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20/06/2023

LUIS CASADO
Leurs vessies, nos lanternes

Luis Casado, 20/6/2023
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Les experts observent que les doctrines politiques sont obsolètes et que nous naviguons à vue. Où va le monde ? À en juger par la régression européenne... vers le fascisme. La question est de comprendre le pourquoi du comment, dit Luis Casado, et il suggère de ne pas tourner autour du pot...

Les vicissitudes caricaturales du gouvernement chilien ont donné lieu à une avalanche d’interprétations, de chroniques et d’analyses, le plus souvent dépourvues de l’humour qui est le propre du populo.

 

Un “gabrielín » (petit Gabriel) en laine créé par l’entreprise artisanale Ñuke Lanas, que le maire de Maipú, Tomás Vodanovic, avait promis d’offrir à celui qui était alors candidat en 2021

Le président de ce qui reste de la République lui-même - si friand d’aphorismes -, faisant allusion à la gestion malheureuse des urgences sanitaires par le sous-secrétaire aux réseaux de soins, s’est fendu d’un autre : « En ce moment, il n’y a pas de place pour les courbes d’apprentissage ». Peut-être que son subconscient l’a trahi et qu’il faisait référence aux résultats lamentables de l’éducation dans le pays qu’il préside.

 

Ou encore la décision incompréhensible et malheureuse du ministre de la culture qui, sans consulter son président, a rejeté l’invitation faite au Chili par la Foire du Livre de Francfort d’être le pays « invité d’honneur » en 2025. « Il est insensé de dépenser une telle somme d’argent », a répété M. De Aguirre.

 

Ou peut-être voulait-il suggérer au député Mellado [Renovación Nacional de l’ancien président Piñera, droite, NdT] que, lorsque l’exécutif convoque une réunion des pouvoirs de l’État au palais présidentiel pour discuter du renforcement de la lutte antiterroriste – suite à l’explosion de pétards inoffensifs sur des relais de téléphone, évidemment attribuée immédiatement aux Mapuches - , il n’est pas conseillé d’introduire des magnétophones de contrebande avec la saine intention de diffuser les inepties de l’aréopage qui nous gouverne. Apprenez, Mellado, apprenez !

 

Je dois admettre que le caractère misérable de ce qui précède n’est pas propre au Chili. Aux USA un type comme Raúl Torrealba [autre membre de Renovación Nacional, sous enquête pour détournement de fonds publics comme maire, NdT] pourrait être candidat à la présidence. En Espagne, Alberto Núñez Feijóo [président du Partido Popular], le candidat de droite au poste de premier ministre, propose de supprimer le ministère de la culture. En Finlande, le gouvernement a nommé sept ministres fascistes, et non des moindres. Dans l’UE, deux ectoplasmes, Ursula von der Leyen et Josep Borrell, occupent la présidence et les affaires étrangères, ce qui donne la mesure de la subnormalité des subnormaux.

 

Il est temps d’expliquer le pourquoi et le comment du comportement débile de ces héros demeurés. C’est à ce stade qu’il faut arrêter de prendre les enfants du bon Dieu pour des canards sauvages et de nous faire prendre les vessies pour des lanternes.

 

Dans son célèbre essai L’illusion économique, Emmanuel Todd écrit:

« Nous vivons aujourd’hui l’aboutissement logique de l’absurdité ultralibérale qui, voulant « libérer l’individu » de tout carcan collectif, n’a réussi qu’à fabriquer un nain apeuré et transi cherchant la sécurité dans la déification de l’argent et sa thésaurisation. En l’absence de groupes actifs, définis par des convictions collectives fortes - ouvrières, catholiques, nationales -, les hommes politiques du monde occidental sont réduits à leur taille sociale réelle, par nature insignifiante » (p. 24).

Je ne peux que souligner l’année de la publication du livre à Paris : 1998. Il y a exactement un quart de siècle.

 

À l’époque, les USA étaient dirigés par Bill Clinton, mis en accusation par la Chambre des représentants pour parjure et obstruction à la justice pour avoir dissimulé sa liaison avec Monica Lewinsky, une stagiaire de la Maison Blanche âgée de 22 ans.

 

La Russie était présidée par un alcoolique notoire, Boris Eltsine.

 

En Allemagne, le chancelier Gerhard Schroeder était un social-démocrate qui entretenait de bonnes relations avec la Russie et qui est devenu par la suite président de la compagnie pétrolière russe Rosneft. Son parti, le SPD, a entamé une procédure d’expulsion. Ce n’est pas Schroeder qui a changé, mais le SPD : dans les années 1970, Willy Brandt avait noué de bonnes relations avec l’URSS.

