12/08/2024

Civilisations immémoriales : Sur la piste des oubliés de l’histoire humaine
Un livre de Harald Haarman

« Tant que les lions n’auront pas leur propre histoire, l’histoire de la chasse glorifiera toujours le chasseur »

Chinua Achebe (1930-2013)

Avant et sous les Grecs, il y avait des Pélasgiens, des Danubiens et des Scythes. Avant et sous les Romains, il y avait des Étrusques. La liste des « lions » – et des lionnes ! – qui n’ont pas survécu pour pouvoir raconter leur histoire, tués une deuxième fois par le récit des « chasseurs », est longue comme un jour sans pain et une nuit sans lune. Harald Haarmann a choisi 25 de ces oubliés de l’histoire, dont il nous raconte ce qu’on peut en savoir. Embarquez-vous dans un tour du monde à donner le vertige entre les continents et les millénaires, du Lac Baïkal à la jungle cambodgienne, du désert syrien aux collines de Toscane, du Xinjiang à Teotihuacán, de l’Amazonie à la Cappadoce, des Chachapoyas aux Rapanui. Et revivez les aventures de ces lionnes que furent Hatchepsout et Zénobie.


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Harald Haarmann (1946) est un linguiste et chercheur allemand sur les civilisations. Depuis 2003, il est vice-président de l’Institute of Archaeomythology (dont le siège est à Sebastopol, Californie – archaeomythology.org) et directeur de sa branche européenne (iameurobranch.com) en Finlande. Il a publié plus de 70 ouvrages. Il a été récompensé à plusieurs reprises pour son travail, notamment par le Prix Logos (France, 1999), le Premio Jean Monnet (Italie, 1999) et le Plato Award (Grande-Bretagne, 2006). La version originale allemande de ce livre, Vergessene Kulturen der Weltgeschichte, 25 verlorene Pfade der Menschheit, en est à sa 4e édition depuis 2019. De lui, on peut lire en français Le futur de l’Europe a un cœur très vieux. Sur les traces de Marija Gimbutas et L’énigme de la civilisation danubienne, À la découverte de la plus ancienne culture avancée d’Europe, publiés par ProMosaik LAPH et L’Atelier Glocal.


 

11/08/2024

GIDEON LEVY
Pour Israël, les enfants assassinés méritent d’être pleurés, sauf s’ils sont palestiniens

Gideon Levy, Haaretz, 11/8/2024
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala  

Une fois de plus, ce n’était pas intentionnel. Une fois de plus, ce n’était pas un génocide, absolument pas un génocide ; après tout, le génocide n’est pas seulement déterminé par le nombre horrible de morts, mais aussi par l’intention, et cette fois-ci, il n’y avait pas d’intention génocidaire, après tout.


Lorsque « le Hezbollah a tué 12 enfants à Majdal Shams » il y a deux semaines, Israël s’est insurgé : “massacre”, “meurtre” et “cruauté indicible”. Quelqu’un en Israël pensait-il vraiment que le Hezbollah avait l’intention de tuer 12 enfants druzes sur le plateau du Golan occupé ? Mais en ce qui concerne le Hezbollah, la question des intentions ne se pose jamais ; ils sont toujours meurtriers. Si 12 enfants druzes ont été tués, cela signifie que le Hezbollah avait l’intention de les assassiner.

Pour les Forces de “défense” israéliennes, c’est une autre histoire. Elles ont la pureté des armes. Ce ne sont pas des meurtriers. Mais les personnes qui ont été tuées samedi à l’école de Tab’een dans la ville de Gaza ont été tuées exactement comme les enfants de Majdal Shams ont été tués sur leur terrain de football - et la culpabilité dans le meurtre est identique.

Au cours des dix derniers jours, les FDI ont bombardé huit écoles, tuant un nombre à deux chiffres de personnes déplacées dans chacune d’entre elles. Un record a été établi tôt samedi matin, lorsqu’une centaine de personnes ont été tuées alors qu’elles se préparaient pour la prière de l’aube à la mosquée adjacente à l’école. Certaines des victimes n’étaient arrivées que récemment, après avoir fui leur précédent refuge suite à un bombardement. Certaines d’entre elles avaient perdu une partie de leur famille, qui a été définitivement rayée de la carte.

Les images diffusées par Al-Jazeera étaient choquantes : des adolescentes pleurant à la vue des corps de leurs parents, des couvertures synthétiques colorées enveloppant les parties du corps de plusieurs personnes. Ils se sont levés pour la prière et ont été massacrés, comme par Baruch Goldstein, mais presque deux fois plus, par l’armée.

