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04/02/2022

GIDEON LEVY
Dites-moi ce qui n’est pas vrai dans le rapport d'Amnesty International sur Israël

Gideon Levy, Haaretz, 3/2/2022
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

Alors que les malédictions et les cris s'apaisent - Amnesty est antisémite, le rapport est plein de mensonges, la méthodologie est absurde - on doit se demander : qu'est-ce qui est incorrect, précisément, dans le rapport sur l'apartheid ?

Des colons et des soldats israéliens se rassemblent dans l'avant-poste sauvage récemment établi à Evyatar, près de la ville de Naplouse, en Cisjordanie, en juillet 2021. Photo : AP Photo/Oded Balilty

Israël n'a-t-il pas été fondé sur une politique explicite visant à maintenir l'hégémonie démographique juive, tout en réduisant le nombre de Palestiniens à l'intérieur de ses frontières ? Oui ou non ? Vrai ou faux ? Cette politique n'existe-t-elle pas encore aujourd'hui ? Oui ou non ? Vrai ou faux ? Israël ne maintient-il pas un régime d'oppression et de contrôle des Palestiniens en Israël et dans les territoires occupés depuis 1967 au profit des Juifs israéliens ? Oui ou non ? Vrai ou faux ? Les règles d'engagement face aux Palestiniens ne relèvent-elles pas d’une politique consistant à tirer pour tuer, ou au moins pour mutiler ? Oui ou non ? Vrai ou faux ? Les expulsions de Palestiniens de leurs maisons et le refus de permis de construire ne font-ils pas partie de la politique israélienne ? Oui ou non ? Vrai ou faux ?

Cheikh Jarrah n'est-il pas un lieu d'apartheid ? La loi de l'Etat-nation n'est-elle pas de l’apartheid ? Et le refus de réunification des familles ? Et les villages (bédouins) non reconnus ? Et la « judaïsation » ? Existe-t-il une seule sphère, en Israël ou dans les territoires, dans laquelle il existe une égalité véritable, absolue, sauf de nom ?

Lire le rapport, c'est désespérer. C'est tout ce que nous savions, mais condensé. Pourtant, aucun désespoir ou remords n'a été ressenti en Israël. La plupart des médias l'ont marginalisé et estompé, et les chœurs de la hasbara l'ont rejeté. Le ministre de la propagande, Yair Lapid, a récité ses lignes et est passé à l'attaque avant même la publication du rapport. Le ministre des Affaires de la diaspora, Nachman Shai, a rapidement suivi. Le rapport international n'est pas encore né qu'Israël le dénonce tout en négligeant de répondre à un seul de ses points. Une organisation après l'autre, dont certaines sont importantes et honnêtes, appelle cela de l'apartheid, et Israël dit : antisémitisme.

S'il vous plaît, prouvez qu'Amnesty a tort. Qu'il n'y a pas deux systèmes de justice dans les territoires, deux ensembles de droits et deux formules pour la distribution des ressources. Que la légitimation d'Evyatar n'est pas de l’ apartheid. Que le fait que les Juifs puissent récupérer leurs biens d'avant 1948 alors que les Palestiniens se voient refuser le même droit n'est pas de l'apartheid. Qu'une colonie verdoyante juste à côté d'une communauté de bergers sans électricité ni eau courante n'est pas de l'apartheid. Que les citoyens arabes d'Israël ne font pas l'objet d'une discrimination systématique et institutionnelle. Que la ligne verte n'a pas été effacée. Qu'est-ce qui n'est pas vrai ?

Même Mordechai Kremnitzer [prof de droit à l’Université Hébraïque de Jérusalem, né à Fürth, près de Nuremberg en 1948, NdT] a été effrayé par le rapport et l'a attaqué. Ses arguments : le rapport ne distingue pas les territoires occupés depuis 1967 d'Israël, et il traite le passé comme si c'était le présent. C'est ainsi que cela se passe lorsque même les universitaires de gauche s'engagent dans la défense de la propagande sioniste. Accuser Israël des péchés de 1948 et le qualifier d'apartheid, c'est comme accuser les USA d'apartheid en raison du passé des lois de ségrégation Jim Crow, écrit-il dans le Haaretz de mercredi.

