13/06/2025

MURTAZA HUSSAIN
Israël attaque l’Iran et promet une opération militaire de grande envergure

Alors que les négociations sur le nucléaire piétinent, les autorités usaméricaines nient que Washington ait été impliqué dans les frappes

Murtaza Hussain, Drop Site News, 13/6/2025
Traduit par Fausto GiudiceTlaxcala 


Un immeuble endommagé dans la capitale iranienne, Téhéran, à la suite d’une attaque, le 13 juin 2025. Le ministre israélien de la Défense, Israel Katz, a annoncé qu’Israël avait mené des frappes sur l’Iran. (Photo par Ahmet Dursun/Anadolu via Getty Images)

Israël a attaqué l’Iran tôt vendredi matin, ciblant la capitale Téhéran et d’autres parties du pays avec de multiples frappes aériennes dans le cadre d’une escalade dramatique de sa guerre régionale. Des explosions ont été signalées dans des villes abritant des sites majeurs liés au programme nucléaire iranien. Les premiers rapports indiquent qu’Israël pourrait avoir visé les domiciles de responsables politiques et militaires iraniens, ainsi que des personnalités liées à son programme nucléaire. La télévision d’État iranienne a indiqué qu’un certain nombre de hauts responsables avaient été tués, dont le commandant en chef du corps des gardiens de la révolution islamique, Hossein Salami.

Selon le New York Times, les attaques ont visé au moins six bases militaires autour de Téhéran, dont le complexe militaire iranien de Parchin. La télévision d’État iranienne a montré que deux immeubles résidentiels s’étaient effondrés, faisant de nombreux morts et blessés, dont au moins un enfant.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou a qualifié l’attaque, baptisée “Opération Lion dressé”*, de “frappe préventive”, avant de déclarer l’état d’urgence général en Israël en prévision d’une probable riposte iranienne. Dans un discours prononcé jeudi soir, Netanyahou a détaillé une opération militaire de grande envergure visant les infrastructures nucléaires et de missiles iraniennes, affirmant qu’elle était nécessaire pour empêcher l’Iran de fabriquer des armes nucléaires et promettant que les frappes se poursuivraient « pendant autant de jours qu’il le faudra ». Netanyahou a affirmé que les attaques avaient permis de frapper la principale installation d’enrichissement d’uranium de l’Iran à Natanz, les scientifiques nucléaires iraniens impliqués dans le développement d’armes, ainsi que le programme de missiles balistiques de l’Iran.

*Baptisée en anglais “Rising Lion”, l'opération a été appelée en hébreu “Im Klavi”, “Avec Caleb”, tiré des paroles de Balaam ben Beor : “Voici, le peuple de Caleb se lèvera et se couchera comme un lion ; il ne se couchera pas avant d'avoir dévoré sa proie et bu le sang de l'innocent” (Nombres, chapitre 23, verset 24). Caleb était le seul des 12 éclaireurs-espions envoyés par Moïse à Canaan lors de la sortie d'Égypte estimant que cette terre était colonisable. [NdT]

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« Suite à l’attaque préventive de l’État d’Israël contre l’Iran, une attaque de missiles et de drones contre l’État d’Israël et sa population civile est attendue dans l’immédiat », a également déclaré Katz dans un communiqué. Des responsables israéliens ont indiqué que le pays pourrait subir « une attaque importante en provenance de l’est » dans les prochaines heures, probablement sous la forme d’un tir de barrage de missiles iraniens en représailles. Israël a fermé son espace aérien et l’aéroport international Ben Gourion de Tel Aviv a interrompu les vols à l’arrivée et au départ. L’agence de presse iranienne Tasnim a rapporté que les autorités avaient suspendu les vols à l’aéroport international Imam-Khomeini, qui n’a pas été touché par les attentats.

Les attentats surviennent après que les USA ont annoncé le retrait du personnel de leurs ambassades et consulats au Moyen-Orient et que le président Donald Trump a laissé entendre qu’une attaque israélienne contre l’Iran pourrait avoir lieu dans un avenir proche. Malgré ces préparatifs, le secrétaire d’État Marco Rubio a déclaré jeudi que « les USA n’étaient pas impliqués dans les frappes ». Pourtant, selon le Times of Israel, l’armée israélienne affirme qu’elle coordonne ses actions avec les USA. Dans sa déclaration, Rubio a indiqué qu’ »Israël nous a fait savoir qu’il pensait que cette action était nécessaire à son autodéfense », ajoutant un avertissement à l’Iran pour qu’il « ne prenne pas pour cible les intérêts ou le personnel USA ».

Un immeuble endommagé sur le boulevard Farahzadi dans la capitale iranienne, Téhéran, à la suite d’Une attaque, le 13 juin 2025. (Photo : Fatemeh Bahrami/Anadolu via Getty Images)

L’attaque israélienne intervient après que les pourparlers entre les USA et l’Iran se sont enlisés en raison des nouvelles exigences des USA concernant le démantèlement total du programme nucléaire iranien. Bien que les responsables usaméricains aient nié avoir participé aux frappes actuelles, l’opération risque maintenant d’entraîner les USA dans une guerre plus vaste, Israël se préparant à de probables représailles iraniennes tout en étendant sa propre campagne d’attaques à l’ensemble de l’Iran.

Bien que l’objectif déclaré de l’opération israélienne soit de faire reculer les efforts nucléaires iraniens, il y a des raisons d’être sceptique quant à cet objectif. Bien avant la vague actuelle de frappes, les services de renseignement usaméricains et d’autres analystes avaient souligné la capacité limitée des frappes israéliennes à détruire ou à faire reculer de manière significative le programme nucléaire iranien. Contrairement aux installations nucléaires qu’Israël a frappées par le passé en Irak et en Syrie, le programme iranien est plus avancé, fortifié et réparti sur un territoire beaucoup plus vaste. Les principales installations nucléaires iraniennes, comme Natanz et Fordow, sont également construites sous des couches de béton et de granit fortifiés - dans certains cas, elles sont littéralement encastrées dans des montagnes - ce qui les rend impossibles à détruire par toute capacité militaire israélienne conventionnelle connue.

L’incapacité probable d’Israël à détruire complètement le programme, malgré sa capacité à frapper diverses cibles en Iran, a conduit certains experts militaires à conclure que le véritable objectif de toute attaque est simplement de donner le coup d’envoi d’une guerre régionale de plus grande ampleur, dont l’issue n’est pas déterminée. Une telle guerre pourrait entraîner les USA en tant que participants, notamment pour défendre Israël contre les représailles iraniennes, même à un moment où des segments de l’administration Trump et de sa base politique intérieure expriment une frustration intense à l’égard de la poursuite des conflits au Moyen-Orient.

« Les gouvernements israélien et américain, ainsi que nos services militaires et de renseignement respectifs, sont pleinement conscients que les frappes aériennes israéliennes sur l’Iran ne vont pas réussir à détruire le programme nucléaire iranien. Il s’agit d’installations souterraines dispersées dans un vaste pays et d’un capital humain qui sait comment reconstruire les choses. Tout au plus, de telles attaques retarderaient les progrès pendant plusieurs mois, voire moins d’un an », a déclaré Harrison Mann, ancien major de l’armée usaméricaine et ex-directeur exécutif de la Defense Intelligence Agency (DIA) pour le centre régional Moyen-Orient/Afrique. « La seule chose que l’on peut réellement obtenir en essayant de bombarder les sites nucléaires iraniens est de provoquer des représailles de la part de l’Iran, ce qui contribuerait à faire dégénérer la situation en une guerre plus importante et à attirer les USA. C’est ce à quoi tend tout effort supposé POUR bombarder le programme nucléaire iranien ».

