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26/02/2025

CHRIS VOGNAR
“Zero Day”, un thriller rétro aux échos modernes

La nouvelle série Netflix est une mise à jour contemporaine d’un drame politique dans le style des années 70 qui est encore plus contemporain que ses créateurs ne l’avaient prévu.

Chris Vognar, The New York Times, 24/2/2025
Traduit par Fausto GiudiceTlaxcala 

La nouvelle mini-série de Netflix, Zero Day, était en développement depuis plusieurs années, mais elle arrive à un moment où ses thèmes principaux - concernant les abus de pouvoir présidentiels, le piratage du gouvernement fédéral et la persistance de la désinformation - dominent le cycle de l’actualité. Il s’agit d’une mise à jour contemporaine d’un drame politique dans le style des années 70 qui est encore plus actuel que prévu.

Lorsqu’on lui a demandé si le moment était venu pour une résurgence du thriller conspirationniste, le producteur exécutif Eric Newman a été succinct : « On vit dedans ».

 

Créée par Newman et deux producteurs exécutifs ayant une formation en journalisme, Noah Oppenheim, ancien président de NBC News, et Michael S. Schmidt, journaliste d’investigation au bureau de Washington du New York Times, Zero Day dépeint un scénario cauchemardesque dans lequel les USA ont été attaqués et la personne chargée de la réponse pourrait ne pas être saine d’esprit.

 


Robert De Niro incarne un ancien président confronté à une crise nationale dans “Zero Day”. Photo Jojo Whilden/Netflix

Après qu’une cyberattaque a paralysé les systèmes de transport usaméricains, faisant 3 400 morts dans des accidents de la route et autres catastrophes, un ancien président nommé George Mullen (Robert De Niro) est choisi pour diriger une commission d’enquête. Mais Mullen a des hallucinations et n’arrête pas d’entendre en boucle la même chanson des Sex Pistols, « Who Killed Bambi ? », dans sa tête. Est-il en train de craquer ? Son cerveau a-t-il été trafiqué, à la manière du film « Le candidat mandchou » (1962) ?

 

Quelle qu’en soit la cause, Mullen bafoue rapidement les libertés civiles et recourt à des techniques d’ « interrogatoire renforcé » de l’époque du 11 septembre, y compris la torture, sur des citoyens usaméricains.

 

Si Zero Day fait explicitement référence au 11 septembre et au Patriot Act, ses détails sont plus actuels. Alors que des preuves semblent impliquer des agents russes dans l’attaque, Mullen devient obsédé par un collectif d’hacktivistes de gauche, un animateur de talk-show provocateur (Dan Stevens) qui attise les flammes du complotisme et une techno-milliardaire extrémiste (Gaby Hoffman) qui serait heureuse de détruire tout le système.

 

Alors qu’elle atteint son paroxysme de crise et d’hystérie, la série ressemble à un thriller paranoïaque - pensez à « The Parallax View » (1974) ou « Les Trois Jours du Condor » (1975) - conçu pour une époque où les figures d’autorité décident qu’elles ont droit non seulement à leurs propres opinions, mais aussi à leurs propres faits.

 

« Cela semblait être une façon vraiment intéressante d’explorer certaines des grandes dynamiques qui se produisent dans notre monde », dit Oppenheim. Plus précisément, le fait que, de plus en plus, « la vérité objective fasse l’objet de débats ».

 

De Niro, une star montante d’Hollywood pendant l’apogée des films conspirationnistes dans les années 1970, voit des similitudes entre “Zero Day” et ces films antérieurs, à une différence près.

 

« C’était comme faire trois longs métrages d’affilée », a-t-il déclaré à propos du tournage qui a duré 103 jours. « Ce n’étaient que des films. Ils ne sont pas aussi longs que celui-ci, donc on en fait beaucoup plus que ce que nous avons fait dans les situations précédentes. »

 

“Zero Day” est l’un des nombreux thrillers paranoïaques actuellement diffusés à la télévision. Il rejoint « Paradise », un drame de science-fiction à suspense sur Hulu, qui raconte l’histoire d’un agent des services secrets (Sterling K. Brown) enquêtant sur la mort du président des USA (James Marsden), et « Severance », la série Apple TV+ dans laquelle certains employés d’une mystérieuse société subissent une séparation chirurgicale de leur identité professionnelle et personnelle.

 


Matthew Modine et Lizzy Caplan, dans Zero Day, jouent des députés inquiets à propos de la commission d’enquête. Photo Sarah Shatz/Netflix

 

Bien sûr, le qualificatif de « paranoïaque » suggère que les préoccupations pertinentes sont infondées ou irrationnelles - une idée que certains acteurs de Zero Day rejettent.

