Pourquoi le 8 mars n’est pas « la journée de la femme »
Journée internationale des droits des femmes 2023 Paris
Internationaler Frauentag Veranstaltungen in Berlin
Pourquoi le 8 mars n’est pas « la journée de la femme »
Journée internationale des droits des femmes 2023 Paris
Internationaler Frauentag Veranstaltungen in Berlin
Reinaldo
Spitaletta, Sombrero de mago, 7/3/2023
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala
Comme la Journée internationale des femmes s’est banalisée ! Elle n’est plus qu’une caricature, vidée de son histoire et de sa mémoire. Il a été dit que le capitalisme est habile à transformer en marchandise ce qui était autrefois une menace pour sa stabilité et ses contraintes. Ce qui a émergé comme une demande sociale, avec des protestations populaires, avec des soulèvements, avec des morts et de nombreuses blessures, avec du sang, doit être transformé en une frivolité, car il peut être vendu et dépouillé de son contexte.
La lutte des femmes pour la conquête de leurs droits est longue, avec une présence peu visible mais historique dans la Révolution française, et un vaste catalogue de manifestations de protestation aux XIXe et XXe siècles. Le capitalisme, qui, selon les mots de Marx, est né « ruisselant de sang par tous les pores », a introduit des horaires de travail inhumains, ce qui a donné lieu à des mouvements de protestation colossaux en Europe et aux USA, comme La lutte pour les “Trois Huit”.
Aux luttes des travailleuses pour des revendications économiques s’ajoutent des luttes pour des droits politiques, comme le suffrage et l’élimination de toute forme de discrimination à l’égard des femmes. Au milieu des luttes aux USA, il y a eu des grèves et des mouvements héroïques, comme ceux des célèbres Martyrs de Chicago, qui ont conduit à la création mondiale du 1er Mai. Les immigrés, en masse, deviennent une main-d’œuvre bon marché dans les usines, comme les usines textiles, avec une majorité de travailleuses.
Dans Une histoire populaire des États-Unis, Howard Zinn dépeint des paysages austères de travailleurs exploités jusqu’à la moelle et raconte les nombreuses luttes des femmes et des hommes pour la dignité et une vie meilleure. Un poète populaire, Edwin Markham, a écrit dans le magazine Cosmopolitan sur les conditions de travail misérables : « Dans des pièces non ventilées, les mères et les pères cousent jour et nuit... et les enfants qui jouent sont appelés par les patrons à travailler aux côtés de leurs parents ».
Dans diverses usines textiles, notamment aux USA, de graves accidents ont eu lieu, avec de nombreux décès, en raison des conditions infrahumaines d’exploitation et d’insécurité industrielle. Les femmes, entassées dans les usines, travaillent seize heures par jour. À New York, au début du XXe siècle, il y avait cinq cents ateliers de confection. « Dans ces trous insalubres, tous, hommes, femmes et jeunes, travaillaient soixante-dix à quatre-vingts heures par semaine, y compris les samedis et les dimanches ! Le samedi après-midi, ils accrochaient un panneau disant : “Si vous ne venez pas le dimanche, inutile de venir le lundi” », témoigne une femme, citée par Zinn.
Reinaldo Spitaletta, Sombrero de mago,
7-3-2023
¡Cómo se ha banalizado el Día Internacional de la Mujer! Es apenas una caricatura, vaciado de historia y de memoria. Se ha dicho que el capitalismo es experto en erigir en mercancía lo que en otro tiempo fue una amenaza a su estabilidad y a sus imposiciones. Aquello que emergió como reivindicación social, con protestas populares, con alzamientos, con muertes y muchas heridas, con sangre, hay que volverlo frivolidad, porque así se puede vender y despojar de contextos.
A las luchas por reivindicaciones económicas de las obreras se sumaron las de derechos políticos, como el del sufragio y por la eliminación de todas las formas de discriminación contra las mujeres. Al fragor de las contiendas en Estados Unidos hubo muestras heroicas de huelgas y movimientos, como los muy célebres de los Mártires de Chicago, que originaron la creación mundial del Primero de Mayo. Los inmigrantes, a montones, se convierten en mano de obra barata de fábricas, como las textileras, con mayoría de trabajadoras.
