المقالات بلغتها الأصلية Originaux Originals Originales

19/09/2021

ANSHEL PFEFFER
Le nouveau gouvernement israélien veut « rétrécir » l'occupation : rencontrez Micah Goodman, l'homme derrière cette idée

Anshel Pfeffer, Haaretz, 5/9/2021
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala 

Micah Goodman, dont le livre "Catch-67" a fait des vagues en anglais et en hébreu, explique à Haaretz qu'il n'a "aucun contrôle ni pouvoir" sur ce que fait Naftali Bennett. Mais il a une certaine influence

 

Dans l'Israël de Naftali Bennett et Yair Lapid, Goodman est sans doute l'intellectuel public le plus influent du pays. Photo : Ohad Zwigenberg

 
Il y a six ans, Micah Goodman venait de vivre l'un des moments dont il était le plus fier. Son premier livre - sur Maïmonide, déjà un best-seller en hébreu - était enfin sorti en anglais. Il était à New York pour une conférence sur le livre, après quoi les personnes présentes dans le public se sont rassemblées autour de lui pour l'acheter.

« Les USAméricains s'attendent à ce que vous ne signiez pas seulement le livre mais que vous écriviez des dédicaces spécifiques », dit Goodman. «  Je transpire et je deviens rouge -   c'est difficile pour moi. Et puis j'entends une femme qui s'éloigne en disant 'quelle affreuse écriture' ! Et c'est comme ça à chaque fois. C'est une telle leçon d'humilité ».


Au moment où nous nous sommes rencontrés pour cet entretien, Goodman, 47 ans, avait un autre nouveau livre publié en hébreu. Cet ouvrage, qui se traduit par "Attention brisée : comment guérir un monde fracturé par la technologie, est son sixième livre en 11 ans, une production enviable, en particulier pour un auteur qui est également très demandé en tant que conférencier et fondateur d'un réseau de collèges offrant une gamme de programmes d'études pour les jeunes Israéliens après leur service militaire.


Dans ce nouveau livre, qui explore la relation dysfonctionnelle que nous entretenons tous avec nos appareils numériques, Goodman explique dans l'introduction comment la technologie l'a sauvé. À l'âge de 10 ans, on lui a diagnostiqué une dysgraphie sévère, un trouble de l'apprentissage qui altère les capacités d'écriture manuscrite. Pendant la majeure partie de son enfance, cela l'a fortement gêné à l'école, jusqu'à la fin de ses années de lycée, où les PC et les logiciels de traitement de texte lui ont permis de faire une percée.


Ce livre sur notre dépendance excessive à l'égard de nos écrans a été écrit du point de vue de quelqu'un qui n'aurait jamais pu devenir philosophe, éducateur et auteur sans cette technologie.

« J'ai eu l'impression d'être un imposteur pendant des années », se souvient-il. « Lorsque j'ai terminé l'école d'officiers en tant qu'élève exceptionnel, je pensais avoir réussi à tromper tout le monde. Il en a été de même lorsque j'ai rédigé mon doctorat en philosophie de l'histoire sur les écrits de Maïmonide et de Nachmanide en un an et demi, et lorsque mon premier livre a été publié. J'avais peur de ce que les gens allaient penser de moi lorsqu'ils découvriraient que je ne savais pas épeler ».

Je peux témoigner que tout ce que Goodman raconte ici est la vérité. Il a un an de moins que moi et, adolescents, nous vivions dans la même maison pour deux familles à Jérusalem. En grandissant, il était tout sauf doué pour les études. Quand nous étions adolescents, je ne l'ai jamais vu avec un livre.


Mais six ou sept ans après avoir quitté la maison, j'ai été étonné de le voir parler en public ; j'ai dû y regarder à deux fois pour m'assurer qu'il s'agissait bien du même enfant sans prétention que je connaissais. Quelque chose d'extraordinaire s'était déclenché en lui après qu'il eut mis la main sur un clavier.

