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16/08/2022

ANTONIO MAZZEO
Draghi & Co, dernier acte : une vente de véhicules blindés à Porochenko pour armer les milices et les troupes spéciales ukrainiennes

Antonio Mazzeo, Stampalibera, 16/8/2022
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

Des véhicules blindés achetés en Italie par un oligarque controversé se retrouvent entre les mains des troupes d'assaut ukrainiennes pour la sale guerre du Donbass. À la veille du 15 août, onze véhicules MLS Shield produits par la société Tekne SpA, basée dans les Abruzzes, ont été livrés aux parachutistes de la 79e  Brigade aérienne d'assaut, l'unité d'élite des forces armées ukrainiennes dont le QG se trouve à Mykolaïv, déployée depuis 2014 contre les républiques indépendantes autoproclamées de Donetsk et de Lougansk et, après l'invasion du 24 février, pour la contre-offensive antirusse dans la région sud-est troublée du Donbass. Les véhicules blindés ont été achetés par l'“ONG” Sprava Hromad (Affaire communautaire) et la Blahodiynyy Fond Petra Poroshenka (Fondation caritative Petro Porochenko), du magnat et ancien président de la république ukrainienne Petro Oleksiovytch Porochenko, qui était présent à la cérémonie de remise des véhicules de guerre.


Selon Porochenko lui-même, « plus de 3 millions d'euros ont été payés pour les onze véhicules blindés italiens et ils sont capables d'équiper un bataillon amphibie entier ». « Il a fallu trois mois et demi pour que ces véhicules parviennent aux forces armées ukrainiennes après une série de négociations pour obtenir des licences d'exportation », a ajouté l'ancien président. « Le caractère unique de ce projet réside dans le fait que les équipements de l'OTAN ne sont pas achetés dans le cadre d'un programme d'achat public, mais grâce à des contributions privées. D'intenses négociations ont eu lieu et c'est ainsi que nous avons obtenu du gouvernement italien qu'il autorise la vente d'équipements militaires à une organisation non gouvernementale située en dehors de l'UE ».

« Pour la première fois dans l'histoire, des véhicules de combat blindés ont été vendus à un fonds de solidarité et à des volontaires ukrainiens » conclut Petro Porochenko avec emphase. « L'incroyable est devenu possible ! Nous remercions donc les responsables italiens, les ambassadeurs, l'attaché militaire italien en Ukraine et l'attaché militaire ukrainien en Italie, le ministère de la Défense et l'état-major général des forces armées pour leur aide ».

 

La transaction guerrière avec l'autorisation “supposée” du gouvernement italien a été accueillie avec “excitation et enthousiasme” par les hommes de la 79e  bBigade. Dans son reportage sur la remise des véhicules blindés le 11 août, Euroweeklynew.com rapporte les déclarations de certains combattants ukrainiens. « Je pense qu'ils représentent l'espoir pour l'avenir, pour contribuer à notre victoire et vaincre les envahisseurs », a déclaré un soldat. « S'ils nous aident à expulser l'occupant de notre terre, alors nous voterons tous pour Pyotr Oleksiovytch», a promis un deuxième parachutiste.

Selon les deux “ONG” qui ont promu la campagne pour l'achat de véhicules militaires, plus d'une centaine de “grands donateurs privés” ont contribué à la collecte de l'argent nécessaire. Le projet a été lancé par un site web ouvert en avril qui associait les véhicules blindés aux images de onze super-héros de bandes dessinées Marvel. « Nous collectons des fonds pour des véhicules blindés destinés à nos super guerriers d'Ukraine », commencent Sprava Hromad et la Fondation Poroshenko . « Et pour que l'équipement commence à vivre ses histoires légendaires, nous avons décidé d'associer les véhicules blindés aux héros de Marvel Comics ».

 

« Qu'y a-t-il de commun entre les histoires qui se déroulent dans les univers Marvel et le monde réel, en particulier avec les événements en Ukraine ? », demandent les deux organisations. « Dans les deux cas, il y a une place pour les héros qui protègent le côté du bien, de l'honneur et de la justice. Dans l'univers Marvel, on les appelle des super-héros, mais dans le nôtre, des soldats des forces armées de l'Ukraine ! » C'est ainsi que les onze véhicules de guerre de fabrication italienne s'appellent Hulk, Spiderman, Wolverine, Thor, Punisher, Iron Man, Captain America, Deadpool, Ghost Rider, Rocket Raccoon et Venom ; pour chacun d'eux, un numéro de compte est ouvert, auquel les passionnés ultranationalistes peuvent contribuer. « Nous les appellerons probablement Les Vengeurs ou Bataillon des Vengeurs et tous s'engageront dans la bataille contre le vrai mal ! », annoncent encore Sprava Hromad et la Fondation Porochenko.

Le douzième “super-héros” de l'équipe mobile avec l'Incroyable Hulk et ses amis est le modèle de véhicule blindé MLS Shield. « Ce véhicule présente des caractéristiques élevées de fiabilité, de mobilité, de protection, de vitesse, d'adaptation aux tâches militaires, de polyvalence dans des conditions de menace moyenne-haute », rapporte la fiche technique reproduite par la campagne de collecte de fonds. « Le véhicule blindé a la capacité de transporter jusqu'à dix membres de troupes d’assaut et est équipé de caméras de surveillance et de capteurs ».

