03/06/2022

GIDEON LEVY
Un an et demi après avoir été abattu par des soldats israéliens, Haroun Abou Aram est allongé dans une grotte, paralysé

Gideon Levy et Alex Levac (photos), Haaretz, 2/6/2022
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala 

Des soldats israéliens ont tiré à bout portant sur Haroun Abou Aram, qui tentait de les empêcher de confisquer un générateur. L'armée affirme que la vie des soldats était en danger et aucun n'a été puni. Aujourd'hui, Haroun se languit sur le sol de la grotte de sa famille, paralysé de la tête aux pieds.

Haroun Abou Aram avec son père, Rasmi, à la maison cette semaine. Haroun est né dans la même grotte où il se trouve maintenant, incapable de bouger.

Tout d'abord, les yeux doivent s'habituer au faible éclairage de la grotte. Puis, l'image se révèle dans toute son horreur : sur le sol gît le corps d'un être humain, immobile, les jambes relevées sur une chaise en plastique, la tête enveloppée dans une serviette, les yeux fermés. Il est allongé ainsi pendant la majeure partie de la journée, peut-être en train de dormir, peut-être simplement sans volonté d'ouvrir les yeux. Il est couché comme ça depuis des mois - et restera probablement comme ça pour toujours. Son père essuie la sueur de son visage, un tube siphonne le mucus de sa gorge, une serviette est enroulée autour de son aine, une couverture recouvre son corps. Le spectacle est affreux. Après le choc initial - car rien ne vous prépare à l'horreur -, la compassion et l'inévitable frustration, vient un sentiment de rage à l'encontre d'un État qui abandonne ainsi une victime de ses soldats sans assumer la moindre responsabilité pour avoir eu la gâchette si facile.

Le soldat qui a tiré sur Haroun Abou Aram, le jeune homme qui gît sur le sol de la grotte, paralysé à vie, n'a jamais été traduit en justice. La vie d'Haroun a pris fin, effectivement, le jour où il a reçu une balle dans le cou, il y a environ un an et demi, tandis que la vie du soldat qui l'a abattu a continué sans être perturbée. Il ne se souvient probablement même pas de la façon dont il a abattu le jeune berger, à bout portant, alors qu'Abou Aram tentait d'empêcher les soldats de confisquer le générateur de son voisin. Sans générateur, il n'y a pas de vie dans les grottes du sud des collines d'Hébron. La punition minimale qui aurait dû être imposée au soldat et à ses compagnons d'armes, les intrépides confiscateurs de générateurs, les audacieux « guerriers » des Forces de défense israéliennes, était de les obliger à visiter la grotte qui fait partie de la communauté de bergers de Khirbet al-Rakiz, d'y entrer, de s'y tenir, d'observer leur travail - puis de baisser la tête de honte.

L'incident a eu lieu le 1er  janvier 2021, jour du 24e anniversaire d'Haroun. Il est né avec l'aide d'une sage-femme de Yatta, dans la grotte même où il repose maintenant, incapable de bouger. Une vidéo prise par un habitant a documenté l'incident au cours duquel les soldats ont essayé de prendre le générateur, dans le but de pousser les habitants à partir. Abou Aram et plusieurs autres jeunes essaient de les empêcher de le prendre. Un groupe tire dans un sens, un autre dans l'autre, dans une danse dont personne ne semble réaliser qu'elle deviendra une danse de feu qui se terminera par le terrible coup de feu qui a touché Haroun au cou. Le moment exact où le coup de feu est tiré n'est pas visible dans la vidéo, seulement le son, puis les cris des femmes qui ont assisté au déroulement des événements, suivis de l'image d'Haroun Abu Aram gisant immobile au sol.

