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06/09/2024

JEFFREY SACHS
Comment les néoconservateurs de Washington ont subverti la stabilisation financière de la Russie au début des années 1990
Aux premières loges de la guerre froide qui n’a jamais pris fin

Jeffrey Sachs, Dropsite News, 4/9/2024
Traduit par  
Fausto GiudiceTlaxcala

Partisan résolu – et quelque peu ingénu – d’un capitalisme à visage humain (= keynésien) et d’un « Plan Marshall » pour l’URSS en fin de vie, Jeffrey Sachs raconte ci-dessous son aventure entre Washington, Varsovie et Moscou au début des années 1990, où il eut affaire aux redoutables néocons aux dents longues et aux griffes acérées. Un pan mal connu de l’histoire de la fin du XXème Siècle, dont on vit et subit les conséquences aujourd’hui à l’échelle planétaire.-FG

À la fin des années 1980, le président Mikhaïl Gorbatchev a donné une chance à la paix mondiale en mettant unilatéralement fin à la guerre froide. J'ai été un participant et un témoin de haut niveau de ces événements, d'abord en 1989 en tant que conseiller principal en Pologne, puis à partir de 1990 en Union soviétique, en Russie, en Estonie, en Slovénie, en Ukraine et dans plusieurs autres pays. Si les USA et la Russie se livrent aujourd'hui à une guerre chaude en Ukraine, c'est en partie parce que les USA n'ont pas pu accepter un « oui » comme réponse au début des années 1990. La paix n'était pas suffisante pour les USA ; le gouvernement usaméricain a choisi d'affirmer également sa domination mondiale, ce qui nous amène aux terribles dangers d'aujourd'hui. L'incapacité des USA, et plus généralement de l'Occident, à aider l'Union soviétique puis la Russie sur le plan économique au début des années 1990 a marqué les premières étapes de la quête malavisée de domination des USA

Winston Churchill a écrit : « À la guerre, la résolution ; à la défaite, la défiance ; à la victoire, la magnanimité ; et à la paix, la bonne volonté ». Les USA n'ont fait preuve ni de magnanimité ni de bonne volonté dans les derniers jours de l'Union soviétique et de la guerre froide. Ils ont fait preuve d'insolence et de puissance, jusqu'à aujourd'hui. Dans le domaine économique, ils l'ont fait au début des années 1990 en négligeant la crise financière urgente et à court terme à laquelle étaient confrontées l'Union soviétique de Gorbatchev (jusqu'à sa disparition en décembre 1991) et la Russie d'Eltsine. Il en est résulté une instabilité et une corruption profondes en Russie au début des années 1990, qui ont engendré un profond ressentiment à l'égard de l'Occident. Cependant, même cette grave erreur de la politique occidentale n'a pas été déterminante dans le déclenchement de la guerre chaude actuelle. À partir du milieu des années 1990, les USA ont tenté sans relâche d'étendre leur domination militaire sur l'Eurasie, dans une série d'actions qui ont finalement conduit à l'explosion d'une guerre à grande échelle en Ukraine, ce qui a eu encore plus de conséquences.

Mon orientation en tant que conseiller économique

Lorsque je suis devenu conseiller économique de la Pologne, puis de la Russie, j'avais trois convictions fondamentales, fondées sur mes études et mon expérience en tant que conseiller économique.

Ma première conviction fondamentale s'appuyait sur les idées d'économie politique de John Maynard Keynes, le plus grand économiste politique du XXe Siècle. Au début des années 1980, j'ai lu son livre éblouissant Les conséquences économiques de la paix (1919), qui est la critique dévastatrice et prémonitoire de Keynes de la dure paix du traité de Versailles après la Première Guerre mondiale. Keynes s'est insurgé contre l'imposition de réparations à l'Allemagne, qu'il considèrait comme un affront à la justice économique, un fardeau pour les économies européennes et le germe d'un futur conflit en Europe. Keynes a écrit à propos du fardeau des réparations et de l'exécution des dettes de guerre :

« Si nous visons délibérément à l'appauvrissement de l'Europe centrale, la revanche, nous pouvons le prédire, ne se fera pas attendre. Rien alors ne pourra retarder, entre les forces de réaction et les convulsions désespérées de la Révolution, la lutte finale devant laquelle s'effaceront les horreurs de la dernière guerre et qui détruira , quel que soit le vainqueur, la civilisation ne devons-nous pas rechercher quelque chose de mieux, penser que la prospérité et le bonheur d'un État créent le bonheur et la prospérité des autres ,que la solidarité des hommes n'est pas une fiction et que les nations doivent toujours traiter les autres nations comme leurs semblables? »

Keynes a bien sûr eu raison. La paix carthaginoise imposée par le traité de Versailles est revenue hanter l'Europe et le monde une génération plus tard. La leçon que j'ai tirée des années 1980 était le dicton de Churchill sur la magnanimité et la bonne volonté, ou l'avertissement de Keynes de traiter les autres nations comme des « congénères ». À l'instar de Keynes, je pense que les pays riches, puissants et victorieux ont la sagesse et l'obligation d'aider les pays pauvres, faibles et vaincus. C'est la voie de la paix et de la prospérité mutuelle. C'est pourquoi j'ai longtemps défendu l'allègement de la dette des pays les plus pauvres et j'ai fait de l'annulation de la dette une caractéristique des politiques visant à mettre fin à l'hyperinflation en Bolivie au milieu des années 1980, à l'instabilité en Pologne à la fin des années 1980 et à la grave crise économique en Union soviétique et en Russie au début des années 1990.

Ma deuxième conviction fondamentale était celle d'un social-démocrate. Pendant longtemps, j'ai été qualifié à tort de néolibéral par les médias grand public paresseux et les experts non avertis en économie, parce que je croyais que la Pologne, la Russie et les autres pays postcommunistes de la région devaient permettre aux marchés de fonctionner, et qu'ils devaient le faire rapidement pour surmonter les marchés noirs face à l'effondrement de la planification centrale. Pourtant, dès le début, j'ai toujours cru en une économie mixte selon les principes sociaux-démocrates, et non en une économie de libre marché « néolibérale ». Dans une interview accordée au New Yorker en 1989, je m'exprimais ainsi :

« Je ne suis pas particulièrement fan de la version du libre marché de Milton Friedman, de Margaret Thatcher ou de Ronald Reagan. Aux USA, je serais considéré comme un démocrate libéral, et le pays que j'admire le plus est la Suède. Mais que l'on essaie de créer une Suède ou une Angleterre thatchérienne, en partant de la Pologne, on va exactement dans la même direction. En effet, la Suède, l'Angleterre et les USA possèdent certaines caractéristiques fondamentales qui n'ont rien à voir avec la situation actuelle de la Pologne. Il s'agit d'économies privées, où le secteur privé représente la plus grande partie de l'économie. Il existe un système financier libre : des banques, des organisations financières indépendantes, une reconnaissance stricte de la propriété privée, des sociétés anonymes, une bourse, une monnaie forte convertible à un taux unifié. Toutes ces caractéristiques sont les mêmes, qu'il s'agisse de crèches gratuites ou de crèches privées. La Pologne part de l'extrême opposé ».