 

« C’est une mise en garde contre la division que nous connaissons actuellement, et qui est bien trop réelle », dit Lizzy Caplan, qui joue une députée dans la série. « Je ne pense pas qu’il s’agisse d’une possibilité dystopique lointaine », ajoute-t-elle. « Je pense que c’est à portée de main. »

 

Quelle que soit sa pertinence politique contemporaine, la mécanique mélodramatique de l’intrigue de la série la maintient dans le domaine de la fantaisie télévisuelle. Le personnage de Caplan n’est pas n’importe quel députée : il s’agit d’Alexandra Mullen, la fille de l’ancien président, qui s’inquiète pour son père et son travail. Elle couche également avec son homme à tout  faire, Roger Carlson (Jesse Plemons), qui est victime de chantage de la part d’un mystérieux spéculateur (Clark Gregg) dont les intentions sont peut-être liées à la cyberattaque. La toile d’araignée “Zero Day” peut devenir un comiquement inextricable.

 

La réalisation du film est plus réaliste. La conspiration et la paranoïa ont leur propre esthétique conçue pour que le spectateur se sente impuissant, comme si un œil qui voit tout était toujours à l’œuvre. Lesli Linka Glatter, productrice exécutive qui a également réalisé les six épisodes de Zero Day, a cherché à créer un sentiment d’anxiété dans les scènes en alternant les points de vue objectifs et subjectifs et les différents modes de caméra, comme la Steadicam et les travellings.

 

« J’ai fait beaucoup de plans avec un plafond très lourd, qui donnent l’impression que le monde est oppressant, qu’il pèse sur vous, et qu’il y a un petit humain là-dedans », dit-elle. « Je voulais donner l’impression que le sol sur lequel nous nous tenons n’est pas solide. On le sent presque intérieurement, sans pouvoir mettre le doigt dessus. » (Glatter a également été réalisatrice et productrice exécutive de la série profondément paranoïaque de Showtime, Homeland.)

 

Le ton prédominant dans les films conspirationnistes des années 1970 est l’inanité. Les héros sont généralement confrontés à des forces qu’ils ne peuvent pas comprendre. Comme l’a dit Newman, « il y a cette sorte de thème oppressant d’un système monolithique et impénétrable. Nous avons parlé de tous ces films encore et encore, et nous aspirions à ça. »

 

Jake Gittes, interprété par Jack Nicholson, le ressent à la fin de Chinatown (1974), écrasé par des forces corrompues plus puissantes que lui. Dans La Conversation (1974) de Francis Ford Coppola, Harry Caul, l’expert en surveillance (Gene Hackman), déjà peu stable, devient fou après que son travail très secret a conduit à un meurtre.

 

C’était l’époque du rapport Warren, du Vietnam et du Watergate, où la méfiance envers le gouvernement se répandait rapidement dans un pays à cran. « Il y a une raison pour laquelle tant de grands films de conspiration ont été réalisés dans les années 60 et 70 », dit Oppenheim. « Chaque fois qu’il y a du tumulte dans la société, je pense que ce genre connaît une résurgence. »

 

Mais si les USA traversent actuellement une instabilité similaire, tout n’est pas perdu dans Zero Day. Il y a une lueur d’espoir à la fin de la série, ou du moins quelque chose qui va au-delà du pur fatalisme.

 

« Nous rejetons très consciemment l’inanité parfois suggérée par ces thrillers conspirationnistes des années 70 », dit Oppenheim. « Nous espérons montrer une voie à suivre pour les gens. Aussi défectueux que soit un système, chacun de nous a toujours une boussole morale en lui et peut choisir de faire ce qui est juste. »


25/02/2025

“Projet Harmonie Familiale” : le feuilleton de la succession de Citizen Murdoch
ou
Quand la réalité dépasse la fiction HBO

Plus de 3 000 pages de documents révèlent comment des années de trahison ont conduit à une bataille judiciaire désordonnée qui menace l’avenir de l’empire de Rupert Murdoch.

Jonathan Mahler et Jim Rutenberg, The New York Times, 13/2/2025

Traduit par Fausto GiudiceTlaxcala

Jonathan Mahler, rédacteur pour le Times Magazine, et Jim Rutenberg, rédacteur général pour le Times et le Times Magazine, ont fait des reportages sur les Murdoch pendant plus de vingt ans et sur trois continents.

 1e partie : « Ces entreprises sont mon héritage »

Début décembre 2023, Rupert Murdoch se rend à Londres pour voir ses deux filles aînées, Prudence et Elisabeth. Il ne s’agissait pas d’une visite de courtoisie.

Depuis des mois, Rupert et son fils aîné, Lachlan, travaillaient sur un plan secret visant à modifier le trust familial afin de priver trois de ses autres enfants - Prue, Liz et James - de leur pouvoir d’influencer la direction de l’entreprise familiale. Leurs avocats avaient baptisé ce projet “Harmonie familiale”.