Haroun Abu Aram avec son père, Rasmi, à la maison cette semaine

Le père d'Haroun, Rasmi Abu Aram, affirme que les agents de l'administration civile qui l'ont interrogé après l'incident lui ont demandé qui avait tiré sur son fils. Puis vinrent les mensonges de l'IDF : l' « enquête » qui a suivi a conduit l'armée à la conclusion que la force était confrontée à un « risque clair et présent pour sa vie ». Le cœur saigne face à ce danger imaginaire. Un risque clair et présent pour la vie de qui ? D'un petit groupe de bergers non armés essayant de sauver leur générateur ? Après tout, les vidéos ne mentent pas, et aucune image ne montre un quelconque danger qui guette les soldats, si ce n'est des bousculades mutuelles et une scène de tir à la corde pour le générateur, avec des cris en arrière-plan. Rien de tout cela ne représentait un risque, pas même pour un seul cheveu sur la tête d'un seul soldat. Le tir était accidentel, a conclu l'enquête des FDI. Ses soldats savent-ils seulement tirer à balles réelles dans le cou lorsque leur mission consiste à confisquer un générateur ? N'ont-ils pas d'autres compétences et de telles erreurs doivent-elles vraiment rester impunies ?

Mais tout cela n'est que de l'histoire ancienne pour la famille Abou Aram, dont la vie est depuis devenue insupportable d'une manière qui ne peut être décrite par des mots. Immédiatement après l'incident, l'administration civile israélienne a retiré le permis de travail de Rasmi, le père, un ouvrier de 54 ans qui travaillait au pavage des routes en Israël. C'est ce que l'administration fait avec les familles de chaque victime des FDI, juste au cas où elles décideraient de se venger.

Israël n'a assumé aucune responsabilité pour l'incident et n'a pas pensé à fournir une aide à la réadaptation ou une compensation financière, même si cela va techniquement au-delà de la lettre de la loi. De plus, l'année dernière, l'administration civile est allée jusqu'à confisquer trois des tentes de la famille, dans le but de la faire partir, même après que leur fils fut devenu si terriblement handicapé. En outre, elle refuse à la famille l'autorisation de construire une pièce pour que le fils puisse vivre dans des conditions un peu plus confortables que celles de la grotte, et elle n'autorise pas le pavage d'une route d'accès à la maison située au pied de la colline. C'est ainsi qu'Abou Aram repose sur le sol de la grotte tandis que ses parents et ses sœurs s'occupent de lui avec beaucoup de dévouement, jour et nuit.

Rasmi Abou Aram et sa femme Farissa, les parents d'Haroun

02/06/2022

GIDEON LEVY
Non, ce n'est pas « la situation », ce sont les soldats d'Israël

Gideon Levy, Haaretz, 1/6/2022
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

Chaque fois que paraît une nouvelle histoire sur un crime commis par les forces de défense israéliennes dans les territoires occupés depuis 1967 - hier, c'était l'histoire de Hagar Shezaf sur le garçon qui a reçu une balle dans le dos à Al-Khader ; demain, ce sera une histoire sur le flinguage d'un jeune à Al-Rakiz - nous sommes toujours immédiatement rassurés : Ce ne sont pas les soldats. Ils ne sont pas à blâmer. On ne peut pas les blâmer. C'est la situation.

Mais ce sont les soldats.

Des soldats des FDI dans la ville d'Hébron, en Cisjordanie. Photo : Ofen Hagai / Archive

Non seulement ils peuvent être mis en cause, mais ils devraient être jugés et punis pour leurs crimes. Les absoudre de toute responsabilité et culpabilité est une autre façon de laisser les crimes orphelins, leurs auteurs innocents et la société tout entière se sentir justifiée.

L'argument en faveur de l'immunité des soldats repose sur l'idée qu'ils s'engagent tous dans les FDI alors qu'ils sont comme des soldats en chocolat - des jeunes innocents qui pensent s'engager dans l'Armée du Salut, des adeptes du Mahatma Gandhi, des disciples de Janusz Korczak. La voyoucratie et le racisme, la haine des Arabes et la violence leur sont étrangers. Ils n'en ont pas été imprégnés à la maison, à l'école ou dans la société dans laquelle ils ont été élevés. Ils arrivent dans l'armée vertueux et purs, comme des amoureux de la justice, de la fraternité et de la paix. Et puis ils s'engagent et d'un seul coup tout change.

Ils deviennent des monstres qui tirent sur des enfants, frappent des vieilles femmes, lâchent des chiens sur des gens, agressent des handicapés. Mais ce sont eux les victimes, si vous ne l'avez pas compris. Ils ne sont coupables de rien, même lorsqu'ils tirent sur des innocents, même s'ils le font sans raison, comme cela arrive avec une fréquence écœurante.

