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25/10/2022

JIM BOVARD
Le mirage de la barbouzerie washingtonienne
Sur les aveux tardifs du sénateur Pat Leahy

 Jim Bovard, libertarianinstitute.org , 24/10/2022
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

James Bovard (1956) est un auteur et conférencier libertarien usaméricain dont les commentaires politiques visent des exemples de gaspillage, d'échecs, de corruption, de copinage et d'abus de pouvoir au gouvernement fédéral. Il est chroniqueur sur USA Today et est un contributeur fréquent de The Hill. Il est l'auteur de Public Policy Hooligan (2012), Attention Deficit Democracy (2006), Lost Rights : The Destruction of American Liberty (1994) et de 7 autres livres.  Il a écrit pour le New York Times, Wall Street Journal, Washington Post, New Republic, Reader' s Digest, The American Conservative et bien d'autres publications. Ses livres ont été traduits en espagnol, arabe, japonais et coréen. Ses articles ont été dénoncés publiquement par le chef du FBI, le maître général des postes, le secrétaire du HUD (Department of Housing and Urban Development), et les chefs de la DEA  (Drug Enforcement Administration), de la FEMA (Federal Emergency Management Agency), de l'EEOC (Equal Employment Opportunity Commission ) et de nombreux organismes fédéraux. (Comme l'a dit Mao Zedong, « être attaqué par l'ennemi n'est pas une mauvaise chose mais une bonne chose. »)

« Vous pouvez envoyer un homme au Congrès, mais vous ne pouvez pas le faire réfléchir », a dit l'humoriste Milton Berle dans les années 1950. Pour actualiser Berle : vous pouvez dépenser 60 milliards de dollars par an pour les agences de renseignement, mais vous ne pouvez pas obliger les politiciens à lire leurs rapports. Au lieu de cela, la plupart des politiciens restent incorrigiblement ignorants et désespérément poltrons lorsque les présidents entraînent l'USAmérique dans de nouveaux fiascos ultramarins.

Reporting for Duty, par Clifford K. Berryman, 2 avril 1917 : les représentants des 2 chambres au garde-à-vous devant le président Wilson, qui s’apprête à demander leur soutien pour la déclaration de guerre à l’Allemagne

La docilité du Congrès ouvre la voie à la guerre depuis au moins l'ère du Vietnam. En 1964, le président Lyndon Johnson a invoqué une attaque présumée du Nord-Vietnam contre un destroyer usaméricain dans le golfe de Tonkin pour faire adopter par le Congrès une résolution donnant à LBJ le pouvoir illimité d'attaquer le Nord-Vietnam. LBJ avait décidé plus tôt cette année-là d'attaquer le Nord-Vietnam pour relancer sa campagne de réélection. Le Pentagone et la Maison Blanche ont rapidement reconnu que les allégations fondamentales derrière la résolution du Golfe de Tonkin étaient fausses mais les ont exploitées pour sanctifier la guerre.

Lorsque l'histoire officielle des attentats du Golfe de Tonkin a commencé à se dévoiler lors des audiences secrètes du Sénat en 1968, le secrétaire à la Défense Robert McNamara a proclamé qu'il était « inconcevable que quiconque connaissait même à distance notre société et notre système de gouvernement puisse soupçonner l'existence d'une conspiration » pour amener l'USAmérique à la guerre sous de faux prétextes. Mais l'indignation ne saurait se substituer à des faits concrets. Le Sénateur Frank Church (Démocrate-Idaho) a déclaré : « Dans une démocratie, vous ne pouvez pas vous attendre à ce que les gens, dont les fils sont tués et qui seront tués, exercent leur jugement si la vérité leur est cachée. » Le président de la commssion, le sénateur J. William Fulbright (Dém-Arizona), a déclaré que si les sénateurs ne s'opposaient pas à la guerre à ce moment-là,  « nous ne sommes qu'une annexe inutile à la structure gouvernementale ». Mais d'autres sénateurs ont bloqué la publication d'un rapport d'état-major sur les mensonges derrière l'incident du golfe de Tonkin qui propulsait une guerre tuant 400 soldats usaméricains par semaine. Le sénateur Mike Mansfield (Dém-Montana) a prévenu : « Vous donnerez aux gens qui ne sont pas intéressés par les faits une chance de les exploiter et de les magnifier hors de toute proportion. » La même présomption a protégé chaque débâcle militaire subséquente des USA.

