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24/02/2025

URI MISGAV
Netanyahou, le trouillard cynique, a utilisé et abandonné la famille Bibas

Uri Misgav, Haaretz, 20/2/2025
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Le cynisme du Premier ministre Benjamin Netanyahou envers la famille Bibas est sans limite. Au début du mois, sa femme a posté des photos de la Chambre des représentants des USA sur Instagram : elle se tient près d’une grande affiche d’Ariel Bibas qui y est exposée. Lors de sa précédente visite, elle portait une tenue orange en hommage aux enfants Bibas. Ils sont roux, elle est en orange - vous saisissez ? Il faut les ramener à la maison.


Affiches montrant Shiri, Kfir et Ariel Bibas sur la place des Otages à Tel-Aviv, mercredi. Photo Tomer Appelbaum

 Nous savons depuis un certain temps que Shiri et ses jeunes enfants ne sont plus en vie. Ils ont probablement été tués par les bombardements de l’armée de l’air israélienne au début de la guerre de Gaza. Les djihadistes barbares sont responsables de leur enlèvement et de leur mort, mais le gouvernement israélien et l’armée, qui ne faisaient que suivre les ordres, sont complices de leur mort, comme celle de tous les autres otages morts en captivité. La pression militaire ne les a pas ramenés, elle les a tués.

Cela ne s’arrête pas là. Avant la première série de libérations d’otages en décembre 2023, le Hamas a annoncé qu’il ne pouvait pas rendre la famille Bibas parce qu’elle était morte et a proposé à la place trois otages vivants de sexe masculin. Netanyahou a refusé l’offre. Les trois hommes sont également morts depuis. Les Bibas ont été utilisés pour sacrifier la vie d’autres otages.

L’institut de médecine légale a été prévenu de se préparer à l’arrivée des corps tôt jeudi matin. Netanyahou espère certainement que cela se fera pendant qu’il fait encore nuit. Canal 12 s’est rapidement porté volontaire pour ne pas diffuser les photos « sans le consentement des familles ». Il ne reste presque plus de famille Bibas pour le faire ; les parents de Shiri ont également été assassinés le 7 octobre.

J’ai visité les ruines du kibboutz Kfar Aza cette semaine ; deux semaines plus tôt, j’ai visité Kissufim. Le temps s’est presque arrêté là-bas, dans la vallée du massacre. Et le Premier ministre détaché et narcissique, qui n’y est pas allé depuis le massacre, a le culot de dire à un sympathique intervieweur de Fox News qu’il se sent merveilleusement bien ; il a récemment informé ses juges intimidés qu’il va bien. Cet homme devrait être jugé pour des crimes mille fois plus graves que la corruption, la fraude et l’abus de confiance.

Pendant ce temps, il exploite la faiblesse d’une démocratie malmenée pour planifier son attaque contre l’Iran. Ses alliés, Yariv Levin et Simcha Rothman, font de leur mieux pour relancer la réforme judiciaire. Sa chaîne de propagande diffuse des histoires de trahison qui auraient eu lieu le 7 octobre. La Haute Cour de justice est présentée comme une alliée du Hamas (quelle ironie !).

Le sang des hauts fonctionnaires de la Cour suprême est versé. Son président élu, Isaac Amit, est désigné comme « l’accusé » ; l’ancien vice-président est « Mohammed » Vogelman. Le nouvel eunuque, le ministre des Affaires étrangères Gideon Sa’ar, attaque grossièrement le procureur général qu’il a lui-même nommé. Pendant ce temps, Netanyahou qualifie le chef du service de sécurité du Shin Bet, responsable de sa sécurité personnelle et de l’enquête sur l’affaire du Qatar, de « fonctionnaire ».

Voici une nouvelle tactique : inonder la fonction publique de fonctionnaires intérimaires sans caractère. Drorit Steinmetz en tant que directeur général par intérim du cabinet du Premier ministre et Roi Kahlon en tant que commissaire par intérim de la fonction publique. Netanyahou demande également le remplacement du conseiller juridique de son bureau qui prend sa retraite. Les personnes nommées à titre conditionnel sont évaluées en fonction de leur capacité à servir loyalement la famille. Et comme il ne s’agit pas de nominations permanentes, elles ne peuvent pas être contestées devant les tribunaux.

Dans cet État épuisé et en désintégration, Netanyahou fantasme sur le sacrifice des otages restants et la reprise de la guerre. C’est pourquoi les chefs du Shin Bet et du Mossad ont été écartés de la direction des négociations de la deuxième étape. Le lâche Netanyahou s’exprime anonymement contre eux, affirmant qu’ils ne savaient que « donner et donner » dans les négociations. À leur place, il a nommé l’ombre Ron Dermer, qui n’a jamais brigué de mandat et n’est fidèle qu’aux intérêts de son maître.

Pendant ce temps, Netanyahu dirige de fait un gouvernement minoritaire qui s’enfonce dans les sondages et manque de légitimité. Les chefs de l’establishment de la défense, avec les USAméricains d’un côté et l’opinion publique de l’autre, doivent lui faire comprendre que cela ne peut pas durer. Netanyahou ne comprend que le pouvoir.

Friedrich Merz, un portrait

Friedrich Merz, chef des chrétiens-démocrates conservateurs, s’est engagé à renforcer le leadership en Europe, où la nouvelle administration Trump a semé l’inquiétude.