Vingt-cinq ans plus tard, nous sommes toujours amis et je suis toujours surpris (et un peu jaloux) de sa capacité à écrire un best-seller tous les deux ans, sans parler de son statut soudain d'intellectuel public sans doute le plus influent d'Israël.

La rumeur veut que Goodman soit un conseiller discret de Naftali Bennett et d'autres ministres importants du nouveau gouvernement, et qu'il soit à l'origine de certaines de ses politiques et de ses thèmes généraux. De manière inhabituelle, il le confirme, mais ne s'étend pas sur ses discussions privées avec les politiciens.

 

Goodman à son domicile dans une colonie de Cisjordanie située à l'extérieur de Jérusalem. Photo : Ohad Zwigenberg

 « Je travaille depuis des années sur le consensus israélien caché, qui n'avait pas été articulé [pauvres lecteurs, qui avez cru que ce consensus n’avait rien de caché et s’appelait le sionisme, NdT] », dit-il. « J'ai essayé de conceptualiser ce consensus. Et voilà qu'arrive ce gouvernement auquel je me préparais ».

Les forces de sécurité israéliennes capturent les deux derniers évadés palestiniens à Jénine

 Josh Breiner, Jack Khoury et Yaniv Kubovich, Haaretz, 19/9/2021
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala 

 La chasse aux six évadés de la prison de Gilboa touche à sa fin, alors que des affrontements entre Palestiniens et forces de sécurité israéliennes ont été signalés à Jénine.

 

Monadal Infiat et Iham Kamamji

Les forces de sécurité israéliennes ont appréhendé les deux derniers des six prisonniers palestiniens de haute sécurité qui se sont échappés de la prison de Gilboa il y a environ deux semaines, dans la nuit de samedi à dimanche, dans la ville de Jénine, au nord de la Cisjordanie.

Les quatre autres évadés ont été appréhendés la semaine dernière. Tous les six sont originaires des environs de Jénine.

Selon la police israélienne, Kamamji et Infiat se sont cachés ensemble dans une maison de Jénine au cours des derniers jours. Après que le service de sécurité Shin Bet a reçu des renseignements sur leur localisation quelques heures plus tôt, les forces de police spéciales et les soldats israéliens ont encerclé le bâtiment où les deux hommes se seraient cachés. Kamamji et Infiat sont sortis du bâtiment sans armes et se sont rendus sans résister, a déclaré l'armée israélienne dans un communiqué. Ils ont ensuite été emmenés pour être interrogés. Deux Palestiniens soupçonnés d'avoir aidé et encouragé la fuite des fugitifs ont également été arrêtés.

La nouvelle de la capture d'Iham Kamamji et de Monadel Infiat est intervenue au milieu des affrontements entre les Palestiniens et les forces de sécurité israéliennes dans la ville. L'armée israélienne a déclaré que des émeutes ont éclaté dans toute la zone alors que les forces quittaient la ville, au cours desquelles des pierres et des explosifs improvisés ont été lancés et des Palestiniens ont tiré sur les soldats. L'armée israélienne craignait que des hommes armés ne sortent du camp de réfugiés de Jénine l'arrivée des forces ; des troupes ont été envoyées dans la zone afin d'éviter tout trouble.

GIDEON LEVY
Répétez après moi : Naftali Bennett met en place un État d'apartheid

 Gideon Levy, Haaretz, 19/9/2021

Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala 

Le rédacteur en chef de Haaretz, Aluf Benn, a offert une analyse habile des 100 premiers jours du Premier ministre Naftali Bennett dans un article publié hier. Contrairement à la secte "tout sauf Bennett", qui s'adore et ne peut s'empêcher de s'épancher sur le changement de style introduit par Bennett - comment il complimente ses ministres et comment nous n'entendons rien de la part des membres de sa famille- Benn a minimisé à juste titre l'importance du style, auquel les gens s'accrochent maintenant avec extase, et est allé droit au but : "[Bennett] galope doucement et avec détermination vers un seul État avec des millions de sujets palestiniens", écrit Benn.

