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26/06/2024

RACHEL FINK
Le ministre israélien de la Diaspora, Amichai Chikli, fait l'éloge de Jordan Bardella, rompant ainsi le boycott officiel du RN par Israël

 Rachel Fink, Haaretz, 26/6/2024
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala 

Le ministre israélien des Affaires de la Diaspora Amichai Chikli (Likoud) a fait l'éloge d'un discours prononcé par le président du Rassemblement national français d'extrême droite, Jordan Bardella, dans lequel celui-ci a déclaré qu'une solution à deux Etats était “caduque” et qu'un Etat palestinien relèverait d’une “reconnaissance du terrorisme”. Le bureau de Chikli déclare : « Nous avons d'excellents contacts » avec le parti de Mme Le Pen.


Marine Le Pen, lideure du Rassemblement national d'extrême droite, et Jordan Bardella, président du parti, à Paris ce mois-ci. Photo : Thomas Padilla, AP

Le ministre israélien des Affaires de la Diaspora, Amichai Chikli, a publiquement fait l'éloge d'un discours prononcé par Jordan Bardella, président du parti d'extrême droite français Rassemblement national et protégé de Marine Le Pen, dans lequel il a déclaré qu'une solution à deux États était “caduque” à la lumière des attaques menées par le Hamas le 7 octobre.

Le soutien de Chikli à Bardella, exprimé dans un message sur X mardi, constitue une rupture significative dans le boycott de longue date par Israël du parti du Rassemblement national et de son ancienne incarnation, le Front national. Toutefois, cela s'inscrit dans la continuité de l'adhésion de Chikli aux partis et factions d'extrême-droite en Europe. Le portefeuille ministériel de Chikli comprend la lutte contre l'antisémitisme dans le monde.

En réponse à une question de Haaretz demandant si le post de Chikli indiquait une révocation publique du boycott d'Israël, son porte-parole a répondu : « Le ministre est en excellent contact avec le Rassemblement national et nous sommes ravis à l'idée d'établir un dialogue productif avec eux ».

Bardella a tenu ces propos lors d'une conférence de presse qui s'est tenue lundi à l'approche des élections législatives françaises, dont le premier tour est prévu le 30 juin. Souvent décrit comme le “poster boy de l'extrême droite”, Bardella, âgé de 28 ans, serait le candidat du Rassemblement national au poste de premier ministre si le parti obtenait de bons résultats aux élections de la semaine prochaine. Marine Le Pen, figure de proue du parti, serait sa candidate à la présidence en 2027.

Lors de sa conférence de presse, Bardella a exposé le plan économique “réaliste et crédible” de son parti avant d'aborder les thèmes têtes de console de la droite, notamment la restauration de l'exceptionnalisme français et le durcissement des politiques migratoires. Il a mentionné Israël vers la fin de son intervention.

« La France a soutenu la solution des deux États au fil des ans », a déclaré Bardella. « Mais cette position est devenue caduque à la lumière des atrocités commises par le Hamas le 7 octobre. La reconnaissance d'un État palestinien en ce moment serait une reconnaissance du terrorisme et l'octroi d'une légitimité politique à un mouvement qui inscrit sur sa bannière la destruction d'Israël ».

Il s'est ensuite engagé à protéger les Juifs de France contre la montée de l'antisémitisme provenant « d'organisations politiques de gauche et d'extrême gauche » ainsi que contre « la menace de l'islam radical ». Lors d'une récente interview à la radio, Bardella a déclaré que « pour beaucoup de Juifs français [il voulait dire Français juifs, NdT], le Rassemblement national est un bouclier contre l'idéologie islamiste ».


Le lendemain, Chikli a publié cette partie du discours de Bardella, en y ajoutant des sous-titres en hébreu. Ce faisant, il a semblé rompre avec la politique officielle d'Israël qui consiste à boycotter le Rassemblement national.

Le origini algerine di Jordan Bardella: indagine su un tabù

Farid Alilat, Jeune Afrique, 24/6/2024
Tradotto da Fausto Giudice, Tlaxcala

Il bisnonno di Jordan Bardella, presidente del Rassemblement National, era un lavoratore algerino immigrato. Si era stabilito nella regione di Lione, in Francia, all’inizio degli anni Trenta. Abbiamo indagato su questo antenato nel suo villaggio in Cabilia e a Parigi.