Des membres du Congrès paresseux et lâches ont perpétuellement ouvert la voie au carnage outre-mer. En octobre 2002, avant le vote sur la résolution du Congrès visant à permettre au Président George W. Bush de faire ce qu'il voulait de l'Irak, la CIA a remis une évaluation classifiée de 92 pages des armes de destruction massive irakiennes à Capitol Hill (le Congrès). Le rapport classifié de la CIA suscitait beaucoup plus de doutes sur l'existence des armes de destruction massive iraquiennes que le résumé de 5 pages que tous les membres du Congrès ont reçu. Le rapport était conservé dans deux salles sécurisées, l'une pour la Chambre des représentants et l'autre pour le Sénat. Seuls six sénateurs ont pris la peine de visiter la salle pour examiner le rapport, et seule une « poignée » de congressistes ont fait de même, selon le Washington Post. Le Sénateur John Rockefeller (Dém-Virginie occ.) a expliqué que les membres du Congrès étaient trop occupés pour lire le rapport : « ‘Tout un chacun dans le monde veut venir vous voir’ dans votre bureau, et aller dans la salle sécurisée n'est ‘pas facile à faire’. »

Des centaines de milliers d'USAméricains ont été envoyés à 9600 km de là parce que les membres du Congrès ne pouvaient pas se donner la peine de traverser la rue à pied. Les membres du Congrès ont agi comme si aller dans une pièce sécurisée pour parcourir un document de 92 pages équivalait à lire l'ensemble des 38 volumes de l'Encyclopedia Britannica à la lumière d’une bougie dans un placard moisi. La plupart des membres du Congrès avaient amplement le temps de prononcer des discours soutenant le sabre de Bush, mais pas le temps de passer au crible les prétendues preuves de la guerre. Les seules preuves pertinentes pour de nombreux membres du Congrès étaient les sondages montrant un fort soutien pour le président.

Illustration de POLITICO pour l'extrait des mémoires de Leahy qu'il a publié (cité ci-dessous)

De plus amples détails sur le chemin de la guerre en Irak ont été exposés dans les nouvelles mémoires du sénateur Patrick Leahy, The Road Taken. Leahy était l'un des rares sénateurs à se rendre dans la salle réservée pour lire certains documents confidentiels sur la guerre.  Alors que lui et sa femme se promenaient le dimanche dans leur quartier de McLean, en Virginie, en septembre 2002 :

« Deux joggueurs en forme se sont mis à nous suivre. Ils se sont arrêtés et ont demandé ce que je pensais des briefings de renseignement que j'avais obtenus… Je me suis soumis à la clause de non-responsabilité requise selon laquelle, si j'assistais à des briefings et que ceux-ci étaient classifiés, je ne pouvais pas reconnaître qu'ils avaient eu lieu et je ne pouvais pas dire qu’ils avaient eu lieu. Ils m'ont dit qu'ils comprenaient cela, mais ont demandé si les briefeurs m'avaient montré le Dossier Huit.

Il était évident, en voyant la mine que je faisais, que je n'avais pas vu un tel dossier. Ils ont suggéré que je devrais et que je pourrais trouver cela intéressant. Peu de temps après, je me suis arrangé pour voir le Dossier Huit, et cela contredisait une grande partie de ce que j'avais entendu de l'administration Bush.»

Y aurait-il eu un happy end ?   Non pas tout à fait ! Quelques jours plus tard, Leahy et sa femme marchaient et les mêmes joggueurs sont réapparus et ont demandé ce qu'il pensait de ce dossier secret. Leahy a commenté : « C'était la conversation la plus effrayante que j’ai vécue à Washington. Je me sentais comme une version sénatoriale de Bob Woodward rencontrant Gorge Profonde uniquement en plein jour. » Les joggueurs demandèrent alors si Leahy « s’était également fait montrer le Dossier Douze, en utilisant un mot de code…Le lendemain, j'étais de retour dans la salle sécurisée du Capitole pour lire le Dossier Douze, et cela contredisait encore les déclarations de l'administration, et en particulier du vice-président Cheney. »

Le dimanche suivant, Leahy et sa femme passaient devant l'ancienne propriété de Robert Kennedy lorsque des voitures noires avec de multiples antennes et des fenêtres obscurcies se sont garées. Leahy écrit :

« Un membre du cercle présidentiel rapproché s'est penché par la fenêtre arrière, saluant à la fois moi-même et [ma femme] Marcelle, et m'a demandé s'il pouvait me parler…Je suis monté dans la voiture avec lui pendant que les agents de sécurité sortaient de la voiture. Nous nous sommes assis là et nous avons discuté, et il a dit : « Je comprends que vous avez vu les dossiers huit et douze. » J'ai dit que oui, et je savais bien sûr qu'il les avait vus. Il a dit : “Je comprends aussi que vous allez voter contre la guerre.” J'ai dit : « Je vais le faire, parce que nous savons tous qu'il n'y a pas d'armes de destruction massive et que les raisons d'aller en guerre ne sont tout simplement pas là. » Il m'a demandé s'il pouvait m'en dissuader, et j'ai dit non, et nous avons mis fin à la conversation. J'ai commencé à sortir de la voiture, et il a dit qu'ils me raccompagneraient. « Merci, laissez-moi vous dire où j'habite. »

Le haut fonctionnaire anonyme de l'administration Bush a répondu : « Nous savons où vous habitez. » Leahy n'a pas demandé au mec s'il connaissait aussi tous les mots de passe de son ordinateur.

