19/09/2023

EVGENY MOROZOV
La machine à planifier : Le projet Cybersyn et les origines de la nation des Big Data
Naissance et mort du cybersocialisme dans le Chili d’Allende

Evgeny Morozov, The New Yorker, 6/10/2014
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Note du traducteur

Ce texte est le premier consacré par Evgeny Morozov au projet Cybersyn/Synco dans le Chili de l’Unité Populaire, une tentative futuriste de mettre en œuvre une planification socialiste cybernétique, dont bien des aspects ont été repris dans le neurocapitalisme du XXIème siècle, avec évidemment d’autres objectifs (le profit). Entretemps Morozov a creusé ce sujet et a publié en juillet dernier un podcast en 9 épisodes issu de deux ans d’enquête sur ce projet. On peut l’écouter (en anglais) sur https://the-santiago-boys.com/.

En juin 1972, Ángel Parra, le plus grand chanteur populaire du Chili, a écrit une chanson intitulée “Litanie pour un ordinateur et un enfant sur le point de naître”. Les ordinateurs sont comme des enfants, chantait-il, et les bureaucrates chiliens ne doivent pas les abandonner. Cette chanson avait été inspirée par la visite à Santiago d’un consultant britannique qui, avec sa barbe fournie et son physique costaud, rappelait à Parra le Père Noël - un Père Noël porteur d’un “cadeau caché, la cybernétique”.

Le consultant, Stafford Beer, avait été engagé par les principaux planificateurs du Chili pour aider à guider le pays sur ce que Salvador Allende, son dirigeant marxiste démocratiquement élu, appelait “la voie chilienne au socialisme”. Beer était l’un des principaux théoriciens de la cybernétique, une discipline née des efforts déployés au milieu du siècle dernier pour comprendre le rôle de la communication dans le contrôle des systèmes sociaux, biologiques et techniques. Le gouvernement chilien avait beaucoup à contrôler : Allende, entré en fonction en novembre 1970, avait rapidement nationalisé les principales industries du pays et promis la “participation des travailleurs” au processus de planification. La mission de Beer était de fournir un système d’information hypermoderne qui rendrait cela possible et ferait entrer le socialisme dans l’ère de l’informatique. Le système qu’il a conçu portait un nom de science-fiction étincelant : le projet Cybersyn (en espagnol Synco).

Dans le Chili d’Allende, une salle d’opérations futuriste devait faire entrer le socialisme dans l’ère de l’informatique. Illustration de Mattias Adolfsson

Beer était un sauveur improbable pour le socialisme. Il avait été cadre chez United Steel et avait travaillé comme directeur du développement pour l’International Publishing Corporation (à l’époque l’une des plus grandes sociétés de médias au monde), et il dirigeait un lucratif cabinet de conseil. Il menait une vie fastueuse, avec une Rolls-Royce et une grande maison dans le Surrey, équipée d’une cascade télécommandée dans la salle à manger et d’une mosaïque de verre dont le motif était basé sur la suite de Fibonacci. Pour convaincre les travailleurs que la cybernétique au service de l’économie planifiée pouvait offrir le meilleur du socialisme, il fallait les rassurer. Outre la musique folk, des fresques murales sur le thème de la cybernétique étaient prévues dans les usines, ainsi que des dessins animés et des films didactiques. La méfiance demeurait. Un titre de l’Observer de janvier 1973 annonçait : “Le Chili dirigé par ordinateur”, ce qui donnait une idée de l’accueil réservé au projet de Beer en Grande-Bretagne.

17/09/2023

RAÚL ZIBECHI
Un demi-siècle après le coup d'État : le Chili, un laboratoire pour ceux d’en haut comme pour ceux d’en bas

Raúl Zibechi, La Jornada, 8/9/2023
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Le coup d'État du 11 septembre 1973 contre le gouvernement de Salvador Allende a marqué un tournant profond dans l'histoire récente. Les États-nations ont été entièrement remodelés par les classes dominantes, le néolibéralisme s'est installé, mettant fin au processus industriel de substitution des importations, et les mouvements d'en bas n’ont plus pu fonctionner de la même manière. Ces changements, il  convient de les évaluer.


Manuel Loayza

Sous le régime militaire d'Augusto Pinochet, les forces armées ont écrasé l'organisation ouvrière, imposant un terrorisme d'État contre tout dissident et, en particulier, contre les travailleurs. Elles ont réussi à refonder le capitalisme chilien, en éliminant l'ancienne industrie et en approfondissant l'accumulation par spoliation. Les relations de travail ont été complètement remodelées en faveur des patrons, puisqu'il n'y avait pas d'opposition ouvrière organisée.

Le néolibéralisme s'est nourri de la violence contre les secteurs populaires qui, avec l'aide de technocrates et d'économistes connus sous le nom de Chicago Boys, ont transformé le Chili en un grand laboratoire où les privatisations (à l'exception de l'entreprise de cuivre, dont les bénéfices sont allés aux forces armées), un nouveau système de retraite privé et des initiatives qui ont condamné la classe ouvrière au chômage et à la faim ont été pratiqués à la main.