Le premier ministre israélien Naftali Bennett, par Mahmoud Rifai, Jordanie

Mais ce n'est pas seulement "un seul État" que Bennett est en train d'établir. Il établit un État d'apartheid. Le mot "apartheid" doit désormais apparaître dans tous les textes. L'apartheid sera le deuxième prénom d'Israël, au moins à partir du moment où son premier ministre a déclaré qu'il n'a aucun intérêt à un accord de paix avec les Palestiniens et que l'occupation [de 1967, NdT] est éternelle à ses yeux.

Bennett a le mérite de dire la vérité : il a mis fin à la mascarade d'un processus de paix, qui n'était pas un processus et n'a jamais eu pour but de parvenir à la paix. Son prédécesseur a un jour marmonné quelque chose à propos de "deux États", ce qui est maintenant également terminé. C'est une évolution positive.

18/09/2021

RAMZY BAROUD
Del “muro de hierro” a la “villa en la selva”: los palestinos desmontan los mitos de seguridad de Israel

Ramzy Baroud, Middle East Monitor, 14/9/2021
Traducido del inglés por Sinfo Fernández, Tlaxcala

Veinticinco años antes de que Israel se estableciera sobre las ruinas de la Palestina histórica, un líder sionista judío ruso, Ze'ev Jabotinsky, sostuvo que un Estado judío en Palestina solo podría sobrevivir si existía “detrás de un muro de hierro” de defensa.

Palestinos en lo alto del controvertido muro de separación israelí entre la aldea cisjordana de Bilin, cerca de Ramala, y el asentamiento israelí de Modiin Ilit, durante una manifestación contra los asentamientos en la zona, 17 de febrero de 2017

(Foto: Abbas Momani/AFP vía Getty Images)

Jabotinsky hablaba en sentido figurado. Sin embargo, los futuros líderes sionistas, que adoptaron las enseñanzas de Jabotinsky, acabaron convirtiendo el principio del muro de hierro en una realidad tangible. En consecuencia, Israel y Palestina están ahora desfigurados con interminables barricadas de muros, hechos de hormigón y hierro, que zigzaguean dentro y alrededor de una tierra que debía representar la inclusión, la armonía espiritual y la coexistencia.

 

Poco a poco fueron surgiendo nuevas ideas sobre la “seguridad” de Israel, como la “fortaleza Israel” y la “villa en la selva”, una metáfora evidentemente racista utilizada en repetidas ocasiones por el ex primer ministro israelí, Ehud Barak, que describe falsamente a Israel como un oasis de armonía y democracia en medio del caos y la violencia de Oriente Medio. Para que la “villa” israelí siga siendo próspera y pacífica, según Barak, Israel tenía que hacer algo más que mantener su ventaja militar; tenía que asegurarse de que el “caos” no traspasara los perímetros de la perfecta existencia de Israel.

 

La “seguridad” para Israel no se define simplemente a través de definiciones militares, políticas y estratégicas. De ser así, el disparo a un francotirador israelí, Barel Hadaria Shmuel, por parte de un palestino en la valla que separa al Israel asediado de Gaza el 21 de agosto, debería haberse entendido como el coste previsible y racional de la guerra y la ocupación militar perpetuas.

 

Además, un francotirador muerto frente a más de 300 palestinos desarmados muertos debería parecer, desde un crudo cálculo militar, una pérdida mínima. Pero el lenguaje utilizado por los funcionarios y los medios de comunicación israelíes tras la muerte de Shmuel -cuyo trabajo incluía el asesinato de jóvenes gazatíes- indica que el sentimiento de abatimiento de Israel no está relacionado con la supuesta tragedia de una vida perdida, sino con las expectativas poco realistas de que la ocupación militar y la “seguridad” pueden coexistir.

Los israelíes quieren poder matar sin que les asesinen a cambio; someter y ocupar militarmente a los palestinos sin el menor grado de resistencia, armada o de otro tipo; quieren encarcelar a miles de palestinos sin la menor protesta, ni siquiera el mero cuestionamiento del sistema judicial militar de Israel.

