Antioquia con dulzor de colmena,
infantinas de Lima –unciosas y augurales–
y princesas de México, que es como la alacena
familiar que resguarda los más dulces panales;
y mozuelos de Cuba, lánguidos, sensuales,
ardorosos, baldíos,
cual fantasmas que cruzan por unos sueños míos;
mozuelos de la grata Cuscatlán –¡Oh ambrosía!–
y mozuelos de Honduras,
donde hay alondras ciegas por las selvas oscuras,
entrad en la danza, en el feliz torbellino,
reíd, jugad al son de mi canción.
 
¡La piña y la guanábana aroman el camino,
y un vino de palmeras aduerme el corazón!
 
La muerte viene. Todo será polvo:
¡polvo de Hidalgo, polvo de Bolívar,
polvo en la urna, y rota ya la urna,
polvo en la ceguedad del aquilón!
 
Mi vaso lleno –el vino del Anáhuac.
Mi esfuerzo vano –estéril mi pasión.
Soy un perdido –soy un marihuano.
A beber –a danzar al son de mi canción...
 
La noche es bella en su embriaguez de mieles,
la tierra es grata en su cendal de brumas;
vivir es dulce, con dulzor de trinos,
canta el amor, espigan los donceles,
se puebla el mundo, se urden los destinos...
¡Que el jugo de las viñas me alivie el corazón!
¡A beber! ¡A danzar en raudos torbellinos,
vano el esfuerzo, inútil la ilusión...!

 Léase también



YOSSI MELMAN
Opération "Jette ton pain" : les empoisonnements secrets d'Israël en 1948

 Yossi Melman, Haaretz, le 6/10/2022
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

Un nouvel article de Benny Morris et Benjamin Kedar révèle que bien avant la tentative d'assassinat foireuse, il y a 25 ans, contre Khaled Mechaal du Hamas, Israël a tenté un empoisonnement de masse pendant la guerre en 1948

Le 25 septembre 1997, des membres du Mossad de l'unité des forces spéciales Kidon (hébreu pour baïonnette) ont empoisonné Khaled Mechaal, le président du bureau politique du Hamas, à Amman, en Jordanie. L'un des agents tenait un petit tube et a vaporisé le poison dans l'oreille de Mechaal.

Le dirigeant du Hamas Khaled Mechaal s'adressant à la 8e  Conférence générale du Mouvement islamique soudanais à Khartoum, 2012. Photo : Mohamed Nureldin Abdallah/Reuters

Le modus operandi du Mossad est d'envoyer l'un de ses médecins sur les lieux de l'opération en cas de blessure d'un agent ayant besoin d'un traitement médical, sans risquer d'être démasqué dans un hôpital local. Une femme médecin, accompagnée de Mishka Ben David, l'un des officiers de renseignement du Mossad, a été choisie pour la mission en Jordanie. Ils se sont fait passer pour un couple israélien en vacances dans un hôtel d'Amman. Le médecin et Ben David possédaient un antidote, qui neutraliserait le poison s'il fuyait et blessait les agents par erreur. Israël gardait un antidote de secours à un autre endroit à Amman.

La mission a échoué. Le Premier ministre Benjamin Netanyahou a fait preuve de négligence et d'arrogance dans l'exécution d'une opération sur le sol jordanien, l'allié le plus stratégique d'Israël au Moyen-Orient. Trois ans plus tôt, la Jordanie avait signé un traité de paix avec l'État juif. Cependant, les renseignements étaient également médiocres et la prestation des agents sur le terrain insuffisante. Des membres du Mossad détenant des passeports canadiens falsifiés ont été arrêtés. Quatre autres ont trouvé refuge à l'ambassade d'Israël.

Le roi Hussein de Jordanie a menacé de prendre d'assaut l'ambassade et d'exécuter les agents. Pour apaiser le roi, Israël a accepté de libérer de prison le cheikh Ahmed Yassin, fondateur et chef spirituel du Hamas, et de sauver la vie de Mechaal. Le médecin et Ben David ont donné l'un des antidotes à un officier du renseignement jordanien, qui l'a transmis à un médecin jordanien. Israël a sauvé la vie de Mechaal, un ennemi acharné d'Israël jusqu'à aujourd'hui.

En plus de ces blessures auto-infligées aux intérêts nationaux d'Israël, l'une des conséquences les plus troublantes a été le fait que l'affaire Mechaal a forcé Israël à admettre publiquement qu'il avait utilisé du poison, une forme de guerre biologique. Jusque-là, les rapports sur l'utilisation de poison par les agents du renseignement israéliens étaient toujours attribués à des « sources étrangères ».


Wadie Haddad en 1970

Au moins deux autres incidents de cette nature ont été révélés dans la presse mondiale. L'un a eu lieu en 1978 avec la mort de Wadie Haddad, responsable opérationnel du Front populaire de libération de la Palestine [qu’il avait quitté, NdT]. Haddad était l'architecte du détournement spectaculaire d'avions israéliens et internationaux dans les années 1970, y compris le vol d'Air France détourné vers Entebbe, en Ouganda, en 1976. Au cours d'une opération audacieuse, les commandos israéliens ont tué les terroristes de Haddad, dont les 2 membres des Cellules révolutionnaires allemandes, et ont sauvé la plupart des otages.

Le Mossad a organisé la vengeance. Sachant que Haddad avait un penchant pour les sucreries, il a recruté un de ses assistants comme espion. Selon les instructions des officiers traitants du Mossad, l'aide a acheté du chocolat Cadbury de fabrication anglaise en Belgique. Le chocolat était rempli de poison préparé par des scientifiques israéliens pour le Mossad. L'aide palestinien l'a livré personnellement à Haddad, qui l'a mangé sans le partager. Haddad, qui souffrait de graves maladies sous-jacentes, mourut quelques semaines plus tard dans un hôpital de Berlin-Est. Jusqu'à aujourd'hui, les vétérans du Mossad se demandent si Haddad est mort du poison ou à cause de sa maladie, ou à cause de la combinaison des deux facteurs.

Treize ans après l'échec de la tentative d'assassinat contre Mechaal, le Mossad a frappé à nouveau. En 2010, des agents du Mossad ont empoisonné Mahmoud Mabhouh, un haut responsable du Hamas qui faisait la liaison avec l'Iran pour faire passer des armes à Gaza, dans sa chambre d'hôtel de Dubaï. Mabhouh est mort, et tous les membres de l'équipe touchée sont retournés sains et saufs en Israël. Mais la police de Dubaï a réussi à reconstituer l'opération, révélant que le Mossad avait utilisé de faux passeports occidentaux. Le Mossad a subi un coup porté à son prestige et à son image omnipotente, et l'affaire a nui aux relations extérieures d'Israël.


Le commandant de la police de Dubaï présentant des preuves concernant l'assassinat de Mahmoud al-Mabhouh à Dubaï en 2010. Photo : Reuters

Le Protocole de Genève de 1925 interdit l'emploi des armes biologiques. Cinquante ans plus tard, un autre accord international a été signé : la Convention sur l'interdiction de la mise au point, de la fabrication et du stockage des armes bactériologiques (biologiques) ou à toxines et sur leur destruction, communément appelée Convention sur les armes biologiques.

Cependant, alors que 183 États ont ratifié le traité, Israël, avec l'Égypte, la Somalie, l'Érythrée et les Comores, ont refusé d'y adhérer.