L’unité du porte-parole des FDI a fait ses déclarations habituelles, que plus personne au monde ne croit : « Avant la frappe, de nombreuses mesures ont été prises pour atténuer le risque de blesser des civils, notamment l’utilisation de munitions précises, la surveillance aérienne et l’information fournie par les renseignements ».

Si 100 personnes ont été tuées après toutes les mesures touchantes prises par les FDI, imaginez combien de personnes auraient été tuées si elles n’avaient pas pris ces mesures. La tentative de prétendre que les Palestiniens surestiment le nombre de victimes parce que le ministère palestinien de la Santé est contrôlé par le Hamas est également pathétique. Le ministère israélien de la Santé est contrôlé par le parti Shas. Et alors ? L’armée israélienne n’a jamais été en mesure de réfuter le ministère palestinien de la Santé de manière significative.

Il est déjà impossible d’accepter ces absurdités, surtout lorsqu’il s’agit de la huitième école en dix jours. Les histoires de centres de commandement du Hamas dans les écoles sont également difficiles à avaler : l’armée n’a pas encore présenté la moindre preuve solide de l’existence d’un centre de commandement dans l’un des huit abris touchés. Cela n’a bien sûr aucune importance pour les Israéliens, qui justifient tout à l’avance ; tout est éthique, mais personne d’autre qu’eux n’est encore prêt à l’accepter.

Il faut le dire : même s’il existait un tel “centre de commandement” - un terme vague - rien ne justifie le meurtre de dizaines de personnes sans défense, démunies et effrayées, dont de nombreux enfants. Tout “centre de commandement”, qui se résume parfois à un seul officier de police du Hamas caché, ne justifie pas un massacre. En fait, jamais. Lorsque cela se produit huit fois en dix jours, il est clair qu’il y a une politique. Une politique intentionnelle de crimes de guerre.

La possibilité que la guerre la plus inutile et la plus criminelle qu’Israël ait jamais menée soit susceptible de prendre fin incite le gouvernement, et en particulier l’armée - l’armée est coupable de tels crimes - à faire un dernier effort pour tuer le plus grand nombre possible, sans discrimination et sans retenue. Huit écoles en dix jours, c’est une urgence pour La Haye. Le juriste capable de réfuter l’accusation n’est pas encore né.

En 1996, lors de l’opération “Raisins de la colère” au Liban, les FDI ont tué 102 personnes déplacées dans un abri de l’ONU à Kafr Kana. Là aussi, Israël a tenté de nier et de trouver des excuses ; quelques jours plus tard, il a été contraint de mettre fin à l’opération. La tuerie de samedi n’aboutira pas, à notre grand effroi, à un résultat similaire. Israël est déjà un État différent, et ses militaires le sont également. Leurs cœurs sont endurcis, comme ceux de la plupart des Israéliens.

Dessins de Sanouni Imad  

 

10/08/2024

GIDEON LEVY
Bienvenidos al infierno: El informe de B’Tselem de abusos ignorados muestra la verdadera cara de Israel


Gideon Levy, Haaretz, 8/8/2024
Traducido por Fausto Giudice, Tlaxcala

El informe de B’Tselem publicado esta semana, “Bienvenidos al infierno”, no es sólo un informe sobre lo que ocurre en los centros penitenciarios de Israel; es un informe sobre Israel. Cualquiera que quiera saber qué es Israel debería leer este informe antes que cualquier otro documento sobre la democracia israelí.


Cualquiera que quiera familiarizarse con el espíritu de la época en Israel debería observar cómo la mayoría de los medios de comunicación ignoraron el informe, que debería haber causado indignación y conmoción en Israel. Incluso la documentación de la violación en grupo de la que informó esta semana Guy Peleg en Channel 12 News no mostraba sólo el centro de detención de Sde Teiman. Mostraba la cara del país.

Si un informe como el de B’Tselem fue casi totalmente ignorado aquí, y si incluso después de las pruebas mostradas por Peleg continúa el debate sobre si está permitido detener a los abominables soldados presentados en él -en el programa matinal del Canal 12 hubo una discusión sobre quién está a favor de la violación y quién en contra-, entonces la documentación de Peleg es la documentación de la cara de Israel 2024, su espíritu y su semejanza.

