المقالات بلغتها الأصلية Originaux Originals Originales

23/06/2024

THOMAS L. FRIEDMAN
Les dirigeants usaméricains devraient cesser de s’avilir devant Israël

Thomas L. Friedman The New York Times, 18/6/2024
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Le 4 novembre 2022, juste après l’élection de l’actuelle coalition gouvernementale israélienne d’extrême droite, j’ai écrit une chronique avec ce titre : « L’Israël que nous connaissions a disparu ». Il s’agissait d’une mise en garde contre la radicalité de cette coalition. Beaucoup de gens n’étaient pas d’accord. Je pense que les événements ont prouvé qu’ils avaient tort et que la situation est encore pire aujourd’hui : l’Israël que nous connaissions a disparu et l’Israël d’aujourd’hui est en danger existentiel.


Photo Abir Sultan

Israël est confronté à une superpuissance régionale, l’Iran, qui a réussi à prendre Israël en étau, en utilisant ses alliés et ses mandataires : le Hamas, le Hezbollah, les Houthis et les milices chiites en Irak. Pour l’heure, Israël n’a pas de réponse militaire ou diplomatique. Pire encore, il est confronté à la perspective d’une guerre sur trois fronts - Gaza, le Liban et la Cisjordanie - mais avec une nouveauté dangereuse : le Hezbollah au Liban, contrairement au Hamas, est armé de missiles de précision qui pourraient détruire de vastes pans de l’infrastructure israélienne, de ses aéroports à ses ports maritimes, en passant par ses campus universitaires, ses bases militaires et ses centrales électriques.

Mais Israël est dirigé par un premier ministre, Benjamin Netanyahou, qui doit rester au pouvoir pour éviter d’être éventuellement envoyé en prison pour corruption. Pour ce faire, il a vendu son âme pour former un gouvernement avec des extrémistes juifs d’extrême droite qui insistent sur le fait qu’Israël doit se battre à Gaza jusqu’à ce qu’il ait tué tous les Hamasniks – “victoire totale” - et qui rejettent tout partenariat avec l’Autorité palestinienne (qui a accepté les accords de paix d’Oslo) pour gouverner un Gaza post-Hamas, parce qu’ils veulent qu’Israël contrôle tout le territoire entre le Jourdain et la mer Méditerranée, y compris la bande de Gaza.

Aujourd’hui, le cabinet de guerre d’urgence de Netanyahou s’est effondré en raison de l’absence de plan pour mettre fin à la guerre et se retirer de Gaza en toute sécurité, et les extrémistes de sa coalition gouvernementale réfléchissent à leurs prochaines actions pour accéder au pouvoir.

Ils ont déjà fait tant de dégâts, et pourtant le président Biden, le lobby pro-israélien AIPAC et de nombreux membres du Congrès n’ont pas pris conscience de la radicalité de ce gouvernement.

En effet, le président de la Chambre des représentants, Mike Johnson, et ses collègues du G.O.P. [Great Old Party, Les Républicains] ont décidé de récompenser Netanyahou en lui accordant le grand honneur de s’adresser à une session conjointe des deux chambres du Congrès le 24 juillet. Poussés dans leurs retranchements, les principaux démocrates du Sénat et de la Chambre des représentants ont signé l’invitation, mais le but inavoué de cet exercice républicain est de diviser les démocrates et de provoquer des cris d’insultes de la part de leurs représentants les plus progressistes, ce qui aliénerait les électeurs et les donateurs juifs usaméricains et les pousserait à se tourner vers Donald Trump.

Netanyahou sait qu’il s’agit avant tout de politique intérieure usaméricaine, et c’est pourquoi son acceptation de l’invitation à prendre la parole est un tel acte de déloyauté à l’égard de Joe Biden - qui a fait le voyage jusqu’en Israël pour le serrer dans ses bras dans les jours qui ont suivi le 7 octobre – que ça vous coupe carrément le souffle.

Aucun ami d’Israël ne devrait participer à ce cirque. Israël a besoin d’un gouvernement centriste pragmatique capable de le sortir de cette crise aux multiples facettes et de saisir l’offre de normalisation avec l’Arabie saoudite que Biden a réussi à mettre en place. Cela ne peut se faire qu’en destituant Netanyahou par de nouvelles élections, comme l’a courageusement demandé le chef de la majorité au Sénat, Chuck Schumer, en mars dernier. Israël n’a pas besoin d’une soirée arrosée sponsorisée par les USA pour son chauffard bourré.