Pour une description détaillée des caractéristiques techniques du système d'arme destructeur, il est préférable de consulter les magazines militaires spécialisés. « Un haut niveau de protection intégrée contre les explosions est combiné à une défense balistique pour répondre aux exigences opérationnelles », explique Italian Defence Technologies. Le MLS Shield Speed est un véhicule lourd 4×4 très rapide : il peut atteindre 110 km/h même sur des routes accidentées, avec une autonomie opérationnelle allant jusqu'à 500 km. Le véhicule blindé peut être transporté à bord d'hélicoptères et d'avions cargo C-130 et constitue « une plate-forme idéale pour différents systèmes d'armes : il peut accueillir des tourelles avec périscopes de nuit, des canons télécommandés de 12,7 mm, des lance- grenades de 40 mm et des mitrailleuses de 5,56 et 7,62 mm ».

Après une campagne de collecte de fonds réussie pour les véhicules blindés, Sprava Hromad et la Fondation Porochenko ont lancé un appel pour acquérir une première tranche du carburant nécessaire à leur ravitaillement. Slogan : « J'ai 2,5 tonnes de diesel dans 11 verres ». « Nous n'avons qu'un seul problème : le ravitaillement de nos perles, soit 220 litres de diesel pour chacune d'elles. Et il y en a onze. Deux mille cinq cents litres de diesel pour le dernier trajet. Le ravitaillement de nos perles sera la responsabilité de nos volontaires jusqu'à ce qu'elles soient remises à l'armée ». Même le ravitaillement en carburant a été payé en un temps record grâce aux dons d'autres personnes privées mystérieuses.

Lors de la cérémonie de remise de véhicules de guerre italiens aux parachutistes ukrainiens, l'ancien président Porochenko a annoncé son intention de commander davantage de véhicules à chenilles. Après l'agression militaire russe contre l'Ukraine le 24 février, les organisations appartenant au puissant magnat auraient collecté et consacré quelque 90 millions de dollars à l’achat d’armes. « Avec ces fonds, nous avons acheté des milliers de gilets pare-balles et de casques en Kevlar, des centaines de véhicules pour les opérations sur le front de guerre, tels que des véhicules blindés, des camions et des camionnettes, des caméras thermiques, des drones, des générateurs électriques, des stations de radio numérique et satellite, des vêtements militaires, des kits de premiers secours, des systèmes de purification de l'eau, du carburant, des matériaux de construction pour les fortifications et des denrées alimentaires », indique Solidarité européenne, le parti de centre-droit dirigé par Porochenko.

À la mi-juin, l'ancien président a reçu 12 nouvelles camionnettes Mitsubishi L200 achetées auprès du fabricant japonais, qui ont été réadaptées pour être utilisées au combat par l'armée ; 12 autres devraient être livrées dans les semaines à venir. Fin juin, 12 camions Leyland DAF 45.150 à quatre roues motrices sont arrivés du Royaume- Uni, que la Fondation Porochenko a envoyés au front pour transporter des systèmes d'armes, de la nourriture, de l'eau et du diesel. En juillet, l'ONG a acheté 350 minidrones Autel en Estonie et un nombre inconnu de drones espions H10 Poseidon Mk II à l'avionneur chypriote Swarmly Ltd. « Les Poseidon sont de tout nouveaux avions sans pilote : ils ont un haut degré de protection contre les équipements radio-électroniques de combat de l'ennemi, peuvent rester longtemps dans les airs et sont équipés de caméras modernes avec un zoom 40x », écrit la fondation de l'oligarque ukrainien. « Un tel oiseau vole jusqu'à une distance de 150 kilomètres et une altitude de 4 000 mètres, à une vitesse de croisière de 75 km/h . Nos guerriers ont déjà suivi plusieurs semaines d'entraînement, ont appris les secrets de la meilleure façon d'utiliser cette technologie et sont prêts à les utiliser pour une contre-attaque efficace. Nous ferons tout pour obtenir notre victoire ! »

Magnat de la confiserie et de l'alimentation, propriétaire jusqu'à il y a huit mois de la chaîne de télévision 5 Kanal, Petro Porochenko a réussi à mettre la main sur d'importants groupes agro-industriels et commerciaux ukrainiens [à commencer par l’usine de chocolat Karl-Marx de Kiev, NdT] à la suite des privatisations post-URSS. Émule de Silvio Berlusconi, il se jette dans la politique, devenant d'abord ministre des Affaires étrangères de 2009 à 2010, puis ministre du Commerce et du Développement économique en 2012, jusqu'à remporter l'élection présidentielle de 2014. En tant que chef d'État et de gouvernement, Petro Porochenko a donné un nouvel élan aux politiques ultranationalistes et néolibérales et, après l'annexion de la Crimée par la Fédération de Russie, a lancé une contre-offensive militaire sanglante dans le Donbass contre les milices pro-russes. Il a fait les deux choix qui ont servi de fusible explosif au conflit actuel entre Moscou et Kiev : l'accord d'association de l'Ukraine avec l'Union européenne, mais surtout la demande peu judicieuse d'adhésion à l'OTAN.