La différence est que le racisme institutionnalisé aux USA a progressivement disparu, alors qu'en Israël, il est plus vivant et plus fort que jamais. La ligne verte a également été effacée. Il s'agit d'un seul État depuis un certain temps déjà. Pourquoi Amnesty devrait-elle faire cette distinction ? L'année 1948 continue. La Nakba continue. Une ligne droite relie Tantoura et Jiljilya. À Tantura, ils ont massacré, à Jiljilya, ils ont fait mourir un homme de 80 ans, et dans les deux cas, la vie des Palestiniens ne vaut rien.

Bien entendu, il n'y a pas de propagande sans applaudissements pour le système judiciaire. « La contribution importante du conseiller juridique du gouvernement et des tribunaux qui, contre une large majorité politique, ont empêché l'interdiction des candidats et des listes arabes à la Knesset... Un parti arabe rejoignant la coalition rend immédiatement ridicule l'accusation d'apartheid », écrit Kremnitzer.

C'est tellement bon de brandir la Haute Cour de Justice, qui n'a pas empêché une seule iniquité de l'occupation, et Mansour Abbas pour prouver qu'il n'y a pas d'apartheid. Soixante-quatorze ans d'existence d'un État sans une ville nouvelle arabe, sans une université arabe ou une gare dans une ville arabe, tout cela est éclipsé par le grand blanchisseur de l'occupation, la Haute Cour de justice, et un partenaire arabe mineur de la coalition, et même celui-ci est considéré comme illégitime.

Le monde continuera à lancer des invectives, Israël continuera à les ignorer. Le monde dira apartheid, Israël dira antisémitisme. Mais les preuves continueront de s'accumuler. Ce qui est écrit dans le rapport ne découle pas de l'antisémitisme, mais contribuera à le renforcer. Israël est le plus grand motivateur des pulsions antisémites dans le monde d'aujourd'hui.


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Synthèse en français

GIDEON LEVY
Tell me what’s untrue in Amnesty’s report on Israel

Gideon Levy, Haaretz, 3/2/2022

As the curses and screeches subside – Amnesty are antisemites, the report is full of lies, the methodology is absurd – one must ask: What, precisely, is incorrect in the apartheid report?

Israeli settlers and soldiers gather at the recently established wildcat outpost of Evyatar near the West Bank city of Nablus, July 2021. Photo: AP Photo/Oded Balilty

Was Israel not founded on an explicit policy of maintaining Jewish demographic hegemony, while reducing the number of Palestinians within its boundaries? Yes or no? True or false? Does this policy not exist to this day? Yes or no? True or false? Does Israel not maintain a regime of oppression and control of Palestinians in Israel and in the occupied territories for the benefit of Israeli Jews? Yes or no? True or false? Do the rules of engagement with Palestinians not reflect a policy of shoot to kill, or at least maim? Yes or no? True or false? Are the evictions of Palestinians from their homes and the denial of construction permits not part of Israeli policy? Yes or no? True or false?

Is Sheikh Jarrah not apartheid? Is the nation-state law not apartheid? And the denial of family reunification? And the unrecognized villages? And the “Judaization”? Is there a single sphere, in Israel or the territories, in which there is true, absolute equality, except in name?

To read the report is to despair. It’s everything we knew, but condensed. Yet no despair or remorse was felt in Israel. Most of the media marginalized and blurred it, and the hasbara choir batted it away. The propaganda minister, Yair Lapid, recited his lines and went on the attack even before the report was published. Diaspora Affairs Minister Nachman Shai was quick to follow. The international report has yet to be born that Israel won’t denounce while neglecting to respond to a single point it makes. One organization after another, some of them important and honest, call it apartheid, and Israel says: antisemitism.

Please, prove Amnesty wrong. That there aren’t two systems of justice in the territories, two sets of rights and two formulas for the distribution of resources. That the legitimization of Evyatar is not apartheid. That Jews being able to reclaim their pre-1948 property while Palestinians are denied the same right is not apartheid. That a verdant settlement right next to a shepherd’s community with no power or running water is not apartheid. That Israel’s Arab citizens aren’t discriminated against systematically, institutionally. That the Green Line has not been erased. What’s not true?

Even Mordechai Kremnitzer was frightened by the report and attacked it. His arguments: The report does not distinguish the occupied territories from Israel, and it treats the past as if it were the present. That’s how it goes when even leftist academia enlists in defense of Zionist propaganda. Accusing Israel of the sins of 1948 and calling it apartheid is like accusing the United States of apartheid because of the Jim Crow past, he wrote in Wednesday’s Haaretz.

