المقالات بلغتها الأصلية Originaux Originals Originales

13/04/2023

ROSA LLORENS
About Kim Sohee: comment dit-on karoshi en coréen ?
Un film sur le suicide d’une employée de centre d'appel

Rosa Llorens, 13/4/2023

Rosa Llorens est professeure de latin et grec retraitée, critique de cinéma et traductrice, membre du réseau Tlaxcala

La réalisatrice July Jung a à son actif deux films qui se ressemblent beaucoup : dans A girl at my door (2014) comme dans About Kim Sohee, une policière (jouée par la même actrice, Bae Doona) prend sous sa protection une jeune fille persécutée. C’est donc un cinéma très féminin, mais qui ne fait pas de propagande féministe : le sujet de ,About Kim, ce sont  les conditions de travail dans notre « société de services ».La mort de l’héroïne, Sohee, n’est pas un féminicide, mais un « sociocide », c’est-à-dire un meurtre social, causé par le système socio-économique, et le film fait un parallèle très net entre le sort de Sohee en centre d’appel et celui de son ami qui empile des colis pour un équivalent d’Amazon, et qui, lui aussi, semble sur le point de craquer.

 L’itinéraire qui conduit Sohee au suicide par karoshi* est décrit avec une netteté exemplaire : elle est ravie d’avoir décroché un stage et commence son nouveau travail pleine de bonne volonté. Mais on est tout de suite saisi par le caractère inhumain du lieu de travail : on parle de logements-clapiers, ici c’est un bureau-clapier, près de deux dizaines de postes de travail s’entassant sur un petit espace ; chaque poste est uniquement constitué par un ordinateur, agrémenté de post-it ou affichettes rappelant les formules à employer, ou la marche à suivre en cas de situation difficile (ex : un client coriace). Car, une fois devant son ordinateur, la stagiaire devient elle aussi une machine, qui débite des éléments de langage stéréotypés, quels que soient l’interlocuteur et sa situation.

 C’est donc à la lettre un travail aliénant, mais c’est en outre un travail malhonnête : les stagiaires doivent surtout traiter des demandes de résiliation de contrat, non pas en rendant le service demandé, mais en essayant obstinément de « dissuader » le client : on met en avant le coût d’une résiliation anticipée, on fait miroiter d’autres offres avantageuses, on harcèle le client en le rappelant jusqu’à plus de vingt fois, avant de faire droit à sa demande. Cette escroquerie place bien sûr les employées dans des situations pénibles, qu’elles se fassent insulter, y compris sexuellement, ou qu’elles se heurtent à un scepticisme méprisant, ou qu’un client s’effondre, en larmes, lorsqu’il donne pour cause de sa demande la mort d’un enfant.

À cela s’ajoute la pression exercée par les cadres-surveillants, du fait de la concurrence entre centres, et, dans un même centre, entre équipes : le seul ornement sur les murs consiste en tableaux recouverts de chiffres et donnant les performances des divers centres et équipes. Les seules raisons de s’appliquer dans son travail sont la crainte de nuire à son équipe par de mauvais résultats individuels, et, au contraire, la perspective de primes. Mais Sohee va se rendre compte que les dés sont pipés : le contrat de travail permet en fait à l’employeur de faire à peu près ce qu’il veut, et les primes ne sont payées qu’au bout de plusieurs mois, pour éviter que les stagiaires ne démissionnent trop vite. C’est cette dernière avanie qui met Sohee hors d’elle : ayant agressé sa supérieure, elle est mise à pied pour plusieurs jours, mais, à la veille de son retour au « travail », elle préfère se suicider.

Cette première partie du film fonctionne comme un dossier, presque un documentaire sur les conditions de travail en centre d’appel. Mais la deuxième partie va encore alourdir le réquisitoire en pointant les responsabilités, grâce à l’intervention d’une inspectrice de police chargée de l’enquête sur la mort de Sohee, Joo-jin ; elle est constituée d’une série d’interrogatoires au fil desquels Joo-jin remonte de plus en plus haut dans la chaîne des responsabilités : la cadre qui surveillait son troupeau de stagiaires, le responsable de l’agence, le directeur, puis le responsable du lycée professionnel qui envoie ses élèves en stage avant de leur remettre leur diplôme, et qui explique que le budget alloué à l’établissement dépend de son taux de stagiaires placés en entreprise, et, finalement, la responsable des stages au Ministère de l’Education, qui doit elle aussi respecter la règle de mise en concurrence vu le budget dont elle dispose – c’est là la véritable « banalité du mal » : tous les échelons du système sont interdépendants et personne n’est coupable. Pour essayer de changer le moindre règlement, Joo-jin devrait engager des poursuites contre le Ministère et tout le gouvernement !

C’est là que se révèlent les limites du film : cette remarquable démonstration aboutit à un constat d’impuissance absolue. Aussi le film prend-il une nouvelle tournure qui va en s’accentuant : le pathétique (ainsi les parents font-ils une deuxième visite à la morgue, qui n’apporte rien, mais permet de verser des flots de larmes). L’inspectrice, qui se présente d’abord comme une dure à cuire, devient de plus en plus sensible : comme, dans les histoires usaméricaines de serial killers, le profiler s’efforce de s’identifier à l’assassin pour mieux l’identifier, ici, elle s’identifie à la victime, refaisant son itinéraire et jusqu’à ses gestes du jour du suicide, et le film se termine par un « rosebud » : le portable de Sohee ayant été retrouvé, Joo-jin regarde une vidéo où Sohee se livre à sa passion : la street dance, et verse des larmes sur elle et ses possibilités inexploitées. Et ces pleurs font office d’hommage et de dédommagement pour la victime, faisant oublier qu’elle ne pourra rien faire de plus.

On aurait pu être tenté d’évoquer Ken Loach (The Navigators, pour les conditions de travail criminelles, ou Moi, Daniel Blake pour les suicides sociaux, qu’ils soient dus au travail ou au chômage) ; mais il manque dans About Kim un élément essentiel : l’appel à l’action collective (dont Looking for Eric est emblématique). July Jung ignore totalement cette possibilité ; mais est-ce une possibilité en Corée du Sud, après 80 ans d’occupation usaméricaine ? Le film peut du moins servir de mise en garde : voilà à quoi on aboutit en copiant servilement, et implacablement, les règles de management usaméricaines**.

 NdE

*Karōshi (過労死, littéralement « mort par dépassement du travail ») désigne la mort subite de cadres ou d'employés de bureau par arrêt cardiaque, AVC ou suicide à la suite d'une surcharge de travail, d'un surmenage ou d'un stress associé trop important. Il est reconnu comme une maladie professionnelle au Japon depuis les années 1970.

**Les centres d’appel, dont le premier est apparu en 1965 à Birmingham (Royaume-Uni), sont appelés call centers (USA) ou centres (RU) depuis 1983. En 2017, 35 000 personnes y travaillaient en Corée du Sud, dont 80% de femmes. Leurs collègues sont 3,5 millions aux USA, plus d’1,5 million en Inde , 1,1 million aux Philippines. Le Liban, la Tunisie, le Maroc et le Sénégal comptent chacun des dizaines de milliers d’employé·es. Le nombre mondial d’employé·es a augmenté de 126 000 en 2022. Généralement, le turn-over et l’absentéisme atteignent des niveaux record et les syndicats en sont absents ou y sont faibles. À la différence des coursiers-livreurs, dont le travail exige une grande mobilité physique et qui ont pu s’organiser un peu partout, les « centercalleur·ses » sont condamné݇·es à l’enfermement et à l’immobilité physique, à la plus stricte « confidentialité » et doivent laisser leurs téléphones, tablettes etc., personnels dans des boxes fermés à l’extérieur du local de travail, ce qui entrave oftrement leurs possibiltés d'organisation et de lutte.