Steven Erlanger et Christopher F. Schuetze, The New York Times, 24/2/2025
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Steven Erlanger est le correspondant diplomatique en chef du New York Times pour l'Europe, basé à Berlin. Il a réalisé des reportages dans plus de 120 pays, dont la Thaïlande, la France, Israël, l’Allemagne et l’ex-Union soviétique.

Christopher F. Schuetze est un reporter du Times basé à Berlin, couvrant la politique, la société et la culture en Allemagne, en Autriche et en Suisse

Friedrich Merz, l’homme qui est presque certain d’être le prochain chancelier d’Allemagne, est un homme d’affaires conservateur qui n’a jamais été ministre et qui a été contraint de quitter le gouvernement il y a des années lors d’une lutte de pouvoir avec Angela Merkel.

Chef de l’Union chrétienne-démocrate conservatrice, qui a terminé en tête des élections de dimanche, Merz a fait fortune dans le secteur privé avant de revenir à la politique à 63 ans.

Cette expérience du monde des affaires a séduit de nombreux Allemands dans un contexte de turbulences politiques causées en partie par la stagnation de l’une des plus grandes économies européennes.

Merz, aujourd’hui âgé de 69 ans, est né et vit toujours dans le Sauerland, une région de l’ouest de l’Allemagne connue pour ses collines, sa gastronomie et sa nature pittoresque. C’est de là qu’il a été élu pour la première fois au Parlement européen en 1989, puis au Parlement allemand en 1994.

Bien qu’il soit issu du même parti que Merkel, l’ancienne chancelière, Merz, un politicien pugnace de la vieille école, est à bien des égards son opposé.

Il a gravi les échelons pour diriger le groupe parlementaire des chrétiens-démocrates, mais a été évincé par l’ étoile montante du parti, Merkel. C’est alors que Merz a quitté la politique et s’est lancé dans une lucrative carrière d’avocat.

Il s’est enrichi en travaillant comme avocat et lobbyiste. Lorsque Merkel s’apprêtait à prendre sa retraite, Merz est revenu à la politique. En 2018, à son retour sur la scène politique, il a promis qu’il pourrait endiguer la montée du parti d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne, connu sous le nom d’AfD, en déplaçant son parti plus à droite sur des questions clés telles que la migration et la criminalité.

Merz est revenu au Parlement en 2021 et, après deux tentatives infructueuses, a remporté la direction du parti en 2022.

En tant que chef du parti, il a toutefois commis un certain nombre de gaffes, comme lorsqu’il a affirmé en septembre 2023 que les demandeurs d'asile se faisaient refaire les dents aux frais des contribuables alors que les patients allemands ordinaires ne pouvaient pas obtenir de rendez-vous. (Le président de l’Association dentaire allemande a démenti ces propos.) Et son insistance à dire qu’il n’est qu’un membre ordinaire de la classe moyenne - malgré des moyens personnels importants - a été raillée par certains Allemands qui le considèrent comme déconnecté de la réalité économique à laquelle sont confrontés de nombreux membres de la classe moyenne.

Néanmoins, Merz a réussi à rallier son parti autour de lui et à le faire évoluer vers une position conservatrice plus traditionnelle après que le long mandat de Merkel eut fait basculer le parti plus à gauche. Son expérience des affaires est considérée comme un atout, car il promet de relancer la croissance de l’économie allemande.

En tant que chancelier, conservateur et atlantiste engagé, Merz serait considéré comme un meilleur choix pour le président Trump que l’actuel chancelier social-démocrate, Olaf Scholz. Merz devrait également mener une politique étrangère plus conforme aux idées de Trump sur la prise en charge par l’Europe de sa propre défense.

Néanmoins, Merz, connu pour être assertif et direct, bien qu’un peu maladroit, a vivement réagi aux derniers commentaires de Trump, qui a pris le parti de la Russie au sujet de l’Ukraine, ainsi qu’à ce qui a été considéré comme une ingérence dans les élections allemandes de la part du vice-président JD Vance, qui a critiqué l’Europe pour avoir marginalisé les électeurs d’extrême droite et leurs partis.

Selon les analystes, Merz se caractérise par son audace, qui reflète sa conviction que l’Allemagne doit s’engager plus fermement dans les affaires européennes et mondiales. Scholz a souvent été critiqué pour son hésitation et sa prudence, même au sein de sa propre coalition.

Le mois dernier, Merz a montré sa volonté d’agir avec audace en présentant au Parlement une mesure sur l’immigration, puis un projet de loi qu’il savait ne pouvoir faire adopter qu’avec  les voix de l’AfD, parti d’extrême droite, malgré ses promesses antérieures de ne jamais travailler avec eux. La manœuvre politique n’a pas bien fonctionné : elle a incité des centaines de milliers d’Allemands à descendre dans la rue pour protester, a provoqué des dissensions au sein de son parti et lui a valu une rare réprimande publique de la part de Merkel.

Merz s’est engagé à donner à l’Allemagne un rôle plus important au sein de l’Union européenne et de l’OTAN, à améliorer les relations avec la France et la Pologne et à adopter une position plus ferme à l’égard de la Chine, qu’il a décrite comme un membre à part entière de « l’axe des autocraties ».

Il a également promis un soutien plus franc à l’Ukraine dans sa lutte contre la Russie, affirmant par exemple qu’il fournirait à l’Ukraine le missile de croisière à longue portée allemand Taurus. Et il a promis que l’Allemagne atteindrait et dépasserait l’objectif actuel de l’OTAN de consacrer à long terme 2 % du produit intérieur brut aux dépenses militaires.