Alors qui est à blâmer ? Ceux qui les ont envoyés là-bas. Les commandants sont à blâmer, mais ils n'ont pas à être jugés pour les actions de leur garde à la porte, qui était après tout un soldat dévoyé qui a fait une erreur. Les politiciens sont donc à blâmer. Lesquels ? Le premier ministre et le ministre de la défense actuels ? Qu'est-ce que les gens attendent d'eux ? Eux aussi sont pris dans une situation qu'ils ont héritée de leurs prédécesseurs. Il faut remonter plus loin. C'est la faute de Moshe Dayan. C'est la faute d'Yisrael Galili. Yigal Allon est à blâmer, ou David Ben-Gourion, ou remontons jusqu'au roi David. Personne n'est prêt à assumer le crime.

Alors peut-être que c'est la situation ? C'est une force majeure, un décret céleste. Il n'y a plus personne à blâmer, après tout, et rien à leur reprocher.

Retour à la vérité. Les soldats israéliens commettent tous les jours des crimes graves, dont certains sont vraiment effroyables. Avant et après Elor Azaria, ces crimes ont été « orphelins » à un degré incroyable. Personne n'est à blâmer pour quoi que ce soit ; personne n'est responsable de quoi que ce soit. Vous pouvez tuer et massacrer sans vous soucier d'être jugé. Par manque de culpabilité et d'intérêt public.

Même lorsqu'ils tirent des dizaines de balles sur deux étudiants soupçonnés d'avoir jeté des pierres, même lorsqu'ils tirent sur un taxi rempli de femmes, même lorsqu'ils ouvrent la porte d'une jeep en mouvement, tirent, tuent et continuent, même lorsqu'une femme malade mentale agrippée à un couteau est abattue sans aucun effort préalable pour l'arrêter, ils ne sont responsables de rien. Ils tuent et parfois aussi assassinent - et ils sont au-dessus de tout soupçon, avec une immunité plus grande encore que celle accordée aux membres de la Knesset.

Les soldats israéliens jouissent de la plus grande immunité en Israël, encore plus que les colons. Tout soldat peut faire ce qu'il veut dans les territoires - à part voler 20 shekels pour un Coca. Pour cela, ils seront jugés par l'armée la plus morale du monde, qui prend ce genre de choses très au sérieux.

Il est facile de changer ce système de valeurs malade. Il faut commencer par les soldats, qui sont les auteurs directs des crimes. Tout comme dans le monde criminel, où aucune indulgence n'est accordée aux tueurs à gages envoyés par d'autres, le système du « tout est permis » pour les soldats dans les territoires doit également cesser. Les vies palestiniennes comptent. Et quiconque prend ces vies avec une si terrible facilité, comme cela s'est produit assez fréquemment ces derniers mois, doit être puni.

Si des soldats étaient condamnés à de longues peines de prison pour avoir tué un enfant qui s'occupait de ses affaires, pour avoir mutilé un berger ou pour avoir tiré mortellement sur un journaliste, les FDI changeraient. Et la situation en matière de sécurité s'améliorerait également.

 

24/05/2022

LUIS E. SABINI FERNÁNDEZ
Sesgo imperial de la argentinidad

 Luis E. Sabini Fernández, 22/5/2022        

El censo que acaba de realizarse en el país, en toda Argentina, revela, “como todo en la vida”, rasgos a menudo inconscientes y más o menos colectivos.

Argentina ha sido tradicionalmente un país de inmigración. Los primeros censos nacionales revelaron el porcentaje más que apreciable de extranjeros, generalmente inmigrantes, que fueron constituyendo el país.

Fueron proverbiales los millones de italianos que “forjaron” este país. Y también los españoles y hasta los ingleses, solo que este último aporte trajo consigo más gente con poder que gente de laburo (aunque en rigor, siempre combinados, poder y trabajo en todos los aportes inmigratorios).

Fue también proverbial el caudal, por ejemplo,  inmigratorio desde países limítrofes, particularmente de bolivianos, paraguayos, orientales (estos últimos designados, desde hace ya tiempo, como uruguayos).

En la actualidad, conocemos la llegada de muy significativos contingentes de venezolanos, colombianos, peruanos, e incluso de tierras más lejanas, como sirios, por ejemplo. En estos últimos ingresos, se mezcla cada vez más la condición de inmigrante con la de refugiado.