On se demande si les “amis” d’Israël ont la moindre idée de la nature de son gouvernement. Ce gouvernement n’est pas l’Israël de votre grand-père et ce Bibi n’est même pas l’ancien Bibi.

Contrairement à tous les cabinets israéliens précédents, ce gouvernement a inscrit l’objectif d’annexion de la Cisjordanie dans l’accord de coalition. Il n’est donc pas surprenant qu’il ait passé sa première année à essayer d’écraser la capacité de la Cour suprême israélienne à mettre un frein à ses pouvoirs. Bibi a également cédé le contrôle de la police et des principales autorités du ministère de la défense aux suprémacistes juifs de sa coalition afin de leur permettre d’accroître le contrôle des colons sur la Cisjordanie. Ils ont immédiatement procédé à l’ajout d’un nombre record d’unités d’habitation au cœur de ce territoire occupé pour tenter d’empêcher la création d’un État palestinien.

CHUCK FREILICH
Face à une guerre imminente avec le Hezbollah, Israël dispose de six options difficiles
Petit aperçu des “réflexions” stratégiques sionistes

 Ci-dessous un exemple plutôt pathétique des cogitations stratégico-tactiques usraéliennes en ces temps de guerre asymétrique multi-fronts. “Errare humanum est, perseverare autem diabolicum, et tertia non datur” [L’erreur est humaine, la persistance [dans l’erreur] est diabolique, et la troisième possibilité n’est pas donnée] : comment dit-on cela en hébreu moderne ? -FG

Sud-Liban, 10 août 2006: ce jour-là, entré dans l'histoire comme Majzara Merkava, le massacre des Merkavas, la résistance libanaise détruisit 39 blindés des unités d'élite de l'armée israélienne. Un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître, mais que les plus de 50 ans devraient méditer...

Chuck Freilich, Haaretz, 20/6/2024
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Israël se trouve dans une situation sans précédent de guerre permanente avec le Hamas à Gaza et un Iran enhardi, alors qu’il est en train de décider comment réagir à l’escalade des combats transfrontaliers avec le Hezbollah au Liban. Sa prochaine action doit être la plus calculée et la mieux calibrée possible - il n’y a pas de place pour l’erreur

Deux hommes se tiennent près d’un camion et observent les panaches de fumée qui s’élèvent d’un incendie dans un champ après que des roquettes lancées depuis le sud du Liban ont atterri près de Katzrin, sur le plateau du Golan, la semaine dernière, dans le cadre des affrontements transfrontaliers entre Israël et le Hezbollah. Photo : AFP

Le nord d’Israël est en flammes, le risque d’une guerre à grande échelle, voire sur plusieurs fronts, augmente rapidement et Israël reste empêtré dans le bourbier de Gaza. Le sens commun veut que le Hezbollah ne soit pas intéressé par une confrontation totale et préfère un cessez-le-feu, si et quand il sera obtenu à Gaza.

Toutefois, la capacité du Hamas à survivre à l‘attaque massive d’Israël, ainsi que la détérioration de sa position stratégique, ont renforcé la confiance de l (Iran, Hezbollah, Hamas, Houthis et diverses milices chiites) et l’ont probablement incité à prendre davantage de risques. L’“Axe” semble croire qu’il peut résister à la supériorité conventionnelle d’Israël et même la vaincre.

Des partisans du Hezbollah suivent un discours prononcé par le chef du Hezbollah, Sayyed Hassan Nasrallah, sur un écran lors d’une cérémonie commémorant la mort du commandant supérieur du Hezbollah, Taleb Sami Abdullah, dans la banlieue sud de Beyrouth, à Dahiyeh, au Liban, mercredi. Photo : Bilal Hussein, AP

Dans ces circonstances sans précédent, Israël doit choisir entre cinq options principales. Chacune doit être évaluée en fonction de ses perspectives de succès militaire et diplomatique et de ses ramifications intérieures. Plus important encore, la question est de savoir si l’option est susceptible de produire une amélioration significative de la position stratégique globale d’Israël, ou si nous paierons un lourd tribut et reviendrons à la case départ.