Le trust, qui détient les actions qui contrôlent l’empire médiatique mondial des Murdoch, donne à Rupert l’autorité sur ses deux sociétés jusqu’à sa mort. Ensuite, les droits de vote sont répartis à parts égales entre ses quatre enfants les plus âgés. Le contrat est irrévocable, mais il contient une disposition qui permet à Rupert d’apporter des modifications tant qu’il agit uniquement dans l’intérêt de ses bénéficiaires. C’est cette disposition qu’il entendait exploiter pour consolider le contrôle de Lachlan, le plus politiquement conservateur des quatre.

Le temps que Rupert prenne l’avion pour Londres, il avait déjà convoqué une réunion extraordinaire du conseil d’administration du trust - qui devait se tenir deux jours plus tard - pour ratifier les changements. Il avait les votes nécessaires pour faire passer la décision, mais il espérait que convaincrait Prue et Liz de soutenir l’idée afin d’éviter un conflit juridique avec ses propres enfants.

Rupert n’avait pas l’intention de prévenir James à l’avance. Les deux hommes se parlaient à peine. C’était James, âgé de 50 ans, qui avait amené son père dans cet endroit : Rupert et Lachlan, qui avait 52 ans, étaient convaincus qu’il avait l’intention de mener un coup d’État familial pour arracher le contrôle à Lachlan après la mort de leur père.

Rupert pensait qu’il aurait plus de chance avec Prue et Liz, avec qui il était toujours proche malgré les nombreux hauts et bas au fil des ans. Il espérait les persuader que le fait de maintenir le leadership de Lachlan était la meilleure chose à faire pour tout le monde.

Il n’y avait pas de temps à perdre. À 92 ans, Rupert était encore mentalement vif, même s’il avait tendance à marmonner, ce qui, avec son épais accent australien, pouvait le rendre difficile à comprendre. Mais il avait aussi eu son lot de graves problèmes médicaux ces dernières années ; il avait dû être héliporté du yacht de Lachlan en 2018 après une chute qui avait failli lui être fatale et avait été hospitalisé en raison d’un Covid durant l’été 2022. Même s’il détestait parler de sa mort - il avait une nouvelle petite amie d’une soixantaine d’années qui deviendrait bientôt sa cinquième épouse - il devait reconnaître qu’il n’allait pas y échapper. Il était temps de régler ce problème. 

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24/02/2025

“Les Juifs doivent réapprendre à être des Hébreux, à être cruels”: Nili Kupfer-Naouri, combattante du “sionisme triomphant”

Elle s’appelle Nili Kupfer-Naouri. Elle a deux passeports : israélien et français. Elle a succédé à son père, Jacques Kupfer, après sa mort, à la tête de l'organisation “Israel is forever”. Elle fait l’objet d'innombrables plaintes, déposées en France jusqu’ici sans suite judiciaire, pour divers crimes et délits, dont l’apologie du génocide et l’appel à commettre des crimes de guerre, Ci-dessous sa dernière intervention sur RCJ, la Radio de la communauté juive, le média du Fonds social juif unifié : « Nous devons apprendre à devenir fiers, nobles et cruels comme l’exigeait Zeev Jabotinsky ».Un terrifiant exemple de discours génocidaire.

URI MISGAV
Netanyahou, le trouillard cynique, a utilisé et abandonné la famille Bibas

Uri Misgav, Haaretz, 20/2/2025
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Le cynisme du Premier ministre Benjamin Netanyahou envers la famille Bibas est sans limite. Au début du mois, sa femme a posté des photos de la Chambre des représentants des USA sur Instagram : elle se tient près d’une grande affiche d’Ariel Bibas qui y est exposée. Lors de sa précédente visite, elle portait une tenue orange en hommage aux enfants Bibas. Ils sont roux, elle est en orange - vous saisissez ? Il faut les ramener à la maison.


Affiches montrant Shiri, Kfir et Ariel Bibas sur la place des Otages à Tel-Aviv, mercredi. Photo Tomer Appelbaum

 Nous savons depuis un certain temps que Shiri et ses jeunes enfants ne sont plus en vie. Ils ont probablement été tués par les bombardements de l’armée de l’air israélienne au début de la guerre de Gaza. Les djihadistes barbares sont responsables de leur enlèvement et de leur mort, mais le gouvernement israélien et l’armée, qui ne faisaient que suivre les ordres, sont complices de leur mort, comme celle de tous les autres otages morts en captivité. La pression militaire ne les a pas ramenés, elle les a tués.

Cela ne s’arrête pas là. Avant la première série de libérations d’otages en décembre 2023, le Hamas a annoncé qu’il ne pouvait pas rendre la famille Bibas parce qu’elle était morte et a proposé à la place trois otages vivants de sexe masculin. Netanyahou a refusé l’offre. Les trois hommes sont également morts depuis. Les Bibas ont été utilisés pour sacrifier la vie d’autres otages.

L’institut de médecine légale a été prévenu de se préparer à l’arrivée des corps tôt jeudi matin. Netanyahou espère certainement que cela se fera pendant qu’il fait encore nuit. Canal 12 s’est rapidement porté volontaire pour ne pas diffuser les photos « sans le consentement des familles ». Il ne reste presque plus de famille Bibas pour le faire ; les parents de Shiri ont également été assassinés le 7 octobre.