Y si la primera suele ser previa a la nacionalización y con ello avanza un proceso de argentinización, en el caso de los segundos, el proceso no suele ser tan lineal, porque la decisión de abandonar una tierra natal ha sido totalmente involuntaria, a menudo forzada. Por eso, muchos refugiados retornan a sus tierras natales si la situación política lo permite.

Cualquiera de sus diferentes gradaciones, debería llevarnos a hablar de habitantes de la República Argentina, y no de argentinos propiamente dichos, por más que la misma constitución nacional argentina en su preámbulo invite a todos “los hombres del mundo que quieran habitar en el suelo argentino” a hacerlo.

Es por lo tanto literalmente falso, afirmar que el censo arrojó 47 millones y medio de argentinos.

Lo que sí, revelaría el censo es la presencia de 47 millones y medio de habitantes en Argentina, dando por correcta la info recabada y publicada.

Y será muy instructivo saber de los diversos orígenes de toda esa población. Y si se puede, cruzar orígenes geográficos con niveles educacionales y de ingresos, todavía mucho mejor.

21/05/2022

JONATHAN COOK
Shireen Abu Akleh fue ejecutada para enviar un mensaje a los palestinos

Jonathan Cook, 12/5/2022
Traducido por
María Piedad Ossaba

Durante los 20 años de reportajes sobre Israel y Palestina, he aprendido de primera mano que nunca se puede confiar en la versión israelí de los acontecimientos relativa a la muerte de palestinos o extranjeros.

Salón de la Fama del ejército israelí, por Carlos Latuff

La ejecución de la periodista de Al Jazeera Shireen Abu Akleh a manos de un soldado israelí en la ciudad palestina de Yenín, los esfuerzos inmediatos de Israel para borrar las pistas sobre la identidad del responsable, y las débiles expresiones de preocupación de las capitales occidentales, han revivido mis recuerdos de 20 años de reportaje en la región.

A diferencia de Abu Akleh, yo estuve mucho menos tiempo en las líneas del frente en los territorios ocupados. Yo no era un corresponsal de guerra, y cuando me encontraba cerca de la acción, era invariablemente por accidente - como cuando, en Yenín, mi taxi palestino giró por una calle y se encontró frente al cañón de un tanque israelí.

A juzgar por la velocidad y la destreza con que mi conductor dio marcha atrás, no era la primera vez que se encontraba con este tipo de puesto de control.

Abu Akleh ha informado sobre demasiados asesinatos de palestinos como para no desconocer los riesgos a los que se enfrentaba como periodista cada vez que se ponía un chaleco antibalas. Era una especie de sangre fría que no compartía.

Según un reciente informe de Reporteros sin Fronteras, al menos 144 periodistas palestinos han resultado heridos por las fuerzas israelíes en los territorios ocupados desde 2018. Tres, entre ellos Abu Akleh, fueron asesinados en el mismo periodo.

Pasé parte de mi estancia en la región visitando los lugares de las muertes de palestinos, tratando de analizar los relatos contradictorios de palestinos e israelíes para comprender mejor lo que realmente había ocurrido. El asesinato de Abu Akleh y la respuesta de Israel concuerdan con lo que descubrí al realizar estas investigaciones.

Por lo tanto no fue sorprendente escuchar al primer ministro israelí, Naftali Bennett, acusar inmediatamente a los palestinos de la muerte de la periodista. Hay, dijo, “grandes posibilidades de que los palestinos armados, que dispararon salvajemente, sean los causantes de la muerte  desafortunada de la periodista”.

Ajuste de cuentas

Abu Akleh era un rostro familiar no solo para el mundo árabe que devora las noticias de Palestina, sino también para la mayoría de los soldados de combate israelíes que hacen “incursiones” - un eufemismo para ataques – en comunidades palestinas como Yenín.

Los soldados que dispararon contra ella y el grupo de periodistas palestinos con los que se encontraba sabían que estaban disparando contra miembros de los medios. Pero también parece haber evidencias que sugieren que uno o más soldados la identificaron específicamente como objetivo.

Los palestinos sospechan, con razón, que el agujero de bala justo debajo del borde de su casco metálico no es fruto del azar. Se trataba de un disparo de precisión destinado a matarla, razón por lo que los responsables palestinos califican su muerte de “deliberada”.

