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25/08/2025

De Gaza à Pise : Marah Abou Zhouri, 20 ans, 35 kilos, morte de famine
La justice italienne ne voit aucune raison d'ouvrir une enquête

Adieu émouvant à Marah, morte en Italie victime du génocide

Une arme infâme : La Palestinienne de 20 ans, arrivée de Gaza dans un état désespéré, a été inhumée dans la province de Pise


Cérémonie funéraire pourMarah Abou Zhouri, Palestinienne de 20 ans décédée à l’hôpital de Pise. Photo Alessandro La Rocca/LaPresse

Giula Torrini, il manifesto, 21/8/2025
Traduit par Tlaxcala

« Marah signifie joie, gaieté en arabe. C’est ce que ma fille transmettait. C’était ma petite dernière, la plus jeune de ses cinq sœurs et de son frère qui m’attendent maintenant à Gaza, où je veux retourner dès que je l’aurai enterrée ». La mère de la Palestinienne de 20 ans dont la mort par malnutrition fait parler toute l’Italie est petite, polie et enfermée dans une douleur très digne. Voilée, entièrement vêtue de noir, elle porte un petit foulard palestinien que nous lui avons offert ces derniers jours, lorsque nous l’avons rencontrée pour lui apporter la solidarité de l’association « Un Ponte Per ».

Elle parle très peu, protégée par ses proches venus du Portugal, de Belgique, du Maroc et par la communauté palestinienne qui s’est précipitée de toute la Toscane pour la soutenir lors des funérailles de sa fille, morte de faim et du génocide.

Des centaines de personnes ont assisté à la cérémonie dans le « parc de la Paix » Tiziano Terzani de Pontasserchio, près de la commune de San Giuliano Terme, dans la province de Pise. Une mer de drapeaux palestiniens et de keffiehs sous un ciel humide et étouffant. De nombreux délégués des administrations de Pise et des environs, avec leurs écharpes tricolores et leurs bannières, des dizaines de journalistes, des caméras et des téléphones pour filmer le simple cercueil en bois clair, posé sur un beau tapis brodé de rouge et d’or. Des fleurs blanches, quelques tournesols et le drapeau de la Palestine recouvraient le cercueil.

Arrivée en Italie par un vol humanitaire, déjà affaiblie, épuisée par des jours de marche et atteinte d’une leucémie suspectée puis démentie par les médecins italiens, la jeune femme est décédée après moins de deux jours d’hospitalisation à Pise. Aujourd’hui, son corps repose, enterré selon la tradition musulmane, face à La Mecque, à côté du petit cimetière de San Giuliano Terme, où le maire Matteo Cecchelli lui a offert une place. « Marah est arrivée en Italie trop tard, tuée par la faim qui, pendant des mois, l’a empêchée de se nourrir correctement, à cause du génocide en cours.

Les institutions ne peuvent rester spectatrices : le gouvernement italien doit reconnaître l’État palestinien et promouvoir des actions concrètes avec la communauté internationale pour mettre fin à ce massacre », a-t-il déclaré. Israël utilise la nourriture et l’eau comme des armes, dénonce la communauté internationale depuis des mois.

Izzeddin Elzir, imam de Florence, le rappelle également : « C’est pourquoi Marah est arrivée en Italie dans un état de dénutrition avancé. Le couloir humanitaire qui l’a mise en sécurité n’a pas suffi, car elle n’avait pas mangé depuis trop longtemps. Dans la bande de Gaza, la nourriture est très rare, rationnée et de mauvaise qualité. Quand j’entends parler de droit, je me demande : l’État d’Israël n’a-t-il pas été créé par le droit international ? Si le droit international n’est pas respecté, alors on pourrait dire qu’Israël n’existe pas non plus ». Les applaudissements les plus forts et les chants du public s’élèvent sur les accusations de complicité des États occidentaux, y compris l’Italie. « Nous sommes tous complices, dit Luisa Morgantini, la vie vient de Gaza, et nous devons défendre cette vie. Le peuple palestinien est fort, habitué depuis trop longtemps à souffrir. C’est à nous qu’il revient de mener ce combat dans notre vie quotidienne ».

Tandis que la foule scande « Palestine libre » et applaudit les interventions du président de la province de Pise et de la porte-parole de la nouvelle ambassadrice de Palestine, Mona Abuamara, assise aux côtés de sa mère visiblement émue, le président de la région, Eugenio Giani, fait son apparition. Il prend la parole pour défendre les médecins toscans, les hôpitaux de Florence, Pise et Massa, excellences italiennes dans le domaine des soins aux mineurs, mais il est couvert par les sifflets et les chants. « Honte, assez d’armes pour Israël, fermez les ports aux armes, bloquez la base militaire de Coltano » sont quelques-uns des messages scandés. Mais Giani poursuit son intervention en rappelant que la région Toscane a récemment approuvé une résolution déclarant l’État de Palestine indépendant et souverain.

C’est à l’imam de Pise, Mohammed Khalil, qu’il revient de conclure et de ramener le calme dans un contexte qui, de cérémonie commémorative, s’est soudainement transformé en arène politique, nous rappelant que la cause palestinienne passe aussi par des choix politiques et partisans. « Ce n’est pas humanitaire de jeter de la nourriture sur la tête des gens. Je me souviens de ma mère dans les années 70 qui tamisait la farine parce qu’elle était pleine de vers. Nous avons le devoir de nous souvenir de Marah comme symbole de ce qui se passe à Gaza : la question palestinienne n’est pas humanitaire, mais politique ».

Nous nous rendons au cimetière pour la cérémonie d’enterrement. Et tandis que la terre tombe peu à peu sur le cercueil de la jeune Marah, qui rêvait de manger enfin un hamburger avec un Coca-Cola, qui coûte 50 dollars la canette à Gaza, le visage de sa mère semble se détendre légèrement. « Demain, je retourne à Gaza. Si je dois mourir, je mourrai sur ma terre. Je laisse ici en Italie une partie de moi-même, ma Marah, ma joie. Je vous demande de prier pour elle, si vous le pouvez ».

 


Marah Abou Zhouri : le parquet a décidé de ne pas ouvrir d’enquête

Alessandra Annoni, Francesco B. Morelli, il manifesto, 21/8/2025

Traduit par Tlaxcala

Alessandra Annoni est professeure de droit international à Ferrare, Francesco B. Morelli est professeur de droit pénal procédural à Messine

« Nous ne voyons aucun délit dans cette affaire ». C’est ainsi que, selon la presse, la procureure de la République de Pise a justifié sa décision de ne pas ordonner l’autopsie du corps de Marah Abou Zhouri, la jeune Palestinienne évacuée de la bande de Gaza le 14 août et décédée à l’hôpital de Cisanello 36 heures après son admission.

La femme était arrivée à l’hôpital avec une suspicion de leucémie, déjà exclue par les premiers examens diagnostiques ; elle pesait 35 kilos et présentait, selon les médecins, un état général de déperdition organique. Marah venait d’un territoire réduit en cendres par 22 mois de bombardements intensifs, dont le système sanitaire a été complètement détruit et où, depuis des mois, l’entrée et la distribution de l’aide humanitaire sont entravées de toutes les manières possibles.