Jordan Bardella à Villepinte le 19 juin 2024. © Daniel Dorko / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP

Jordan Bardella a Villepinte il 19 giugno 2024. Daniel Dorko / Hans Lucas via AFP

Jordan Bardella, presidente del Rassemblement National e possibile futuro primo ministro, non parla mai delle origini algerine del suo bisnonno. Nella famiglia Bardella l’argomento è taciuto. All’interno dell’ex Front National di Marine Le Pen, la questione è tabù. Eppure Mohand Séghir Mada, il bisnonno di Bardella, proveniva davvero dalla Cabilia, in Algeria.

Jeune Afrique è andata alla ricerca di questo antenato e della sua famiglia, nel suo villaggio natale di Guendouz, capoluogo del comune di Aït Rzine, nella wilaya (provincia) di Bejaïa*. Erano gli anni ‘20. L’Algeria era allora “francese” e, in questo piccolo villaggio aggrappato alle montagne che si affacciano sulla valle del Soummam, la popolazione sopravviveva coltivando magri campi di ulivi e allevando capre e pecore. Qui, come altrove in Cabilia, la povertà è ovunque. All’epoca, Albert Camus, scrittore e futuro premio Nobel per la letteratura, ne fu talmente colpito da dedicarvi una serie di reportage, apparsi nel 1939 sul quotidiano Alger Républicain con il titolo “Misère de Kabylie” (“Miseria in Cabilia”).

Qui non c’erano fabbriche, né fattorie coloniali, né fabbriche per dare lavoro ed evitare la fame. In effetti, furono proprio la miseria e la fame a spingere centinaia di migliaia di cabili a emigrare dall’inizio del XX secolo per lavorare nelle fabbriche e nelle miniere della Francia metropolitana. Nel villaggio di Guendouz, la famiglia Mada lotta per sopravvivere. L’indigenza è tale che Tahar Mada e i suoi due figli Bachir, il maggiore, e Mohand Séghir, il più giovane, sono costretti a vendere i loro oliveti o a ipotecarne alcuni.

 Guendouz, dans la wilaya (département) de Bejaïa, le village natal de Mohand Séghir Mada.

Guendouz, nella wilaya (provincia) di Bejaïa, il villaggio natale di Mohand Séghir Mada

Los orígenes argelinos de Jordan Bardella: investigación de un tabú

Farid AlilatJeune Afrique, 24/6/2024

Traducido por Fausto Giudice, Tlaxcala

El bisabuelo de Jordan Bardella, presidente de la Agrupación Nacional, era un trabajador inmigrante argelino. Se instaló en la región francesa de Lyon a principios de los años treinta. Investigamos a este abuelo en su pueblo de Cabilia y en París.

 Jordan Bardella à Villepinte le 19 juin 2024. © Daniel Dorko / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP

Jordan Bardella en Villepinte el 19 de junio de 2024. Daniel Dorko / Hans Lucas vía AFP

Jordan Bardella, presidente de la Agrupación Nacional y posible futuro Primer Ministro, nunca habla de los orígenes argelinos de su bisabuelo. En la familia Bardella, el tema se silencia. En el antiguo Frente Nacional de Marine Le Pen, la cuestión es tabú. Sin embargo, Mohand Séghir Mada, bisabuelo de Bardella, procedía de la Cabilia argelina.

Jeune Afrique fue en busca de este abuelo y de su familia, a su pueblo natal de Guendouz, cabecera del municipio de Aït Rzine, en la wilaya (departamento) de Bejaïa*. Eran los años veinte. Argelia era entonces “francesa” y, en este pequeño pueblo aferrado a las montañas que se asoman al valle del Soummam, la población sobrevivía cultivando exiguos campos de olivos y criando cabras y ovejas. Aquí, como en el resto de la Cabilia, la pobreza está por todas partes. En aquella época, Albert Camus, escritor y futuro Premio Nobel de Literatura, estaba tan conmovido por ella que dedicó una serie de reportajes al tema, que aparecieron en el periódico Alger Républicain en 1939 bajo el título “Misère de Kabylie” ("Miseria en Cabilia").

Aquí no había fábricas, ni granjas coloniales, ni fábricas que dieran trabajo y evitaran el hambre. De hecho, fue esta miseria y el hambre lo que empujó a cientos de miles de cabilios a emigrar a Francia desde principios del siglo XX para trabajar en las fábricas y minas de la metrópoli. En el pueblo de Guendouz, la familia Mada lucha por sobrevivir. Tal es su miseria que Tahar Mada y sus dos hijos Bachir, el mayor, y Mohand Séghir, el menor, se ven obligados a vender sus olivares o a hipotecar algunos de ellos.

