Luis
Casado, 29/1/2022
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala
Personne n'a jamais
accusé les acteurs politiques de cohérence intellectuelle, ni de continuité
et de constance dans leur raisonnement. En son temps, Descartes a proposé une
« méthode » qui visait à « bien conduire sa raison ».
Cette méthode n'a pas encore atteint le champ brodé des fleurs [le Chili
selon son hymne national, NdT], écrit Luis Casado.
Les Français se
disent cartésiens et le clament haut et fort. René Descartes (1596-1650),
mathématicien, physicien et l'un des fondateurs de la philosophie moderne, a
imprimé sa façon de raisonner dans l'Hexagone, du moins c'est ce que
prétendent les cartésiens. Les objectifs de Descartes ont été énoncés par
lui-même : « bien conduire sa raison », et « chercher la
vérité dans la science ».
Votre serviteur
n'applaudit pas à tout ce qu’écrit Descartes. Mais son célèbre Cogito ergo
sum, que je renverse systématiquement en bon matérialiste philosophique
que je suis, indique une méthode - si j'ose écrire - dans laquelle le grand
homme énonce une thèse qu'il tient pour vraie, en extrayant immédiatement ce
qu'il considère comme ses conséquences épistémologiques et ontologiques
évidentes : Je pense, donc je suis.
J’inverserais la
formule: J’existe, donc je pense. Mais mon propos n'est pas de corriger
Descartes, mais de souligner le caractère profondément anticartésien qui,
pour le meilleur ou pour le pire, prévaut dans l'heureuse copie de l'Eden [le
Chili, toujours son hymne national, NdT].
Dans la jactance chilensis,
la proposition de Descartes pourrait s'écrire : Je pense, donc je pourrais
exister ou peut-être pas, en tout cas pas tellement, pas si peu, plutôt les
deux, cela reste à voir... Bref, à vous de voir.
Daniel Jadue* vient
de nous donner un exemple éclatant de ce que je dis. En quelques mots, il
affirme tout et son contraire, sans craindre l'incohérence. Voyons voir.
Première
proposition, Jadue déclare : « Marcel* est un fidèle défenseur du credo
néolibéral ».
Autant pour moi.
L'un des plus récents combats de Mario Marcel a été de protéger l'autonomie
de la Banque centrale qu'il présidait, alors que personne, jamais, n'a prouvé
qu'une Banque centrale autonome ait fait autre chose qu'expulser la
démocratie de la gestion d'un bien commun : la monnaie. Les politiques
monétaires sont une affaire réservée aux « experts », circulez,
circulez, putain de citoyens, ya rien à voir. Marcel a ainsi rendu un hommage
servile au soi-disant consensus de Washington, confirmant ce qu'il était, ce
qu'il est et ce qu'il sera : un néolibéral insensible. Pour votre gouverne,
voici ce que les néolibéraux disent du Consensus de Washington :
« Le consensus
de Washington était l'ensemble des formules économiques néolibérales poussées
par divers organismes financiers internationaux dans les années 1980 et 1990.
L'économiste britannique John Williamson a involontairement inventé ce terme
dans un article de 1989 dans lequel il passait en revue les dix mesures
économiques professées par le Fonds monétaire international (FMI), la Banque
mondiale, la Banque interaméricaine de développement et le département du
Trésor usaméricain, tous basés dans la capitale US, Washington DC. Ces
propositions formaient un décalogue du néolibéralisme prescrit pour faire
face à la crise économique de 1989 en Amérique latine, qui a été plongée dans
une longue récession connue sous le nom de ‘décennie perdue’ ».
(elordenmundial.com).