Le 29 juillet 2025, l’IPC Global Initiative, la principale autorité internationale en matière de sécurité alimentaire, a publié un avis urgent pour signaler le risque réel et imminent de famine dans la bande de Gaza. Depuis le début des hostilités, les autorités sanitaires de Gaza ont documenté la mort par famine de 235 personnes, dont 106 mineurs. Ce type de décès est en augmentation exponentielle : 170 ont été recensés entre le 1er juillet et le 13 août. Comme l’a souligné à plusieurs reprises le secrétaire général de l’ONU, cette situation n’est pas le résultat d’une catastrophe naturelle. Il ne s’agit pas non plus d’une conséquence inévitable du conflit armé en cours. La famine à Gaza est le résultat d’un comportement humain.

Pourtant, selon le parquet de Pise, la mort de Marah ne serait pas liée à une hypothèse de crime méritant une enquête. Il faut donc exclure que cette femme ait été victime d’un génocide, un crime pourtant prévu par notre législation (article 1 de la loi 962 de 1967). La Cour internationale de justice avait déjà jugé plausible le risque de génocide à Gaza en janvier 2024 et avait intimé à Israël de lever tous les obstacles à l’entrée de l’aide humanitaire ; de nombreux experts ont désormais conclu qu’Israël commet un génocide, mais pour le parquet de Pise, cette hypothèse de crime ne mérite pas d’être approfondie.

Le parquet lui-même a manifestement estimé pouvoir exclure également la commission d’infractions « communes » qui, selon les informations et les faits révélés, auraient pu être envisagées : l’homicide volontaire ou involontaire ; la torture, en supposant que la victime ait été contrainte de subir des souffrances physiques et psychiques alors qu’elle se trouvait certainement dans un état de défense réduite, à la merci des bombes, sans nourriture ni médicaments. Enfin, la mort comme conséquence d’un autre crime. Il s’agit de crimes sur lesquels les autorités italiennes auraient eu pleine compétence, même s’ils résultent d’actes commis à l’étranger : Marah est décédée en Italie et, conformément à l’article 6 du code pénal, cela suffit pour considérer que le crime a été commis sur le territoire italien.

La déclaration de la procureure Camelio rapportée par la presse doit être évaluée dans le contexte de la Constitution et du code de procédure pénale. Pour que l’enquête puisse commencer, il n’est pas nécessaire que le procureur identifie un délit avant d’avoir effectué tout acte d’enquête. Ce qui doit ressortir, c’est une information relative à un délit, c’est-à-dire « la représentation d’un fait, déterminé et non invraisemblable, pouvant être rattaché à une infraction pénale » (article 335 du code de procédure pénale). Comme nous l’avons vu, ces éléments ne manquent pas. Et les éléments qui fondent une hypothèse concrète d’infraction ne manquent pas non plus. Les médecins italiens ont nié l’existence de la leucémie qui aurait été diagnostiquée ailleurs. Nous savons de la bouche même des professionnels de santé que le décès est survenu à la suite d’un « grave dépérissement organique », intuitivement attribuable à la malnutrition.

Nous savons que dans la bande de Gaza, l’entrée et la distribution de nourriture dans des conditions de sécurité sont interdites. Il s’agit là d’éléments factuels qui révèlent que la mort de Marah est très probablement imputable à des comportements d’autres personnes et non à des pathologies indépendantes de celles-ci, ce qui ne peut que justifier la nécessité d’une enquête.

L’obligation de poursuivre ne prétend pas qu’un délit soit diagnostiqué avec certitude au moment où il est signalé. Ce principe constitutionnel exige plutôt que les enquêtes nécessaires soient menées afin de déterminer si les indices qui fondent l’hypothèse d’un délit peuvent aboutir à sa constatation à l’issue d’un procès. La procureure aurait dû procéder à l’audition des médecins qui ont soigné la victime, de ses parents, à l’acquisition du diagnostic établi ailleurs et de tous les éléments nécessaires pour faire la lumière sur le comportement et ses responsables ; mais avant tout, l’autopsie, qui aurait pu attester la ou les causes du décès. La présence même d’autres maladies non diagnostiquées n’exclut pas l’infraction, car la maladie aurait pu provoquer la mort, telle qu’elle s’est produite, uniquement en présence de conditions, créées par d’autres, de malnutrition et d’absence de soins.

GIDEON LEVY
El lugar de Trump está en la CPI, no en la ceremonia del Premio Nobel

Gideon Levy, Haaretz, 24-8-2028
Traducido por Tlaxcala

Se dice que el sueño del presidente de USA es recibir el Premio Nobel de la Paz en Oslo, pero el lugar que le corresponde es la Corte Penal Internacional de La Haya. Nadie más que Donald Trump tiene tanta responsabilidad en la masacre de Gaza. Si quisiera, él (y solo él) podría, con una simple llamada telefónica, poner fin a esta terrible guerra y a la matanza de los rehenes israelíes. 

Trump hace un anuncio desde la Casa Blanca el viernes. Foto Andrew Caballero-Reynolds/AFP

No lo ha hecho. Trump no solo no ha llamado, sino que sigue financiando, armando y apoyando la maquinaria bélica israelí como si nada estuviera pasando. Es su último fan. La semana pasada, calificó al comandante en jefe de Israel, el primer ministro Benyamin Netanyahu, de «héroe de guerra». Rápidamente se atribuyó el mismo dudoso honor, añadiendo: «Supongo que yo también lo soy», con su característica modestia.

El presidente de USA cree que alguien que lleva a cabo un genocidio en Gaza es un héroe. También cree que alguien que lanza bombarderos desde su oficina para una operación única y sin riesgo contra Irán es un héroe. Esa es la mentalidad del hombre más poderoso del mundo.

Vincular a Trump con el Premio Nobel de la Paz es como convertir la noche en día, la mentira en verdad y al autor de la guerra más terrible de este siglo en una combinación del reverendo Martin Luther King Jr. y el Dalai Lama, ambos galardonados con el premio. Trump y Nelson Mandela en el mismo barco. No hay límites para lo grotesco, y todo corre a nuestra costa.

Si Netanyahu y Trump merecen un premio, es uno que, afortunadamente, aún no se ha creado: el Premio al Genocidio.

Dos impactantes informes publicados el viernes no dejaron lugar a dudas sobre el carácter genocida de la guerra.

La Iniciativa de Clasificación Integrada de la Seguridad Alimentaria, o IPC, respaldada por la ONU y máxima autoridad mundial en crisis alimentarias, confirmó que más de 500 000 personas en la ciudad de Gaza y sus alrededores se enfrentan a condiciones catastróficas de hambruna en el nivel más alto. Las Fuerzas de Defensa de Israel están listas para invadir esta ciudad hambrienta, y Trump está dando luz verde, apoyo internacional y armas a esta brutal invasión.