En La otra historia de los Estados Unidos, Howard Zinn muestra descarnados paisajes de obreros explotados hasta la médula y da cuenta de las numerosas luchas de mujeres y hombres por la dignidad y una vida mejor. Un poeta popular, Edwin Markham, escribió en la revista Cosmopolitan sobre las miserables condiciones laborales: “en habitaciones sin ventilación, las madres y los padres cosen día y noche… y a los niños que están jugando, los patronos los llaman para trabajar junto a sus padres”.
Jorge Majfud, Escritos críticos,
3/3/2023
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala
Extrait du livre La frontera salvaje. 200 años de fanatismo anglosajón en América Latina (2021) [La frontière sauvage : 200 ans de fanatisme anglo-saxon en Amérique Latine]
Port-au-Prince, Haïti. 30 janvier 1986 - Le président Ronald Reagan refuse l'asile à l'un de ses amis dictateurs, Jean-Claude Duvalier, mais propose de lui trouver un passage sûr vers un autre pays. S'appuyant sur un rapport de la CIA affirmant avoir vu la famille Duvalier se rendre à l'aéroport, Washington annonce la destitution du dirigeant haïtien comme si elle n'avait rien à voir avec cette affaire. Mais Baby Doc, pris entre les rébellions de son peuple et les caprices de sa belle épouse, change d'avis, revient au palais présidentiel et y reste une semaine de plus, jusqu'au 7 février où il doit s'envoler pour Paris avec les restes du butin familial.
Pour Duvalier junior, tout a commencé avec la crise du cochon noir, sept ans plus tôt. Pour le peuple haïtien, cela a commencé des siècles plus tôt. La crise du cochon noir a de multiples antécédents rien que dans ce siècle. Sans compter les massacres perpétrés par les marines qui tentaient de faire régner l'ordre dans un pays de voyous et de Noirs indisciplinés, les recettes de la réussite économique des grandes entreprises et des experts du Nord ont laissé une autre traînée de morts sur l'île pendant de longues décennies.
En 1929, par exemple, un rapport du responsable de l'American Technical Service avait reconnu que les paysans haïtiens cultivaient le coton plus efficacement que les grandes plantations usaméricaines. Les paysans n'appliquaient aucune méthode scientifique, mais plutôt l'expérience accumulée par leurs ancêtres, expérience et méthodes que les hommes blancs supérieurs refusaient même de prendre en considération. Cependant, pour répondre à la demande du monde développé, des dizaines de milliers d'Haïtiens ont été envoyés à Cuba et en République dominicaine pour y travailler comme ouvriers salariés, abandonnant leurs terres et leurs traditions pour devenir des employés dépendants de grandes entreprises internationales. Après une brève période de prospérité économique, tout s'est effondré comme un château de cartes lorsque les vents du marché international ont tourné du jour au lendemain. Comme c'est souvent le cas dans chaque crise économique, les gens trouvent toujours des coupables parmi ceux qu'ils peuvent voir de leurs propres yeux, et surtout lorsque l'ennemi semble venir d'en bas, qu'il est laid, qu'il s'habille mal et qu'il a l'air dangereux. Si ceux d'en bas ressemblent à des étrangers, c'est encore pire. En 1937, un autre dictateur nommé et soutenu par Washington en République dominicaine, Rafael Trujillo, a ordonné le massacre de 30 000 Haïtiens qui avaient été accusés de voler du travail aux Dominicains. Ce massacre a fait passer inaperçu les meurtres d'Haïtiens mécontents par les Marines usaméricains, si bien que quelques voix de protestation se sont élevées au Congrès de Washington, jusqu'à ce que Trujillo les fasse taire par des dons de centaines de milliers de dollars et des publicités payées dans le New York Times.
En 1944, par décision de la Société Haïtiano-Américaine de Développement Agricole (SHADA), les meilleures terres d'Haïti furent forcées de produire du sisal et du caoutchouc pour la guerre en Europe, ce qui non seulement déplaça 40 000 paysans supplémentaires mais, une fois la guerre terminée, les terres étaient inutilisables pour ceux qui revenaient sans même pouvoir reconnaître le paysage laissé par les sociétés prospères. Un mémorandum du 30 juin 1952, signé par William B. Connett, conclura : « Ce programme a été un échec ». Une erreur de plus.