12/04/2023

FAUSTO GIUDICE
Malika wurde im Alter von 8 Jahren von einem französischen Gendarmen getötet: 50 Jahre danach, lebt sie wieder in einem Buch wie ein Faustschlag in den Magen

Fausto Giudice, 11. April 2023
Übersetzung von Helga Heidrich überprüft

I. Präludium

Zugegeben: Meine Generation, die Generation der 68er-Babyboomer, neigt im Allgemeinen dazu, die Generation der Millennials, die Generation ihrer EnkelInnen, herablassend zu betrachten. Oder zumindest ist es so, dass diese und jene oft unsere Veteranenhaltung wahrnehmen.

Ich selbst verurteile nie jemanden, und das hat mich letztendlich viel gekostet. Verrat und Verleumdung sind das allgemeine Los der Menschen, sobald sie eine Gesellschaft bilden. Und ich kann diejenigen meiner jungen FreundInnen, die den Weg der enttechnologisierten Einsiedelei in den Bergen wählen, sehr gut verstehen. Ich habe angefangen, darüber nachzudenken und davon zu träumen, Landgemeinden zu gründen, in denen alle elektronischen oder sogar elektrischen Gegenstände am Eingang unter Bewachung zurückgelassen würden.

Inzwischen verbringe ich zu meiner zunehmenden Verzweiflung einen zu großen Teil meiner verbleibenden Lebenszeit vor meinen Bildschirmen und auf meinen Tastaturen. Vor 25 Jahren haben meine Eingeweide dagegen rebelliert und angefangen zu bluten. Ich habe es geschafft, durch ein unerklärliches Wunder zu überleben. Der Chirurg, der mich das zweite Mal operierte, erzählte mir, dass er, als ich auf dem Operationstisch lag und mein Blutdruck auf null gesunken war, zum Team sagte: „Ich hole mir einen Imbiss, ich denke, wenn ich zurückkomme, wird es mit ihm vorbei sein“. Und wie erstaunt war er, als er bei seiner Rückkehr aus der Kantine feststellte, dass der Itaker noch atmete. Er erklärte mir die medizinische Hypothese, dass meine Blutung im Verdauungstrakt auf das Mallory-Weiss-Syndrom zurückzuführen sei. Das hat mir echt geholfen! Ich antwortete ihm, dass ich meiner Meinung nach eher das Syndrom der virtuellen Revolution auf dem Macintosh hatte. 

Der Schlag, der mir den Rest gegeben hatte, war ein völlig verkorkster Plan einer Gruppe von Idioten aus Marseille, Avignon und Umgebung gewesen, eine „Karawane nach Palästina“ zu machen. Ich fand schnell heraus, dass sie nicht nur abgrundtief ignorant, sondern - das gehört in der Regel dazu - auch furchtbar eingebildet waren. Kurz gesagt: Keine Karawane, weder nach Palästina noch irgendwo anders hin als ins Krankenhaus.

Als ich vor 12 Jahren wieder ins Land zurückkehrte, in dem ich aufgewachsen bin, ohne Fernseher, ohne Computer (den gab es nicht), ohne Handy (das Festnetztelefon meiner Eltern, das in meinem Zimmer stand, klingelte fast nie), erlebte ich einen Schock, eine ganze Reihe von Schocks: In der Medina waren ganze Straßen mit Handwerkern verschwunden, in der Malta-Sghira-Strasse waren alle Schmiedeeisenhandwerker durch Händler ersetzt worden, die schlecht verarbeitete Möbel aus billigem Holz (die Liegestühle, die ich kaufte, hielten kein Jahr) und aus Plastik anboten, und auf dem Zentralmarkt waren die schönen roten Tomaten geschmacklosen orangefarbenen Tomaten aus Hybridsamen made in EU gewichen, die für die EU bestimmt waren. Und acht der zwölf Millionen Einwohner des Landes hatten einen Facebook-Account. Da Telefonabonnements oft mit einem Facebook-Konto gekoppelt sind, kennen viele NutzerInnen (oder Ausgenutzte?) vom Internet nur facebook, wadzapp, youtube, telegram oder jetzt auch tiktok. 

Und es ist überall dasselbe, von Medellín bis Nablus, von Soweto bis Dschebel Lahmar. Ich habe während der Wahlkämpfe, die ich in meinem „Land der Rückkehr“ miterlebt habe, kein einziges Plakat gesehen, das an einer Wand klebte. Keiner der Hunderten von Menschen unter 45 Jahren, die ich in diesen 12 Jahren kennengelernt habe, hat in seinem Leben jemals ein Flugblatt geschrieben und vorbereitet, um es um 5 Uhr morgens an einem Fabriktor oder um 8 Uhr an einem Hochschul-Tor oder um 12 Uhr mittags auf einem Markt oder um 18 Uhr am Ausgang eines Kaufhauses zu verteilen. Kurzum, in wenigen Worten: Wir haben uns vom collé-serré [dicht geklebt, ein Art „schmutziges Tanzen] meiner Jugend zum heutigen copy-paste-post-like-buzz entwickelt. Und die drei Dutzend Giftzwerge, die versuchen, unserem implodierenden Planeten das Gesetz zu diktieren, arbeiten mit Hochdruck (bzw. lassen ihre Haitech-Sklaven schuften) daran, uns nicht mehr zu brauchen, uns also zu vernichten, während sie gleichzeitig ihre Flucht vorbereiten, auf den Mond oder den Mars oder sonst wohin. Vor einigen Jahren gelang es einem genialen Betrüger, Besitzurkunden für Siedlungen auf dem Mond an Israelis zu verkaufen, die spürten, dass das zionistische Projekt endgültig gescheitert war und sie keine andere Wahl hatten, als den Mond zu kolonisieren. Dort waren sie sich zumindest sicher, dass sie sich auf garantiert araberreinem Gebiet befinden würden.

II.                Malika und Malika

Am 5. Juni 2021 erhalte ich eine Mitteilung von Yezid Malika Jennifer: „Guten Abend, Sir. Danke für die Hommage an meine Tante Malika Yezid, die 1973 von Gendarmen getötet wurde [emoji] Guten Abend.“

Am 7. Juni eine zweite Mitteilung:


 „Die Kleine da unten war Malika.

Ich habe Ihr Buch gelesen und als ich den Namen Yezid gesehen habe, der auch mein Name ist, hat mich das im Herzen berührt. Denn diese Geschichte hat meine Familie zerstört. Meine Großmutter hat mir diese Geschichte erzählt. All die (Polizei-)übergriffe, die zerrissenen Familien, es ist schrecklich.  All diese Namen der Opfer: Man darf nie vergessen. Schönen Tag noch“.

 Sie bezog sich auf Folgendes:

 „Am Sonntag, dem 24. Juni, griffen Gendarmen in Fresnes auf der Suche nach einem 14-jährigen algerischen Jungen, der ihnen entwischt war, dessen kleine Schwester an. Malika Yazid spielte im Hof der Übergangswohnsiedlung Les Groux in Fresnes, in der sie lebte. Sie ging in die Wohnung, um ihren Bruder zu warnen. Die Gendarmen stürmten in die Wohnung.