 

Por desgracia, incluso Peleg siguió llamando “terrorista” a la víctima de la bárbara violación (después de todo, trabaja para Channel 12 News), aunque un momento antes reveló que la víctima de la violación no era miembro de la Nukhba [una unidad de élite de las Brigadas Ezzedin Al Qassem de Hamás que se dice que dirigió la operación Tufan Al Aqsa; el término que entró en el vocabulario israelí después del 7 de octubre, NdT] ni comandante de una compañía: era un policía normal de la unidad antidroga de Yabalia. Así fue sacado de entre decenas de detenidos que yacían esposados en el suelo, quizá al azar porque era el último de la fila. No hubo violencia ni disturbios, como intentaron alegar los indignos abogados de los sospechosos.

¿Qué hizo exactamente ese “terrorista”? ¿Y por qué estaba siquiera en prisión? ¿Era porque su salario lo paga el gobierno de la Franja de Gaza? Son preguntas que no deberían hacerse. Pero la imagen de su cuerpo tembloroso por los dolores de la penetración, que parpadeó un instante mientras los violadores se escondían tras sus defensas, debería haber torturado todas las conciencias.

No la conciencia de la mayoría de los israelíes, resulta. El martes, una vez más, una audiencia del Tribunal Superior de Justicia en la que se debatía la petición de cierre del centro de tortura Sde Teiman fue interrumpida debido a los gritos de los asistentes. “El pueblo es soberano”, gritó la chusma a los magistrados del Alto Tribunal. Pronto llegarán los linchamientos en las plazas de las ciudades, llevados a cabo por el soberano y apoyados por los medios de comunicación. En los programas matinales de televisión se debatirá sobre la legitimidad de los linchamientos. Habrá un orador a favor y otro en contra, en nuestros equilibrados medios.

Un marido maltratador puede ser encantador, impresionante, querido por todos los que le conocen y tener talento; si pega a su mujer o a sus hijos, es un marido maltratador. Esta definición eclipsa todas las demás descripciones sobre él, su violencia define su identidad. Todas sus demás características se olvidan debido a su violencia.

Sde Teiman también define a Israel, más que sus otras características. Israel es Sdei Teiman, Sde Teiman es Israel. Así es también como trataron a los sospechosos de acoso sexual en el movimiento israelí #MeToo, que destruyó las carreras y las vidas de hombres que sólo eran sospechosos. ¿Pero los violadores de Sde Teiman? Eso no es un problema para #MeToo: violaron a una “terrorista” ya.

Cuando se leen las 94 páginas del informe de B’Tselem, que quitan el sueño, se comprende que no se trató de un incidente excepcional, sino de la rutina de la tortura, que se ha convertido en una política. A diferencia de la tortura del Shin Bet, que presumiblemente tenía un propósito de seguridad -extraer información- aquí es únicamente para satisfacer los impulsos sádicos más oscuros y enfermizos. Observe con qué calma se acercan los soldados para llevar a cabo su malévola intención. Hay docenas de otros soldados también, que vieron y supieron y permanecieron en silencio. Al parecer, también participaron en orgías similares, según las docenas de testimonios citados en el informe de B’Tselem. Esa es la rutina.

La indiferencia ante todas estas cosas define a Israel. La legitimación pública define a Israel. En el campo de detención de Guantánamo, abierto por USA tras los atentados del 11-S, murieron nueve prisioneros en 20 años; aquí son 60 detenidos en 10 meses. ¿Hace falta decir algo más?

GIDEON LEVY
Bienvenue en enfer : le rapport de B’Tselem sur les abus ignorés montre le vrai visage d’Israël


 

Gideon Levy, Haaretz, 8/8/2024
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala  

 

Le rapport de l’ONG B’Tselem publié cette semaine, « Bienvenue en enfer », n’est pas seulement un rapport sur ce qui se passe dans les prisons israéliennes, c’est un rapport sur Israël. Quiconque veut savoir ce qu’est Israël devrait lire ce rapport avant tout autre document sur la démocratie israélienne.


Télécharger le rapport

 

Quiconque veut se familiariser avec l’esprit du temps en Israël devrait noter comment la plupart des médias [israéliens, NdT] ont ignoré le rapport, qui aurait dû susciter l’indignation et le choc en Israël. Même la documentation sur le viol collectif rapportée cette semaine par Guy Peleg sur Channel 12 News ne montrait pas seulement le centre de détention de Sde Teiman. Elle montrait le visage du pays.