Des histoires similaires, tapissées de morts sans importance, avaient complété la saga de la famille Duvalier. Aujourd'hui, un nouvel acte de surréalisme frappe le peuple haïtien. En 1978, pour prévenir toute épidémie de peste porcine détectée en République dominicaine, des experts du Nord avaient recommandé l'abattage d'un million de cochons noirs en Haïti, abattage intensifié en 1982 alors que la menace avait déjà été déclarée maîtrisée. Pour les 100 000 premiers porcs, les agriculteurs les plus pauvres ne recevaient aucune compensation. Si ce plan a coûté 23 millions de dollars à l'OEA et à Washington (dont seulement sept millions iront à certaines des victimes sous forme de compensation), pour les Haïtiens, la disparition des cochons noirs a signifié la perte de 600 millions de dollars et d'un mode de vie qui leur était propre. Grâce à ce plan merveilleux, les entreprises usaméricaines et canadiennes, à l'abri de toute hystérie anticonsommateurs, ont pu continuer à répondre à la demande de porc. Selon l'Université du Minnesota, si la maladie avait atteint le marché usaméricain, le pays aurait perdu jusqu'à cinq milliards de dollars - le pays ou les entreprises.
Mais la maladie des cochons noirs haïtiens n'a pas été transmise aux humains ni aux autres animaux. Il était même possible de le manger sans danger lorsqu'il était correctement préparé, selon les experts. Pendant des siècles, les cochons noirs s'étaient adaptés aux conditions de l'île, alors que le plan de remplacement des experts de Washington exigeait que les nouveaux porcs de l'Iowa soient mieux soignés que les mêmes agriculteurs ne pourraient le faire pour leurs propres enfants. Les cochons de l'Iowa, plus blancs et plus gros que les cochons noirs traditionnels, ne pouvaient boire que de l'eau filtrée. Les mauvaises langues de ce pays prétendaient qu'ils avaient également besoin de l'air conditionné pour survivre à la chaleur de l'île.
Le kochon kreyòl, objet d'un véritable génocide par substitution au profit du kochon grimèl (rose), a une grande place dans la culture haïtienne. Selon la légende, un cochon noir fut sacrifié par la prêtresse manbo, Cécile Fatiman et son sang donné à boire aux esclaves marrons durant la cérémonie vaudou du Bois Caïman, organisée dans la nuit du août 1791 par Dutty Boukman pour préparer le soulèvement. Ce sang devait rendre invulnérable. Peinture d’Ernst Prophète, 1996
En Haïti, la valeur d'un seul cochon noir équivalait à deux années d'éducation d'un enfant. Pour les paysans et les Haïtiens pauvres, ce massacre était pire qu'un tremblement de terre. La logique du monde rationnel et développé a échoué avec des résultats tragiques. Tragiques pour les autres, pas pour leurs grandes entreprises. Le chômage a grimpé à 30 %, l'économie est entrée en récession et la dette extérieure est passée de 53 à 366 millions de dollars. La pauvreté a augmenté en même temps que la richesse des 100 familles les plus riches de Port-au-Prince. La dépendance du pays à l'égard des USA a également augmenté par le biais de ses intermédiaires, les familles les plus riches de la demi-île, les habituels vendus qui n'ont jamais cessé de faire la fête avec du champagne.
Les cochons noirs ayant été éliminés du pays, le riz devint le produit alimentaire et commercial le plus important du pays. En 1990, les deux tiers de l'économie haïtienne dépendaient, d'une manière ou d'une autre, du riz. En 1994, formule mythologique d'un marché libre inexistant, les riziculteurs haïtiens feront faillite en masse lorsque le FMI et le président Bill Clinton les obligeront à éliminer les droits de douane sur les importations de riz. L'accord profitera aux riziculteurs de l'Arkansas, l'État natal du président Clinton, mais il ruinera les modestes riziculteurs de l'île, si bien que beaucoup, en désespoir de cause, prendront la mer pour trouver du travail ailleurs. Beaucoup vont sombrer dans les eaux des Caraïbes et dans l'oubli du monde développé.
Les explications des habitants du monde climatisé à cette réalité seront les mêmes que celles d'il y a un siècle sans climatisation. En 1918, le secrétaire d'État du président Woodrow Wilson, Robert Lansing, dans une lettre à l'amiral et gouverneur des îles Vierges, James Harrison Oliver, avait expliqué le problème : « Les expériences du Liberia et d'Haïti montrent que la race africaine n'a pas la capacité d'organisation politique et n'a pas l'intelligence pour organiser un gouvernement. Il y a sans doute dans leur nature une tendance à retourner au monde sauvage et à rejeter les chaînes de la civilisation qui gênent tant leur nature physique...... Le problème des Noirs est pratiquement insoluble ».