Al mismo tiempo, el sitio web de noticias israelí +972 Magazine, su sitio hermano en hebreo Local Call (o Sikha Mekomit) y el diario británico The Guardian revelaron una base de datos de inteligencia militar israelí que indica que el 83 % de los palestinos asesinados por las FDI en la guerra hasta ahora eran civiles, una proporción extremadamente alta incluso en comparación con las guerras más horribles, como las de Bosnia, Irak y Siria. Según los propios datos de las FDI, solo uno de cada seis palestinos muertos eran hombres armados. Cinco de cada seis eran civiles inocentes, en su mayoría mujeres y niños. Como sospechábamos, como sabíamos, esto es un genocidio. USA lo respalda.

Trump ha prestado su apoyo a esta guerra, pero aún se atreve a soñar con el Premio Nobel de la Paz. La opinión pública usamericana se mantiene impasible, al igual que el presidente. Solo una llamada telefónica de la Casa Blanca podría detener la matanza y, mientras tanto, no hay señales de que el presidente vaya a hacerla. Respaldado por un vasto aparato de inteligencia, 16 agencias con enormes presupuestos, Trump dijo que vio en la televisión que había «hambre real» en Gaza.

Pero la televisión de Trump aparentemente no lo conmocionó lo suficiente como para llevar a cabo la única operación de rescate que USA puede y debe realizar: ordenar a Israel que cumpla con un alto el fuego total e inmediato. El Israel de Netanyahu no puede desafiar el terror del mundo. Además, Trump está haciendo todo lo posible para impedir que otros países impongan sanciones a Israel con el fin de detener el genocidio. Europa está en pie de guerra, pero paralizada por el miedo que le tiene, al igual que las organizaciones internacionales.

El político judío usamericano que también es ministro del gabinete israelí, Ron Dermer, logró engañar a la Casa Blanca y a sus 16 agencias de inteligencia para que creyeran que la sangre es lluvia, incluso lluvia bendita para USA. El resultado: el padre del plan de la Riviera de Gaza, el presidente de Estados Unidos de América, es ahora un kahanista declarado. Quiere un Premio Nobel de la Paz por ello.



GIDEON LEVY
La place de Trump est devant la CPI, pas à la cérémonie du prix Nobel

Gideon Levy, Haaretz24/8/2025
Traduit par Tlaxcala

Le président usaméricain rêve de recevoir le prix Nobel de la paix à Oslo, dit-on ; mais sa place est à la Cour pénale internationale de La Haye. Aucun autre non-Israélien n’est autant responsable du bain de sang à Gaza que Donald Trump. S’il le voulait, lui seul pourrait, d’un simple coup de fil, mettre fin à cette terrible guerre et au massacre des otages israéliens.


Trump fait une annonce depuis la Maison Blanche vendredi. Photo Andrew Caballero-Reynolds/AFP

Il ne l’a pas fait. Non seulement Trump n’a pas téléphoné, mais il continue de financer, d’armer et de soutenir la machine de guerre israélienne comme si de rien n’était. Il est son dernier fan. La semaine dernière, il a qualifié le commandant en chef d’Israël, le Premier ministre Benjamin Netanyahou, de « héros de guerre ». Il s’est rapidement attribué le même honneur douteux, ajoutant avec sa modestie caractéristique : « Je suppose que je le suis aussi ».

Le président usaméricain pense qu’une personne qui commet un génocide à Gaza est un héros. Il pense également qu’une personne qui lance des bombardiers depuis son bureau pour une opération ponctuelle et sans risque contre l’Iran est un héros. Telle est la mentalité de l’homme le plus puissant du monde.

Associer Trump au prix Nobel de la paix, c’est transformer le jour en nuit, le mensonge en vérité et l’auteur de la guerre la plus terrible de ce siècle en une combinaison du révérend Martin Luther King Jr. et du Dalaï Lama, tous deux lauréats de ce prix. Trump et Nelson Mandela dans le même bateau. Le grotesque n’a pas de limites, et c’est entièrement à nos dépens.

Si Netanyahou et Trump méritent une récompense, c’est une récompense qui, heureusement , n’existe pas encore : le prix du génocide.

Deux rapports choquants publiés vendredi ne laissent aucun doute sur la nature génocidaire de la guerre. L’Initiative pour la classification intégrée de la sécurité alimentaire (IPC), soutenue par l’ONU et considérée comme la principale autorité mondiale en matière de crises alimentaires, a confirmé que plus de 500 000 personnes à Gaza et dans ses environs sont confrontées à une famine catastrophique du plus haut niveau. Les Forces de défense israéliennes s’apprêtent à envahir cette ville affamée, et Trump donne son feu vert à cette invasion brutale, ainsi que son soutien international et des armes.

Dans le même temps, le site d’information israélien +972 Magazine, son site jumeau en hébreu Local Call (ou Sikha Mekomit) et le journal britannique The Guardian ont révélé l’existence d’une base de données des services de renseignement militaires israéliens indiquant que 83 % des Palestiniens tués par l’armée israélienne depuis le début de la guerre étaient des civils, un pourcentage extrêmement élevé, même comparé aux guerres les plus horribles telles que celles de Bosnie, d’Irak et de Syrie. Selon les propres données de l’armée israélienne, seul un Palestinien tué sur six était un combattant armé. Cinq sur six étaient des civils innocents, principalement des femmes et des enfants. Comme nous le soupçonnions, comme nous le savions, il s’agit d’un génocide. Les USA le soutiennent.

Trump a prêté main-forte à cette guerre, mais ose encore rêver d’un prix Nobel de la paix. L’opinion publique usaméricaine reste sur ses positions, tout comme le président. Seul un coup de fil de la Maison Blanche pourrait mettre fin au massacre, mais rien n’indique que le président le fera. Soutenu par un vaste appareil de renseignement, 16 agences dotées de budgets colossaux, Trump a déclaré avoir vu « à la télévision » qu’il y avait « une véritable famine » à Gaza.

Mais la télévision de Trump ne l’a apparemment pas suffisamment choqué pour qu’il mène la seule opération de sauvetage que l’USAmérique peut et doit entreprendre : ordonner à Israël de respecter un cessez-le-feu complet et immédiat. L’Israël de Netanyahou ne peut défier la terreur du monde. De plus, Trump fait tout ce qu’il peut pour empêcher les autres pays d’imposer des sanctions à Israël afin de mettre fin au génocide. L’Europe est en colère, mais paralysée par sa peur de Trump, tout comme les organisations internationales.

Le politicard juif usaméricain qui est également ministre du gouvernement israélien, Ron Dermer, a réussi à faire croire à la Maison Blanche et à ses 16 agences de renseignement que le sang est de la pluie, voire une pluie bénie pour l’USAmérique. Résultat : le père du plan Riviera de Gaza, le président usaméricain, est désormais un kahaniste déclaré. Il veut obtenir le prix Nobel de la paix pour ça.



24/08/2025

Alors qu’Israël se prépare à déplacer un million de Gazaouis, un nouveau danger apparaît
Petite plongée dans la pensée profonde des stratèges génocidaires

Des sources militaires avertissent que l’évacuation des civils de la ville de Gaza pourrait piéger Israël dans un rôle de gouvernance militaire indésirable, tandis que le Hamas pourrait utiliser la population comme bouclier humain dans son dernier bastion.

