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27/09/2025

OFER ADERET
L’historien israélien Avi Shlaim a tourné le dos au sionisme il y a longtemps. Aujourd’hui, il soutient le Hamas

Depuis l’université d’Oxford, Shlaim affirme que le Hamas incarne la résistance palestinienne, s’éloignant ainsi même de ses collègues les plus radicaux.

Ofer Aderet, Haaretz, 25/9/2025
Traduit par Tlaxcala


Avi Shlaim : « Les jeunes Arabes et musulmans me remercient de parler en leur nom. » Photo Charlie Bibby/The Financial Times Ltd

Résumé : L’historien Avi Shlaim, universitaire juif israélien à l’université d’Oxford, est devenu une figure controversée [en Israël, NdT] en raison de ses critiques acerbes à l’égard d’Israël et de sa vision du Hamas comme un mouvement de résistance légitime, en particulier depuis les événements du 7 octobre. Dans une interview, Shlaim revient sur son parcours, qui l’a mené du patriotisme sioniste à la critique virulente, en s’appuyant sur son histoire personnelle en tant que Juif irakien et sur des décennies de recherches dans les archives. À l’approche de son 80e anniversaire, il appelle à une réévaluation fondamentale du discours israélien sur le conflit.

Six mois après l’attaque du 7 octobre, une vidéo a été mise en ligne, provoquant la colère de nombreux internautes. L’homme qui y apparaît est le professeur Avi Shlaim, historien juif israélien de l’université d’Oxford. À première vue, il ressemble à un gentil grand-père britannique, avec sa chevelure blanche et son élocution lente et douce. Mais ses propos sont loin d’être agréables à entendre pour les Israéliens.

Une publication partagée par Hamzah Saadah (@hamzahpali)


« Le Hamas est le seul groupe palestinien qui incarne la résistance à l’occupation israélienne », déclarait-il dans la vidéo. « En lançant l’attaque contre Israël le 7 octobre, le Hamas a envoyé un message fort : les Palestiniens ne seront pas mis à l’écart, la résistance palestinienne n’est pas morte. Même si l’Autorité palestinienne collabore avec Israël en Cisjordanie, le Hamas continuera à mener la lutte pour la liberté et l’indépendance des Palestiniens. »

En octobre, Shlaim fêtera son 80e  anniversaire chez lui, à Oxford. « Depuis le début de la guerre, je suis devenu une sorte de célébrité. Les gens me reconnaissent dans la rue et me serrent la main. C’est une nouvelle expérience pour moi », déclare-t-il dans une interview accordée au magazine Haaretz Weekend.

« Les jeunes Arabes et musulmans me remercient de parler en leur nom, de leur donner une voix et de l’espoir pour l’avenir, et de leur redonner confiance dans les Juifs. »

Et qu’en est-il de l’autre côté ?

« Je reçois également des courriels hostiles et des menaces de mort, mais pour chacun d’entre eux, il y en a dix positifs. Je reçois de plus en plus de soutien et de moins en moins de critiques. Dans le passé, chaque fois que je m’exprimais devant un public, il y avait toujours un étudiant juif qui me contestait et défendait Israël. Depuis le début de la guerre à Gaza, cela ne s’est pas produit une seule fois. Israël a aliéné même ses propres partisans. Il est responsable de l’effondrement spectaculaire de sa réputation.

Les médias occidentaux continuent de pencher en faveur d’Israël et ne relaient pas le discours du Hamas, mais les jeunes n’écoutent plus la BBC et ne lisent plus les journaux : ils s’informent via les réseaux sociaux. C’est ainsi que j’explique le soutien croissant dont je bénéficie. »

Quel est le « discours » du Hamas dans ce cas ?

« J’ai étudié le récit du Hamas concernant l’attaque du 7 octobre et la guerre. Expliquer le comportement du Hamas n’est pas la même chose que le justifier. Tuer des civils est mal, point final. Mais comme toujours, le contexte est crucial. Les Palestiniens vivent sous occupation. Ils ont le droit de résister, y compris par la résistance armée. Les combattants du Hamas ont reçu des instructions explicites pour l’attaque, et il y avait des cibles militaires spécifiques. Le Hamas a d’abord frappé des bases militaires et tué des soldats, des policiers et des membres des  forces de sécurité. Ce n’est pas un crime de guerre. Les choses ont ensuite dégénéré. »

Liste de 108 entreprises soutenant l’occupation et le génocide en Palestine

élaborée à partir de diverses sources par BA77ATH et éditée par TLAXCALA, 27/9/2025




La liste ONU des entreprises impliquées dans les colonies illégales israéliennes des territoires palestinien et syrien occupé

En mars 2016, le Conseil des droits humains de l’ONU (47 États-membres) adoptait la  résolution 31/36 intitulée « Les colonies israéliennes dans le territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, et dans le Golan syrien occupé ». Le paragraphe 17 de cette résolution demande au Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, en étroite consultation avec le Groupe de travail sur la question des droits de l'homme et des sociétés transnationales et autres entreprises, de créer une base de données répertoriant toutes les entreprises impliquées dans certaines activités spécifiques liées aux colonies israéliennes dans le territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est.

Le 14 juillet 2023, le CDH a adopté la résolution 53/25, intitulée « Mise en œuvre de la résolution 31/36 du Conseil des droits de l'homme », dans laquelle le Conseil demande au Haut-Commissaire de veiller à ce que les mises à jour annuelles de la base de données comprennent l'ajout et la suppression d'entreprises.

Le HCDH a publié le 26 septembre la liste ajournée des entreprises commerciales impliquées dans les colonies et de celles qui se sont retirées. Les premières sont au nombre de 158 (contre 112 en 2023), les secondes 7 (liste inchangée depuis 2023).

Le nouveau rapport du HCDH n’existe qu’en anglais, l’ONU n’ayant plus les moyens de traduire ses documents dans ses six langues officielles, vu la crise budgétaire qui l’affecte depuis que les USA ont décidé de ne plus payer leur quote-part (3 milliards de dollars, 22% du budget ordinaire de l’ONU, 0,06% du budget fédéral US). Début septembre, 124 des 193 États membres n'avaient pas encore payé leur contribution au budget ordinaire.