En termes pratiques, les réformes de type social-démocrate signifiaient ce qui suit. Premièrement, la stabilisation financière (mettre fin à une forte inflation, stabiliser la monnaie) doit être effectuée rapidement, selon les principes expliqués dans l'article très influent de 1982 « The Ends of Four Big Inflations » du futur lauréat du prix Nobel Thomas Sargent. Deuxièmement, le gouvernement doit rester important et actif, en particulier dans les services publics (santé, éducation), les infrastructures publiques et la protection sociale. Troisièmement, la privatisation doit être prudente, circonspecte et fondée sur la loi, afin d'éviter la corruption à grande échelle. Bien que les médias grand public m'aient souvent associé à tort à l'idée d'une « privatisation de masse » rapide par le biais de cadeaux et de bons d'achat, la privatisation de masse et la corruption qui l'accompagne sont tout le contraire de ce que j'ai réellement recommandé. Dans le cas de la Russie, comme décrit ci-dessous, je n'avais aucune responsabilité consultative concernant le programme de privatisation de la Russie.

Ma troisième conviction fondamentale était l'aspect pratique. Il faut apporter une aide réelle, pas une aide théorique. J'ai préconisé une aide financière urgente pour la Pologne, l'Union soviétique, la Russie et l'Ukraine. Le gouvernement usaméricain a tenu compte de mes conseils dans le cas de la Pologne, mais les a fermement rejetés dans le cas de l'Union soviétique de Gorbatchev et de la Russie d'Eltsine. À l'époque, je ne comprenais pas pourquoi. Après tout, mes conseils avaient fonctionné en Pologne. Ce n'est que bien des années plus tard que j'ai mieux compris qu'alors que je discutais du « bon » type d'économie, mes interlocuteurs au sein du gouvernement usaméricain étaient les premiers néoconservateurs. Ils ne cherchaient pas à redresser l'économie russe. Ils voulaient l'hégémonie des USA.

Premières réformes en Pologne

En 1989, j’ai été conseiller du premier gouvernement post-communiste de Pologne et j’ai contribué à l’élaboration d’une stratégie de stabilisation financière et de transformation économique. Mes recommandations en 1989 préconisaient un soutien financier occidental à grande échelle à l’économie polonaise afin d’empêcher une inflation galopante, de permettre la convertibilité de la monnaie polonaise à un taux de change stable et d’ouvrir le commerce et les investissements avec les pays de la Communauté européenne (aujourd’hui l’Union européenne). Ces recommandations ont été prises en compte par le gouvernement usaméricain, le G7 et le Fonds monétaire international.

Sur la base de mes conseils, un fonds de stabilisation du zloty d’un milliard de dollars a été créé pour soutenir la nouvelle monnaie convertible de la Pologne. La Pologne s’est vu accorder un moratoire sur le service de la dette de l’ère soviétique, puis une annulation partielle de cette dette. La communauté internationale officielle a accordé à la Pologne une aide au développement significative sous forme de subventions et de prêts.

Les résultats économiques et sociaux obtenus par la suite par la Pologne parlent d’eux-mêmes. Bien que l’économie polonaise ait connu une décennie d’effondrement dans les années 1980, la Pologne a entamé une période de croissance économique rapide au début des années 1990. La monnaie est restée stable et l’inflation faible. En 1990, le PIB par habitant de la Pologne (mesuré en termes de pouvoir d’achat) représentait 33 % de celui de l’Allemagne voisine. En 2024, il atteignait 68 % du PIB par habitant de l’Allemagne, après des décennies de croissance économique rapide.

La recherche dun Grand Marchandage pour lUnion soviétique

 Sur la base de la réussite économique de la Pologne, j’ai été contacté en 1990 par Grigori Iavlinski, conseiller économique du président Mikhail Gorbatchev, pour offrir des conseils similaires à l’Union soviétique, et en particulier pour aider à mobiliser un soutien financier pour la stabilisation économique et la transformation de l’Union soviétique. L’un des résultats de ce travail a été un projet entrepris en 1991 à la Harvard Kennedy School avec les professeurs Graham Allison, Stanley Fisher et Robert Blackwill. Nous avons proposé conjointement un « Grand Bargain » [Grand marchandage] aux USA, au G7 et à l’Union soviétique, dans lequel nous avons préconisé un soutien financier à grande échelle de la part des USA et des pays du G7 pour les réformes économiques et politiques en cours de Gorbatchev. Le rapport a été publié sous le titre Window of Opportunity : The Grand Bargain for Democracy in the Soviet Union (1er  octobre 1991).

                                                                    Etta Hulme, 1987

La proposition d’un soutien occidental à grande échelle à l’Union soviétique a été catégoriquement rejetée par les guerriers froids de la Maison Blanche. Gorbatchev s’est rendu au sommet du G7 à Londres en juillet 1991 pour demander une aide financière, mais il est reparti les mains vides. À son retour à Moscou, il est kidnappé lors de la tentative de coup d’État d’août 1991. Boris Eltsine, président de la Fédération de Russie, prend alors la direction effective de l’Union soviétique en crise. En décembre, sous le poids des décisions prises par la Russie et d’autres républiques soviétiques, l’Union soviétique a été dissoute avec l’émergence de 15 nations nouvellement indépendantes.

05/09/2024

GIDEON LEVY
On pleure 6 Israéliens, et on ignore plus de 40 000 Palestiniens


Gideon Levy, Haaretz, 5/9/2024
Traduit par  Fausto GiudiceTlaxcala

 Les Israéliens sont de tout cœur avec les victimes israéliennes, c’est humain. Mais se focaliser massivement sur  six otages, alors qu’on ne fait aucun cas des dizaines de milliers de victimes palestiniennes, c’est malsain et immoral.

Des Palestiniens se lamentent sur le corps d’un proche, tué lors d’une frappe israélienne, avant ses funérailles à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, le 12 août 2024. Photo AFP

 Israël pleure les six otages qui ont été tués. Le monde entier les pleure également. Leurs noms, leurs photos, leurs histoires de vie et leurs familles ont fait la une des journaux télévisés en Israël et dans le monde entier.

Hersh Goldberg-Polin et Eden Yerushalmi sont devenus des célébrités malgré eux, pendant leur captivité et leur mort. Le monde a pleuré pour eux - il est impossible de ne pas le faire : six beaux jeunes gens qui ont vécu l’enfer en captivité avant d’être brutalement exécutés.