Itay Ilnai, Israel Hayom, 21/8/2025

Traduit par Tlaxcala


Itay Ilnai (1981) est un journaliste israélien spécialisé dans les questions militaires et de renseignement qui écrit pour le quotidien gratuit de droite Israel Hayom, propriété des héritiers du milliardaire Sheldon Adelson.

 

La première fois, ça n’a pas fonctionné parfaitement.

Le 13 octobre 2023, une semaine seulement après l’attaque surprise du Hamas, l’armée israélienne a dispersé des tracts dans le nord de la bande de Gaza. « Habitants de Gaza, dirigez-vous vers le sud pour votre sécurité et celle de vos familles. Éloignez-vous des terroristes du Hamas qui vous utilisent comme boucliers humains », pouvait-on y lire. Le Hamas a tenté d’empêcher la population d’évacuer les zones déclarées par l’armée israélienne, notamment certaines parties de la ville de Gaza, mais en vain. Des centaines de milliers d’habitants paniqués ont rapidement rassemblé leurs affaires et ont fui vers une zone qui est depuis devenue synonyme d’espace humanitaire : al-Mawassi.


Des images de convois palestiniens marchant avec leurs biens le long de la côte et sur l’axe Salah al-Din ont été publiées dans le monde entier et ont fait la une des médias palestiniens sous le titre « deuxième Nakba », mais l’armée israélienne était satisfaite. Il semblait que l’opération d’évacuation de la population, première étape vers le début d’une manœuvre terrestre à grande échelle, avait été couronnée de succès.

Mais le Commandement Sud a agi trop précipitamment. « Nous avons fermé leur voie de sortie trop tôt », explique une source qui était alors impliquée dans la gestion des combats. « Les forces ont manœuvré de manière à empêcher un quart de million de personnes de se déplacer vers le sud, et celles-ci sont restées piégées. » En conséquence, des dizaines de milliers de Gazaouis piégés dans le nord de la bande de Gaza au cours des premiers mois de la guerre se sont déplacés « d’un côté à l’autre », selon les termes de cette source, à chaque fois que l’armée israélienne avançait vers une nouvelle ville ou un nouveau quartier. « C’était notre erreur », admet-il.

Depuis lors, des leçons ont été tirées et l’armée israélienne, en particulier le Commandement sud, est devenue plus efficace dans tout ce qui touche à la pratique officiellement définie comme « déplacement de la population civile à des fins de protection ». Au cours des mois suivants, des zones étendues et densément peuplées comme Rafah et Khan Younès ont été presque entièrement vidées de leurs habitants de manière délibérée, ce qui a permis aux divisions de l’armée israélienne de manœuvrer plus facilement tout en réduisant les risques pour les forces combattantes et les non-combattants. À l’inverse, cette pratique a soulevé des questions d’ordre moral et juridique.

À présent, avant la prise de contrôle (ou la conquête, selon les points de vue) attendue de la ville de Gaza, le Commandement Sud doit relever un nouveau défi. Dans les prochains jours, nous devrions assister au début de l’une des plus importantes opérations de déplacement de population depuis le début de la guerre, qui constituera une étape préliminaire à l’entrée des troupes à Gaza. Près d’un million de personnes devront évacuer la ville et se diriger vers le sud, au-delà du corridor de Netzarim, qui constituera la ligne de front au-delà de laquelle les combats se dérouleront.

L’entité responsable de cette opération d’évacuation complexe est l’« Unité de relocalisation de la population » du Commandement Sud, dont l’existence même est révélée ici pour la première fois. « Cette unité est devenue l’organisme national de référence pour tout ce qui touche au déplacement de populations », explique un officier de réserve haut gradé.

Chuchotements à l’oreille

La pratique du déplacement de population a commencé lors de la première guerre du Liban (opération « Paix pour la Galilée » en 1982) et a été renforcée lors des deux opérations menées dans le sud du Liban dans les années 1990, « Reddition de comptes » et « Raisins de la colère ». Dans un article publié pendant l’opération «Raisins de la colère», un officier israélien avait déclaré qu’en seulement deux jours, environ 200 000 habitants avaient été évacués des villages chiites du sud du Liban, après que l’armée israélienne les eut contactés par le biais de stations de radio locales et de tracts largués depuis des avions. Par la suite, l’armée a adopté un discours plus agressif.

« Nous avons tiré des obus fumigènes dont le but était de marquer, de leur rappeler, de leur « chuchoter » à l’oreille », a expliqué l’officier. Dans un premier temps, les obus ont atterri à environ 100 mètres de la maison la plus éloignée de chaque village. Dans un deuxième temps, la distance a été réduite à seulement 20 mètres.

En 2003, les USAméricains ont également eu recours à la pratique du déplacement de population lors de l’invasion de l’Irak, notamment lorsqu’ils ont évacué environ 200 000 personnes de la ville de Falloujah. Selon les données de l’ONU, la plupart des habitants sont retournés chez eux après la fin des combats, mais des dizaines de milliers d’entre eux sont restés réfugiés, car ils n’avaient pas les moyens économiques de reconstruire leurs maisons détruites.

Mais avec tout le respect que nous devons à la Cisjordanie, au Liban et à l’Irak, Gaza est un tout autre opéra. « Il n’y a aucune comparaison possible », affirme une source militaire. « Au Liban et en Cisjordanie, les gens peuvent quitter la zone des combats et trouver une solution temporaire, par exemple chez des proches. À Gaza, des familles entières se déplacent avec des tentes. »

Le message, c’est l’explosion

L’entité responsable des opérations de déplacement à Gaza est, comme mentionné, l’« Unité de relocalisation de la population », qui opère au quartier général du Commandement sud et est dirigée par un officier de carrière (une unité similaire existe également au Commandement nord). Dans le passé, cet organisme opérait sous l’égide du « Complexe d’influence », mais après le développement du domaine ces dernières années, il est devenu un organisme indépendant. « Au fil du temps, la question du déplacement de population a fait l’objet d’une attention croissante et s’est institutionnalisée », explique une ancienne source de l’armée israélienne.

 
Udi Ben-Moha en 2010, alors qu’il était colonel commandant de la Brigade d’Hébron

Les origines remontent à 2013, lorsque le général de brigade Udi Ben-Moha a été nommé chef d’état-major du Commandement sud. Ben-Moha a commencé à affiner la doctrine du déplacement de population dans le cadre des plans opérationnels pour les futures manœuvres terrestres dans la bande de Gaza. « Il a pris cette pratique et l’a transformée en un art de la guerre », explique le général de brigade (Rés.) Erez Weiner, qui a servi pendant la guerre actuelle en tant que commandant de l’équipe de planification opérationnelle du Commandement sud.