 

Le gouvernement espagnol était dirigé par José María Aznar, un guerrier : non seulement il prétendait que personne ne pouvait lui interdire de conduire en état d’ivresse, mais il était l’un des rares à croire à la blague des “armes de destruction massive” de Saddam Hussein et à accompagner Bush Jr. et Tony Blair dans l’invasion illégale [Kofi Annan, SG de l’ONU, dixit] de l’Irak

 

Signe des temps... en France, nous sommes passés de De Gaulle à Chirac, puis à Sarkozy (actuellement mis en examen pour escroquerie et vol), puis à François Hollande (qui, le soir, quittait l’Élysée en scooter - muni d’un casque - pour rendre visite à sa maîtresse)... et enfin Emmanuel Macron (ou Micron, c’est selon...).

 

En Grande-Bretagne, la statue de pierre de Winston Churchill, l’homme qui n’avait rien d’autre à offrir que “du sang, de la sueur et des larmes"” a cédé la place à celle, déjà tragique, de Tony Blair, puis à la caricature pathétique de Boris Johnson et, aujourd’hui, à celle de Rishi Sunak.

 

Au Chili, où nous avons eu le privilège d’élire Salvador Allende, dont la dimension morale, les qualités d’homme d’État et le courage héroïque étaient inégalés, nous sommes descendus jusqu’au tortueux Patricio Aylwin, et avons poursuivi la descente avec Ricardo Lagos jusqu’à Gabriel Boric, dont le niveau intellectuel nous fait regretter jusqu’à Michelle Bachelet, ce qui n’est pas peu dire.

 

Comme on le voit, Emmanuel Todd était fondé à écrire : « ...les hommes politiques du monde occidental sont ramenés à leur taille sociale réelle, par nature insignifiante ».

 

Pour comprendre la dissociation entre la société réelle et la croûte politique parasitaire, Emmanuel Todd propose de ne pas se limiter à ses éléments économico-culturels. Il y ajoute une autre dimension dont il est un spécialiste reconnu : la dimension anthropologique. La lecture des deux volumes de son livre L’origine des systèmes familiaux, - mille pages chacun -, exige un minimum de dévouement et d’intérêt pour la tâche.

 

En résumé, Todd affirme que les caractéristiques des structures familiales, élément anthropologique par excellence, déterminent les particularités du capitalisme dans lequel nous sommes immergés, y compris ses limites, ses faiblesses et les lacunes qui le mènent à sa perte.

 

Il convient de prêter attention à l’évolution historique des structures familiales qui, pour ne rien arranger, sont souvent diverses et variées au sein d’un même pays : il est rare de trouver une nation chimiquement pure, même si les Japonais et les Allemands s’en réclament.

 

En simplifiant à l’extrême, il y a des pays dans lesquels les structures familiales “de souche”, caractérisées par l’autorité parentale et l’égalité entre frères et sœurs, sont prédominantes. Dans ces pays, on a tendance à considérer l’égalité d’appartenance nationale comme un élément important de la cohésion sociale. Dans d’autres pays, souvent anglo-saxons, la famille “nucléaire”, dans laquelle le fils aîné monopolise la succession, prévaut et l’inégalité est acceptée comme une évidence. Voilà, le sujet est d’importance, je ne peux pas faire le résumé en moins de cent pages.

 

En évitant les vessies, il me semble nécessaire d’évoquer quelques éléments économiques du désastre actuel, ce qu’Emmanuel Todd appelle la réalité et l’illusion de la mondialisation. C’est une réalité, dit Todd, et il y associe « la libre circulation des biens, des capitaux et des personnes, une baisse des revenus du travail non qualifié puis qualifié, une augmentation des inégalités, une baisse des taux de croissance et finalement une tendance à la stagnation ».

 

Le naufrage d’un bateau de migrants au large de la Grèce a fait 700 morts, pour la plupart des femmes et des enfants, tandis que la subvention allemande de dix milliards d’euros à INTEL pour l’implantation d’une usine de semi-conducteurs à Magdebourg montre que les capitaux ne circulent pas seulement librement, mais dans des cercles de plus en plus étroits.