Mais nos six otages ne sont que la partie émergée de l’histoire, une infime partie des victimes de la guerre. Il est compréhensible qu’ils soient devenus une histoire mondiale. Ce qui l’est moins, c’est le contraste incroyable entre la large couverture de leur vie et de leur mort et l’indifférence totale à l’égard du sort similaire de personnes de leur âge - aussi irréprochables, ingénues et belles qu’eux, et tout autant victimes innocentes - du côté palestinien.

Alors que le monde est choqué par le sort de Gaza, il n’a jamais rendu le même hommage aux victimes palestiniennes. Le président des USA n’appelle pas les parents des Palestiniens tombés au combat, même si, comme les Goldberg-Polin, ils avaient la nationalité américaine. Les USA n’ont jamais demandé la libération des milliers de Palestiniens enlevés par Israël et détenus sans procès. Une jeune Israélienne tuée au festival Nova suscite plus de sympathie et de compassion dans le monde qu’une adolescente réfugiée de Jabalya. L’Israélien est plus proche du « monde ».

04/09/2024

FRANCO ‘BIFO’ BERARDI
Israël aurait-il pu ne pas devenir un État raciste, colonialiste et fasciste ?
La dernière conférence d’Amos Oz et le livre de Gad Lerner ne répondent pas à cette question

Franco Bifo Berardi, il disertore, 18/8/2024
Traduit par  
Fausto GiudiceTlaxcala

Alors que la communauté internationale tente d’arrêter le génocide et que l’on dénombre quarante mille morts, les Israéliens poursuivent leur action d’extermination, en utilisant toutes les techniques avec lesquelles les Juifs ont été persécutés et exterminés au cours des siècles - de la déportation aux pogroms et à la torture.

Même si l’on ne peut imaginer comment évoluera cette tragédie, il semble chaque jour plus probable que l’Etat sioniste soit destiné à se désintégrer à la suite de conflits internes, d’un isolement externe et, surtout, d’une horreur de soi.

Il est légitime de se poser la question : aurait-il pu en être autrement ?

 « Wolf, commandant du village d’Abwein » : autoportrait de Vladimir Ze’ev [=Wolf, Loup] Jabotinsky envoyée à sa femme en 1918, lorsqu’il commandait la Légion Juive de l’armée britannique en Palestine contre l'armée ottomane/turque. Abwein est un village du gouvernorat de Ramallah et Al Bireh. Jabotinsky est l’ancêtre idéologique de Netanyahou

L’Etat voulu par les sionistes, cautionné par les colonialistes britanniques, protégé par les impérialistes usaméricains, armé et financé par les Occidentaux pour dominer la région d’où vient le pétrole, cet Etat né d’un massacre et soutenu par la menace armée permanente pouvait-il évoluer différemment ?

L’État occupant, haï par un milliard de musulmans contraints de subir sa présence, pouvait-il ne pas évoluer dans le sens du fondamentalisme religieux, du racisme et du suprémacisme nazi ?

Non, il ne le pouvait pas. Il est difficile de croire que les Britanniques et les USAméricains, principaux responsables (avec les nazis allemands, bien sûr) de la déportation des Juifs sous le nom de retour à la terre promise, ne savaient pas qu’ils les exposaient à des conditions très dures, destinées à évoluer vers un nouvel Holocauste.

Aujourd’hui, l’Holocauste est une réalité pour les Palestiniens, mais c’est aussi la perspective pour les Juifs que le sionisme a exposés à la haine d’innombrables ennemis.

Israël jouit d’une supériorité militaire incontestable, mais le temps ne joue pas en sa faveur.

Aurait-il pu en être autrement, ou l’évolution d’Israël était-elle inscrite dans sa naissance violente ? Le sionisme aurait-il pu évoluer dans un sens pacifique, ou l’hostilité dont les occupants ont été entourés dès le début était-elle destinée à forcer Israël à devenir ce qu’il est devenu ?

 Aurait-il pu en être autrement ?

Peu avant sa mort en 2018, Amos Oz a donné une conférence qui est publiée par Feltrinelli sous le titre : « Tant de choses restent à dire », et le sous-titre : « Dernière leçon ».

Je suis depuis longtemps un lecteur d’Oz, et grâce à des livres comme Une histoire d’amour et de ténèbres, ou Judah, je crois que j’ai pu réfléchir aux questions fondamentales de l’identité juive, et de l’identité en général.

L’identité comme problème, comme construction illusoire et comme piège.

À tort ou à raison, j’en suis venu à considérer l’œuvre d’Amos Oz comme l’expression de la vocation internationaliste du judaïsme européen.

« Mon oncle David était un Européen convaincu à une époque où personne ne l’était en Europe ne se sentait européen, en dehors des membres de ma famille et de leurs semblables. Les autres étaient panslaves, pangermanistes ou de simples patriotes lituaniens, bulgares, irlandais slovaques. Dans les années vingt et trente, les seuls Européens étaient les Juifs. « Trois nations coexistent en Tchécoslovaquie », disait mon père, les Tchèques, les Slovaques et les Tchécoslovaques, c’est-à-dire les Juifs. En Yougoslavie, il y a des Serbes, des Croates, des Slovènes et des Monténégrins, mais il se trouve aussi une poignée de Yougoslaves indéfectibles. Et même chez Staline, il y a des Russes , des Ukrainiens, des Ouzbeks, des Tchoukchtes et des Tatares, parmi lesquels  vivent nos frères qui font partie du peuple soviétique. (…) De nos jours l’Europe a changé, elle est pleine à craquer d’Européens. Soit dit en passant, les graffitis aussi ont changé du tout au tout en Europe : l’inscription « Les Juifs en Palestine ! » recouvrait tous les murs quand mon père était enfant, en Lituanie. Lorsqu’il retourna en Europe une cinquantaine d’années plus tard, les murs lui crachèrent au visage : « Les Juifs hors de Palestine ». (Une histoire d’amour et de ténèbres, Gallimard, 2004, pp. 117-118).

Ce ne sont pas les Juifs qui voulaient retourner en Palestine. Ce sont les nazis européens qui les ont poussés à partir, ce sont les sionistes qui, avec les Britanniques, ont préparé le piège dans lequel les Juifs sont tombés. Ce piège s’appelle Israël.

Comme beaucoup d’autres Juifs européens, les parents de l’écrivain ont quitté l’Europe pour se réfugier en Palestine, pendant les années où le projet sioniste semblait pouvoir se réaliser dans des conditions pacifiques.