Nachdem einer von ihnen Malika eine Ohrfeige gegeben hatte, schloss er sie in einem Zimmer ein, um sie zu „verhören“. Eine Viertelstunde später kommt Malika aus dem Zimmer und bricht auf dem Boden zusammen. Sie stirbt vier Tage später im Krankenhaus Salpétrière, ohne aus dem Koma erwacht zu sein.“

Dies sind die elf Zeilen, die ich der kleinen Malika widmete, die im Alter von acht Jahren von einem Gendarmen zu Tode geohrfeigt wurde, in diesem schrecklichen Sommer 1973, der härtesten Sequenz der zwei Jahrzehnte der Arabizide, die ich in meinem Buch mit diesem Namen, das 1992 erschien, rekonstruiert habe. Dieses Buch war eine Selbstverständlichkeit gewesen, die sich während der Arbeit an meinem vorherigen Buch, Têtes de Turcs en France, das 1989 als französische Folge von Günter Walraffs Ganz Unten erschienen war und einen gewissen Erfolg hatte (über 25.000 verkaufte Exemplare, damals las man noch auf Papier gedruckte Bücher), herauskristallisiert hatte. Eine schmerzhafte Erkenntnis: Es war unmöglich, auch nur ein einziges Kapitel von Têtes de Turcs (in dem jedes Kapitel ein Beispiel für die Apartheid nach französischem Vorbild beschrieb: Arbeit, Gesundheit, Schule, Wohnung usw.) den damals so genannten „rassistischen Verbrechen“ zu widmen. Es gab einfach zu viele davon. Daher hatte ich beschlossen, ihnen ein eigenes Buch zu widmen. Zwei Jahre lang war das Wohnzimmer meiner Bruchbude in Ménilmontant mit einem langen Brett auf zwei Stühlen abgesperrt, auf dem sich die gelben Aktenmappen nach Fällen und Jahren aufhäuften. Kurz gesagt, ein materielles Vorspiel (Holz, Tinte, Papier) für die Excel-Tabellen der nahen Zukunft.

Am Ende hatte ich 350 Fälle binnen 21 Jahren, das heisst 16,6 pro Jahr, 1,3 pro Monat. Das waaren Peanuts im Vergleich zu den Negriziden in den USA. Aber um Himmels willen, wir sind hier nicht bei den Yankees, wir sind in der Wiege der Menschen- und Bürgerrechte, alle Menschen sind frei und gleich an Rechten geboren usw. usw., die gerade auf den Champs-Élysées mit der Parade von Jean-Paul Goude zum 200. Jahrestag der Großen Revolution mit großem Pomp gefeiert wurden! Ich muss zugeben, dass ich im Laufe dieser zwei Jahre intensiver Ermittlungsarbeit mehr als einmal von Depressionen und Fluchtgedanken geplagt wurde, vielleicht nicht auf den Mond, aber auf jeden Fall weit weg von Madame la France, wie die MaghrebinerInnen sagten (in Anspielung auf den 100-Francs-Schein mit dem Bildnis der halb enthüllten Freiheit, die das Volk anführt).

Die schlimmsten Momente waren die Gerichtsverhandlungen, in denen arme arabische Familien einen zweiten Tod erlebten, der ihnen von der Mehlmäulerfront zugefügt wurde: Richter, Staatsanwälte, Verteidiger und Angeklagte Hand in Hand, und die Geschworenen - wenn es sich um Assisen handelte - völlig sprach- und fassungslos. Ich habe nie gehört, dass ein Geschworener während eines dreitägigen Prozesses auch nur ein Wort gesagt hat. Man fragt sich, wozu diese sog. Volksgeschworenen überhaupt da sind.

Malikas Familie musste das nicht durchmachen: Der Fall wurde schnell zu den Akten gelegt. Aber auch sonst blieb ihr nichts erspart. Jennifer Malika Fatima ist eine der beiden einzigen Überlebenden der Familie, die durch Hogra (Verachtung, Herabstezung), Drogen, Kriminalität und hinter all dem die Übergangssiedlung dezimiert wurde. Die Übergangssiedlung Les Groux in Fresnes, nur einen Steinwurf vom Knast entfernt („praktisch“, wie ihr Onkel Nacer, der einzige andere Überlebende, feststellt, der ihn gekostet hat), ein Provisorium, das sich in die Ewigkeit zog. Nach dem Selbstmord ihrer Mutter wurde sie zusammen mit ihrer Großmutter ihrem Schicksal überlassen und mit 18 Monaten in eine vollblutgallische Pflegefamilie gesteckt. Dort blieb sie 30 Jahre lang und entkam schließlich ihrem Schicksal, nachdem sie an allen üblichen Gefahren vorbeigeschrammt war, die auf Kinder aus rassisierten gefährlichen Klassen lauern.

Und nun kommt am 7. April IHR BUCH heraus! Ein wahres Ereignis! Ich will es nicht verderben, sondern nur so viel sagen: Dieses Buch ist bis heute die beste mir bekannte Erfüllung des Wunsches, den ich mir bei der Veröffentlichung meines eigenen Buches Arabicides gemacht hatte. Ich war mit dem Endergebnis meiner Arbeit nicht zufrieden, ich träumte von Truman Capotes Kaltblütig, der jahrelang mit zwei jungen Mördern in ihrem Todestrakt verkehrt hatte und daraus ein Meisterwerk herausgebracht hatte. Und ich hätte gerne Täter von Arabziden und ihre Angehörigen ausgequetscht, aber ich fand keine. Aber gut, ich war nicht Truman Capote, La Découverte war kein großes New Yorker Haus, das Detektive bezahlen konnte, ich war nur ein obskurer, „islamolinksradikaler“ Journalist, Italiener („Ach! Sie sprechen aber gut Französisch“ – „Du sagts es, Du Arsch, Französisch ist unsere Kriegsbeute“), herausgegeben von einem Verlag mit glorreicher Vergangenheit (François Maspero), aber kritischer Gegenwart (er sollte später von einem multinationalen Konzern aufgekauft werden), kurzum, ich hatte mir gesagt, dass meine Arbeit ein Mindestdienst an den künftigen Generationen sei, die diese Geschichte hinterfragen und darin graben wollen würden.

Dreißig bis fünfzig Jahre später ist genau das passiert. Es sind immer die dritten Generationen, die die Vergangenheit aus der Versenkung holen: Das gilt für die Armenier, die europäischen Juden und alle anderen. Es ist die Generation der Enkelkinder der Opfer massiver, konzentrierter oder verdünnter staatlicher Verbrechen, die die kollektiven traumatischen Erfahrungen wiederbelebt und an die nachfolgenden Generationen weitergibt. Jennifer Malika Fatimas Buch ist meines Wissens das erste dieser Art, das auf den Erinnerungen, Gesprächen und unglaublichen Archiven beruht, die ihre Großmutter, eine (angeblich) analphabetische Kabylin, sorgfältig aufbewahrt und geordnet hat.

Es ist keine akademisch formatierte Doktorarbeit, die für den Durschschnittmenschen in der Regel unlesbar ist, wenn sie ihm überhaupt zugänglich ist. Es ist ein Schlag, den man in den Magen bekommt. Sobald ich es erhielt, schluckte ich es mit Haut und Haaren und war nach zwei Stunden fertig. Dann flüchtete ich mich groggy in ein Wiederkäuen für einige Wochen. Zeit, um zu verdauen. Dies ist das Ergebnis meiner Verdauung, da ich mir vorgenommen hatte, diese unkonventionelle Buchbesprechung zum Erscheinen des Buches am 7. April zu veröffentlichen.

Das Buch, bei dem Jennifer Malika Fatima von der Schriftstellerin Asya Djoulaït bei der Formatierung des Manuskripts und dem Historiker Sami Ouchane bei der Präsentation der Dokumente aus den Archiven - die nicht versucht haben, ihr eine akademische Formatierung aufzuzwingen - auf schwesterliche/bruderschaftliche und respektvolle Weise unterstützt wurde, ist wunderbar mit einem Nachwort der lieben Rachida Brahim versehen, einem weiteren leuchtenden Sternchen der neuen Generationen, zu denen ich mir gesagt hatte, dass mein Buch sprechen könnte. Das Buch wurde sorgfältig und vorbildlich von einem jungen feministischen Verlag in Marseille herausgegeben, Hors d'atteinte [Ausser Reichweite], den ich mit Begeisterung entdeckt habe und dessen Katalog meine Speicheldrüsen so sehr durcheinander gebracht hat, dass ich morgen einen Termin bei meinem Zahnarzt habe, um eine Mukozele entfernen zu lassen.