La présidence de Porochenko est également connue pour avoir adopté un certain nombre de lois ouvertement antirusses et “anticommunistes”, comme celle qui a ordonné le retrait des monuments érigés à la mémoire des victimes soviétiques de la Seconde Guerre mondiale. Un texte de loi mettait sur un pied d'égalité le régime nazi et le régime soviétique, tout en reconnaissant tous ceux qui « ont combattu pour l'indépendance de l'Ukraine au cours du XXe siècle ». Les héros de la liberté du peuple ukrainien comprennent également les tristement célèbres OUN (Organisation des nationalistes ukrainiens) et UPA (Armée insurrectionnelle ukrainienne), la première étant un groupe politique fasciste, la seconde une formation paramilitaire nazie, responsable d'innombrables crimes contre l'humanité et du massacre de Juifs ukrainiens et de dizaines de milliers de citoyens polonais pendant la dernière guerre mondiale.

Porochenko a été battu de manière inattendue lors de l'élection présidentielle de 2019 par Volodymyr Zelensky. En décembre 2021, il quitte l'Ukraine pour y revenir le mois suivant après des menaces d'invasion par la Russie. Arrivé à Kiev, l'ancien président a été arrêté pendant quelques jours et a comparu devant les tribunaux le 17 janvier pour répondre aux accusations de haute trahison pour certaines de ses transactions de charbon présumées avec les républiques “sécessionnistes” de Donetsk et de Lougansk. Porochenko a rejeté les accusations et, après l'invasion du 24 février, a endossé le rôle de chef combattant anti-Poutine, achetant des systèmes d'armes à l'étranger et fondant même son propre bataillon avec plusieurs vétérans de la guerre du Donbass de 2014.

Malgré l'interdiction de voyager qui lui a été imposée par les tribunaux de Kiev, Petro Porochenko a tenté à deux reprises de franchir la frontière avec la Pologne (la dernière fois le 28 mai), mais il a été arrêté par les forces de police ukrainiennes. Le 5 juillet, il a été interviewé par une équipe de Sky TG24 : « Je tiens à confirmer le grand leadership du président Biden et des Américains dans leur rôle de soutien à l'Ukraine et, ensuite, je remercie les Italiens et le Premier ministre Draghi », a déclaré M. Porochenko. « Je suis très reconnaissant de votre position fiable, notamment celle à l'intérieur de l'Italie, lorsque les Cinq Étoiles ont essayé de bloquer la résolution du parlement en soutien à l'Ukraine. Je tiens à remercier l'ambassadeur à Kiev qui, avec le gouvernement, a joué un rôle très important et crucial. Maintenant, nous sommes tous des soldats et nous défendons l'Ukraine, l'Europe et l'ensemble du monde démocratique ».

« Trois choses sont nécessaires : des armes, des armes et des armes », a conclu l'oligarque ukrainien. Et pour les obtenir, il aurait été “autorisé” à venir personnellement en Italie pour les acheter. Deux jours après l'interview de Sky TG24, Repubblica.it a publié une vidéo dans laquelle Porochenko apparaît en train de visiter l'usine Tekne SpA d'Ortona (Chieti) et, posant, montre les onze véhicules blindés tout-terrain MLS Shield achetés puis livrés aux troupes d'assaut des parachutistes dans le Donbass.

Fondée en tant qu'entreprise de conception et de production de systèmes électroniques, de véhicules spéciaux et de machines agricoles, et de commercialisation de véhicules industriels produits par des industries tierces (notamment Astra Iveco SpA), le groupe Tekne s'est spécialisé depuis 2015 dans le secteur militaire et de la sécurité, obtenant d'importantes commandes du ministère italien de la Défense, de l'agence Frontex pour le contrôle des frontières extérieures de l'UE et au Moyen-Orient. La société est également présente au Bangladesh et sur le continent africain (Angola, Maroc, Tunisie, Mozambique et Afrique du Sud). Son dernier exploit est donc la remise de véhicules blindés aux forces spéciales ukrainiennes, avec la transaction douteuse du politicien-magnat émule Berluska et la bénédiction très opaque de Mario Draghi, Luigi Di Maio et Lorenzo Guerini.

 

LUIS E. SABINI FERNÁNDEZ
¿Conciliar el sionismo y los derechos humanos?

Luis E. Sabini Fernández, 16-8-2022

“El Presidente del Comité Central Israelita del Uruguay, Marcos Israel, fue electo en el día de ayer (11 de agosto) por la Asamblea General del Poder Legislativo para formar parte del nuevo Consejo Directivo de la Institución Nacional de Derechos Humanos y Defensoría del Pueblo (INDDHH) por los próximos cinco años. Fue una excelente votación con 121 legisladores a favor de su postulación en 122 presentes.”(CCIU) He aquí un comentario sobre este evento por lo menos sorprendente.-Tlaxcala

Marcos Israel, presidente del Comité Central Israelita: «Una parte de la izquierda uruguaya todavía abreva en el discurso antiisraelí»

Gideon Levy, lúcido periodista israelí, judío, nos “informa”: “Más de 2.000 niños palestinos asesinados por Israel en 20 años de guerra contra Gaza”.[1]

La pregunta inmediata: ¿puede un defensor del comportamiento israelí ser al mismo tiempo un sostenedor de los dd.hh.?