 

Si un rapport comme celui de B’Tselem a été presque totalement ignoré ici, et si même après les preuves montrées par Peleg, le débat sur la question de savoir s’il est permis de détenir les soldats répignants présentés dans le rapport se poursuit – dans le programme du matin de Channel 12, il y a eu une discussion sur qui est en faveur du viol et qui s’y oppose – alors la documentation de Peleg est une documentation sur le visage d’Israël 2024, son esprit et sa semblance.

 

 Malheureusement, même Peleg a continué à qualifier la victime du viol barbare de « terroriste » (après tout, il travaille pour Channel 12 News), bien qu’il ait révélé un peu plus tôt que la victime du viol n’était pas un membre de la Nukhba [unité d’élite des Brigades Ezzedine Al Qassem du Hamas qui aurait dirigé l'Opération Toufan Al Aqsa, terme entré dans le vocabulaire israélien après le 7 octobre, NdT] ou un commandant de compagnie – c’était un simple policier de l’unité anti-drogue de Jabaliya. Il a donc été extrait parmi des dizaines de détenus qui gisaient menottés sur le sol, peut-être au hasard parce qu’il était le dernier de la rangée. Pas de violence ni d’émeutes, comme les avocats indignes des suspects ont tenté de le faire croire.

Qu’avait fait exactement ce « terroriste » ? Et pourquoi était-il en prison ? Est-ce parce que son salaire est payé par le gouvernement de la bande de Gaza ? Ce sont des questions qui ne devraient pas être posées. Mais l’image de son corps tremblant sous la douleur de la pénétration, qui a vacillé un instant tandis que les violeurs se cachaient derrière leurs défenseurs, aurait dû torturer toutes les consciences.

 

Pas la conscience de la plupart des Israéliens, s’avère-t-il. Mardi, une fois de plus, une audience de la Haute Cour de justice portant sur la demande de fermeture du centre de torture de Sde Teiman a été interrompue en raison des cris de l’assistance. « Le peuple est souverain », a crié la populace aux juges de la Haute Cour. Bientôt on verra des lynchages sur les places des villes, menés par le souverain et soutenus par les médias. Dans les émissions télévisées du matin, on discutera de la légitimité du lynchage. Il y aura un orateur pour et un orateur contre, dans nos médias équilibrés.

 

Un mari violent peut être charmant, impressionnant, aimé de tous ceux qui le connaissent et talentueux ; s’il bat sa femme ou ses enfants, c’est un mari violent. Cette définition éclipse toutes les autres descriptions, sa violence définit son identité. Toutes ses autres caractéristiques sont oubliées à cause de sa violence.

 

Sde Teiman définit également Israël, plus que ses autres caractéristiques. Israël est Sdei Teiman, Sde Teiman est Israël. C’est aussi comme cela qu’ils ont traité les personnes soupçonnées de harcèlement sexuel dans le mouvement israélien #MeToo, qui a détruit les carrières et les vies d’hommes qui n’étaient que des suspects. Mais les violeurs de Sde Teiman ? Ce n’est pas un problème pour #MeToo – celui qu’ils ont violé était un « terroriste ».

 

Quand on lit les 94 pages du rapport de B’Tselem, qui vous fait perdre le sommeil, on comprend qu’il ne s’agit pas d’un incident exceptionnel, mais de la routine de la torture, qui est devenue une politique. Contrairement à la torture pratiquée par le Shin Bet, qui avait vraisemblablement un but sécuritaire – obtenir des informations – ici, il s’agit uniquement de satisfaire les pulsions sadiques les plus sombres et les plus malsaines. Regardez avec quel calme les soldats s’approchent pour exécuter leurs intentions malveillantes. Il y a aussi des dizaines d’autres soldats qui ont vu et su et qui sont restés silencieux. Apparemment, ils ont également participé à des orgies similaires, d’après les dizaines de témoignages cités dans le rapport de B’Tselem. C’est la routine.

 

L’indifférence à toutes ces choses définit Israël. La légitimation publique définit Israël. Dans le camp de détention de Guantanamo Bay ouvert par les USA après les attentats du 11 septembre, neuf prisonniers ont été tués en 20 ans ; ici, c’est 60 détenus en 10 mois. Faut-il en dire plus ?