Les salaires ont baissé de manière retentissante dans le monde entier.

Deux chercheurs du Program on Race, Ethnicity and the Economy de l'US Economic Policy Institute ont étudié 85 ans d'histoire du salaire minimum. Leur conclusion est lapidaire : « Sans mécanisme en place pour l'ajuster automatiquement à la hausse des prix, la valeur réelle du salaire minimum fédéral a progressivement diminué, atteignant en 2023 son niveau le plus bas depuis 66 ans » (source).

Cette année, le salaire minimum vaut 42 % de moins qu'à son apogée en 1968, et 30 % de moins que lors de sa dernière augmentation, il y a 14 ans, en 2009. « Cette perte significative de pouvoir d'achat signifie que le salaire minimum fédéral actuel est loin d'être un salaire décent », concluent les chercheurs.

La troisième question est celle des transformations de l'action collective. Le centre du mouvement social chilien s'est déplacé des usines vers les poblaciones [quartiers populaires périphériques, souvent des bidonvilles autocontstruits sur des terrains occupés, NdT] qui, depuis 1983, ont été au centre de la résistance à la dictature lors de mémorables journées de protestation. Des pratiques collectives de survie, les ollas comunes [pots communs, soupes populaires autogérées] que l'on théorisera plus tard sous le nom d'“économie solidaire”, s'y sont développées. Le mouvement des pobladores passe de la résistance à l'insurrection.


1983 : "Pinocchio escucha, ándate a la chucha"= " Pinocho [jeu de mots entre Pinochet et Pinocchio] écoute, va t'faire foute" [pour que ça rime aussi en français]

La première manifestation a eu lieu le 11 mai 1983, à l'appel des travailleurs du cuivre et dans des quartiers comme La Victoria, où des barricades ont été érigées, des affrontements avec les carabiniers et les militaires ont eu lieu et plusieurs personnes ont été tuées. En représailles, 5 000 maisons ont été perquisitionnées et toutes les personnes âgées de plus de 14 ans ont été arrêtées.

16/09/2023

AMIRA HASS
Pour Israël, les accords d'Oslo ont été un succès retentissant

Amira Hass,  Haaretz, 12/9/2023
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

La création d’enclaves palestiniennes est un compromis interne à Israël : faire disparaître les Palestiniens sans les expulser. Pendant ce temps, Israël engrange d’importants bénéfices, notamment en transformant la Cisjordanie et la bande de Gaza en laboratoire humain


Steve Bell, The Guardian

Dans les accords d’Oslo signés il y a 30 ans, Israël a accepté de réduire progressivement l’occupation, tandis que les Palestiniens ont été contraints de cesser instantanément toute résistance. Chaque partie a interprété cette réduction comme elle l’entendait.

Les représentants palestiniens ont compris ou espéré qu’en échange de la cession de 78 % de la Palestine historique avant la fin de 1999 (sans renoncer aux liens personnels, familiaux, culturels, émotionnels ou historiques de leur peuple), le contrôle militaire israélien sur les territoires occupés en 1967 prendrait fin et les Palestiniens y établiraient un État.

Les Israéliens ont conclu qu’ils avaient obtenu un sous-traitant pour procéder à des arrestations et traquer les opposants (sans que la Cour suprême d’Israël et le groupe de défense des droits B’Tselem s’en mêlent, comme l’a dit le Premier ministre de l’époque, Yitzhak Rabin). Les négociateurs israéliens ont veillé à ce que l’accord écrit détaille les étapes du processus sans mentionner d’objectifs concrets (un État, un territoire et des frontières fixes).

Israël étant la partie la plus forte, c’est son interprétation qui l’a emporté et qui a déterminé la nature et la morphologie éternelles du  “rétrécissement” : L’israélisation d’autant de territoires que possible et, à l’intérieur de ceux-ci, des poches d’autonomie palestinienne - qui sont séparées, affaiblies et contrôlées à distance, Israël étant en mesure de les couper les unes des autres. Les origines des accords d’Abraham de 2020 remontent à 1993.

Grâce à Oslo, Israël s’est déchargé de la responsabilité de l’occupant à l’égard de la population et de son bien-être. Et il a gardé la crème : le contrôle de la terre, de l’eau, des longueurs d’onde des téléphones portables, de l’espace maritime et aérien, de la liberté de mouvement, de l’économie et des frontières (à la fois extérieures et de chaque poche de territoire).

Israël tire d’énormes profits de ces leviers de contrôle, car il est à la tête d’un grand laboratoire humain où il développe et teste ses exportations les plus rentables : armes, munitions et technologies de contrôle et de surveillance. Les Palestiniens de ce laboratoire, privés d’autorité et dont les ressources s’amenuisent, se voient confier la responsabilité de gérer leurs problèmes et leurs affaires civiles.