La Declaración Universal de Derechos Humanos (dic. 1948) de la ONU,  en su artículo 13 anuncia: “Toda persona tiene derecho a salir de cualquier país, incluso del propio, y a regresar a su país.”

Israel y el sionismo gobernante, desde su implantación manu militari en 1948,  jamás ha permitido el retorno de palestinos expulsados. Ni de uno siquiera, de los cientos de miles, con el paso de las décadas y el crecimiento vegetativo hoy millones, expulsados en 1948. Violar o negar el derecho a retorno lesiona radicalmente a los dd.hh. y al citado art. 13.

Un paso más en dicha declaración; el art. 17:

“Nadie será privado arbitrariamente de su propiedad.” 

En Israel, permanentemente se confiscan, con violencia protegida por la ley del país, diversas propiedades de palestinos con “fundamentos jurídicos” como que esa tierra o ese edificio perteneció en tiempos bíblicos o antes de 1948 a judíos.

Nos recuerda Joan Cañete Bayle, periodista catalán:

“Khalid Hussein Jabari es uno de los centenares de palestinos que han perdido su casa este 2016. Fue destruida por orden administrativa israelí. El de Khalid es una de las 300 casas e infraestructuras palestinas destruidas en lo que llevamos del año, más que en todo el 2015, en una estrategia deliberada de expulsión y desposesión para dejar espacio a las colonias que tiene sus raíces en la Nakba.” [2]

El Estado de Israel y su gobierno sionista jamás han reconocido tales actos como violatorios de la Declaración Universal de 1948. Como que los tiene sin cuidado.

Niños palestinos capturados in fraganti tirando piedras o porque alguna investigación los ha rastreado, son encarcelados, en jaulas al aire libre, colectivas, con la ropa con que son capturados, y con ella tienen que soportar las diversas estaciones climáticas con un frío mordiente, que les mina la salud o con un calor veraniego que haga insoportable estar allí encerrado. ¿Cuál es la relación de este trato a niños con los dd. hh.?

ROMAIN GARY
Mein lieber Herr Elefant!
Liebesbrief an einen alten Genossen

Romain Gary, LIFE Magazine, 22.12.1967
Übersetzt von Frank Helzel 

English Français Español Italiano

Sie werden sich beim Lesen dieses Briefes sicher fragen, was ein Mitglied der zoologischen Gattung, das so tief besorgt um die Zukunft der eigenen Gattung ist, dazu veranlasst hat, ihn zu schreiben.

Der Selbsterhaltungstrieb ist ganz sicher das Kernmotiv. Seit sehr langer Zeit habe ich schon das Gefühl, dass unsere Schicksale miteinander verknüpft sind. In diesen gefährlichen Tagen‚ des „Gleichgewichts des Schreckens“, von Massakern und gelehrten Kalkulationen über die Anzahl der menschlichen Wesen, die einen nuklearen Holocaust überleben werden, ist es doch nur zu natürlich, dass sich meine Gedanken Ihnen zuwenden.


In meinen Augen, lieber Herr Elefant, stellen Sie in Vollkommenheit dar, was heute von Auslöschung bedroht ist: im Namen des Fortschritts, der Effektivität, des integralen Materialismus, einer Ideologie oder sogar der Vernunft, denn ein bestimmter abstrakter, unmenschlicher Gebrauch der Vernunft wird immer mehr zu einem Komplizen unserer mörderischen Narretei.

Heute scheint es gewiss, dass wir uns anderen Gattungen und besonders der Ihren gegenüber so verhalten haben, wie wir im Begriff sind, es mit uns selbst zu tun.

Es war in einem Kinderzimmer vor annähernd einem halben Jahrhundert, dass wir uns zum ersten Mal begegnet sind. Jahrelang haben wir das gleiche Bett geteilt, und ich schlief nie ein, ohne Ihren Rüssel zu küssen, ohne Sie dann fest zu umarmen, bis meine Mutter Sie mir wegnahm unter dem nicht sehr logischen Vorwand, ich sei inzwischen ein zu großer Junge, um noch mit einem Elefanten zu spielen.

Es wird sicher Psychologen geben, die behaupten werden, dass meine „Fixierung“ auf die Elefanten auf diese einschneidende Trennung zurückgeht und dass mein Wunsch, Ihre Gesellschaft zu teilen, tatsächlich eine Form von Heimweh nach meiner Kindheit und meiner verlorenen Unschuld ist.

Es ist auch sehr wahr, dass Sie in meinen Augen ein Symbol der Reinheit und eines naiven Traums darstellen, eines Symbols für eine Welt, in der der Mensch und das Tier friedlich miteinander leben würden.

Jahre später trafen wir uns irgendwo im Sudan wieder. Ich kam von einem Bombardierungsauftrag über Äthiopien zurück und brachte mein Flugzeug in erbarmenswertem Zustand südlich von Karthum am südlichen Nilufer auf die Erde zurück. Ich marschierte drei Tage lang, bevor ich Wasser fand und trank, was mir einen Typhus einbrachte, an dem ich fast gestorben wäre.

Ich nahm Sie durch ein dürres Gestrüpp wahr und hielt mich zunächst für das Opfer einer Halluzination. Denn Sie waren rot, von einem dunklen Rot, vom Rüssel bis zum Schwanz. Und der Anblick eines roten Elefanten, der auf seinem Hinterteil sitzend schnarchte, ließ meine Haare zu Berge stehen. Ja, wirklich, Sie schnarchten.