Bravo, meine Damen, Sie haben mich endgültig von jeder Versuchung zur Herablassung geheilt. Ich glaube, wir gehören derselben Spezies an: der Spezies der Menschen, die nicht wissen, wovon man redet, wenn man sagt: Renten. Ich möchte mit dem Satz Nietzsches schließen, der mein Buch beendete: „Der Mensch des langen Gedächtnisses ist der Mensch der Zukunft“.

Zögert also nicht und eilt zu Eurer örtlichen Buchhandlung (vergisst bitte Amazonzon*!) und bestellt das Buch, wenn Ihr Französisch lesen könnt (es wird von Harmonia Mundi vertrieben). Wenn nicht, werdet Ihr auf eine deutsche Fassung warten müssen. Wir arbeiten daran. Interessierte Verlage können sich an tlaxint[at]gmail.com  wenden.

 

Papier Großformat 15€ - Elektronisch 11,99€

Anmerkung

*Zonzon ist ein altes französisches Wort, das Summen bedeutet, aber in der französischen Umgangssprache als Substantiv Knast (durch Apherese von prison) und als Adjektiv meschugge bedeutet. Und tasächlich ist das Imperium von Jeff Bezos ein summender Knast.

11/04/2023

FAUSTO GIUDICE
50 anni dopo, la rinascita di Malika, uccisa all’età di 8 anni da un gendarme francese: un libro pugno allo stomaco

Fausto Giudice, 11 aprile 2023

I.                Preludio

Ammettiamolo: la mia generazione, quella dei babyboomers sessantottini, ha una tendenza generale a guardare con condiscendenza la generazione dei millenials, quella dei loro nipoti. O almeno è così che loro spesso percepiscono i nostri atteggiamenti da veterani.

Io stesso non giudico mai nessuno, e alla fine mi è costato caro. Il tradimento e la calunnia sono la sorte comune degli esseri umani non appena formano una società. E capisco perfettamente i miei giovani amici che scelgono la strada dell’eremitaggio de-tecnologizzato in montagna. Ho iniziato a pensarci e a sognare di creare comunità rurali in cui qualsiasi oggetto elettronico o addirittura elettrico venga lasciato sotto sorveglianza all’ingresso.

Nel frattempo, trascorro, con crescente disperazione, troppo del tempo che mi resta da vivere davanti ai miei schermi e alle mie tastiere. Venticinque anni fa, le mie viscere si sono ribellate a tutto questo e hanno cominciato a sanguinare. Me la sono cavata, per un miracolo inspiegabile. Il chirurgo che mi ha operato la seconda volta mi ha raccontato che quando ero sul tavolo e la mia pressione sanguigna era scesa a zero, ha detto all’équipe: “Vado a fare uno spuntino, penso che quando tornerò sarà passato”. E quale fu la sua sorpresa quando, tornando dalla mensa, scoprì che il Rital respirava ancora. Mi spiegò l’ipotesi medica che la mia emorragia digestiva fosse la sindrome di Mallory-Weiss. Questo mi fu di grande aiuto. Gli dissi che secondo me ero stato vittima della sindrome della rivoluzione virtuale sul Mcintosh. Il colpo che mi aveva stroncato era stato un progetto totalmente fuoritesta di un gruppo di cretini di Marsiglia, Avignone e dintorni di fare una “carovana verso la Palestina”. Ho subito scoperto che non solo erano abissalmente ignoranti, ma anche - e questo di solito va di pari passo - terribilmente pretenziosi. In breve, nessuna carovana, né in Palestina, né in nessun altro luogo se non l’ospedale.

Tornato da 12 anni nel paese in cui sono cresciuto, senza televisione, senza computer (non esisteva), senza cellulare (il telefono fisso dei miei genitori, che era in camera mia, non squillava quasi mai), ho avuto uno shock, una raffica di shock: nella Medina erano scomparse intere strade di artigiani, in via Malta Sghrira tutti gli artigiani del ferro battuto erano stati sostituiti da mercanti di mobili in legno scadente (le sedie a sdraio che ho comprato non sono durate un anno) e plastica, e nel mercato centrale i bei pomodori rossi avevano lasciato il posto a insipidi pomodori arancioni, provenienti da semi ibridi prodotti nell’UE e destinati all’UE. E otto dei dodici milioni di abitanti del Paese avevano un conto fesbuc. Poiché gli abbonamenti telefonici sono spesso abbinati a un account fesbouc, molti utenti (o usati?) conoscono della rete solo fesbuc, wadzapp, youtube, telegram o, ora, tiktok. Ed è così ovunque, da Medellin a Nablus, da Soweto a Jebel Lahmar. Durante le campagne elettorali a cui ho assistito nel mio “Paese del ritorno”, non ho visto un solo manifesto attaccato a un muro. Nessuna delle centinaia di persone sotto i 45 anni che ho conosciuto in questi 12 anni ha mai scritto e preparato un volantino in vita sua, per distribuirlo alle 5 del mattino davanti al cancello di una fabbrica, o alle 8 davanti al cancello di una scuola superiore, o a mezzogiorno in un mercato, o alle 18 all’uscita di un grande magazzino. Insomma, in poche parole, siamo passati dal collé-serré [incollato-stretto, modo di ballare] della mia giovinezza al copia-incolla-invia-liki-buzzi di oggi. E le tre dozzine di bastardi che stanno cercando di fare la legge sur nostro pianeta che sta implodendo lavorano duramente (o meglio, fanno lavorare duramente i loro schiavi haitech) per assicurarsi di non avere più bisogno di noi, annientandoci, mentre preparano la loro fuga, sulla Luna o su Marte o altrove. Qualche anno fa, un geniale truffatore è riuscito a vendere titoli di proprietà di appezzamenti di terreno sulla luna a israeliani che sentivano che il progetto sionista stava definitivamente fallendo e che non avevano altra scelta che colonizzare la luna. Lì, almeno, erano sicuri di trovarsi in territorio garantito araberrein [pulito dagli arabi.

II.           Malika e Malika

Il 5 giugno 2021 ho ricevuto una notifica da Yezid Malika Jennifer: “Buonasera signore. Grazie per l’omaggio a mia zia Malika yezid uccisa nel 1973 dai gendarmi [emoji] buona sera”.

Il 7 giugno, secondo messaggio:



La piccola di sotto era Malika.

Ho letto il suo libro e quando ho visto il nome yezid, che è anche il mio nome, mi ha toccato il cuore. Perché questa storia ha distrutto la mia famiglia. Mia nonna mi ha raccontato questa storia. Tutti questi abusi polizieschi, queste famiglie distrutte, è orribile.  Tutti questi nomi di vittime: non dobbiamo mai dimenticare. Buona giornata.

Ecco a cosa si riferiva:

“Domenica 24 giugno (1973), i gendarmi di Fresnes, alla ricerca di un quattordicenne algerino fuggito, hanno aggredito la sua sorellina. Malika Yazid stava giocando nel cortile della cité de transit dei Groux, dove viveva a Fresnes. È salita nell'appartamento per avvertire il fratello. I gendarmi hanno fatto irruzione nell'appartamento.

Uno di loro, dopo aver dato a Malika uno schiaffo, si rinchiude con lei in una camera per un “interrogatorio”. Un quarto d'ora dopo, Malika esce dalla stanza e crolla sul pavimento. Muore quattro giorni dopo all'ospedale Salpétrière senza essere uscita dal coma.”