Mann, qui a démissionné de son poste à la DIA l’année dernière pour protester contre la politique usaméricaine à Gaza, a ajouté qu’une campagne aérienne visant le programme nucléaire iranien nécessiterait probablement l’envoi de troupes au sol pour vérifier si le programme a effectivement été détruit. Elle pousserait également l’Iran à se retirer de son engagement actuel envers le traité de non-prolifération nucléaire (TNP) et à mettre au point une bombe, une mesure dont les responsables iraniens ont déclaré ces derniers jours qu’elle était envisagée au cas où ils seraient attaqués.

« L’Iran n’a jamais fabriqué d’arme nucléaire. C’est un choix que les dirigeants successifs de ce pays ont fait », a déclaré Mann. « Mais le moyen de s’assurer qu’ils essaient de se doter d’une arme nucléaire est de leur faire sentir qu’ils n’ont pas d’autre choix ».


Les marchands yankees de T-shirts ont réagi au quart de tour

Une guerre éternelle

La guerre actuelle a commencé après que les négociations nucléaires entre les USA et l’Iran ont commencé à s’enliser sur la question de l’autorisation pour l’Iran de maintenir l’enrichissement nucléaire à des fins énergétiques civiles. En avril, l’émissaire usaméricain pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, a indiqué publiquement qu’un tel arrangement pourrait être acceptable pour les USA, à condition que l’exigence de Trump que l’Iran ne développe pas d’arme nucléaire soit respectée. Après que les Iraniens ont exprimé leur accord avec ces conditions dans des déclarations publiques, la position usaméricaine a commencé à changer rapidement. Ces derniers jours, Witkoff et d’autres membres de la faction néoconservatrice de l’establishment de la politique étrangère de Washington ont commencé à exiger à la place un démantèlement à la libyenne de l’ensemble du programme nucléaire iranien - une question que Téhéran avait déjà indiquée comme une ligne rouge qui détruirait la possibilité d’un accord diplomatique.

« Les USA récoltent ce qu’ils ont semé en 2018. Nous avions un accord - pas un accord parfait, mais un bon accord que les Iraniens mettaient pleinement en œuvre », a déclaré Sina Azodi, spécialiste des relations internationales et de la politique du Moyen-Orient à l’université George Washington. « Mais Donald Trump est arrivé, s’est retiré de l’accord et a calculé à tort que l’Iran reviendrait et supplierait pour un meilleur accord. Tout ce qu’il pensait s’est avéré faux ».

En fonction de la manière dont le cycle d’attaques et de représailles se déroule, un conflit avec l’Iran pourrait dominer le programme politique de la seconde administration Trump. Les responsables israéliens de la sécurité étaient divisés sur la question de savoir s’il fallait procéder à une attaque sans le soutien des USA, mais ils s’attendent depuis longtemps à ce qu’une confrontation militaire prolongée avec l’Iran nécessite une aide importante des USA, que ce soit sous la forme d’opérations militaires directes, de soutien en matière de renseignement, de logistique ou d’aide à la défense et à la dissuasion contre les contre-attaques de l’Iran et de ses alliés.

Les frappes actuelles, dont le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou a déclaré qu’elles se poursuivraient « aussi longtemps que nécessaire », pourraient bien déclencher le processus d’une guerre plus vaste. Un rapport publié cette année par le Washington Institute for Near East Policy (WINEP), un organisme néoconservateur, a reconnu que les frappes aériennes ne seraient que la première phase d’un conflit beaucoup plus vaste, affirmant que « des actions secrètes et des frappes militaires visant à perturber et à retarder les efforts de reconstruction pourraient s’avérer nécessaires dans les mois et les années suivant une première attaque ».

Trois  des hauts responsables iraniens qui ont été tués : le général Hossein Salami (à gauche), commandant du Corps des gardiens de la révolution islamique, Mohammad Mehdi Tehranchi (au centre), physicien nucléaire et recteur d'université, et Fereydoon Abbasi (à droite), ancien chef du programme nucléaire.

Trois autres victimes : de g. à dr. le 
général de brigade Amir Ali Hajizadeh, commandant de la Force aérospatiale de l'armée des Gardiens de la révolution islamique, le Lieutenant-général Mohammad Bagheri,  chef d'État-major des Forces armées iraniennes et sa fille Fereshteh Bagheri, journaliste

Effets de représailles

L’année dernière, l’Iran a lancé deux barrages de missiles contre Israël à la suite d’autres attaques israéliennes. Mais les analystes de la sécurité affirment que ces attaques ont été soigneusement calibrées et télégraphiées à l’avance afin de gérer le niveau d’escalade et d’éviter qu’une véritable guerre n’éclate.

À la suite des graves attaques israéliennes contre son programme nucléaire, l’Iran est désormais confronté à un choix : capituler, riposter ou se retirer du TNP et se précipiter vers l’arme nucléaire. Compte tenu de la nature des capacités militaires de l’Iran, qui reposent d’une part sur le parrainage de milices non étatiques qui mènent une guerre sous-conventionnelle et d’autre part sur une flotte massive de missiles balistiques et hypersoniques, la capacité de l’Iran à riposter d’une manière mesurée qui crée un effet dissuasif sans entraîner une escalade vers une guerre majeure est limitée.

« Les capacités de frappe de l’Iran sont fortement optimisées pour deux scénarios : des opérations discrètes en deçà du seuil des grandes campagnes militaires, ou une confrontation totale. En avril dernier, son attaque était très performante, alors qu’en octobre, il a décidé de montrer certaines de ses capacités haut de gamme », a déclaré Shahryar Pasandideh, un analyste de la sécurité spécialisé dans les questions de défense. « Mais cette fois, si Israël attaque l’Iran, les Iraniens pourraient riposter en s’attaquant à des cibles qualitativement différentes ».

L’Iran peut également choisir de ne pas riposter de manière soutenue aux attaques d’Israël s’il décide qu’une meilleure riposte serait de se retirer du TNP, d’expulser les inspecteurs nucléaires et de se doter d’une arme nucléaire. Cela signifierait que la réaction cinétique immédiate de l’Iran pourrait être limitée, tandis que le pays se préparerait plutôt à développer une bombe en dehors de toute surveillance internationale.

« Si les sites nucléaires iraniens font l’objet d’attaques de grande envergure et non symboliques, et que les Iraniens décident de se doter d’une arme nucléaire en réponse, il n’est pas très logique de procéder à des attaques de missiles en représailles », a ajouté Pasandideh. « On en revient aux capacités de frappe. Si vous voulez utiliser une arme nucléaire en réponse à une attaque, il serait préférable de limiter vos représailles à une campagne de frappes de missiles d’un ou deux jours, puis de garder le reste de vos forces pendant plusieurs mois ou un an, jusqu’à ce que vous ayez reconstruit ce que vous avez perdu et que vous soyez en mesure d’utiliser une arme nucléaire ».