Les Palestiniens restent une réserve de main-d’œuvre bon marché pour les Israéliens. Une grande partie des coûts de l’occupation est répercutée sur les Palestiniens sous la forme de biens et de services qu’ils sont obligés d’acheter mais qu’ils ne peuvent pas développer parce qu’Israël contrôle la majeure partie du territoire, des frontières et de l’économie en général.

 Saïd An-Nahry

Viennent ensuite les frais élevés sur les transactions financières (comme le transfert de l’argent des douanes au trésor palestinien), les prélèvements et les amendes dont les recettes vont à la police, aux ports, à l’administration civile et à l’armée israélienne, les frais au passage de la frontière avec la Jordanie, les frais de transaction et d’enregistrement immobilier dans la zone C de la Cisjordanie, le marché noir des permis de travail, la rétention de l’argent des douanes sous divers prétextes, l’emploi de vétérans du service de sécurité du Shin Bet et de l’armée comme consultants qui ouvrent des portes dans la bureaucratie de l’occupation, et les intérêts qui s’accumulent sur tous les retards de paiement. Ce n’est peut-être pas grand-chose par rapport au produit intérieur brut d’Israël, mais c’est une fortune pour les Palestiniens, surtout si l’on tient compte de leur PIB et de leurs salaires.

Les pays occidentaux ont déchargé Israël de ses obligations financières en tant que puissance occupante et ont financé une grande partie des dépenses de gestion, d’entretien et de développement limité des enclaves palestiniennes. L’explication est que cela est nécessaire à l’établissement d’un État palestinien. Mais depuis des années, les pays occidentaux en ont assez de subventionner l’occupation et ses problèmes. Ils punissent donc les Palestiniens en faisant preuve d’avarice et les mettent en garde contre des catastrophes humanitaires, alors qu’ils signent de généreux accords économiques, scientifiques et militaires avec Israël.

GREGORIO CARBONI MAESTRI
Lettre ouverte à l’ANPI sur une exposition à la gloire du bataillon Azov

Gregorio Carboni Maestri, septembre 2023
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

Chers associés, camarades et amis de l’Association Nationale des Partisans Italiens, ANPI,

En ces jours d’anniversaires importants - le 80e anniversaire du 8 septembre 1943, qui a marqué le début symbolique de la révolution des partisans en Italie et la libération du Donbass de l’occupation nazi-fasciste – c’est avec une profonde consternation que j’ai appris le soutien tacite de l’ANPI de la province de Milan à une exposition intitulée « Eyes of Mariupol - Un regard dans les yeux des défenseurs de Mariupol»[1]. Cette exposition, installée dans la Via Dante et au Musée du Risorgimento, est parrainée par la Ville de Milan et la Zone 1 et concerne le bataillon Azov, connu pour ses positions nazies-fascistes, antisémites et ultranationalistes.[2] Elle a été organisée et promue avec l’aide des associations Azov One et Kvyatkovskyy Family Foundation, toutes deux affiliées au bataillon susmentionné, dans le cadre de leur campagne visant à “nettoyer” la réputation de cette unité controversée.


Dans l’exposition en question, une tentative délibérée a été faite pour dissimuler le logo du bataillon, qui était en revanche visible dans l’édition de l’exposition présentée à Lviv. Cet acte délibéré de la part des organisateurs met encore plus en évidence la nature problématique de l’exposition. Comme l’a clairement exprimé l’ANPI de Porta Genova (Milan), les images exposées mettent les forces militaires au premier plan au lieu de documenter les souffrances des populations touchées par la guerre. En outre, ces images font appel à un symbolisme qui évoque des régimes et des périodes sombres de l’histoire.

Il est essentiel de souligner que le bataillon Azov tire ses origines des milices néo-fascistes affiliées au Pravy Sektor [Secteur droit], qui ont ensuite été légalement incorporées dans les forces armées ukrainiennes.[3] Le symbole qui identifie ce bataillon est le crochet de loup ou crampon [Wolfsangel], un emblème qui était initialement associé au parti nazi avant qque celui-ci n’adopte la croix gammée. Ce symbole a ensuite été intégré à l’ensemble des symboles runiques utilisés par les S.S. et a également été adopté par huit divisions de la Wehrmacht, dont la 2e Division blindée S.S. “Das Reich"” Il convient de noter que le parti social-nationaliste ukrainien - Svoboda - a également utilisé ce symbole distinctif.[4]

L’image emblématique de l’exposition, une photographie en noir et blanc, est un portrait de Denys Prokopenko, un commandant du bataillon Azov connu pour son idéologie suprémaciste blanche.[5] Prokopenko a entamé sa carrière militaire d’abord au sein du “Club des Garçons Blancs”, un groupe d’ultras néo-nazis, avant de rejoindre la division Borodach. Cette dernière se distingue par l’utilisation du symbole nazi de la tête de mort et des tibias croisés. Prokopenko n’est qu’un des nombreux membres controversés de cette unité paramilitaire, dont les adeptes arborent des tatouages faisant référence à des symboles racistes, suprématistes, homophobes, antisémites et nazis-fascistes.[6]