MATTHEW EHRET
Se os Talibãs fizerem o jogo certo, Afeganistão pode mudar história da Rota da Seda na Ásia Ocidental


Matthew Ehret, The Cradle, 14/9/2021
Traduzido pelo
Coletivo de Tradutores Vila Mandinga

Considerado no passado “pérola orgulhosa” da antiga Rota da Seda, o Afeganistão está hoje em frangalhos. Mas se os Talibã fizerem o jogo certo, a Rota da Seda Asiática pode mudar a sorte daquele país destroçado pela guerra.
“A natureza tem horror ao vácuo”, e um dos maiores vácuos na história recente aí está, à espera de ser preenchido, tão logo os anglo-americanos partam do Afeganistão depois de estadia de 20 anos, milhões de vidas perdidas e mais de $2,2 trilhões gastos para mandar de volta à Idade da Pedra aquela ‘pérola orgulhosa’ da Antiga Rota da Seda.

A questão agora é: que papel terá a sempre crescente Iniciativa Cinturão e Estrada, chinesa, nessa região e, de modo mais amplo, em toda a Ásia Ocidental?

RAMZY BAROUD
From the 'Iron Wall' to the 'Villa in the Jungle', Palestinians demolish Israel's security myths


 Ramzy Baroud, MEMO, 14/9/2021

Twenty-five years before Israel was established on the ruins of historic Palestine, a Russian Jewish Zionist leader, Ze'ev Jabotinsky, argued that a Jewish state in Palestine could only survive if it exists "behind an iron wall" of defence. Jabotinsky was speaking figuratively, but Zionist leaders after him who embraced his teachings eventually turned the principle of the iron wall into a tangible reality. Israel and Palestine are now disfigured by endless walls, made of concrete and iron, which zigzag in and around a land that was meant to represent inclusion, spiritual harmony and coexistence.

Gradually, new ideas regarding Israel's "security" emerged, such as "fortress Israel" and "villa in the jungle", an obviously racist metaphor used repeatedly by former Israeli Prime Minister Ehud Barak, which depicts Israel falsely as an oasis of harmony and democracy amid Middle Eastern chaos and violence. For the Israeli "villa" to remain prosperous and peaceful, according to Barak, the state needed to do more than merely maintain its military edge; it had to ensure that the "chaos" does not breach the perimeters of Israel's perfect existence.

"Security" for Israel is not, therefore, simply viewed through military, political and strategic lenses. If so, the shooting of an Israeli sniper, Barel Hadaria Shmuel, by a Palestinian at the fence separating besieged Israel from Gaza on 21 August should have been understood as the predictable and rational cost of perpetual war and military occupation.

Read more 

Palestinians climb on top of Israel's controversial separation wall between the West Bank village of Bilin near Ramallah and the Israeli settlement of Modiin Ilit during a demonstration against settlements in the area, on February 17, 2017 [ABBAS MOMANI/AFP via Getty Images]
Palestinians climb on top of Israel's controversial separation wall between the West Bank village of Bilin near Ramallah and the Israeli settlement of Modiin Ilit during a demonstration against settlements in the area, on February 17, 2017 [ABBAS MOMANI/AFP via Getty Images]

 

 