En fonction de sa durée, la guerre pourrait finir par provoquer des scissions au sein de la coalition de Trump, divisée entre les partisans de l’Amérique d’abord, opposés à de nouvelles guerres au Moyen-Orient, et les néoconservateurs, pour qui l’attaque de l’Iran est un objectif de longue date. Si la guerre se poursuit pendant une longue période, la capacité des USA à éviter un conflit plus important diminuera, et la pression exercée par Israël sur les USA pour qu’ils interviennent et l’aident à poursuivre sa campagne ne fera qu’augmenter.

« Il n’y a pas d’option israélienne viable sans une étroite coordination avec les USA. Toute campagne israélienne de longue durée a besoin des USA dans un rôle central», dit Trita Parsi, vice-présidente exécutive du Quincy Institute for Responsible Statecraft (Institut Quincy pour une gestion responsable des affaires publiques). « Les Israéliens ne sont pas en train de vendre seulement la guerre aux USA, ils leur vendent une guerre sans fin ».

 

Ismael Hammad, Jordanie

12/06/2025

GIDEON LEVY
Sanctionner Ben-Gvir et Smotrich n’est qu’un tout petit pas ridicule pour mettre fin au massacre de Gaza

Gideon LevyHaaretz, 11/6/2025
Traduit par Fausto GiudiceTlaxcala 

Hélas ! Malheur à nous, car nous avons péché : cinq pays ont imposé des sanctions au ministre des finances Bezalel Smotrich et au ministre de la sécurité nationale Itamar Ben-Gvir. La guerre à Gaza va maintenant cesser immédiatement, et peut-être aussi l’occupation, certainement l’apartheid.


 Emad Hajjaj

Smotrich, qui a consacré sa vie à l’étude des œuvres d’Ibsen et aime parcourir les rues d’Oslo, inspiré par les drames, ne pourra plus visiter la Norvège.

Ben-Gvir, l’ornithologue passionné, ne pourra plus traquer le kiwi, cet oiseau fascinant dont l’unique habitat est la Nouvelle-Zélande. Ces deux pays, ainsi que la Grande-Bretagne, le Canada et l’Australie, ont décidé d’infliger à ces deux messieurs une punition qu’eux-mêmes, le gouvernement et l’opinion publique israélienne ne pourront probablement pas supporter. Vilains, vilains, Bezalel et Itamar, tsk, tsk, tsk ! Les deux mauvais garçons d’Israël resteront au coin.

Il est difficile de savoir si les gouvernements de ces pays sont naïfs ou lâches. Se contentent-ils de belles paroles ou croient-ils vraiment que cette punition aura un effet quelconque sur les actions d’Israël ? D’un certain point de vue, cette mesure est certainement la bienvenue. Enfin, les pays prennent des mesures concrètes et pas seulement des paroles en l’air, ce qui pourrait, espérons-le, en appeler d’autres.

Peut-être que ce pas minuscule et ridicule n’est destiné qu’à réveiller un monde qui s’est endormi paisiblement au milieu du massacre de Gaza, et que dans son sillage viendra le déluge. Pourtant, d’un autre point de vue, on ne peut s’empêcher de se moquer. Nous méritons beaucoup plus.

La décision de ces pays se fonde sur un certain nombre de déclarations dégoûtantes de nos deux ministres. Ils se gardent bien de les punir pour leurs actes. Ce n’est pas bien, Bezalel, que tu aies dit Huwara doit être rayé de la carte. “Mort aux Arabes”, Itamar ?

Ben-Gvir, par António Santos, Portugal

Outre ces distinctions entre les mauvais garçons et le bon gouvernement, tous ceux qui menacent d’imposer des sanctions prennent également soin de faire la distinction entre le gouvernement et le peuple. Tout cela est la faute du Premier ministre Benjamin Netanyahou et de son gouvernement, et pas la vôtre, chers Israéliens. Nous voulons maintenir avec vous des relations de “forte amitié” et de “valeurs partagées”. Ce n’est pas tous les jours que l’on a la seule démocratie du Moyen-Orient avec l’armée la plus morale du monde.

Les cinq pays qui ont fait les premiers pas ont rejoint les USA de l’administration précédente, qui ont imposé des sanctions personnelles à deux colons violents et demi. Telle est la contribution usaméricaine qui a précédé la guerre contre l’apartheid. Mais l’apartheid a regardé droit dans le blanc des yeux de ces sanctions, et s’est encore renforcé, de même que la violence des colons.

Il en va de même pour la détermination de Smotrich et Ben-Gvir à être les pires pécheurs. Quatre pays du Commonwealth britannique et la Norvège se sont rendu la vie facile. Ce qu’Israël fait dans la bande de Gaza n’est pas dû à Ben-Gvir et Smotrich. Ils ne sont même pas les principaux coupables. Les blâmer, et eux seuls, relève de l’autosatisfaction et de l’hypocrisie.

La bande de Gaza et Israël attendent désespérément des sanctions internationales qui mettront fin au massacre de Gaza. Nous ne pouvons plus attendre, les marmonnements comme ceux des cinq pays ne suffiront pas. Le massacre ne s’arrêtera pas sans sanctions, et le massacre ne peut pas continuer.

Les sanctions doivent viser l’ensemble du gouvernement, de Netanyahou, qui est poursuivi par la Cour pénale internationale. Les sanctions devraient également viser les officiers militaires et les bureaucrates qui se livrent au massacre à Gaza.

Une majorité d’Israéliens, comme l’indiquent les sondages d’opinion, soutient le massacre et et attendent même le transfert de population qui en découlera. C’est pourquoi la pression et la punition doivent être dirigées contre Israël dans son intégralité.

Et nous ne pouvons pas continuer sans un intermède comique : le big boss de la “résistance israélienne”, Benny Gantz, chef du parti de l’Unité nationale, voit dans la décision de sanctions contre Smotrich et Ben-Gvir “un profond échec moral de la part du monde”. Diplomates et décideurs, vous comprenez ? En Israël, nous sommes tous devenus Ben-Gvir et Smotrich. Nous tous.





ALON IDAN
Détruire Gaza “avec amour” : les nouveaux yoginazis d’Israël

Alon IdanHaaretz, 18/5/2025

Qui a dit que spiritualité et nettoyage ethnique n’allaient pas de pair ? Israël regorge de types spirituels qui considèrent l’anéantissement de l’autre comme une forme d’épanouissement personnel.


Rivka Lafair : même les bébés. Capture d’écran de sa page Facebook

Rivka Lafair est une « animatrice d’ateliers, de rencontres et de sessions de groupe sur des thèmes liés au yoga, professeur de yoga féminin et de développement personnel ». Elle vit dans la colonie de Shiloh dans le sud de la Cisjordanie et se définit comme une “juive fière” qui “sort des sentiers battus”. C’est charmant. Elle souhaite également anéantir et expulser deux millions d’êtres humains dans la bande de Gaza.

Mme Lafair appartient à un courant du judaïsme israélien que l’on peut qualifier de “yoginazis” : des personnes dont le spiritualisme sous-tend le nazisme. Il s’agit d’une sous-strate relativement nouvelle - bien qu’elle ait des racines profondes dans la  culture locale - qui a gagné en popularité depuis le 7 octobre, en grande partie grâce à sa capacité à réunir des concepts qui, à première vue, semblent opposés : spiritualité et anéantissement, autonomisation et expulsion, yoga et famine, retraites et bombardements en tapis.