Dans un récent discours sur la politique étrangère prononcé à la Fondation Körber, Merz, ancien membre du Parlement européen, a promis d’assurer le leadership allemand en Europe, ce qui n’a pas été une priorité pour Scholz, et de créer un conseil national de sécurité à la chancellerie.

 

 

DAVID ISSACHAROFF
Les vrais gagnants des élections allemandes ? L’extrême droite et le gouvernement israélien de Netanyahou

Alors que le monde entier sera choqué par le fait qu’un cinquième des électeurs allemands soutiennent l’AfD, parti d’extrême droite, le gouvernement Netanyahou se concentrera sur ceux avec qui il fera affaire : les chrétiens-démocrates de centre-droit

David Issacharoff, Haaretz, 23/2/2025
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala


David Issacharoff est rédacteur à l’édition anglaise de Haaretz. Il a étudié les sciences politiques et l’histoire à l’Université hébraïque de Jérusalem et à l’Université Humboldt de Berlin. Il est actuellement chercheur invité au Spiegel dans le cadre du Programme international des journalistes (IJP).

 

Alors que l’Allemagne a basculé brusquement à droite dimanche, enregistrant son meilleur résultat pour l’extrême droite depuis les années 1930, le gouvernement israélien dirigé par Netanyahou sortira également vainqueur de ces élections.

 


Friedrich Merz, chef des chrétiens-démocrates, célèbre la victoire de l’ “Union” [CDU-CSU] à la Konrad-Adenauer-Haus à Berlin, dimanche soir. Photo Michael Kappeler/AP

 

Alors que l’attention du monde entier se portera sur le choc causé par le fait qu’un cinquième des électeurs allemands soutiennent le parti populiste d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne (AfD), Jérusalem se concentrera sur les partenaires de ce parti : ses homologues au sein du prochain gouvernement, les chrétiens-démocrates de centre-droit.



Friedrich Merz, qui dirigera les chrétiens-démocrates à la chancellerie, s’est engagé à plusieurs reprises à renforcer le soutien déjà généreux de l’Allemagne à Israël.

 

Il a promis de « tout faire » pour que le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou puisse se rendre en Allemagne en dépit des mandats d’arrêt émis par la Cour pénale internationale pour crimes de guerre à Gaza, tout en promettant de « mettre fin à l’embargo » sur les exportations d’armes vers Israël imposé par le gouvernement sortant – la même coalition qui a approuvé plus de 164 millions de dollars d’exportations d’armes vers Israël en 2024.

 

Si cela est considéré comme un « embargo », combien d’armes supplémentaires Israël peut-il attendre de lui ?

 

Ces deux positions ne représentent pas un écart spectaculaire par rapport à la politique de l’Allemagne à l’égard d’Israël. Mais ensuite est venu le plan du président usméricain Donald Trump de prendre le contrôle de la bande de Gaza et de déplacer de force sa population palestinienne.

 

Alors que les sociaux-démocrates de centre-gauche ont qualifié le plan d’« inacceptable », et qu’un parti centriste, les Verts, l’a jugé « contraire au droit international », les chrétiens-démocrates n’ont manifestement pas trouvé de mots pour le condamner.

 

« C’est une bonne chose que les USA prennent leurs responsabilités », a déclaré Johann Wadephul, député chrétien-démocrate et porte-parole du parti pour la politique étrangère. « Nous partageons l’avis selon lequel le statu quo actuel n’est pas viable à long terme. »

 

Il n’a pas mentionné Gaza comme un endroit où la population palestinienne pourrait continuer à vivre, donnant ainsi le feu vert des chrétiens-démocrates pour les expulser. Cela a donné une indication claire et inquiétante de la manière dont les chrétiens-démocrates pourraient revoir la position de l’Allemagne sur le conflit israélo-palestinien afin de donner du pouvoir au gouvernement israélien d’extrême droite et belliciste.

 

Paolo Lombardi, Italie

Israël n’attend pas Trump et met déjà en œuvre une politique de nettoyage ethnique contre les Palestiniens. Dimanche, le ministre israélien de la Défense, Israel Katz, a déclaré qu’environ 40 000 Palestiniens avaient été « évacués » des camps de réfugiés de Cisjordanie, tout en promettant qu’Israël « ne les laisserait pas revenir ». La semaine dernière, il a annoncé la création d’une nouvelle direction au sein de son ministère chargée de permettre aux Palestiniens de quitter Gaza.

 

Les chrétiens-démocrates, qui dirigeront à nouveau le bloc majoritaire allemand, continueront de soutenir que « le droit d’Israël à exister » n’est pas négociable. Cela reflète une vision dangereusement erronée et dépassée d’Israël, qui n’est pas menacé dans son existence, comme l’ont montré les 15 derniers mois. Cette position ne fera que coûter plus de vies alors que le gouvernement Netanyahou refuse catégoriquement de créer un horizon politique à cette guerre.

 

La prochaine coalition allemande – probablement un autre mariage forcé – sera instable, ce qui permettra à l’AfD d’extrême droite d’exploiter sa position de chef de l’opposition et de renforcer sa base de soutien avec le soutien total des USA et d’Elon Musk.