Poursuite de la voie actuelle : Jusqu’à présent, Israël et le Hezbollah ont veillé à rester en deçà du “seuil d’escalade”, un terme intentionnellement vague qui a été mis à rude épreuve et qui pourrait être insoutenable. Les dégâts subis par les villes, villages et kibboutzim du nord d’Israël sont importants et s’aggravent, et quelque 60 000 personnes évacuées n’ont pas pu rentrer chez elles depuis plus de huit mois. Après le traumatisme du 7 octobre, l’opinion publique israélienne en a assez des interminables rounds de guerre limitée, qui ne font qu’engendrer des périodes de calme limitées jusqu’au prochain round, et souhaite des solutions plus permanentes. À l’inverse, l’équilibre de la terreur avec le Hezbollah, après la guerre de 2006, a tenu pendant 16 ans. Si un retour à ce type de politique est susceptible d’aboutir à un nouveau cessez-le-feu prolongé, il ne faut pas l’écarter complètement.

Haut du formulaire

Bas du formulaire

Un cessez-le-feu unilatéral : Cette mesure serait prise dans l’espoir d’isoler le Hezbollah, de le forcer à cesser ses tirs et de renforcer la légitimité internationale d’une opération militaire israélienne, si elle s’avérait nécessaire. Bien entendu, rien ne garantit que le Hezbollah réagira comme on l’espère, même après un cessez-le-feu israélien prolongé. Une action unilatérale pourrait être considérée comme un signe de faiblesse et, en tout état de cause, serait difficile à mettre en œuvre sur le plan politique, en particulier pendant que les combats se poursuivent à Gaza.

22/06/2024

THE NEW YORK TIMES
Le ministre israélien des finances, Bezalel Smotrich, décrit la tentative secrète du gouvernement de bétonner le contrôle de la Cisjordanie


Natan Odenheimer, Ronen Bergman et Patrick Kingsley, The New York Times, 22/6/2024
Johnatan Reiss a contribué au reportage depuis Tel Aviv et Adam Rasgon depuis Jérusalem
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

 Les juges israéliens ont longtemps estimé que le contrôle d’Israël sur le territoire était une occupation militaire temporaire et qu’il était conforme au droit international. Un discours récent d’un ministre influent, enregistré, suggère que le gouvernement tente de changer cela.
Nos reporters ont examiné l’enregistrement d’un récent discours prononcé par Bezalel Smotrich, un ministre israélien d’extrême droite qui dirige les efforts visant à renforcer le contrôle israélien sur la Cisjordanie occupée.

Bas du formulaire

Un soldat israélien à un poste de garde en Cisjordanie, en décembre. Photo : Avishag Shaar-Yashuv pour le New York Times

Un membre influent de la coalition du Premier ministre Benjamin Netanyahou a déclaré à des colons de la Cisjordanie occupée par Israël que le gouvernement était engagé dans un effort furtif visant à modifier de manière irréversible la manière dont le territoire est gouverné, afin de renforcer le contrôle d’Israël sur celui-ci sans être accusé de l’annexer formellement.

Dans un enregistrement du discours, on peut entendre le fonctionnaire, Bezalel Smotrich, suggérer lors d’un événement privé au début du mois de juin que l’objectif était d’empêcher la Cisjordanie de faire partie d’un État palestinien.

« Je vous le dis, c’est méga-dramatique », a déclaré Smotrich aux colons. « De tels changements modifient l’ADN d’un système ».

Si l’opposition de Smotrich à la cession du contrôle de la Cisjordanie n’est un secret pour personne, la position officielle du gouvernement israélien est que le statut de la Cisjordanie reste ouvert aux négociations entre les dirigeants israéliens et palestiniens. La Cour suprême d’Israël a statué que la domination d’Israël sur le territoire équivalait à une occupation militaire temporaire supervisée par les généraux de l’armée, et non à une annexion civile permanente administrée par des fonctionnaires israéliens.

Le discours prononcé le 9 juin par Smotrich lors d’un rassemblement en Cisjordanie pourrait rendre cette position plus difficile à maintenir. Il y a décrit un programme soigneusement orchestré pour retirer l’autorité sur la Cisjordanie des mains de l’armée israélienne et la confier à des civils travaillant pour Smotrich au sein du ministère de la défense. Certaines parties du plan ont déjà été introduites progressivement au cours des 18 derniers mois, et certaines autorités ont déjà été transférées à des civils.