Nous vous proposons ci-dessous le rapport intégral en anglais et, en français, la liste des entreprises impliquées, traduite par nos soins. On y trouve 6 entreprises US (Airbnb Inc., Booking Holdings Inc., Expedia Group Inc., Motorola Solutions, Inc., Re/Max Holdings, Inc., TripAdvisor, Inc.)), 1 entreprise canadienne (Metrontario Investments Ltd.) 2 entreprises françaises (Egis et Egis Rail), 4 entreprises espagnoles (ACS, CAF , INECO, SEMI), 1 entreprise allemande (Heidelberg Materials AG), 1 entreprise néerlandaise (Booking.com B.V.), 1 portugaise (Steconfer S.A.), 2 britanniques (J.C. Bamford Excavators Ltd., Greenkote P.L.C.), les 140 autres étant israéliennes.-Tlaxcala, 26/9/2025




 

 

 

 

26/09/2025

Mieux vaut en rire

NETHIE JOHANA OCHOA
Colombia 2026: Las Mujeres al Poder

Nethie Johana Ochoa, La Pluma/Tlaxcala, 26-9-2025

“En muchas ocasiones, ‘Anónimo’ fue una mujer.” 
  Virginia Woolf

En la historia y en la participación política de Colombia, se destacan el discurso, la voz y el rostro de los hombres. Los retratos, nombres y textos que aprendemos en la escuela, en su mayoría pertenecen a hombres. Como si ellos fueran los únicos que construyeron el país. Sin embargo, mirando hacia los pueblos, barrios y veredas, se evidencia otra realidad: un país sostenido por el trabajo silencioso y persistente de mujeres a las que no se les reconoce su labor a través de la historia.

¿Cómo es posible que millones de mujeres estén al frente de la labor social y comunitaria, y tengan tan poca representación en los altos cargos de decisión política?

En el presente artículo pretendo analizar críticamente las causas de esta gran contradicción y señalar que ya es hora de transformar el rol de las mujeres en la historia del país.

La diferencia entre la amplia participación de las mujeres en los liderazgos sociales de base y su baja presencia en los cargos políticos de poder es evidente. En municipios como Bello, cerca del 80 % de las presidencias de Juntas de Acción Comunal están en manos de mujeres, muchas de ellas con décadas de trabajo voluntario. Sin embargo, esa participación se desploma al escalar en la política formal: en los concejos municipales apenas alcanza entre el 15 y el 20 %.

De las 1.102 alcaldías del país, solo 146 son ocupadas por mujeres. En las gobernaciones, apenas hay 6 mujeres en 32 departamentos. En el Congreso, tras una larga lucha, casi llegamos al 29 %. Y hoy celebramos como un hito contar con una segunda vicepresidenta.

¿Por qué después de más de dos siglos de República, treinta y cinco presidentes titulares y setenta años de derecho al voto femenino, Colombia no ha tenido una presidenta? Si hay tantos liderazgos femeninos en las bases, ¿cuáles son los motivos para que hasta hoy ninguna mujer haya ocupado el más alto cargo público en el país?

La explicación más evidente, entre las clases trabajadora y baja, es la carga del trabajo no remunerado en casa y en las comunidades, que recae mayoritariamente sobre los hombros de las mujeres. Principalmente son las mujeres quienes asumen el cuidado de la casa, los hijos, los ancianos, los enfermos, y quienes gestionan los servicios básicos (agua potable, salud, energía eléctrica, reparación de vías).

Según el DANE (2022), las mujeres dedican en promedio el doble de tiempo que los hombres al trabajo doméstico y de cuidado, pero no todo se explica con el trabajo invisible: ¿qué ocurre con las mujeres de clase media y alta?, ellas cuentan con los recursos para pagar quién realice las labores de cuidado, y además, tienen tiempo y pueden estudiar, viajar y participar en espacios de decisión. Aún allí, cuando se abren esos espacios de participación política, es común ver que los cargos de cuidado recaen en mujeres: son secretarias, asistentes o asesoras, mientras los liderazgos visibles y jerárquicos terminan en manos de hombres. Se hace evidente el “techo de cristal” en el ámbito de la política, esa barrera invisible que limita el ascenso de las mujeres a cargos de poder, pese a su preparación y experiencia.

Otros factores que inciden son: el autoconcepto de género (muchas mujeres tienden a subestimarse, mientras los hombres suelen sobreestimarse), el estereotipo cultural (que empuja a las mujeres a priorizar la familia sobre la vida pública) y la ausencia de referentes femeninos (que reduce las aspiraciones de llegar a cargos altos).

Según la ONU Mujeres y la MOE (Misión de Observación Electoral), en Colombia más del 60 % de las candidatas reportan haber sufrido violencia política de género, que van desde comentarios machistas hasta amenazas directas. Las candidatas enfrentan hostigamiento, ridiculización e incluso intimidaciones en un ambiente dominado por redes de poder masculinas que controlan partidos, estructuras electorales y el financiamiento político, que sigue sesgado en su contra.

A esto se suma la educación política desigual, las mujeres tienen menos acceso a formación en liderazgo, negociación y redes de influencia. Los medios de comunicación reproducen estereotipos que hacen ver a las candidatas como menos aptas, reforzando la resistencia cultural al liderazgo femenino, manipulando a la masa que todavía considera la política como un asunto “de hombres”.

Las mujeres son mayoría en los liderazgos sociales de base y, en muchas ocasiones, están mejor preparadas que los hombres, pero ellos terminan ocupando los cargos. La CEPAL (2022) señala que Colombia está por debajo del promedio latinoamericano en participación de mujeres en el poder ejecutivo. Otros países de la región ya han tenido presidentas, mientras que Colombia sigue siendo una de las democracias latinoamericanas donde ninguna mujer ha llegado a la jefatura del Estado.


Es hora de tener una presidenta

A pesar de todas las barreras, hay mujeres excepcionales que han logrado abrirse camino en la política colombiana. Mujeres que, con o sin hijos, han estudiado, se han formado, han enfrentado la violencia machista y han sobrevivido a la violencia política.

Carolina Corcho es una de esas mujeres excepcionales, una mujer que viene desde las bases, como médica de veredas, luchando en la calle por el derecho fundamental a la salud. Esta mujer de 42 años llega para refrescar la política colombiana: ella destaca por su experiencia en políticas de salud pública, su enfoque en la justicia social, y su activismo progresista.

Viene de la base social y gremial: como médica, lideró la Asociación Nacional de Internos y Residentes (ANIR) y la Federación Médica Colombiana. Aprendió sobre el territorio, no desde un escritorio; vivió en pueblos apartados, donde la distancia a un hospital puede ser la diferencia entre la vida y la muerte, esa experiencia le da hoy la fuerza para defender un sistema de salud público que llegue a los rincones más alejados del país.

Carolina Corcho es Médica de la Universidad de Antioquia, es Psiquiatra de la Universidad Nacional, y tiene una Maestría en Estudios Políticos de la Universidad Pontificia Bolivariana. Además, ha sido Profesora en el área de psiquiatría y salud mental.