 

L’extrême droite en Allemagne n’est pas considérée par le gouvernement Netanyahou comme une menace, mais plutôt comme un allié potentiel, malgré sa minimisation de l’importance de l’Holocauste et son déni total de l’antisémitisme contemporain d’extrême droite visant les Juifs en Allemagne.

 

Pour Israël, l’AfD est la cerise sur le gâteau : elle lui fournit une plateforme pour poursuivre leur croisade commune contre les musulmans et les Palestiniens en Allemagne à des fins intéressées, tout en profitant du chèque en blanc que lui donnent les chrétiens-démocrates au pouvoir.



Tjeerd Royaards, Pays-Bas

Madrid, 3 mars : 4ème anniversaire des rassemblements hebdomadaires pour les prisonniers politiques sahraouis



 

Le lundi 3 mars, le Mouvement pour les prisonniers politiques sahraouis fête ses quatre ans de rassemblements hebdomadaires devant le ministère espagnol des Affaires étrangères, de l’Union européenne et de la Coopération pour dénoncer l’occupation marocaine du Sahara occidental et manifester sa solidarité avec les prisonniers politiques sahraouis. Comme leur nom l’indique, ils ont été condamnés par le Maroc dans des procès truqués pour avoir demandé pacifiquement le droit à l’autodétermination qui leur revient.

Ces prisonniers ont été torturés. Ils sont condamnés à des peines très lourdes - il y a 9 condamnations à perpétuité - et vivent dans des conditions carcérales dégradantes. Les éléments les plus révélateurs de leur situation sont peut-être l’isolement - certains prisonniers sont en isolement depuis plus de sept ans - et le manque de soins médicaux. Un cas de septicémie n’est pas traité, un cas de tuberculose non plus, un malade atteint d’un cancer à la poitrine et d’asthme est transféré dans une zone pestilentielle. Il y a d’autres exemples. On les laisse mourir dans la souffrance alors que ce n’était pas ce à quoi ils ont été condamnés.

Nous avons saisi le ministère des Affaires étrangères car l’Espagne est responsable de cette occupation. Elle a cédé ce que l’Espagne considérait comme sa 53ème  province au Maroc et à la Mauritanie sans avoir organisé de référendum d’autodétermination pour les Sahraouis. Au cours de ces 50 années, l’Espagne n’a pas assumé ses responsabilités. Aujourd’hui, la situation est encore pire lorsque le président Sánchez présente « la proposition marocaine d’autonomie (lire annexion) comme la base la plus sérieuse, crédible et réaliste pour la résolution de ce différend ». Nous ne parlons pas d’un différend, nous parlons d’une occupation, et Sánchez n’ignore pas que ses propos portent atteinte au droit international.

Tous les lundis, nous demandons au ministre d’agir, de servir de médiateur, de défendre ces prisonniers innocents, car il est tenu de le faire par la conscience de ce pays envers les Sahraouis et la position de l’Espagne en tant que puissance administrante de la région du Sahara occidental.

 

Madrid, 3 de marzo: 4º aniversario de las concentraciones semanales por los presos políticos saharauis



 

El lunes 3 de marzo, el Movimiento por los Presos Políticos Saharauis cumple 4 años de concentraciones semanales ante el Ministerio de Asuntos Exteriores, Unión Europea y Cooperación para denunciar la ocupación marroquí del Sahara Occidental y mostrar su solidaridad con los presos políticos saharauis. Como su nombre indica -presos políticos-, han sido condenados por Marruecos en juicios farsa por el hecho de pedir pacíficamente la autodeterminación a la que tienen derecho.

Estos presos han sido torturados. Padecen condenas abultadísimas -hay 9 cadenas perpetuas- y viven unas condiciones carcelarias denigrantes. Quizá los exponentes más descriptivos de su situación sean el aislamiento –algunos presos llevan más de 7 años en aislamiento- y la falta de atención médica. Un caso de septicemia no recibe tratamiento, un caso de tuberculosis tampoco, a un enfermo con un tumor en el pecho y asma le trasladan a una zona apestosa. Hay más ejemplos. Les están dejando morir sufriendo aunque no era esa su condena.

Acudimos ante el Ministerio de Exteriores porque España es responsable de esa ocupación. Entregó la que España consideraba la Provincia 53 a Marruecos y Mauritania sin haber organizado un referéndum de autodeterminación para los saharauis. En estos 50 años, España no ha asumido su responsabilidad. Ahora la situación es aún peor cuando el presidente Sánchez presenta “la propuesta marroquí de autonomía (léase anexión) como la base más seria, creíble y realista para la resolución de este diferendo”. No hablamos de un diferendo, hablamos de una ocupación, y Sánchez no ignora que sus palabras atentan contra el derecho internacional.

Todos los lunes pedimos al ministro que actúe, que medie, que abogue por esos presos inocentes, porque le obligan la conciencia de este país hacia los saharauis y la posición de España como Potencia Administradora del Sahara Occidental. 

 

23/02/2025

GIDEON LEVY
Le discours violent de Netanyahou porte en germe les futurs crimes de guerre de l’armée israélienne

Gideon Levy, Haaretz, 23/2/2025
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Tout rhétoricien sait que lorsque l’argument est faible, la solution consiste à augmenter le volume. Le ton de la conversation publique en Israël au cours des dernières semaines ne montre pas seulement la faiblesse de l’argumentation et la bassesse croissante du discours, il est également dangereux en soi.