Erez Weiner, un général de réserve qui a beaucoup de casseroles [lire ici]

Les méthodes développées dans cette unité ont d’abord été testées partiellement lors de l’opération « Bordure protectrice » en 2014, avant de devenir partie intégrante de la méthode de combat utilisée lors de l’opération « Gardien des murs » en 2021. Elles prévoyaient la division de la bande de Gaza en blocs, dont les limites étaient définies selon la logique des Gazaouis et non imposées de l’extérieur. « Ce n’est pas une division imaginée par un officier britannique », comme le dit Weiner. « Les contours des blocs correspondent aux quartiers, aux clans, aux ruelles. »

Ce sont des membres de l’unité 504 de la Direction du renseignement militaire, spécialisée dans l’interrogatoire des prisonniers et le recrutement d’agents, qui ont rédigé le contenu des tracts. Le personnel de cette unité était également chargé d’une autre opération de communication avec la population, qui comprenait l’envoi de milliers de SMS et d’appels téléphoniques personnalisés, dont le contenu était adapté à chaque destinataire.

En janvier 2024, l’armée israélienne a annoncé que pendant la guerre, plus de 7 millions de tracts avaient été distribués, plus de 13 millions de SMS envoyés et plus de 15 millions d’appels téléphoniques passés (la plupart avec des messages enregistrés). Les combattants de l’unité 504 ont même appelé les habitants à évacuer quelques instants avant l’entrée des forces de manœuvre, à l’aide de haut-parleurs placés sur des véhicules de l’armée israélienne qui circulaient dans les quartiers. Même dans ce cas, les messages étaient adaptés à chaque quartier, en fonction du clan qui y résidait.

Au cours de la phase suivante, les bombardements d’artillerie qui ont précédé l’entrée des troupes terrestres et qui visaient principalement à dissuader la population civile, ont transmis le message le plus clair possible : évacuez les lieux. « L’armée israélienne a utilisé à Gaza une puissance de feu sans précédent, en tout cas jamais utilisée contre une population civile », a déclaré un officier chargé de l’histoire. « C’est probablement le meilleur moyen de persuasion, plus efficace que n’importe quel tract. »

« Au final, les gens ne se précipitent pas pour abandonner leur foyer, donc le principal moyen de persuasion est la peur », explique un ancien haut gradé de l’armée israélienne spécialisé dans la guerre psychologique, une branche dont sont issues les méthodes opérationnelles de déplacement de population. « Lorsque les bombes tombent en masse, même les plus riches quittent leur maison. De plus, vous pouvez couper la radio, la télévision et enfin la lumière. Tous ces outils font partie de l’arsenal. »

Trouver un visage parmi un million de personnes

L’Unité de relocalisation de la population est chargée de recenser la population et de recueillir des renseignements à son sujet à l’avance, ainsi que de coordonner les opérations visant à la déplacer. À cette fin, elle met en relation un grand nombre d’éléments, notamment les services de renseignement, le coordinateur des activités gouvernementales dans les territoires, l’artillerie, l’armée de l’air, les forces terrestres, etc. Le personnel du parquet militaire joue un rôle central, car il veille à ce que les mesures prises sur le terrain soient conformes au droit international (nous y reviendrons) [sic].

L’unité utilise également des outils pour surveiller les mouvements de population, dès leur début. « Dans la guerre actuelle, l’unité était déjà préparée au niveau de la microgestion de l’opération », explique Weiner. « Quel est le processus de notification, qui informe, quand et comment, et comment suivre et vérifier qu’il y a bien une réponse de l’autre côté et que la population se déplace ? Car en fin de compte, il faut pouvoir indiquer quel pourcentage de résidents a quitté les lieux, afin que certaines zones puissent être ouvertes au feu. »

Quel est ce pourcentage ? Zéro ? « Je ne pense pas qu’il soit judicieux d’entrer dans ce détail, car cela donnerait des armes à l’ennemi. Mais la méthode consiste à activer des systèmes de surveillance, de contrôle et de suivi des mouvements de population, à établir une image de la situation, afin que l’unité chargée de la relocalisation de la population soit en mesure, à tout moment, de dire quel pourcentage de la population se trouve dans chaque zone. »

Les postes de contrôle, situés le long des voies d’évacuation, constituent un autre élément des opérations de déplacement de population. L’armée israélienne installe des moyens technologiques de reconnaissance faciale à ces postes de contrôle afin de repérer, parmi les civils – qui peuvent être plusieurs centaines de milliers par jour –, les terroristes déguisés en innocents, voire en otages.

Une autre source proche du travail de cette unité explique que le déplacement de la population se fait au détriment de l’effet de surprise. « Imaginez que lorsque vous ordonnez à la population d’évacuer, vous révélez à l’ennemi où vous comptez manœuvrer », dit-il. « Néanmoins, l’armée israélienne comprend l’importance de la question. L’objectif ici n’est pas de remplir une obligation et de dire aux habitants « nous vous avons prévenus, maintenant c’est votre problème », puis d’attaquer. Il y a vraiment une volonté de permettre à la population de partir. »

Le ministre de la Défense Israel Katz avec les hauts responsables de l’armée israélienne approuvant le plan pour Gaza. Photo Ariel Hermoni / Ministère de la Défense

Malgré cela, plusieurs incidents ont eu lieu au cours desquels des civils qui n’avaient pas évacué leurs maisons ont été blessés pendant les combats. L’incident le plus connu s’est produit à Khan Younès en mai dernier. Neuf des dix enfants du Dr Alaa al-Najjar, médecin à l’hôpital Nasser, ont été tués lors d’une frappe de l’armée israélienne dans une zone qui était censée être évacuée. Son mari et son fils de 11 ans ont été grièvement blessés.

Ce tragique incident a fait la une des journaux du monde entier. L’armée israélienne a alors affirmé que la frappe avait été menée depuis un avion contre une maison où se trouvaient des suspects opérant à proximité d’une force terrestre, et a promis d’enquêter sur cet incident.

Néanmoins, l’armée israélienne considère le déplacement de population comme l’un des succès de la guerre actuelle. « ça a très bien fonctionné tout au long de la guerre, malgré les prévisions contraires de sources diverses, allant de membres de l’état-major général à des sources internationales, en passant par des militaires usaméricains et toutes sortes d’anciens responsables », affirme Weiner. « Au début de la campagne, nous avons évacué environ un million de personnes du nord de la bande de Gaza et de la ville de Gaza vers le sud, en peu de temps. Ensuite, nous avons évacué 300 000 personnes de Khan Younès en très peu de temps, puis nous sommes arrivés à la question de Rafah. »

Des sources impliquées dans les opérations qui ont précédé l’entrée à Rafah définissent la question de l’évacuation de la population comme la principale « mine » contre l’administration usaméricaine, alors dirigée par Biden, qui s’opposait fermement à l’entrée israélienne dans la ville. « Ils nous ont dit que les habitants de Rafah avaient déjà été déracinés de leurs maisons, donc ils ne seraient pas évacués une nouvelle fois », explique Weiner. « Mais au sein du commandement, nous avons élaboré un plan qui prévoyait deux semaines de préparation et deux semaines supplémentaires pour l’évacuation complète. Rétrospectivement, ça a pris dix jours au total. » Pendant cette période, environ un million de personnes ont été évacuées de Rafah.