The difference is that institutionalized racism in the United States has gradually disappeared, whereas in Israel it’s alive and kicking as strong as ever. The Green Line has been obliterated too. It’s been one state for a while now. Why should Amnesty make the distinction? 1948 goes on. The Nakba goes on. A straight line connects Tantura and Jiljilya. In Tantura they massacred, in Jiljilya they caused an 80-year-old man to die, and in both cases Palestinian lives aren’t worth a thing.

There is, of course, no propaganda without accolades for the justice system. “The important contribution of the government’s legal counsel and the courts, which, against a large political majority, prevented the banning of Arab candidates and lists for Knesset … An Arab party joining the coalition immediately puts the accusation of apartheid to ridicule,” wrote Kremnitzer.

It’s so good to wave the High Court of Justice, which has not prevented a single occupation iniquity, and Mansour Abbas to prove there’s no apartheid. Seventy-four years of statehood without a new Arab city, without an Arab university or a train station in an Arab city are all dwarfed by the great whitewasher of the occupation, the High Court of Justice, and a minor Arab coalition partner, and even that one considered illegitimate.

The world will continue to hurl the invective, Israel will continue to ignore it. The world will say apartheid, Israel will say antisemitism. But the evidence will keep piling up. What is written in the report does not stem from antisemitism, but will help strengthen it. Israel is the greatest motivator of antisemitic urges in the world today.

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03/02/2022

HAIDAR EID
El futuro de Palestina está en una democracia laica

 Haidar Eid, Mondoweiss, 28/1/2022
Traducido por Maria Piedad Ossaba, Tlaxcala

Haidar Eid nació en un campamento de refugiados en Gaza (sus padres procedían del pueblo de Zarnouqa, en el distrito de Ramla, limpiado étnicamente por las bandas sionistas en 1948). Obtuvo su doctorado en la Universidad de Johannesburgo, Sudáfrica, donde permaneció de 1997 a 2003, aprendiendo mucho del movimiento antiapartheid. Es profesor asociado de literatura poscolonial y posmoderna en la Universidad Al Aqsa de Gaza. Ha escrito mucho sobre la cuestión palestina, especialmente artículos publicados en Znet, Electronic Intifada, Palestine Chronicle y Open Democracy. Ha publicado artículos sobre estudios culturales y literatura en varias revistas, como Nebula, Journal of American Studies in Turkey, Cultural Logic y Journal of Comparative Literature. Es miembro fundador de la One State Campaign (OSC, “Campaña por un Estado”) y miembro de la Campaign for the Academic and Cultural Boycott of Israel (PACBI, “Campaña Palestina por el Boicot Académico y Cultural a Israel”. Y finalmente pero no menos importante, ¡canta! @haidareid
Es un hecho establecido que Israel es un Estado de apartheid. Las preguntas que se plantean entonces son las siguiente: ¿cómo desmantelarlo y cuál será el siguiente paso?

La solución de dos Estados sigue perdiendo apoyo en Palestina. Cada vez más palestinos se dan cuenta de que el llamado proceso de paz sólo ha dado lugar a la producción de nuevos hechos consumados israelíes y a nuevas prácticas represivas que hacen imposible un Estado palestino que funcione. Por lo tanto, no es de extrañar que una reciente encuesta realizada por el Jerusalem Media and Communication  Center  (Centro de Medios y Comunicación de Jerusalén) indique un apoyo creciente a la solución de un solo Estado entre los palestinos, en detrimento de la solución de dos Estados.

¡La ironía, sin embargo, es que los hechos consumados no parecen haber convencido a los dirigentes palestinos, de derecha o de izquierda! En lugar de luchar para aplastar al sionismo y su política de apartheid en Palestina, los dirigentes de la OLP intentan coexistir con él.

Su argumento, compartido por algunos académicos y activistas internacionales a lo largo de los años, es que la solución de los dos Estados está respaldada por un “ consenso internacional”, a pesar de que no es más que una solución injusta dictada por Israel y USA y que dicha solución ignora nuestros derechos fundamentales como seres humanos. En este artículo, sostengo que la única esperanza para nosotros, los palestinos, reside en una forma de resistencia al apartheid que movilice a los componentes del pueblo palestino y de la sociedad civil internacional y que, en última instancia, conduzca al establecimiento de un único Estado en Palestina.