 
Un homme discute avec un soldat israélien après avoir été empêché d’entrer dans le camp de réfugiés de Jénine, en Cisjordanie, lors d’une opération militaire en cours, au début de la semaine. Photo MOHAMMAD MANSOUR/AFP

Le discours public israélien a adopté le langage basique de l’incitation à la violence contre tous les Palestiniens et les Arabes. Du Premier ministre au plus humble des reporters de terrain bafouilleux de la télévision, tous se sentent obligés de déblatérer grossièrement contre le Hamas et la bande de Gaza autant que possible, comme si cela renforçait la validité de leurs arguments. On ne peut plus dire “Hamas” [en le prononçant Khamas, NdT] sans y accoler l’adjectif “nazi”, ni parler de Gaza sans dire “monstres” ; c’est cette façon de parler qui est proprement monstrueuse.

Après que Benjamin Netanyahou a donné le ton, la compétition nationale de jurons et d’insultes a commencé.

« Nous sommes tous en colère contre les monstres du Hamas », a déclaré le premier ministre le  jour de la restitution des quatre corps des otages , conformément au cessez-le-feu entre Israël et le Hamas, et il a immédiatement promis d’“anéantir” les assassins.

Le style, c’est l’homme, et ceux qui prononcent des mots tels que “monstres” et “anéantir” en disent plus sur eux-mêmes que sur l’objet de leurs paroles. Le meurtre de la famille Bibas était cruel et odieux. Mais celui qui parle de “monstres” décrit aussi les actions de ses soldats, qui ont tué des milliers d’enfants.

Lorsqu’il a été annoncé que les restes présumés de Shiri Bibas n’étaient pas les siens, il n’a plus pris de gants. Netanyahou a répété “monstres”, cette fois dans sa langue officielle, l’anglais. L’armée des aboyeurs a suivi dans son sillage, et le fait que le Hamas ait corrigé l’erreur du jour au lendemain n’y a rien changé. Monstres ils étaient, monstres ils restent.

Les cérémonies de remise d’otages, y compris les cérémonies émouvantes de samedi, ont également attesté du “nazisme” et de la “monstruosité” du Hamas. Ceux qui organisent de telles cérémonies sont des nazis - on ne sait pas trop pourquoi - et ceux qui exploitent ce moment à des fins de propagande sont aussi, apparemment, des nazis. Seul Israël est autorisé à exploiter le retour des otages à des fins de propagande.

La vérité doit être dite : la plupart des remises d’otages se sont déroulées sans heurts, même si les Israéliens n’aiment pas voir un otage déposer un baiser sur le front de ses deux ravisseurs, comme l’a fait l’un d’entre eux samedi. Les présentateurs des journaux télévisés se sont empressés de rassurer les téléspectateurs : le baiser a été forcé, même si cela ne semblait pas être le cas.

Pourquoi font-ils cela ? Après tout, le mal du Hamas est évident dans ses actions : pourquoi tout le monde, de l’armée au journaliste israélien Amnon Abramovich, ajoute-t-il de l’incitation à la haine ? Netanyahou, qui se nourrit de l’incitation pour ses besoins politiques, est une chose, mais pourquoi les médias ? Mais seulement pour trouver des faveurs, pour recevoir une tape dans le dos de la part des masses enflammées.

Le Hamas n’est pas à défendre. Il s’agit d’une organisation dépravée [sic] qui a mené une attaque dépravée [resic] contre Israël. Mais le discours contaminé aura un prix élevé. Un cinquième des Israéliens sont des Palestiniens : Comment allons-nous vivre avec eux alors que leurs frères sont des monstres nazis ? La moitié des personnes vivant entre le Jourdain et la mer Méditerranée sont des Palestiniens : comment allons-nous vivre à leurs côtés ? Israël a lancé cette terrible attaque sur Gaza avant que le discours sur les “monstres” ne commence.

Le 7 octobre 2023 a semé le trouble dans la conscience des Israéliens, et la rhétorique incendiaire des politiciens et des médias y a ajouté. L’humanité n’existe plus en Israël, car il n’y a plus de non-combattants à Gaza. Pas même les nourrissons qui sont morts à peine nés. Ni même les hommes de paix et de sagesse de Gaza (oui, il y en a aussi).

Ajoutez à cela le discours empoisonné de ces dernières semaines et imaginez à quoi ressemblera la prochaine guerre, qui sera dirigée non seulement contre le Hamas mais aussi contre les monstres nazis.

Imaginez les pensées qui traversent la tête d’un soldat envahissant une maison en Cisjordanie, alors que cette incitation coule dans ses veines. S’il croit entrer dans la maison de monstres nazis, comment traitera-t-il ses habitants ? Il détruira davantage et tuera davantage, d’une manière plus brutale que jamais. 

Un jour, nous regretterons la délicatesse et la retenue morale de Tsahal dans la guerre actuelle, avec seulement la moitié de la bande de Gaza détruite et seulement 15 000 enfants morts. Attendez la prochaine guerre que nous mènerons contre les nazis.