« On savait bien sûr à quel point c’était dur en Israël : qu’il y faisait très chaud, qu’il y avait le désert, les marais, le chômage, les Arabes pauvres dans les villages, mais on voyait sur la grande carte accrochée en classe que les Arabes n’étaient pas nombreux, peut-être un demi-million, moins d’un million en tout cas, on était sûr qu’il y avaient assez de place pour quelques millions de Juifs de plus, que les Arabes étaient peut-être simplement excités contre nous, comme les masses en Pologne, mais qu’on pourrait leur expliquer et les convaincre que nous serions une bénédiction pour eux, sur la plan économique, médical, culturel, etc. Nous pensions que dans peu de temps, quelques années au plus, les Juifs seraient la majorité dans le pays – et que nous donnerions immédiatement au monde entier l’exemple de ce qu’il fallait faire avec notre minorité, les Arabes : nous qui avions toujours été une minorité opprimée, nous traiterions naturellement la minorité arabe avec justice et intégrité, avec bienveillance, nous les associerions à notre patrie, nous partagerions tout, nous ne les changerions jamais en chats. C’était un beau rêve. » (Une histoire d’amour… p. 326-327)

À l’époque dont parle Oz, il semblait y avoir de la place pour une conscience solidaire, égalitaire et internationaliste. Mais comme le nationalisme dominait la politique européenne, même les Juifs, s’ils voulaient survivre, devaient s’identifier à un peuple, à une nation.

« ... à l’époque, les Polonais étaient des patriotes fantastique, comme les Ukrainiens, les Allemands et les Tchèques, tout le monde, même les Slovaques, les Lituaniens et les Lettons, sauf nous qui n’avions pas de place dans ce carnaval, nous n’appartenions à rien et personne ne voulait de nous. Il n’y avait donc rien d’extraordinaire à ce que nous désirions devenir un peuple comme tout le monde ; nous n’avions pas le choix. » (p. 328)

Finalement, on sait ce qui s’est passé : après les avoir exterminés, les Européens ont jeté dehors (l’expression est d’Oz) la communauté juive qui était aussi la plus profondément européenne, parce qu’elle incarnait plus pleinement les valeurs du rationalisme et du droit. C’est précisément parce que les Juifs n’avaient pas de relation ancestrale avec la terre européenne que leur européanisme était fondé sur la raison et le droit, et non sur l’identité ethnique.

03/09/2024

LUIS CASADO
Venezuela saoudien
Quelques remarques à l’usage des grandes gueules mal embouchées de Santiago du Chili et banlieue

Luis Casado... With a little help from my friends, 2/9/2024

Traduit par  Fausto GiudiceTlaxcala

Quelle social-démocratie n’a pas donné l’ordre de tirer quand la misère sort de son territoire ou ghetto ?
Gilles Deleuze, Qu’est-ce que la philosophie ?

 

Le 27 février 1989, débute à Caracas l’un des évènements historiques les plus signifiants du changement de période politique de la fin des années 80. Quelques mois avant la chute du mur de Berlin, les Vénézuéliens vivant majoritairement dans les quartiers pauvres (80% de la population) se révoltent contre l’application brutale des mesures du FMI par le vice-président de l’Internationale Socialiste de l’époque : Carlos Andrés Pérez (CAP). La réponse politique du gouvernement vénézuélien est brutale : déploiement l’armée et autorisation de tirer sur la foule. La répression se solde par un terrible bilan : près de 3000 morts en quatre jours.
Cette révolte spontanée marque le réel début du processus révolutionnaire bolivarien et celui d’une longue série de révoltes dans le monde contre le visage libéral du capitalisme.

(Julien Terrié, Venezuela : 27 février 1989, le jour où le peuple s’est réveillé)

 




Caracas, après le massacre de février 1989 qui a fait 3 000 morts...
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Le bolivar, la monnaie vénézuélienne, a inspiré Ian Fleming, qui dans son livre Opération Tonnerre - dont James Bond est le héros - écrit : «  Le soi-disant Venezuela saoudien a été incubé dans la manne pétrolière qui s’est produite dans les années 1970 en raison des conflits au Moyen-Orient. Le monde, et surtout les USA, avaient besoin de pétrole. Les conflits créés au Moyen-Orient, précisément pour le  contrôle du pétrole, ont provoqué des pénuries et donc une formidable hausse des prix ».

Voilà le paradis qu’était le Venezuela avant l’arrivée d’Hugo Chávez.

« Le revenu total à ce jour, en excluant notre dernier dividende non distribué, s’est élevé à environ un million et demi de livres sterling en francs suisses et en bolivars vénézuéliens, dans lesquels nous convertissons nos revenus, parce que ce sont toujours les monnaies les plus dures du monde ».

Une phrase prononcée par le chef de l’organisation criminelle SPECTRE, Ernst Stavro Blofeld, lorsqu’il fait le point sur les bénéfices de ses méfaits. Mais il n’y a pas que SPECTRE qui aIT commis des méfaits...

La renommée de la monnaie vénézuélienne a disparu le 18 février 1983, jour connu sous le nom de « vendredi noir ».

02/09/2024

LUIS CASADO
Venezuela Saudita
Algunas indicaciones para los hocicones ignorantes de Santiago y alrededores

Luis Casado... With a little help from my friends, 2-9-2024

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¿Qué social-democracia no dio la orden de disparar cuando la miseria salió de su territorio o de su ghetto? (Gilles Deleuze)

El 27 de febrero de 1989 tuvo lugar en Caracas uno de los acontecimientos históricos más significativos del cambio de etapa política de finales de los años ochenta. Pocos meses antes de la caída del Muro de Berlín, los venezolanos que vivían principalmente en barrios pobres (el 80% de la población) se rebelaron contra la brutal aplicación de las medidas del FMI por parte del entonces Vicepresidente de la Internacional Socialista, Carlos Andrés Pérez (CAP). 


Caracas, luego de la masacre de febrero de 1989 que hizo 3.000 muertos...
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La respuesta política del gobierno venezolano fue brutal: se desplegó el ejército y se le autorizó a disparar contra la multitud. La represión se cobró un terrible saldo: casi 3.000 muertos en cuatro días. (…)
   
Esta revuelta espontánea marca el verdadero comienzo del proceso revolucionario bolivariano y el de una larga serie de revueltas en todo el mundo contra la cara liberal del capitalismo.El bolívar, moneda venezolana, inspiró a Ian Fleming, quien en su libro Operación Trueno -que tiene como héroe a James Bond-, escribió:La llamada Venezuela Saudita se incubó con la bonanza petrolera que se produjo en los años 70 debido a los conflictos en Medio Oriente. El mundo, y sobre todo EEUU, necesitaban petróleo. Los conflictos creados en el Medio Oriente precisamente por el control del petróleo causaron escasez y por ende una formidable subida de precios.  
 (Julien Terrié, Venezuela : 27 février 1989, le jour où le peuple s’est réveillé)

Estamos hablando del paraíso que era Venezuela antes de la llegada de Hugo Chávez.