Sono le undici righe che ho dedicato alla piccola Malika, uccisa a schiaffi da un gendarme all’età di otto anni, in quella terribile estate del 1973, la sequenza più dura del ventennio arabicida che ho ricostruito nel libro che porta questo nome, pubblicato nel 1992. Questo libro era stato una scelta ovvia, fatta durante il lavoro sul precedente, Têtes de Turcs en France, pubblicato nel 1989, che aveva avuto un discreto successo (più di 25.000 copie vendute, all’epoca si leggevano ancora libri stampati su carta). Era dolorosamente evidente che era impossibile dedicare un capitolo solo di Têtes de Turcs (ogni capitolo descriveva un esempio di apartheid alla francese: lavoro, sanità, scuola, casa, ecc.) a quelli che allora venivano chiamati “crimini razzisti”. Ce n’erano stati troppi. Decisi quindi di dedicarvi un libro a parte. Per due anni, il soggiorno del mio tugurio a Ménilmontant è stato bloccato da una lunga tavola appoggiata su due sedie, su cui erano ammassate le cartelle gialle per caso e per anno. Insomma, un preludio materiale (legno, inchiostro, carta) alle tabelle Excel del prossimo futuro.

Alla fine ne avevo 350 in 21 anni, ovvero 16,6 all’anno, 1,3 al mese. Un’inezia rispetto ai negricidi in AmeriKKKa. Ma per carità, non siamo dagli yankees, siamo nella culla dei Diritti dell’Uomo e del Cittadino, tutti gli uomini nascono liberi e uguali nei diritti ecc. ecc. che abbiamo appena celebrato in pompa magna sugli Champs-Élysées con la parata di Jean-Paul Goude per il Bicentenario della Grande Rivoluzione! Confesso che in quelli due anni di intenso lavoro investigativo, più di una volta ho rischiato la depressione e la fuga, forse non sulla luna, ma comunque lontano da Madame la France, come dicevano i magrebini (in riferimento alla banconota da 100 franchi con l’effigie della Libertà dal seno scoperto che guida il popolo).

I momenti più difficili sono stati i processi, dove le povere famiglie arabe hanno sperimentato una seconda morte, inflitta dalla fronte degli infarinati: giudici, pubblici ministeri, avvocati difensori e imputati mano en la mano, e giurati - quando si trattava di assise - totalmente intoniti e muti. Non ho mai sentito un solo giurato dire una parola durante un processo di tre giorni. Viene da chiedersi quale sia lo scopo delle giurie dette popolari.

 La famiglia di Malika non ha dovuto subire questo: il caso è stato chiuso in fretta. Ma non è stato risparmiato loro nient’altro. Jennifer Malika Fatima è una delle due uniche sopravvissute della famiglia, decimata dall’hogra [disprezzo], dalla droga, dalla delinquenza e, dietro a tutto questo, dal cosiddetto transit. Il complesso residenziale di transito di Les Groux, a Fresnes, a due passi dalla prigione (“comodo”, dice suo zio Nacer, l’unico altro sopravvissuto, che ne ha avuto un assaggio), una situazione provvisoria che è durata etrnamente. Abbandonata al suo destino con la nonna dopo il suicidio della madre, a 18 mesi fu affidata a una famiglia adottiva puramente gallica. Vi rimase per trent’anni e alla fine sfuggì al suo destino dopo aver sfiorato tutti i soliti pericoli che attendono i bambini delle classi pericolose razzizzate.

E ora, il 7 aprile, esce il SUO LIBRO! Un vero evento! Non voglio fare spoiler, ma solo dire questo: questo libro è la migliore realizzazione che io conosca ad oggi del desiderio che avevo formulato per me stesso quando è uscito il mio libro Arabicides. Non ero soddisfatto del risultato finale del mio lavoro, sognavo a A Sangue Freddo di Truman Capote, che aveva lavorato per anni su due giovani assassini nel braccio della morte e aveva prodotto un capolavoro. E mi sarebbe piaciuto cucinare alcuni autori di arabicidi e i loro famigliari, ma non sono riuscito a trovarne. Comunque non ero Truman Capote, La Découverte non era una grande casa newyorkese che poteva pagare dei detective, ero solo un oscuro giornalista “islamogauchiste” italiano prima del tempo (“Ah! Lei parla molto bene il francese”- “Come lo dici, bastardo, il francese è il nostro bottino di guerra”), edito da una casa editrice dal passato glorioso (François Maspero) ma dal presente critico (è stata poi acquistata da una multinazionale), insomma mi dicevo che il mio lavoro era un servizio minimo da rendere alle generazioni future che si sarebbero interrogate su questa storia e avrebbero voluto scavarci.

Trenta o cinquant’anni dopo, questo è esattamente ciò sta accadendo. È sempre la terza generazione a tirare fuori il passato dall’oblio: questo vale per gli armeni, per gli ebrei d’Europa e per tutti gli altri. È la generazione dei nipoti delle vittime di crimini di Stato massicci, concentrati o diluiti, che fa rivivere le esperienze traumatiche collettive e le trasmette alla generazione successiva. Il libro di Jennifer Malika Fatima è, a mia conoscenza, il primo del suo genere, costruito sui ricordi, le conversazioni e gli incredibili archivi accuratamente conservati e archiviati da sua nonna, una cabila (ingannevolmente) analfabeta.

Non si tratta di una tesi di dottorato formattata in modo accademico e generalmente illeggibile per la gente comune, ammesso che sia accessibile. È un pugno nello stomaco. Appena l’ho ricevuto, l’ho ingoiato tutto e l’ho finito in due ore. Poi mi sono rifugiato in una ruminazione intontita per qualche settimana. Tempo di digerire. Questo è il risultato della mia digestione, perché mi ero ripromesso di pubblicare questa recensione non convenzionale per l’uscita del libro il 7 aprile.

Il libro, per il quale Jennifer Malika Fatima è stata sostenuta in modo sororale/fraterno e rispettoso dalla scrittrice Asya Djoulaït per la formattazione del manoscritto e dallo storico Sami Ouchane per la presentazione dei documenti tratti dagli archivi - che non hanno cercato di imporle una formattazione accademica -, è magnificamente postfazionato dalla cara Rachida Brahim, un’altra piccola stella splendente delle generazioni venture alla quale mi ero detto che il mio libro avrebbe potuto parlare. Il libro ha beneficiato di un’edizione accurata ed esemplare da parte di una giovane casa editrice femminista di Marsiglia, Hors d’atteinte [Fuori portata], che ho scoperto con piacere e il cui catalogo ha messo in subbuglio le mie ghiandole salivari, al punto che domani ho un appuntamento con il mio dentista per la rimozione di un mucocele del labbro inferiore (spiegazioni in rete).

Brave, signore, mi avete tolto la tentazione di essere accondiscendente. Credo che apparteniamo alla stessa specie: quella delle persone che non sanno di cosa si parla quando si dice: pensioni. Concludo con questa frase di Nietzsche che concludeva il mio libro: “L’uomo di lunga memoria è l’uomo del futuro”. Uomo, naturalmente, nel senso di Mensch, umano, in tedesco, yiddish e newyorkish.

Quindi non esitate e correte alla vostra libreria locale (dimenticate Amazon, per favore!) e ordinate il libro questo sabato (è distribuito da Harmonia Mundi), se potete leggere il francese. Se casomai vi trovate a Marsiglia il 3 giugno, incontrate Jennifer Yezid per una conferenza su “Malika, una vita preziosa. Genealogia di un crimine di polizia” presso la biblioteca Alcazar, 58, cours Belsunce. E se non conoscete il francese, vi toccherà aspettare una versione italiano. Ci diamo da fare per renderla possibile. Editori interessati possono rivolgersi a tlaxint[[at]gmail.com.


Cartaceo 15€ - Elettronico 11,99€.

FAUSTO GIUDICE
50 years later, the rebirth of Malika, killed at 8 years old by a French gendarme: a gut-punching book

Fausto Giudice, April 7, 2023
Edited by John Catalinotto

I.                Prelude

Let's face it: my generation, the baby boomers of ‘68, has a general tendency to look down with condescension on the generation of millenials, the one of their grandchildren,. Or at least that's how they often perceive our veteran attitudes.