17/09/2021

CIDOB
Quién es quién en el conflicto de Afganistán

Editado por Roberto Ortiz de Zárate, CIDOB, 16/9/2021

Presentación
Con este documento, CIDOB realiza un estudio de los acontecimientos políticos vividos en Afganistán entre agosto y septiembre de 2021, abordándolos desde las perspectivas de 54 actores, personales y estatales, implicados en los mismos. A través de estos protagonistas en contexto, se establecen los antecedentes de la crisis y se estudia la secuencia de los acontecimientos: la retirada de las tropas de Estados Unidos y la OTAN; la ofensiva relámpago de los talibanes, los colapsos del Ejército Nacional Afgano y el Gobierno de la República Islámica, y la conquista de la práctica totalidad del país por los fundamentalistas; los puentes aéreos internacionales de emergencia para la evacuación de extranjeros y ciudadanos afganos; la situación de inseguridad y violencia en el aeropuerto de Kabul; las consultas políticas en la capital y la resistencia antitalibán en Panjshir; y la constitución del Gobierno interino del Emirato Islámico de Afganistán, así como las primeras disposiciones de los talibanes y los primeros movimientos diplomáticos en torno al nuevo régimen.(Este documento tiene cobertura informativa hasta el 16 de septiembre de 2021. Para más información sobre la actualidad en Afganistán, pueden consultarse otros documentos y materiales de los investigadores de CIDOB que se enlazan al final de esta página).  

 

Leer en línea

Descargar pdf

JORGE MAJFUD
Good, damned Hispanics: who are we?

 Jorge Majfud, 14/9/2021
Translated by Andy Barton, Tlaxcala

The term “Hispanic” is an invention of the United States government. Nothing new, considering the country’s obsession with race since before it was founded. 


Mural entitled "Mexican-American History & Culture in 20th Century Houston" by artists Jesse Sifuentes and  Laura López Cano in Sam Houston Park, Houston, Texas (2018)

This article was directly and insistently requested to the author by a media outlet to celebrate the "Hispanic Heritage Month in the United States", but then rejected for "reasons of appropriateness". The author summarized the ideas of a virtual meeting, which took place exactly one year ago and was promoted by the Spanish Cervantes Institute of the United States; despite the author's claim, the video of the conversation with other prominent writers and academics was never made public. Due to discrepancies with the publication's criteria, colleagues in the academy organized a day of redress for the author. The Hispanic Heritage Month was created by President Ronald Reagan as a way to expand the same idea of President Lyndon Johnson from a week to a month (Sept. 15-Oct. 15) and marketed by the U.S. mainstream media. 

The first time I visited the United States, I had to fill out a form before arrival. In the “race” section, I wrote “no race.” It was the first time in my life that I had read such a classification. A decade later, I returned to set up in a classroom. Over time, I understood that you had to ‘play the game’: the more “Hispanics” mark “Hispanic” instead of “White,” the more political power the government affords them. The logic is well travelled: Minority groups accept being confined to a box with a label conferred by the dominant group.

The term “Hispanic” is an invention of the United States government. Nothing new, considering the country’s obsession with race since before it was founded. As an invention, we are a reality, and as a reality, many wish to escape from the box, not in rebellion but rather in submission. A “z” that needs to be accepted by the “A” group must be at least 200 percent “A” to be accepted as an “almost-A.”

ANTONIO MAZZEO
Des migrants égyptiens réexpédiés par pont aérien depuis l'Italie vers l'enfer du dictateur Al Sissi

 Antonio Mazzeo, Africa Express, 16/9/2021
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala 

Neuf vols fantômes pour expulser des centaines de citoyens fantômes égyptiens. Nous ne connaissons pas leurs visages, leurs noms, leurs prénoms, leurs âges, leurs espoirs et leurs rêves brisés, les véritables raisons qui les ont poussés à abandonner leurs foyers et leurs familles et à   s'embarquer pour un long et dangereux voyage à travers la mer et le désert. À vrai dire, nous ne savons même pas combien ont été réellement rejetés ou expulsés en six mois seulement, car les comptes des bureaucrates de l'État sont tout sauf précis et méticuleux. Il est question de « rapatriement et de réadmission » mais, à trois reprises, l'aéroport de destination n'est pas en Égypte mais dans un pays tiers situé à 3 000 kilomètres, la Tunisie.

Nous ne savons pas à qui et avec quelles garanties ont été remis les citoyens égyptiens entrés illégalement sur le territoire italien, ni qui et comment Rome a vérifié qu'ils ne fuyaient pas les répressions sanglantes du régime du maréchal Al Sissi - disparitions forcées, exécutions extrajudiciaires, torture - dont tout le monde en Italie a désormais connaissance après le cas tragique du chercheur Giulio Regeni et l'emprisonnement pour une durée indéterminée de l'étudiant Patrick Zaki de l'université de Bologne.