Emad Hajjaj


 

22/02/2025

JAKE LAHUT
Quand Kash Patel, candidat de Trump à la tête du FBI, attaquait Elon Musk
Un épisode de la guéguerre entre techno-féodaux et national-populistes

ACTUALISATION
Le Sénat a confirmé le 20 février la nomination de Kash Patel à la tête du FBI, par 51 voix contre 49 (tous les démocrates + 2 républicains)

En 2022 Kash Patel s’en est pris à Elon Musk dans des épisodes de podcast : “il va devenir un maous trust”

Jake Lahut, Drop Site News, 7/2/2025
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

L’un des plus importants affrontements idéologiques qui se déroule actuellement aux USA est celui entre Elon Musk et Steve Bannon, qui représentent deux ailes de l’univers trumpesque, les techno-féodaux contre les populistes MAGA. L’article ci-dessous de Jake Lahut revient sur les commentaires enflammés de Kash Patel, un allié de Steve Bannon pressenti pour diriger le FBI [la commission judiciaire du Sénat est en train d’examiner sa candidature, qui pourrait être rejetée, NdT].

Dave Whamond

WASHINGTON, DC — Un épisode inédit d’un podcast animé par Kash Patel, fidèle de Trump et candidat au poste de directeur du FBI, révèle une tension préexistante sous-jacente au mariage déjà difficile entre les populistes du MAGAworld et les élites de la Silicon Valley dirigées par Elon Musk qui ont soutenu la campagne de Donald Trump.

Après 15 mois chaotiques passés à travailler pour la première administration Trump, Patel, un fidèle loyaliste de Trump, avait lancé Kash’s Corner, un podcast dans lequel il proposait son point de vue depuis le MAGAfied sur l’actualité aux côtés de son co-animateur, le rédacteur en chef de l’ Epoch Times, Jan Jekielek.

Dans un épisode d’octobre 2022, Patel a mis en garde non seulement contre les motivations financières de Musk, mais aussi contre ses ambitions monopolistiques et sa soif de données sur les consommateurs et de contrats de défense - les mêmes choses qui préoccupent l’aile économiste-populiste du monde de Trump.


Kash Patel témoigne lors d’une audition de la commission judiciaire du Sénat sur sa nomination au poste de directeur du FBI le 30 janvier 2025. Photo Mandel Ngan / AFP via Getty Images

À l’époque, Musk venait de décider qu’il ne voulait finalement pas acheter Twitter, car le coût exorbitant de la plateforme de médias sociaux l’obligerait à s’endetter de plusieurs milliards de dollars sans perspective évidente de rentabilité. Le milliardaire et [alors] éventuel soutien de Trump a finalement procédé à l’achat quand même, car Twitter l’a poursuivi en justice lorsqu’il a tenté de se rétracter et de ne pas acheter Twitter au prix convenu précédemment.

Mais Patel n’a pas entièrement adhéré à son raisonnement. En fait, sa diatribe contre Musk a révélé un profond scepticisme quant à ses intentions monopolistiques, une préoccupation fondamentale des économistes populistes du MAGAvers.

Patel semblait presque perturbé en dénonçant les intentions de Musk de tenter d’acheter la plateforme de médias sociaux. « En fin de compte », a déclaré Patel, « j’ai réfléchi un moment, et c’est de l’argent. »

LUIS CASADO
Johannes Kaiser, empereur de l’apocalypse : l’homme qui veut euthanazier le Chili

 Luis CasadoRebelión, 19/2/2025
Traduit par Fausto GiudiceTlaxcala

Johannes Maximilian Kaiser Barentsvon Hohenhagen, le Führer du Parti National-Libertarien, candidat à la candidature pour l’élection présidentielle chilienne, prévue pour novembre 2025, a inventé le fil à couper le beurre : la réduction de « la charge fiscale pour faciliter l’esprit d’entreprise et la création d’emplois », ainsi que l’élimination de « la bureaucratie inutile qui freine l’épargne, l’investissement et la création de richesses ».

Le libre marché, l’ultra-libéralisme : il essaie de vendre sa poudre de perlimpinpin comme la nouveauté de l’année, alors qu’elle est plus vieille que les crinolines.

Ce n’est pas moi qui le dis : le Marchand de Venise de Shakespeare le savait dans sa pièce écrite en 1596-1597, il y a donc cinq siècles.

Le marchand Antonio accepte un prêt de Shylock, et la garantie qu’il offre est d’accepter que l’usurier lui coupe une tranche de sa propre chair s’il ne paie pas.

William n’invente rien : le paiement par le sang a été la règle (sans jeu de mots...) et reste très populaire aujourd’hui. Mieux encore, certains suggèrent que le rasoir et la tronçonneuse sont des versions de la même technique, ajoutant que nous Chiliens devrions adopter notre propre version de l’arnaque, revisitée et mise à jour.

Précisément parce que saigner les chrétiens à blanc était the must depuis l’arrivée de Pedro de Valdivia. Et pour ne pas manquer de chrétiens à saigner, l’Église s’est chargée de convertir la population autochtone avec le vieux truc usé du Paradis et de la Vierge Marie... Gloire à eux !

Le quotidien El Mercurio, plongé à fond dans la campagne du Führer Kaiser - ou Kaiser Führer, comme vous voudrez - met en exergue les brillantes idées du « cerveau économique » du candidat.

« ...le coordinateur économique de son programme, Victor Espinosa*, avait glissé - au moins - l’idée d’éliminer la Banque centrale, au milieu d’une explication plus large sur la possibilité d’ouvrir à la concurrence des monnaies à l’intérieur du pays ».

Parmi les monnaies qui entreraient en concurrence... la crypto-monnaie de Milei ?