 

Comme chacun le sait, ou devrait le savoir, dans le domaine de la théorie, nous devons à David Ricardo (1772 - 1823) la thèse des avantages comparatifs qui produisent des échanges économiques entre deux pays inégalement dotés en facteurs de production. Ainsi, dans son exemple, le Portugal et l’Angleterre produisent du tissu et du vin, mais à des prix différents. Naturellement, la spécialisation d’un pays dans la production de vin, et de l’autre dans celle de tissu, génère un échange bénéfique pour les deux.

 

Marx - qui, en lisant ceci, riait aux éclats - appelait ce type d’analyse des “robinsonnades” : les économistes construisent généralement des théories sur la base d’un ou deux producteurs, Robinson Crusoé d’un côté et, éventuellement, Vendredi de l’autre. Marx avait raison : il suffit de regarder les résultats de siècles d’échanges inégaux entre le sud de la planète et “le nord instable et brutal”. Ce que nous voyons en Amérique latine, en Afrique et en Asie n’est pas le résultat d’échanges gagnant-gagnant, mais le fruit du pillage, du vol et de l’exploitation.

 

Lorsque Ursula von der Leyen se rend en Amérique du Sud, ce n’est pas en raison d’“avantages comparatifs”, mais pour la simple raison que l’UE ne produit pas de lithium. Lula au Brésil et Fernández en Argentine ont raison de demander à Ursula : « Et nous, Brésiliens et Argentins... quelle sera notre part ? »

 

Les partisans de la mondialisation ont trouvé une version perfectionnée de la thèse de Ricardo dans le modèle dit de Heckscher-Ohlin, noms auxquels Paul Samuelson est parfois associé. Un trio qui est à l’humour ce que les Trois Stooges étaient à l’économie. Rien ne contribue plus à la crédibilité de l’économie que les mathématiques. Conscients de cela, Heckscher et Ohlin ont élaboré un théorème qui porte leur nom. L’étudier, que dis-je, l’évoquer, vous habille des atours de l’économiste distingué. Voyons un peu.

 

La base du commerce n’est pas toujours la même et dépend de la combinaison de cinq conditions nécessaires et suffisantes pour que le commerce ait lieu ou non. Je n’invente rien, je ne fais que mettre la science pure sous vos yeux éblouis. Un conseil : portez des lunettes de soleil. Voici les conditions :

1.- les pays ont des fonctions d’utilité agrégées homothétiques et ce sont les mêmes pour tous les pays ;

2.- Les fonctions de production diffèrent d’un bien à l’autre mais sont identiques d’un pays à l’autre ;

3.- les dotations relatives en facteurs de production sont les mêmes dans tous les pays ;

4.- La concurrence pure et parfaite existe sur tous les marchés ;

5.- Les fonctions de production sont linéaires et homogènes.

 

Kwassa ? C’est cela même. À partir de la clarté époustouflante de ce qui précède, les économistes expliquent tout, y compris les raisons pour lesquelles le dollar monte ou descend, ou pourquoi Raúl Torrealba a mis les mains dans la caisse, ou pourquoi Alexis Sánchez termine sa carrière à Tocopilla alors que Perpète-les-Oies est si près de Trifouillis.

 

Ceux qui s’y connaissent (pas en Alexis... mais en économie), vous diront que la théorie de Heckscher-Ohlin assouplit (sic) la troisième condition et établit que les bases des échanges réciproques sont dues à la présence de dotations relatives de différents facteurs de production entre les pays.

 

Exemple : votre putain de pays produit du cuivre parce qu’il y a des gisements de cuivre - et maintenant de lithium - alors que d’autres pays ont du capital, un capital qu’ils ont accumulé pendant des siècles en volant le cuivre..., une merveilleuse coïncidence qui prouve le génie de Heckscher et d’Ohlin, et de temps en temps de Samuelson. En Suède, on obtient un prix Nobel pour bien moins que ça.

 

Certes, les Suédois sont disciplinés et suivent le patron partout où il va, c’est pourquoi ils ont offert pas moins de cinq prix Nobel aux promoteurs de l’ultralibéralisme et de la mondialisation, dont Milton Friedman, qui affirmait que les USA ne devaient rien à personne parce que « la dette est exprimée en dollars et les dollars, c'est nous qui les fabriquons ». Personne n’a pu savoir si le Nobel lui a été décerné pour son impudeur, son cynisme ou pour avoir présenté des vessies comme lanternes.

 

Vous avez maintenant suffisamment d’exemples pour montrer qu’en termes d’incompétence, d’irresponsabilité, d’ineptie politique et de gâchis digne d'être immortalisé dans le bronze... le Chili a une sérieuse concurrence dans différentes parties du monde, même dans les pays les plus insoupçonnés.