El apartheid israelí

Es un hecho establecido que Israel es un Estado de apartheid.  Los últimos informes de Human Rights Watch  e incluso de la organización de defensa de los derechos humanos más respetada de Israel, B’Tselem, por no hablar de los informes de tantas organizaciones palestinas de defensa de los derechos humanos, han concluido  que el régimen establecido entre el río Jordán y el mar Mediterráneo es un régimen de apartheid. [Véase también el último informe de Amnesty International, publicado después de la publicación de ese articulo: El apartheid israelí contra la población palestina: Cruel sistema de dominación y crimen de lesa humanidad, NdlT]

De hecho, el apartheid israelí ha logrado el objetivo que tanto anhelaba, a saber, la soberanía israelí sobre toda la Palestina histórica, con enclaves no viables que proporcionan una autonomía de gueto en la que lo que queda del pueblo palestino puede reducirse lentamente. Sin embargo, Israel se encuentra con una carga altamente indeseable: un territorio que contiene más de 4,5 millones de palestinos politizados, sin un Estado independiente propio, fragmentando a Israel de forma tan efectiva como el mismo Israel ha fragmentado la comunidad nacional palestina. El problema sigue siendo tan antiguo como el conflicto mismo: ¿qué hacer con esta gente, cuando lo único que quiere Israel es su tierra?

La solución de dos Estados, como siempre he afirmado, es una solución racista por excelencia a este dilema, ya que se basa en la separación de las comunidades en función de su identidad étnico-religiosa, derivada de la ideología étnico-nacionalista de finales del siglo XIX que dio lugar a la aparición de dogmas racistas como el nazismo, el apartheid y el sionismo.

Esto contradice los principios democráticos de los siglos XX y XXI y, como han argumentado muchos intelectuales, las condiciones para un Estado palestino independiente y soberano han quedado de todos modos destruidas por el avance irreversible de las colonias en Cisjordania. En suma, la solución racista de dos Estados que no garantiza a los palestinos sus derechos fundamentales, en particular la libertad, la igualdad y el retorno de los refugiados a las ciudades y aldeas de los que fueron limpiados étnicamente en 1948.

La cuestión es, cómo desmantelar el apartheid.

Una visión política

Uno de los problemas para encontrar una respuesta a esta cuestión es la falta de un programa político claro propuesto por los palestinos oprimidos. 

01/02/2022

EVA MENASSE
La querelle d’Allemands sur « l‘antisémitisme » : un bataclan hystérique sans rime ni raison

Pourquoi il faut enfin mettre un terme à une politique symbolique qui détourne l'attention de la lutte contre la haine et les crimes réels

Une tribune d’ Eva Menasse, Die Zeit Nr. 5/2022, 27/1/2022 

Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

L'écrivaine Eva Menasse. Photo Andreas Arnold/dpa

Eva Menasse, née en 1970 à Vienne, est l'une des plus grandes écrivaines de langue allemande. Elle a reçu le prix Bruno Kreisky en 2021 pour son dernier roman "Dunkelblum". Elle vit à Berlin. Son seul livre en français, « Vienna », est paru en 2008 aux éditions Folies d’Encres, étrangement rangé dans la catégorie « Fictions -Allemagne-Domaine juif », dans une traduction d’Éva Perrot.

Le débat allemand sur l'antisémitisme est plein d'excités qui se livrent à une surenchère de politique symbolique. Tous les autres - l'opinion publique tout à fait sensibilisée à la question ainsi que les juifs lambda qui ne sont pas des fonctionnaires ou des leaders d'opinion – lui ont depuis belle lurette tourné le dos, frustrés. Peut-être que l'un ou l'autre a déjà été touché par l'antisémitisme, cela peut aussi arriver aux Juifs. Les politiciens symboliques, quand ils passent l'arène au kärcher, ne sont pas très précautionneux.

L'antisémitisme (cru, brutal, dangereux pour la vie) existe-t-il ? Oui, et pas qu’un peu. Comme toute haine, il s'est développé de manière exponentielle grâce aux médias asociaux. Si nous n'étions pas si accro aux applications gratuites qui volent des données, nous devrions nous demander pourquoi nous acceptons une flambée de violence physique et psychique comme aucune invention n'en a provoqué à elle seule depuis la poudre noire. Outre les cartels numériques, ce sont surtout les gardes du corps qui en profitent : des politiciens locaux aux professeurs d'université en passant par les cabarettistes et les virologues, le groupe de personnes qui se font accompagner par des tontons flingueurs et qui doivent garder leur adresse secrète croît rapidement.