Après des siècles d'exploitation et de brutalité impériale, de l'empire français à l'empire usaméricain, après l'extermination des révolutions et des rébellions indépendantistes, et après des générations de dictatures fantoches, quelques Haïtiens parviennent au pays du succès. Aux USA, les moins performants diront que les perdants du monde viennent leur voler leur emploi et profiter de leurs luxueux hôpitaux. Personne ne dira que ce désespoir de fuir un pays brisé est une conséquence du communisme sur l'île. Ils ne diront pas non plus que c'est une conséquence du capitalisme dépendant. Comme avant la guerre froide, on dira que ce sont les défauts de la race noire.
Après avoir perdu le dictateur ami Jean-Claude Duvalier au profit des cochons de l'Iowa, Washington investira 2,8 millions de dollars pour soutenir le Conseil National de Gouvernement (CNG). Comme les escadrons de la mort soutenus par Washington dans les années 1960, les Tontons Macoutes, les forces paramilitaires vont maintenant terroriser le pays au nom de l'ordre. Les militaires et les paramilitaires vont tuer plus de pauvres Haïtiens que la dictature de Baby Doc Duvalier elle-même au cours des quinze dernières années. Lorsque Leslie Manigat (le candidat de la junte militaire pour le parti du Rassemblement des démocrates nationaux progressistes) se présentera aux élections de 1988, seuls quatre pour cent de la population participera à la fête de la démocratie. Le président élu ne durera que quelques mois, mais la terreur du CNG durera encore quelques années.
Jusqu'à ce que le peuple haïtien insiste, et insiste, et insiste, et réussisse à élire le prêtre de la théologie de la libération Jean-Bertrand Aristide. Aristide a aboli l'armée en 1995 et Washington l'a destitué, pour la deuxième fois, en 2004. En 2017, Jovenel Moise, homme d'affaires prospère et candidat de Washington, rétablit les Forces armées d'Haïti et, après la fermeture du parlement en janvier 2020, gouverne par décret. Comme si l'armée ne suffisait pas dans son rôle traditionnel, des groupes paramilitaires harcèleront le reste des pauvres pour les maintenir au calme.
Rien de mieux qu'une bonne armée spécialisée dans la répression de son propre peuple pour corriger les erreurs du succès étranger.
NdT
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occupent Haïti. Derrière cette invasion, des banquiers américains avides de
mettre la main sur les finances du pays.
Une enquête de Selam Gebrekidan, Matt Apuzzo, Catherine
Porter et Constant
Méheut dans le New York Times du 20/5/2022
Un article publié au lendemain de la mort du président Chávez le 5 mars 2013
Hugo Chávez
fut un personnage en chair et en os sorti du roman le plus fantaisiste de
Gabriel García Márquez. Enfant pauvre de Sabaneta (capitale de l’État de
Barinas) qui a juré de ne pas trahir son enfance de privations et de précarité,
il a appris très jeune à confectionner et à vendre des friandises. Fils d’instituteurs
qui avait grandi avec sa grand-mère Rosa Inés et deux autres de ses frères, il
a vécu dans une maison au toit de palme, aux murs et au sol en terre, qui, avec
la pluie, était inondée. Enfant, il rêvait d’être peintre et rêvait de jouer au
base-ball dans les Grandes Ligues, Toute sa vie, ses origines humbles l’ont
nourri.
Sa grand-mère, qu’il appelait Mamá Rosa, lui a appris à lire et à écrire avant d’entrer à l’ école primaire. À ses côtés, il a appris les injustices de ce monde et a connu le dénuement et la douleur, mais aussi la solidarité. De ses lèvres -elle était une narratrice extraordinaire -, il a reçu ses premières leçons d’histoire nationale, mélangée à des légendes familiales.
L’enfant Hugo Chávez a voyagé par le monde à travers les illustrations et les histoires qu’il a lues dans les quatre grands et gros tomes de l’Encyclopédie Autodidacte Quillet, cadeau de son père. En dernière année de l’école primaire, il fut choisi pour faire un discours à l’évêque González Ramírez, le premier à arriver jusqu’à son village. Dès lors il prit goût à parler en public et les autres l’écoutaient avec intérêt.