Le bataillon Azov a été impliqué dans des actes effroyables de cruauté et de non-droit, y compris des exterminations, des déportations et la suppression totale de la liberté et de la dignité humaines. Il a même procédé à des crucifixions et à des mises à mort sur des bûchers.[7] Contrairement au récit véhiculé par l’exposition en question, les membres du bataillon Azov ne sont donc pas des héros, mais plutôt des meurtriers cruels et lâches. Leur prison secrète, connue sous le nom de “La Bibliothèque” était située dans l’aéroport de Mariupol sous la direction du SBU [service secret], un lieu de torture et de meurtre pour les miliciens des républiques populaires du Donbas, les communistes, les antifascistes et les anti-maïdanistes.[8] Un lieu qui évoque de tristes similitudes avec le Stade national de Santiago du Chili.[9] Dans un tel contexte, aurait-il été acceptable d’accueillir une exposition sur Pinochet et ses exécuteurs à Via Dante ou au Museo del Risorgimento en 1973 ? Pour illustrer le malaise généralisé et les contradictions que cette exposition a suscités, il convient de noter que le quotidien turinois La Stampa a modifié de manière significative le titre d’un de ses articles relatifs à cette exposition. Le titre original, « [...] l’exposition au centre sur les néo-nazis du Bataillon Azov », a ensuite été remplacé par « [...] l’exposition sur la résistance ukrainienne à Mariupol », atténuant ainsi le caractère controversé de l’événement.[10]

GREGORIO CARBONI MAESTRI
Lettera aperta all’ANPI su una mostra glorificando il Battaglione Azov

Gregorio Carboni Maestri, settembre 2023

Stimati associati, compagni e amici dell’Associazione nazionale partigiani d’Italia, ANPI,

In questi giorni di significativi anniversari—l’ottantesimo dell8 settembre 1943, che segnò l’inizio simbolico della Rivoluzione partigiana in Italia e della liberazione del Dombass dall’occupazione nazifascista—è con profondo sgomento che sono venuto a conoscenza del tacito sostegno da parte dell’ANPI della Provincia di Milano a una mostra dal titolo "Occhi di Mariopoli – Uno sguardo negli occhi dei difensori di Mariopoli".[1] Questa esposizione, allestita in Via Dante e nel Museo del Risorgimento, è patrocinata dal Comune di Milano e dalla Zona 1 e riguarda il battaglione Azov, noto per le sue posizioni nazifasciste, antisemite e ultranazionaliste.[2] È stato organizzato e promosso con l’aiuto delle associazioni Azov One e dalla Kvyatkovskyy Family Foundation, entrambe affiliate al suddetto battaglione, come parte della loro campagna per "ripulire" la reputazione di questa unità controversa.


 Nella mostra oggetto di discussione, è stato fatto un tentativo deliberato di nascondere il logo del Battaglione, che era invece visibile nell’edizione della mostra presentata a Leopoli. Questo atto consapevole da parte degli organizzatori evidenzia ulteriormente la problematicità della mostra. Come ha chiaramente espresso l’ANPI di Porta Genova (Milano), le immagini esposte mettono in primo piano le forze militari anziché documentare le sofferenze delle popolazioni oppresse dalla guerra. Inoltre, queste immagini fanno uso di simbolismi che evocano regimi e periodi storici oscuri.

È fondamentale evidenziare che il battaglione Azov trae le sue radici dalle milizie neofasciste affiliate a Pravy Sektor  [Settore destro], che sono state successivamente incorporate legalmente nelle forze armate ucraine.[3] Il simbolo che identifica questo battaglione è l’amo per lupi, un emblema che fu inizialmente associato al Partito Nazista prima della sua adozione della svastica. Tale simbolo è stato successivamente incorporato nell’insieme di simboli runici utilizzati dalle S.S. ed è stato anche adottato da otto divisioni della Wehrmacht, inclusa la 2ª Divisione Panzer S.S. "Das Reich". Va notato che anche il Partito Social Nazionalista Ucraino - Svoboda ha fatto uso di questo simbolo distintivo.[4]

L’immagine emblema della mostra, una fotografia in bianco e nero, è un ritratto di Denys Prokopenko, un comandante del battaglione Azov noto per le sue ideologie suprematiste bianche.[5] Prokopenko ha intrapreso la sua carriera militare inizialmente nel "Club dei ragazzi bianchi", un gruppo ultras neonazista, per poi unirsi alla divisione Borodach. Quest’ultima è distintiva per l’utilizzo del simbolo nazista del "Testa di morto" e tibia incrociate. Prokopenko rappresenta solo uno dei tanti membri controversi di questa unità paramilitare, i cui seguaci sfoggiano tatuaggi che fanno riferimento a simbologie razziste, suprematiste, omofobe, antisemite e nazifasciste.[6]