J’ai visité les ruines du kibboutz Kfar Aza cette semaine ; deux semaines plus tôt, j’ai visité Kissufim. Le temps s’est presque arrêté là-bas, dans la vallée du massacre. Et le Premier ministre détaché et narcissique, qui n’y est pas allé depuis le massacre, a le culot de dire à un sympathique intervieweur de Fox News qu’il se sent merveilleusement bien ; il a récemment informé ses juges intimidés qu’il va bien. Cet homme devrait être jugé pour des crimes mille fois plus graves que la corruption, la fraude et l’abus de confiance.

Pendant ce temps, il exploite la faiblesse d’une démocratie malmenée pour planifier son attaque contre l’Iran. Ses alliés, Yariv Levin et Simcha Rothman, font de leur mieux pour relancer la réforme judiciaire. Sa chaîne de propagande diffuse des histoires de trahison qui auraient eu lieu le 7 octobre. La Haute Cour de justice est présentée comme une alliée du Hamas (quelle ironie !).

Le sang des hauts fonctionnaires de la Cour suprême est versé. Son président élu, Isaac Amit, est désigné comme « l’accusé » ; l’ancien vice-président est « Mohammed » Vogelman. Le nouvel eunuque, le ministre des Affaires étrangères Gideon Sa’ar, attaque grossièrement le procureur général qu’il a lui-même nommé. Pendant ce temps, Netanyahou qualifie le chef du service de sécurité du Shin Bet, responsable de sa sécurité personnelle et de l’enquête sur l’affaire du Qatar, de « fonctionnaire ».

Voici une nouvelle tactique : inonder la fonction publique de fonctionnaires intérimaires sans caractère. Drorit Steinmetz en tant que directeur général par intérim du cabinet du Premier ministre et Roi Kahlon en tant que commissaire par intérim de la fonction publique. Netanyahou demande également le remplacement du conseiller juridique de son bureau qui prend sa retraite. Les personnes nommées à titre conditionnel sont évaluées en fonction de leur capacité à servir loyalement la famille. Et comme il ne s’agit pas de nominations permanentes, elles ne peuvent pas être contestées devant les tribunaux.

Dans cet État épuisé et en désintégration, Netanyahou fantasme sur le sacrifice des otages restants et la reprise de la guerre. C’est pourquoi les chefs du Shin Bet et du Mossad ont été écartés de la direction des négociations de la deuxième étape. Le lâche Netanyahou s’exprime anonymement contre eux, affirmant qu’ils ne savaient que « donner et donner » dans les négociations. À leur place, il a nommé l’ombre Ron Dermer, qui n’a jamais brigué de mandat et n’est fidèle qu’aux intérêts de son maître.

Pendant ce temps, Netanyahu dirige de fait un gouvernement minoritaire qui s’enfonce dans les sondages et manque de légitimité. Les chefs de l’establishment de la défense, avec les USAméricains d’un côté et l’opinion publique de l’autre, doivent lui faire comprendre que cela ne peut pas durer. Netanyahou ne comprend que le pouvoir.

Friedrich Merz, un portrait

Friedrich Merz, chef des chrétiens-démocrates conservateurs, s’est engagé à renforcer le leadership en Europe, où la nouvelle administration Trump a semé l’inquiétude.

Steven Erlanger et Christopher F. Schuetze, The New York Times, 24/2/2025
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Steven Erlanger est le correspondant diplomatique en chef du New York Times pour l'Europe, basé à Berlin. Il a réalisé des reportages dans plus de 120 pays, dont la Thaïlande, la France, Israël, l’Allemagne et l’ex-Union soviétique.

Christopher F. Schuetze est un reporter du Times basé à Berlin, couvrant la politique, la société et la culture en Allemagne, en Autriche et en Suisse

Friedrich Merz, l’homme qui est presque certain d’être le prochain chancelier d’Allemagne, est un homme d’affaires conservateur qui n’a jamais été ministre et qui a été contraint de quitter le gouvernement il y a des années lors d’une lutte de pouvoir avec Angela Merkel.

Chef de l’Union chrétienne-démocrate conservatrice, qui a terminé en tête des élections de dimanche, Merz a fait fortune dans le secteur privé avant de revenir à la politique à 63 ans.

Cette expérience du monde des affaires a séduit de nombreux Allemands dans un contexte de turbulences politiques causées en partie par la stagnation de l’une des plus grandes économies européennes.

Merz, aujourd’hui âgé de 69 ans, est né et vit toujours dans le Sauerland, une région de l’ouest de l’Allemagne connue pour ses collines, sa gastronomie et sa nature pittoresque. C’est de là qu’il a été élu pour la première fois au Parlement européen en 1989, puis au Parlement allemand en 1994.