 

09/08/2024

ANDREAS MALM
La destrucción de Palestina es la destrucción de la Tierra

Los últimos ocho meses de genocidio han inaugurado una nueva fase en la larga historia de la destrucción de Palestina, evidenciando de manera particularmente grotesca el compromiso de las potencias capitalistas occidentales con el proyecto colonial sionista. En este ensayo, el historiador y activista sueco Andreas Malm (autor de «Capital Fósil» y «Cómo dinamitar un oleoducto») propone un análisis de larga duración sobre la colonización y el extractivismo en Palestina, iniciando alguna décadas antes que el movimiento sionista emergiera como tal. Remontándose a la destrucción de Acre por la flota británica el año 1840 -en la que fuera una de las primeras manifestaciones de la potencia destructiva de la tecnología a base de carburantes en un contexto bélico- Malm nos recuerda el vínculo estrecho entre capitalismo y combustión fósil, y demuestra que, para comprender a cabalidad la crisis actual, es necesario sumergirse en la larga historia de los intereses imperialistas en la región. Con ello, el autor subraya la insuficiencia de la teoría del Lobby para explicar el grado de implicación de las potencias occidentales (EEUU a la cabeza) en el actual genocidio en Palestina y, llamando a la izquierda a rehacerse de una teoría del imperialismo, pone en evidencia la manera en que la destrucción de Palestina se teje con la historia de la destrucción del planeta, a manos de un capitalismo extractivista y supremacista del cual el Estado de Israel encarna uno de los enclaves más avanzados y agresivos.

 

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08/08/2024

Murtaza Hussain
Microsoft encourage ses employés à faire des dons aux colonies illégales de Cisjordanie, tout en excluant l’UNRWA

Les employés demandent à l’entreprise technologique de cesser de verser des contributions à des groupes jouant un rôle actif dans l’occupation, y compris un groupe qui soutient l’armée israélienne.

Murtaza Hussain, Drop Site News, 6/8/2024
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala  


Murtaza Hussain est un journaliste d’origine pakistanaise qui a grandi à Toronto et vit aujourd’hui à New York. Après avoir travaillé au site ouèbe The Intercept, il contribue au nouveau site créé par Jeremy Scahill et Ryan Grim, Drop Site News. @MazMHussain

 

Microsoft inclut un certain nombre d’organisations basées dans des colonies israéliennes illégales en Cisjordanie, dont au moins une qui collecte des fonds pour soutenir l’armée israélienne, dans la plateforme de dons caritatifs de ses employés. Pourtant, l’entreprise a retiré de sa liste l’agence des Nations unies qui fournit de l’aide à Gaza, selon des employés de Microsoft qui ont adressé une pétition interne à l’entreprise pour qu’elle modifie sa politique. L’inscription des organisations caritatives sur la plateforme de dons signifie que Microsoft versera automatiquement une somme équivalente aux contributions des employés.

La semaine dernière, un groupe d’employés de Microsoft a commencé à faire circuler une pétition demandant à l’entreprise de cesser de verser des contributions équivalentes à trois organisations, la Fondation Ma’aleh Adumim, l’Académie Ein Prat pour le leadership et l’équipe de sauvetage Megilot de la mer Morte, qui, selon eux, « sont en violation directe du droit international », citant les Conventions de Genève.

« Microsoft finance directement ces implantations illégales et immorales en permettant à ces organisations de subsister », affirme la pétition, implorant l’entreprise de cesser de verser des fonds de contrepartie aux trois organisations.

« C’est non seulement contraire à l’éthique, mais cela va également à l’encontre des valeurs inclusives de notre entreprise ».

Les signataires de la pétition sont encore en train de recueillir des signatures avant de s’adresser à la direction de Microsoft. Microsoft n’a pas réagi à l’article de Drop Site, et les organisations “caritatives ” de Cisjordanie étaient toujours disponibles sur la plateforme Benevity mardi.


Des manifestants défilent en soutien aux Palestiniens de Gaza près de la conférence annuelle Microsoft Build, pour demander la résiliation des contrats Azure de Microsoft avec Israël, à Seattle, Washington, USA, le 21 mai 2024. Photo David Ryder/REUTERS

Muhammad Yunus becomes head of interim government in Bangladesh

 

YUVAL ABRAHAM
“Commandez sur Amazon” : Comment les géants de la technologie stockent des mégadonnées pour la guerre d’Israël

L’armée israélienne utilise le service de cloud (nuage) d’Amazon pour stocker des informations de surveillance sur la population de Gaza, tout en se procurant d’autres outils d’intelligence artificielle auprès de Google et de Microsoft à des fins militaires, révèle une enquête.