Leahy a voté contre la résolution Bush d'utiliser la force militaire contre l'Irak. Mais Leahy a attendu 20 ans pour révéler les magouilles internes qu'il avait vues sur la route de la guerre. Et Leahy refuse toujours de révéler le nom du « membre du cercle présidentiel » qui le harcelait ce matin-là à McLean. Jimmy Dore, animateur de podcast, s'est moqué que l'histoire de Leahy était « comme un thriller politique, mais à la fin rien ne se passe et rien n'est résolu ». Dore a commenté : « Il y a une guerre de toute façon et il ne dit rien pendant 20 putains d'années. Fin. Ont-ils au moins pris la peine de tester cette fin auprès du public ? » Edward Snowden a gazouillé sur l'histoire de Leahy : « Comment Leahy pouvait-il s'asseoir sur des informations classifiées qu'il savait pouvoir arrêter une guerre ? »

Mais les dissimulations sont souvent inutiles à Washington parce que peu de membres du Congrès y prêtent attention. Après la mort de quatre soldats usaméricains au Niger en 2017, les sénateurs Lindsey Graham (Républicain-Caroline du Sud) et Charles Schumer (Dém-New-York) ont admis qu'ils ne savaient pas qu'un millier de soldats usaméricains avaient été déployés dans ce pays africain [savaient-ils même pù se trouve ce pays ?, NdT]. Graham, membre de la Commission des services armés du Sénat, a admis : « Nous ne savons pas exactement où nous en sommes dans le monde militairement et ce que nous faisons. » Les troupes usaméricaines étaient engagées dans des combats dans 14 pays étrangers à l'époque, prétendument contre des terroristes. Mais la plupart des membres du Congrès ne peuvent probablement pas citer plus de 2 ou 3 pays où les troupes américaines se battent.

Alors que le gouvernement usaméricain est devenu beaucoup plus secret au cours des dernières décennies, les commissions du renseignement du Congrès auraient fourni un contrepoids aux agences qui se cachent derrière des rideaux de fer. Mais « commission  du renseignement » est peut-être le plus grand oxymore de Washington.

Les commissions du renseignement du Congrès font assaut de courbettes à la CIA et à d'autres agences. La Commission sénatoriale du renseignement a effectivement absous tous les mensonges de l'administration Bush sur la voie de la guerre contre l'Irak. Lorsque son rapport a été publié au milieu de 2004 (juste à temps pour stimuler la campagne de réélection de Bush), le président de la commission, le sénateur Pat Roberts (Rép-Kansas), a annoncé : « La commission a constaté que la communauté du renseignement souffrait de ce que nous appelons une pensée de groupe collective. » Et comme tout le monde avait tort, personne n'était en faute, surtout le vice-président Dick Cheney. (Antiwar.com avait raison bien avant le début de la guerre). La CIA n'a pas non plus payé le prix quand elle a été prise en train d'espionner illégalement l'enquête de la commission du renseignement du Sénat sur la torture de la CIA sous l'administration Obama.

Et puis il y a les récompenses officielles pour léchage de bottes. La CIA décerne publiquement sa médaille au sceau de l'Agence aux membres du Congrès qui augmentent son budget, dissimulent ses crimes et s'abstiennent de poser des questions embarrassantes. Pat Roberts en a obtenu une - avec la congressiste Jane Harman (Dém-Californie), le Sénateur John Warner (Rép-Virginie) et le congresssiste Pete Hoekstra (Rép-Michigan)- tous des larbins fiables de l'agence. Les Pères Fondateurs se retourneraient dans leurs tombes à l'idée que les agences fédérales décernent des prix aux membres du Congrès qui étaient censés les tenir en laisse. C’est comme si un juge se vante d'avoir reçu un prix de la fonction publique d'un mafieux qu'il a déclaré non coupable, en connivence avec lui.