 

Le ministre israélien des finances, Bezalel Smotrich, s’adressant aux parents des otages lors d’un rassemblement à Jérusalem ce mois-ci. Photo : Menahem Kahana/Agence France-Presse - Getty Images

« Nous avons créé un système civil distinct », a déclaré Smotrich. Pour détourner l’attention de la communauté internationale, le gouvernement a permis au ministère de la défense de rester impliqué dans le processus, de sorte qu’il semble que l’armée soit toujours au cœur de la gouvernance de la Cisjordanie.

« Ce sera plus facile à avaler dans le contexte international et juridique », a déclaré Smotrich. « Ainsi, ils ne diront pas que nous procédons à une annexion ».

Les journalistes du New York Times ont écouté un enregistrement du discours d’environ une demi-heure fourni par l’un des participants, un chercheur de La Paix Maintenant, un groupe de campagne contre l’occupation. Un porte-parole de Smotrich, Eytan Fold, a confirmé qu’il avait prononcé le discours et que l’événement n’était pas secret.

21/06/2024

ANSHEL PFEFFER
Au milieu des combats à Gaza, la guerre acharnée entre Netanyahou et les généraux israéliens s’intensifie : une armée qui a un État ou un État qui a une armée ?

Anshel Pfeffer, Haaretz, 17/6/2024
Traduit par
Layân Benhamed, édité par Fausto Giudice, Tlaxcala

Les désaccords entre Netanyahou et les FDI concernant la guerre à Gaza deviennent si toxiques que le camp de Netanyahou  accuse désormais les généraux de “coup de poignard dans le dos”, une théorie du complot classique propagée par les nazis après la défaite allemande de 1918. Mais c’est une tactique risquée, voire dangereuse.

L’échange d’accusations de dimanche dernier entre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou et des sources anonymes des Forces de défense israéliennes concernant qui a donné l’ordre de permettre une “pause humanitaire” dans les combats dans la bande de Gaza n’est que le dernier rebondissement d’une relation de plus en plus hargneuse entre le premier ministre et l’état-major général des FDI

Dans ce cas, Netanyahou a publié une déclaration niant avoir connaissance de la pause humanitaire, s’attirant une réponse des FDI disant que cela avait été fait sur ses ordres exprès.

Ces dernières semaines, une série de problèmes ont élargi le fossé. Des officiers supérieurs ont informé les médias qu’Israël risque de perdre les “gains tactiques” des derniers mois de combats au sol à Gaza, parce que Netanyahou a refusé de permettre la formation d’une “alternative au Hamas” qui pourrait prendre le contrôle de la bande. Au lieu de cela, le Hamas retourne dans les zones déjà dégagées par les FDI.

Le chef d’état-major, le général de division Herzl Halevi, a publiquement parlé de la nécessité les FDI de recruter deS jeunes hommes haredim [juifs orthodoxes, exemptés de service militaire] pour combler ses rangs épuisés, ce qui a irrité Netanyahou, qui doit tenir les étudiants des a yeshivas [écoles religieuses] à l’écart de l’armée s’il veut garder les partis haredim dans sa coalition.

Lors de réunions privées, Halevi a parlé de la nécessité de prioriser un accord avec le Hamas pour la libération des otages encore détenus à Gaza, des remarques qui ont été rapidement divulguées. Cela constituerait une autre menace pour la coalition de Netanyahou, car ses partis d’extrême droite menacent de quitter le gouvernement si un tel accord avec le Hamas se concrétise.

20/06/2024

JUDY MALTZ
“Papy plaque Mamie” : une nouvelle exposition à New York brise le mythe du “gentil mari juif”


Judy Maltz, Haaretz, 19/6/2024
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Pendant une soixantaine d’années à partir du début du XXe siècle, le Bureau national des désertions a traqué aux USA et à l’étranger les maris juifs qui avaient abandonné leur femme et leur famille. Une nouvelle exposition permet d’en savoir plus sur cette agence quasiment de détectives méconnue.

Runaway Husbands, Desperate Families: The Story of the National Desertion Bureau

NEW YORK - Nathan Goldfarb, un horloger qui vivait à Manhattan avec sa femme et ses deux enfants, était tombé amoureux d’une pensionnaire qui louait une chambre dans la maison familiale. Après que sa femme Lena les a surpris au lit, Goldfarb et sa maîtresse se sont enfuis en Californie, où ils ont rejoint une communauté pratiquant l’amour libre.