Ce qui nous ramène à la ville de Gaza. Après le retrait israélien du corridor de Netzarim au début de l’année, à la suite du deuxième échange d’otages, des centaines de milliers de Gazaouis qui avaient évacué la ville au début de la guerre ont pu y retourner. Au cours de l’opération « Les chars de Gédéon », qui a débuté en mai 2025, d’importants déplacements de population supplémentaires ont été effectués, dont une partie a également été évacuée vers la ville de Gaza. Aujourd’hui, avec la zone d’al-Mawassi et les camps centraux, la ville est devenue le lieu où se concentre la majeure partie de la population civile de la bande de Gaza.

Selon les données de l’ONU, environ 82 % des habitants de la bande de Gaza vivaient avant la guerre dans des zones définies par l’armée israélienne comme « zones d’évacuation ». L’aide apportée aux millions de personnes déplacées fait partie intégrante du principe de déplacement de population. Comme l’explique le Dr Ron Schleifer, maître de conférences à l’université d’Ariel, directeur du Centre de recherche sur la défense et la communication d’Ariel et expert en guerre psychologique, « personne n’aime quitter son foyer, il faut donc convaincre les gens que l’alternative au maintien sur place est pire que le départ vers l’inconnu ».

 

De la fumée s’élève après une explosion à Gaza, vue depuis le côté israélien de la frontière entre Israël et Gaza, le 22 juillet 2025 Photo Reuters/Amir Cohen

Une partie intégrante du déplacement de population consiste à tenir la promesse faite aux personnes évacuées qu’elles recevront un abri, de la nourriture et des services de santé. « Vous leur expliquez clairement qu’il existe un passage sûr par lequel ils peuvent se déplacer et qu’à leur arrivée, ils auront de quoi se nourrir et s’abriter. Vous utilisez à la fois la carotte et le bâton », explique un ancien haut responsable du domaine de la guerre psychologique au sein de l’armée israélienne.

Si les tentes viennent à manquer

Jusqu’à présent, Israël a insisté pour que la carotte – c’est-à-dire l’aide humanitaire à la bande de Gaza – soit fournie et gérée par l’ONU et des organisations internationales, telles que la fondation usaméricaine GHF, en partie pour des raisons juridiques. Mais les espaces humanitaires délimités par l’armée israélienne n’ont pas toujours fait leurs preuves. Les difficultés liées au transfert et à la distribution de l’aide ont entraîné le chaos et des plaintes pour famine à Gaza, auxquelles Israël a récemment eu du mal à faire face. De plus, l’armée israélienne a continué ses attaques à al-Mawassi, notamment lorsqu’elle a éliminé des hauts responsables du Hamas qui utilisaient cet espace pour se cacher, dont Mohammed Deif. Il en résulte que l’on craint désormais que les habitants de la ville de Gaza préfèrent rester chez eux, même au péril de leur vie, et ne fassent pas confiance à l’alternative que leur propose l’armée israélienne.

L’armée israélienne reconnaît que l’opération d’évacuation de Gaza nécessitera la mise en place de refuges humanitaires et de points supplémentaires pour la distribution de nourriture. Elle reconnaît également que le système humanitaire international à Gaza est épuisé, ce qui rend difficile la gestion de la situation à venir.

L’entité qui a déjà commencé à agir concernant « la carotte » pour les évacués de la ville de Gaza est le Coordinateur des activités gouvernementales dans les territoires. Ces derniers jours, elle s’efforce d’aider autant que possible les organisations internationales à préparer les infrastructures destinées à accueillir des centaines de milliers de nouveaux évacués. « On ne peut pas bouger avant de s’assurer que les infrastructures humanitaires – nourriture, eau, médicaments, assainissement – répondent aux exigences du droit international », explique une source bien informée sur le sujet.

Par exemple, dès la fin du mois de juillet, le coordinateur a approuvé, sur instruction du niveau politique, de faire avancer l’initiative émiratie visant à relier une conduite d’eau depuis l’usine de dessalement en Égypte jusqu’à al-Mawassi. Parallèlement, une ligne électrique a été raccordée depuis Israël à l’usine de dessalement située dans le sud de Gaza, ce qui permettra de multiplier par dix l’approvisionnement en eau potable dans le sud de la bande de Gaza. Cette semaine, Israël a même approuvé, pour la première fois depuis le cessez-le-feu de mars 2025, l’acheminement de tentes et de matériel d’hébergement dans la bande de Gaza. « On ne peut pas commencer à déplacer des populations et ensuite dire “oups, il n’y a pas assez de tentes” », explique cette source. « Israël prépare donc déjà les infrastructures nécessaires à l’évacuation. »

Récemment, l’ambassadeur usaméricain en Israël, Mike Huckabee, a également publié une déclaration indiquant l’intention d’étendre les activités de la fondation usaméricaine d’aide humanitaire GHF, qui gère actuellement quatre centres de distribution dans la bande de Gaza, et d’ajouter 12 centres supplémentaires. Derrière cette décision se cachent des discussions entre l’administration usaméricaine, l’ONU et Israël sur une éventuelle coopération entre l’ONU et la fondation usaméricaine afin d’intensifier l’effort humanitaire à Gaza.

La dernière forteresse

Les questions opérationnelles et humanitaires auxquelles sont actuellement confrontées les FDI s’accompagnent de questions juridiques et morales soulevées par le déplacement de populations. Le droit international reconnaît la nécessité d’évacuer les habitants d’une zone de guerre, mais stipule que cette évacuation peut être considérée comme légale à condition qu’elle soit temporaire.

Dès le début de la guerre, des accusations virulentes ont été formulées, selon lesquelles le déplacement de la population constituait une première étape visant à contraindre les habitants de Gaza à émigrer définitivement hors de leurs frontières. Au cours de l’opération « Les chars de Gédéon », trois combattants de réserve ont même déposé une requête auprès de la Haute Cour de justice, dans laquelle ils affirmaient que l’ordre d’opération violait le droit international car il imposait l’expulsion de la population.

L’armée israélienne a toujours affirmé que le déplacement de la population était temporaire et ne visait pas à encourager l’émigration, l’exil ou l’expulsion. Selon les données du coordinateur, depuis le début de la guerre, seuls environ 38 000 Palestiniens ont quitté Gaza pour un pays tiers, tous titulaires d’une double nationalité, ayant obtenu un permis de séjour dans un autre pays ou ayant reçu l’autorisation d’évacuer pour raisons médicales. Des sources officielles ont admis cette semaine que, jusqu’à présent, les tentatives visant à trouver un pays tiers susceptible d’accueillir les réfugiés palestiniens ont échoué.

Quoi qu’il en soit, à mesure que la guerre progresse, la marge de manœuvre juridique dont dispose l’armée israélienne en matière de déplacement de population devient de plus en plus étroite. Selon plusieurs sources que nous avons consultées, l’évacuation de la ville de Gaza et sa prise de contrôle par l’armée pourraient finalement faire basculer la situation.