 

Yuval Abraham , +972 Magazine/Sikha Mekomit (Local Call), 4/8/2024

Traduit par Tlaxcala

 

Yuval Abraham (1995) est un journaliste indépendant, documentariste et traducteur arabe-hébreu israélien, co-réalisateur avec  Basel Adra, Hamdan Ballal et Rachel Szor du film No Other Land, qui a reçu le Prix du meilleur documentaire à la Berlinale 2024. @yuval_abraham

 

Le 10 juillet, la commandante du Centre d’informatique et des systèmes d’information de l’armée israélienne - qui assure le traitement des données pour l’ensemble de l’armée - s’est exprimée lors d’une conférence intitulée “IT for IDF” [TI pour les FDI]  à Rishon Lezion, près de Tel-Aviv. Dans son discours devant un public d’environ 100 militaires et industriels, dont +972 Magazine et Local Call ont obtenu un enregistrement, la colonelle Racheli Dembinsky a confirmé publiquement pour la première fois que l’armée israélienne utilise des services de stockage dans le nuage et d’intelligence artificielle fournis par des géants civils de la technologie dans son assaut actuel contre la bande de Gaza. Les logos d’Amazon Web Services (AWS), de Google Cloud et de Microsoft Azure apparaissent à deux reprises dans les diapositives de la conférence de Mme Dembinsky.

 


 

Le stockage en nuage est un moyen de conserver de grandes quantités de données numériques hors site, souvent sur des serveurs gérés par un fournisseur tiers. Mme Dembinsky a d’abord expliqué que son unité militaire, connue sous l’acronyme hébreu Mamram, utilisait déjà un “nuage opérationnel” hébergé sur des serveurs militaires internes, plutôt que sur des nuages publics gérés par des entreprises civiles. Elle a décrit ce nuage interne comme une “plateforme d’armes”, qui comprend des applications permettant de marquer des cibles pour les bombardements, un portail permettant de visionner des images en direct de drones survolant le ciel de Gaza, ainsi que des systèmes de mise à feu, de commandement et de contrôle.

 

Mais avec le début de l’invasion terrestre de Gaza par l’armée israélienne à la fin du mois d’octobre 2023, a-t-elle poursuivi, les systèmes militaires internes ont rapidement été surchargés en raison du nombre considérable de soldats et de personnel militaire qui ont été ajoutés à la plate-forme en tant qu’utilisateurs, causant des problèmes techniques qui menaçaient de ralentir les fonctions militaires d’Israël.


Metoo, I’m a killer”: La colonelle Racheli Dembinsky a succédé en 2023 à la générale Yaël Grossman, qui elle-même avait succédé à la colonelle Talya Gazit en 2020, à la tête du MAMRAM (Centre d’informatique et de systèmes d’information de l’armée israélienne)

 

La première tentative pour résoudre le problème, explique Dembinsky, a consisté à activer tous les serveurs de réserve disponibles dans les entrepôts de l’armée et à mettre en place un autre centre de données, mais cela n’a pas suffi. Ils ont alors décidé qu’ils devaient « sortir du cadre, se tourner vers le monde civil ». Selon elle, les services en nuage proposés par les grandes entreprises technologiques ont permis à l’armée d’acheter des serveurs de stockage et de traitement illimités en cliquant sur un bouton, sans obligation de stocker physiquement les serveurs dans les centres informatiques de l’armée.

 

07/08/2024

THE PALESTINE CHRONICLE
Yahya Sinwar élu nouveau chef du Hamas : qui est-il et qu'est-ce que cela signifie ?

 The Palestine Chronicle, 6/8/2024
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala  

 

Yahya Sinwar (3ème à partir de la droite, avec les 2 enfants, entre Mahmoud al-Zahar et Mustafa Barghouti) participe à un rassemblement organisé par le Hamas à Gaza le samedi 1er octobre 2022 pour souligner la centralité de Jérusalem et de la mosquée Al-Aqsa. Photo : The Palestine Chronicle

 

Dans un communiqué publié mardi 6 août, le mouvement de résistance palestinien Hamas a annoncé que Yahya Sinwar était le nouveau chef de son bureau politique, suite à l'assassinat d’ Ismail Haniyeh.

 

Haniyeh a été assassiné à Téhéran le 31 juillet, laissant au Hamas la décision et le défi de choisir un nouveau dirigeant.

 

La direction du Hamas est divisée entre trois commandements, l'un dirigé par Saleh al-Arouri en Cisjordanie, l'autre par Yahya Sinwar à Gaza et Khaled Meshaal à l'étranger.

 

Haniyeh était le chef général.