Les avis d'appel d'offres pour le transport aérien d'immigrants, attribués par le département de la sécurité publique du ministère de l'Intérieur (direction centrale de l'immigration et de la police des frontières), qui peuvent être consultés sur le site web de la police d'État, décrivent un scénario inédit et inquiétant : entre le 19 mars et le 31 août 2021, les autorités italiennes ont dépensé 652 290 euros pour louer neuf avions et expulser un nombre indéterminé de citoyens égyptiens « destinataires d'ordres d'expulsion ou de rejet par les préfectures ». Ces opérations sont déplorables en raison du climat de violence et d'oppression qui règne dans ce pays d'Afrique du Nord et de la dépense injustifiée de ressources financières et humaines. Pour les "services d'éloignement et d'accompagnement nécessaires" des migrants ou des demandeurs d'asile potentiels, entre 650 et 1 000 policiers ont été employés, avec des frais de mission (internationale) non quantifiés, ainsi que des dépenses non quantifiées pour le transfert des Égyptiens des centres de détention et d'expulsion vers les aéroports d'embarquement.

« Il est possible de rapatrier les citoyens égyptiens arrivés illégalement sur le territoire national, après avoir effectué les procédures d'identification nécessaires, conformément à l'accord de coopération entre la République italienne et la République arabe d'Égypte sur la réadmission du 9 janvier 2007 », peut-on lire dans les neuf procédures négociées dont la police d'État confie le transport aérien des migrants à des sociétés privées. « Le rapatriement des étrangers faisant l'objet d'une mesure d'expulsion doit toujours être effectué immédiatement ou, en tout état de cause, si les intéressés sont détenus dans un CPR (Centres de rétention pour  rapatriement), dès que les situations transitoires qui ont fait obstacle à son exécution ont été surmontées, indépendamment de la durée de détention déjà validée par l'Autorité judiciaire (...).) On considère donc qu'il est impératif de prévoir le rapatriement des citoyens égyptiens faisant l'objet d'une mesure d'éloignement de l'Italie, par la location d'un avion et des services connexes ».

GIDEON LEVY
Anhar Al Dik a passé la moitié de sa grossesse dans une prison israélienne. Elle espère que son nouveau-né n'y grandira pas

Gideon Levy et AlexLevac (photos), Haaretz, 17/9/2021
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala  

Quelques jours avant la naissance prévue de son fils, la prisonnière de sécurité Anhar Al Dik a été libérée, sous conditions restrictives, afin que le bébé ne naisse pas derrière les barreaux. Anhar, qui souffre de troubles mentaux, est accusée d'avoir tenté de poignarder un colon.

Anhar Al Dik, son mari Thaar Al Haj’a et leur fils Ala, cette semaine. Ce dernier a passé la plupart de son temps dans le ventre d'une mère en prison, mais il est né dans une sorte de liberté relative.

 
Félicitations. Ala Al Dik est né par césarienne le 9 septembre à l'hôpital arabe Istishari, près de Ramallah. Il pesait trois kilos à la naissance, souffrait de diabète néonatal et est sorti de l'hôpital quatre jours plus tard. Anhar, sa mère de 25 ans, était sortie de l'hôpital deux jours plus tôt. Lundi après-midi de cette semaine, Anhar était assise dans le salon de la maison de sa mère Aisha, dans le village de Nima, au centre de la Cisjordanie, où elle est assignée à résidence. Son visage exprimait une joie contenue et une lassitude démonstrative. Tout ce qu'elle voulait, c'était que nous partions pour qu'elle puisse être avec son mari et ses enfants.


Nous étions venus ici il y a deux semaines. À l'époque, il semblait que le tribunal militaire n'allait pas libérer Anhar de prison. Les autorités de l'administration pénitentiaire israélienne avaient alors décidé qu'elle accoucherait par césarienne le 12 septembre dans un hôpital israélien, alors qu'elle était encore en détention. Il semblait alors peu probable que le tribunal se réveille à la dernière minute et ordonne la libération de cette femme qui en était à son neuvième mois et dont la famille atteste qu'elle souffre d'instabilité mentale.