Seitdem weiß ich, dass dieses tiefe Schnarchen bei Ihnen und Ihresgleichen ein Zeichen von Zufriedenheit ist, was mich vermuten lässt, dass die von Ihnen verzehrte Baumrinde besonders köstlich war. Ich brauchte einige Zeit, um zu verstehen, warum Sie rot waren. Sie hatten sich nämlich im Schlamm gewälzt, das hieß, dass es in der Nähe Wasser geben musste. Ich ging vorsichtig weiter.

Da bemerkten Sie, dass ich da war. Sie haben die Ohren aufgestellt, so dass Ihr Kopf um das Dreifache größer schien, während Ihr einem Berg ähnlicher Körper hinter diesem plötzlich gehissten Segelwerk verschwand.

Zwischen Ihnen und mir gab es kaum 20 Meter Distanz, und ich konnte nicht nur Ihre Augen sehen, sondern reagierte sehr empfindlich auf Ihren Blick, der mich, wenn ich so sagen kann, wie ein Faustschlag im Magen traf. Es war zu spät, um zu fliehen. Und in dem Zustand der Erschöpfung, in dem ich mich befand, gewannen Fieber und Durst die Oberhand über meine Angst. Ich verzichtete auf den Kampf. Das widerfuhr mir einige Male im Krieg: Ich schloss die Augen und wartete auf den Tod, was mir jedes Mal eine Auszeichnung und den Ruf, eine oder andere Weise zu überleben gelingt. 


ROMAIN GARY
Caro signor Elefante
Una lettera d’amore a un vecchio compagno

Romain Gary, LIFE Magazine, 22/12/1967, Le Figaro Littéraire, Marzo 1968
Tradotto da Silvana Fioresi,
Tlaxcala

English Français Español Deutsch 

Leggendo questa lettera ti domanderai, senz’ombra di dubbio, che cosa ha potuto incitare un esempio zoologico, così profondamente preoccupato dell’avvenire della sua propria specie, a scriverla. L’istinto di conservazione, certamente è questo, il motivo. Già da molto tempo ho la sensazione che i nostri destini sono legati. In questi giorni così pericolosi “di equilibrio attraverso il terrore”, di massacri e di sapienti calcoli sul numero di umani che sopravviveranno a un olocausto nucleare, è semplicemente troppo naturale che i miei pensieri si rivolgano a te.


Ai miei occhi, caro signor Elefante, rappresenti alla perfezione tutto quello che, oggi, è minacciato di estinzione in nome del progresso, dell’efficacia, del materialismo integrale, di un’ideologia o anche della ragione, visto che un certo uso astratto e disumano della ragione e della logica si fa sempre di più complice della nostra follia assassina. Sembra evidente oggi che noi ci siamo comportati, verso le altre specie, e la tua in particolare, semplicemente come stiamo per farlo verso noi stessi.

È in una cameretta per bambini, quasi un mezzo secolo fa, che ci siamo incontrati per la prima volta. Per anni abbiamo condiviso lo stesso letto, e io non mi addormentavo mai senza baciare la tua proboscide, senza abbracciarti forte, fino al giorno in cui mia madre ti portò via dicendo, non senza una certa mancanza di logica, che ero troppo grande per giocare ancora con un elefante. Non mancheranno certamente degli psicologi che pretenderanno che la mia “fissazione” sugli elefanti rimonta a questa terribile separazione, e che il mio desiderio di stare in tua compagnia è, a tutti gli effetti, una forma di nostalgia verso la mia infanzia e la mia innocenza perduta. Ed è vero che tu rappresenti ai miei occhi un simbolo di purezza e un sogno innocente, quello di un mondo in cui l’uomo e la bestia potrebbero vivere pacificamente insieme.

Diversi anni dopo, da qualche parte nel Sudan, ci siamo incontrati di nuovo. Ritornavo da una missione di bombardamento al di sopra dell’Etiopia e atterrai con il mio aereo in stato pietoso a sud di Khartum, sulla riva occidentale del Nilo. Ho camminato per tre giorni prima di trovare da bere dell’acqua, cosa che ho pagato poi con il tifo, che mi è quasi costato la vita. Mi sei apparso attraverso un qualche magro carrubo, tanto che mi credevo vittima di allucinazione. Perché eri rosso, di un rosso scuro, dalla proboscide alla coda, e la vista di un elefante rosso che fa le fusa seduto sul sedere mi ha fatto drizzare i capelli sulla testa! Eh sì, tu facevi le fusa, e da allora ho imparato che questo profondo rimbombo è per te un segno di soddisfazione, cosa che mi lascia supporre che la scorza dell’albero che mangiavi era particolarmente deliziosa.