"Los ingresos totales hasta la fecha, sin contar nuestro último dividendo no repartido, han ascendido aproximadamente a millón y medio de libras esterlinas en francos suizos y bolívares venezolanos, en los que convertimos nuestros ingresos, por seguir siendo las monedas más duras del mundo".
Frase pronunciada por el jefe de la organización criminal Spectre, Ernst Stavro Blofeld, al hacer el balance de las ganancias dejadas por sus fechorías. Pero no solo Spectre cometía fechorías...
    
La fama de la divisa venezolana desapareció el 18 de febrero de 1983, día conocido como el Viernes Negro.
    
Ese día, el gobierno del entonces presidente (1979-1984) Luis Herrera Campins anunció una drástica devaluación del bolívar. Herrera Campins, un democratacristiano, -en 1969 fue electo secretario general de la Organización Demócrata-Cristiana en América Latina-, había sucedido a CAP (segundo mandato).
   

Venezuela: ¿Qué causó el apagón?

Comentarios del Ing. Elect. Miguel Monserrat (38 años de servicio en el área eléctrica) en respuesta a un mensaje que da por cierta la versión del gobierno.

Estimado Douglas, si no fueras ingeniero hubiese dejado pasar tu mensaje reenviado, pero no puedo creer que tu también te creas y quieras hacer creer que la problemática y caos  en que se encuentra el sector eléctrico nacional es producto solo del supuesto sabotaje sostenido que han tenido los grupos de la ultraderecha apátrida.

Si aceptamos el criterio del sabotaje para todo apagón que ocurra en el sistema eléctrico, entonces tenemos que aceptar, que este gobierno ha sido parte de ese sabotaje.

A partir del año 2002, comenzaron a sentirse con más fuerza los desaciertos de quienes tenían la responsabilidad de, por lo menos, mantener en condiciones estables el sistema eléctrico nacional, si es que les era imposible mejorarlo.

Un error muy grave fue cuado el Ejecutivo tomó la decisión de pasar el sector eléctrico bajo el control militar. Presidentes y/o altos directivos en EDELCA [Electrificación del Caroní C.A.] y CADAFE y sus filiales caían como paracaidistas a cargos de dirección donde la experiencia acumulada en años de servicio tenía peso y era importante, sobre todo ante la situación de amenazas políticas que vivía el país, donde se requerían conocimientos profesionales técnicos, de ingeniería y conocer a cabalidad la infraestructura del sector eléctrico en toda su extensión territorial.

Luego, se toma la decisión de crear la Corporación Eléctrica Nacional (CORPOELEC), la cual no alcanzó los objetivos que pudieron justificar su creación. Es tanto así que no logró unificar los contratos colectivos existentes en cada empresa, en consecuencia a los trabajadores se les  aplican las clausulas contractuales considerando la empresa eléctrica a la cual pertenecían. En lo jurídico aún hay incongruencias no superadas. Las especificaciones técnicas en CORPOELEC no son únicas y se vienen aplicando en la mayoría de los casos, las especificaciones técnicas particulares de cada empresa afiliada a CORPOELEC.

Se entró al abandono de la planificación adecuada de  los mantenimientos, tanto preventivos como correctivos, predominando por emergencia y necesidad el correctivo.

No se mantuvo la escuela de formación técnica que excelentemente tenía CADAFE, en cuanto a su pensum y matrícula de estudio. Sus equipos fueron desmantelados y saqueados. Lo mismo sucedió con la que tenía la Electricidad de Caracas (EDC). Se debe recordar además y es grave, que los mantenimientos mayores a los TR [transformadores] de potencia, dejaron de hacerse.

Muchas cosas más se pueden mencionar, sobre contrataciones no necesarias, despilfarro, desviaciones de recursos, corrupción, etc., pero mi intención, es dar una  información general que permita decir que todos aquellos que han sido responsables de llevar al caos y atraso, por lo menos en 15 años al sector eléctrico, se quiera o no, a conciencia o por ignorancia, han saboteado una empresa básica del estado y del pueblo venezolano, que no solo tenía un gran desarrollo técnico, sino que cumplió una gran actividad social; donde, CADAFE jugó un papel importante el electrificar a Venezuela en más de un 90%, tomando además en cuenta que muchos pequeños pueblos y caseríos, no se les cobraba, simplemente porque salía más caro asignar un vehículo y un lector o cobrador para lo que pagaban y a veces la densidad poblacional no lo justificaba.

Así que hablar y acusar de saboteo a terceros, como una vía de escape,  ante cualquier apagón eléctrico o de otra índole (que no recibe responsabilidades), no es nada que le quede bien a Maduro, su gobierno y la élite que se apoderó del PSUV, cuando la mala gestión, la ignorancia técnica-profesional y la corrupción, han sido determinantes en el caos en que se encuentran los servicios básicos en Venezuela. No es lo del ladrón que grita: "ahí va el ladrón", para que no se fijen en él, es que hay que estar consciente que el saboteo se está produciendo también desde las entrañas de un Estado donde la corrupción y la ineficiencia, tienen diferentes matíces.

Debemos terminar diciendo que en el sector eléctrico se pudieron tomar prevenciones y muy oportunas, para que no estuviese en el colapso en el cual se encuentra y estará, si no se rescatan los valores, que vuelvan a convertirlo, en una de las mejores industrias de Venezuela y América Latina.

 

Un letrero de un manifestante antichavista en el que se lee “basta de apagones” es visto en medio de una concentración a favor del candidato presidencial opositor Edmundo González Urrutia en La Victoria, Aragua, el 18 de mayo de 2024.

 

 

Trato arbitrario a los refugiados gazatíes en Francia


La justicia francesa ante el dilema de expulsar a los palestinos

A pesar de las decisiones prefectorales de expulsión, los jueces no pueden validar estas solicitudes debido a la situación sobre el terreno. La detención de algunos extranjeros se prolonga, a pesar de que este sistema sólo debería aplicarse a aquellos cuya expulsión es inminente.

Christophe Ayad y Julia Pascual, Le Monde, 30-8-2024

Traducido por Fausto Giudice, Tlaxcala

 Fue la sexta persona que compareció ante el juez de libertades y detención el miércoles 28 de agosto. En este anexo del tribunal de primera instancia contiguo al centro de retención administrativa (CRA) de Mesnil-Amelot (Seine-et-Marne), el juez se pronuncia cada día sobre la prórroga de la retención de extranjeros solicitada por la administración. A tiro de piedra, los aviones despegan continuamente de las pistas del aeropuerto de Roissy-Charles-de-Gaulle.



El centro de retención administrativa de Mesnil-Amelot (Seine-et-Marne), el 6 de mayo de 2019.
CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP

En principio, las personas en retención administrativa deben ser deportadas en un plazo máximo de noventa días. Pero Issa (las personas citadas fueron anonimizadas) no tiene prácticamente ninguna posibilidad de ser deportado. Y por una buena razón: es de Gaza. Su abogado, Samy Djemaoun, alegó aquel día: «No hay ninguna perspectiva de que sea deportado», a pesar de que la ley establece que un extranjero sólo puede ser retenido «durante el tiempo estrictamente necesario para su salida».En Gaza hay una situación de violencia indiscriminada, no hay un metro cuadrado que no sea bombardeado, así que ir a Gaza significa ir a matarse», argumentó Djemaoun. “Y Palestina no tiene control sobre sus fronteras exteriores, por lo que pedir a Palestina un salvoconducto consular no tiene sentido”.