Corcho fue ministra de Salud en el primer gobierno alternativo de Colombia, y se ha consolidado como una intelectual política integral. Ella ha enfrentado la violencia política y mediática: durante su gestión fue blanco de ataques constantes, muchos con sesgo de género, que cuestionaban su autoridad, su estilo y hasta su tono de voz, mientras ignoraban sus propuestas y argumentos técnicos. Su resistencia la proyecta como una lideresa con carácter y firmeza.

Actualmente, como candidata a la Presidencia de Colombia, brilla en los debates: conoce el país desde lo urbano hasta lo rural, en lo económico, social y ambiental, demuestra que conoce de cerca las diversas realidades y problemáticas de las regiones.

Carolina Corcho es una mujer preparada y con visión de Estado: defiende lo público y lo social con argumentos y con cifras, y cuando habla de los derechos, de la equidad y de la protección de los sectores más vulnerables, lo hace con autoridad y coherencia, porque es cercana a las luchas populares. En cada debate, se evidencia el abismo intelectual entre Carolina Corcho y los demás candidatos.

Carolina Corcho es y será un referente muy importante para las mujeres líderes colombianas: una mujer carismática e inteligente, con una capacidad discursiva impecable, a quien le duele el país. Ella es una lideresa sólida que sigue aquí, resistiendo, demostrando que es posible. Y con ella, todas las mujeres que nos recuerdan que Colombia ya está lista para tener, por primera vez en su historia, una mujer en la presidencia.

La próxima Presidencia del proyecto social que estamos construyendo en Colombia, va a tener que soportar fuertes ataques, Corcho tiene toda la capacidad de soportarlos, con su discurso y sus actos, y tiene toda la capacidad de continuar con el proyecto al que le hemos apostado, con corazón y vida, tantos y tantas líderes que hoy seguimos… y también aquellos que ya no están.

“No les da miedo que no tenga experiencia, les da miedo que no les haga reverencia.” –Anónimo

Nethie Johana Ochoa es una artista, gestora cultural, emprendedora y lideresa comunitaria colombiana, con una amplia trayectoria en procesos sociales, ambientales y educativos. Su trabajo se ha enfocado en la articulación del arte con la conciencia ambiental, promoviendo proyectos que fomentan la participación ciudadana, la sostenibilidad y la construcción colectiva. Ha liderado colectivos y movimientos como Guardianes del Quitasol y el Movimiento Ambiental del Norte del Valle de Aburrá (MANVA), además de ser reconocida con el premio Betsabé Espinal a la mujer rural por sus aportes ambientales en Bello. Con una vida dedicada a la gestión cultural y al trabajo comunitario, especialmente con mujeres, niños y jóvenes, ha impulsado iniciativas artísticas y pedagógicas que fortalecen el tejido social y generan conciencia sobre la defensa del territorio y los derechos ambientales. Militante del Partido Pacto Histórico, ha participado activamente en procesos políticos y electorales, y fue candidata al Concejo Municipal de Bello en 2023, consolidando su compromiso con la transformación social desde lo colectivo y lo político. Además, cultiva la escritura en diversos géneros, entre ellos poesía, cuentos y artículos, como otra forma de expresión y de reflexión sobre la realidad social y cultural de su entorno. FB 

Charlotte Gainsbourg, Gisèle Halimi et le génocide de Gaza : le torchon brûle à Saint-Germain-des-Près

 


Serge Halimi : « Ma mère, Gisèle Halimi, aurait lu cette tribune avec dégoût »

L’actrice Charlotte Gainsbourg, qui doit incarner, dans un « biopic » en cours de tournage dont la sortie en salle est prévue pour 2026, l’avocate et infatigable militante progressiste Gisèle Halimi, décédée le 28 juillet 2020, a cosigné, le 19 septembre dernier, avec une petite vingtaine d’autres personnalités, une tribune collective [lire ci-dessous] appelant Emmanuel Macron à conditionner la reconnaissance d’un État palestinien « à la libération des otages » israéliens retenus à Gaza « et au démantèlement du Hamas ». Ulcéré par ce déni, l’un des fils de l’avocate, Serge Halimi, nous a fait parvenir ce texte rappelant que cette dernière a, tout au long de sa vie, exprimé « sa solidarité constante » avec Gaza - où, constatait-elle, « un peuple aux mains nues est en train de se faire massacrer ». Il estime qu’elle « aurait lu cette tribune avec dégoût ».Blast, 26/9/2025

J’ai appris plusieurs mois après que la décision avait été prise que Charlotte Gainsbourg avait été choisie pour interpréter le rôle de ma mère lors du procès de Bobigny. Autant dire qu'on ne m'a pas demandé mon avis.

Les producteurs, réalisateurs, journalistes, présidents de la République, maires, actrices, etc. peuvent se référer à leur guise à une personnalité publique. Ils peuvent même s'en prévaloir quand ils l'ont combattue par leur œuvre ou par leur engagement politique.

Jusqu'à présent la mémoire de Gisèle Halimi a surtout été mise en avant pour célébrer des causes et des victoires devenues relativement consensuelles (avortement libre, criminalisation du viol, abolition de la peine de mort, dépénalisation de l’homosexualité). En revanche, hormis son combat pour l’indépendance de la Tunisie et de l’Algérie, ses engagements anti-impérialistes, nombreux et constants (Vietnam, Cuba, militants basques, hostilité à la guerre du Golfe et du Kosovo, Palestine), tout comme son refus des traités européens (Maastricht, TCE) ont été oubliés ou occultés.

La signature par Charlotte Gainsbourg, avec Bernard-Henri Lévy, Alain Minc, Dominique Reynié, etc., d’une « lettre ouverte » s’opposant à la reconnaissance de la Palestine par la France et assimilant cette décision à « une capitulation morale face au terrorisme » fait donc resurgir par contraste tout un chapitre de la vie de Gisèle Halimi.

Car elle aurait lu cette tribune collective avec dégoût. Elle ne dit rien des crimes de guerre israéliens pourtant qualifiés de génocide par nombre d’organisations internationales. Charlotte Gainsbourg vient ainsi, sans l’avoir voulu, de rappeler tout un pan trop peu connu de la vie militante de Gisèle Halimi, du Tribunal Russell sur la Palestine à sa défense de Marwan Barghouti. Et notamment sa solidarité constante avec Gaza, à un moment où déjà, écrivait-elle à L’Humanité en juillet 2014, « un peuple aux mains nues est en train de se faire massacrer. L’histoire jugera, mais n’effacera pas le saccage. » Ce fut l’une de ses dernières prises de position publiques.