Il y a des membres du Congrès intelligents, dévoués et respectés qui surmontent la léthargie et les obstacles bureaucratiques pour en apprendre assez pour reconnaître les folies des interventions proposées. Mais ces âmes vaillantes seront probablement toujours dépassées en nombre par le troupeau de sénateurs et de représentants bien plus enclins à parcourir les derniers sondages qu'à lire un rapport officiel plus long que les 140 signes d’un gazouillis


« ça doit être le signal au Sénateur Leahy qu'il est temps qu'il rentre à la maison » : le commentaire du dessinateur RJ Matson à l'annonce par Patrick Leahy, 82 ans, qu'il ne se représentera plus aux élections du 8 novembre 2022. 8 mandats de suite sur 48 ans, ça devrait suffire. Membre du Sénat le plus âgé et donc son président pro tempore, Pat était l'un des Watergate babies, ces Démocrates ayant été élus au Congrès et au Sénat en 1975, après la démission de Tricky Dicky Nixon. Il a, entre autres nombreux faits d'armes, joué des petits rôles dans six films de Batman. D'où le dessin de Matson. Le décor bucolique est celui du Vermont, dont Leahy est l'un des 2 représentants (l'autre étant Bernie Sanders).

REINALDO SPITALETTA
Molière et le rire absolutiste
400 ans et pas une ride  

Reinaldo Spitaletta, Chapeau de magicien, El Espectador 24/10/2022

Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Contre le roi, contre le pouvoir, contre les hypocrites et les flagorneurs qui prient tout en posant leur hache sur le cou de quelqu'un qui deviendra bientôt un décollé, il ne reste plus que la folie de l'art. Il ne nous reste plus, à nous qui subissons les oppressions du seigneur féodal, du prince, du président, d’un quelconque dictateuricule, que le rire comme réconfort et comme sarbacane pour lancer des fléchettes qui, nous le savons, bien qu'empoisonnées, ne mettront pas à bas l’establishment, mais lui causeront des démangeaisons et d'autres désagréments.

Représentation du « Malade imaginaire » à Versailles, devant Louis XIV et sa cour, avec Molière en scène, à l'été 1674 (Gravure de Jean Lepautre, 1618-1682) ; Photo Josse / Bridgeman Images

Cette année a été celle de Molière, celle de ses œuvres, de ses passions, de ses personnages, de ses relations avec le pouvoir, en l'occurrence le pouvoir absolu et divin du Roi Soleil, et de tout ce qu'il a laissé derrière lui avec ses comédies, avec son rire. Les anniversaires, qu'ils soient de naissance ou de mort, dans le cas d'artistes, de scientifiques, de philosophes (pas tant ceux de politiciens) et d'autres penseurs, qu'on a aussi appelés tire-au-cul, galvaudeux,  pique-assiettes et tout autre nom d’oiseau désignant quiconque, du point de vue utilitariste, ne donne pas de plus-values, sont une occasion de passage en revue, d'apprentissage, de mémoire et d'avoir de nouvelles références.


Ce Molière, moins connu sous son nom de Jean-Baptiste Poquelin, est de nouveau sur le devant de la scène (qu’il n’a d'ailleurs jamais quittée), à l'occasion des quatre cents ans de sa naissance. Le fils du tapissier du roi revient sur les planches (dont il ne s'est jamais éloigné non plus), aux causeries et conférences, à sortir dans les journaux et à circuler de bouche à oreille, bien que ce ne soit qu'une façon de parler. On aimerait que notre vie quotidienne soit plus ouverte aux conversations sur un artiste du XVIIe siècle (rien à cirer, diront certains), dont les archétypes et les personnages continuent à donner du grain à moudre.

Ces commémorations ne manqueront pas de rappeler que Molière, avec toutes ses rigolades, était un mélancolique, en plus d’être (comme l'a signalé Harold Bloom dans sa mosaïque de cent esprits créatifs et exemplaires) un cocu éminent, qui dépendait « entièrement de la protection de Louis XIV, le Roi Soleil, dont le critère littéraire était heureusement excellent ». Et sa peur d'être toujours en train de montrer les cornes, il l'a donnée à voir dans plusieurs de ses comédies et farces, dont L'école des femmes, l'une de ses œuvres les plus célèbres.

Ces éphémérides, surtout  de quelqu'un qui connaissait les pouvoirs du rire, nous rapprochent de l'homme et de l'artiste. Ce monsieur baroque, qui a étudié avec les jésuites, est devenu avocat et a été accusé en son temps d'inceste, a dû avoir du génie pour créer près de trois cent cinquante personnages. Tant de gens, tant d'experts et de chercheurs se sont occupés de sa vie, de sa passion et de son œuvre, comme, par exemple, Julio Gómez de la Serna, traducteur et auteur d'une merveilleuse étude introductive aux Œuvres complètes de Molière, en espagnol éditées par Aguilar.