 Guendouz, dans la wilaya (département) de Bejaïa, le village natal de Mohand Séghir Mada.

Guendouz, en la wilaya de Bejaïa, pueblo natal de Mohand Séghir Mada.

Lo único que quedaba para alimentar a la familia era tomar el barco hacia Francia. En 1930, Mohand Séghir Mada y su hermano mayor Bachir salieron de su pueblo rumbo a la Francia metropolitana. Tras llegar a Marsella, el bisabuelo de Jordan Bardella se trasladó a la región de Lyon, donde en aquella época ya había varios miles de inmigrantes argelinos trabajando en fábricas textiles. Según Moussa Mada, hijo de Bachir Mada, que ahora tiene 90 años, los dos hermanos trabajaban en una fábrica de tintes en Villeurbanne.

Bachir Mada es una hormiga que envía regularmente dinero a su familia. Su hermano, Mohand Séghir, fuerte y robusto como un leñador canadiense, es una cigarra que ama la vida francesa. Se dice que es un bebedor. Para un joven llegado de una Cabilia sumida en la pobreza, las tentaciones de la vida en una ciudad moderna son grandes. Mohand Séghir disfruta tanto de la vida en el Lyon de los años 30 que desaparece en el aire sin dar noticias a su hermano mayor ni a su familia en Cabilia.

25/06/2024

Investigating the Algerian roots of French far right leader Jordan Bardella

Farid Alilat, The Africa Report, 24/6/2024

French far-right Rassemblement National (RN) party President and lead MEP Jordan Bardella in Paris on June 20, 2024. (Photo by JULIEN DE ROSA / AFP) 
French far-right Rassemblement National (RN) party President and lead MEP Jordan Bardella in Paris on June 20, 2024. (Photo by JULIEN DE ROSA / AFP)

Jordan Bardella, the president of France’s far right Rassemblement National, has an Algerian great-grandfather who was an immigrant worker. He settled in France, in the Lyon region, in the early 1930s. 

Jordan Bardella, president of the Rassemblement National and a potential future French Prime Minister, never speaks of his great-grandfather’s Algerian origins. The topic is hidden within the Bardella family and remains a taboo within Marine Le Pen’s former National Front. Yet, Mohand Séghir Mada, Bardella’s great-grandfather, indeed hailed from Kabylia, Algeria.

The Rassemblement National has made immigration one of the lynchpins of its election campaigns, regularly hammering migrants as being part of the social ills of France.

France will hold legislative elections on 30 June and 7 July, following President Emmanuel Macron’s decision to dissolve parliament after a disastrous showing in recent European elections.

Guendouz, dans la wilaya (département) de Bejaïa, le village natal de Mohand Séghir Mada.
Guendouz, in the wilaya of Bejaïa, Mohand Séghir Mada's birth place

 Back to Guendouz

The ancestor of Jordan Bardella came from the village of Guendouz, the main town of the Aït Rzine commune in the Bejaïa department*. In the 1920s, Algeria was a French colony, and in this small village clinging to the mountains facing the Soummam Valley, people survived by cultivating small olive fields and raising goats and sheep. Misery was widespread in the Kabylia region.

Albert Camus, a writer and future Nobel laureate in literature, was so moved by the situation that he dedicated a series of reports to it, published in 1939 in the newspaper Alger Républicain under the title “Misery in Kabylie.”

There were no factories, colonial farms, or manufacturing plants to provide jobs and prevent starvation. This dire poverty and hunger drove hundreds of thousands of people from Kabylie to emigrate to France in the early 20th century to work in factories and mines. In Guendouz, the Mada family struggled. The hardship forced Tahar Mada and his two sons, Bachir and Mohand Séghir, to sell or mortgage their olive fields.

To feed the family, the only option was to take a boat to France. Thus, in 1930, Mohand Séghir Mada and his older brother, Bachir, left their village for mainland France. Upon arriving in Marseille, Jordan Bardella’s great-grandfather moved to the Lyon region, with several thousand Algerian immigrants working in textile factories. According to Moussa Mada, Bachir Mada’s son, the two brothers worked in a dye factory in Villeurbanne.