 

Ce génie nous a menés là où il nous a menés. L’ultralibéralisme retourne là d’où il n’aurait jamais dû sortir. La mondialisation menace de détruire les conditions d’existence de la vie humaine sur la planète, c’est pourquoi les plus audacieux exigent que l’on achète désormais des voitures électriques... pour lesquelles l’électricité n’est pas encore produite. La vague de privilèges qui accompagne la détérioration des conditions de vie de la grande majorité de la population (les statistiques disent que nous sommes 80 %) pose des défis sans précédent. Le fait que les gens - compte tenu de ce qu’ils ont vécu - ne croient plus en la mère qui les a portés, que les burnes et les valseuses monopolisent l’intérêt général, que le désir de consommation a développé un individualisme exacerbé qui dissout la cohésion sociale, tout cela est le résultat de la domination incontestable du capitalisme.

 

Il y a un peu plus d’un siècle, Lénine et les bolcheviks tentaient de prendre le ciel d’assaut et se donnaient pour programme la révolution sociale. Nous n’avons pas beaucoup progressé, puisqu’aujourd’hui l’audace extrême consiste à concéder ce qui reste. Et à exiger le tri de vos déchets dans des poubelles de couleurs différentes : pour sauver la planète.

 

En d’autres termes, nous sommes en train de nous faire enlaterner la vessie.

 

GIDEON LEVY
Deux Palestiniens, âgés de 2 et 80 ans, morts : affaires classées

Gideon Levy, Haaretz, 18/62023
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

Coup sur coup, l’armée israélienne a légitimé la semaine dernière deux actes ignobles commis par ses soldats. Ils n’ont pas été jugés et n’ont pas été punis. Les FDI ont totalement innocenté ceux qui avaient envoyé à la mort un Palestinien âgé et ligoté, ainsi que celui qui avait tiré une balle dans la tête d’un enfant palestinien en bas âge, le tuant.

Les deux actes rivalisent par leur degré de barbarie. Pour les commandants des FDI, les deux sont corrects, normaux et acceptables. Désormais, les soldats de Tsahal sauront ce qu’ils savent depuis longtemps : ils peuvent faire tout ce qu’ils veulent, y compris tirer sur des enfants en bas âge et brutaliser des personnes âgées.

Aucun mal ne vous sera fait, leur dit-on. Vous avez agi comme on l’attendait de vous.

Des parents palestiniens lors des funérailles d’Omar As’ad, 80 ans, dans le village de Jiljilya en Cisjordanie, en janvier dernier. Photo : JAAFAR ASHTIYEH / AFP

Le premier acte ignoble a été commis il y a environ un an et demi, à 3 heures du matin, dans le village prospère et tranquille de Jiljilya, en Cisjordanie. Des soldats du bataillon Netzah Yehuda (qui d’autre ?) arrêtent un homme de 80 ans, Omar As’ad, pour le plaisir sadique de la chose. Il rentrait tranquillement chez lui après avoir rendu visite à un ami dans le village.

Il les supplie de le laisser tranquille. Ils le sortent de force de sa voiture, lui attachent les mains dans le dos, lui bandent les yeux avec un chiffon et lui enfoncent un autre chiffon dans la bouche pour l’empêcher de crier. Ils le traînent ensuite dans la rue. À ce moment-là, l’un des pieds d’As’ad est déjà nu après qu’une tong a glissé. Ils le poussent dans la cour d’un immeuble en construction. Là, ils le jettent à plat ventre sur un sol en béton et l’abandonnent dans l’air froid de la nuit, vêtu d’une simple chemise. Son kefieh est également tombé.

Il reste là pendant environ une heure, sans bouger, jusqu’à ce que les soldats reviennent pour lui détacher les mains avant de partir. Ils n’ont même pas remarqué qu’il était mort. Rien à foutre.

Propriétaire d’une épicerie à Milwaukee, dans le Wisconsin, As’ad est retourné, à un âge avancé, dans son village natal pour y finir ses jours avec ses amis d’enfance. Les soldats, qui l’ont jeté comme un sac pour la seule raison qu’il était palestinien, ont peut-être des grands-pères de son âge. Comment se seraient-ils sentis si leurs grands-pères avaient été traités de la sorte ?

Cette question n’a pas traversé l’esprit des soldats du bataillon Netzah Yehuda, qui se traduit par Judée éternelle. L’éternité d’As’ad a pris fin cette nuit-là, le 12 janvier 2022. Les soldats de Netzah l’ont expédié à la mort.