La maîtresse finit par le quitter pour un autre homme et, après avoir été menacé d’arrestation pour s’être introduit chez elle, Nathan retourne à Lena la queue entre les jambes.

Portrait de Jacob Rosenbloom et article du journal Forverts de juillet 1912 montrant un groupe de maris partis sans laisser d'adresse

Abraham Meyerson et sa femme Fannie ont connu une fin moins heureuse. Découpeur de tissus dans une usine de Chicago, Abraham abandonne sa femme et ses quatre enfants et s’enfuit sur la côte ouest, où il se met en ménage avec une autre femme.

C’est la deuxième femme et la deuxième famille qu’il abandonne. Bien qu’il ait finalement été retrouvé et qu’il ait accepté de verser une pension alimentaire à Fannie, les archives montrent qu’il n’a pas toujours respecté cet engagement.

Haut du formulaire

Bas du formulaire

Cours de citoyenneté pour les immigrants juifs à la Hebrew Sheltering and Immigrant Aid Society of America [Société hébraïque d’hébergement et d'aide aux immigrants d’Amérique] dans le Lower East Side de New York, février 1920. Photo : Institut YIVO pour la recherche juive

Ces histoires et bien d’autres de maris juifs fugueurs font partie d’une exposition spéciale, inaugurée cette semaine à l’Institut YIVO pour la recherche juive à Manhattan, consacrée à une agence peu connue appelée le Bureau national des désertions.

Créé pour retrouver les milliers d’hommes juifs qui ont abandonné leurs femmes et leurs familles lors de la grande vague d’immigration vers les USA au tournant du siècle, il a fonctionné du début des années 1900 jusqu’aux années 1960 [en 1955, il a changé de nom, devenant Family Location Services, Services de localisation pour les familles, NdT]

« Nous aimons tous considérer la vague d’immigration juive en Amérique comme une immense success story », note Eddy Portnoy, directeur des expositions à YIVO. « Mais il y a aussi eu de nombreux cas comme celui-ci, où Zeidie [Papy en yddish] a plaqué Bubbie [Mamie en yidish] ».

Le Bureau national des désertions a été mis en place par le Jewish Board of Family and Children’s Services [Office juif de service aux familles et aux enfants], créé il y a 150 ans et qui est l’une des plus grandes agences de santé mentale et de services sociaux de l’État de New York.

GIDEON LEVY
Des photos manquent sur la Place des Otages de Tel-Aviv : celles des otages palestiniens

Gideon Levy, Haaretz, 20/6/2024
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

Une photo manque sur la place de Tel Aviv connue sous le nom de Place des Otages. Quelques douzaines d’images sont également absentes des manifestations de la rue Kaplan, située à proximité. Ces photos n’ont jamais été brandies dans les manifestations, alors qu’elles y ont leur place au même titre que les photos des otages israéliens. Les photos manquantes, celles des Palestiniens kidnappés, auraient dû être le deuxième point focal des protestations, après celles des otages israéliens. Mais pas dans l’Israël de 2024. Ici, personne ne pense même à les prendre en considération.


Un soldat israélien passe devant des photos de captifs israélien détenus à Gaza, sur la place Dizengoff à Tel Aviv, en mai. Photo Marko Djurica / Reuters

J’aimerais voir, lors de la manifestation de Kaplan ce samedi soir, une photo du kidnappé Bassem Tamimi après sa libération en Israël. Tamimi a été libéré la semaine dernière ; il avait été enlevé au passage Allenby/King Hussein entre la Cisjordanie et la Jordanie le 29 octobre et emprisonné sans procès.

Son apparition après environ huit mois d’incarcération et de torture aurait dû choquer tous les Israéliens, en particulier les parents des otages de Gaza. Les photos montrent un homme brisé : émacié, le visage décharné, les yeux rouges et en pleurs. Tamimi a été détenu des dizaines de fois, généralement pour des raisons politiques et sans procès, mais jamais, après sa libération, il n’a eu l’air qu’il avait la semaine dernière. L’homme autrefois beau et charismatique n’était plus que l’ombre de lui-même. Même ses amis ont eu du mal à le reconnaître au début. Il ressemblait à un détenu libéré de Guantanamo ou d’Abou Ghraïb.