Il battaglione Azov è stato coinvolto in atti spaventosi di crudeltà e illegalità, inclusi stermini, deportazioni e la soppressione completa di libertà e dignità umana. Hanno persino praticato crocifissioni e morti sul rogo.[7] Contrariamente alla narrativa veicolata dalla mostra in questione, i membri del battaglione Azov non sono dunque eroi ma piuttosto assassini crudeli e vigliacchi. La loro prigione segreta, conosciuta come "La Biblioteca" era situata nell’aeroporto di Mariopoli sotto la gestione dell’SBU, un luogo di tortura e assassinio per miliziani delle repubbliche popolari del Donbas, comunisti, antifascisti e antimaidanisti.[8] Un luogo che evocava tristi somiglianze con lo Stadio nazionale di Santiago del Cile.[9] In un contesto simile, sarebbe stato accettabile ospitare una mostra su Pinochet e i suoi esecutori in Via Dante o al Museo del Risorgimento nel 1973? Per illustrare l’ampio disagio suscitato e le contraddizioni esplose con questa mostra, va notato che il quotidiano La Stampa di Torino ha modificato in modo significativo il titolo di un suo articolo a essa relativo. Il titolo originale, "[…] la mostra in centro sui neonazisti del Battaglione Azov," è stato successivamente cambiato in "[…] la mostra sulla resistenza ucraina a Mariupol," smorzando così il carattere controverso dell’evento.[10]

L’esposizione ha suscitato un diffuso dissenso da diverse componenti sociali, tra cui il pubblico generale, gruppi associativi e formazioni politiche. Un numero significativo di persone ha inviato email di protesta all’ente comunale, e nei giorni più recenti sono state pianificate manifestazioni a cui hanno partecipato centinaia di individui, tutte con l’obiettivo di esprimere opposizione all’esibizione e richiederne la chiusura.

GIDEON LEVY
Le garçon palestinien dont le village a été détruit s’est transformé en véritable combattant de la liberté

Gideon Levy et Alex Levac (photos), Haaretz, 15/9/2023

Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Nasser Nawaj’ah a vu sa famille expulsée de son village, qui a été démoli, et a assisté au meurtre d’un berger par un colon. Après avoir choisi la voie de la résistance non violente, il est devenu chercheur de terrain pour B’Tselem et a reçu le prix Truth to Power [“Dire la vérité aux puissants”] du New Israel Fund [ONG “liberal” créée en 1979 aux USA].

Nasser Nawaj’ah avec son prix du New Israel Fund : “J’étais à la croisée des chemins : la violence contre l’occupation ou la voie de la non-violence. Dieu merci, j’ai choisi la seconde voie”.

 

Voilà à quoi ressemble un véritable résistant au régime, qui se bat pour les droits humains et la démocratie avec un courage féroce et qui est prêt à payer un prix personnel élevé pour sa lutte. Dans la réalité israélienne, tel devrait être le modèle d’un véritable combattant de la liberté : un Palestinien de souche né dans une grotte prise de force par les colons, qui ont expulsé sa famille ; un berger qui a été exposé pendant des années à la violence des colons, qui a vu de ses propres yeux un voisin s’occupant de ses moutons assassiné par un colon.

 

Une personne qui a consacré sa vie d’adulte à une lutte déterminée et sans compromis pour les droits de sa nation, dans la région la plus dure du pays, dont les habitants ne bénéficient d’aucune protection - ni de la part des autorités d’occupation, ni de la part des colons en maraude, qui sont particulièrement violents dans cette région. Une personne qui a payé un prix personnel et risqué sa vie pour sa lutte, ayant été arrêtée au moins huit fois par les autorités d’occupation, et jugée deux fois. Une personne dont les seules armes sont le stylo et l’appareil photo, qui a décidé dans sa jeunesse de renoncer à la lutte armée dans laquelle les circonstances de sa vie auraient pu facilement l’entraîner, s’engageant plutôt sur la voie de la non-violence, qui, sous l’occupation israélienne, est parfois bien plus dangereuse.

 

C’est un combattant qui a appris à faire la distinction entre les bons et les mauvais Israéliens, ceux qui sont violents et ceux qui recherchent le bien ; il a travaillé pendant de nombreuses années dans une organisation israélienne de défense des droits humains en tant que chercheur sur le terrain et il croit au pouvoir de la vérité d’exercer une influence lorsqu’elle est mise en lumière. Il vit dans une cabane au toit de tôle surmontée d’un ordre de démolition, élève sa petite fille, atteinte d’une infirmité motrice cérébrale, dans des conditions difficiles, et pourtant il travaille sans relâche pour se documenter, aider les autres et lutter contre l’incroyable injustice qui tourbillonne autour de lui.