Bien qu’il soit issu du même parti que Merkel, l’ancienne chancelière, Merz, un politicien pugnace de la vieille école, est à bien des égards son opposé.

Il a gravi les échelons pour diriger le groupe parlementaire des chrétiens-démocrates, mais a été évincé par l’ étoile montante du parti, Merkel. C’est alors que Merz a quitté la politique et s’est lancé dans une lucrative carrière d’avocat.

Il s’est enrichi en travaillant comme avocat et lobbyiste. Lorsque Merkel s’apprêtait à prendre sa retraite, Merz est revenu à la politique. En 2018, à son retour sur la scène politique, il a promis qu’il pourrait endiguer la montée du parti d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne, connu sous le nom d’AfD, en déplaçant son parti plus à droite sur des questions clés telles que la migration et la criminalité.

Merz est revenu au Parlement en 2021 et, après deux tentatives infructueuses, a remporté la direction du parti en 2022.

En tant que chef du parti, il a toutefois commis un certain nombre de gaffes, comme lorsqu’il a affirmé en septembre 2023 que les demandeurs d'asile se faisaient refaire les dents aux frais des contribuables alors que les patients allemands ordinaires ne pouvaient pas obtenir de rendez-vous. (Le président de l’Association dentaire allemande a démenti ces propos.) Et son insistance à dire qu’il n’est qu’un membre ordinaire de la classe moyenne - malgré des moyens personnels importants - a été raillée par certains Allemands qui le considèrent comme déconnecté de la réalité économique à laquelle sont confrontés de nombreux membres de la classe moyenne.

Néanmoins, Merz a réussi à rallier son parti autour de lui et à le faire évoluer vers une position conservatrice plus traditionnelle après que le long mandat de Merkel eut fait basculer le parti plus à gauche. Son expérience des affaires est considérée comme un atout, car il promet de relancer la croissance de l’économie allemande.

En tant que chancelier, conservateur et atlantiste engagé, Merz serait considéré comme un meilleur choix pour le président Trump que l’actuel chancelier social-démocrate, Olaf Scholz. Merz devrait également mener une politique étrangère plus conforme aux idées de Trump sur la prise en charge par l’Europe de sa propre défense.

Néanmoins, Merz, connu pour être assertif et direct, bien qu’un peu maladroit, a vivement réagi aux derniers commentaires de Trump, qui a pris le parti de la Russie au sujet de l’Ukraine, ainsi qu’à ce qui a été considéré comme une ingérence dans les élections allemandes de la part du vice-président JD Vance, qui a critiqué l’Europe pour avoir marginalisé les électeurs d’extrême droite et leurs partis.

Selon les analystes, Merz se caractérise par son audace, qui reflète sa conviction que l’Allemagne doit s’engager plus fermement dans les affaires européennes et mondiales. Scholz a souvent été critiqué pour son hésitation et sa prudence, même au sein de sa propre coalition.

Le mois dernier, Merz a montré sa volonté d’agir avec audace en présentant au Parlement une mesure sur l’immigration, puis un projet de loi qu’il savait ne pouvoir faire adopter qu’avec  les voix de l’AfD, parti d’extrême droite, malgré ses promesses antérieures de ne jamais travailler avec eux. La manœuvre politique n’a pas bien fonctionné : elle a incité des centaines de milliers d’Allemands à descendre dans la rue pour protester, a provoqué des dissensions au sein de son parti et lui a valu une rare réprimande publique de la part de Merkel.

Merz s’est engagé à donner à l’Allemagne un rôle plus important au sein de l’Union européenne et de l’OTAN, à améliorer les relations avec la France et la Pologne et à adopter une position plus ferme à l’égard de la Chine, qu’il a décrite comme un membre à part entière de « l’axe des autocraties ».

Il a également promis un soutien plus franc à l’Ukraine dans sa lutte contre la Russie, affirmant par exemple qu’il fournirait à l’Ukraine le missile de croisière à longue portée allemand Taurus. Et il a promis que l’Allemagne atteindrait et dépasserait l’objectif actuel de l’OTAN de consacrer à long terme 2 % du produit intérieur brut aux dépenses militaires.

Dans un récent discours sur la politique étrangère prononcé à la Fondation Körber, Merz, ancien membre du Parlement européen, a promis d’assurer le leadership allemand en Europe, ce qui n’a pas été une priorité pour Scholz, et de créer un conseil national de sécurité à la chancellerie.

 

 

DAVID ISSACHAROFF
Les vrais gagnants des élections allemandes ? L’extrême droite et le gouvernement israélien de Netanyahou

Alors que le monde entier sera choqué par le fait qu’un cinquième des électeurs allemands soutiennent l’AfD, parti d’extrême droite, le gouvernement Netanyahou se concentrera sur ceux avec qui il fera affaire : les chrétiens-démocrates de centre-droit

David Issacharoff, Haaretz, 23/2/2025
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala


David Issacharoff est rédacteur à l’édition anglaise de Haaretz. Il a étudié les sciences politiques et l’histoire à l’Université hébraïque de Jérusalem et à l’Université Humboldt de Berlin. Il est actuellement chercheur invité au Spiegel dans le cadre du Programme international des journalistes (IJP).