Le jour où le film sur le procès de Bobigny sortira, Charlotte Gainsbourg sera peut-être interrogée sur la différence fondamentale entre le personnage qu’elle interprète et ses propres convictions qui la rangent dans le camp, peu honorable, des avocats inconditionnels d'Israël. L'opération qu'elle escomptait en incarnant Gisèle Halimi à l’écran se retournera alors contre elle.



« Monsieur le président, vous ne pouvez pas reconnaître un État palestinien sans conditions préalables » : l’appel de 20 personnalités à Emmanuel Macron

EXCLUSIF - Dans une lettre ouverte à Emmanuel Macron, vingt personnalités, dont Philippe Torreton, Joann Sfar, Arthur et Charlotte Gainsbourg, demandent de conditionner la reconnaissance d’un État palestinien à la libération des otages et au démantèlement du Hamas. Le Figaro, 19/9/2025

Monsieur le président de la République,

Lundi 22 septembre à New York, vous vous apprêtez à reconnaître, au nom de la France, un État palestinien.

Nous, artistes, intellectuels, entrepreneurs, responsables associatifs et citoyens, appelons de toutes nos forces à la paix au Proche-Orient. Mais cette reconnaissance d’un État palestinien, vous l’aviez vous-même soumise à des conditions préalables claires pour qu’elle contribue à la paix : en particulier, la libération des 48 otages encore retenus à Gaza et le démantèlement du Hamas.

Alors que la France s’est prudemment abstenue de toute reconnaissance d’un État palestinien depuis 1948, dans l’attente de réunir les conditions de paix et de sécurité mutuelle, comment justifier de le faire tandis que la guerre déclenchée par le pire massacre antisémite depuis la Shoah fait toujours rage ? Comment l’annoncer alors que le Hamas détient toujours des otages ? Pourquoi le faire au moment où flambe en France un antisémitisme prenant précisément prétexte de la situation au Proche-Orient ?

Reconnaître un État palestinien maintenant, avant la libération des otages et le démantèlement du Hamas, n’aidera ni les civils palestiniens ni à la libération des otages.

Monsieur le président, reconnaître un État palestinien maintenant, avant la libération des otages et le démantèlement du Hamas, n’aidera ni les civils palestiniens ni à la libération des otages.

Nous savons que ce n’est pas votre intention, pourtant une reconnaissance demain avant la réalisation des conditions que vous aviez énoncées serait revendiquée comme une victoire symbolique pour le Hamas, qui ne ferait qu’aggraver l’étau meurtrier qu’il impose aux Palestiniens.

Monsieur le président, vous allez annoncer la reconnaissance par la France d’un État palestinien. Nous vous le demandons solennellement : affirmez dans ce cas avec la même fermeté que cette reconnaissance ne prendra effet qu’après la libération des otages et le démantèlement du Hamas.

C’est à ce prix, et à ce prix seulement, que ce geste peut contribuer à la paix. Ce serait sinon une capitulation morale face au terrorisme.

Signataires :

Yonathan Arfi, président du Crif (Conseil représentatif des institutions juives de France)
Yvan Attal, acteur, réalisateur
Michel Boujenah, comédien
Pascal Bruckner, philosophe
Père Patrick Desbois, président de Yahad unum
Raphaël Enthoven, philosophe
Arthur Essebag, animateur et producteur
Charlotte Gainsbourg, actrice
Ariel Goldmann, président du FSJU (Fonds social juif unifié)
Simone Harari-Baulieu, productrice
Mona Jafarian, chroniqueuse
Elie Korchia, président du Consistoire central
Haïm Korsia, grand rabbin de France
Mathieu Laine, entrepreneur et écrivain
Bernard-Henri Lévy, philosophe
Jean Madar, chef d’entreprise
Alain Minc, économiste
Dominique Reynié, professeur, directeur de Fondapol
Joann Sfar, dessinateur
Philippe Torreton, comédien

Lire aussi Gisèle Halimi, l'avocate de la cause palestinienne, par Choisir la cause des femmes, 23/9/2025


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25/09/2025

GIDEON LEVY
Reconocimiento sin rescate: el regalo quimérico del mundo a los palestinos

Gideon Levy, Haaretz, 25/9/2025
Traducido por Tlaxcala

Mientras el genocidio en Gaza continúa sin cesar y los colonos se desatan en Cisjordania junto con el ejército, el mundo ha cumplido con su obligación mínima al reconocer un Estado que probablemente nunca verá la luz.


Yabalya, norte de Gaza. Foto: Amos Harel

El día en que el mundo reconoció al Estado palestino, me dirigí, junto con el fotógrafo Alex Levac, a una remota aldea palestina situada en la parte oriental de Cisjordania.

El día anterior, colonos de las nuevas colonias ilegales vecinas habían robado decenas de ovejas de la aldea en un violento asalto a mano armada. El día en que las Naciones Unidas celebraron una conferencia de alto nivel sobre la solución de dos Estados y diez países occidentales se sumaron a la larga lista de países que ya habían reconocido al Estado imaginario, la carretera de Alon estaba casi desierta de vehículos palestinos. La mayoría de las carreteras de Cisjordania están ahora bloqueadas por barreras de hierro que se abren y se cierran a voluntad de los comandantes militares israelíes.

El día en que 159 Estados ya habían reconocido el Estado soñado, Sadek Farhana, un pastor de 81 años, yacía en su casa, gimiendo de dolor. La víspera, los colonos lo habían golpeado sin piedad con porras sin motivo alguno, rompiéndole ambos brazos, a pesar de su avanzada edad. Su nieto estaba sentado a su lado, con la cabeza vendada: él también había resultado herido durante el robo cometido por los colonos. La policía israelí se apresuró a acusar injustamente a los pastores palestinos, sin llevar a cabo ninguna investigación, afirmando que habían robado a los colonos. El nuevo Estado reconocido no cuenta con ninguna fuerza policial para proteger a sus habitantes.

El día en que el presidente francés celebró una victoria diplomática, la creación de un Estado palestino parecía más lejana que nunca. En ningún momento el sueño de un Estado pareció tan lejos de la realidad sobre el terreno. Al presidente del futuro Estado, Mahmoud Abbas, ni siquiera se le permitió viajar a USA para asistir a la conferencia sobre su país, en flagrante violación del acuerdo alcanzado entre USA y la ONU.

Al mismo tiempo, el hombre más buscado por la Corte Penal Internacional, Benjamín Netanyahu, sospechoso de crímenes contra la humanidad, se preparaba para viajar a Nueva York. El presidente del Estado que casi todo el mundo «reconoce» ahora asistirá a la Asamblea General por videoconferencia, mientras que el hombre más buscado por la CPI se dirigirá a la asamblea desde la tribuna.