Hasta donde puedo recordar, Israel ha intentado de  encontrar pretextos para poner fin a la cobertura de Al Jazeera, a menudo prohibiendo a sus reporteros o negándoles tarjetas de prensa. En mayo pasado, Israel bombardeó una torre en Gaza que albergaba las oficinas de la cadena.

De hecho, lo más probable es que Abu Akleh fuera asesinada precisamente porque era una destacada periodista de Al Jazeera, conocida por sus  intrépidos reportajes sobre los crímenes israelíes. El ejército y sus soldados son rencorosos, y tienen armas letales para saldar cuentas.

Tiro amigo

La insinuación israelí de que fue blanco de los disparos palestinos, o que sufrió daños colaterales, debe ser tratada con el desdén que merece. Al menos, con la ventaja de los GPS modernos y las imágenes satelitales, este encubrimiento estándar resulta más fácil de refutar.

La defensa de la tesis del “tiro amigo” salió directamente del libro de juegos que Israel utiliza cada vez que no puede recurrir a su racionalización retrospectiva preferida para matar a los palestinos: estaban armados y “representaban un peligro inmediato para los soldados”.

Es una lección que aprendí en mis primeros meses en la región. Llegué en 2001 para investigar los acontecimientos de los primeros días de la segunda Intifada, o levantamiento palestino, cuando la policía israelí mató a 13 manifestantes. Estos asesinatos, a diferencia de los sucesos paralelos que se desarrollaban en los territorios ocupados, iban dirigidos contra los miembros de una importante minoría palestina que vive en el interior de Israel y constituyen subciudadanos.

Al comienzo de la Intifada, a finales de 2000, un número sin precedentes de  ciudadanos palestinos salieron a la calle para protestar contra la masacre de sus compatriotas a manos del ejército israelí en los territorios ocupados.

Se enfurecieron especialmente por las imágenes de Gaza capturadas por France2. Mostraban a un padre tratando desesperadamente de proteger a su hijo de 12 años, Mohammed al-Durrah, mientras estaban atrapados por los disparos israelíes en un cruce. Mohammed murió y su padre, Jamal, resultó gravemente herido.

También en esta ocasión, Israel hizo todo lo posible para cubrir sus huellas y lo siguió haciendo  durante muchos años. A su vez, acusó a los palestinos de haber matado a Durrah, alegando que la escena había sido manipulada o sugiriendo que el niño estaba realmente vivo e ileso. Todo ello a pesar de las protestas del equipo de la televisión francesa.

Los niños palestinos han sido asesinados en otros lugares de los territorios ocupados, pero estas muertes rara vez han sido capturadas de forma tan visceral en una película. Y cuando lo hacían, solía ser con las primitivas cámaras digitales personales de la época. Israel y sus apologistas calificaron con desenvoltura  a estas imágenes granuladas como “Pallywood” -una amalgama entre palestinos y Hollywood- para sugerir que eran falsas.

Disparos en la espalda

Los engaños israelíes sobre la muerte de al-Durrah hicieron eco de lo que ocurría en Israel. La policía israelí también disparó imprudentemente contra las grandes manifestaciones que estallaron, a pesar de que los manifestantes estaban desarmados y tenían la ciudadanía israelí. No sólo murieron 13 palestinos, sino que otros cientos más resultaron heridos, y algunos horriblemente mutilados.

En un incidente, judíos israelíes de las Alturas de Nazareth -algunos de los cuales eran policías armados fuera de servicio- marcharon hacia la cercana ciudad palestina de Nazaret, donde yo me encontraba. Los altavoces de la mezquita pidieron a los habitantes de Nazaret que salieran a proteger sus casas. A continuación se produjo una larga y tensa confrontación entre ambas partes en un cruce de carreteras entre las dos comunidades.

La policía se situó junto a los invasores, vigilada por francotiradores israelíes situados en la cima de un gran edificio en los Altos de Nazaret, frente a los residentes de Nazaret amontonados colina abajo.

La policía insistió en que los palestinos se fueran primero. Ante la cantidad de armas, la multitud de Nazaret finalmente cedió y tomó el camino de regreso. En ese momento, los francotiradores de la policía abrieron fuego, disparando a varios hombres por la espalda. Dos de ellos, recibiendo un disparo en la cabeza, murieron en el acto.