 

C’est un militant politique chevronné qui a perdu quelques membres de sa famille dans la lutte. Sa fille Ahed est devenue un symbole international de la résistance palestinienne à l’âge de 14 ans après avoir giflé - que le ciel nous vienne en aide ! - son excellence, un officier de l’armée israélienne, qui , lui, a le droit de gifler et même de tuer à sa guise. Tamimi a été brisé. Ses amis disent qu’il est paniqué, effrayé et en état de choc après ce qu’il a enduré dans les infâmes ailes de prison pour les détenus de sécurité opérant sous la férule d’Itamar Ben-Gvir.

ANNA RAJAGOPAL
Pas besoin de “valeurs juives” dans la lutte pour la Palestine

Anna Rajagopal, Mondoweiss, 13/6/2024
Traduit par Layân Benhamed, édité par Fausto Giudice, Tlaxcala

Anna Rajagopal, 24 ans, est une auteure usaméricaine de père blanc chrétien et de mère hindoue, convertie au judaïsme à l’âge de 11 ans et une stratège en médias vivant à Houston, au Texas. Anna a obtenu son diplôme avec distinction en recherche et créations artistiques, ainsi qu’avec mention honorable, de l’université Rice en 2023, où elle a reçu une licence en anglais et écriture créative. Anna est une poétesse et une auteure de non fiction publiée, et son travail a été publié localement, nationalement et internationalement. L’ensemble du travail d’Anna se concentre sur les géographies de l’identité de la communauté colonisées par l’empire et en résistance Anna est une coordinatrice de médias numériques qualifiée avec une expérience dans la gestion de médias pour des publications, des institutions et des marques de célébrités. Elle a fait l’objet de violentes campagnes de dénigrement de la part d’une obscure organisation sioniste la qualifiant, vi geventlikh [comme d'habitude en yiddish] d’ “antisémite”. @annarajagopal

Les Juifs n’ont pas besoin d’invoquer les “valeurs juives” pour justifier leur travail en faveur de la libération palestinienne. En fait, le faire renforce l’idéologie même que nous cherchons à démanteler.

La lutte populaire juive pour la libération palestinienne est souvent qualifiée par une invocation des « valeurs juives ». « Mes valeurs juives m’obligent à m’opposer au génocide » (ou des variantes) est une phrase populaire utilisée dans des discours, des déclarations et des slogans — donnant un sceau d’approbation juif légitime à ce qui suit.

« Le génocide n’est pas une valeur juive » : Des militants lors d’une manifestation contre le chanteur pro-israélien Matisyahu à Philadelphie, le 22 mars 2024. (Photo : Joe Piette/Flickr)

C’est ce que disent les fondateurs et les représentants d’organisations juives comme If Not Now, Independent Jewish Voices, Na’amod et Jewish Voice for Peace. C’est ce que disent des politiciens comme politicians such as Alexandra Ocasio-Cortez. Ainsi disent des tweets viraux et des vidéos populaires.

Que ce soit intentionnel ou non, ces organisations, individus et sentiments ont un point commun qui les aligne avec les groupes et mouvements sionistes populaires : un appel à la suprématie juive.

Quelles sont exactement les valeurs juives ? Bien sûr, les valeurs juives, comme celles de toute religion, couvrent un large spectre allant du libérateur au répressif. Mais si vous demandiez à Jonathan Greenblatt, directeur de l’Anti-Defamation League, il dirait probablement que cette notion abstraite de « valeurs juives » se résume à la nécessité de défendre la communauté juive en promouvant une politique pro-israélienne face à la montée des mouvements propalestiniens, ou qu’elle se résume à soutenir le sionisme lui-même. Si vous demandiez aux dirigeants militaires israéliens, ils diraient probablement que même l’attaque génocidaire contre Gaza a été guidée par les valeurs juives.

19/06/2024

REEM HAMADAQA
La noche en que Israel mató a mi familia

La noche del 2 de marzo, Israel acabó con cuatro generaciones de mi familia. Yo apenas sobreviví a la masacre. Ahora me toca a mí contar su historia.

Reem A. Hamadaqa, Mondoweiss, 13/6/2024
Traducido por Fausto Giudice, Tlaxcala

Reem A. Hamadaqa, de 24 años, es ayudante de cátedra en la Universidad Islámica de Gaza y traductora. Escribe para y sobre Palestina. Puedes seguirla en X @reemhamadaqa e instagram reemhamadaqa

La noche del 2 de marzo de 2024, Israel acabó con cuatro generaciones de mi familia en una sola noche. Un ataque israelí cerca de medianoche mató a 14 miembros de mi familia. Se llevó la esencia misma de mi vida, a mis seres más queridos, y me marcó como superviviente.