As for me, I never judge anyone, and it has, in the end, cost me dearly. Betrayal and slander are the common lot of human beings as soon as they are in society. And I understand perfectly those of my young friends who choose the path of a de-technologized hermitage in the mountains. I started thinking about it and dreaming of creating rural communities where any electronic or even electrical object would be left under guard at the entrance.

In the meantime, I spend, to my increasing despair, too much of the time I have left to live in front of my screens and on my keyboards. Twenty-five years ago, my insides revolted against this and started to bleed. I got out of it, by an unexplained miracle.

The surgeon who operated on me the second time told me that when I was on the table and my blood pressure had dropped to zero, he said to the team, "I'm going to take a break, I think when I come back he will have passed. And then to  his surprise, when he came back from the canteen he found  that the wop was still breathing. He explained to me the medical hypothesis that my digestive bleeding was Mallory-Weiss syndrome. That meant nothing to me.

I told him that I thought I had been the victim of virtual revolution syndrome on the Macintosh. The blow that had finished me off had been a totally messed up project by a bunch of idiots from Marseille, Avignon and the surrounding area to organize a “caravan to Palestine”. I quickly discovered that they were not only abysmally ignorant, but - usually it goes hand in hand - horribly pretentious. In short, no caravan, not to Palestine, not to anywhere else but the hospital.

Back for 12 years now in the country where I grew up then without television, without computer (it didn't exist), without cell phone (my parents' landline, which was in my room, almost never rang), I have a shock, a burst of shocks: in the Medina, entire streets of artisans had disappeared; in Malta Sghira street, all the wrought iron artisans had been replaced by merchants of shoddy furniture made of low-quality wood and plastic (the deckchairs I bought didn't last a year), and in the central market, the beautiful red tomatoes had given way to tasteless orange tomatoes, grown from hybrid seeds made in the EU, and destined for export to the EU. And eight of the twelve million inhabitants of the country had a facebook  account. As telephone subscriptions are often coupled with a FB account, many users (or used?) only know fessebouc, wadzapp, youtube, telegram or, from now on, tiktok.

And it is the same everywhere, from Medellin to Nablus, from Soweto to Jebel Lahmar. During the election campaigns I attended in my “country of return”, I did not see any poster stuck on a wall. None of the hundreds of people under 45 that I have known in these 12 years has ever written and prepared a leaflet in their life, to distribute it at 5 a.m. at a factory gate, or at 8 a.m. at a high school gate or at noon in a market, or at 6 p.m. at a department store exit. In short, in a few words, we went from the collé-serré {tight pasted, a sort of “dirty dancing” of Afriocan origine]/) of my youth to the copié-collé-posté-liké-buzzé (copied-pasted-posted-liked-buzzed) of today. And the 3 dozen bastards who try to rule our imploding planet are working hard (or rather making their high-tech slaves work) to make sure they don't need us anymore, thus annihilating us, while preparing their escape, on the moon or Mars or elsewhere.

A few years ago, a genius con man managed to sell titles to plots of land on the moon to Israelis who felt that the Zionist project was definitely failing and that they had no choice but to go and colonize the moon. There, at least, they were sure that they would be in guaranteed araberrein (clean of Arabs) territory.

II. Malika and Malika

On June 5, 2021, I received a notification from Yezid Malika Jennifer: “Good evening sir. Thank you for the tribute to my aunt malika yezid killed in 1973 by the gendarmes [emoji] good evening.”

June 7, second message:


“The little one downstairs was Malika.
I read your book and when I saw the name Yezid, which is also my name it touched my heart. Because this story destroyed my family. My grandmother told me this story. All these (police) blunders, these families torn apart, it's horrible.  All these names of these victims: we must never forget. Have a good day.”

Here is what she was referring to:

“On Sunday, June 24, gendarmes in Fresnes [outside Paris] looking for a fourteen year old Algerian boy, who got away , attacked his little sister. Malika Yazid was playing in the courtyard of the Groux transit housing estate where she lived in Fresnes. She went up to the apartment to warn her brother. The gendarmes burst into the apartment.

One of them, after having given a slap to Malika, locked himself with her in a room for an “interrogation”". A quarter of an hour later, Malika left the room and collapsed on the floor. She died four days later at the Salpétrière Hospital without coming out of her coma.”

These are the 11 lines I devoted to little Malika, slapped to death at the age of eight by a gendarme, in that terrible summer of 1973, the hardest sequence of the two decades of Arabicides that I reconstructed in my book bearing that name and published in 1992. This book had been an obvious choice, made during the work on the previous one, Têtes de Turcs en France, published in 1989, which had been quite successful (more than 25,000 copies sold, at that time people still read books printed on paper).

It was painfully obvious: it was impossible to devote a single chapter of Têtes de Turcs (each chapter of which described an example of French-style apartheid in work, health, school, housing, etc.) to what were then called “racist crimes”. There had been too many of them. So I decided to devote a separate book to it.

For two years, the living room of my slum in Ménilmontant was blocked by a long board on two chairs, on which yellow folders were piled up by case and by year. In short, a material prelude (wood, ink, paper) to the Excel tables of the near future.

In the end, I had 350 over 21 years, or 16.6 per year, 1.3 per month. A trifle compared to the Negricides in the USA. But for God's sake, we were not in yankeelandia, we  were in the cradle of the Rights of Man and of the Citizen, all men are born free and equal in rights etc. etc., which we had just celebrated with great pomp on the Champs-Élysées with Jean-Paul Goude's parade for the Bicentennial of the Great Revolution!

I confess that during these two years of intense investigative work, I was more than once threatened/overcome? by depression and the wish to take flight, perhaps not to the moon, but in any case far from Madame la France, as the Maghrebians used to say (in reference to the 100 franc bill bearing the effigy of the half-undressed Liberty Guiding the People).

The most trying moments were the trials, where poor Arab families experienced a second death, inflicted by the brows of the rotters : judges, prosecutors, defense lawyers and defendants mano en mano , and jurors - when it was in assizes (criminal courts) - totally dumbfounded and mute. I never heard a single juror say a single word during a three-day trial. It makes you wonder what these “people” juries are for.

 Malika's family didn't have to go through that: the case was closed quickly. But they were spared nothing else. Jennifer Malika Fatima is one of the only two survivors of the family, decimated by hogra [despisal], drugs, delinquency, and behind it all, transit. The transit estate of The Groux, in Fresnes, a stone's throw from the prison (“convenient”, says her uncle Nacer, the only other survivor, who had a taste of it), a temporary situation that lasted forever.

Abandoned to her fate with her grandmother after her mother's suicide, Jennifer Malika Fatima was placed in a pure Gallic foster family at 18 months. She would stay there for 30 years and eventually escape her fate after having come close to all the usual dangers that await the children of racized  dangerous classes.

And now, on April 7, her book is coming out! A real event! I don't want to spoil it, but just to say this: this book is the best realization I know of to date of the wish I had formulated for myself when my own book Arabicides came out.

I was not satisfied with the final result of my work, I was dreaming of Truman Capote's In Cold Blood, who had worked on and with two young murderers on death row for years and produced a masterpiece. And I would have liked to dig  up some arabicides and their relatives, but I couldn't find any.

Face it, I wasn't Truman Capote, La Découverte wasn't a big New York publisher that could pay detectives; I was just an obscure Italian “islamoleftist” journalist before the term was invented (“Ah! You speak French very well” – “You said it, bastard, French is our war loot ”), published by a publishing house with a glorious past (François Maspero) but with a critical present (it was later bought by a multinational company). In short, I told myself that my work was a minimum service to render to the future generations who would wonder about this history and would want to dig up into.