Nayi al-Ali, as-Safir, 23-4-1983

El día en que el mundo reconoció al Estado palestino, 61 personas fueron asesinadas en Gaza, aproximadamente el mismo número que el día anterior y el día siguiente, como ha sido el caso todos los días de los últimos meses. El reconocimiento no ha salvado ni salvará a ningún niño de Gaza de los bombardeos. Gaza es inhabitable para los seres humanos, y la situación de los palestinos que viven en Cisjordania se está volviendo cada vez más similar. Es dudoso que el anciano que fue golpeado haya oído hablar siquiera de este reconocimiento.

Las declaraciones británica y francesa no han cambiado nada para él; aunque Andorra y Mónaco se sumen a ellas, su suerte no cambiará; las ovejas que le han robado no le serán devueltas, aunque Luxemburgo se una a la lista.

El mundo, y en particular la Europa santurrona, ha vuelto a hacer esta semana promesas vacías a las víctimas de Gaza y Cisjordania. Mientras el genocidio en Gaza continúa sin cesar y los colonos se desatan en Cisjordania en colaboración con el ejército, el mundo ha cumplido con su obligación mínima al reconocer un Estado que probablemente nunca verá la luz. Qué fácil es reconocerlo, qué difícil es detener el genocidio. Como de costumbre, Israel ha gritado “antisemitismo”. Todos los partidos judíos de la oposición israelí, incluidos los Demócratas de Yair Golan, se han alineado con el Gobierno para condenar este reconocimiento.

Todos aquellos que, como yo, esperaban desesperadamente una intervención urgente y espectacular por parte del mundo para poner fin de inmediato a los asesinatos y la destrucción sistemática en Gaza, antes que nada, obtuvieron en cambio una medida que solo empeorará las cosas. Los jefes de Estado pueden ahora tranquilizarse a sí mismos y tranquilizar a sus inquietos ciudadanos: hemos castigado al criminal y recompensado a la víctima. Ya no necesitamos mover un dedo por Gaza, hemos hecho nuestra parte.

Desgraciadamente, reconocer hoy un Estado palestino es absurdo, casi una locura. Actualmente no hay ningún socio para una solución de dos Estados, ni en Israel ni en Palestina. Gaza ha sido destruida y en Cisjordania ya no hay lugar para un Estado que no sea un conjunto de bantustanes. ¿Queréis salvar lo que queda de Gaza? Hay que imponer inmediatamente sanciones severas a Israel. ¿Queréis una visión a largo plazo? Democracia para todos, desde el Jordán hasta el Mediterráneo.


Reconocimiento tardío, por Emmanuele del Rosso

GIDEON LEVY
Reconnaissance sans rescousse : le cadeau chimérique du monde aux Palestiniens

Gideon Levy, Haaretz, 25/9/2025
Traduit par Tlaxcala

Alors que le génocide à Gaza se poursuit sans relâche et que les colons se déchaînent en Cisjordanie de concert avec l’armée, le monde a rempli son obligation minimale en reconnaissant un État qui ne verra probablement jamais le jour.


Jabalya, nord de Gaza. Photo Amos Harel

Le jour où le monde a reconnu l’État palestinien, je me suis rendu, avec le photographe Alex Levac, dans un village palestinien isolé situé dans la partie orientale de la Cisjordanie.

La veille, des colons des nouvelles colonies illégales voisines avaient volé des dizaines de moutons du village lors d’un violent braquage à main armée. Le jour où les Nations unies ont tenu une conférence de haut niveau sur la solution à deux États et où dix États occidentaux ont rejoint la longue liste des pays qui avaient déjà reconnu l’État imaginaire, la route d’Alon était presque dépourvue de véhicules palestiniens. La plupart des routes de Cisjordanie sont désormais bloquées par des barrières en fer qui sont ouvertes et fermées au gré des commandants militaires israéliens.

Le jour où 159 États avaient déjà reconnu l’État rêvé, Sadek Farhana, berger de 81 ans, était allongé chez lui, gémissant de douleur. La veille, des colons l’avaient battu sans pitié à coups de matraque sans raison, lui cassant les deux bras, malgré son âge avancé. Son petit-fils était assis à côté de lui, la tête bandée : lui aussi avait été blessé lors du vol commis par les colons. La police israélienne s’est empressée d’accuser à tort les bergers palestiniens, sans mener d’enquête, affirmant qu’ils avaient volé les colons. Le nouvel État reconnu ne dispose d’aucune force de police pour protéger ses habitants.

Le jour où le président français a célébré une victoire diplomatique, la création d’un État palestinien semblait plus éloignée que jamais. À aucun moment, le rêve d’un État n’a semblé aussi éloigné de la réalité sur le terrain. Le président de l’État en devenir, Mahmoud Abbas, n’a même pas été autorisé à se rendre aux USA pour assister à la conférence sur son pays, en violation flagrante de l’accord conclu entre les USA et l’ONU.

Au même moment, l’homme le plus recherché par la Cour pénale internationale, Benjamin Netanyahou, suspecté de crimes contre l’humanité, se préparait à se rendre à New York. Le président de l’État que presque tout le monde « reconnaît » désormais assistera à l’Assemblée générale par liaison vidéo, tandis que l’homme le plus recherché par la CPI s’adressera à l’assemblée depuis la tribune.


Naji al-Ali, as-Safir, 23/4/1983

Le jour où le monde a reconnu l’État palestinien, 61 personnes ont été tuées à Gaza, soit à peu près le même nombre que la veille et le lendemain, comme cela a été le cas chaque jour ces derniers mois. La reconnaissance n’a pas sauvé et ne sauvera pas un seul enfant de Gaza des bombardements. Gaza est impropre à l’habitation humaine, et la situation des Palestiniens vivant en Cisjordanie devient progressivement similaire. Il est douteux que le vieil homme qui a été battu ait même entendu parler de cette reconnaissance.

Les déclarations britannique et française n’ont rien changé pour lui ; même si Andorre et Monaco se joignent à elles, son sort ne changera pas ; les moutons qui lui ont été volés ne lui seront pas rendus, même si le Luxembourg venait à rejoindre la liste.

Le monde, et en particulier l’Europe moralisatrice, a fait cette semaine encore des promesses creuses aux victimes de Gaza et de Cisjordanie. Alors que le génocide à Gaza se poursuit sans relâche et que les colons se déchaînent en Cisjordanie de concert avec l’armée, le monde a rempli son obligation minimale en reconnaissant un État qui ne verra probablement jamais le jour. Comme il est facile de le reconnaître, comme il est difficile d’arrêter le génocide. Comme d’habitude, Israël a crié à l’« antisémitisme ». Tous les partis juifs de l’opposition israélienne – y compris les Démocrates de Yair Golan – se sont rangés du côté du gouvernement pour condamner cette reconnaissance.