Lafair est une personne qui croit que « la musique a le pouvoir de modifier notre conscience », mais aussi que l’expulsion et l’anéantissement de deux millions de Gazaouis commencent par « la modification de sa conscience ». Pour réussir ce changement cognitif important, nous devons comprendre que « nous avons un ennemi ici - que nous regardons dans les yeux et que nous éliminons ». Oui, regardez-les dans les yeux - ne le faites pas dans leur dos, car nous devons être en contact direct et sans intermédiaire avec ceux que nous anéantissons.

Et pour qu’il soit clair que par “ennemi”, elle n’entend pas seulement les terroristes du Hamas, elle précise : « Nous sommes déterminés à nous venger et à détruire Gaza. Du nourrisson à la vieille femme ». Elle termine par un verset biblique approprié : « Tu effaceras le souvenir d’ Amalek de dessous les cieux, tu n’oublieras pas ».

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Lafair comprend que les gens aient tendance à être perplexes face à cette dissonance entre spiritualité et anéantissement. Dans l’une de ses vidéos, elle adresse donc « un message à tous ceux qui ne comprennent pas comment il est possible d’être spirituel, d’enseigner le yoga et d’organiser des retraites, tout en appelant à l’expulsion et à l’annihilaSHon [sic] de votre ennemi ».

En effet, sa réponse est simple : « J’aime mon peuple d’un amour indéfectible et je déteste mon ennemi d’une haine indéfectible... L’un ne contredit pas l’autre. On peut être une personne pleine de valeurs et d’amour, et en même temps... on sait aussi ce qui est bien et ce qui est mal, on s’oppose fermement à son ennemi et on sait ce qu’il faut faire de lui ».

Alors, que faut-il faire d’eux ? (SHSHSH... ne le dites à personne.)

***

Et si l’on peut faire abstraction du spiritualisme nazi de Lafair parce qu’il s’agit d’une colonisatrice qui a trouvé une solution efficace pour réaliser l’idée du Grand Israël, il est intéressant de noter qu’il s’agit d’un phénomène beaucoup plus large qui ne se limite pas aux territoires occupés.

Un jour avant la journée de commémoration de l’Holocauste, par exemple, l’humoriste et satiriste Gil Kopatz, qui flirte avec la spiritualité et la religion depuis des années, a posté ce qui suit : « Si vous nourrissez les requins, ils finissent par vous manger. Si vous nourrissez les Gazaouis, ils finiront par vous manger. Je suis favorable à l’extinction des requins et à l’extermination des Gazaouis. Réflexions pour la Journée de commémoration de l’Holocauste 2025 ».

Après la “tempête” suscitée par ce message, Kopatz a publié une mise au point : « Je n’ai pas une once de compassion pour les Gazaouis. Pour les Arabes dans leur ensemble, oui, pour les êtres humains dans leur ensemble, oui, pour les requins, non, et pas pour les bêtes humaines ». Bien entendu, son désir d’éradiquer des millions de personnes n’implique pas qu’il soit une mauvaise personne. En effet, « je me considère comme une personne humaine, libérale et morale », écrit-il. Et pour couronner le tout, il termine son billet par un trait d’humour noir : « Ce n’est pas un génocide, c’est un pesticide, et c’est essentiel ». Une véritable émeute, ça, hein ?


Gil Kopatz : « Ce n’est pas un génocide, c’est un pesticide »

En fait, la majeure partie du vocabulaire spirituel en Israël a été mobilisée au service du yoginazisme. Prenons l’exemple de M., une femme originaire d’une grande ville aisée située à quelques kilomètres au nord de Tel Aviv. Elle dirige un studio décrit comme « un espace agréable, rempli d’inspiration », qui prône trois valeurs : « Créativité. Émotion. Expérience ».

Dans cet espace agréable, elle anime « des groupes de créativité pour les enfants - à partir de quatre ans - et des séances d’accompagnement émotionnel personnel pour les enfants et les jeunes - avec une approche douce, communicative et nourricière ». Tout cela se passe, bien sûr, dans une « atmosphère familiale, chaleureuse et professionnelle » (les personnes intéressées sont « invitées avec amour »).

Pourtant, lorsqu’on fait voir à cette même M. une vidéo montrant un enfant affamé dans la bande de Gaza, elle affirme immédiatement : « Pas crédible. Je suis désolée. J’ai vu comment les clips sont mis en scène - positionnement, maquillage, élaboration d’un scénario ». La même femme qui s’occupe d’enfants « avec une approche douce, connectée et nourricière » explique : « Vous savez quoi ? Même si c’est vrai, après le 7 octobre, je n’ai pas une once de compassion pour qui que ce soit là-bas. Pas même pour les enfants ». Elle ajoute : « ça m’attriste de voir des gens parmi nous partager cette merde, et pire, s’identifier à elle et exprimer leur douleur ».

Pour bien montrer qu’elle n’est pas une personne insensible, elle résume : « La soussignée est une mère, une amoureuse de l’humanité et une personne formidable à tous points de vue ». C’est juste que « le 7 octobre m’a enlevé mon innocence ». Pauvre femme, elle a vraiment du mal.

***

A., elle non plus, n’est pas une colone. Elle vit dans une ville bien établie d’Israël et cherche simplement à trouver un nouveau foyer pour « une chienne extraordinaire !!!! Elle est parfaitement propre, c’est une chienne pleine d’amour qui a besoin d’un foyer chaleureux et aimant ».

Tant d’attention, tant d’amour, tant de compassion. Et pourtant, lorsqu’elle tombe sur la photo d’un enfant de Gaza tué lors d’un bombardement israélien, elle comprend immédiatement que quelqu’un essaie de l’embrouiller et publie un message : « Soyons clairs. S’il n’y avait pas eu de massacre ici, il n’y aurait pas eu de massacre là-bas ! Ce n’est pas l’affaire de la poule et de l’œuf ! !! »

Ensuite, lorsque la poule et l’œuf ne parviennent pas à comprendre ce qu’elle a voulu dire, elle a recours à certaines des « meilleures » calomnies démenties diffusées à la suite de l’horrible massacre – « après que les bébés ont été brûlés, qu’on leur a coupé la tête, qu’on les a mis dans un four » - et elle conclut de manière retentissante : « Il n’y avait aucune raison d’envoyer un conteneur de vêtements pour leurs enfants ».

Bien sûr, elle aussi était autrefois une personne compatissante et sensible – « Ne vous méprenez pas, je pensais exactement comme vous jusqu’au 6 octobre, mais si quelqu’un vient pour vous tuer... c’est une affaire classée. Ils ont commencé et nous finirons !!!" (vous ne voulez pas dire “finiSH” ?).

***

Ils sont nombreux dans l’Israël d’aujourd’hui. Des personnes spirituelles qui considèrent l’anéantissement de l’autre comme une forme de croissance personnelle et l’éradication de l’ennemi comme un renforcement des capacités. Ils vivent dans une grande retraite, où la conscience est si bien réglée que tous les bruits disparaissent, toutes les perturbations sont étouffées, de sorte qu’il ne leur reste qu’eux-mêmes, eux et leur être intérieur - pur, compatissant, non souillé - et qu’ils sont enfin capables de se connecter à ce qui a toujours résidé en eux, attendant d’être révélé : le désir d’annihiler et de détruire des millions de personnes, y compris des enfants, des femmes et des personnes âgées. Avec beaucoup d’amour.