 

Alors que l’Allemagne a basculé brusquement à droite dimanche, enregistrant son meilleur résultat pour l’extrême droite depuis les années 1930, le gouvernement israélien dirigé par Netanyahou sortira également vainqueur de ces élections.

 


Friedrich Merz, chef des chrétiens-démocrates, célèbre la victoire de l’ “Union” [CDU-CSU] à la Konrad-Adenauer-Haus à Berlin, dimanche soir. Photo Michael Kappeler/AP

 

Alors que l’attention du monde entier se portera sur le choc causé par le fait qu’un cinquième des électeurs allemands soutiennent le parti populiste d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne (AfD), Jérusalem se concentrera sur les partenaires de ce parti : ses homologues au sein du prochain gouvernement, les chrétiens-démocrates de centre-droit.



Friedrich Merz, qui dirigera les chrétiens-démocrates à la chancellerie, s’est engagé à plusieurs reprises à renforcer le soutien déjà généreux de l’Allemagne à Israël.

 

Il a promis de « tout faire » pour que le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou puisse se rendre en Allemagne en dépit des mandats d’arrêt émis par la Cour pénale internationale pour crimes de guerre à Gaza, tout en promettant de « mettre fin à l’embargo » sur les exportations d’armes vers Israël imposé par le gouvernement sortant – la même coalition qui a approuvé plus de 164 millions de dollars d’exportations d’armes vers Israël en 2024.

 

Si cela est considéré comme un « embargo », combien d’armes supplémentaires Israël peut-il attendre de lui ?

 

Ces deux positions ne représentent pas un écart spectaculaire par rapport à la politique de l’Allemagne à l’égard d’Israël. Mais ensuite est venu le plan du président usméricain Donald Trump de prendre le contrôle de la bande de Gaza et de déplacer de force sa population palestinienne.

 

Alors que les sociaux-démocrates de centre-gauche ont qualifié le plan d’« inacceptable », et qu’un parti centriste, les Verts, l’a jugé « contraire au droit international », les chrétiens-démocrates n’ont manifestement pas trouvé de mots pour le condamner.

 

« C’est une bonne chose que les USA prennent leurs responsabilités », a déclaré Johann Wadephul, député chrétien-démocrate et porte-parole du parti pour la politique étrangère. « Nous partageons l’avis selon lequel le statu quo actuel n’est pas viable à long terme. »

 

Il n’a pas mentionné Gaza comme un endroit où la population palestinienne pourrait continuer à vivre, donnant ainsi le feu vert des chrétiens-démocrates pour les expulser. Cela a donné une indication claire et inquiétante de la manière dont les chrétiens-démocrates pourraient revoir la position de l’Allemagne sur le conflit israélo-palestinien afin de donner du pouvoir au gouvernement israélien d’extrême droite et belliciste.

 

Paolo Lombardi, Italie

Israël n’attend pas Trump et met déjà en œuvre une politique de nettoyage ethnique contre les Palestiniens. Dimanche, le ministre israélien de la Défense, Israel Katz, a déclaré qu’environ 40 000 Palestiniens avaient été « évacués » des camps de réfugiés de Cisjordanie, tout en promettant qu’Israël « ne les laisserait pas revenir ». La semaine dernière, il a annoncé la création d’une nouvelle direction au sein de son ministère chargée de permettre aux Palestiniens de quitter Gaza.

 

Les chrétiens-démocrates, qui dirigeront à nouveau le bloc majoritaire allemand, continueront de soutenir que « le droit d’Israël à exister » n’est pas négociable. Cela reflète une vision dangereusement erronée et dépassée d’Israël, qui n’est pas menacé dans son existence, comme l’ont montré les 15 derniers mois. Cette position ne fera que coûter plus de vies alors que le gouvernement Netanyahou refuse catégoriquement de créer un horizon politique à cette guerre.

 

La prochaine coalition allemande – probablement un autre mariage forcé – sera instable, ce qui permettra à l’AfD d’extrême droite d’exploiter sa position de chef de l’opposition et de renforcer sa base de soutien avec le soutien total des USA et d’Elon Musk.

 

L’extrême droite en Allemagne n’est pas considérée par le gouvernement Netanyahou comme une menace, mais plutôt comme un allié potentiel, malgré sa minimisation de l’importance de l’Holocauste et son déni total de l’antisémitisme contemporain d’extrême droite visant les Juifs en Allemagne.

 

Pour Israël, l’AfD est la cerise sur le gâteau : elle lui fournit une plateforme pour poursuivre leur croisade commune contre les musulmans et les Palestiniens en Allemagne à des fins intéressées, tout en profitant du chèque en blanc que lui donnent les chrétiens-démocrates au pouvoir.