Selon le Dr Schleifer, après l’évacuation de la ville de Gaza, « nous devons garantir une distribution alimentaire juste et équitable, dans la mesure du possible, sans profiteurs ni implication du Hamas ». Selon lui, l’expérience passée prouve que tout cela ne peut être réalisé par des acteurs internationaux. « Nous devrons installer des camps de tentes et prendre soin de la population civile, mettre en place un système éducatif, etc., et nous organiser dans tous les domaines nécessaires au maintien de la société. Pour ce faire, l’État d’Israël doit rétablir une branche militaire qui a été étranglée et abandonnée : le gouvernement militaire. »

Mais l’objectif du gouvernement israélien, du moins officiellement, est qu’il n’y ait pas de gouvernement militaire. « Nous aboutirons à un gouvernement militaire, que nous le voulions ou non. Nous nous racontons toutes sortes d’histoires, mais il est clair que nous devrons contrôler Gaza, ou superviser d’une manière ou d’une autre ce qui se passe dans la bande de Gaza. À mon avis, il n’y a pas d’autre solution. »

L’armée israélienne peut mater le Hamas à Gaza [resic]. Selon plusieurs anciennes sources de l’armée israélienne qui se sont penchées sur la question, déplacer un nombre aussi important de civils vers une zone aussi restreinte – environ 25 % de la superficie totale de la bande de Gaza – obligera l’armée israélienne à fournir elle-même aux personnes évacuées des solutions en matière de logement, d’alimentation et de santé, et la contraindra pratiquement à instaurer un gouvernement militaire à Gaza, ce que les hauts responsables de l’armée israélienne ont évité jusqu’à présent. « L’armée israélienne est en quelque sorte poussée à agir, et c’est pourquoi elle s’y oppose tant », explique l’un d’entre eux. « Les implications d’une telle décision sont énormes et pourraient entraîner des sanctions internationales, voire un mouvement de refus. Au-delà de cela, il existe un scénario dans lequel le Hamas prendrait en otage la population de la ville de Gaza [reresic] et, contrairement au passé, l’évacuation se ferait très lentement, ce qui affaiblirait la dynamique israélienne. Jusqu’à présent, le Hamas n’a pas réussi à empêcher le déplacement de la population, mais la ville de Gaza est le dernier bastion dont il dispose, et la plupart de ses forces y sont concentrées. Il n’abandonnera pas facilement. »

Selon Weiner, ces inquiétudes sont exagérées. « Pour convaincre les habitants de Gaza d’évacuer, deux choses doivent se produire », dit-il. « La première est de garantir que l’aide humanitaire n’entre pas dans la ville de Gaza, mais uniquement dans les zones d’évacuation. La seconde est de cesser de parler d’un accord partiel. Nous devons affirmer haut et fort que nous n’avons pas l’intention d’arrêter l’opération à Gaza, donc vous feriez mieux de partir, car les bombardements et les bulldozers arriveront bientôt. »

 

JR Mora, janvier 2024

 

15/08/2025

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Nous faisons une pause jusqu'au 24 août. A bientôt !
Nos tomamos un descanso hasta el 24 de agosto. ¡Hasta pronto!
We're taking a break until August 24. See you soon!
Wir machen bis zum 24. August Pause. Bis dann!
!نحن في عطلة حتى 24 أغسطس. إلى اللقاء قريبًا
Faremos uma pausa até 24 de agosto. Até breve!
Vi tar paus till den 24 augusti. Vi ses snart!
Ci prendiamo una pausa fino al 24 agosto. A presto!
!ما تا ۲۴ آگوست استراحت می‌کنیم. به زودی می‌بینمتان

14/08/2025

L’Espagne s’apprête à déclassifier des milliers de documents secrets sur le Sahara occidental et la Marche verte

ECSAHARAUI, 3/8/2025
Traduit par SOLIDMAR

Madrid (ECS).- Le gouvernement de Madrid entend déclassifier des milliers de documents classifiés antérieurs à 1982, notamment des documents relatifs au retrait soudain du Sahara occidental, à la Marche verte et à la diplomatie secrète pendant la transition démocratique. Ce secret d’État classifié pendant de nombreuses années suscite un intérêt bien au-delà des frontières espagnoles. 

Selon un article publié dans le journal El País le 28 juillet, le gouvernement de Pedro Sánchez est sur le point d’adopter une loi qui représente un changement historique dans la gestion des secrets d’État. Le projet de réforme, qui remplacera la Loi de 1968 sur les secrets officiels héritée du régime franquiste, propose la déclassification immédiate de tous les documents classifiés datant de plus de 45 ans, sauf dans les cas où cela présenterait un risque exceptionnel pour la sécurité nationale. Le journal explique que « le processus de déclassification concernera tous les documents antérieurs à 1982 ».

Derrière cette initiative démocratique se cache une partie importante de l’histoire de la diplomatie espagnole qui pourrait être récupérée. Les chercheurs espagnols attendent ce moment depuis des décennies, tandis que leurs voisins du sud, le Sahara occidental et le Maroc, l’observent avec beaucoup d’enthousiasme. Les documents en question comprennent ceux liés à la fin de la présence espagnole au Sahara occidental, à la Marche verte du 6 novembre 1975 et à la politique secrète de l’Espagne envers le Maroc pendant la transition politique.

Le journal souligne que « parmi ces documents figurent des détails sur le processus qui a conduit au retrait précipité du Sahara occidental en 1975, alors que Franco était sur son lit de mort ». Ce retrait a eu lieu dans un contexte régional très tendu et a souvent été décrit comme improvisé et mené dans des circonstances mystérieuses. Pour le Maroc, tout document attestant la nature des engagements de l’Espagne à l’époque ou indiquant une reconnaissance implicite de la souveraineté marocaine sur le territoire aurait une grande valeur diplomatique et symbolique. Dans le cas contraire, cela constituerait une grave crise diplomatique entre Rabat et Madrid.

Cependant, l’accès à ces archives n’est pas garanti. Le ministre de la Présidence du gouvernement, Félix Bolaños, a averti que la quantité de documents en question est « énorme » (ingente) et que le processus de déclassification « ne sera pas immédiat », mais « progressif, en donnant la priorité aux documents liés aux violations des droits humains ».

À cela s’ajoutent des difficultés matérielles, car « les documents doivent être identifiés, organisés, classés et indexés avec précision » avant d’être transférés à la commission d’archives compétente, puis déposés dans les archives publiques. En d’autres termes, il ne suffit pas que les documents existent et soient déclassifiés, ils doivent également être physiquement accessibles.

La disparité éventuelle de la documentation aura des conséquences politiques, car elle permet à l’État espagnol de maintenir une sorte d’« amnésie stratégique », tout en limitant le droit à la vérité des communautés concernées, en particulier le peuple sahraoui.

Au Maroc, plusieurs médias proches du régime ont suivi cette évolution avec un mélange d’espoir prudent et de vigilance. L’ouverture des archives pourrait révéler les secrets de la Marche verte ou les détails cachés de l’accord tripartite de Madrid. Elle pourrait également confirmer des éléments qui sont restés longtemps cachés, tels que des concessions implicites, la médiation usaméricaine ou les doutes de la haute hiérarchie militaire espagnole.