Mi ci è voluto un po’ di tempo per capire che, se eri rosso, era perché ti eri rotolato nel fango, cosa che voleva dire che vicino c’era dell’acqua. Avanzavo piano e proprio in quel momento ti sei accorto della mia presenza. Hai drizzato le orecchie e la tua testa è così apparsa grande il triplo, mentre il tuo corpo, simile a una montagna, spariva dietro questa sorta di tenda apparsa all’improvviso. Tra te e me, la distanza era di circa venti metri, e non solo ho potuto vedere i tuoi occhi, ma sono proprio rimasto impressionato dal tuo sguardo, che mi ha colpito come un pugno nello stomaco. Era troppo tardi per pensare di fuggire. E poi, nello stato di sfinimento in cui mi trovavo, la febbre e la sete presero il sopravvento sulla paura. Rinunciai alla lotta. Mi è successo più volte durante la guerra: chiudevo gli occhi, aspettando la morte, il che mi è valso, ogni volta, un decoro, e la fama di essere coraggioso.


ROMAIN GARY
Monsieur et cher Éléphant
Une lettre d'amour à un vieux compagnon

 Romain Gary, LIFE Magazine, 22/12/1967Le Figaro littéraire, 4/3/1968

Vous vous demanderez sans doute en lisant cette lettre ce qui a pu inciter à l’écrire un spécimen zoologique si profondément soucieux de l’avenir de sa propre espèce. L’instinct de conservation, tel est, bien sûr ce motif. Depuis fort longtemps déjà, j’ai le sentiment que nos destins sont liés. En ces jours périlleux « d’équilibre par la terreur », de massacres et de calculs savants sur le nombre d’humains qui survivront à un holocauste nucléaire, il n’est que trop naturel que mes pensées se tournent vers vous.

À mes yeux, monsieur et cher éléphant, vous représentez à la perfection tout ce qui est aujourd’hui menacé d’extinction au nom du progrès, de l’efficacité, du matérialisme intégral, d’une idéologie ou même de la raison car un certain usage abstrait et inhumain de la raison et de la logique se fait de plus en plus le complice de notre folie meurtrière. Il semble évident aujourd’hui que nous nous sommes comportés tout simplement envers d’autres espèces, et la vôtre en particulier, comme nous sommes sur le point de le faire envers nous-mêmes.

C’est dans une chambre d’enfant, il y a près d’un demi-siècle, que nous nous sommes rencontrés pour la première fois. Nous avons pendant des années partagé le même lit et je ne m’endormais jamais sans embrasser votre trompe, sans ensuite vous serrer fort dans mes bras jusqu’au jour où ma mère vous emporta en disant, non sans un certain manque de logique, que j’étais désormais un trop grand garçon pour jouer avec un éléphant. Il se trouvera sans doute des psychologues pour prétendre que ma « fixation » sur les éléphants remonte à cette pénible séparation, et que mon désir de partager votre compagnie est en fait une forme de nostalgie à l’égard de mon enfance et de mon innocence perdues. Et il est bien vrai que vous représentez à mes yeux un symbole de pureté et un rêve naïf, celui d’un monde où l’homme et la bête vivraient pacifiquement ensemble.

Des années plus tard, quelque part au Soudan, nous nous sommes de nouveau rencontrés. Je revenais d’une mission de bombardement au-dessus de l’Éthiopie et fis atterrir mon avion en piteux état au sud de Khartoum, sur la rive occidentale du Nil. J’ai marché pendant trois jours avant de trouver de l’eau et de boire, ce que j’ai payé ensuite par une typhoïde qui a failli me coûter la vie. Vous m’êtes apparu au travers de quelques maigres caroubiers et je me suis d’abord cru victime d’une hallucination. Car vous étiez rouge, d’un rouge sombre, de la trompe à la queue, et la vue d’un éléphant rouge en train de ronronner assis sur son postérieur, me fit dresser les cheveux sur la tête. Hé oui ! vous ronronniez, j’ai appris depuis lors que ce grondement profond est chez vous un signe de satisfaction, ce qui me laisse supposer que l’écorce de l’arbre que vous mangiez était particulièrement délicieuse.

Il me fallut quelque temps pour comprendre que si vous étiez rouge, c’est parce que vous vous étiez vautré dans la boue, ce qui voulait dire qu’il y avait de l’eau à proximité. J’avançai doucement et à ce moment vous vous êtes aperçu de ma présence. Vous avez redressé vos oreilles et votre tête parut alors tripler de volume, tandis que votre corps, semblable à une montagne disparaissait derrière cette voilure soudain hissée. Entre vous et moi, la distance n’excédait pas vingt mètres, et non seulement je pus voir vos yeux, mais je fus très sensible à votre regard qui m’atteignit si je puis dire, comme un direct à l’estomac. Il était trop tard pour songer à fuir. Et puis, dans l’état d’épuisement où je me trouvais, la fièvre et la soif l’emportèrent sur ma peur. Je renonçai à la lutte. Cela m’est arrivé à plusieurs reprises pendant la guerre : je fermais tes yeux, attendant la mort, ce qui m’a valu chaque fois une décoration et une réputation de courage. 

Quand j’ouvris de nouveau les yeux, vous dormiez.

ROMAIN GARY
Dear Elephant, Sir:
A love letter to an old companion from the author of ‘Roots of Heaven’

Romain Gary, LIFE Magazine, 22 Dec. 1967

Français Español Deutsch  Italiano

You will probably wonder, reading this letter, what could have prompted a zoological specimen so deeply preoccupied with the future of his own species, to write it. The reason of course, is self-preservation. For a long time now I have had the feeling that our destinies are linked. In these perilous days of “the balance of terror,” of overkill and estimates telling how many of us could hope to survive a nuclear holocaust, it is only natural that my thoughts should turn to you. In my eyes, dear Elephant, sir, you represent to perfection everything that is threatened today with extinction in the name of progress, efficiency, ideology, materialism, or even reason, for a certain abstract, inhuman use of reason and logic are becoming more and more allies of our murderous folly. It seems clear today that we have been merely doing to other species, and to yours in the first place, what we are on the verge of doing to ourselves.