Origines algériennes de Jordan Bardella : enquête sur un tabou

Farid Alilat, Jeune Afrique, 24/6/2024 

English Español Italiano 

L’arrière-grand-père de Jordan Bardella, le président du Rassemblement national, était un travailleur immigré algérien. Il s’est installé en France, dans la région lyonnaise, au début des années 1930. Nous avons enquêté sur cet aïeul dans son village en Kabylie ainsi qu’à Paris.

Jordan Bardella à Villepinte le 19 juin 2024. © Daniel Dorko / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP
Jordan Bardella à Villepinte le 19 juin 2024. © Daniel Dorko / Hans Lucas via AFP

Des origines algériennes de son arrière-grand-père, Jordan Bardella, président du Rassemblement national et possible futur Premier ministre, ne parle jamais. Dans la famille Bardella, le sujet est occulté. Au sein de l’ex-Front national de Marine Le Pen, la question est un tabou. Et pourtant, Mohand Séghir Mada, l’arrière-grand-père de M. Bardella, est bien originaire de Kabylie, en Algérie.

Jeune Afrique est parti sur les traces de cet aïeul et de sa famille, dans son village natal de Guendouz, chef-lieu de la commune d’Aït Rzine, dans la wilaya (département) de Bejaïa*. Nous sommes dans les années 1920. L’Algérie est alors « française » et, dans cette petite bourgade accrochée aux montagnes qui font face à la vallée de la Soummam, la population survit en cultivant de maigres champs d’oliviers et en élevant des chèvres et des moutons. Ici comme ailleurs en Kabylie, la misère est partout. À l’époque, Albert Camus, écrivain et futur prix Nobel de littérature, en sera tellement touché qu’il consacre à ce sujet une série de reportages qui paraîtront en 1939 dans le journal Alger Républicain sous le titre « Misère de Kabylie ».

Ici, il n’y a pas d’usines, pas de fermes coloniales, pas de manufactures pour fournir du travail et ne pas mourir de faim. C’est d’ailleurs cette misère et cette faim qui ont poussé des centaines de milliers de Kabyles à émigrer en France depuis le début du XXe siècle pour travailler dans les usines et les mines métropolitaines. Au village de Guendouz, la famille Mada tire le diable par la queue. Le dénuement est tel que Tahar Mada et ses deux fils Bachir, l’aîné, et Mohand Séghir, le cadet, sont obligés de vendre leurs champs d’oliviers ou d’en hypothéquer certains.

Guendouz, dans la wilaya (département) de Bejaïa, le village natal de Mohand Séghir Mada.
Guendouz, dans la wilaya (département) de Bejaïa, le village natal de Mohand Séghir Mada

24/06/2024

VANESSA BILANCETTI
Pain, anger, and shame in Italy’s Pontine plain
Sikh farm labourer left to die by his boss after having arm severed and legs crushed by machine

Vanessa Bilancetti (text & photo), dinamopress.it, 24/6/2024 Translated by Fausto Giudice, Tlaxcala

Vanessa Bilancetti, staff writer at Dinamo Press, writes about social movements, feminism and European issues. She received her doctorate in political studies from Sapienza University in Rome with a thesis on critical analysis of the
Fiscal Compact. In Rome she teaches Sociology of Political Phenomena at the online university Uninettuno. She has long traversed the assemblies of self-managed Esc Atelier Autogestito she is a thai boxing and poetry enthusiast. Vane Bix


Satnam Singh was killed in the countryside of the Pontine plain by a boss who did not even have the courage to take him to the hospital. But he left him agonizing in front of the gate of his home, with his wife Sony in tears. Report from Saturday’s demonstration in Latina, in the lands of corporals, masters and resistance

 To get from Rome to Latina, the “capital” of Agro Pontino, you drive all the way along the Pontina, one of the most dangerous state roads in Italy. Potholes, piles of garbage on the sides of the roads and then warehouses, warehouses, retailers. From Pomezia, the first cultivated fields begin, and one can see labourers walk along the crop side roads. There are people from Central African countries, the Maghreb, and Indians, like Satnam Singh.

Singh comes from Sanskrit sinha and means lion and is an essential element of a Sikh’s male name. For women it is Kaur, princess. The Sikh religion, born in the 15th century in the Punjab region (now divided between Pakistan and India), used these names to eliminate the use of Indian caste-identifying surnames.

According to estimates, in the Agro Pontino, the Indian men and women from Punjab number around 30,000; less than half have regular residence permits.