Anhar, elle non plus, ne croyait pas qu'elle serait libérée avant d'avoir accouché. Cette semaine, elle nous a dit qu'elle était certaine d'accoucher derrière les barreaux, dans la prison de Damon, au sud de Haïfa. Quelques semaines auparavant, elle avait écrit une lettre depuis sa cellule : « Vous connaissez la césarienne. Comment sera-t-elle pratiquée à l'intérieur de la prison, avec moi menottée et seule ?... Je n'ai aucune idée de l'endroit où je serai après l'opération et de la façon dont je ferai mes premiers pas après l'accouchement avec l'aide d'une gardienne israélien qui me tiendra les mains avec dégoût ».

 Elle s'inquiétait, écrivait-elle, de la manière dont elle allait élever son fils en prison, comment elle allait veiller à ses besoins et le protéger contre les bruits effrayants de la prison. Cette semaine, elle nous a dit qu'elle avait voulu que les autorités pénitentiaires lui montrent au moins les articles qui seraient fournis au nourrisson à la naissance, le lit dans lequel il dormirait et les vêtements qu'il porterait. Les autorités de Damon lui ont dit qu'après avoir accouché, elle recevrait tout ce qui est nécessaire pour élever un nouveau-né dans l'une des prisons les plus anciennes et les plus minables d'Israël, où 40 femmes palestiniennes sont actuellement incarcérées et où Anhar a passé les derniers mois de sa grossesse.

 Elle a été libérée dans la soirée du jeudi 2 septembre. La major des Forces de défense israéliennes Sivan Omer, juge au tribunal militaire de la base d'Ofer, a écrit dans sa décision, en réponse à la demande d'Anhar d'être libérée afin de pouvoir accoucher en dehors de la prison : « Il est clair que le fait de se trouver entre les murs d'un centre de détention n'est pas une situation bénéfique pour un nouveau-né et pourrait, manifestement, mettre en danger la santé de l'enfant.... Dans ces circonstances, j'ai estimé qu'il y avait lieu d'examiner sa libération de manière positive et d'envisager une autre forme de détention, qui comportera des conditions strictes garantissant le bien-être de la requérante, de ses enfants et du public en général ».

16/09/2021

EYAL PRESS
Las heridas del guerrero de los drones

 Eyal Press, The New York Times Magazine, 13/6/2018
Photos Dina Litovsky/Redux, for The New York Times

Traducido del inglés por Sinfo Fernández, Tlaxcala

 

Eyal Press es un escritor y periodista que colabora con The New Yorker, The New York Times y otras publicaciones. Desde la primavera de 2021 es también sociólogo, con un doctorado por la Universidad de Nueva York. Creció en Búfalo, ciudad que sirvió de telón de fondo a su primer libro Absolute Convictions (2006). Su segundo libro, Beautiful Souls (2012), examina la naturaleza del valor moral a través de las historias de individuos que arriesgan sus carreras, y a veces sus vidas, para desafiar órdenes injustas. Elegido por los editores del New York Times, el libro ha sido traducido a numerosos idiomas y seleccionado como lectura común en varias universidades, entre ellas Penn State y su alma mater, la Universidad de Brown. Su libro más reciente, Dirty Work (2021), examina los trabajos moralmente preocupantes que la sociedad aprueba tácitamente y la clase oculta de trabajadores que los realizan. Ha recibido el Premio James Aronson de Periodismo por la Justicia Social, una beca Andrew Carnegie, una beca del Centro Cullman en la Biblioteca Pública de Nueva York y una beca de la Fundación Puffin en el Type Media Center. @EyalPress 

Incluso los soldados que luchan en las guerras desde una distancia segura han acabado traumatizados. ¿Podrían ser sus heridas de tipo moral?