Estas ejecuciones fueron vistas por los centenares de palestinos presentes en el lugar, así como por la policía y por todos aquellos que habían intentado invadir Nazaret. Sin embargo, el relato oficial de la policía ignoró la secuencia de los acontecimientos. La policía dijo que el hecho de que los dos hombres palestinos recibieron disparos en la parte posterior de la cabeza demostraba que habían sido asesinados por otros palestinos, y no por francotiradores de la policía.

Los comandantes afirmaron, sin presentar ninguna prueba ni llevar a cabo una investigación forense, que detrás de los hombres se habían escondido francotiradores palestinos que los habían matado por error mientras apuntaban a la policía. Se trataba de una mentira flagrante, pero las autoridades la mantuvieron durante la posterior investigación judicial.

Equilibrio de fuerzas

Como en el caso de Abu Akleh, la muerte de estos dos hombres no fue -como Israel quiere hacernos creer- un incidente desafortunado, con personas inocentes atrapadas en el fuego cruzado.

Como en el caso de Abu Akleh, estos hombres de Nazaret fueron ejecutados a sangre fría por Israel. Se trataba de un mensaje brutal dirigido a todos los palestinos sobre el equilibrio de fuerzas en presencia, y  una advertencia para que se sometan, se callen, sepan cual es su lugar.

Los habitantes de Nazaret desafiaron estas restricciones saliendo a proteger su ciudad. Abu Akleh hizo lo mismo, presentándose día tras día durante más de dos décadas para dar cuenta de las injusticias, los crímenes y los horrores de la vida bajo la ocupación israelí. Se trató en ambos casos  de resistencia pacífica a la opresión, e Israel los consideró como equivalentes al terrorismo.

Nunca podremos determinar si Abu Akleh o estos dos hombres murieron a causa de las acciones de un impetuoso soldado israelí, o porque el tirador recibió instrucciones de oficiales superiores de utilizar una ejecución para dar una lección a otros palestinos.

Pero no necesitamos saber cuál es la explicación correcta. Porque sigue ocurriendo, y porque Israel sigue sin hacer nada para ponerle fin, o para identificar y castigar a los responsables.

Porque matar a los palestinos -de manera imprevisible e incluso aleatoria- corresponde perfectamente a los objetivos de una potencia ocupante determinada a erosionar cualquier sentimiento de seguridad o de normalidad para los palestinos, un ocupante decidido a aterrorizarlos para que abandonen, poco a poco, su patria.

Dar una lección

Abu Akleh  hacia parte de los pocos palestinos de los territorios ocupados que tienen la nacionalidad usamericana. Esto, así como  su fama en el mundo árabe, son dos razones por las que los responsables de Washington se sintieron obligados a expresar su tristeza ante su asesinato y a lanzar un llamamiento formal a una "investigación exhaustiva".

Sin embargo el pasaporte usamericano de Abu Akleh no pudo salvarla de las represalias israelíes como el de Rachel Corrie, que fue asesinada en 2003 por un conductor de una excavadora israelí cuando intentaba proteger casas palestinas en Gaza. Asimismo, el pasaporte británico de Tom Hurndall no le impidió recibir un disparo en la cabeza mientras intentaba proteger a los niños palestinos de Gaza de los disparos israelíes. El pasaporte británico del cineasta James Miller tampoco impidió que un soldado israelí lo ejecutara en 2003 en Gaza mientras documentaba el asalto israelí contra este diminuto y superpoblado enclave.

Se consideró que todos habían tomado partido actuando como testigos y negándose a callar mientras los palestinos sufrían - y por esa razón había que darles una lección a ellos y a quienes pensaban como ellos.

Ha funcionado. Pronto desapareció el contingente de voluntarios extranjeros -los que habían acudido a Palestina para registrar las atrocidades cometidas por Israel y servir, en caso necesario, de escudos humanos para proteger a los palestinos de un ejército israelí de gatillo fácil. Israel ha denunciado al Movimiento de Solidaridad Internacional por apoyar el terrorismo y, habida cuenta de la evidente amenaza para sus vidas, el grupo de voluntarios se ha ido reduciendo gradualmente.

Las ejecuciones - ya sean cometidas por soldados impetuosos o aprobadas por el ejército - han servido una vez más a su objetivo.