Son idole fut Isaías Látigo [Fouet] Chávez, lanceur dans les Grandes Ligues. Il ne l’a jamais vu, mais il l’imaginait en suivant les matches à la radio. Le jour où son héros est mort dans un accident d’avion, le monde est tombé sur le jeune Hugo, âgé de 14ans.
Pour être comme le Látigo, le garçon de la brousse est entré dans l’armée. Ses qualités de base-balleur lui ont ouvert les portes de l’Académie Militaire en 1971. Quatre ans plus tard, il fut diplômé comme sous-lieutenant avec une licence en sciences et arts militaires, un diplôme en contre-insurrection, avec une boussole qui indiquait comme nord la direction du chemin révolutionnaire.
Quant à ce qui a contribué à forger ses attitudes politiques, Son frère ainé Adam, militant du Mouvement de la Gauche Révolutionnaire (MIR) a eu une influence décisive. Sa participation à une expérience éducative des forces armées appelée Plan Andrés Bello, destinée à offrir aux militaires une formation humaniste, joua aussi un rôle. De même, , la découverte de Simon Bolívar contribua à son éducation politique et la voracité intellectuelle de Chavez l’a conduit à lire tout document trouvé sur la biographie et la pensée du Libertador. Plus tard, l’influence de Fidel Castro, qu’il a traité comme s’il était son père, allait être définitive.
Le renversement de Salvador Allende en 1973 a provoqué chez lui un grand mépris envers les militaires de l’acabit d’Augusto Pinochet, si répandus en Amérique Latine. Au contraire, la connaissance de l’œuvre du panaméen Omar Torrijos et du Péruvien Juan Velasco Alvarado lui a montré l’existence d’un autre type de forces armées à vocation nationaliste et populaire, si différentes des gorilles formés à l’École des Amériques.
Rebelle aux outrages, il a découvert sous l’uniforme les abus et la corruption de ses dirigeants, et, il les a combattus comme il a pu « Je suis allé au Palais [présidentiel de Miraflores, NdT] pour la première fois – racontait Chavez – chercher une caisse de whisky pour la fête d’un officier ». Pour les dégager, lors l’anniversaire de la mort de Simon Bolívar en 1982, un petit groupe d’officiers, parmi lesquels se trouvait Chavez, a fait le serment de Samán de Güere, par lequel ils ont fondé le Mouvement Bolivarien Révolutionnaire 200 (MBR200).
Presque sept ans plus tard s’est produit un soulèvement spontané des quartiers pauvres du Caracas contre les mesures d’austérité du gouvernement de Carlos Andrés Pérez. Le Caracazo a été écrasé dans le feu et le sang. La rébellion populaire a donné une grande impulsion au mouvement des militaires bolivariens.
En 1992, Chávez et ses compagnons se sont soulevés en armes. La révolte a échoué et Chavez est allé en prison. Il a assumé la responsabilité face aux médias. Sa popularité et son ascendant politique furent à partir de ce moment-là en hausse. Après avoir retrouvé la liberté, sa présence politique a vite progressé face à la déroute du système politique traditionnel. Il a gagné l’élection présidentielle de 1998 avec 56 % des voix. À partir de ce moment, personne n’a pu l’arrêter. À plusieurs reprises, il a gagné presque tous les élections et les referendums auxquels il a participé, et il a aussi miraculeusement survécu à un coup d’État et à une grève pétrolière.
Tout au long des presque 20 ans pendant lesquels il a dirigé l’État vénézuélien, le lieutenant-colonel a refondé son pays, il l’a décolonisé, il a rendu visibles les invisibles, il a redistribué la rente pétrolière, il a éradiqué l’analphabétisme et la pauvreté, il a élevé d’une manière incroyable les indices de santé, il a augmenté le salaire minimum et il a fait progresser l’économie. En même temps, sur la scène internationale, il a renforcé le pôle des pays pétroliers face aux grandes compagnies privées, il a fait dérailler le projet de zone de libre-échange pour les Amériques, l’ALCA, impulsé par Washington, il a créé un projet alternatif d’intégration continentale et il a établi les bases pour un socialisme en accord avec le nouveau siècle.