Mais ce n'est pas seulement la haine démultipliée (qui mène directement à des crimes comme ceux de Kassel, Hanau, Halle) qui nous explose à la figure, c'est aussi un moralisme complètement déréglé provenant de sources numériques tout aussi troubles. De petits groupes d’agitpropistes intransigeants ont pris le contrôle d'une grande partie du discours et infecté leur public, qui adopte désormais un comportement excessif, irréconciliable et menaçant, y compris au nom de nobles concepts tels que « l'égalité », « la diversité » ou justement « la lutte contre l'antisémitisme ».

Le groupuscule (6 personnes) pompeusement nommé Alliance contre l’antisémitisme (Bündnis gegen Antisemitismus) met l’image suivante en tête de console de son blog, surmontée par ce texte :
« -Dis donc, j’ai écrit récemment un essai contre le Hamas
-Super ! Mais nous, on préfère l’Air Force ». No comment [NdT]

L'« Alliance de Kassel contre l'antisémitisme », qui a déclenché le scandale bidon  de la Documenta concernant des attitudes prétendument antisémites parmi les artistes invités à la 15ème Documenta, en fait partie. Ses « recherches » ont été reprises par des médias de qualité comme la ZEIT et largement discutées (ZEIT n° 3/22). Comme ça vise des antisémites, ça doit être plus ou moins vrai, non ?

EVA MENASSE
Die Antisemitismus-Debatte in Deutschland ist eine fehlgeleitete, hysterische Pein


Warum endlich Schluss sein muss mit einer Symbolpolitik, die vom Kampf gegen Hass und reale Straftaten ablenkt

Ein Gastbeitrag von Eva Menasse , Die Zeit Nr. 5/2022, 27/1/2022

Die Schriftstellerin Eva Menasse © Andreas Arnold/dpa

Eva Menasse, geboren 1970 in Wien, ist eine der bedeutendsten deutschsprachigen Schriftstellerinnen. Für ihren aktuellen Roman "Dunkelblum" erhielt sie 2021 den Bruno-Kreisky-Preis. Sie lebt in Berlin.

Die deutsche Antisemitismus-Debatte ist voller Aufgeregter, die einander in Symbolpolitik überbieten. Alle anderen – die durchaus dafür sensibilisierte Öffentlichkeit ebenso wie ganz normale Juden, die keine Funktionsträger oder Meinungsführer sind – haben sich längst frustriert abgewandt. Vielleicht hat den einen oder anderen selbst schon die Antisemitismus-Keule getroffen, das kann auch Juden passieren. Die Symbolpolitiker sind, während sie durch die Arena fegen, nicht sehr behutsam.

Gibt es (kruden, brutalen, lebensgefährlichen) Antisemitismus? Ja, und nicht zu knapp. Er ist, wie aller Hass, dank der asozialen Medien exponentiell gewachsen. Wären wir nicht so zugedröhnt von datenklauenden Gratis-Apps, müssten wir uns fragen, warum wir einen Ausbruch von physischer und psychischer Gewalt hinnehmen, wie er seit dem Schwarzpulver nicht von einer Erfindung allein verursacht worden ist. Neben Digitalkartellen profitieren vor allem Personenschützer: Von Lokalpolitikern über Universitätsprofessoren bis zu Kabarettisten und Virologen wächst rasant die Gruppe von Menschen, die sich von Gunmen begleiten lassen und ihre Adressen geheim halten müssen. 


 

Aber nicht nur der vervielfältigte Hass (der direkt zu Verbrechen wie in Kassel, Hanau, Halle führt) explodiert uns unter der Hand, sondern auch ein völlig irregegangener Moralismus aus ähnlich trüb-digitalen Quellen. Kleine Gruppen von rigorosen Einpeitschern haben den Diskurs in weiten Teilen unter ihre Kontrolle gebracht und ihr Publikum infiziert, das nun selbst im Namen von hehren Begriffen wie "Gleichberechtigung", "Diversität" oder eben "Kampf gegen Antisemitismus" ein maßloses, unversöhnliches und bedrohliches Verhalten an den Tag legt. Zu ihnen gehört das "Kasseler Bündnis gegen Antisemitismus", das den angeblichen Documenta-Skandal um vermeintlich antisemitische Haltungen unter zur Documenta eingeladenen Künstlern losgetreten hat. Dessen "Recherchen" wurden von Qualitätsmedien wie der ZEIT übernommen und breit diskutiert (ZEIT Nr. 3/22). Da es gegen Antisemiten geht, wird’s schon ungefähr stimmen, oder?