L’autopsie a révélé qu’il était mort d’une crise cardiaque causée par la violence dont il était la cible. Lorsque j’ai visité le site où il a été jeté dans la nuit froide avec des témoins oculaires qui avaient également été arrêtés sans raison par des soldats qui s’ennuiyaient, il était difficile de comprendre une telle cruauté et une telle insensibilité à l’égard d’un homme âgé, de forte corpulence, pieds nus et sans défense.

Le fait qu’As’ad soit un citoyen usaméricain a fait naître l’espoir que, peut-être, cette fois-ci, les FDI seraient obligées de s’écarter de la dissimulation habituelle. Au lieu de cela, une simple enquête a traîné pendant un an et demi. Personne n’a été arrêté. Personne ne sera jugé. Le porte-parole du département d’État usaméricain a un peu grogné sur l’affaire la semaine dernière, mais il n’y a pas lieu de s’inquiéter. Les USAméricains pardonneront à leur allié de traiter ainsi l’un de leurs propres citoyens.

Des hommes se tiennent à côté d’une affiche d’Omar As’ad, 80 ans, dans le village de Jiljilya en Cisjordanie, en janvier dernier. Photo : MOHAMAD TOROKMAN / REUTERS

Ce mois-ci, la nuit du 1er  juin n’était pas aussi froide à Nabi Saleh que cette nuit d’hiver à Jiljilya, et depuis, les soldats de Netzah Yehuda ont été renvoyés de Cisjordanie en raison de leur conduite - mais les nouveaux soldats du bataillon Duchifat, de la même brigade Kfir, étaient également très enthousiastes à l’idée de passer leur première nuit dans le village sans maman.

Quelqu’un avait entendu des tirs. Des soldats sont entrés dans le village et ont commencé à tirer en l’air sans se coordonner. Les soldats de la tour de garde n’ont rien signalé.

Un soldat en quête d’action a commencé à cribler de balles une voiture dont les phares avaient été allumés à l’entrée d’une maison à l’orée du village. À travers sa lunette à vision optique, il a vu ou n’a pas vu la petite tête de Mohammed Tamimi, 2 ans, et son père, Haitham. Il a tiré sur les deux, tuant le bambin.

Cette fois, l’enquête au niveau du commandement a été rapide. Le seul soldat réprimandé a tiré en l’air. Tirer sur l’enfant et son père était la bonne chose à faire - correcte, légale et morale.

19/06/2023

Luis E. Sabini Fernández
Borrando el pasado, nublando el presente: águilas y palomas en nuestro gallinero uruguayo

Luis E. Sabini Fernández, 18/6/2023

Nota de Tlaxcala: Lacalle Pou dio marcha atrás con el proyecto de transformación del águila nazi algunas horas después de la escritura de este texto.

Nuestro inefable presidente, Luis Lacalle Pou, cual demiurgo temporal, tras decisiones gubernamentales que configuran el incognoscible futuro de nuestro país, concedió a una empresa transnacional belga [Katoen Natie, propiedad del multimillonario y político “liberal” Fernand Huts] 60 años de administración del puerto de Montevideo –con lo cual su firma tiende a embretar las de los próximos doce presidentes–. Ahora ha decidido también por sí y ante sí, modificar el pasado.

Por supuesto que, como siempre, con las mejores intenciones y en aras de los más altos objetivos. Invocando la paz, no para concretarla pero sí para reverenciarla.

Lacalle Pou, decide que la enorme escultura en bronce del águila “guerrera” –emblema nazi– con su gigantesca esvástica, que fuera extraída de los restos del acorazado Admiral Graf Spee, hundido en aguas territoriales uruguayas, cerca de la costa montevideana, sea fundida y trasmutada en paloma de la paz (para lo cual, cuenta finalmente con la aquiescencia de tal vez el escultor estrella vivo de mayor renombre en nuestro país, Pablo Atachugarry).

Enfrentando o mejor dicho, ignorando el significado histórico que podría tener rescatar todos los restos del Graf Spee, incluyendo el águila en bronce, nuestro presidente opta por la apuesta ideológica y militante: desconocer el pasado, basándose en un planteo que sabe caro a todos los poderes más o menos satisfechos del presente. Porque ya sabemos que todo poder establecido se convierte en defensor nato y neto de la paz: la paz es lo que asegura lo conseguido, lo establecido. En este aspecto, no figura si lo que se ha obtenido es justo o no; es lo que se ha obtenido.