Hugo Chávez fut un communicateur formidable, un infatigable conteur d’histoires, un éducateur populaire. Ses récits, hérités des contes que Mamá Rosa lui offrait dans son enfance, qui mélangeaient histoire nationale, lectures théoriques, anecdotes personnelles, souvent en temps réel. Le sens de l’humour était toujours présent. « Si ta femme te demande de te jeter par la fenêtre – blaguait-il – il est temps que tu déménages au rez-de-chaussée... »
Ses narrations suivaient le modèle classique des sonates musicales, où deux thèmes en contraste se développent dans des tonalités voisines. Dans ses discours il recourait de la même façon à la poésie et au chant. « Je chante très mal – se justifiait il – mais, comme l’a dit cet habitant des Llanos, Chávez chante mal, mais il chante joli », pour, ensuite, interpréter une chanson ranchera ou une ballade.
Antiimpérialiste, antinéolibéral, il a commencé à réaliser le miracle de construire les fondations de l’utopie dans un pays qui de manière imaginaire était plus près de Miami que de La Havane. Llanero pur jus, fabuliste infatigable, Chavez a rêvé de revivre l’idéal socialiste quand très peu de personnes souhaitaient en parler. Et il l’a fait, pour ne jamais trahir son enfance d’enfant pauvre de Sabaneta.
Antonio Mazzeo, AfricaExpress,
2/3/2023
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala
Un milliard d’euros pour trois corvettes : c’est le montant du contrat signé à Abu Dhabi par la marine angolaise et le groupe émirati Edge lors du récent salon international des systèmes d’armes IDEX 2023.
Les navires de la classe BR71 Mk II seront construits dans les chantiers navals d’Abu Dhabi Ship Building (ADSB) - une filiale à 100 % d’Edge - qui est active dans la conception, la construction, la réparation, l’entretien, le réaménagement et la conversion de navires militaires et commerciaux. ADSB a déjà construit cinq corvettes pour la marine des Émirats.
Les corvettes BR71 Mk II sont une variante avancée de la classe Baynunah développée par le chantier naval français CMN (Constructions Mécaniques de Normandie, Cherbourg), qui fait partie du groupe Pririnvest Shuipbuilding dont le siège est aux Émirats arabes unis.
Les unités sont conçues pour les opérations anti-aériennes et de surface, les patrouilles, le renseignement, la surveillance et la reconnaissance (ISR). D’une longueur de 71 mètres, elles peuvent atteindre une vitesse maximale de 30 nœuds et une portée opérationnelle de 2 500 milles. Les corvettes peuvent embarquer jusqu’à 50 militaires et un hélicoptère de classe 5 tonnes et seront armées d’un canon de 76 ou 57 mm, soutenu par deux canons de 20 ou 30 mm. Elles pourront également lancer des missiles antinavires Exocet et des missiles sol-air.
« La corvette BR71 Mk II est un navire hautement sophistiqué équipé de systèmes de mission avancés, notamment d’un radar 3D, d’une suite de guerre électronique et de communications sécurisées. Elle sera en mesure d’effectuer de multiples missions pour protéger les 1 600 km de côtes de l’Angola », a déclaré David Massey, président du conseil d’administration d’ADSB Shipyards.
Osservatorio contro la
militarizzazione delle scuole. 4/3/2023
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala
Jeudi 9 mars à 12h00 dans la salle de presse de Montecitorio conférence de presse pour le lancement de l’Observatoire contre la militarisation des écoles.
Au cours des derniers mois, l’Observatoire contre la militarisation des écoles a été créé en Italie, à la suite de quoi un appel a été lancé, dont les signataires entendent mener une activité décisive et constante pour dénoncer le processus de militarisation de nos institutions éducatives qui se poursuit depuis trop longtemps dans notre pays.
L’école devient de plus en plus le terrain de conquête d’une idéologie belliciste et d’un contrôle sécuritaire, qui se concrétise par l’intervention directe des forces armées (en particulier italiennes et usaméricaines) dans une myriade d’initiatives visant à promouvoir les carrières militaires en Italie et à l’étranger, et à présenter les forces armées et les forces de sécurité comme la solution aux problèmes de la société civile.
Cette invasion du terrain implique même des représentants des forces armées en tant que “professeurs”, qui donnent des cours sur différents sujets (de l’anglais confié au personnel de l’OTAN aux questions concernant la légalité et la Constitution) et implique même des parcours d’alternance école-travail (PCTO) à travers l’organisation de visites de bases ou de casernes militaires. Tout ceci est soutenu par des protocoles d’accord signés par des représentants de l’armée avec le ministère de l’Éducation, les bureaux scolaires régionaux et provinciaux et les écoles individuelles.