SERGIO RODRÍGUEZ GELFENSTEIN
Fentanyl : l’usage de drogues comme politique

  Sergio Rodríguez Gelfenstein, 12/6/2025

Au cours de la dernière décennie du siècle dernier, après la disparition de l’Union soviétique et la fin de la guerre froide, les USA se sont attelés à la tâche de trouver un nouvel ennemi qui servirait de pivot à la réorganisation de leur politique étrangère et militaire. Dans un premier temps, ils l’ont trouvé dans le trafic de drogue. Après le 11 septembre 2001, ils ont ajouté le terrorisme comme instrument pour organiser leur action interventionniste et agressive dans le monde, afin de soutenir leur hégémonie, en particulier en Amérique latine et dans la Caraïbe.

Dans la pratique, les USA - en plus de chercher une réponse à une question inscrite à l’ordre du jour international - ont ainsi trouvé un moyen de résoudre un problème intérieur, en transférant les coûts politiques à l’étranger. À partir de 1960, l’Anti-Drug Abuse Act a introduit une série de sanctions contre les pays producteurs, ainsi qu’un processus de militarisation de la lutte contre le trafic de drogue. Cela a modifié l’équilibre des pouvoirs en Amérique latine et dans la Caraïbe, affaiblissant les relations entre civils et militaires et affectant la gouvernance et la démocratie, qui avaient été soutenues avec plus ou moins de stabilité. Il s’agissait de la vieille politique “ eaux troubles, profits des pêcheurs” appliquée par Washington pour accroître son contrôle sur la région.

Ángel Boligan, Mexique

En revanche, on a peu parlé en profondeur de l’incapacité des USA à contrôler la demande de drogues afin de déplacer la pression des consommateurs vers les pays producteurs et les pays de transit.  À la fin des années 1980, un obscur sénateur usaméricain de l’État du Delaware, Joe Biden, a déclaré au Congrès qu’en dépit de l’intensification des programmes de lutte contre la drogue, la production de substances psychotropes avait considérablement augmenté : 143 % pour la cocaïne, 84 % pour l’opium et 33 % pour la marijuana. En d’autres termes, l’augmentation des moyens de contrôle de l’offre ne s’est pas accompagnée de programmes de réduction de la demande, ce qui démontre le manque d’intérêt de Washington pour la résolution du problème.

La première consiste à s’approprier les vastes ressources fournies par le commerce de la drogue, dont la majeure partie transite par le système financier usaméricain.  Selon le National Institute on Drug Abuse, à la fin des années 80, la vente annuelle de ces substances dépassait 110 milliards de dollars, dont la majeure partie servait à soutenir les finances des USA, un pays dans lequel - selon la même source - 37% de la population avait consommé une forme de drogue.

Le deuxième objectif est de maintenir la jeunesse abrutie et donc facilement contrôlable afin qu’elle ne pense pas et n’agisse pas face au mal que la société capitaliste génère. Le niveau élevé de stupidité de la jeunesse usaméricaine permet au système de la gérer par le biais du consumérisme, de la banalité, de la superficialité et de l’individualisme, entre autres mécanismes de contrôle sociétal. Dans cette mesure, les jeunes ne seront jamais les acteurs du changement dont la société a besoin. Pour Washington, la question de la drogue n’est pas une question de santé publique, c’est un domaine qui peut être utilisé pour exercer son contrôle, d’abord sur sa propre société, ensuite sur la région et le monde. C’est dans ce but qu’a été créée une organisation appelée Drug Enforcement Administration (DEA), dont l’objectif n’est pas d’empêcher le trafic de drogue, mais plutôt d’organiser, de réguler et de distribuer les revenus et la consommation de manière à servir les deux intérêts susmentionnés.

C’était le cas au siècle dernier et au début de celui-ci. Au cours de cette période historique, la Chine n’était pas un adversaire considérable, surtout tant que l’Union soviétique existait et était identifiée par les deux parties comme un ennemi commun. La disparition de l’Union soviétique a entraîné une ère de chaos systémique, Washington cherchant un nouvel ennemi. Les actions terroristes du 11 septembre 2001 ont amené les deux puissances à reconnaître à nouveau un autre ennemi collectif.

Une fois de plus, une période de rapprochement et de flirt s’est ouverte : les USA parce qu’ils ont entamé leur “guerre contre le terrorisme”, en plaçant le centre de cette dynamique en Afghanistan. Et la Chine, parce que ce pays a des frontières avec Pékin, qui craignait que Kaboul ne mette en place des mécanismes de soutien au Mouvement islamique du Turkestan oriental (ETIM), une organisation reconnue comme terroriste par l’ONU et présente dans la province occidentale du Xinjiang, limitrophe du pays d’Asie centrale qui a produit à un moment donné entre 80 et 90 % des opiacés non pharmaceutiques de la planète. Washington et Pékin étaient à la fois inquiets et mal à l’aise à ce sujet.

Mais la crise financière de 2008 et l’accession de la Chine au rang de puissance mondiale ont donné à Washington le sentiment qu’il fallait accélérer le processus de transformation de Pékin en son principal ennemi en créant de nouveaux instruments. C’est ainsi qu’est née la doctrine du “pivot vers l’Asie” d’Obama, la création du Dialogue quadrilatéral de sécurité (QUAD) formé par les USA, le Japon, l’Australie et l’Inde, l’alliance militaire stratégique entre trois pays de la sphère anglophoneAustralieRoyaume-Uni et USA (AUKUS) et l’alliance de renseignement anglo-saxonne composée des USA, du Royaume-Uni, du Canada, de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande, appelée “Five Eyes”. Autant d’instruments militaires visant à contenir la Chine. Les deux guerres commerciales de Trump (qui ont toutes deux échoué) et les attaques contre Huawei et la technologie 5G de la Chine, entre autres actions menées par les récentes administrations usaméricaines, s’inscrivent également dans cette logique.

C’est dans la continuité de cette escalade contre la Chine que l’on peut comprendre l’argument en faveur de droits de douane plus élevés, motivé par l’“exportation” illégale de fentanyl de la Chine vers les USA. Le fentanyl est un opiacé synthétique qui agit sur les zones du cerveau qui contrôlent la douleur et les émotions. Il a la particularité d’être 80 fois plus puissant que la morphine. En clinique, son délai d’action est d’une minute et la durée maximale de l’effet clinique est de 30 à 60 minutes. 

En raison de ces caractéristiques, il est utilisé en anesthésie, comme analgésique puissant, dans les unités de soins intensifs (USI) pour les patients sous ventilation mécanique en perfusion continue, dans certaines procédures très spécifiques de courte durée et chez les patients souffrant de douleurs chroniques, en particulier dans les contextes oncologiques, sous forme de patchs ou de “sucettes” pour les enfants.

Il a une forte capacité d’accoutumance, de sorte que son utilisation dans d’autres contextes, tels que les services d’urgence, ne serait pas indiquée, car pour maintenir le soulagement de la douleur sur une période prolongée, des doses répétées sont nécessaires, ce qui augmente de manière exponentielle le risque d’accoutumance.