 

La semaine dernière, sa vie a pris un tournant dramatique. Dans une décision impressionnante et extraordinaire, le New Israel Fund a décidé de décerner le prix le plus élevé dans le domaine des droits humains en Israël - 100 000 shekels (= 25 000 €]) - à un Palestinien des territoires qui est un véritable résistant au régime.

 

Nasser Nawaj’ah, chercheur de B’Tselem dans les collines du sud d’Hébron, résident du village de Susya, né à Khirbet Susya, dont les habitants ont été dépossédés, est devenu le premier lauréat du prix William S. Goldman Truth to Power. Le prix est décerné, explique le NIF, « à des activistes publics qui travaillent sans crainte contre des systèmes puissants et qui luttent contre la discrimination, l’inégalité ou l’injustice, et qui ont payé un prix social, public ou personnel pour cela ».

 

Nasser Nawaj’ah avec son père la semaine dernière.

 Nawaj’ah, qui est l’incarnation même de ces qualités, a bien entendu été empêché d’assister à la cérémonie de remise des prix le 4 septembre à Tel Aviv. Malgré les efforts du NIF, l’establishment de la défense a refusé d’autoriser Nawaj’ah à entrer en Israël - il est “refusé pour des raisons de sécurité”, une véritable bombe à retardement de la non-violence - et la cérémonie a donc eu lieu en son absence, et le récipiendaire du prix a dû remercier les présentateurs par Zoom, alors qu’il n’était qu’à une heure et demie d’eux en voiture. S’il fallait une preuve supplémentaire qu’il est un candidat digne du prix, ce serait celle-là.

 

La “rue Kaplan” (le centre des manifestations du mouvement de protestation israélien à Tel Aviv)  de Nawaj’ah est active dans toute la région de Masafer Yatta, une zone située dans les collines du sud de l’Hébron et comprenant plusieurs villages palestiniens. Il s’agit également de la terrifiante zone de tir 918, déclarée comme telle par les forces de défense israéliennes afin de déposséder les Palestiniens qui y résident depuis des générations et de nettoyer la région de leur présence. Autour et à l’intérieur de la zone des collines du sud d’Hébron se trouvent d’innombrables avant-postes de colons, aussi violents qu’illégaux, qui bénéficient bien sûr de l’immunité coloniale, qui sont toujours au-dessus de tout soupçon.

 

15/09/2023

OFER ADERET
La résurrection de l’hébreu en Israël a été difficile au-delà des mots

Ofer Aderet, Haaretz, 20/2/2022
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

Ofer Aderet est un historien israélien, chargé de cours à l’Université Ouverte d’Israël et collaborateur du quotidien Haaretz.

 

Bialik pressait les Juifs de Palestine de parler hébreu, mais “péchait” lui-même en utilisant le yiddish, et les fonctionnaires de Tel-Aviv voulaient que les résidents mentent et disent qu’ils rêvaient en hébreu. Une chercheuse estime que le développement de l’hébreu en tant que lingua franca s’est heurté à une réalité complexe.


Cours d’hébreu pour nouveaux immigrants à Dimona, 1955. Photo : Moshe Pridan/GPO

 Il y a environ 90 ans, juste avant un recensement général des habitants de la “Terre d’Israël”, la municipalité de Tel-Aviv a adressé une demande inhabituelle aux habitants de la ville : ils devaient répondre par l’affirmative à la question de savoir s’ils parlaient hébreu, même s’ils rêvaient en yiddish, lisaient en allemand ou cuisinaient en ladino.

« La réponse définitive et claire concernant la langue hébraïque en tant que lingua franca de la population centrale de notre ville a une grande valeur nationale et politique », expliquait une publicité distribuée par la municipalité aux résidents locaux, ajoutant : « Nous souhaitons attirer l’attention des résidents sur l’importante nécessité de souligner la place de notre langue nationale dans notre vie publique et culturelle ».

La chercheuse Zohar Shavit, experte en sémiotique et en recherche culturelle à l’université de Tel-Aviv, a trouvé cette publicité dans les archives municipales de Tel-Aviv alors qu’elle réalisait une nouvelle étude visant à examiner le statut de la langue sacrée aux yeux des habitants de la “Terre d’Israël” à la veille de la création de l’État juif.  

 

Tract en quatre langues (hébreu, yiddish, anglais, allemand) des années 1930 encourageant l’utilisation de la langue hébraïque.  Photo Collection de la bibliothèque nationale

 « Plus d’une description de la présence de l’hébreu dans le domaine public était teintée de propagande », explique la professeure Shavit. « Parfois, même des données statistiques apparemment objectives sur l’étendue de la présence de l’hébreu dans la vie du Yichouv (la communauté juive d’avant l’État) étaient biaisées et contaminées », ajoute-t-elle, faisant référence à l’ingérence de la municipalité de Tel-Aviv dans le recensement de 1931. À l’époque, il semble que tous les moyens étaient valables « pour tenter de présenter une image de l’exclusivité de la langue hébraïque dans la vie du Yichouv », ajoute-t-elle. Mais en fait, a-t-elle découvert, « il y avait une tension entre la réalité et la façon dont elle était dépeinte ».