Molière, qui provoqua tant d’« aboiements dans la meute des envieux » de son époque (rappelons cette peste des envieux a été abondante à toutes les époques), est un créateur d'archétypes terribles, universels, qui sont valables là-bas comme ici. Nous sommes pleins de tartuffes, d'hypocrites et de faux dévôts, à la « double» morale(tte). Interdit après sa première, bien que sa représentation eût été jusqu'à faire mdr l'absolutiste Roi Soleil, Tartuffe a donné des boutons aux curés et autres maîtres ès-pruderie. Ah, et il va sans dire que, malgré toutes les oppositions moraloïdes, le roi a accordé de nouvelles distinctions et réajustements de pension à l'artiste qui, rappelons-le, était non seulement auteur, mais acteur et metteur en scène. Les pensions en question ne semblaient pas si faciles à payer et le scandale de Tartuffe a atteint la santé du grand comédien.

Des gens comme Voltaire, Boileau, J.J. Rousseau se sont occupés de la vie et l’œuvre de Molière, et certains autres avec des intentions malveillantes, comme ce fut le cas au début du XXe siècle avec le poète Pierre Louÿs (il déclara avec une volonté perverse de discréditer son compatriote, que Molière n'était pas l'auteur de ses œuvres, mais que c’était le grand tragédien Corneille, etc.). Molière a bu le lait de la poésie populaire médiévale, a appris l'histoire du rire dans les carnavals et autres fêtes, et dans une partie de sa vie il a été un bululú [acteur ambulant espagnol de « one man show », jouant tous les rôles, NdT] ou un ménestrel.

Avec le musicien d'origine italienne Jean-Baptiste Lully (créateur de l'opéra français et courtisan de Louis XIV), et le chorégraphe Pierre Beauchamp, Molière est l'auteur de ballets comiques, tels que Le Bourgeois gentilhomme et L'Amour médecin, entre autres. Il participe à une révolution dans la danse et le théâtre. Tout comme il a fait la satire d'autres milieux sociaux, les médecins ont eu droit à une bonne volée de bois vert. Tuberculeux, en plus d'hypocondriaque, Molière a représenté dans le dernier spectacle de sa vie le Malade imaginaire (comédie en trois actes, 1673). « Presque tous les hommes meurent de leurs remèdes et non pas de leurs maladies », dit Argan, le protagoniste de cette comédie. La légende dit que Molière est mort sur scène.

REINALDO SPITALETTA
Molière y la risa absolutista
400 años y ni una arruga

Reinaldo Spitaletta, Sombrero de mago, El Espectador, 24-10-2022

Solo queda la locura del arte contra el rey, contra el poder, contra los hipócritas y camanduleros que rezan al tiempo que depositan su hacha en el cuello de alguien que pronto se convertirá en descabezado. Solo nos queda, a los que padecemos las opresiones del señor feudal, del príncipe, del presidente, de cualquier dictadorzuelo, la risa como consuelo y como cerbatana para lanzar dardos que, ya sabemos, aunque estén envenenados no darán al traste con el establecimiento, pero sí le provocarán picazón y otras molestias.


Representación de “El Enfermo imaginario” en Versalles, ante Luis XIV y su corte, con Molière en escena, en el verano de 1674 (Grabado de Jean Lepautre, 1618-1682); Foto Josse / Bridgeman Images

Este año ha sido el de Molière, el de sus obras, sus apasionamientos, sus personajes, sus relaciones con el poder, en este caso, el poder absoluto y divino del Rey Sol, y de todo lo que fue dejando a su paso con sus comedias, con su risa. Los aniversarios, tanto de nacimientos o de muertes, en el caso de artistas, científicos, filósofos (no tanto el de políticos) y otros pensadores, a los que también se les ha llamado vagos, “malentretenidos”, parásitos y todo lo que desde la perspectiva del utilitarismo no da plusvalías, es ocasión para el repaso, para el aprendizaje, para la memoria y para tener nuevas referencias.


 El tal Molière, menos conocido como Jean-Baptiste Poquelin, está otra vez en la palestra (de la que, además, nunca se ha ido), por cumplirse los cuatrocientos años de su natalicio. El hijo del tapicero del rey vuelve a los tablados (de los que tampoco jamás se alejado), a las charlas y conferencias, a salir en periódicos y a estar de boca en boca, aunque esto último es solo un decir. Ojalá la vida cotidiana fuera más abierta a las conversas sobre un artista del siglo XVII (qué nos importa eso, dirán algunos), cuyos arquetipos y personajes siguen dando de qué hablar.