Tous ceux qui, comme moi, espéraient désespérément une intervention d’urgence spectaculaire de la part du monde pour mettre immédiatement fin aux meurtres et aux destructions systématiques à Gaza, avant toute autre chose, ont obtenu à la place une mesure qui ne fera qu’empirer les choses. Les chefs d’État peuvent désormais se rassurer eux-mêmes et rassurer leurs citoyens agités : nous avons puni le criminel et récompensé la victime. Nous n’avons plus besoin de lever le petit doigt pour Gaza, nous avons fait notre part.

Malheureusement, reconnaître un État palestinien aujourd’hui est absurde, presque fou. Il n’y a actuellement aucun partenaire pour une solution à deux États, ni en Israël ni en Palestine. Gaza a été détruite et il n’y a plus de place en Cisjordanie pour un État qui ne soit pas un ensemble de bantoustans. Vous voulez sauver ce qui reste de Gaza ? Des sanctions sévères doivent être imposées immédiatement à Israël. Vous voulez une vision à long terme ? La démocratie pour tout le monde, du Jourdain à la Méditerranée.


Reconnaissance tardive, par Emmanuele del Rosso

 

 

GERALDINA COLOTTI
Italie : la révolution bolivarienne et la Flottille de la liberté

Geraldina Colotti, Resumen Latinoamericano, 24/9/2025
Traduit par Tlaxcala

 


Dans le port d’Otrante, le drapeau vénézuélien flotte aux côtés des drapeaux palestiniens. Un jeune homme grimpe au mât du navire Ghassan Kanafani, dédié à l’un des écrivains palestiniens les plus importants du siècle dernier, journaliste et homme politique, assassiné à Beyrouth par une bombe placée dans sa voiture par le Mossad, le 8 juillet 1972. Il était une figure importante du Front populaire de libération de la Palestine. Aujourd’hui, le drapeau du Venezuela flotte au vent, aux côtés de celui de la Palestine. D’autres militants montent sur le pont, saluent le poing levé devant la caméra pour la campagne « Le Venezuela est un espoir, pas une menace », et crient à tue-tête : « Je m’engage avec Maduro, gringos go home ! » et « Palestine-Venezuela, un seul drapeau ».

Depuis la ville apulienne du Salento, située sur la côte adriatique et considérée comme le point le plus oriental de l’Italie, la Flottille de la liberté se prépare également à partir pour Gaza. « Il y a un équipage maritime, mais aussi un équipage terrestre, qui prépare le voyage et le suivra dans toutes ses phases », explique Schoukri Hroub, qui est ici le coordinateur logistique de l’Union démocratique arabe-palestinienne (UDAP).

La plupart des bateaux, réunis au sein de la Global Sumud Flotilla, ont pris la mer en direction de la ville martyre de Palestine, chargés d’aide humanitaire pour une population affamée et décimée par un génocide que personne ne parvient à arrêter. Global signifie que l’équipage provient de dizaines de pays, et « Sumud » est un mot arabe qui signifie « résilience » et « persévérance inébranlable », pour indiquer la détermination des militants à ne pas se laisser intimider par les menaces du criminel Netanyahou : menaces qui sont toutefois prises au sérieux, compte tenu de la liberté d’action que lui ont laissée ses maîtres occidentaux, en lui permettant d’étendre et de multiplier une occupation à des fins évidentes d’épuration ethnique et d’extermination, qui a maintenant atteint son paroxysme.

La « Sumud » a déjà reçu plus d’un drone d’avertissement et, au moment où nous écrivons ces lignes, il a de nouveau été attaqué. Certains députés de la gauche institutionnelle ont symboliquement occupé la salle du Parlement italieb pour demander au gouvernement d’extrême droite, grand sponsor du régime sioniste, de garantir la sécurité de la flottille sur laquelle des députés ont également embarqué.

Le ministre italien de la Défense a assuré avoir envoyé un navire de sauvetage, mais les conditions obligent les militants à abandonner l’aide à d’autres mains. Netanyahou avait déjà demandé aux navigants de remettre l’aide aux mains sanglantes de ses forces armées qui, a-t-il déclaré sans la moindre honte, la remettraient certainement aux Palestiniens. Proposition rejetée par les militants, unis dans cette affaire malgré la diversité de leurs appartenances.




Compte tenu de la situation, l’ambiance est également joyeuse, mais concentrée, dans le port d’Otrante. La Flottille de la liberté a déjà fait ses preuves sur le plan politique en tentant de briser le blocus naval de Gaza. Schoukri se souvient du prix payé le 31 mai 2010. À l’époque, les forces spéciales sionistes avaient attaqué le navire turc Mavi Marmara, qui faisait partie du convoi, dans les eaux internationales. L’opération, qui s’était déroulée à environ 120 km des côtes israéliennes, avait causé la mort de neuf militants et fait des dizaines de blessés, provoquant une vive réaction internationale et entraînant une crise diplomatique entre la Turquie et Israël.

À Otrante, la Flottille de la liberté bénéficie du soutien des différentes composantes territoriales, ainsi que des autorités ecclésiastiques et politiques, qui ont participé aux journées de rencontres, d’information et de débats en préparation du départ, avec des attitudes plus nuancées et des accents humanitaires.

« Nous avons une attitude inclusive et ouverte, la lutte doit s’intensifier car ce combat est mondial et concerne l’humanité tout entière, mais il n’y a aucune ambiguïté sur la nature du génocide et sur le modèle capitaliste qui le détermine dans sa férocité coloniale », déclare Boris Tremolizzo, l’un des coordinateurs.

C’est pourquoi, dans les deux débats centraux, le comité organisateur s’est efforcé d’inviter, outre les personnes qui luttent pour la défense du territoire – paysans, pêcheurs, précaires, étudiants, ouvriers, féministes et écologistes – également des représentants de Cuba et du Nicaragua (alors occupés à d’autres activités), et surtout du Venezuela, attaqué par l’impérialisme usaméricain, qui a envoyé sur les côtes des Caraïbes une flotte opposée à celle de la flottille de la paix, qui dénonce le génocide de Gaza.

Au nom de l’ambassadrice Marilyn Di Luca, Estalina Báez, première secrétaire de la mission diplomatique vénézuélienne auprès de la FAO, a participé aux deux débats – « La faim comme arme de guerre et outil de domination » et « De la Palestine au Venezuela en passant par l’Afrique, la guerre de l’impérialisme ne s’arrête pas » – et a reçu un accueil très favorable.