Démilitariser l’école et l’éducation signifie faire des espaces scolaires de véritables lieux de paix et d’accueil, s’opposer au racisme et au sexisme que véhiculent le langage et les pratiques de la guerre, et éliminer des processus éducatifs les dérives nationalistes, les modèles de force et de violence, et la peur irrationnelle d’un “ennemi” (à l’intérieur et à l’extérieur des frontières nationales) créé ad hoc comme bouc émissaire. Démilitariser l’école signifie lui rendre le rôle social prévu par la Constitution italienne.
L’initiative sera présentée le jeudi 9 mars à 12 heures dans la salle de presse de Montecitorio à Rome. Au cours de la rencontre, sera annoncé le premier rapport issu des activités de l’Observatoire à l’instigation du CESP (Centre d’études de l’école publique), une organisation qui a été la promotrice, au cours de l’année écoulée, d’une série de conférences visant à dénoncer l’augmentation constante des dépenses militaires et la circulation des armes.
A la conférence de presse participeront des lycéens ainsi que Rosa Siciliano, rédactrice en chef de “Mosaico di Pace”, Antonio Mazzeo, professeur et chercheur sur la paix, Angelo d’Orsi, historien et journaliste, ancien professeur de l’Université de Turin, Mario Sanguinetti, Cobas Scuola de l’Université de la Tuscia (Viterbe), Roberta Leoni, professeur, Cobas Scuola, de la Tuscia, Michele Lucivero, journaliste, CESP-COBAS Scuola Bari.
Contact et signatures :
Premiers signataires
1. Serena Tusini, enseignante, Cobas Scuola Massa Carrara
2. Ludovico Chianese, enseignant, Cobas Scuola Napoli
3. Antonio Mazzeo, enseignant, chercheur sur la paix
4. Angelo d’Orsi, historien et journaliste, ancien professeur à l’université de Turin
5. Costanza Margiotta, Priorité à l’école
6. Tano D’Amico, photographe
7. Alex Zanotelli, missionnaire combonien
8. Fulvio Vassallo Paleologo, ancien professeur de droit d’asile à l’Université de Palerme, et vice-président de l’ADIF (Association Droits et Frontières)
9. Alessandro Portelli, ancien professeur de littérature anglo-américaine, Université de Rome La Sapienza.
10. Tomaso Montanari, recteur de l’université pour étrangers de Sienne.
11. Donatella Di Cesare, professeure de philosophie théorique, Université de Rome La Sapienza
12. Lucio Russo, mathématicien, Université de Tor Vergata
13. Carlo Rovelli, physicien et essayiste
14. Romano Luperini, critique littéraire
15. Geminello Preterossi, philosophe du droit et de la politique.
16. Rosa Siciliano, directrice éditoriale de “Mosaïque de la paix”.
17. Giovanni Carosotti, conférencier
18. Ilenia Badalamenti, professeure, Cobas Scuola Pisa
19. Giuseppe Burgio, professeur de Pédagogie générale et sociale, Université d’Enna “Kore”.
20. Sara Conte, professeure, Cobas Scuola Grosseto
21. Massimiliano Andretta, professeur associé de sciences politiques, Université de Pise
22. Anna Angelucci, maîtresse de conférences, Rome
23. Stefania Arcara, Département de Sciences Humaines, Université de Catane
24. Rossana Barcellona, maître de conférences, Université de Catane
25. Tindaro Bellinvia, chercheur, Université de Messine
26. Cesare Bermani, historien
27. Barbara Bertani, conférencière, Reggio Emilia
28. Mauro Biani, dessinateur satirique
29. Marco Bistacchia, C.E.L. de langue italienne, Université de Pise
30. Stefano Bufi, enseignant, Cobas Scuola Molfetta
31. Silvano Cacciari, anthropologue, Laboratoire de cybersécurité et de relations internationales (CIRLab) du Polo Universitario Città di Prato - PIN
32. Enrico Calossi, professeur de relations internationales, Université de Pise
33. Cristina Cassina, professeure associée d’Histoire des doctrines politiques, Université de Pise
34. Marco Celentano, professeur d’éthique et de philosophie morale, Université de Cassino et Lazio Meridionale
35. Salvatore Cingari, Département de Sciences humaines et sociales internationales, Université pour étrangers de Pérouse
36. Catia Coppo, professeure, Cobas Scuola Terni
37. Franco Coppoli, enseignant, Cobas Scuola Terni
38. Miguel Mellino, professeur associé d’Anthropologie culturelle, Processus identitaires et scénarios globaux, Études postcoloniales et Relations interethniques, Université L’Orientale de Naples