The Agrilovato cooperative of farmer Renzo Lovato is located near Sabaudia, Satnam Singh, 31, and his wife Sony lived not too far away in Borgo Bainsizza. “Hosted” by a local family, as the newspapers write, but “widespread hospitality” is a common practice in the area: in shacks, tool repositories, unfinished houses, without a contract and with payment in black, sometimes in agreement with “the master.” It was precisely “the master’s son” Antonello Lovato who dumped Satnam in the back of the white van, with a severed arm, his legs crushed and bleeding, while his wife screamed in despair and other workers whose phones had been taken away so as not to call for help. 34 kilometres separate the farm from the Borgo [Borough], at least half an hour of road, of screaming, of blood, minutes that if spent going to the hospital could have saved Satmam’s life.

VANESSA BILANCETTI
Douleur, colère et honte dans la plaine Pontine italienne
Un ouvrier agricole sikh laissé pour mort par son patron après avoir eu un bras sectionné et les jambes écrasées par une machine

Vanessa Bilancetti (texte et photos), dinamopress.it, 24/6/2024
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala 

Vanessa Bilancetti, rédactrice à Dinamo Press, écrit sur les mouvements sociaux, le féminisme et les questions européennes. Elle a obtenu son doctorat en études politiques à l’université Sapienza de Rome avec une thèse sur l’analyse critique du Fiscal Compact. À Rome, elle enseigne la sociologie des phénomènes politiques à l’université en ligne Uninettuno. Elle participe depuis longtemps aux assemblées de l’Esc Atelier Autogéré  et se passionne pour la boxe thaï et la poésie. Vane Bix

Satnam Singh, 31 ans, a été tué dans la campagne de la plaine Pontine par un propriétaire qui n’a même pas eu le courage de l’emmener à l’hôpital. Mais il l’a laissé agoniser devant le portail de la maison, avec sa femme Sony en larmes. Compte-rendu de la manifestation de samedi dernier à Latina, au pays des caporaux, des patrons et de la résistance

Pour aller de Rome à Latina, la “capitale” de la plaine Pontine, il faut emprunter la Pontina, l’une des routes nationales les plus dangereuses d’Italie. Des nids de poule, des tas d’ordures sur les bas-côtés, puis des hangars, des entrepôts, des revendeurs. À partir de Pomezia, les premiers champs cultivés apparaissent et les ouvriers agricoles marchent le long des routes qui bordent les plantations. Il y a des gens qui viennent des pays d’Afrique centrale, du Maghreb et de l’Inde, comme Satnam Singh.

Singh vient du sanskrit sinha et signifie lion. C’est un élément essentiel du nom masculin d’un sikh. Pour les femmes, c’est Kaur, princesse. La religion sikh, qui a vu le jour au XVe siècle dans la région du Pendjab (aujourd’hui divisée entre le Pakistan et l’Inde), a utilisé ces noms pour éliminer l’utilisation des noms de famille identifiant les castes indiennes.

On estime que dans la plaine Pontine, il y a environ 30 000 Indien·nes du Pendjab, dont moins de la moitié ont un permis de séjour régulier.

La coopérative Agrilovato de l’entrepreneur agricole Renzo Lovato est située près de Sabaudia, Satnam Singh et sa femme Sony vivent non loin de là, à Borgo Bainsizza. Ils ont été “accueillis” par une famille locale, comme l’écrivent les journaux, mais il y a une “hospitalité diffuse” dans la région, dans des baraques, des remises à outils, des maisons jamais achevées, sans contrat et avec un paiement au noir, parfois en accord avec “le maître”. C’est justement “le fils du maître” Antonello Lovato qui a jeté à l’arrière de la camionnette blanche Satnam, avec son bras cassé, les jambes broyées et en sang, avec sa femme criant de désespoir et d’autres ouvriers à qui l’on avait retiré leur téléphone pour qu’ils n’appellent pas à l’aide. La distance entre la ferme et le village est de 34 km, soit au moins une demi-heure de route, de cris, de sang, des minutes qui, si elles avaient été consacrées à aller à l’hôpital, auraient pu sauver la vie de Satmam.