Sin embargo, eso es lo que hizo el prefecto de Seine-Saint-Denis, que en agosto detuvo a Issa y pidió a las autoridades palestinas que permitan su deportación, a pesar de que Francia no reconoce el Estado palestino. Este hombre de 34 años, padre de dos hijos franceses y esposo de una francesa, llegó a Francia en 2010. En junio de 2022 fue condenado a cuatro meses de prisión con suspensión de pena y a cinco años de prohibición de entrada en Francia por introducir ilegalmente en el país a dos sirios. Su nombre también aparece -aunque no ha sido condenado- en casos de robo, violencia, daños a la propiedad privada y fraude. Para las autoridades francesas, constituye una «amenaza para el orden público».

“Aberración”

A última hora del miércoles, el juez decidió finalmente ponerle en libertad, alegando una irregularidad procesal. Varios otros como él han sido retenidos. En total, desde principios de año, y según datos recopilados por Le Monde a partir de varias asociaciones que trabajan en los CRA, casi una veintena de ciudadanos palestinos han sido detenidos. Según el Ministerio del Interior, tres siguen retenidos. En cada ocasión, Francia se ha dirigido a las autoridades consulares palestinas con vistas a su identificación y expulsión. Sin embargo, ninguna de estas personas ha sido deportada a Palestina.

En cambio, algunos fueron devueltos a un Estado del que eran ciudadanos, como la activista palestina de extrema izquierda Mariam Abudaqa, que debía participar en varias conferencias sobre el conflicto israelo-palestino y que fue expulsada a Egipto en noviembre de 2023. Algunos palestinos también fueron expulsados a otro país europeo donde tenían permiso de residencia o una solicitud de asilo pendiente. Otros fueron finalmente puestos en libertad. Para Claire Bloch, de la Cimade, una asociación de ayuda a migrantes, “es una aberración que los jueces prolonguen la retención cuando no hay posibilidad de deportación a Palestina. Y si la hubiera, se estaría violando el artículo 3 del CEDH [Convenio Europeo de Derechos Humanos], que prohíbe la tortura”.

Sin embargo, en una decisión fechada el 16 de junio, un juez de Burdeos prorrogó la retención de un ciudadano de Gaza con el argumento principal de que «se ha notificado a las autoridades consulares de Palestina e Israel». Hoy sigue retenido. En otra decisión dictada el 17 de julio, esta vez por un juez de Lille, se prorrogó 30 días la retención de un palestino alegando que «se había solicitado un salvoconducto consular a la misión palestina en Francia», aunque no se había recibido respuesta.

Según una fuente del Ministerio de Interior, «no existe a priori ninguna prohibición de expulsión a ningún país, aunque pueda haber imposibilidades técnicas o diplomáticas». Esta fuente afirma también que algunas personas que reclaman la nacionalidad palestina son en realidad de otro país.

“Riesgo de trato inhumano”

“Las personas retenidas son principalmente extranjeros que representan una amenaza para el orden públic”, añade Place Beauvau [sede del ministerio de interior]. Esto se refleja, en particular, en las condenas penales que implican la inadmisibilidad. La administración no duda en alegar este punto ante el juez de libertades y detención. “La retención no debe ser un medio de regular la seguridad”, afirma Claire Bloch. “Es un abuso de la ley de inmigración con fines represivos”.

El jueves 29 de agosto, el Sr. Djemaoun acudió al tribunal para defender a otro palestino, Youssef, detenido desde el 9 de agosto en Mesnil-Amelot. El prefecto de Seine-Saint-Denis decidió expulsarlo tras una serie de condenas, entre ellas una segunda por manipulación de teléfonos móviles robados y la prohibición de entrar en territorio francés. El 23 de agosto, el tribunal administrativo de Montreuil anuló la decisión de determinar el país de devolución alegando que su expulsión a Palestina le expondría a “un riesgo de trato inhumano o degradante”, en violación del artículo 3 del Convenio Europeo de Derechos Humanos.

Sin embargo, un juez de Meaux rechazó su solicitud de puesta en libertad. Ha recurrido esta decisión. “El prefecto, a pesar de la anulación del país de retorno, pidió a Marruecos que lo acogiera. ¿Por qué Marruecos? No lo sabemos”, ironizó Djemaoun ante el juez. “Si no hay posibilidad de salida, ¿qué hace mi cliente retenido?” Al abogado de la prefectura  le cuesta responder por qué ha elegido Marruecos, país con el que Youssef no tiene ninguna relación. El 29 de agosto, el juez decidió finalmente mantenerlo en retención alegando que la prefectura había hecho «gestiones» -sin respuesta hasta el momento- para deportarlo a Marruecos.

Durante su retención administrativa en Mesnil-Amelot, Youssef, que vivía en Francia desde 2003, solicitó asilo. La Oficina Francesa de Protección de Refugiados y Apátridas rechazó su solicitud porque no se presentó el día de la entrevista programada: estaba enfermo y había avisado de su indisponibilidad. Tiene intención de recurrir ante el Tribunal nacional del derecho de asilo.

Trattamento arbitrario dei rifugiati gazesi in Francia

La giustizia francese di fronte al dilemma dell'espulsione dei palestinesi

Nonostante le decisioni prefettizie di espulsione, i giudici non sono in grado di convalidare le richieste a causa della situazione sul campo. La detenzione di alcuni cittadini stranieri viene prolungata, anche se questo sistema dovrebbe essere applicato solo a coloro la cui espulsione è imminente.

Christophe Ayad e Julia Pascual, Le Monde, 30/8/2024

Tradotto da Giulietta Masinova, Tlaxcala

Era la sesta persona a comparire davanti al giudice delle libertà e della detenzione mercoledì 28 agosto. In questo annesso della pretura accanto al centro di ritenzione amministrativa (CRA, equivalente dei CPR italiani) di Mesnil-Amelot (Seine-et-Marne), il giudice si pronuncia ogni giorno sulla proroga della ritenzione di cittadini stranieri richiesta dall'amministrazione. A pochi passi, gli aerei decollano continuamente dalle piste dell'aeroporto di Roissy-Charles-de-Gaulle.