 

Israël a assassiné Arouri en janvier et Haniyeh il y a quelques jours.

 

Après plusieurs jours de délibérations, le conseil palestinien de la choura (délibération) a élu Sinwar comme nouveau secrétaire général. 

 

 

Qui est Sinwar ?

 

Robert Inlakesh, journaliste au Palestine Chronicle, a récemment écrit :

 

Sinwar est né le 29 octobre 1962 dans le camp de réfugiés de Khan Younès.

 

En 1948, ses parents ont été victimes d'un nettoyage ethnique à Majdal-Askalan, aujourd'hui occupé par des colons israéliens et rebaptisé Ashkelon.

 

Marqué par son expérience de personne déplacée ayant grandi sous l'occupation militaire de la bande de Gaza - qui a démarré en 1967 - son père a déclaré que « la vie de Yahya a été pleine de souffrance en raison de l'agression sioniste. Depuis son enfance, il était déterminé à résister à l'occupation ».

 

Très performant à l'école, il a poursuivi ses études à l'université islamique de Gaza, où il a participé à la création du Bloc islamique et a occupé plusieurs postes au sein du conseil étudiant de l'université.

 

En 1982, Sinwar et d'autres membres du conseil étudiant se sont rendus à Jénine pour rendre visite à des femmes palestiniennes qui auraient été victimes d'une tentative d'empoisonnement par les Israéliens.

 

C'est à la suite de cette visite qu'il a été arrêté et placé en détention administrative (sans inculpation ni jugement) pendant six mois, sous l'accusation d'avoir participé à des activités islamistes subversives.

 

Pendant sa détention, Sinwar s'est lié d'amitié avec d'autres militants, tels que Saleh Shehade, qui allait diriger la branche armée du Hamas jusqu'à son assassinat en 2002.

 

Sinwar était responsable de la mise en place d'un réseau de sécurité, connu sous le nom de Majd.

 

Le Majd opérait en secret tandis que l'organisation des Frères musulmans qui a précédé le Hamas, la Mujamma Islamiyya, est restée un groupe non combattant jusqu'à la création du Hamas à la fin de l'année 1987.

 

En 1988, Sinwar a été arrêté et aurait été lourdement torturé pendant six semaines après la découverte de cellules armées appartenant au Majd.

 

En 1989, le Hamas a mené sa première attaque armée importante, tuant deux soldats israéliens. Sinwar a été reconnu coupable d'avoir commandité l'attaque et condamné à 426 ans d'emprisonnement.

 

En tant que dirigeant du Hamas le plus en vue libéré dans le cadre d'un échange de prisonniers en 2011 [après 22 ans en prison, NdT], Sinwar est retourné à Gaza et a finalement été élu à la tête du Hamas dans la bande de Gaza, succédant ainsi à Ismail Haniyeh.

 

En 2017, le Hamas a procédé à un changement d'image et à une mise à jour de ses statuts, qui indiquaient que le Mouvement de résistance islamique serait ouvert à l'acceptation d'une solution à deux États.

 

La même année, Sinwar a joué un rôle majeur dans la tentative de rétablir les liens entre l'Autorité palestinienne (AP), dirigée par le parti Fatah, et le Hamas, mais en vain.

 

En 2018, sous la direction de Yahya Sinwar, le Hamas a adopté une plateforme politique de résistance non violente afin de s'ouvrir à des négociations diplomatiques susceptibles de mettre fin au siège de Gaza.

 

La direction du Hamas a soutenu le mouvement de protestation non violent de masse, connu sous le nom de “Grande marche du retour”, qui a débuté le 30 mars 2018.

 

Toutefois, à la suite de la décision des USA de reconnaître unilatéralement Jérusalem comme capitale d'Israël et de l'assassinat de centaines de manifestants non armés par des soldats israéliens, le Hamas a de nouveau changé d'approche.

 

En mai 2021, le Hamas a lancé la bataille de Saif al-Quds, soutenue par plusieurs autres groupes armés à l'intérieur de la bande de Gaza.

 

Depuis lors, les discours et les apparitions publiques de Yahya Sinwar ont fait de lui un leader très populaire dans le monde arabe.

 

Ce que cela signifie

 

The Palestine Chronicle estime que l'élection de Sinwar est porteuse d'une signification et d'un symbolisme profonds :

 

1°, cela signifie que le Hamas, dans toutes ses branches, reste uni. 