Les sociétés d’anesthésiologie du monde entier travaillent depuis des années sur le risque professionnel pour les travailleurs de la santé et en particulier pour les anesthésiologistes en raison du faible contrôle de ce médicament. La Confédération latino-américaine des sociétés d’anesthésiologie (CLASA) a déclaré qu’au cours des cinq dernières années, en Amérique latine, une cinquantaine d’anesthésistes sont morts d’une overdose de fentanyl. Dans certains pays, depuis plus de 20 ans, les anesthésistes travaillent sur des cas d’accoutumance à cette drogue par des anesthésistes, considérant qu’il s’agit d’une maladie professionnelle, puisque le produit est facile à obtenir et à manipuler.

Pour toutes ces raisons, la “crise du fentanyl” aux USA est très suspecte. La Dre Carla Pellegrín, spécialiste de la thérapie de la douleur consultée pour ce rapport, a trouvé très étrange que, sachant tout cela, il existe des protocoles de gestion de la douleur dans les services d’urgence et les unités d’ambulance aux USA, dans lesquels ce médicament est ouvertement utilisé. La spécialiste chilienne ajoute qu’il est très rare - c’est le moins que l’on puisse dire - que son utilisation soit induite. En fait, lors de la formation des spécialistes dans différents centres d’Amérique latine, les protocoles usaméricains sont suivis et ce médicament est considéré comme le “Gold Standard” (technique de diagnostic qui définit la présence de l’affection avec la plus grande certitude connue) pour la prise en charge de la douleur dans les services d’urgence.

“Le fentanyl est la première cause de mort chez les Américains de 18 à 45 ans”: Panneau publicitaire installé par Families Against Fentanyl sur l'autoroute 57 près d'Orangethorpe Ave, à Placentia, en Californie, le 6 avril 2023. Photo Paul Bersebach / Getty Images

Aujourd’hui, le fentanyl est devenu la cause la plus courante de décès par overdose aux USA. Il y a quelques années, une situation similaire, la crise de l’oxycodone, un autre opioïde très addictif, a été révélée lorsqu’il a été découvert que le laboratoire pharmaceutique qui le produisait avait falsifié l’autorisation de la Food and Drug Administration (FDA) usaméricaine, et il est actuellement impliqué dans un important procès.

La production clandestine de fentanyl est facile et bon marché, ce qui a encore accru son utilisation. Aux USA, en 2022, sur les 115 000 décès par overdose, 73 838 (environ 200 par jour) étaient dus à l’utilisation du fentanyl. La responsabilité de ceux qui prescrivent et de ceux qui encouragent l’usage incontrôlé de ce médicament est clairement engagée. Dans cette mesure, il n’est pas surprenant que cette vague de décès et d’addictions dans les rues des USA ait été calculée pour augmenter les ventes des laboratoires. Cela augmente également la production et la vente de la naloxone, son antidote.

La dépendance aux substances chimiques génère un cercle vicieux dans lequel, après une première période de plaisir, le besoin de consommation se développe pour éviter les symptômes désagréables de la privation jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de plaisir, mais seulement un soulagement des symptômes de la privation. Cela génère une augmentation de la consommation jusqu’à franchir la ligne invisible de l’overdose et de la mort. Comme nous l’avons dit précédemment, il s’agit en fin de compte d’une manière dissimulée de transformer la population en êtres non pensants, ce qui pourrait même être caractérisé comme une forme de génocide.

L’utilisation par le président Trump de cette crise pour justifier l’imposition de droits de douane sur les marchandises en provenance du Mexique, du Canada et de la Chine, transformant cette politique en un instrument de pression à l’égard de ces pays, n’a aucun fondement.

En fait, les décès par overdose ont commencé à diminuer rapidement au début de l’année dernière. Selon un rapport des journalistes Deidre McPhillips et Annette Choi pour CNN en espagnol, sous l’administration Biden « ... le ministère américain de la santé et des services sociaux a lancé une stratégie nationale coordonnée pour prévenir les overdoses. Ces efforts se sont concentrés sur la réduction des risques - comme l’utilisation de bandelettes de test pour le fentanyl, de médicaments inversant la tendance à l’overdose et de sites de consommation supervisée - ainsi que sur la prévention, le traitement et le rétablissement des troubles liés à l’utilisation de substances ». Interrogée à ce sujet, la Dre Sarah Wakeman, directrice médicale principale pour les troubles liés à l’utilisation de substances psychoactives au Mass General Brigham, a déclaré : « Après tant d’années d’efforts et d’attention, le fait de considérer enfin ce problème comme un problème de santé publique commence peut-être à porter ses fruits ».


Cao Zhen, R.P. Chine

Il n’est donc pas compréhensible que si l’application de politiques de santé publique dans le cadre d’actions visant à répondre à la demande commence à fonctionner, elle soit maintenant utilisée pour générer une “guerre tarifaire” dans la poursuite d’objectifs politiques. Dans ce cas, il est clair que les millions de jeunes consommateurs usaméricains ne sont rien d’autre que des cobayes pour la tentative de l’administration actuelle de « rendre à l’Amérique sa grandeur ».

La décision des USA d’augmenter les droits de douane sur le commerce du fentanyl a immédiatement suscité la réaction de l’ambassade de Chine au Mexique, qui a qualifié la mesure d’“arbitraire” et a averti que ces sanctions détérioreraient la coopération entre les deux pays. Pour sa part, la présidente Claudia Sheinbaum, lors d’une conversation téléphonique avec son homologue usaméricain, lui a dit : « Les tarifs douaniers ne sont pas le moyen de résoudre ce problème, qui est un problème de consommation et de santé publique dans votre pays ».

Dans un article de la journaliste Ilaria Landini pour le journal La Nación de Buenos Aires, il est indiqué que « la crise du fentanyl s’est infiltrée dans les entrailles des USA : à la base de l’industrie pharmaceutique, dans les laboratoires clandestins et dans la dynamique de consommation de millions de personnes ».

Consultée par Landini, Guadalupe Correa-Cabrera, professeure de politique et de gouvernement à l’Université George Mason, estime que les mesures prises pourraient avoir l’effet inverse : « Si les précurseurs et les médicaments importés deviennent plus chers, les laboratoires usaméricains pourraient commencer à produire du fentanyl dans le pays pour répondre à la demande », ce qui « loin de résoudre le problème, ne ferait que le transférer à l’intérieur du pays ».

Cette possibilité est rejetée par la DEA. Son fonctionnement et son fondement existentiel reposent sur l’idée que le problème se situe en dehors des USA, et non en leur sein, et que la source de la crise provient de l’augmentation de l’offre, et non de celle de la demande. Tant que la DEA et les différentes administrations usaméricaines feront partie du problème et non de la solution, il n’y aura pas d’issue au problème en vue. Les jeunes USAméricains continueront d’être sacrifiés parce qu’il vaut mieux, pour l’administration, qu’ils meurent plutôt que meure le système qui crée le problème. Au contraire, elles ne travaillent pas pour assurer la santé des jeunes, mais pour donner de l’oxygène au système et ainsi pérenniser les bénéfices de ce 1% qui contrôle et domine la société. 


Virginia Basora-Gonzalez, une Dominicaine de 36 ans sans papiers, avait été arrêtée en 2019 aux USA et déportée pour possession de 40 grammes de Fentanyl. En mars 2025, elle a été de nouveau arrêtée, cette fois-ci à Philadelphie. Sa photo en pleurs a immédiatement été transformée par les services de la Maison Blanche en un meme réalisé par IA dans le style des animations du studio japonais Ghibli. « L'arrestation de Virginia Basora-Gonzalez démontre notre engagement à protéger nos communautés contre les étrangers criminels qui se livrent à des activités illégales graves qui constituent une menace pour la sécurité publique », a déclaré Brian McShane, directeur par intérim du bureau local de l’ICE chargé des opérations d'application de la loi et d'expulsion à Philadelphie, au moment de son arrestation.