 

Il centro di ritenzione amministrativa di Mesnil-Amelot (Seine-et-Marne), 6 maggio 2019. CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP

In linea di principio, le persone trattenute in ritenzione amministrativa dovrebbero essere espulse entro un massimo di novanta giorni. Ma Issa (le persone citate sona state anonimizzate) non ha praticamente alcuna possibilità di essere espulso. E per una buona ragione: è di Gaza. Il suo avvocato, Samy Djemaoun, ha dichiarato quel giorno: “Non c'è alcuna prospettiva che venga espulso”, anche se la legge stabilisce che uno straniero può essere trattenuto solo “per il tempo strettamente necessario alla sua partenza”.A Gaza c'è una situazione di violenza indiscriminata, non c'è un metro quadrato che non sia bombardato, quindi andare a Gaza significa andare a uccidersi”, ha sostenuto Djemaoun. “E la Palestina non ha alcun controllo sulle sue frontiere esterne, quindi chiedere alla Palestina un lasciapassare consolare è inutile”.

Eppure è quello che ha fatto il prefetto di Seine-Saint-Denis, mettendo Issa in ritenzione ad agosto e rivolgendosi alle autorità palestinesi per il suo allontanamento - anche se la Francia non riconosce lo Stato palestinese. Il 34enne, padre di due bambini francesi e marito di una donna francese, è arrivato in Francia nel 2010. Nel giugno 2022, gli è stata inflitta una pena detentiva di quattro mesi con sospensione condizionale e un divieto di ingresso in Francia per cinque anni per aver introdotto clandestinamente in Francia due siriani. Il suo nome compare anche - sebbene non sia stato condannato - in casi di furto, violenza, danni alla proprietà privata e frode. Secondo le autorità francesi, egli costituisce una “minaccia per l'ordine pubblico”.

“Aberrazione”

Nella tarda serata di mercoledì, il giudice ha infine deciso di rilasciarlo, adducendo un'irregolarità procedurale. Molte altre persone come lui sono state trattenute. In totale, dall'inizio dell'anno, secondo i dati raccolti da Le Monde presso diverse associazioni che lavorano nei CRA, sono stati arrestati quasi venti cittadini palestinesi. Secondo il Ministero degli Interni, tre sono ancora detenuti. In ogni occasione, la Francia si è rivolta alle autorità consolari palestinesi al fine di identificarli ed espellerli. Tuttavia, nessuna di queste persone è stata deportata in Palestina.

Alcuni sono stati invece rimandati in uno Stato di cui erano cittadini, come l'attivista palestinese di estrema sinistra Mariam Abudaqa, che doveva partecipare a diverse conferenze sul conflitto israelo-palestinese e che è stata espulsa verso l’ Egitto nel novembre 2023. Alcuni palestinesi sono stati espulsi anche in un altro Paese europeo dove avevano un permesso di soggiorno o una richiesta di asilo in corso. Altri sono stati infine rilasciati. Per Claire Bloch, della Cimade, un'associazione di aiuto ai migranti, "è un'aberrazione che i giudici prolunghino la ritenzione quando non c'è alcuna possibilità di deportazione in Palestina. E se ci fosse, sarebbe una violazione dell'articolo 3 della CEDU (Convenzione europea dei diritti umani), che vieta la tortura”.

Tuttavia, in una decisione del 16 giugno, un giudice di Bordeaux ha prorogato la ritenzione di un gazese con la motivazione principale che “le autorità consolari di Palestina e Israele sono state informate”. L'uomo rimane tuttora in stato di ritenzione. In un'altra decisione emessa il 17 luglio, questa volta da un giudice di Lille, la ritenzione di un palestinese è stata prorogata di 30 giorni con la motivazione che “una richiesta di lasciapassare consolare era stata presentata alla missione palestinese in Francia”, anche se non era stata ricevuta alcuna risposta.

Secondo una fonte del Ministero dell'Interno, “non esiste un divieto a priori di espulsione verso qualsiasi Paese, anche se ci possono essere impossibilità tecniche o diplomatiche”. Questa fonte sostiene anche che alcune persone che rivendicano la nazionalità palestinese sono in realtà originarie di un altro Paese.

“Rischio di trattamenti disumani”

Le persone ritenute sono principalmente stranieri che rappresentano una minaccia per l'ordine pubblico”, aggiunge Place Beauvau (sede del ministero deli Interni). Ciò si riflette in particolare nelle condanne penali che comportano l'inammissibilità. L'amministrazione non esita a far valere questo punto davanti al giudice delle libertà e della detenzione. “La ritenzione non dovrebbe essere un mezzo per regolare la sicurezzae, afferma Claire Bloch. “È un uso improprio della legge sull'immigrazione ai fini della repressione”.

Giovedì 29 agosto, Djemaoun  si è presentato in tribunale per difendere un altro palestinese, Youssef, trattenuto/ritenuto dal 9 agosto a Mesnil-Amelot. Il prefetto di Seine-Saint-Denis ha deciso di espellerlo dopo una serie di condanne, tra cui una seconda condanna per ricettazione di telefoni cellulari rubati e l'interdizione dal territorio francese. Il 23 agosto, il tribunale amministrativo di Montreuil ha annullato la decisione di determinare il Paese di rimpatrio con la motivazione che la sua espulsione in Palestina lo avrebbe esposto a “un rischio di trattamento inumano o degradante”, in violazione dell'articolo 3 della Convenzione europea dei diritti umani.

Tuttavia, un giudice di Meaux ha respinto la sua richiesta di rilascio. Egli ha presentato ricorso contro questa decisione. "Il prefetto, nonostante l'annullamento del Paese di ritorno, ha chiesto al Marocco di accoglierlo. Perché il Marocco? Non lo sappiamo”, ha detto Djemaoun ironicamente al giudice. “Se non c'è possibilità di partenza, cosa ci fa il mio cliente in ritenzione?” L'avvocato della prefettura si affanna a dare una risposta sul perché abbia scelto il Marocco, con cui Youssef non ha alcun legame. Il 29 agosto, il giudice ha infine deciso di mantenerlo in ritenzione con la motivazione che la prefettura aveva preso “provvedimenti” - senza ancora ottenere risposta - per espellerlo in Marocco.

Durante la ritenzione amministrativa a Mesnil-Amelot, Youssef, che viveva in Francia dal 2003, ha presentato una domanda di asilo. L'Ufficio francese per la protezione dei rifugiati e degli apolidi ha respinto la sua domanda perché non si è presentato il giorno del colloquio previsto - era malato e aveva comunicato la sua indisponibilità. L'interessato intende presentare ricorso al Tribunale nazionale del diritto d’asilo.

En France, des réfugiés gazaouis soumis à l’arbitraire

La justice française face au dilemme de l’expulsion des Palestiniens

Malgré des décisions préfectorales d’éloignement, les juges se voient dans l’impossibilité de valider ces demandes en raison de la situation sur place. La rétention de certains étrangers est prolongée, alors que ce système ne doit s’appliquer qu’à ceux dont l’expulsion est imminente.