39. Andrea Cozzo, professeur de langue et littérature grecques, Université de Palerme
40. Antonino De Cristofaro, professeur, Cobas Scuola Catane
41. Ernesto De Cristofaro, professeur au département de droit de l’université de Catane.
42. Fabio de Nardis, professeur de sociologie politique, Université de Foggia
43. Giovanni Di Benedetto, essayiste et professeur au lycée Vittorio Emanuele II de Palerme.
44. Candida di Franco, enseignante, Cobas Scuola de Palerme.
45. Enrico Di Giacomo, journaliste, directeur de Stampalibera.it
46. Salvatore Distefano, président, Associazione Etnea Studi Storico-Filosofici
47. Gabriella Falcicchio, département des sciences de l’éducation, psychologie, communication, université de Bari “Aldo Moro”
48. Giuseppe Follino, enseignant, Cobas Scuola Grosseto
49. Loredana Fraleone, responsable de l’école, de l’université et de la recherche, Parti de la Refondation Communiste-Gauche Européenne
50. Elena Gagliasso, professeure de philosophie des sciences au département de philosophie de l’université de Rome La Sapienza.
51. Gloria Ghetti, maîtress de conférences, Faenza
52. Marcello Ghilardi, professeur d’esthétique à l’Université de Padoue.
53. Nella Ginatempo, sociologue.
54. Salvatore Giuffrida, géomètre retraité, Catane
55. Eric Gobetti, historien du fascisme et de la Résistance
56. Elisabetta Grimani, professeure de littérature, Cobas Scuola Terni
57. Donatella Guarino, enseignante, Cobas Scuola Napoli
58. Irene Landi, CEL de langue italienne, Université de Pise
59. Simona La Spina, enseignante, Cobas Scuola Catane
60. Rossella La Tempa, rédaction de “Roars”
61. Roberta Leoni, enseignante, Cobas Scuola Tuscia
62. Simona Loddo, enseignante, Cobas Scuola Cagliari
63. Riccardo Loia, enseignant, Cobas Scuola Varese
64. Michele Lucivero, enseignant, journaliste, Cobas Scuola Molfetta
65. Laura Marchetti, professeure de Didactique Générale à l’Université Méditerranéenne de Reggio Calabria, et professeure de Didactique des Cultures à l’Université de Foggia.
66. Federico Martino, ancien professeur d’histoire du droit italien à l’Université de Messine.
67. Mina Matteo, maîtresse de conférences, Cobas Scuola Lecce
68. Elena Mignosi, professeure de Pédagogie sociale générale, Université de Palerme.
69. Paolo Missiroli, enseignant, Faenza
70. Teresa Modafferi, Cobas Scuola Catane
71. Federico Oliveri, chercheur principal au Centre interdisciplinaire “Sciences pour la paix”, Université de Pise
72. Fausto Pascali, enseignant, Cobas Scuola Pise
73. Lorenzo Perrona, enseignant, Cobas Scuola Syracuse
74. Valentina Petillo, enseignante, Cobas Scuola Naples
75. Gianni Piazza, enseignant, Université de Catane
76. Antonio Pioletti, professeur émérite, Université de Catane
77. Renata Puleo, enseignante retraitée
78. Giuseppe Restifo, historien, chercheur indépendant
79. Onofrio Romano, sociologie des changements, université Roma Tre
80. Cristina Ronchieri, enseignante, Cobas Scuola Massa Carrara
81. Citto Sajia, critique de cinéma, ancien professeur de l’Université de Messine
82. Mario Sanguinetti, enseignant, Cobas Scuola de la Tuscia
83. Giuseppe Saraceno, professeur, Cobas Scuola Pise
84. Felice Scalia, jésuite
85. Attilio Scuderi, professeur, Université de Catane
86. Mariella Setzu, enseignante retraitée, Cobas Scuola Cagliari
87., département des sciences humaines et sociales internationales, Université pour étrangers de Perugia
88. Alessandro Somma, Professeur de droit comparé, Université de Rome La Sapienza
89. Matteo Vescovi, maître de conférences, Bologne
90. Viviana Vigneri, maîtresse de conférences, Lecce