 Tal lo acontecido, históricamente, con la pax romana, la pax britannica. Y es de ese mismo modo, que la dirigencia de EE.UU. ha invocado durante décadas “su” pax americana.

La decisión presidencial nos lleva directamente a George Orwell y su visión de los reconstructores del pasado. Ingsoc, el pesadillesco estado omnipresente de 1984, tenía su Dpto. de Actualización Histórica, que refrescaba la memoria de acuerdo con una geoestrategia imperial siempre presente. Y si ayer había servido tener un pasado condenando un acontecimiento, hoy la coyuntura podía necesitar borrar ese pasado condenatorio y tener, por ejemplo, uno nuevo que glorifique otro punto de vista, de pronto opuesto al anterior. Porque lo que importa no era reconocer la veracidad de lo acontecido sino ajustarse a las necesidades de la coyuntura presente. Y para Luis Lacalle Pou, ¿hay algo más importante que santificar el credo geopolítico actual? ¿Cuál es? La paz, ya todo el mundo lo sabe, al menos desde que “los rusos invadieran”.

Repasemos la historia inmediata: ¿el mundo occidental defiende otra cosa? ¿Qué fue sino defender la paz arrasar Irak y asesinar a su líder, frustrando la formación de una bolsa de monedas para el negocio transnacional del petróleo arrebatándole al dólar su monopolio? ¿O invadir Libia y asesinar a su vez a otro líder empecinado en forjar una moneda panafricana que claramente desafiaba el área dólar? ¿Acaso EE. UU. ha defendido otra cosa que la paz al invadir Panamá para cortar de raíz el populismo de un ex lugarteniente suyo?

Y cuando el eje EE.UU. y su chirolita UE inicia su política de incorporación de Ucrania –valiosísimo granero de Europa– al “mundo occidental”, angostando un poco más el “cerco sanitario” establecido a la Rusia exsoviética, y Putin reclama un derecho de “autodefensa” al estilo del esgrimido por EE.UU. para sus tantas incursiones (las nombradas o Haití, Granada, Colombia, República Dominicana, Siria e incontables etcéteras), la lógica institucional que caracteriza a la mayoría de las representaciones nacionales de la ONU, soslaya semejante demanda y Putin, con torpeza, invade Ucrania, carente del experimentado oficio interventor que caracteriza a EE.UU. en sus frecuentes incursiones internacionales.

Y esta invasión, rusa, sí, puede ser duramente criticada.

La decisión presidencial ha recogido el beneplácito de quienes albergan sin duda la misma noción de omnipotencia que ha caracterizado al presidente con su nueva alquimia. Como siguiendo las leyes del perro de Pavlov, “Roby Schindler, presidente del Comité Central Israelita del Uruguay, dijo que para él es una ’idea maravillosa’ y una ‘muy buena noticia’ la metamorfosis del símbolo nazi.  ‘Es un elemento de odio y de guerra que se transforma en un elemento de paz’.[1]  

Pero afortunadamente el úkase presidencial ha encontrado también reparos en el país: lo cual es muy reconfortante.  

Claudio Invernizzi, por ejemplo, precisó: “Es un disparate. Esa águila, tan brutal y amenazante, es una señal histórica de la barbarie a la que es capaz de llegar la especie. Transformar un pájaro no transforma a la humanidad, la disimula. Y borrar la simbología del horror, alienta al horror. Águila fue. Que águila quede.[2]

Y si la primera parte de su planteo es valioso y nítido, su segundo momento es todavía más sabio porque revela no sólo la inanidad del proyecto sino su misma toxicidad. Si borramos un horror, estamos alentando a repetirlo. Se nos incapacita para generar la resistencia.

De ese modo, estaremos más débiles para rechazarlo al presentarse. Porque no lo hará con las consabidas ropas del pasado: la nueva intolerancia, no se vestirá de Tercer Reich, obviamente.[3]

Ya sabemos cuán cargados estamos al día de hoy de cancelaciones. Y ésas no recaen sobre los casi inexistentes nazis, por cierto.

Notas 

[1]  Declaraciones recogidas por Perfil, Bs. As., 17 jun 2023

[2]  Ibíd.

[3]  Tenemos un ejemplo patente y patético al otro lado del río: Javier Milei se presenta como libertario y postula una serie de medidas draconianas, carentes de toda liberalidad; usar “modelo motosierra” para reducir gastos del estado, dolarizar la moneda nacional y ejemplifica como medida para “liberar”, instaurar un mercado de venta libre de órganos. Como en su momento Behring-Breivik, es un rendido admirador del modelo israelí.