 

2°, le Hamas considère que la Résistance à Gaza reste forte, unie, organisée et capable de mener une longue guerre d'usure contre l'occupation israélienne.

 

3°, les rapports de presse, dont certains sont diffusés par les principaux médias usaméricains, selon lesquels il existe un conflit entre les “modérés” et les “durs” du Hamas ne sont pas vrais.

 

4°, le Hamas continue de soutenir la stratégie de résistance de Sinwar après plus de 300 jours de guerre.

 

5°, le Hamas sort encore plus fort et plus uni après l'assassinat de son chef, Haniyeh.

 

6°, le Hamas, malgré la guerre et les assassinats, est un mouvement institutionnel et les décisions sont prises par le biais d'un processus démocratique, qui reste en vigueur malgré la guerre et le génocide israéliens en cours à Gaza.

 

Autres articles sur Yahya Sinwar

MK BHADRAKUMAR
Changement de régime à Dhaka : une allégorie morale

 

La rapidité avec laquelle l’agitation étudiante s’est transformée en un mouvement antigouvernemental soulève des questions troublantes.

M K Bhadrakumar, Deccan Herald, 7/8/2024
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala  

L’impasse politique au Bangladesh a pris une tournure dramatique. Ce qui avait commencé comme une agitation étudiante contre le système de quotas pour les rares emplois gouvernementaux destinés aux descendants des Mukti Bahini [combattants de la guerre d’indépendance de 1971, NdT] a abouti à un changement de régime. Il y a là des leçons salutaires à tirer.

La démocratie ne consiste pas seulement à organiser scrupuleusement des élections à intervalles prescrits, mais celles-ci doivent être libres, équitables et perçues comme telles. Deuxièmement, l’aliénation politique peut se transformer en ulcère. Au Bangladesh aussi, le taux de chômage des jeunes est très élevé, et ce qui s’est passé est un signal d’alarme pour l’Inde. Troisièmement, ne poussez pas l’opposition dans ses retranchements. L’opposition doit avoir l’espace nécessaire pour fonctionner. Enfin, l’orgueil démesuré a conduit à l’autoritarisme et l’élite dirigeante est devenue dictatoriale. Alors que la Première ministre Sheikh Hasina a fui son pays, l’opposante politique qu’elle avait enfermée, Khaleda Zia, sera libérée. C’est une question de morale. Les Grecs de l’Antiquité pensaient que l’orgueil démesuré offensait les dieux.

Il n’y a eu que peu de cas où une armée est retournée volontairement dans ses casernes. Personne ne sait ce qui va se passer ensuite. Le chef de l’armée lui-même est en poste depuis moins de deux mois.

Le 21 juillet, la Cour suprême du Bangladesh a atténué le système des quotas, répondant ainsi à la principale revendication des étudiants. L’agitation aurait dû prendre fin à ce moment-là, mais au lieu de cela, elle a été relookée en lutte pour la démocratie. Il est à espérer que le Bangladesh envisagera d’urgence d’organiser de nouvelles élections et que les partis politiques bénéficieront de conditions équitables. L’aspect positif est que Hasina, 76 ans, monarque absolue, s’est envolée vers son crépuscule sans se battre, car elle a vu ce qui était écrit sur le mur.

 Le dénouement peu glorieux à la sri-lankaise semble s’être répété - c’est ainsi que le régime de Rajapaksa avait pris fin. La médiation anglo-usaméricaine l’a peut-être rendu possible à Dhaka. Le chef de l’armée, le général Waker-Uz-Zaman, est un produit achevé du King’s College de Londres [et du Collège Interarmées de Défense britannique, NdT]

Waker-Uz-Zaman, 58 ans, général 4 étoiles, beau-fils d'un ancien chef de l'armée

La rapidité avec laquelle l’agitation étudiante s’est transformée en un mouvement antigouvernemental est impressionnante. Cela soulève des questions troublantes. Il existe une étrange similitude avec les révolutions de couleur. Du point de vue usaméricain, le Bangladesh est un pays prioritaire pour la “démocratisation” et un pilier de la stratégie Indopacifique des USA. Washington a exercé des pressions sur Hasina pour qu’elle prenne le train en marche. Le refus obstiné d’Hasina d’adhérer au Quad a probablement été l’élément décisif. Avec l’échec de la révolution colorée en Thaïlande, l’impasse dans laquelle se trouve l’insurrection au Myanmar et la consolidation chinoise au Sri Lanka et aux Maldives, l’importance du Bangladesh pour la stratégie occidentale dans la région est sans égale.