En compagnie de plusieurs médecins palestiniens, connectés à distance, Estalina a présenté avec précision les données, les initiatives et les dénonciations internationales présentées par le Venezuela pour accompagner les actions de paix entreprises par le président Maduro et le gouvernement bolivarien face à l’agression impérialiste de Donald Trump et Marco Rubio.

Elle a montré l’adhésion populaire résolue à la défense de la souveraineté du Venezuela, qui a impliqué tous les secteurs sociaux : des pêcheurs aux paysans, des ouvriers aux jeunes, avec les femmes productrices toujours en première ligne. Des personnes qui voient leur propre survie et leur travail menacés, comme cela a été le cas pour les pêcheurs, pris pour cible par les navires de guerre sous prétexte de lutter contre le trafic de drogue.

Trump, a-t-elle déclaré, bombarde les bateaux de pêche sans avertissement, ce qui fait que beaucoup ont peur de prendre la mer, ce qui compromet leurs activités de pêche habituelles, leur économie, et pourrait même menacer la souveraineté alimentaire du pays, en les empêchant de se procurer de la nourriture. Une fois de plus, a-t-elle ajouté, l’impérialisme utilise à nouveau l’alimentation comme une arme de guerre contre la révolution bolivarienne.

Le même mécanisme criminel est à l’œuvre contre la population de Gaza, à qui l’occupant empêche de se procurer de la nourriture sur ses propres côtes, en les prenant pour cible avec ses fusils. Que dirait, a-t-elle demandé à l’assistance, un pêcheur de ces côtes en signe de solidarité avec les pêcheurs vénézuéliens, attaqués comme ceux de Gaza ? Depuis le public, les comités territoriaux ont répondu sans hésiter : « Gringos go home ! » Et, dans la soirée, lors d’une réunion de paysans et d’écologistes avec la représentante diplomatique vénézuélienne, ils se sont déclarés prêts à impliquer dans cette lutte les pêcheurs des autres côtes et à organiser des jumelages avec les communes et les pêcheurs vénézuéliens.

« Nous défendrons toujours la souveraineté du Venezuela », a répété Schoukri Hroub, rappelant que la liberté de la Palestine a toujours été présente et la solidarité toujours active, tant au niveau international que populaire, de Chávez à Maduro.

Le Venezuela est un espoir, pas une menace. Mais pour l’impérialisme usaméricain et les gouvernements européens hypocrites qui le soutiennent, la véritable menace est celle de l’exemple, qui doit être enterré sous un voile de mensonges avec la complicité des médias hégémoniques qui ont cautionné les fausses informations du prétendu Cartel des Soleils, initialement pour calomnier le capitaine Diosdado Cabello, puis le président Maduro.

La menace que représente le socialisme bolivarien est celle d’avoir lancé un modèle alternatif au capitalisme dominant grâce auquel le Venezuela avait réussi à atteindre les premiers objectifs du millénaire de la FAO en deux fois moins de temps, et c’est pourquoi on a tenté de le bloquer et de l’étouffer par tous les moyens.

C’est pourquoi, comme à Gaza, l’impérialisme utilise la faim et l’alimentation comme arme de guerre. Mais sans succès, car, tout comme en Palestine, malgré les agressions et les « sanctions », le Venezuela a toujours répondu avec créativité, à commencer par la création des Clap, les comités locaux d’approvisionnement et de production, qui sont également des instruments d’auto-organisation sociale.

Aujourd’hui, le pays produit 90 % de ce qu’il consomme, et les données sur la croissance économique, illustrées ces derniers jours par la vice-présidente exécutive, Delcy Rodríguez, sont encore plus prometteuses. Une offense insupportable pour un impérialisme qui bafoue le droit international, comme nous le voyons avec le génocide en Palestine, mais qui a ainsi éveillé la conscience des peuples.



 


LA FLOTILLA GLOBAL SUMUD: Comprender el alcance de la resistencia ciudadana transnacional contra el genocidio
Llamado de los 57


Los diarios Le Monde y Libération se negaron a publicar este llamado. Fue publicado por el diario L’Humanité

Leer en inglés  The Global Sumud Flotilla: Grasping the Scope of a Transnational Citizens' Resistance


La guerra del Estado de Israel contra Gaza es una política de destrucción masiva, pero también una política de crueldad. Ya no se trata solo de producir discursos que califican a ciertas poblaciones de criminales, enemigos o «animales»; se trata de producir cadáveres.

El espectáculo del genocidio nos deja atónitos, pero la destrucción no es el final de todo: inicia nuevas formas de gobernar y, en todo el mundo, mucho más allá de Gaza, nuevos sujetos desvitalizados, atónitos, paralizados. Lo queramos o no, la escena se desarrolla entre tres: los asesinos, los asesinados y los espectadores.

Nosotros, los espectadores, nos convertimos en una población reducida a percibirse, con vergüenza y rabia, como impotente, atrapada en su punto más frágil: la sensibilidad ante lo obsceno, mezclada con el terror y la fascinación; y luego una progresiva desensibilización ante ese mismo espectáculo. Esta política de crueldad busca destruir la imaginación, encerrar la subjetividad en la abyección, impedir que podamos imaginar un futuro.

Apunta a nuestros vínculos, a nuestra capacidad de apego; aísla a los individuos, hace sospechoso cualquier movimiento de empatía e intimida cualquier crítica con amenazas tácitas, pero perfectamente claras. Crea un mundo en el que la pertenencia política se negocia en un consentimiento por defecto, un consentimiento por ausencia de reacción ante el sufrimiento exhibido. Un pacto implícito de gobierno.

“El valor anima al valor”

Este silencio adopta múltiples formas: statu quo institucional, justificación, terror bruto, repugnancia, confusión de responsabilidades (“¿quién hace qué y por qué?”), ambigüedad cognitiva —de la que la propaganda rusa ha hecho un arte (“¿qué importa si es verdad o no?”).

 No se trata solo de ocultar los crímenes y hacer invisible el sufrimiento. Lo que debe permanecer invisible, esta vez, es también nuestra reacción ante ese sufrimiento. Las pequeñas cobardías a las que nos acorralan y nos acostumbran: son precisamente ellas las que permiten el establecimiento del fascismo. La gran deseabilidad que generan el sentido, la dignidad y el valor es lo que asusta a los genocidas y a sus colaboradores: el hecho de que el valor fomenta el valor. Por supuesto, no solo existe Gaza en el mundo: la guerra destroza otros lugares y a muchas personas, a veces más, y con mayor indiferencia.

 Pero desde hace dos años, se nos muestra el espectáculo de la destrucción en Gaza al mismo tiempo que se nos pide que no lo nombremos, que no nos indignemos, que no reconozcamos nuestra responsabilidad como miembros de países occidentales que arman al Estado de Israel y avalan sus crímenes. Esta contradicción nos asfixia y nos amputa como sujetos, frente a Gaza, pero también frente al resto del mundo y de la vida.