31/01/2022

PAOLO PERSICHETTI
Mille âmes mortes et un Mattarella bis

Paolo Persichetti, Insorgenze, 30/1/2022
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

De l'urne où un millier d'âmes mortes ont déposé leur bulletin de vote pour l'élection du président de la République italienne sont sortis de nombreux noms : des cariatides liées aux palazzinari [margoulins du béton en dialecte romain, NdT], des chefs de services secrets, des stars du porno, des entraîneurs, des présidents d'équipes de football, des constitutionnalistes, des banquiers, des magistrats, des dames en vison, des entrepreneurs qui se sont lancés dans la politique. Le nom d'Emilio Scalzo – ce militant NO TAV [opposé au projet de TGV Lyon-Turin, NdT] extradé en France pour son soutien aux migrants contre toutes les frontières - n'est apparu qu'une seule fois.

Étudiants exploités, étudiants en colère : Non à l'alternance école-travail

Personne n'a écrit le nom de Lorenzo Parelli, l'étudiant de 18 ans victime de ce système de création de main-d'œuvre à coût nul et de précarité absolue qu'est l'alternance école-travail, mort trois jours seulement avant que les chambres ne se réunissent en séance commune. Finalement, celui qui est passé [Mattarella, réélu par le parlement au 8ème scrutin, NdT] était le seul nom qui pouvait garantir le statu quo, la garantie d'un salaire (parlementaire) pour les quelques mois restant jusqu'à la fin de la législature. 

Lorenzo Parelli

Il fut un temps où l'on aurait dit que cette classe parlementaire donnait l'image d'un monde complètement déconnecté du pays. Aujourd'hui, cependant, ils semblent en être une représentation presque parfaite. J'écris « presque » parce que quelque part, il y a un morceau de société qui n'est pas représenté par ce monde, et j'espère qu'il ne veut pas l'être, mais le faire par lui-même. Bien sûr, il est seul, isolé, dans un coin, comme ces étudiants qui ont manifesté et ont été chargés par la police pour se souvenir de Lorenzo et exiger que le droit d'étudier soit libéré de l'esclavage salarial et de la commande des entreprises.


 

PAOLO PERSICHETTI
Mille anime morte

 Paolo Persichetti, Insorgenze, 30/1/2022

Dall’urna dove mille anime morte depositavano la loro schede per l’elezione del presidente della repubblica sono usciti tanti nomi: cariatidi imparentate con i palazzinari, capi dei servizi segreti, pornostar, allenatori, presidenti di squadre di calcio, costituzionalisti, banchieri, magistrati, signore in visone, imprenditori scesi in politica. Una sola volta è apparso il nome di Emilio Scalzo, notav estradato in Francia per il suo sostegno ai migranti contro ogni frontiera. 

Nessuno ha scritto il nome di Lorenzo Parelli, lo studente diciottenne vittima di quel sistema di creazione di manodopera senza costo e precarizzazione assoluta che è l’alternanza scuola-lavoro, morto appena tre giorni prima che le camere si riunissero in seduta congiunta. Alla fine è passato l’unico nome che potesse garantire lo status quo, la garanzia dello stipendio ancora per i pochi mesi che mancano alla fine della legislatura.

Una volta si sarebbe detto che questo ceto parlamentare dava l’immagine di un mondo completamente scollato dal Paese. Oggi invece sembrano esserne la quasi perfetta rappresentazione. Scrivo «quasi» perché da qualche parte c’è un pezzo di società che da questo mondo non è rappresentato e mi auguro che non voglia esserlo, ma fare in proprio. Certo è solo, isolato, in un angolo, come quegli studenti che hanno manifestato e sono stati caricati dalla polizia per ricordare Lorenzo e pretendere che il diritto allo studio sia liberato dalla schiavitù salariale e dal comando dell’impresa.