Pour la démocratie espagnole, le défi est double : premièrement, rendre ces archives fonctionnelles et réellement accessibles, plutôt que simplement déclassifiées sur papier ; deuxièmement, assumer la responsabilité de leur contenu. Comme le souligne El País, « les chercheurs ne peuvent exiger ce qu’ils ne connaissent pas ». Le défi ne se limite donc pas à l’ouverture des dossiers ; il exige également la création d’un catalogue public rigoureux et consultable, sans lequel la transparence restera un mirage.

GIDEON LEVY
Quand Anas Al-Sharif est mort, le journalisme est mort, tout comme la vérité et la solidarité

Les journalistes israéliens refusent de voir qu’un pays qui a tué plus de journalistes dans cette guerre à Gaza que dans tout autre conflit de l’histoire finira un jour par tourner ses armes contre eux.

Une manifestante tient une photo d’Anas Al-Sharif, l’un des quatre journalistes d’Al Jazeera tués lors d’une frappe israélienne quelques jours plus tôt, lors d’une manifestation de solidarité avec les journalistes de la bande de Gaza et condamnant la récente frappe, organisée par des journalistes devant le Syndicat de la presse égyptienne au Caire mercredi. Crédit : AFP/KHALED DESOUKI

Gideon Levy, Haaretz, Aug 13, 2025 11:37
Traduit par Tlaxcala

« Si ces mots vous parviennent, sachez qu’Israël a réussi à me tuer et à faire taire ma voix. ... Dieu sait que j’ai déployé tous les efforts et toute l’énergie dont je disposais pour soutenir et faire entendre la voix de mon peuple, depuis le moment où j’ai ouvert les yeux sur la vie dans les ruelles et les rues du camp de réfugiés de Jabaliya. J’espérais que Dieu prolongerait ma vie jusqu’à ce que je puisse retourner avec ma famille et mes proches dans notre ville natale, Al-Majdal Asqalan, aujourd’hui occupée. Mais la volonté de Dieu a prévalu, et son décret s’est accompli. »

Ce n’est pas la volonté de Dieu qui a déterminé le sort du journaliste Anas Al-Sharif dimanche, ainsi que celui de trois autres journalistes et de deux civils, dans la tente de presse adjacente à l’hôpital al-Shifa de la ville de Gaza. Ce n’était pas la volonté de Dieu, mais plutôt celle d’un drone militaire israélien criminel qui a pris pour cible Al-Sharif, le correspondant le plus éminent d’Al Jazeera dans cette guerre. Ce n’est pas la volonté de Dieu, mais celle d’Israël qui a voulu l’exécuter au motif qu’il dirigeait une « cellule du Hamas », sans présenter la moindre preuve à l’appui.

Beaucoup dans le monde ont cru à la version de l’armée, tout comme ils avaient cru que les Forces de défense israéliennes n’avaient pas tué la journaliste d’Al Jazeera Shireen Abu Akleh à Jénine en 2022. Même ceux qui veulent croire qu’Al-Sharif était un chef de cellule doivent se poser la question suivante : qu’en est-il des cinq personnes qui ont été tuées avec lui ? Étaient-elles des adjoints du chef de la cellule ? On ne peut croire quoi que ce soit venant d’une armée qui massacre des journalistes de sang-froid ou d’un État qui n’autorise pas la libre couverture de la guerre, pas même les reportages sur le chef de la cellule terroriste de Jabaliya.

Il est difficile de croire – ou peut-être n’y a-t-il plus rien de difficile à croire – le peu d’intérêt suscité ici [en Israël] par le meurtre de quatre journalistes. La presse israélienne était divisée entre ceux qui ont ignoré l’affaire et ceux qui ont rapporté qu’Israël avait éliminé un terroriste. Sans aucune information, presque tout le monde s’est mobilisé pour raconter l’histoire dictée par les Forces de défense israéliennes, au mépris de la vérité. Et au mépris de la solidarité envers un collègue courageux.

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Des Palestiniens récitent la Fatiha dans un cimetière de la ville de Gaza, mardi, sur la tombe du correspondant d’Al Jazeera Anas Al-Sharif, tué avec d’autres journalistes lors d’une frappe israélienne. Crédit : AFP/BASHAR TALEB

La seule preuve présentée était une photo d’Al-Sharif avec le chef du Hamas Yahya Sinwar. C’est en effet un motif d’exécution.

Un million de fois plus courageux que n’importe quel journaliste israélien, et moins complaisant au service de la propagande de son État et de son peuple que Nir Dvori et Or Heller, Al-Sharif aurait pu enseigner les fondamentaux du journalisme aux membres des médias israéliens.

Le chutzpah de la presse ici est sans limites : Al Jazeera est une chaîne de propagande, hurlent les reporters des chaînes de télévision israéliennes, qui ont donné une mauvaise réputation à la propagande ultranationaliste et à la dissimulation de la vérité pendant cette guerre.

Si Al Jazeera est de la propagande, alors qu’est-ce que Channel 12 ? Et les chaînes 11, 13, 14 et 15 ? Ont-elles un quelconque rapport avec le journalisme dans cette guerre ?


Des enfants palestiniens et un journaliste inspectent la tente détruite d’Al Jazeera à l’hôpital Al-Shifa de Gaza, lundi, après une frappe nocturne de l’armée israélienne. Crédit : AFP/BASHAR TALEB

Lorsque le journalisme est mort, la vérité et la solidarité ont également disparu. Ceux qui ont tué plus de journalistes dans cette guerre que dans toute autre guerre de l’histoire – 186 selon le Comité pour la protection des journalistes basé à New York, 263 selon B’Tselem – tourneront un jour leurs armes contre nous, les journalistes israéliens qui ne trouvons pas grâce à leurs yeux. Il est difficile de comprendre comment les journalistes israéliens ne parviennent pas à saisir cela. Ou peut-être ont-ils l’intention de continuer à se soumettre à la machine de propagande israélienne, car à leurs yeux, c’est ça le journalisme.

Mais cette semaine, l’armée israélienne a bombardé une tente de presse, et les scènes que vous n’avez pas vues étaient horribles : des corps de journalistes ont été retirés de la tente en feu, et leurs collègues israéliens applaudissaient ou restaient silencieux. Quelle honte, tant sur le plan personnel que professionnel. En quoi est-ce moins choquant que le meurtre du journaliste saoudien Jamal Khashoggi en 2018 ? Parce qu’ils n’ont pas démembré le corps d’al-Sharif ?

Les amis d’Al-Sharif et son testament indiquent qu’il savait qu’il était une cible. Lorsque l’armée israélienne a commencé à proférer des menaces de mort à son encontre en octobre, Irene Khan, rapporteure spéciale des Nations unies sur la liberté d’expression, s’est dite inquiète pour son sort. Al-Sharif, a-t-elle déclaré, était le dernier journaliste encore en vie dans le nord de la bande de Gaza. C’est précisément pour cette raison qu’Israël l’a tué. « N’oubliez pas Gaza », tels ont été ses derniers mots dans son testament.