Un avión no tripulado MQ-9 en una sombrilla de la base aérea de Creech, en Nevada

En la primavera de 2006, Christopher Aaron empezó a trabajar en turnos de 12 horas en una sala sin ventanas del Centro de Análisis Aéreo de Contraterrorismo en Langley, Virginia. Se sentaba frente a una pared de monitores de pantalla plana que emitían en directo vídeos clasificados de aviones no tripulados que planeaban en zonas de guerra lejanas. Aaron descubrió que algunos días no aparecía nada interesante en las pantallas, bien porque un manto de nubes impedía la visibilidad o porque lo que se veía -cabras pastando en una ladera afgana, por ejemplo- era prosaico, incluso sereno. En otras ocasiones, lo que se mostraba ante los ojos de Aaron era sorprendentemente íntimo: ataúdes que eran transportados por las calles después de los ataques de los drones; un hombre acuclillado en un campo para defecar después de comer (los excrementos generaban una señal de calor que brillaba en los infrarrojos); un imán hablando a un grupo de quince jóvenes en el patio de su madrasa. Si un misil Hellfire mataba al objetivo, se le pasó por la cabeza a Aaron mientras miraba la pantalla, se confirmaría todo lo que el imán podría haber dicho a sus alumnos sobre la guerra de Estados Unidos contra su fe.

Los sensores infrarrojos y las cámaras de alta resolución instaladas en los drones permitían captar esos detalles desde una oficina en Virginia. Pero, como aprendió Aaron, identificar quién estaba en el punto de mira de un posible ataque con drones no siempre era sencillo. Las imágenes de los monitores podían ser granuladas y pixeladas, por lo que era fácil confundir a un civil que caminaba por una carretera con un bastón con un insurgente que llevaba un arma. Las figuras en pantalla a menudo parecían más manchas grises sin rostro que personas. ¿Cómo podía Aaron estar seguro de quiénes eran? “En días buenos, cuando confluían una serie de factores ambientales, humanos y tecnológicos, teníamos la fuerte sensación de que quien estábamos viendo era la persona que buscábamos”, dijo Aaron. “En días malos, estábamos literalmente adivinando”.

Al principio, para Aaron, los días buenos superaban a los malos. No le molestaban los largos turnos, las decisiones con alta presión o la extrañeza de poder acechar -y potencialmente matar- a objetivos a miles de kilómetros de distancia. Aunque Aaron y sus compañeros pasaban más tiempo vigilando y reconociendo que coordinando ataques, a veces transmitían información a un comandante sobre lo que veían en la pantalla, y “60 segundos después, dependiendo de lo que informáramos, tenías que disparar, o no, un misil”, dijo. Otras veces, seguían el rastro de los objetivos durante meses. Las primeras veces que vio a un dron Predator soltar su carga letal -la cámara acercándose, el láser fijándose, una columna de humo elevándose por encima del terreno calcinado donde el misil impactaba- le pareció surrealista, me dijo. Pero también le pareció sobrecogedor. A menudo experimentaba una oleada de adrenalina, mientras los analistas de la sala se chocaban los cinco.


El camino recorrido por Aaron hasta llegar al programa de aviones no tripulados fue inusual. Creció en Lexington, Massachusetts, en un hogar en el que la carne roja y los videojuegos violentos estaban prohibidos. Sus padres eran antiguos hippies que se manifestaron contra la guerra de Vietnam en los años sesenta. Pero Aaron veneraba a su abuelo, un hombre tranquilo e imperturbable que sirvió en la Segunda Guerra Mundial. A Aaron le gustaba también la exploración y las pruebas de fortaleza: el senderismo y los paseos por los bosques de Maine, donde su familia pasaba las vacaciones todos los veranos, y la lucha libre, un deporte cuya exigencia de disciplina marcial le cautivaba. Aaron asistió al College of William & Mary, en Virginia, donde se licenció en historia, especializándose en asuntos comerciales. Atleta dotado, con un aire de independencia y aventura, era una figura carismática en el campus. Un verano viajó solo a Alaska para trabajar como marinero en un barco pesquero.