 Por eso el silencio nos concierne. La Flotilla Global Sumud, formada por una cincuentena de barcos que hoy navegan hacia Gaza, responde directamente a este dispositivo. Denuncia alto y claro, en nombre del derecho internacional. Pero, sobre todo, actúa en otro registro: el del cuerpo.

 Al subir a un barco, al cruzar el mar, ellos y ellas, ciudadanos de todo el mundo, se toman el tiempo del cuerpo y se exponen al peligro de una travesía bajo la amenaza del ejército israelí. Según el derecho internacional, esta acción pacifista y humanitaria es totalmente legal. El peligro proviene únicamente de la impunidad concedida al gobierno israelí.

La flotilla, «una respuesta pacífica, humanitaria, transnacional y popular»

Sería fácil burlarnos de este gesto amateur. Mientras tanto, ponen en juego su vulnerabilidad para responder a la vulnerabilidad masacrada de otros. No se exhiben: ¡dan la vuelta al espectáculo! Oponen a la puesta en escena de la crueldad un contraespectáculo, en el que las personas no se reducen a su potencial devenir cadáver y a su ser espectadores mudos.

Van, actúan y nos recuerdan la posibilidad que siempre tenemos de levantarnos, a la escala minúscula de cada una de nuestras vidas. Porque responder con nuestros cuerpos a lo que se hace a otros cuerpos mantiene abierto el horizonte de un mundo común.

Esta obstinación resuena con otros gestos que, en los últimos años, han transformado el Mediterráneo en un escenario de resistencia. Mientras las fronteras de Europa se militarizan y se cierran, los ciudadanos del sur global las desafían lanzándose al mar, afirmando su derecho igualitario a un futuro, a una vida digna. Contra estas políticas migratorias mortíferas, ciudadanos europeos han fletado barcos de rescate.

Hoy, ciudadanos del sur y del norte se embarcan juntos en una flotilla financiada y organizada exclusivamente con donaciones privadas de todo el mundo, en amistad entre todas las religiones y creencias. No hay más salvados ni salvadores: solo personas que se arriesgan con sus cuerpos para romper el mecanismo de la crueldad. Su gesto se nutre del coraje de los habitantes de Gaza, que siguen en pie y que, entre el hambre y los bombardeos, organizan en el sur del enclave la solidaridad hacia quienes huyen una vez más de la ciudad de Gaza, completamente evacuada, «limpia» por el fuego.

Ante esta destrucción, ha surgido una respuesta pacifista, humanitaria, transnacional y popular en forma de flotilla. Se trata de una contrapolítica de la empatía, que se compromete en la relación de fuerzas en el terreno de lo sensible, afirmando que podemos rechazar la impotencia y la vergüenza, y que nuestros cuerpos pueden conectarse con los de Gaza, aprendiendo de su tradición de perseverancia como resistencia —el «sumud»— que ahora es una brújula global.

“La Flotilla Global Sumud rompe el estupor y da un nuevo impulso a la imaginación”

Sin embargo, esta acción solo tiene un débil eco en los medios de comunicación. Las salidas de los barcos rara vez se cuentan, o se reducen a iniciativas marginales, ingenuas, narcisistas y condenadas al fracaso. Como si se tratara de minimizar lo que, sin embargo, altera profundamente la lógica impuesta. “No cambiará nada. Se confiscarán los cargamentos y se detendrá a los participantes”.

Pero persistir en actuar a pesar de todo no es ingenuidad: este tipo de acción desenmascara la arquitectura del pacto de silencio. Apartarse de él, ridiculizarlo, calificarlo de utópico, es prolongar el estupor, situando lo razonable del lado de la impotencia. La posición de neutralidad es un material conductor de la crueldad. La Flotilla Global Sumud rompe el estupor y da un nuevo impulso a la imaginación. Es una expedición humanitaria, pero también genera un escenario político al que cada uno, en cada nivel y en cada lugar, puede decidir unirse.

Hay que proteger a estos ciudadanos embarcados en nombre de la dignidad humana, ante la incapacidad de nuestros gobiernos para actuar.

Puede firmar este texto en el siguiente enlace https://linktr.ee/ResistanceCitoyenneTransnat

Lista de los 57 firmantes :

Swann Arlaud (actor), Judith Butler (filósofa), Kaouter Ben Hania (directora), Carolina Bianchi (directora de escena y performer), François Chaignaud (coreógrafo), Grégoire Chamayou (filósofo), Antoine Chevrollier (director), Francesca Corona (directora artística), Angela Davis (filósofa), Virginie Despentes (escritora), Rokhaya Diallo (autora, directora), Alice Diop (directora), Mati Diop (directora), Penda Diouf (autora y directora), Elsa Dorlin (filósofa), Eva Doumbia (autora y directora de teatro), Dominique Eddé (escritora), Annie Ernaux (escritora), Sepideh Farsi (directora), Mame Fatou Niang (profesora universitaria), Hassen Ferhani (director), Hélène Frappat (escritora), Verónica Gago (filósofa), Joana Hadjithomas (artista, directora), Arthur Harari (director), Khalil Joreige (artista, director), Kiyemis (poeta), Ariane Labed (actriz y directora), Melissa Laveaux (autora y compositora), Aïssa Maïga (actriz, directora, guionista y productora), Guslagie Malanda (actriz), Chowra Makaremi (antropóloga del CNRS), Catherine Malabou (filósofa y profesora de filosofía en la Universidad de California en Irvine), Maguy Marin (coreógrafa), Phia Ménard (malabarista, intérprete, coreógrafa y directora), Noémie Merlant (actriz y directora), Dorothée Munyaneza (coreógrafa, bailarina y música), Marie NDiaye (escritora), Olivier Neveux (profesor de estudios teatrales en la ENS de Lyon), Rachid Ouramdame (coreógrafo), Verena Paravel (cineasta, antropóloga), Joel Pommerat (director de escena), Sephora Pondi (actriz), Paul Preciado (filósofo y escritor), Lia Rodrigues (coreógrafa), Elias Sanbar (escritor), Céline Sciamma (directora), Rita Laura Segato (antropóloga), Benjamin Seroussi (comisario), Adam Shatz (escritor), Maboula Soumahoro (Black History Month Association), Justine Triet (directora), Jasmine Trinca (actriz y directora), Virgil Vernier (director), Gisèle Vienne (coreógrafa, directora y artista), Eyal Weizman (director de Forensic Architecture) y Maud Wyler (actriz).