Christophe Ayad et Julia Pascual, Le Monde, 30/8/2024

Il est le sixième à se présenter devant le juge des libertés et de la détention, mercredi 28 août. Dans cette annexe du tribunal judiciaire qui jouxte le centre de rétention administrative (CRA) du Mesnil-Amelot (Seine-et-Marne), le juge se prononce tous les jours sur la prolongation des rétentions d’étrangers demandée par l’administration. A quelques encablures de là, des avions décollent en continu des pistes de l’aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle.


Le centre de rétention administrative du Mesnil-Amelot (Seine-et-Marne), le 6 mai 2019. CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP

A priori, les personnes placées en rétention ont vocation à être expulsées dans un délai maximum de quatre-vingt-dix jours. Mais Issa (les personnes citées par leur prénom sont anonymisées) n’a pour ainsi dire aucune chance de l’être. Et pour cause : il est originaire de Gaza. « Il y a une absence totale de perspective d’éloignement », est venu plaider ce jour-là son avocat, Samy Djemaoun, alors que le droit prévoit qu’un étranger ne peut être retenu « que pour le temps strictement nécessaire à son départ ». « Il y a, à Gaza, une situation de violence aveugle, il n’y a pas un mètre carré qui n’est pas bombardé, donc, aller à Gaza, c’est aller se tuer, a encore plaidé Me Djemaoun. Et la Palestine n’a pas le contrôle de ses frontières extérieures, donc demander un laissez-passer consulaire à la Palestine est vain. »

C’est pourtant ce qu’a fait le préfet de la Seine-Saint-Denis, qui a placé Issa en rétention en août et sollicité les autorités palestiniennes en vue de son éloignement – alors que la France ne reconnaît pas l’Etat palestinien. L’homme de 34 ans, père de deux enfants français et conjoint d’une Française, est arrivé dans l’Hexagone en 2010. Il a fait l’objet d’une condamnation en juin 2022 à quatre mois de prison avec sursis et à une interdiction du territoire de cinq ans pour avoir fait entrer deux Syriens illégalement en France. Son nom apparaît aussi – sans qu’il ait été condamné – dans des affaires de vols, de violences, de dégradation de biens privés ou encore d’escroquerie. Aux yeux des autorités françaises, il constitue une « menace à l’ordre public ».

« Aberration »

Mercredi, en fin de journée, le juge a finalement décidé sa remise en liberté, pour un vice de procédure. Ils sont plusieurs, comme lui, à avoir été placés en rétention. Au total, depuis le début de l’année et d’après les données compilées par Le Monde auprès de plusieurs associations intervenant en CRA, près d’une vingtaine de ressortissants palestiniens ont été placés en rétention. Selon le ministère de l’intérieur, à ce jour, trois sont toujours retenus. A chaque fois, la France a entrepris des démarches auprès des autorités consulaires palestiniennes en vue de leur identification et de leur éloignement. Aucune des personnes n’a pourtant été reconduite en Palestine.

Certaines ont en revanche été renvoyées vers un Etat duquel elles bénéficiaient de la nationalité, à l’image de la militante palestinienne d’extrême gauche Mariam Abudaqa, qui devait participer à diverses conférences sur le conflit israélo-palestinien et qui a été expulsée vers l’Egypte en novembre 2023. Certains Palestiniens ont aussi été éloignés vers un autre Etat européen où ils bénéficiaient d’un titre de séjour ou avaient une demande d’asile en cours. D’autres encore ont fini par être libérés. Pour Claire Bloch, de la Cimade, une association d’aide aux migrants, « c’est une aberration que des juges prolongent des rétentions alors qu’il n’y a pas d’éloignement possible vers la Palestine. Et s’il y en avait, ce serait en violation de l’article 3 de la CEDH [Convention européenne des droits de l’homme], qui interdit la torture ».

Dans une décision du 16 juin, un juge de Bordeaux a pourtant prolongé la rétention d’un Gazaoui au motif principal que « les autorités consulaires de Palestine et d’Israël ont été saisies ». Ce dernier se trouve toujours en rétention à ce jour. Dans une autre décision du 17 juillet, rendue cette fois par un juge de Lille, c’est au motif qu’une « demande de laissez-passer consulaire a été faite auprès de la mission de Palestine en France », bien que restée sans réponse, que la rétention d’un Palestinien a été prolongée de trente jours.

Selon une source au ministère de l’intérieur, « il n’y a pas d’interdiction a priori de procéder à un éloignement vers un quelconque pays, même s’il peut y avoir des impossibilités techniques ou diplomatiques ». Cette source avance en outre que certaines personnes se prévalant de la nationalité palestinienne sont en réalité originaires d’un autre pays.

« Risque de traitements inhumains »

« Les personnes placées en rétention sont en priorité des étrangers qui représentent une menace à l’ordre public », ajoute-t-on place Beauvau. Cela se traduit notamment par des condamnations pénales comportant des interdictions du territoire. Un élément que l’administration n’hésite pas à plaider devant le juge des libertés et de la détention. « La rétention ne doit pas être un moyen de régulation de la sécurité, estime, de son côté, Claire Bloch. C’est un détournement du droit des étrangers à des fins de répression. »

Jeudi 29 août, Me Djemaoun est allé au tribunal défendre un autre Palestinien, Youssef, retenu depuis le 9 août au Mesnil-Amelot. Le préfet de la Seine-Saint-Denis a décidé de son expulsion après des condamnations, notamment une pour recel de vol de téléphone portable en récidive assortie d’une interdiction du territoire français. Le tribunal administratif de Montreuil avait annulé, le 23 août, l’arrêté de fixation du pays de renvoi au motif que son expulsion vers la Palestine l’exposerait à « un risque de traitements inhumains ou dégradants », en violation de l’article 3 de la Convention européenne des droits de l’homme.

Un juge de Meaux a pourtant rejeté sa demande de remise en liberté. Décision dont il a fait appel. « Le préfet, nonobstant l’annulation du pays de renvoi, a demandé au Maroc de l’accueillir. Pourquoi le Maroc ? On ne sait pas, ironise Me Djemaoun devant le juge. S’il n’y a pas de départ possible, qu’est-ce que fait mon client en rétention ? », poursuit-il. L’avocat de la préfecture est bien en peine de fournir une réponse sur le choix du Maroc, avec lequel Youssef n’a aucun lien. Ce 29 août, le juge décidera finalement son maintien en rétention au motif que la préfecture a lancé des « diligences » – sans réponse pour le moment – en vue de l’expulser vers le Maroc.

Pendant sa rétention administrative au Mesnil-Amelot, Youssef, qui séjournait en France depuis 2003, a présenté une demande d’asile. L’Office français de protection des réfugiés et apatrides l’a rejetée car il ne s’est pas présenté le jour de l’entretien prévu – il était malade et avait prévenu de son indisponibilité. Il compte faire appel devant la Cour nationale du droit d’asile.