Tjeerd Royaards, Pays-Bas

Madrid, 3 mars : 4ème anniversaire des rassemblements hebdomadaires pour les prisonniers politiques sahraouis



 

Le lundi 3 mars, le Mouvement pour les prisonniers politiques sahraouis fête ses quatre ans de rassemblements hebdomadaires devant le ministère espagnol des Affaires étrangères, de l’Union européenne et de la Coopération pour dénoncer l’occupation marocaine du Sahara occidental et manifester sa solidarité avec les prisonniers politiques sahraouis. Comme leur nom l’indique, ils ont été condamnés par le Maroc dans des procès truqués pour avoir demandé pacifiquement le droit à l’autodétermination qui leur revient.

Ces prisonniers ont été torturés. Ils sont condamnés à des peines très lourdes - il y a 9 condamnations à perpétuité - et vivent dans des conditions carcérales dégradantes. Les éléments les plus révélateurs de leur situation sont peut-être l’isolement - certains prisonniers sont en isolement depuis plus de sept ans - et le manque de soins médicaux. Un cas de septicémie n’est pas traité, un cas de tuberculose non plus, un malade atteint d’un cancer à la poitrine et d’asthme est transféré dans une zone pestilentielle. Il y a d’autres exemples. On les laisse mourir dans la souffrance alors que ce n’était pas ce à quoi ils ont été condamnés.

Nous avons saisi le ministère des Affaires étrangères car l’Espagne est responsable de cette occupation. Elle a cédé ce que l’Espagne considérait comme sa 53ème  province au Maroc et à la Mauritanie sans avoir organisé de référendum d’autodétermination pour les Sahraouis. Au cours de ces 50 années, l’Espagne n’a pas assumé ses responsabilités. Aujourd’hui, la situation est encore pire lorsque le président Sánchez présente « la proposition marocaine d’autonomie (lire annexion) comme la base la plus sérieuse, crédible et réaliste pour la résolution de ce différend ». Nous ne parlons pas d’un différend, nous parlons d’une occupation, et Sánchez n’ignore pas que ses propos portent atteinte au droit international.

Tous les lundis, nous demandons au ministre d’agir, de servir de médiateur, de défendre ces prisonniers innocents, car il est tenu de le faire par la conscience de ce pays envers les Sahraouis et la position de l’Espagne en tant que puissance administrante de la région du Sahara occidental.

 

Madrid, 3 de marzo: 4º aniversario de las concentraciones semanales por los presos políticos saharauis



 

El lunes 3 de marzo, el Movimiento por los Presos Políticos Saharauis cumple 4 años de concentraciones semanales ante el Ministerio de Asuntos Exteriores, Unión Europea y Cooperación para denunciar la ocupación marroquí del Sahara Occidental y mostrar su solidaridad con los presos políticos saharauis. Como su nombre indica -presos políticos-, han sido condenados por Marruecos en juicios farsa por el hecho de pedir pacíficamente la autodeterminación a la que tienen derecho.

Estos presos han sido torturados. Padecen condenas abultadísimas -hay 9 cadenas perpetuas- y viven unas condiciones carcelarias denigrantes. Quizá los exponentes más descriptivos de su situación sean el aislamiento –algunos presos llevan más de 7 años en aislamiento- y la falta de atención médica. Un caso de septicemia no recibe tratamiento, un caso de tuberculosis tampoco, a un enfermo con un tumor en el pecho y asma le trasladan a una zona apestosa. Hay más ejemplos. Les están dejando morir sufriendo aunque no era esa su condena.

Acudimos ante el Ministerio de Exteriores porque España es responsable de esa ocupación. Entregó la que España consideraba la Provincia 53 a Marruecos y Mauritania sin haber organizado un referéndum de autodeterminación para los saharauis. En estos 50 años, España no ha asumido su responsabilidad. Ahora la situación es aún peor cuando el presidente Sánchez presenta “la propuesta marroquí de autonomía (léase anexión) como la base más seria, creíble y realista para la resolución de este diferendo”. No hablamos de un diferendo, hablamos de una ocupación, y Sánchez no ignora que sus palabras atentan contra el derecho internacional.

Todos los lunes pedimos al ministro que actúe, que medie, que abogue por esos presos inocentes, porque le obligan la conciencia de este país hacia los saharauis y la posición de España como Potencia Administradora del Sahara Occidental. 

 

23/02/2025

GIDEON LEVY
Le discours violent de Netanyahou porte en germe les futurs crimes de guerre de l’armée israélienne

Gideon Levy, Haaretz, 23/2/2025
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Tout rhétoricien sait que lorsque l’argument est faible, la solution consiste à augmenter le volume. Le ton de la conversation publique en Israël au cours des dernières semaines ne montre pas seulement la faiblesse de l’argumentation et la bassesse croissante du discours, il est également dangereux en soi.