Un sondage réalisé en 1912 avait révélé que moins de la moitié des habitants de la ville parlaient l’hébreu. Sur les 790 habitants de Tel Aviv de l’époque, 43 % ont déclaré parler l’hébreu, 35 % le yiddish (dénoncé comme un “jargon"”par certains), 11 % le russe et le reste le français, l’anglais, le ladino, l’arabe et l’allemand. Le penseur et auteur sioniste Ahad Ha’am s’est inquiété à l’époque du fait que ces données « serviraient d’arme dans les mains de ceux qui haïssent l’hébreu » et s’est demandé « si à Tel-Aviv une majorité de résidents parlent également d’autres langues et si le jargon (yiddish) est sur un pied d’égalité avec l’hébreu - où est donc la renaissance de l’hébreu ? »

Le poète hébreu Haïm Nahman Bialik. Photo : Avraham Suskin/GPO

En même temps, Ahad Ha’am a reproché à la presse, qui a publié les résultats du sondage, de ne pas avoir présenté des données plus détaillées qui auraient prouvé, comme il l’a dit, que « presque tous les enfants parlent hébreu ».

La professeure Shavit a découvert un autre cas où les enfants étaient décrits comme annonçant la renaissance de la langue nationale dans un article d’Itamar Ben-Avi, fils d’ Éliézer Ben-Yehoudah, la force motrice de ce processus de renaissance. En 1902, Ben-Avi décrivait ainsi la langue des enfants des jardins d’enfants de la ville de Jaffa, voisine de Tel-Aviv : « Et avec un son mélodieux, en utilisant un hébreu authentique, vivant et agréable, ils appellent chaque chose par son nom. Ils parlent hébreu... ils jouent en hébreu... ils se disputent et s’interrogent en hébreu ».

Pourtant, cette description ne reflétait pas tout à fait la réalité complexe. En effet, c’est l’image inverse qui a été présentée par le poète hébreu pionnier Haïm Nahman Bialik, en 1909. « La première impression, à vrai dire, n’est pas celle d’un renouveau », écrit-il à sa femme Manya, après une visite à Jaffa. « À ma grande consternation, j’ai entendu dans les quartiers juifs, à Neve Shalom et Neve Tzedek, des jargons russes, espagnols et un jargon dans lequel de nombreux mots arabes étaient mélangés. Je n’ai pas entendu le son mélodieux de la langue hébraïque, sauf dans la bouche de quelques enfants ». De même, la visite de Bialik à Petah Tikva, la « mère des moshavot [colonies]" du Yichouv », n’était pas de bon augure : « Elle m’a fait mauvaise impression, car c’est là que j’ai entendu parler hébreu encore moins que dans les autres colonies. Même dans la bouche des enfants, je n’entendais parler hébreu que très peu. Presque rien », écrit le futur poète national.


Cours d’hébreu à Jérusalem.   Photo : Cohen Fritz/GPO

 

“Jargons” rivaux

Les impressions sévères de Bialik étaient justes, pour l’époque. Une enquête menée il y a exactement un siècle par l’Organisation sioniste mondiale a révélé que le nombre de foyers où l’on parlait le yiddish était nettement supérieur à celui des foyers où l’on parlait l’hébreu. Par exemple, dans les jardins d’enfants de Jaffa, 232 enfants parlaient le yiddish à la maison, alors que l’hébreu était la langue véhiculaire dans les foyers de seulement 115 jeunes. Les données concernant l’ensemble des structures éducatives de Jaffa - jardins d’enfants, écoles primaires, lycées et séminaires d’enseignants - n’étaient pas plus encourageantes : Seuls 51 % des élèves de ces établissements parlaient l’hébreu à la maison, soit comme seule langue, soit avec une autre langue.

La situation à Jérusalem était bien pire. Sur les 906 enfants de maternelle interrogés, seuls 67 parlaient hébreu à la maison ; les autres parlaient hébreu et une autre langue, ou ne parlaient pas du tout hébreu. Shavit a constaté qu’au milieu des années 1920, le système éducatif du Yichouv lui-même ne prenait pas la peine de veiller à ce que l’enseignement soit dispensé exclusivement en hébreu. Environ 20 % de tous les écoliers juifs, soit un cinquième de la jeune génération, étaient éduqués dans différentes langues au cours de ces années.