Error de juicio

Fui el único periodista que investigó la primera de esta serie de ejecuciones de extranjeros al comienzo de la segunda Intifada. Iain Hook, un británico que trabajaba para la UNRWA, la Agencia de la ONU para los refugiados, fue asesinado a finales de 2002 por un francotirador israelí en Yenín, la misma ciudad del norte de Cisjordania donde Abu Akleh será ejecutada 20 años después.

Al igual que en el caso de Abu Akleh, la historia oficial israelí fue diseñada para desviar la atención de lo que era claramente una ejecución israelí con el fin de trasladar la culpa a los palestinos.

Durante otra “incursión” israelí sobre Yenín, Hook y su personal, así como los niños palestinos que asistían a una escuela de la UNRWA, se habían refugiado en el interior del recinto cerrado.

La versión israelí era una mezcla de mentiras que podían ser fácilmente refutadas, aunque ningún periodista extranjero, aparte de mí, se molestó en ir allí para comprobarlo. Y como las posibilidades eran más limitadas en aquella época, me resultó difícil encontrar un medio dispuesto a publicar mi investigación.

Israel afirmó que su francotirador, que dominaba el recinto desde una ventana del tercer piso, había visto a los palestinos entrar en el complejo. Según esta versión, el francotirador confundió a Hook, de 54 años, alto, pálido y pelirrojo, con un francotirador  palestino, mientras observaba al funcionario de la ONU a través de un binocular durante más de una hora.

Para respaldar su grotesca historia, Israel también afirmó que el francotirador había confundido el teléfono móvil de Hook con una granada de mano, y que temía que estuviera a punto de lanzarla fuera del recinto contra los soldados israelíes en la calle.

Excepto que, como el francotirador debía saber, era imposible. El recinto estaba cerrado, con un alto muro de hormigón, un toldo de gasolinera como techo, y una gruesa malla de gallinero que cubría el espacio intermedio. Si Hook hubiera lanzado su granada telefónica a la calle, le habría rebotado. Si fuera una granada de verdad, se habría  auto explotado

La verdad es que Hook cometió un error de apreciación. Rodeado por tropas israelíes y combatientes palestinos escondidos en los callejones cercanos, y exasperado por la negativa de Israel a permitir que su personal y los niños salieran sanos y salvos, abrió la puerta e intentó abogar a los soldados que estaban afuera.

Cuando lo hacía, un francotirador  palestino salió de un callejón cercano y disparó contra un vehículo blindado israelí. Nadie resultó herido. Hook huyó al interior del recinto y lo cerró.

Pero los soldados israelíes que se encontraban afuera tenían ahora una rencilla contra el funcionario de la ONU. Uno de ellos decidió dispararle a Hook en la cabeza para vengarse de él.

Mala fe

La ONU se vio obligada a llevar a cabo una investigación detallada sobre el asesinato de Hook. Los familiares de Abu Akleh probablemente no se beneficiarán de la misma ventaja. En efecto, la policía israelí se empeñó en hacer una “redada” en su domicilio en la Jerusalén Este ocupada para perturbar el luto de la familia, exigiendo que se retirara una bandera palestina. Otro mensaje.

Israel ya insiste en tener acceso a las pruebas forenses - como si un asesino tuviera derecho a ser el único que investiga su propio crimen.

Pero, de hecho, incluso en el caso de Hook, la investigación de la ONU se suspendió discretamente. Acusar a Israel de haber ejecutado a un funcionario de la ONU habría forzado al organismo internacional a una peligrosa confrontación con Israel y los USA. El asesinato de Hook fue encubierto y nadie fue llevado ante la justicia.

No se puede esperar nada mejor para Abu Akleh. Habrá rumores sobre una investigación. Israel acusará a la Autoridad Palestina de no cooperar, como ya lo hace. Washington expresará su tibia preocupación pero no hará nada. Entre bastidores, USA ayudará a Israel a bloquear cualquier investigación seria.

Para USA y la UE, las declaraciones rutinarias de “tristeza” y los llamamientos a la investigación no pretenden arrojar luz sobre lo ocurrido. Esto sólo podría poner en aprietos a un aliado estratégico necesario para la proyección de la potencia occidental en un Oriente Medio rico en petróleo.