 We met for the first time almost a century ago in my nursery. We shared the same bed for many years, and I never went to sleep without kissing your trunk and then holding you tightly in my arms, until the day came when my mother took you away, telling me, with a certain absence of logic, that I was a big boy now and therefore could no longer have an elephant for a pet. Psychologists will no doubt say that my “fixation” on elephants goes back to that painful moment of separation, and that my longing for your company is actually a nostalgia for my long gone innocence and childhood. And, indeed, you are precisely that in my eyes: a symbol of purity, a dream of paradise lost, a yearning for the impossible, of man and beast living peacefully together.

Years later, somewhere in Sudan, we met again. I was returning from a bombing mission over Ethiopia, and brought down my damaged plane south of Khartoum, on the western bank of the Nile. I walked for three days to reach water and to have the most satisfying drink of my life, thus, as it turned out later, contracting typhoid and almost dying. You appeared before me among some meager acacia trees, and at first I thought I was a victim of hallucination. For you were red, dark red, from trunk to tail, and the sight of a red elephant sitting on his rear end and purring made my hair stand on end. Yes, you were purring. I have learned since then that this deep rumbling is a sign of satisfaction, and I suppose the bark of the tree you were eating was particularly delicious. It took me some time to realize that you were red from wallowing in the mud and that meant the proximity of water. I edged forward, and you became aware of my presence. You perked up your ears, and your head seemed to triple in size, while your whole mountain of a body disappeared behind those suddenly hoisted sails. You were no more than 60 or 70 yards from me and I could not only see your eyes but feel them, as if my stomach had eyes of its own. I was too weak to run. Besides, my exhaustion, fever and thirst were greater than my fear. I therefore did the only thing that I could do under the circumstances: I gave up. I have given up quite a few times, during the war, closing my eyes and waiting for death, and each time I have been given a medal for bravery.

When I opened my eyes again, you were asleep. I suppose you had not seen me or had taken one look at me and became overcome with boredom. Anyway, you were standing there, your trunk limp, yours ears collapsed, your eyes closed, and I remember that tears came to my eyes. I was seized by an almost irresistible urge to come close to you, to press your trunk against me, to huddle against your hide, and there, fully protected, to sleep peacefully forever. The strangest feeling came over me: I knew it was my mother who had sent you. She had relented at last and had given you back to me.

15/08/2022

DEIAA HAJ YAHIA
Comment des jeunes femmes palestiniennes tombent entre les pattes du crime organisé en Israël

Deiaa Haj Yahia, Haaretz, 15/8/2022
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Deiaa Haj Yahia, journaliste de Nas Radio (Nazareth), participe à l'initiative Haaretz 21 visant à promouvoir les voix et les histoires de la communauté palestinienne d'Israël. @DeiaaHaj

Séduites par des promesses d'amour ou d'une vie meilleure, ces femmes sont ensuite utilisées de diverses manières : transfert d'argent, blanchiment d'argent et exploitation sexuelle. Certaines de ces jeunes femmes enfreignent volontairement la loi pour survivre.

Munah vient d'un foyer non normatif, voire brisé. Ses parents sont divorcés. Son père, un Palestinien qui a été impliqué dans des affaires de drogue et de harcèlement sexuel, a été emprisonné pendant 12 ans, après quoi il est retourné en Cisjordanie. Sa mère n'est pas présente dans sa vie.

Diana, du nord d'Israël. "J'achetais des vêtements pour mes amis et je les invitais, mais après que je me suis fait prendre, ils ont tous disparu. Photo de Rami Shllush  photoshopée par Masha Tzur Gluzman

Munah et ses deux sœurs ont été définies comme des jeunes à risque. Toutes trois se sont retrouvées à un moment donné dans des institutions fermées pour jeunes sous l'égide du ministère israélien du Travail, des Affaires sociales et des Services sociaux. À partir de ce point de départ, le chemin vers le monde du crime, la participation à des gangs de rue et les démêlés avec la justice a été court. Il semble que le fait le plus marquant de son CV soit qu'elle n'est pas en prison - du moins pour l'instant.

Aujourd'hui, Munah (un pseudonyme, comme tous les autres noms des jeunes femmes interrogées ici) a 20 ans et vit chez elle, grâce au programme de réhabilitation qu'elle a suivi. Elle avait été arrêtée pour trafic de drogue, mais a été condamnée en dernier ressort pour possession de drogue dans le cadre d'un accord de plaidoyer, ce qui lui a également donné l'espoir d'un avenir différent.

Diana, 19 ans. « J'étais comme un outil dans leurs mains - celles de mon petit ami et de son gang » . Photo de Rami Shllush et Moran Mayan-Jini, phptpshopée par MashaTzur Gluzman

Aujourd'hui, elle vit avec ses deux sœurs dans un pauvre appartement de l'un des pires quartiers de Haïfa. Il y a une télévision, deux canapés et entre eux un cendrier débordant de mégots. À côté de la cuisine encombrée et sale se trouvent quelques cartons et plusieurs bouteilles d'alcool vides. Munah s'assied dans un coin et commence à raconter son histoire.