No faltarán en estas conmemoraciones los que recuerden que Molière, con toda su risotada, era un melancólico, además (como lo advirtió Harold Bloom en su mosaico de cien mentes creativas y ejemplares) de un cornudo eminente, que dependía “completamente de la protección de Luis XIV, el Rey Sol, cuyo criterio literario afortunadamente era sobresaliente”. Y su temor de estar siempre mostrando los “cachos” lo hizo notar en varias de sus comedias y farsas, entre ellas La escuela de las mujeres, una de sus más célebres obras.

Estas efemérides, más que todo de alguien que supo de los poderes de la risa, nos acercan al hombre y al artista. Debió tener genio este señor barroco que estudió con jesuitas, se hizo abogado y fue acusado en su tiempo de incestuoso, para crear cerca de trescientos cincuenta personajes. De su vida, pasión y obra se han ocupado tantas gentes, tantos expertos e investigadores, como, por ejemplo, Julio Gómez de la Serna, traductor y autor de un estupendo estudio preliminar a las Obras completas de Molière, editadas por Aguilar.

Molière, que provocó tantos “ladridos en la jauría de envidiosos” de su época (recordemos que de envidiosos todos los tiempos han sido abundantes en estas pestes), es un creador de arquetipos tremendos, universales, que son válidos por allá como por aquí. Estamos llenos de tartufos, de hipócritas y falsos devotos, de la “dublé” y otras moralinas. Prohibido tras su estreno, aunque de su representación gozó hasta doblarse de la risa el absolutista Rey Sol, Tartufo les sacó chispas a clérigos y otros mojigatos. Ah, y no sobra decir que, pese a todas las oposiciones moraloides, el rey le otorgó nuevas distinciones y reajustes de pensión al artista que, recordemos, era no solo autor, sino actor y director. Lo de las pensiones parece que no era tan fácil que se las pagaran y el escándalo con Tartufo disminuyó la salud del gran comediante.

Molière, de cuya vida y obra se han encargado gentes como Voltaire, Boileau, J.J. Rousseau, y hasta algunos con intenciones malignas, como sucedió a principios del siglo XX con el poeta Pierre Louÿs (declaró con protervas ganas de desprestigiar a su paisano, que Molière no era el autor de sus obras, sino el gran trágico Corneille, etc.), digo que Molière bebió de la poesía popular medieval, supo de la historia de la risa en los carnavales y otras fiestas, y en una parte de su vida se erigió como un bululú o un juglar.

Junto con el músico de origen italiano Jean-Baptiste Lully (creador de la ópera francesa y cortesano de Luis XIV), y el coreógrafo Pierre Beauchamp, Molière es autor de ballets cómicos, como El burgués gentilhombre y El amor médico, entre otros. Es partícipe de una revolución en la danza y el teatro. Así como satirizó a otros estamentos sociales, a los médicos también les dedicó su buena tanda. Tuberculoso, además de hipocondríaco, Molière representó en la última función de su vida a El Enfermo imaginario (comedia en tres actos, de 1673). “Casi todos los hombres mueren por las medicinas recibidas y no por las enfermedades”, dice Argán, protagonista de esta comedia. La leyenda afirma que Molière murió en el escenario.

24/10/2022

SERGIO FERRARI
Aumentan las protestas sociales: Europa entre guerra, crisis y un invierno que puede ser helado

Sergio Ferrari, 24-10-2022

Una parte significativa de Europa se convirtió la tercera semana de octubre en una olla a presión en la que empezó a calentarse la sopa del conflicto. A este ritmo, de mantenerse prendida la cocina, el continente se dirige hacia una etapa muy tensa debido a las consecuencias directas de la guerra, entre ellas la creciente tensión social.

La crisis europea es sostenida y va en aumento, agravada por el impacto cada vez más visible del conflicto Rusia-Ucrania en la vida cotidiana. Los aumentos exorbitantes, especialmente en electricidad, combustibles y servicios, hacen explotar los presupuestos familiares y desencadenan la cólera sindical.

Jornada de lucha del 18 de octubre en Francia_ Los afiches dicen Respeto al derecho de Huelga y Aumento de salarios y pensiones Foto CGT

La cólera francesa

En Francia, el martes 18 de octubre se realizó una jornada interprofesional de protesta. Habían pasado solo tres días desde la masiva movilización convocada el por la Nueva Unión Popular Ecologista y Social (NUPES), que en las legislativas de junio pasado se convirtió en la segunda fuerza más votada. Como de costumbre, la batalla de cifras complica el balance: mientras que los organizadores estimaron la participación el martes en unas 300.000 personas, los portavoces oficiales indicaron un número tres veces menor.   