Kaiser et son “cerveau économique” Victor Espinosa

Le “cerveau” de Kaiser, qui personnifie la réponse chilienne à l’IA par l’imbécillité naturelle, a inventé la réduction de « la charge fiscale pour faciliter l’esprit d’entreprise et la création d’emplois », ainsi que l’élimination de « la bureaucratie inutile qui freine l’épargne, l’investissement et la création de richesse ». (1)

Un certain Elon Musk réclame des royalties, tandis que Milei se réjouit d’être devenu célèbre.

El Mercurio demande « Quels impôts prévoyez-vous de réduire ou d’éliminer ? »

Le “cerveau” du Führer déploie la doxa, enfin, sa doxa :

« Il existe un large consensus sur la nécessité de réduire l’impôt sur les sociétés, car c’est lui qui pèse le plus sur l’investissement et la croissance. En une décennie, l’augmentation de cet impôt, à contre-courant de la tendance mondiale, a coûté à notre économie l’équivalent de 8 points de PIB. Aujourd’hui, avec un taux de 27%, le Chili se situe au-dessus de la moyenne de l’OCDE (23%). Mais nous ne nous contentons pas d’égaler la moyenne ; nous voulons que le Chili soit l’un des pays les plus compétitifs au monde. C’est pourquoi nous nous tournons vers les économies qui ont réussi à mettre en place des politiques fiscales intelligentes. L’Estonie, par exemple, maintient un taux d’imposition sur les sociétés de 20 %, alors que les USA, première économie mondiale, cherchent à le ramener à 15 %. Nous éliminerons les impôts qui créent des distorsions et des freins à la croissance. Il s’agit notamment de l’impôt sur les plus-values, qui représente une double imposition injuste, puisque ces plus-values sont déjà soumises à l’impôt sur le revenu. Nous réformerons également l’impôt foncier, qui est actuellement calculé sur la base d’évaluations volatiles du marché. Nous proposons de supprimer cet impôt pour les personnes âgées et de le remplacer par un système plus prévisible. Nous allons également revoir la TVA sur la construction ».

L’exemple qui réconforte le “cerveau” du Führer est... l’Estonie, qui en 1997 avait un PIB bien plus élevé qu’aujourd’hui, et qui montre dans les dernières années des baisses significatives de ce même PIB : -14,6% en 2009, -2,9% en 2020, -3,0% en 2023...

Une note de Wikipédia décrit le miracle estonien :

« À partir de 2009, le pays a subi une grave crise économique, et a vu son taux de chômage dépasser les 15,2 % en janvier 2010. L’économie de ce petit pays, très dépendant financièrement des banques suédoises, s’est alors révélée très fragile. La crise financière de 2008 a provoqué une débâcle dans le petit pays balte qui avait créé sa propre bulle immobilière : entre juin 2008 et juin 2009, le PIB a chuté de 15 %, la production industrielle de 34 % ». (2)

L’Estonie représente 0,22 % du PIB de l’UE et 0,3 % de sa population. La population de l’Estonie est de 1 315 000 habitants, ou plutôt elle diminue de manière significative chaque année.

L’Estonie a subi une perte importante de population depuis la fin des années 1990 (-4,9/1000 en 1998 ; -3,8/1000 en 1999), due à l’émigration d’une partie de ses habitants, mais surtout à un taux de fécondité très bas (1,37 enfant par femme en 2000 et 1,64 en 2010).

Dans le merveilleux exemple du “cerveau” Espinosa, la population émigre ou ne souhaite pas avoir d’enfants.

La comparaison avec le Chili pourrait être plus éloquente. Le PIB de l’Estonie représente 13,30 % du PIB du Chili et sa population 6,5 % de la nôtre. On se demande pourquoi le “cerveau” Espinosa n’a pas choisi l’exemple de l’Andorre ?

Les futés du Mercurio, inquiets du destin probable des fortunes chiliennes, ont interrogé le “cerveau” Espinosa sur la “méritocratie”. La réponse, la voici - détendez-vous, tout va très bien, madame etc.- :

« Selon les données du SII [Trésor Public], la principale richesse des Chiliens est constituée d’actions d’entreprises, souvent des groupes familiaux qui, dans de nombreux cas, ont créé leur entreprise à partir de rien au fil des ans. Il est donc normal que les fondateurs souhaitent assurer la continuité de ces projets et que leurs héritiers s’intéressent au maintien de la richesse créée par les générations précédentes. Il est évident que cette continuité passe par la méritocratie ; ceux qui prennent les rênes doivent être activement impliqués dans l’entreprise et avoir les compétences nécessaires pour la faire progresser. Nous pensons que le capital doit être taxé, mais sans devenir un obstacle à la continuité familiale. À cet égard, nous considérons que le modèle estonien d’imposition des successions, qui attribue la richesse aux héritiers à un coût nul et ne la taxe que lorsqu’elle est vendue, est très raisonnable. Cette approche nous semble essentielle pour renforcer les entreprises familiales, comme en Espagne, où les entreprises familiales sont sur un pied d’égalité avec les grandes entreprises ».


Kaiser et Milei, les crypto-führer

Comme on l’a dit, le bavardage du “cerveau” Espinosa est plus vieux que sassoir sur son cul, et a déjà provoqué un désastre planétaire en 2008 quand tout le système financier mondial, enthousiasmé par la dérégulation, le libre marché, l’ultra libéralisme et le vas-y, c’est pas toi qui paies, a fait faillite partout et que les États ont été obligés de faire des émissions monétaires insensées pour les remettre à flot.