SERGIO RODRÍGUEZ GELFENSTEIN
Fentanilo : el uso de la droga como política

  Sergio Rodríguez Gelfenstein, 12-6-2025

Durante la última década del siglo pasado, tras la desaparición de la Unión Soviética y el fin de la guerra fría, Estados Unidos se dio a la tarea de buscar un nuevo enemigo que sirviera de eje para reorganizar su política exterior y su política militar. En primera instancia lo encontró en el narcotráfico. Después del 11 de septiembre de 2001 agregó al terrorismo como instrumento de ordenación de su acción intervencionista y agresiva en el mundo, a fin de sustentar su hegemonía en particular en América Latina y el Caribe.

En la práctica, Estados Unidos -además de buscar respuesta a un tema de la agenda  internacional- encontró de este modo, una salida a un problema interno, trasladando al exterior los costos políticos. Desde 1960 a partir de la Ley Antiabuso de Drogas se introdujo un conjunto de sanciones a los países productores, junto a ello comenzó un proceso de militarización de la lucha contra el narcotráfico. Así, se modificó el equilibrio de fuerzas en América Latina y el Caribe, debilitando además la relación cívico-militar y afectando la gobernabilidad y la democracia que se sostenían con diferentes grados de estabilidad. Era la vieja política de “ a río revuelto, ganancia de pescadores” aplicada por Washington para incrementar su control sobre la región.

Ángel Boligan, México

Por otro lado, poco se ha hablado en profundidad  del fracaso de Estados Unidos en el control de la demanda de drogas a fin de trasladar la presión de los países consumidores a los productores y de tránsito.  A finales de la década de los 80 del siglo pasado, un oscuro senador estadounidense por el estado de Delaware llamado Joe Biden dijo en el Congreso de su país que a pesar que los programas antidrogas se habían incrementado, la producción de sustancias sicotrópicas  había aumentado  de forma considerable: 143% la cocaína, 84% el opio y 33% la marihuana. Es decir, el aumento  de los recursos de control de la oferta no estaban acompañados de programas de reducción de la demanda, todo lo cual manifiesta el desinterés  de Washington por solucionar el problema.

Esto tiene dos razones: la primera, apropiarse de los ingentes recursos que proporciona el tráfico de drogas, la mayor parte de los cuales fluye por el sistema financiero de Estados Unidos.  De acuerdo al Instituto Nacional sobre Abuso de Drogas, a finales de la década de los 80 del siglo pasado,  la venta anual de estas sustancias superaba los 110 mil millones de dólares, la mayor parte de los cuales venía a sostener las finanzas de Estados Unidos un país en el que -según la misma fuente- el 37% de su población había consumido algún tipo de droga.

El segundo objetivo es mantener a la juventud idiotizada y con eso, fácilmente controlada para que no piense ni actúe frente al daño que la sociedad capitalista le genera. Los altos niveles de estupidización de la juventud estadounidense le permite al sistema manejarla a través del consumismo, la banalidad, la superficialidad y el individualismo entre otros mecanismos de control societal. En esa medida, los jóvenes jamás van a ser un actor para el cambio que la sociedad necesita. Para Washington, el tema de la droga no es un asunto de salud pública, es un área utilizable para ejercer su control, en primer lugar sobre su propia sociedad, y en segunda instancia sobre la región y el mundo. Para ello, fue creada una organización llamada Administración de Control de Drogas (DEA), que no se propone impedir el narcotráfico, sino organizar, regular y distribuir el ingreso y el consumo de manera que pueda servir a los dos intereses anteriormente planteados.

Esto ocurría en el siglo pasado y comienzos de éste. En ese período histórico, China no era un adversario considerable, sobre todo mientras existió la Unión Soviética a la que ambos identificaban como enemigo común. Su desaparición trajo una época de caos del sistema mientras Washington buscaba un nuevo enemigo. Las acciones terroristas del  11 de septiembre de 2001 hicieron que ambas potencias nuevamente reconocieran a otro enemigo colectivo.

Nuevamente se inició una etapa de acercamiento y flirteo: Estados Unidos porque comenzó su “guerra contra el terrorismo” ubicando el centro de esta dinámica en Afganistán. Y China porque este país tiene límites con Beijing que veía con preocupación que desde Kabul se pudieran establecer mecanismos de apoyo al Movimiento Islámico del Turquestán Oriental (MITO) organización reconocida como terrorista por la ONU y que tenía presencia en la occidental provincia de  Xinjiang fronteriza con el país del Asia Central que en algún momento llegó a producir entre el 80 y el 90 % de los opiáceos no utilizados en farmacia en el mundo. Washington y Beijing  coincidían en su intranquilidad y desasosiego por este dato.

Pero la crisis financiera de 2008 y el despegue de China hacia su encumbramiento como potencia global le hizo sentir a Washington que debía acelerar su proceso de transformar a Beijing en enemigo principal para lo cual debía crear nuevos instrumentos. Así, surgió la doctrina del “pivote asiático” de Obama, la creación del Diálogo de Seguridad Cuadrilateral (QUAD) formado por Estados Unidos, JapónAustralia e India, la alianza estratégica militar entre tres países de la angloesferaAustraliaReino Unido y Estados Unidos (AUKUS) y la alianza de inteligencia anglosajona integrada por Estados Unidos, Reino Unido, Canadá, Australia y Nueva Zelanda llamada “De los Cinco Ojos”. Todas ellas instrumentos militares orientados a la contención de China. En esa lógica también se inscriben las dos guerras comerciales de Trump (fallidas ambas) y los ataques contra Huawei y la tecnología 5G de China, entre otras acciones llevadas adelante por las últimas administraciones estadounidenses.

Dando continuidad a este escalamiento contra China es que se puede entender el argumento de la subida de aranceles motivado en la “exportación” ilegal de fentanilo de China a Estados Unidos. El fentanilo es un opiáceo sintético que actúa en las áreas del cerebro que controlan el dolor y las emociones. Se caracteriza por ser 80 veces más potente que la morfina. En su uso clínico, tiene un comienzo de acción de un minuto y una duración máxima en su efecto clínico de 30 a 60 minutos.

Por estas características es utilizado en la anestesia, como potente analgésico, en las Unidades de Cuidados Intensivos (UCI) para pacientes en ventilación mecánica en infusiones continuas, en algunos procedimientos muy específicos de corta duración y en pacientes con dolores crónicos, sobre todo en contextos oncológicos , como parches o  “paletas de caramelos” en niños.

Tiene una alta capacidad adictiva, por lo que su uso en otros escenarios, como servicios de urgencias, no estaría indicado ya que para mantener el alivio del dolor en un tiempo prolongado, se requiere repetir las dosis y por tanto aumentar exponencialmente el riesgo de adicción.