“Bénédictions des profondeurs” : Zion Oil & Gas Inc., la compagnie pétrolière évangélique qui fore désespérément à la recherche de pétrole biblique

Non, ce n’est pas une blague d’Homer Simpson : après avoir eu son illumination en 1981 dans le Michigan, John Brown s’est installé au Texas et a lancé son entreprise pétrolière en 2000. Depuis, il fore à travers le territoire de la Palestine de 1948 à la recherche d’or noir juif. Sans grand succès pour le moment. Ce qui ne lempêche pas de vendre des actions à 250$ aux gogos qui se préparent comme ils peuvent à lArmageddon-FG

Nir Hasson, Haaretz, 23/6/2024
Photos : David Bachar
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Zion Oil & Gas Inc. a été fondée par un chrétien usaméricain born again, John Brown, qui dit vouloir favoriser l’indépendance énergétique d’Israël pour aider le peuple juif.


Une plateforme de Zion Oil & Gas dans la vallée de Beit She’an. Le fondateur John Brown pense qu’un verset de la Genèse est un indice divin sur l’indépendance énergétique d’Israël.  

Les pages en hébreu de la plateforme de médias sociaux X ont été inondées ces dernières semaines de publicités achetées par Zion Oil & Gas, une société énergétique usaméricaine qui appelle les utilisateurs à acheter ses actions pour un minimum de 250 dollars [avec une capitalisation boursière dune quarantaine de millions d'€, laction de ZNOG vaut actuellement sur les marchés 0,053500 €, avec zéro dividende,bref une arnaque boursière, pour utiliser un pléonasme, NdT]. Ce déluge survient à l’approche d’un projet d’exploration pétrolière dans la vallée de Jezreel, dans le nord du pays, où les premiers engins de forage ont déjà été mis en place.

Le ministère israélien de l’énergie et des infrastructures encourage la prospection, bien qu’Israël se soit engagé publiquement à réduire sa dépendance à l’égard du pétrole et du gaz et bien que les scientifiques, la Banque mondiale et l’Agence internationale de l’énergie s’accordent à dire que la poursuite de la prospection pétrolière devrait être évitée dans le monde entier.

Zion Oil & Gas n’est pas une entreprise ordinaire. Un simple coup d’œil sur son site ouèbe montre clairement qu’elle ne cherche pas seulement à promouvoir des intérêts financiers, mais qu’elle a aussi des aspirations religieuses. Outre l’offre d’achat d’actions, le site invite les visiteurs à prier pour Israël.

La société a été fondée en 2000 par John Brown, un chrétien évangélique fondamentaliste qui affirme avoir reçu une prophétie lui ordonnant d’aider le peuple juif et Israël, et ce en favorisant l’indépendance énergétique du pays. Le site ouèbe de l’entreprise utilise plusieurs citations bibliques qui font référence à cette idée, telles que « Alors il dit : “Le Dieu de nos ancêtres t’a choisi pour connaître sa volonté, pour voir le Juste et pour entendre les paroles de sa bouche” » (Nouveau Testament, Actes : 22, 14).

Il cite également Habacuc 2, 2-3 : « Si la chose semble lente, attends-la ; elle viendra, elle ne tardera pas » et Genèse 49, 25 : « Le Tout-Puissant, qui te bénira [...] des bénédictions des profondeurs qui sont au-dessous de toi ». Le fondateur de la société interprète les “bénédictions des profondeurs” comme un indice divin sur la possibilité de trouver du pétrole sur la terre d’Israël.

Les dirigeants de Zion Oil & Gas soulignent que, malgré ses racines religieuses et tous les textes sacrés, il s’agit d’une entreprise moderne qui ne se contente pas de s’appuyer sur les prophéties bibliques. Sa prospection pétrolière est basée sur la recherche et des méthodes scientifiques sophistiquées, affirment-ils. La société a levé beaucoup de capitaux auprès de petits investisseurs, dont beaucoup sont des évangélistes usaméricains qui achètent des actions en partie pour des raisons idéologiques, la principale étant le désir d’aider Israël.


L’équipement de Zion Oil & Gas sur sa plateforme près de Sde Eliyahu dans la vallée de Beit She’an. La société a tenté plusieurs explorations au cours des 23 dernières années, sans parvenir à trouver un gisement commercialement viable.

Au cours des 23 dernières années, la société a obtenu des licences d’exploration pétrolière et a effectué plusieurs forages. Elle a effectué des forages d’exploration dans le nord, près de Ma’anit, près d’Ein Carmel (sur une plate-forme appelée Elijah 3, d’après le prophète biblique) et sur une plate-forme appelée Jezreel Megiddo 1. Aucun de ces forages n’a permis de trouver des quantités de pétrole commercialement viables.

