Ian Austen et Dan Bilefsky, Le New York Times, 24/6/2021
Traduit par Fausto Giudice
Un groupe autochtone a déclaré
que les restes de 751 personnes, principalement des enfants, avaient été
découverts dans des tombes anonymes sur le site d'un ancien pensionnat de la
Saskatchewan.
« En 1898, le pensionnat Marieval a ouvert ses portes et
il a fermé ses portes en 1996. L'église catholique romaine supervisant le site
des tombes, les catholiques et la prière et la religion supervisant le site des
tombes, nous avons commencé nos recherches par géoradar le 2 juin 2021. Jusqu'à
hier, nous avons trouvé 751 tombes non marquées. Sur ces 751 résultats, la
machine a un pourcentage d'erreur de 10 à 15 %. Nous ne nous baserons donc que
sur les 751 résultats. Mais nous savons qu'il y en a au moins 600. Nous ne
pouvons pas affirmer que ce sont tous des enfants. Mais il y a des histoires
orales selon lesquelles il y a aussi des adultes dans ce site funéraire. Une
agression contre un peuple des Premières Nations - nous sommes un peuple fier.
Le seul crime que nous ayons commis en tant qu'enfants est d'être nés
indigènes. Il y aura beaucoup de travail, beaucoup de guérison. Il y a de
nombreux sites sur lesquels nous allons faire un travail
similaire. Et nous en trouverons d'autres ».
CALGARY, Alberta - Pendant des décennies, les
enfants autochtones ont été arrachés à leur famille, parfois par la force, et
placés dans des pensionnats surpeuplés, gérés par l'Église, où ils étaient
maltraités et interdits de parler leur langue. Des milliers d'entre eux ont
complètement disparu.
Aujourd'hui, une nouvelle découverte apporte la preuve effrayante que
de nombreux enfants disparus sont peut-être morts dans ces écoles : les restes
de 751 personnes, principalement des enfants autochtones, ont été découverts
sur le site d'une ancienne école dans la province de Saskatchewan, a déclaré
jeudi un groupe autochtone.
Ce site funéraire, le plus grand à ce jour, a été mis au jour quelques
semaines seulement après la découverte des restes de 215
enfants dans des tombes non marquées sur le terrain
d'une autre ancienne école confessionnelle pour élèves autochtones en
Colombie-Britannique.
Ces découvertes ont ébranlé une nation aux prises avec des générations
d'abus généralisés et systématiques à l'encontre des populations autochtones,
dont beaucoup sont des survivants des pensionnats. Pendant des décennies, ils
ont suggéré, à travers leurs histoires orales, que des milliers d'enfants
avaient disparu de ces écoles, mais ils ont souvent été accueillis avec
scepticisme. La révélation de deux sites de tombes anonymes est un autre rappel
brûlant de cette période traumatisante de l'histoire.
« C'est un crime contre l'humanité, une agression contre un
peuple des Premières nations », a déclaré le chef Bobby Cameron, de la
Fédération des nations autochtones souveraines de la Saskatchewan. 3Le seul crime que nous ayons commis en tant qu'enfants est
d'être nés autochtones », a-t-il ajouté.
Le site funéraire met également une nouvelle pression sur le
gouvernement actuel de Justin Trudeau, le premier ministre canadien, qui
s'appuie encore aujourd'hui sur un ensemble de lois qui régissent la vie des
populations autochtones et qui remontent au XIXe siècle. Les
dirigeants autochtones disent espérer que les dernières révélations seront un
catalyseur pour l'autonomie qu'ils recherchent depuis longtemps.
« Nous en avons assez qu'on nous dise quoi faire et comment le
faire », a déclaré le chef
Cadmus Delorme, de la Première nation de Cowessess.
La découverte récente de restes humains au Canada a eu des
répercussions dans le monde entier, y compris aux USA, où le ministre
de l'intérieur a déclaré cette semaine que le pays allait fouiller
les pensionnats fédéraux à
la recherche d'éventuels sites de sépulture d'enfants amérindiens.
Des centaines de milliers d'entre eux ont été arrachés à leurs communautés pour
être assimilés culturellement dans ces écoles pendant plus d'un siècle.
Un mémorial pour les 215 enfants dont les restes ont été découverts
sur le site de l'ancien pensionnat indien de Kamloops, en Colombie-Britannique.
Photo Amber Bracken pour The New York Times