Las Sociedades de Anestesiología a nivel mundial vienen desde hace años trabajando en el riesgo laboral que significa para los trabajadores de la salud y especialmente para los anestesiólogos el bajo control sobre este fármaco. La Confederación Latinoamericana de Sociedades de Anestesiología (CLASA)  ha declarado que en los últimos 5 años en América Latina ha habido alrededor de 50 médicos anestesiólogos fallecidos por sobredosis de fentanilo. En algunos países, desde hace más de 20 años  se viene trabajando en casos de adicción a este fármaco por parte de médicos anestesiólogos, sobre la consideración de que esta es una enfermedad laboral, ya que es de fácil obtención y manipulación.

Por todo lo anterior, la “crisis del fentanilo” en Estados Unidos resulta altamente sospechosa. La doctora Carla Pellegrín especialista en terapia del dolor consultada para este informe, opinó que  resultaba muy extraño que, conociendo todo lo anterior, existieran protocolos para el manejo del dolor en los Servicios de Urgencia y en las Unidades de Ambulancias en Estados Unidos en los que se utiliza abiertamente este fármaco. La especialista chilena agrega que es muy rara -por decir lo menos-  la forma en que se ha inducido su uso. De hecho, en las formaciones de especialistas en distintos centros de América Latina, se siguen protocolos estadounidenses en los que este fármaco es considerado el “Gold Standard” (técnica diagnóstica que define la presencia de la condición con la máxima certeza conocida) para manejo de dolor en las urgencias.

"El fentanilo es la principal causa de muerte entre los usamericanos de entre 18 y 45 años": Cartel publicitario instalado por Families Against Fentanyl en la autopista 57 cerca de Orangethorpe Ave, en Placentia, California, el 6 de abril de 2023. Foto Paul Bersebach / Getty Images

Hoy,  el fentanilo se ha convertido en la droga más común en las muertes por sobredosis en Estados Unidos. Hace unos años atrás, una situación similar, la crisis de la oxicodona, otro opiáceo altamente adictivo quedó en evidencia al descubrirse que el laboratorio farmacéutico que lo producía había falseado la autorización de la Administración de Drogas y Alimentos de Estados Unidos (FDA), por lo que  actualmente se encuentra inmerso en un juicio de grandes proporciones.

La producción clandestina de fentanilo es fácil y barata, lo que ha potenciado aún más su consumo. En el año 2022, en Estados Unidos, de las 115.000 muertes producidas por sobredosis, 73.838 (alrededor de 200 diarios) tuvieron su origen en el consumo de fentanilo. Hay una responsabilidad evidente de quienes prescriben y quienes estimulan el uso de este fármaco sin control. En esa medida, no es de extrañar que esta ola de muertes y adicción en las calles de Estados Unidos haya sido calculada, para aumentar las ventas de los laboratorios. Con ello también, incrementar la producción y expendio de naloxona, su antídoto.

La adicción a sustancias químicas, genera un círculo nefasto en que luego de un tiempo inicial en que se siente  placer, la necesidad de consumo se desarrolla en función de no sentir síntomas desagradables de privación hasta el punto en que ya no se siente placer, solo alivio a los síntomas de privación. Esto genera un aumento del consumo hasta atravesar la línea invisible de sobredosis y muerte. Como se dijo antes, es finalmente una forma encubierta de convertir a la población en seres no pensantes lo cual hasta podría ser caracterizado como una forma de genocidio.

La utilización por parte del presidente Trump de esta crisis como una justificación para imponer aranceles a los bienes provenientes de México, Canadá y China transformando esta política  en un  instrumento de presión hacia esos países, no tiene asidero.

De hecho, las muertes por sobredosis comenzaron a disminuir rápidamente a inicios del año pasado. Según un reporte de las periodistas Deidre McPhillips y Annette Choi para CNN en Español, durante la administración Biden “… el Departamento de Salud y Servicios Humanos de Estados Unidos lanzó una estrategia nacional coordinada para prevenir las sobredosis. Estos esfuerzos se han centrado en la reducción de daños —como el uso de tiras reactivas para detectar fentanilo, medicamentos para revertir sobredosis y sitios de consumo supervisado— así como en la prevención, el tratamiento y la recuperación de trastornos por uso de sustancias”. Consultada al respecto la doctora Sarah Wakeman, directora médica sénior para Trastornos por Uso de Sustancias en Mass General Brigham opinó que: “Finalmente tratar esto como una condición de salud pública, después de tantos años de esfuerzo y atención, puede estar empezando a dar frutos”.

Cao Zhen, R.P. China

No se entiende entonces, que si la aplicación de políticas de salud pública como parte de acciones para enfrentar la demanda, comience a dar buenos resultados, ahora se utilice el hecho para generar una “guerra de aranceles” que persigue objetivos políticos. En este caso, no queda más que constatar que los millones de consumidores jóvenes en Estados Unidos no son más que conejillos de indias para que la actual administración intente “hacer grande a Estados Unidos de nuevo”.

La decisión sobre el incremento de aranceles  motivadas en el comercio de fentanilo por parte de Estados Unidos fue respondida de inmediato por la embajada de China en México que calificó la medida como “arbitraria” y advirtió que estas sanciones deteriorarían la cooperación entre ambos países. Por su parte,  la presidenta Claudia Sheinbaum,  en una conversación telefónica con su homólogo estadounidense le dijo: “No es con aranceles como se resolverá este problema, que es de consumo y salud pública en su país”.

En un reporte de la periodista Ilaria Landini para el periódico La Nación de Buenos Aires se señala que “la crisis del fentanilo se infiltró en las entrañas de Estados Unidos: en las bases de la industria farmacéutica, en los laboratorios clandestinos y en las dinámicas de consumo de millones de personas”.

Consultada por Landini , Guadalupe Correa-Cabrera, profesora de política y gobierno en la Universidad de George Mason opina que las medidas tomadas podrían generar el efecto contrario: “Si se encarecen los precursores y las drogas importadas, los laboratorios norteamericanos podrían comenzar a producir fentanilo internamente para suplir la demanda”, lo cual “lejos de resolver el problema, solo lo trasladaría al interior del país”.

Esta posibilidad es rechazada por la DEA. Su funcionamiento y sustento existencial parte de la noción de que el problema está fuera de Estados Unidos, no en su interior y que el origen de la crisis surge de la creciente oferta, no de la creciente demanda. En tanto la DEA y las diferentes administraciones estadounidenses sean parte del problema, no de la solución, el mismo no tiene salida a la vista. Los jóvenes estadounidenses seguirán siendo sacrificados porque para la administración es mejor que mueran ellos antes que muera el sistema que engendra el problema. Al contrario, no trabajan para proporcionar salud a los jóvenes, sino para dar oxígeno al sistema y así darle continuidad a los beneficios de ese 1% que controla y domina la sociedad.


Virginia Basora-González, una dominicana indocumentada  de 36 años ,  fue detenida en 2019 en USA y deportada por posesión de 40 gramos de fentanilo. En marzo de 2025, fue detenida de nuevo, esta vez en Filadelfia. Su foto llorando fue inmediatamente transformada por los servicios de la Casa Blanca en una imagen generada por IA al estilo de las animaciones del estudio japonés Ghibli. «La detención de Virginia Basora-González demuestra nuestro compromiso de proteger a nuestras comunidades de los extranjeros delincuentes que se dedican a actividades ilegales graves que constituyen una amenaza para la seguridad pública», declaró Brian McShane, director interino de la oficina local del ICE encargada de las operaciones de aplicación de la ley y expulsión en Filadelfia, en el momento de su detención.