Reem Hamadaqa, en la extrema derecha, con sus padres Sahar y Alaa', y sus dos hermanas, Heba, de 29 años, y Ola, de 19 años. Estos cuatro miembros de la familia de Reem fueron martirizados junto con otros 10 familiares en un ataque israelí el 2 de marzo en el sur de la Franja de Gaza.

“Vayan al sur o haremos caer esta escuela sobre sus cabezas”, nos advirtieron los soldados israelíes cuando decidimos abandonar nuestro hogar en el norte de Gaza. Para entonces, mi familia ya había sobrevivido a 40 días de bombardeos, acogiendo a menudo a decenas de desplazados en nuestra casa. Tras este mensaje, no tuvimos más remedio que huir.

Nuestra primera parada fue una escuela cercana de la UNRWA. Fue nuestro primer intento de encontrar alguna apariencia de “seguridad”. Caminamos más de seis horas bajo un sol abrasador para llegar al sur, donde, al final, mataron a mi familia en una zona supuestamente “segura” a la que la ocupación israelí nos había dicho que fuéramos.

Sobrevivimos casi 100 días en la casa de mi tío materno en Jan Yunis. No era el mejor lugar para encontrar comida o agua, pero nos aseguraron que era seguro. Su casa estaba en el bloque 89, designado por la ocupación como bloque “verde”. Por eso nos quedamos y no huimos. Pero ya estábamos desplazados.

La casa estaba llena con una docena de mujeres y niños cuando, el 2 de marzo, empezó el bombardeo intensivo hacia las 22.30 horas.

Una hora más tarde, intercambié una última mirada con mis padres, mis hermanas, mis primos, mi abuela y, sin saberlo en ese momento, con toda mi vida. Leí el tercer capítulo de una novela, charlé con mis padres, llamamos a mi hermana que había sido trasladada a Rafah en una tienda de campaña. Me burlé de mi hermana pequeña. Me dormí, cerrando involuntariamente el último capítulo de mi vida.

Me despertaron bombardeos masivos, explosiones en cadena que parecían no tener fin.

Aterrorizada, me desperté gritando. Mi madre y mi padre estaban junto a la puerta. Heba, mi hermana mayor, estaba a mi lado. Gritábamos. A través de la ventana, todo lo que podía ver delante de la casa estaba en llamas. Estas escenas resonaban con el estado de nuestros corazones.

“¡Papi! ¡No abras la puerta!”, gritábamos. En cuestión de segundos, la casa estaba sobre nosotros. Sentí que las paredes y el techo se derrumbaban, que la habitación explotaba a mi alrededor. Vi las espaldas de mamá y papá y sentí a Heba a mi lado, gritando. Vi a Ola, dormida, ajena a la enorme explosión.

Me desperté bajo los escombros.

Había luna llena. Estaba tan oscuro que probablemente era medianoche, y hacía tanto frío. El invierno aún no nos había abandonado. Estaba sola, atrapada bajo los escombros, incapaz de moverme.

Incluso después de leer historias sobre lo que se siente al estar atrapado bajo los escombros, no era nada de lo que había imaginado. No sabía cuánto tiempo había estado inconsciente. Cuando desperté, pensé que era un sueño, una pesadilla. El dolor era insoportable.

Grité con todas mis fuerzas, buscando no sé qué. Me arranqué las piedras de las manos, del pecho y del estómago. Me pesaban, pero mi respiración era aún más pesada. Esperé al desconocido.

Oí a mi tío gritar, llamando a sus hijos, y oí a un hombre que corría desde los tanques llamando a mi tío por detrás. No podía sacar las piernas de entre los escombros. Casi una hora después, mi hermano y mi primo, que vivían en la casa de enfrente, me encontraron. Milagrosamente, Ahmad me salvó. Levantó toneladas de piedras que me aplastaban.

En vez de ambulancias, tanques

Ahmad me levantó y me cargó a la espalda mientras corría. Cada paso que daba me destrozaba el alma de dolor. Me llevó a su casa, a pocos metros de distancia. Esta casa también había sido alcanzada. El suelo estaba lleno de fragmentos de cristales y muebles que cortaban a cualquiera que entrara. Ahmad me dejó allí.