Thirty to fifty years later, this is exactly what is happening. It is always the third generation that digs the past out of oblivion: this is true for the Armenians, the Jews of Europe, and all the others. It is the generation of grandchildren of the victims of massive state crimes, concentrated or diluted, who bring collective traumatic experiences to life and pass them on to the next one.

Jennifer Malika Fatima's book is, to my knowledge, the first of its kind, built on the memories, conversations, and incredible archives carefully preserved and classified by her grandmother, an (allegedly) illiterate Kabyle.

Her’s is not an academically formatted doctoral dissertation that is generally unreadable to the average person, if it is even accessible to them at all. It's a punch you take in the gut. As soon as I got it, I swallowed it whole and finished it in two hours. Then I groggily retreated into a rumination for a few weeks. Time to digest. This is the result of my digestion as I promised myself to publish this unconventional review for the book's release on April 7.

The book, for which Jennifer Malika Fatima was supported in a sororal/fraternal and respectful way by the writer Asya Djoulaït for the formatting of the manuscript and by the historian Sami Ouchane for the presentation of the documents drawn from the archives - who did not try to impose an academic formatting on her -, has beautiful afterwordby dear Rachida Brahim, another little shining star of the generations to come to whom I had said to myself that my book would find its way. The book has benefited from a careful, exemplary edition by a young feminist publishing house in Marseille, Hors d'atteinte [Out of reach], which I discovered with delight, and whose catalogue has upset my salivary glands, to the point that, tomorrow, I have an appointment with my dentist for the removal of an oral mucocele (explanations on the web).

Bravo, ladies, you have cured me of any temptation to condescend. I believe that we are part of the same species: that of humans who do not know what they are talking about when they say: pensions. I will end with this sentence from Nietzsche that concluded my book: “The man of long memory is the man of the future". Man, of course, in the sense of Mensch, human, in German, Yiddish, and New Yorkish.

So don't hesitate and rush to your local bookstore (forget Amazonzon*, please!) and order the book if you can read French  (it is distributed by Harmonia Mundi). If not, you will have to wait for an English version. We work on it. Any publisher interested can write to tlaxint[at]gmail.com.


Paper 15€ - E-book 11,99

Note
*Zonzon is an old French word meaning buzzing, but in French slang it means jail (by apheresis of prison) as a substantive, and crazy as an adjective. And indeed Jeff Bezos’ empire is a buzzing prison.

 

FAUSTO GIUDICE
50 años después, el renacimiento de Malika, asesinada a los 8 años por un gendarme francés: un libro puñetazo en el estómago

 Fausto Giudice, 11 de abril de 2023
Editado por María Piedad Ossaba


I.                
Preludio

Reconozcámoslo: mi generación, la de los babyboomers sesentayochistas, tiene una tendencia general a mirar con condescendencia a la generación de los mileniales, la de sus nietos. O al menos así es como suelen percibir ellos nuestras actitudes de veteranos.

Yo mismo nunca juzgo a nadie, y al final me ha costado caro. La traición y la calumnia son la suerte común de los humanos en cuanto forman una sociedad. Y comprendo perfectamente a aquellos de mis jóvenes amigos que eligen el camino de una ermita destecnologizada en la montaña. Empecé a pensar en ello y a soñar con la creación de comunidades rurales en las que cualquier objeto electrónico o incluso eléctrico quedara custodiado de entrada.

Mientras tanto, paso, para mi creciente desesperación, demasiada parte del tiempo que me queda por vivir delante de mis pantallas y en mis teclados. Hace veinticinco años, mis entrañas se rebelaron contra esto y empezaron a sangrar. Salí adelante, por un milagro inexplicable. El cirujano que me operó la segunda vez me contó que, cuando estaba en la camilla y mi presión arterial había bajado a cero, dijo al equipo: "Voy a comer un tentempié, creo que cuando vuelva ya habrá pasado". Y cuál fue su sorpresa cuando al volver de la cantina comprobó que el tano seguía respirando. Me explicó la hipótesis médica de que mi hemorragia digestiva era el síndrome de Mallory-Weiss. Fue una gran ayuda para mí. Le dije que, en mi opinión, había sido víctima del síndrome de la revolución virtual en el macintosh. El golpe que había acabado conmigo había sido un proyecto totalmente jodido de un grupo de idiotas de Marsella, Aviñón y alrededores para hacer una “caravana a Palestina”. Rápidamente descubrí que no sólo eran abismalmente ignorantes, sino -y esto suele ir de la mano- horriblemente pretenciosos. En resumen, ni caravana, ni a Palestina, ni a ningún otro sitio que no fuera el hospital.

De regreso desde hace 12 años al país donde crecí, sin televisión, sin ordenador (no existía), sin teléfono móvil (el fijo de mis padres, que estaba en mi habitación, casi nunca sonaba), me llevé un susto, una ráfaga de sobresaltos: en la Medina, habían desaparecido calles enteras de artesanos; en la calle Malta Sighira, todos los artesanos del hierro forjado habían sido sustituidos por chapuceros vendedores de muebles de madera barata (las tumbonas que compré no duraron ni un año) y plástico; y en el mercado central, los hermosos tomates rojos habían dado paso a insípidos tomates naranjas, de semillas híbridas fabricadas en la UE, y con destino a la UE. Y ocho de los doce millones de habitantes del país tenían una cuenta de feisbuc. Como las suscripciones telefónicas suelen ir unidas a una cuenta feisbuc, muchos usuarios (¿o usados?) sólo conocen de la telaraña feisbuc, wadzapp, youtube, telegram o, ahora, tiktok. Y lo mismo ocurre en todas partes, de Medellín a Nablús, de Soweto a Yebel Lahmar. Durante las campañas electorales a las que asistí en mi “país de regreso”, no vi ni un solo cartel pegado en un muro. Ninguno de los centenares de menores de 45 años que he conocido en estos 12 años, ha escrito y preparado un panfleto en su vida, para repartirlo a las 5 de la mañana en la puerta de una fábrica, o a las 8 en la puerta de un liceo, o a mediodía en un mercado, o a las 6 de la tarde a la salida de unos grandes almacenes. En resumen, en pocas palabras, pasamos del pegado-apretado [collé-serré, manera de bailar de origen africano] de mi juventud al copiado-pegado-publicado-megustado-zumbido de hoy. Y las tres docenas de bastardos que tratan de hacer la ley sobre nuestro planeta en estado de implosión trabajan duro (o mejor dicho, hacen trabajar duro a sus esclavos haitech) para asegurarse de que ya no nos necesitan, aniquilándonos así, mientras preparan su huida, a la luna o a Marte o en otro lugar. Hace unos años, un genial estafador consiguió vender títulos de propiedad de parcelas en la Luna a unos israelíes que se daban cuenta de que el proyecto sionista estaba fracasando definitivamente y que no les quedaba más remedio que ir a colonizar la Luna. Allí, al menos, estaban seguros de que estarían en territorio araberrein [limpio de árabes] garantizado.

II. Malika y Malika

El 5 de junio de 2021 recibí una notificación de Yezid Malika Jennifer: “Buenas noches señor. Gracias por el homenaje a mi tía malika yezid asesinada en 1973 por gendarmes [emoji] buenas noches.”

El 7 de junio, segundo mensaje:


“La pequeña de abajo era Malika.

Leí su libro y cuando vi el nombre yezid que también es mi nombre me llegó al corazón. Porque esta historia destruyó a mi familia. Mi abuela me contó esta historia. Todos estos desafueros, estas familias destrozadas, es horrible.  Todos estos nombres de estas víctimas: nunca debemos olvidar. Que tengan un buen día”

A esto se refería:

“El domingo 24 de junio, los gendarmes de Fresnes que buscaban a un joven argelino de 14 años que se había fugado, agredieron a su hermana de ocho años. Malika Yazid estaba jugando en el patio de la cité de transit (urbanización temporánea) de Les Groux donde vivía, en Fresnes. Subió al apartamento para avisar a su hermano. Los gendarmes irrumpieron en el apartamento.