Mapa de las 150 movilizaciones locales en la jornada de huelga del 18 de octubre en Francia_Belgica y Luxemburgo Gráfico CGT

La huelga sectorial que se inició a fines de septiembre en las refinerías de petróleo, se extendió el martes 18 a otros sectores, con impactos parciales: servicio público, energía, transporte urbano, industria alimentaria, comercio y personal de institutos profesionales. Las dos principales reivindicaciones fueron la exigencia de un aumento salarial y la oposición categórica a que los trabajadores en lucha sean forzados a volver al trabajo. Saltando fronteras, el 8 y el 9 de octubre varios centenares de activistas habían manifestado y bloqueado instalaciones de TotalEnergie también en Bélgica.

Protestas sociales en Bélgica el 8 y 9 de octubre 2022 Foto La Relève

 En la industria petrolera francesa, el conflicto sindical continuó aun hasta el jueves 20. Ese día se normalizaron tres de los cinco centros aun paralizados luego de que los huelguistas alcanzaran logros aceptables. El suministro de combustible en las estaciones de servicio fue caótico en Francia desde fines del mes pasado.

Para la Confederación General del Trabajo (CGT) de Francia, “a pesar de los enormes beneficios que obtienen las compañías petroleras, en particular Total y Exxon, éstas se niegan a aceptar las exigencias de los trabajadores”. La CGT subraya que el reclamo consiste en recuperar la pérdida del poder salarial causada por la inflación y asegurar una mejor distribución de la riqueza creada por los trabajadores mientras se pagan miles de millones de euros en dividendos a los accionistas.

Se calcula que solo en el primer semestre del año en curso, TotalEnergies registró más de 10.000 millones de dólares de beneficios. Este gigante petroquímico, con sede en Francia, cuenta con 105.000 trabajadores en 130 países. En 2021 contabilizó ingresos por 184,7 miles de millones de dólares.


Convocatoria a la manifestación del 22 de octubre en Italia

Roma, a la calle

En Italia, las principales centrales sindicales del país realizaron el sábado 22 de octubre una manifestación unitaria que convocaron en Roma en defensa de la “Salud y la Seguridad en el Trabajo”. Argumentan que en lo que va de 2022 se produjeron 600 muertes y 400 mil accidentes laborales, así como un altísimo número de irregularidades empresariales que irrespeta el cumplimiento de cláusulas básicas. Para los convocantes, "no se trata solo de números, sino también de la vida de las personas, su dignidad y sus derechos”.

Esta convocatoria, que según varios analistas políticos puede calentar los motores de la protesta social, dio continuidad a la masiva movilización sindical que la Confederación General Italiana del Trabajo (CGIL, su sigla en italiano) convocó el 8 de octubre en esa capital, exactamente un año después del ataque por parte de grupos neonazis contra su sede central y menos de dos semanas después de la victoria electoral de la extrema derecha de Fratelli d’Italia. Resultado que puso en tensión al movimiento sindical y las fuerzas políticas progresistas.

Las dos reivindicaciones de esta primera protesta luego de las recientes elecciones italianas fueron la defensa de un salario mínimo digno y la búsqueda de alternativas al conflicto bélico entre Rusia y Ucrania.  "Frenar la guerra con negociaciones, no con el envío de armas", constituyó una de las consignas de la manifestación.

Bellinzona, Tesino, 17 de octubre: "Luchamos por nuestra salud y dignidad"

Se despierta Suiza

En la pequeña Bellinzona, capital del cantón Tesino, fronterizo con Italia, los trabajadores de la construcción dieron el pitazo inicial de un proceso de movilizaciones que se ampliará nacionalmente en las próximas semanas.

Más de 2 mil quinientas personas participaron el lunes 17 de octubre en una marcha (en una ciudad de apenas 40 mil habitantes) que continuará con futuras manifestaciones el 1 de noviembre en Basilea; el 7 y el 8 en otras cinco ciudades de la Suiza francesa, y el 11 en Zúrich, donde se realizará una jornada nacional.

Lo que está en juego es la negociación de un nuevo Convenio Colectivo de Trabajo con la patronal empresaria de la construcción. Según el sindicato UNIA, la patronal insiste en sus condiciones reaccionarias. Ignora las reivindicaciones de los trabajadores y busca negociar eventuales aumentos salariales imponiendo el deterioro de las condiciones de trabajo. Para el sindicato helvético, la realidad es paradójica: en un país donde se está construyendo más que nunca, las condiciones laborales son cada día peores. La patronal procura suprimir todas las regulaciones pertinentes a las horas de trabajo imponiendo jornadas diarias de hasta 12 horas (sin contar el traslado hasta las obras) y semanas de hasta 58 horas. “Se trata de un ataque a la salud y a la vida familiar de los trabajadores de la construcción”, denuncia el sindicato.