Les banques prononcent alors cette fameuse phrase devenue mythique : Dieu vous le rendra !

Déjà dans ces années-là, un homme politique européen, un social-démocrate connu pour sa sagesse, sa prudence et sa grande capacité à ne rien faire pour fâcher le grand capital, expliquait la cause du désastre financier qui a secoué l’empire, l’Union européenne et les cinq continents.

Michel Rocard, qui a été maire, député, candidat à la présidence de la République, ministre et Premier ministre de la France, a été interviewé en 2011 sur TV5Monde à propos de la crise de 2008 :

Dans l’interview, un journaliste demande : « Qui est responsable de ce désastre ? »

Michel Rocard : « Il s’appelle Milton Friedman, il a eu le prix Nobel d’économie en 1976, il a produit une doctrine terrifiante par sa nocivité, dont personne ne s’est rendu compte. C’est l’homme suivi par treize autres prix Nobel d’économie... »

Journaliste : « Et par Margaret Thatcher et Ronald Reagan... »

Michel Rocard : « Ronald Reagan s’est mis à l’appliquer, et comme les États-Unis c’est gros, ça avait de l’importance... Les idées peuvent tuer, et c’est pas rien de faire tout un moment sur des idées... Dans toute une science économique qui, jusqu’à Keynes, et peut-être d’abord avec Keynes, avait le chômage comme préoccupation principale.... »

Journaliste : « ...et la régulation des marchés... »

Michel Rocard : « La régulation du marché en conséquence, le souci était le bien vivre, le plein emploi et la croissance. Dans ce système-là, les monétaristes, cet homme-là (Milton Friedman), ont inventé une philosophie qui dit, premièrement, que le marché s’auto-équilibre, et deuxièmement, que chaque équilibre de marché est optimal »

Journaliste : « Il n’y a pas besoin de régulation... »

Michel Rocard : « Pas besoin de régulation... Et ça fait plaisir... Les principaux gouvernements qui y sont allés tout de suite, c’est l’anglais, l’américain, le japonais, trente autres etc... La plupart des grands gouvernements de la planète ont adopté cette doctrine qui est devenue le cœur de l’enseignement de l’économie. Parce que le drame, c’est ce qui est arrivé à l’économie, comme si en médecine on découvrait que Louis Pasteur avait tout faux. Et qu’aujourd’hui, pour le gouvernement grec, pour le gouvernement français, ils voudraient recevoir des avis d’économistes qui ne soient pas des politiquement corrects de l’agrégation ancienne mode, qui ne soient pas formés par ce système de concepts dont les faits ont démontré qu’ils étaient toxiques. La grande responsabilité réside dans le fait que les gouvernements du monde entier se sont rués là-dedans. Pourquoi ? Parce qu’ils ont dit : débarrassons-nous e l’État, débarrassons-nous de l’impôt, gagnons plus et vive le profit, mais ça ne marche pas. Et maintenant, nous sommes obligés d’en sortir par une pratique - austérité, etc. - une pratique qui est antagonique à ce que disait le système, par une intervention publique pour sauver les banques, ce qu’on a fait en 2008, ce qui dément le système lui-même, et il faut réinventer une cohérence économique. La voilà, la responsabilité... »

Milton Friedman, ce grand irresponsable, ce sage fou qui a fondé l’école d’économie de Chicago, est l’une des idoles du “cerveau” Espinosa, avec Ludwig von Mises, autre prophète de l’Apocalypse.

Pour mesurer ce que le “cerveau” Espinosa célèbre comme des succès, il suffit de mentionner la dette publique de deux grandes puissances embarquées dans les politiques économiques ultra-libérales prônées par le conseiller du Führer : les USA et la France.

La dette publique des USA, cumulée par une douzaine de présidents, a franchi la barre des 34 000 milliards de dollars. Ce montant équivaut à 120% du PIB yankee.

La dette publique française dépasse les 3 303 milliards d’euros, soit 114% du PIB.

Pour prouver l’incohérence des ultra-libéraux, rappelons que pour entrer dans la zone euro, le traité de Maastricht impose à chaque pays d’avoir une dette publique inférieure à 60% de son PIB et un déficit budgétaire inférieur à 3% du PIB (le déficit français est de plus de 6%...). 

Les USA n’ont pas cette épée de Damoclès au-dessus de la tête : ils émettent de la monnaie quand bon leur semble, ont un déficit budgétaire qui “ m’en touche une sans faire bouger l’autre”, et ils exportent l’inflation dans le monde entier. Petit détail : le Chili ne jouit pas de ce privilège insensé.

L’arrivée éventuelle du Führer Kaiser à la présidence de ce qui reste de la république serait la pire catastrophe de l’histoire du Chili, avec la dictature de Pinochet.

On vous aura prévenus.

NdT

*Victor Espinosa a rédigé une thèse de doctorat à Madrid sous la houlette de Jesús Huerta de Soto, grand ponte de l’anarcho-capitalisme et militant du Parti de la Liberté Individuelle (P-LIB) espagnol, et l’ un des mentors de Javier Milei

NdA

(1) https://www.emol.com/noticias/Economia/2025/02/16/1157506/cerebro-economico-kaiser-propuestas.html

(2) https://fr.wikipedia.org/wiki/Économie_de_l%27Estonie