29/09/2021

HOWARD FRENCH
Enemigos del progreso: hechos y fechorías de la Franciáfrica

 La obsesión de Francia por mantener su influencia sobre sus antiguas colonias de África Occidental ha propiciado  dictaduras brutales en Burkina Faso y el Chad

Howard W. French, The New York Review of Books, 7/10/2021
Traducido del inglés por
Sinfo Fernández, Tlaxcala

Libros reseñados :

Thomas Sankara: A Revolutionary in Cold War Africa

por Brian J. Peterson

Indiana University Press, 333 pp., $90.00; $35.00 (paper)

 

France’s Wars in Chad: Military Intervention and Decolonization in Africa

por Nathaniel K. Powell

Cambridge University Press, 360 pp., $99.99

 

Living by the Gun in Chad: Combatants, Impunity and State Formation
por Marielle Debos, traducido del francés (
Le métier des armes au Tchad. Le gouvernement de l'entre-guerres) by Andrew Brown

Zed, 239 pp., $95.00; $29.95 (paper)

 

The Trial of Hissène Habré: How the People of Chad Brought a Tyrant to Justice

por Celeste Hicks

Zed, 217 pp., $95.00; $24.95 (paper)

En algún momento de finales de 1983, o muy a principios de 1984, viajé a Uagadugú, la capital de un país de África Occidental llamado entonces Alto Volta, para hacerme una idea sobre un hombre cuyo reciente ascenso al poder era ya una sensación en todo el continente. Yo era un reportero inexperto; a decir verdad, ni siquiera era un periodista hecho y derecho. A los treinta y tres años, casi una década mayor que yo, Thomas Sankara acababa de convertirse en presidente de un país sin salida al mar  afectado por la sequía, que se había independizado de Francia en 1960 y seguía siendo uno de los lugares más pobres del mundo y la definición casi perfecta de un remanso político.

Thomas Sankara, presidente de Burkina Faso, y el presidente francés François Mitterrand, Ouagadougou, noviembre 1986.
Foto
Patrick Aventurier/Gamma-Rapho/Getty Images

Conocí a Sankara por casualidad, poco después de llegar a Uagadugú en tren desde Abiyán, en Costa de Marfil, donde yo vivía. De alguna manera me enteré de una reunión pública que iba a celebrar en un barrio tranquilo de la ciudad, y llegué a tiempo para encontrarlo sentado en un lugar a la sombra de un árbol entablando una conversación relajada con un grupo de ciudadanos de a pie. Al ser el único extranjero presente, y bastante alto, llamé pronto la atención de Sankara. Me pidió que me presentara y le dije que era un periodista estadounidense. Sankara me preguntó qué opinaba Estados Unidos de la nueva revolución de su país, lo que me hizo tropezar torpemente con una respuesta no preparada. Luego, sonriendo, me instó a sentarme y, dirigiéndose tanto a la multitud que murmuraba como a mí, dijo que, como “amigo” extranjero, era bienvenido.

Sankara había puesto a su pequeño país en las noticias y había empezado a agitar su región al no ejecutar a sus oponentes, ni expulsar a las comunidades comerciales de emigrantes de continentes lejanos, ni declararse emperador, presidente vitalicio o mariscal de campo, como estaba ocurriendo por esas fechas en otros países africanos. En cambio, dejó claro que no iba a tolerar el enriquecimiento personal de los funcionarios y prohibió el uso de limusinas a los altos cargos de su gobierno. Incluso rechazó la idea de promoverse a sí mismo desde el rango de capitán del ejército.

Sankara, que era un lector voraz y un joven oficial intelectualmente ágil que había sido entrenado por el ejército francés en Madagascar y había vivido un tiempo breve en París, se había convertido en un héroe nacional a los veinticinco años en una breve e inútil guerra fronteriza con Mali, pero esto fue tanto por su abierto pacifismo como por cualquier acción en la batalla. El impopular gobierno, tratando de aprovechar su fama, lo nombró primer ministro en 1983, para detenerlo unos meses después por su abierto progresismo. Se había convertido en presidente pocos meses antes de mi visita, tras un golpe militar organizado por uno de sus mejores amigos, el capitán del ejército Blaise Compaoré.

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GEOFFREY WHEATCROFT
Un nabab mystérieux : Jan Hoch de Solotvino, alias Robert Maxwell

D'élève de yeshiva à baron des médias britanniques et escroc éhonté : l'improbable transformation de Robert Maxwell

Geoffrey Wheatcroft, The New York Review of Books, 7/10/2021
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala 

Geoffrey Wheatcroft (Londres, 1945) est un journaliste, auteur et historien britannique. Il a notamment publié The Controversy of Zion, The Strange Death of Tory England et Yo, Blair! Son nouveau livre, Churchill's Shadow, sera publié aux USA en octobre 2021.  