El malestar social, con distintos rostros y reivindicaciones concretas, se manifestó también en la segunda semana de octubre cuando los choferes del transporte público de Ginebra paralizaron el servicio durante 36 horas para exigir --con relativo éxito-- un reajuste salarial para compensar el deterioro del nivel de vida. 

"Familia y trabajo", no "familia o trabajo": ¡Basta Ya!

Por su parte, el 17 de octubre entraron en huelga por tres días, en el aeropuerto suizo de Zúrich, los pilotos de Eurowings, filial de Lufthansa de Alemania. Como consecuencia, se canceló la mayoría de los vuelos de esa compañía de bajos costos con origen y destino en Zúrich. Un día antes, los pilotos de SWISS International Air Lines --otra filial de Lufthansa--, votaron la huelga si en los próximos días el directorio de la empresa no presenta una propuesta aceptable en cuanto a salarios y condiciones de trabajo.

-¿Eurowings en huelga? ¿Qué puede ofrecerme como opción alternativa?
-Chicken wings
Viñeta de Harm Bengen, Alemania

Malestar en otros países

En España, los sindicatos del sector ferroviario están convocando una huelga de la empresa Renfe (Red Nacional de Ferrocarriles Españoles) para el 28 de octubre y paros parciales el 7 y el 11 de noviembre. Las protestas son resultado de la inacción de la empresa para acordar el nuevo convenio colectivo, indican los promotores de dicha medida de fuerza. Los sindicatos exigen, además, que se dé respuesta “a la evidente falta de personal en todas las áreas y colectivos de la empresa” mediante la prórroga de los contratos temporales.

Unas 15 mil personas, según fuentes oficiales, se movilizaron el 15 de octubre en Madrid para exigir la actualización de pensiones y salarios conforme al Índice de Precios de Consumo. Dos de las principales centrales sindicales españolas (Comisiones Obreras y UGT), anticiparon una jornada de protesta nacional para el 3 de noviembre. En tanto, sectores de la izquierda anticapitalista organizan encuentros y debates en 40 ciudades para replicar en la península las protestas que se están dando en Bélgica, Francia y Gran Bretaña.

Octubre también ha despertado en un ambiente de cólera en Gran Bretaña, donde se esperan nuevas manifestaciones en las próximas semanas. El 1 de octubre, varias protestas sociales desbordaron las calles de los centros urbanos más grandes con reivindicaciones precisas que van desde el aumento salarial hasta la protección del clima.

Adicionalmente, diversas organizaciones --en particular del movimiento juvenil-- han convocado nuevas movilizaciones en distintas ciudades europeas durante las próximas semanas, retomando la iniciativa de ganar las calles en defensa del clima. Convencidos de que la sociedad civil planetaria en general y la europea en particular, deben exigir resultados concretos a la Conferencia de las Naciones Unidas sobre el Cambio Climático, la COP27 que se realizará en Sharm el-Sheij, Egipto, del 6 al 18 de noviembre. 

#LibérenlosATodos #LibérenAAlaa: Campaña por la liberación de Alaa Abdlfattah y los 60.000 presos políticos en Egipto

Europa palpita. Se moviliza y protesta ante la dimensión de la crisis económica y social. En paralelo, comienza a tomar fuerza entre expertos y analistas –y más tibiamente entre sindicatos y actores sociales-- la pregunta sobre quién pagará la factura principal de la guerra Ucrania-Rusia y de la futura reconstrucción de Ucrania. En este conflicto, en el propio corazón europeo, nada es gratis. La industria bélico-armamentista, la principal beneficiada, le saca punta al lápiz y se refriega las manos. La ciudadanía europea, ya sancionada por el aumento estrepitoso de los precios de los combustibles y la energía, empieza a alzar la voz.

23/10/2022

HAGAR SHEZAF
Des matelas sur les chantiers  : la vie des Gazaouis travaillant en Israël

Hagar Shezaf, Haaretz, le 23/10/2022
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

Issa a travaillé en Israël comme tailleur dans les années 1980, une époque qu'il décrit comme la meilleure de sa vie. Des décennies plus tard, il balaie les rues de Jaffa. Imad rénove des maisons dans le sud, retournant à sa famille une fois toutes les deux semaines. Ce sont les ouvriers de Gaza, qui entrent en Israël avec l'espoir de gagner leur vie

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