 
Un homme discute avec un soldat israélien après avoir été empêché d’entrer dans le camp de réfugiés de Jénine, en Cisjordanie, lors d’une opération militaire en cours, au début de la semaine. Photo MOHAMMAD MANSOUR/AFP

Le discours public israélien a adopté le langage basique de l’incitation à la violence contre tous les Palestiniens et les Arabes. Du Premier ministre au plus humble des reporters de terrain bafouilleux de la télévision, tous se sentent obligés de déblatérer grossièrement contre le Hamas et la bande de Gaza autant que possible, comme si cela renforçait la validité de leurs arguments. On ne peut plus dire “Hamas” [en le prononçant Khamas, NdT] sans y accoler l’adjectif “nazi”, ni parler de Gaza sans dire “monstres” ; c’est cette façon de parler qui est proprement monstrueuse.

Après que Benjamin Netanyahou a donné le ton, la compétition nationale de jurons et d’insultes a commencé.

« Nous sommes tous en colère contre les monstres du Hamas », a déclaré le premier ministre le  jour de la restitution des quatre corps des otages , conformément au cessez-le-feu entre Israël et le Hamas, et il a immédiatement promis d’“anéantir” les assassins.

Le style, c’est l’homme, et ceux qui prononcent des mots tels que “monstres” et “anéantir” en disent plus sur eux-mêmes que sur l’objet de leurs paroles. Le meurtre de la famille Bibas était cruel et odieux. Mais celui qui parle de “monstres” décrit aussi les actions de ses soldats, qui ont tué des milliers d’enfants.

Lorsqu’il a été annoncé que les restes présumés de Shiri Bibas n’étaient pas les siens, il n’a plus pris de gants. Netanyahou a répété “monstres”, cette fois dans sa langue officielle, l’anglais. L’armée des aboyeurs a suivi dans son sillage, et le fait que le Hamas ait corrigé l’erreur du jour au lendemain n’y a rien changé. Monstres ils étaient, monstres ils restent.

Les cérémonies de remise d’otages, y compris les cérémonies émouvantes de samedi, ont également attesté du “nazisme” et de la “monstruosité” du Hamas. Ceux qui organisent de telles cérémonies sont des nazis - on ne sait pas trop pourquoi - et ceux qui exploitent ce moment à des fins de propagande sont aussi, apparemment, des nazis. Seul Israël est autorisé à exploiter le retour des otages à des fins de propagande.

La vérité doit être dite : la plupart des remises d’otages se sont déroulées sans heurts, même si les Israéliens n’aiment pas voir un otage déposer un baiser sur le front de ses deux ravisseurs, comme l’a fait l’un d’entre eux samedi. Les présentateurs des journaux télévisés se sont empressés de rassurer les téléspectateurs : le baiser a été forcé, même si cela ne semblait pas être le cas.

Pourquoi font-ils cela ? Après tout, le mal du Hamas est évident dans ses actions : pourquoi tout le monde, de l’armée au journaliste israélien Amnon Abramovich, ajoute-t-il de l’incitation à la haine ? Netanyahou, qui se nourrit de l’incitation pour ses besoins politiques, est une chose, mais pourquoi les médias ? Mais seulement pour trouver des faveurs, pour recevoir une tape dans le dos de la part des masses enflammées.

Le Hamas n’est pas à défendre. Il s’agit d’une organisation dépravée [sic] qui a mené une attaque dépravée [resic] contre Israël. Mais le discours contaminé aura un prix élevé. Un cinquième des Israéliens sont des Palestiniens : Comment allons-nous vivre avec eux alors que leurs frères sont des monstres nazis ? La moitié des personnes vivant entre le Jourdain et la mer Méditerranée sont des Palestiniens : comment allons-nous vivre à leurs côtés ? Israël a lancé cette terrible attaque sur Gaza avant que le discours sur les “monstres” ne commence.

Le 7 octobre 2023 a semé le trouble dans la conscience des Israéliens, et la rhétorique incendiaire des politiciens et des médias y a ajouté. L’humanité n’existe plus en Israël, car il n’y a plus de non-combattants à Gaza. Pas même les nourrissons qui sont morts à peine nés. Ni même les hommes de paix et de sagesse de Gaza (oui, il y en a aussi).

Ajoutez à cela le discours empoisonné de ces dernières semaines et imaginez à quoi ressemblera la prochaine guerre, qui sera dirigée non seulement contre le Hamas mais aussi contre les monstres nazis.

Imaginez les pensées qui traversent la tête d’un soldat envahissant une maison en Cisjordanie, alors que cette incitation coule dans ses veines. S’il croit entrer dans la maison de monstres nazis, comment traitera-t-il ses habitants ? Il détruira davantage et tuera davantage, d’une manière plus brutale que jamais. 

Un jour, nous regretterons la délicatesse et la retenue morale de Tsahal dans la guerre actuelle, avec seulement la moitié de la bande de Gaza détruite et seulement 15 000 enfants morts. Attendez la prochaine guerre que nous mènerons contre les nazis.


Emad Hajjaj