 Note de lecture du livre :

Fall: The Mysterious Life and Death of Robert Maxwell, Britain’s Most Notorious Media Baron [Chute : la vie et la mort mystérieuses de Robert Maxwell, le baron des médias le plus célèbre de Grande-Bretagne]
par John Preston,
HarperCollins, 323 pages
23,19 $, 27,03€.
Livre audio 9,95€. Kindle 15,99€

Robert Maxwell lors d'une conférence de presse annonçant son acquisition de Mirror Group Newspapers, Londres, juillet 1984. Bride Lane Library/Popperfoto/Getty Images

Au cours des deux dernières années - depuis l'arrestation de Jeffrey Epstein en juillet 2019 pour trafic de mineurs, puis son suicide en prison, la calamiteuse interview télévisée du prince Andrew en novembre suivant, au cours de laquelle il a tenté de se dissocier des crimes d'Epstein mais a au contraire mis fin à sa carrière publique, et l'arrestation spectaculaire en juillet 2020 de Ghislaine Maxwell, associée et ancienne petite amie d'Epstein, et son incarcération dans une prison fédérale à Brooklyn - une image m’est revenue[JU1]  à l’esprit. Il y a environ quatre-vingt-dix ans, un petit garçon appelé Jan Hoch, portant une kippa et des papillottes frisées, appartenait à une communauté juive orthodoxe - pauvre, parlant yiddish, dévote - dans la petite ville de Solotvino en Ruthénie subcarpatique. Sa mère voulait qu'il devienne rabbin et il était destiné à la yeshiva de Pressburg (aujourd'hui Bratislava) jusqu'à ce que la guerre engloutisse l'Europe. Bien qu'il se soit échappé et qu'il se soit entièrement réinventé après de nombreuses aventures, un sort horrible attendait sa famille.

Ce petit garçon était le père de Ghislaine Maxwell. L'histoire de Robert Maxwell – celui que Jan Hoch de Solotvino est devenu après avoir été tour à tour "le soldat Leslie Jones", "le caporal suppléant Leslie Smith", "le sergent Ivan du Maurier" et "le capitaine Stone" - est si horrible, si ridicule et si improbable qu'elle pourrait sembler plus étrange que la fiction. On pourrait y trouver des échos des romans victoriens - M. Merdle, "l'homme du temps" avant qu'il ne fasse faillite dans Little Dorrit, ou le financier encore plus mystérieux Melmotte dans The Way We Live Now - mais ni Dickens ni Trollope n'auraient pu inventer Maxwell. Il fut tour à tour un réfugié désespéré, un soldat courageux, un entrepreneur apparemment prospère, un membre du Parlement, un propriétaire de journal et, comme il s'est avéré après sa mort, un escroc éhonté.

John Preston ouvre son divertissant et macabre Fall par une scène survenue plus tôt dans l'année de la mort de Maxwell. En mars 1991, il est arrivé à New York à bord de son yacht, le Lady Ghislaine, du nom de la fille qu'il avait autrefois négligée et maltraitée mais qui était devenue sa fidèle compagne et l'avait accompagné dans ce voyage. Il est là pour réaliser ce qu'il présente comme son plus grand coup en achetant le New York Daily News. Huit mois plus tard, le yacht naviguait au large des îles Canaries avec Maxwell à bord jusqu'au 5 novembre, date à laquelle il a disparu. Peu après, son corps flottant a été retrouvé, laissant une dernière énigme : Accident, suicide ou meurtre ?

Cet homme mystérieux a été formé par un début de vie morose. Il est né en 1923, l'un des neuf enfants de Mehel et Chanca Hoch, qui vivaient dans une cabane de deux pièces avec un sol en terre battue. Il aimait sa mère et était aimé d'elle, mais était souvent battu par son père cruel, "Mehel le Grand", 1m80, qui gagnait sa vie comme il le pouvait en achetant des peaux d'animaux aux bouchers et en les vendant à des marchands de cuir ; de lui, le fils a hérité sa taille et peut-être son tempérament. Une grande partie de Maxwell peut être comprise comme une réaction à son enfance, sa gloutonnerie et son amour du luxe contre la pauvreté et la faim qu'il avait connues, son désir de pouvoir contre l'impuissance, peut-être même sa cruauté envers les autres contre la cruauté qu'il avait subie.