Uno de ellos, tras abofetear a Malika, se encierra con ella en una habitación para “un interrogatorio”. Un cuarto de hora después, Malika sale de la habitación y se desploma en el suelo. Muere cuatro días después en el hospital de la Salpétrière sin haber salido del coma.”

Estas son las once líneas que dediqué a la pequeña Malika, abofeteada a muerte por un gendarme a la edad de ocho años, en aquel terrible verano de 1973, la secuencia más dura de las dos décadas de arabicidas que reconstruí en mi libro que lleva ese nombre y que se publicó en 1992. Este libro había sido una elección obvia, hecha durante el trabajo sobre el anterior, Têtes de Turcs en France [Cabezas de Turcos en Francia], publicado en 1989, que había tenido bastante éxito (más de 25.000 ejemplares vendidos, en aquella época todavía se leían libros impresos en papel). Era una evidencia dolorosa: era imposible dedicar un solo capítulo de Têtes de Turcs (cada capítulo describía un ejemplo de apartheid a la francesa: trabajo, sanidad, escuela, vivienda, etc.) a lo que entonces se llamaban “crímenes racistas”.

Habían sido demasiados. Así que decidí dedicarle un libro aparte. Durante dos años, el salón de mi barriada de Ménilmontant estuvo bloqueado por una larga tabla colocada sobre dos sillas, en la que se amontonaban carpetas amarillas por casos y por años. En resumen, un preludio material (madera, tinta, papel) de las tablas Excel del futuro próximo.

Al final, tuve 350 a lo largo de 21 años, es decir, 16,6 al año, 1,3 al mes. Una minucia comparado con los negricidios en los USA. Pero, por Dios, no estamos en yanquilandia, estamos en la cuna de los Derechos del Hombre y del Ciudadano, todos los hombres nacen libres e iguales en derechos, etc., etc., ¡que acabamos de celebrar con gran pompa en los Campos Elíseos con el desfile de Jean-Paul Goude por el Bicentenario de la Gran Revolución! Confieso que, durante estos dos años de intenso trabajo de investigación, más de una vez me ha amenazado la depresión y la huida, quizá no a la Luna, pero en cualquier caso lejos de Madame la France, como decían los magrebíes (en referencia al billete de 100 francos con la efigie de la Libertad con un seno al aire guiando al pueblo).

Los momentos más duros fueron los juicios, en los que las pobres familias árabes experimentaban una segunda muerte, infligida por el frente de los enharinados: jueces, fiscales, abogados defensores y acusados mano en la mano, y jurados -cuando era en tribunal de jurado- totalmente estupefactos y mudos. Nunca oí a un solo miembro del jurado decir una palabra durante los tres días que duraba el juicio. Te hace preguntarte qué sentido tienen los llamados jurados “populares”.

La familia de Malika no tuvo que pasar por esto: el caso se cerró rápido, sin consecuencias legales. Pero no se ahorró nada más. Jennifer Malika Fatima es una de las dos únicas supervivientes de la familia, diezmada por la hogra [desprecio], la droga, la delincuencia y, detrás de todo, el llamado tránsito. La cité de transit de Les Groux, en Fresnes, a tiro de piedra de la cárcel (“conveniente”, dice su tío Nacer, el único otro superviviente, que la probó), una situación provisional que se eternizó. Abandonada a su suerte con su abuela tras el suicidio de su madre, a los 18 meses fue colocada en una familia de acogida de pura cepa gala. Allí permaneció durante treinta años y acabó escapando a su destino tras haber estado cerca de todos los peligros habituales que aguardan a los niños de las clases peligrosas racizadas.

Y ahora, el 7 de abril, ¡sale SU LIBRO! Todo un acontecimiento. No quiero hacer ningún spoiler, pero sólo decir esto: este libro es la mejor realización que conozco hasta la fecha del deseo que me había formulado cuando salió mi propio libro Arabicidas. No estaba satisfecho con el resultado final de mi trabajo, soñaba con A sangre fría, de Truman Capote, que había trabajado durante años con dos jóvenes asesinos condenados a muerte y había producido una obra maestra. Y me hubiera gustado interrogar algunos autores de arabicidas y sus familiares, pero no encontré ninguno. Pero bueno, yo no era Truman Capote, La Découverte, mi editor, no era una gran casa neoyorquina que pudiera pagar detectives, yo sólo era un oscuro periodista “islamoizquierdista” antes de tiempo italiano (“¡Ah! Usted habla muy bien el francés” – “Tú lo has dicho, soplapollas, el francés es nuestro botín de guerra”), editado por una editorial con un pasado glorioso (François Maspero) pero un presente crítico (más tarde fue comprada por una multinacional), en definitiva me decía a mí mismo que mi trabajo era un mínimo servicio a prestar a las futuras generaciones que se preguntaran por esta historia y quisieran excavarla.

Treinta o cincuenta años después, esto es exactamente lo que está ocurriendo. Siempre es la tercera generación la que desentierra el pasado del olvido: es el caso de los armenios, de los judíos de Europa y de todos los demás. Es la generación de los nietos de las víctimas de crímenes de Estado masivos, concentrados o diluidos, la que revive las experiencias traumáticas colectivas y las transmite a la siguiente. El libro de Jennifer Malika Fatima es, que yo sepa, el primero de este tipo, construido a partir de los recuerdos, conversaciones e increíbles archivos cuidadosamente conservados y ordenados por su abuela, una cabila (supuestamente) analfabeta.

No se trata de una tesis doctoral con formato académico que, en general, es ilegible para el ciudadano medio, si es que le resulta accesible. Es un puñetazo en las tripas. En cuanto lo recibí, me lo tragué entero y lo terminé en dos horas. Luego me refugié aturdido en una rumia atontada durante unas semanas. Tiempo para digerir. Este es el resultado de mi digestión, ya que me prometí a mí mismo publicar esta reseña poco convencional para la salida del libro.

El libro, para el que Jennifer Malika Fatima contó con el apoyo sororal/fraternal y respetuoso de la escritora Asya Djoulaït para el formateado del manuscrito y del historiador Sami Ouchane para la presentación de los documentos extraídos de los archivos -que no trataron de imponerle un formateado académico-, está magníficamente posfaciado por la querida Rachida Brahim, otra estrellita rutilante de las generaciones venideras a la que yo había supuesto que mi libro sabría hablar.

El libro ha beneficiado de una cuidada y ejemplar edición a cargo de una joven editorial feminista de Marsella, Hors d'atteinte [Fuera de alcance], que he descubierto con deleite, y cuyo catálogo ha trastornado mis glándulas salivales, hasta el punto de que mañana tengo cita con mi dentista para la extirpación de un quiste mucoso oral (explicaciones en la web).

Bien hecho, señoras, me han curado de cualquier tentación de condescendencia. Creo que pertenecemos a la misma especie: la de los humanos que no sabemos de qué hablamos cuando se dice: jubilaciones. Terminaré con esta frase de Nietzsche con la que concluí mi libro: “El hombre de larga memoria es el hombre del futuro”. Hombre, por supuesto, en el sentido de Mensch, humano, en alemán y en yiddish.

Así que no lo duden y corran a su librería local (¡olvídense de Amazonzón*, por favor!) y encarguen el libro, si pueden leer el francés (lo distribuye Harmonia Mundi), Si no, tendrán que esperar a la versión hispana. Trabajamos en ello. Cualquier editor interesado puede escribir a tlaxint[at]gmail.com.  

 

Papel gran formato 15€ - Electrónico 11,99€

Nota

*Zonzon es una antigua palabra francesa que significa zumbido, pero en el argot popular significa cárcel (por aféresis de prison) como sustantivo, y chiflado como adjetivo. Y, de verdad, el imperio de Jeff Bezos es una cárcel zumbona.