No, estas declaraciones de medios tonos de las capitales occidentales pretenden aliviar las tensiones y crear confusion. Su objetivo es poner fin a toda reacción brutal, indicar la imparcialidad de Occidente y salvar la cara de los regímenes árabes cómplices, sugerir que existe un proceso legal al que Israel se adhiere, y frustrar los esfuerzos de los palestinos y de la comunidad de derechos humanos para someter estos crímenes de guerra a los organismos internacionales, como la CPI.

La verdad es que una ocupación que dura décadas sólo puede sobrevivir mediante actos de terror gratuitos -a veces aleatorios, a veces cuidadosamente calibrados- destinados a mantener a la población afectada en el miedo y la sumisión. Cuando la ocupación está patrocinada por la principal superpotencia mundial, la impunidad es absoluta para quienes supervisan este reino del terror.

Abu Akleh es la más reciente víctima. Sin embargo estas ejecuciones continuarán mientras Israel y sus soldados no tengan que rendir cuentas.

 

16/05/2022

ANTONIO MAZZEO
Jeux de guerre dangereux de l'OTAN dans la moitié de l'Europe

Antonio Mazzeo (bio), 16/5/2022
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

Alors que le tragique conflit en Ukraine - qui a réexplosé avec l'agression de Moscou le 24 février - fait des milliers de victimes parmi la population civile sans défense et les militaires russes et ukrainiens, et que Washington et Bruxelles alimentent la violence en envoyant des dizaines de milliards de dollars d'armes de destruction, l'OTAN vise l'escalade en promouvant des maxi-manoeuvres dans toute l'Europe centrale et orientale.


Selon le commandement suprême de l'Alliance, plus de 18 000 militaires de vingt pays participent aux deux principales manoeuvres en cours, "Defender Europe" et "Swift Response". « Elles se déroulent actuellement en Pologne et dans huit autres pays européens, et comprennent également des largages de parachutistes et des assauts d'hélicoptères en Macédoine du Nord », indique l'OTAN. « En Estonie, 15 000 militaires de 14 pays participent à l'exercice 'Hedgehog', l'une des plus grandes opérations militaires menées dans le pays depuis 1991 et auquel participe le navire de débarquement usaméricain de classe Wasp Kearsarge. En outre, l'exercice "Iron Wolf" en Lituanie voit le déploiement de 3 000 soldats de l'Alliance et d'environ 1 000 véhicules de guerre, dont des chars Leopard 2 allemands.

Toujours selon l'OTAN, " Wettiner Heide ", un exercice de la Force alliée d’intervention rapide auquel participent 7 500 militaires, est en cours en Allemagne. « En Méditerranée, le groupe naval dirigé par le porte-avions (nucléaire) USS Harry S. Truman sera transféré sous le commandement de l'OTAN pour la deuxième fois cette année lors des exercices navals de la série Neptune », indique l'OTAN. « Cela ne représente que le deuxième transfert à l'OTAN d'un groupe naval avec un porte-avions américain depuis la fin de la guerre froide. Le mois prochain, l'exercice "Ramstein Legacy", qui se déroulera en Pologne et dans les pays baltes, sera le plus grand exercice intégré de défense aérienne antimissile et impliquera 23 pays. Baltops", également en juin, qui a lieu chaque année depuis plus de 50 ans, sera un exercice d'entraînement amphibie dans la région de la Baltique ».

Enfin, le Commandement de l'OTAN indique que des unités militaires de la Finlande et de la Suède, les deux pays qui renoncent à leur neutralité historique pour rejoindre l'Alliance, participent à une grande partie de ces exercices. « Actuellement, les forces armées des États-Unis d'Amérique, du Royaume-Uni, de l'Estonie et de la Lettonie participent aux côtés des forces finlandaises à l'exercice 'Arrow 22', qui met en scène des chars Challenger 2 britanniques et des véhicules de combat blindés Stryker américains ».

Pendant ce temps, dans les eaux et le ciel du sud de l'Italie, "Mare Aperto 2022", un maxi-manœuvre promue par la marine italienne à laquelle participent plus de 4 000 militaires d'Italie et de six autres pays de l'OTAN et environ soixante-dix navires, sous-marins, avions et hélicoptères, est en cours. "Mare Aperto 2022" se terminera le 27 mai.