 

La Rue Allenby à Tel Aviv, 1938.  Photo : Zoltan Kluger/GPO

La première école de langue hébraïque en Palestine, et dans le monde entier, a ouvert ses portes en 1886 à Rishon Letzion - l’école Haviv, où le corps enseignant comprenait Eliézer Ben-Yehoudah lui-même. C’est également à Rishon LeTzion [“Le premier à Sion”] qu’a été créé le premier jardin d’enfants en hébreu, sous la direction de l’éducatrice Esther Shapira. Néanmoins, David Yudilevich, un enseignant affilié au mouvement de colonisation agricole Bilou, a témoigné que la réalité était en fait multilingue et que l’utilisation de l’hébreu parmi les enfants de ces années-là était encore assez limitée : « Les tout-petits et les enfants plus âgés parlent tous un jargon [sic] ashkénaze ou sépharade, ou le russe ou le roumain. Ils parlent toutes les langues sauf l’hébreu. La langue que l’on veut faire revivre s’est avérée à l’époque pauvre et maigre. Même les mots de tous les jours manquaient encore », a-t-il constaté.

Le plus grand rival de l’hébreu était le yiddish, explique la chercheuse Shavit, qui note qu’ « il était présenté comme une menace permanente pour le projet hébraïque ». Dans ce contexte, le futur prix Nobel de littérature S. Y. Agnon raconte une anecdote amusante : Il raconte que même une servante arabe lui parlait en yiddish lorsqu’il cherchait la synagogue sépharade à Jaffa.

« La réalité linguistique était complexe », note Shavit, dont les conclusions ont été publiées dans un article intitulé “Que parlaient les enfants hébreux ?” dans le périodique Israel. Outre la fierté de promouvoir le projet hébraïque, y compris le développement de la langue du peuple et de sa culture, et les efforts parfois violents pour imposer l’utilisation de l’hébreu dans le domaine public, « de nombreuses autres enclaves linguistiques ont été préservées », écrit-elle. Il a donc fallu des décennies pour que l’hébreu atteigne son statut de première langue parmi les natifs du pays.

L’universitaire Zohar Shavit.  Photo : Adi Mazan

DAVID KLEBE
En route vers Ouman
Le pèlerinage des Juifs hassidiques sur la tombe de Rabbi Nahman est devenu un enjeu politique

David Klebe (avec kna, agence de presse catholique), Jüdische Allgemeine,  14/09/2023

Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

« Qu'est-ce que je peux vous dire ? Il n'y a tout simplement rien de plus grand que d'être avec moi à Rosh Hashanah ! » Ces paroles rapportées de Rabbi Nahman de Bratslav [Rebbe Nohmen Breslover] illustrent le souhait de nombreux adeptes du mouvement hassidique de Bratslav de se rassembler pour le Nouvel An juif [16-17/9/2023] sur la tombe de cet érudit né en 1772. Il est décédé en 1810 à Ouman. Dans cette ville située aujourd'hui en Ukraine, à environ 200 kilomètres de Kiev, sa tombe est un lieu de pèlerinage.

L’un des disciples du rabbin Nahman est le rabbin David Kraus, qui vit à Jérusalem. « Depuis 2006, je me rends chaque année à Ouman pour voir le rebbe, j’y suis au moins deux fois par an et au moins une fois par an avec toute la famille », raconte-t-il à notre journal. Il estime que cette année encore, entre 30 000 et 40 000 fidèles rien que d’Israël se rendront à Ouman pour Rosh Hashanah, Et ce, bien que de nombreuses instances officielles le déconseillent vivement en raison de la guerre d’agression russe.

Atmosphère

Le rabbin Kraus explique ce qui caractérise un pèlerinage à Ouman : « C’est la ville de toutes les nostalgies. L’atmosphère, surtout ce qui s’y passe en vous chez Rabbi Nahman, est incroyable et indescriptible. Il faut y avoir été, l’avoir ressenti et vécu pour le comprendre ».

Il prend les dangers au sérieux, mais la force de la foi lui donne confiance. Et finalement, on vit aussi en Israël sous une menace permanente : « J’y suis déjà allé deux fois cette année et j’ai aussi visité la tombe du Baal Shem Tov, et tout était sûr. Il n’y a rien à voir ou à ressentir de la guerre. Les événements de la guerre se déroulent bien plus loin de là ».

L’ambassade usaméricaine à Jérusalem, par exemple, voit les choses tout autrement. Elle a publié un avertissement jeudi dernier. Celui-ci est sans équivoque : « Ne voyagez pas ». 


Recommandation

La recommandation s’applique aux citoyens usaméricains qui envisagent de se rendre en pèlerinage à Ouman pendant Roch Hachana : « Depuis le début de la guerre en Ukraine, les frappes aériennes russes ont touché des bâtiments civils et des infrastructures critiques, y compris des lieux de culte, dans toutes les régions du pays, souvent sans avertissement ou avec peu d’avertissement. Pas plus tard qu’en juin, Ouman a subi plusieurs attaques de missiles russes ». Le ministère israélien des Affaires étrangères a également émis une alerte aux voyages en Ukraine et mis en garde contre les pèlerinages à Ouman.