En septembre dernier, la compagnie a obtenu une nouvelle licence d’exploration pétrolière sur une zone de 300 000 dunams (30 000 hectares) dans la vallée de Jezreel. Pour opérer dans cette zone, la société devait trouver un site approprié et obtenir une licence de forage. La nouvelle licence couvre 98 % des terres visées par deux licences expirées, délivrées en 2013 et 2020. La branche israélienne du groupe environnemental Greenpeace affirme que les licences sont fondamentalement identiques et que la société a demandé une nouvelle licence dans la même zone parce que la loi régissant l’exploration pétrolière ne permet pas de prolonger les licences de plus de sept ans.

« Les trois licences ont été accordées au même organisme, à savoir Zion Oil & Gas, dans des circonstances qui font craindre que l’introduction de changements mineurs dans la licence Megiddo [dans la vallée de Jezreel] ne serve de couverture pour permettre au détenteur de la licence de prolonger sa validité au-delà de la période autorisée par la loi sur le pétrole », a écrit l’avocat Matan Greenfeld au commissaire au pétrole du ministère de l’énergie, Chen Bar Yosef, au nom de Greenpeace. Bar Yosef a rejeté l’argument, affirmant qu’il s’agissait d’une nouvelle licence et que Zion Oil & Gas avait été la seule société à faire une offre pour la licence d’exploration pétrolière dans la région.


L’octroi de la licence dans la vallée de Jezreel s’inscrit dans le cadre d’un effort plus large mené dans différentes régions d’Israël. Il existe quatre licences de prospection pétrolière actives sur terre dans le sud - dans la région de Lachish, le Néguev occidental et l’Arava - et quatre licences de prospection gazière en mer. Le ministère de l’énergie et son conseil du pétrole accordent les licences sur la base de la loi sur le pétrole de 1952, qui donne au ministère une grande liberté d’action et ne tient pas compte des considérations environnementales ou climatiques.

En 2021, l’Agence internationale de l’énergie, fondée en 1974 à la suite de la crise pétrolière pour assurer un approvisionnement régulier et considérée comme relativement conservatrice, a recommandé de mettre fin à l’exploration pétrolière et gazière et de mettre l’accent sur les énergies renouvelables. Un rapport des Nations unies publié il y a six mois était encore plus sévère. Il mettait en garde contre les projets visant à poursuivre l’expansion de l’utilisation des combustibles fossiles, qui "remettent en question l’avenir de l’humanité". Néanmoins, la plupart des producteurs de pétrole du monde continuent de lancer de nouvelles explorations. Ils justifient l’absence de changement en arguant que même si l’humanité passe rapidement aux énergies renouvelables, elle aura encore besoin de pétrole et de gaz pendant des décennies. Certaines compagnies affirment que leur pétrole est "moins nocif" en raison de leurs méthodes de production.

Le ministère de l’énergie a répondu à une demande de commentaire : « La licence pour la vallée de Megiddo a été accordée conformément aux dispositions de la loi et aux instructions du commissaire au pétrole en ce qui concerne les demandes de licences d’exploration à terre. Dans le cadre de la procédure d’octroi de licences, un appel d’offres est publié pour la zone demandée afin de permettre à d’autres parties de soumettre des offres ».


La plate-forme pétrolière près de Sde Eliyahu. Selon un récent rapport des Nations unies, l’expansion de la production de combustibles fossiles pourrait mettre en péril l’avenir de l’humanité.

« Après l’achèvement de toutes les procédures préliminaires, le Conseil du pétrole recommande l’octroi de la licence », poursuit le ministère. « Compte tenu de ce qui précède, il est clair que les affirmations contenues dans la lettre [de Greenpeace] sont sans fondement et sans rapport avec les faits, étant donné qu’il s’agit d’une nouvelle licence accordée légalement et non de l’extension d’une licence existante, l’entreprise ayant déjà effectué des forages conformément à sa licence précédente.

« Quant aux combustibles fossiles (pétrole et gaz), comme il s’agit d’un produit dont l’économie israélienne aura besoin pendant au moins les 15 prochaines années, le fait qu’il provienne d’une source locale ne peut qu’aider l’économie israélienne, à la fois en termes de sécurité énergétique et sur le plan économique ».

Zion Oil & Gas n’a pas répondu à une demande de commentaire.