Son “idylle” avec le monde du crime a commencé dans la rue, ce qui est également le cas d'un nombre croissant de jeunes femmes de la communauté palestinienne de 1948 (près de 400 affaires pénales ont été ouvertes contre des mineures arabes rien que l'année dernière).

Elle a 16 ans lorsqu'elle quitte l'internat géré par le département de la jeunesse du ministère des affaires sociales et découvre que sa vie n'a ni cadre ni encadrement. Un criminel local l'a abordée et lui a proposé de la prendre sous son aile - tout ce qu'elle devait faire était d'accomplir quelques tâches pour lui.

« Si quelqu'un m'avait entraînée là-dedans de force par la main, je n'aurais pas pris ce chemin », dit-elle maintenant. « Mais en tant que jeune femme qui ne connaissait rien du monde, cette amitié m'a fourni tout ce que je voulais, autrement dit tout ce qui me manquait depuis l'enfance ».

Qu'est-ce qui lui avait manqué ? De beaux vêtements, la possibilité de sortir pour s'amuser et d'autres petits plaisirs qui coûtent de l'argent. Soudain, ils étaient tous à portée de main, et gratuitement.

Cette histoire semble familière, voire très familière pour une conseillère principale d'une institution fermée pour jeunes qui s'est entretenue avec Haaretz. « Les filles sont impliquées dans tout cela en toute innocence », dit-elle. « Elles veulent l'attention qu'elles n'ont pas eue depuis l'enfance, et quand quelqu'un vient et la fournit, elles sont capables de faire n'importe quoi pour lui ».

Mais l'universitaire Nasreen Haddad Haj-Yahya, directrice du programme des relations arabo-juives à l'Institut israélien pour la démocratie, affirme que le tableau est plus vaste et beaucoup plus complexe que cela, puisque les motivations des jeunes femmes en question ne sont pas seulement liées au désir d'un style de vie plus luxueux, mais bien au désir de simplement survivre.

Une annpnce nécrologique dans la ville arabe israélienne de Taibeh. « Les criminels n'ont pas de ligne rouge quand il s'agit de ces filles », dit un criminel arabe . Photo de Tomer Appelbaum  photoshopée par  Aharon Erlich

DARIO MANNI/MARCO MAURIZI
L'animal et le boucher
Antispécisme, antimilitarisme et non-violence

 Dario Manni et Marco Maurizi, Spazi di Filosofia, n°7/2021, avril 2022
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala


Les animaux et la guerre

Les images de réfugiés ukrainiens portant dans leurs bras des animaux domestiques nous parlent d'une amitié profonde avec les autres espèces, de la possibilité d'une solidarité prête à risquer sa propre sécurité[ 1] . Certes, il s'agit aussi de propagande de guerre - utile pour présenter les Ukrainiens comme un peuple “bon” et “semblable à nous” par opposition aux Russes “violents” et “étrangers” - et il ne serait pas déplacé pour une personne antispéciste de rappeler qu'il s'agit tout de même d'animaux “familiaux”, une affection qui se construit dans la relation ambiguë entre le chien et son “maître” ; mais il est quand même difficile de ne pas être ému par cette solidarité et cette affection si exposées à la puissance des bombes.


La guerre est aujourd'hui médiatisée, dans sa quasi-totalité, et nous ne pouvons pas savoir ce qui se passe sur le terrain effectivement. Cependant, nous pouvons être sûrs que, peu importe qui gagne et qui finira par gagner, elle produit des ravages dans lesquels les animaux, pas moins que les humains, souffrent de manière indicible et meurent sans pitié. La guerre détruit notre “humanité”, dit-on. Ou bien exprime-t-elle ses contradictions au plus haut degré ? “Poutine est pire qu'un animal”, s'écrie Luigi Di Maio. Joe Biden lui fait écho : “Poutine est un boucher”. Tout est normal ? Lorsque le ministre des Affaires étrangères a prononcé cette phrase honteuse, nombreux sont ceux qui ont été indignés par cette violation du protocole. Mais il n'est venu à l'idée de personne de défendre les animaux pour l'horrible juxtaposition avec un autocrate impérialiste sans scrupules. Nous oublions un phénomène important qui doit être repensé : seuls les animaux humains font la guerre. Pourquoi ?

Indépendamment des réponses que l'on peut donner à cette question, il faut reconnaître que tout discours sur la guerre et la paix est incomplet et probablement infondé s'il l'élude. Mais avant de tenter d'en parler, nous pouvons provisoirement clarifier un point. La guerre est la destruction d'un ordre hiérarchique et oppressif et son remplacement par un autre qui n'est pas moins violent, pas moins injuste. Ceux qui s'opposent aux guerres aujourd'hui savent donc qu'il est nécessaire de construire un nouveau mouvement pacifiste, un nouvel internationalisme, de recommencer à parler de socialisme et de justice sociale au niveau mondial, car les véritables causes de la guerre résident dans la nature intrinsèquement conflictuelle de l'ordre social existant : le capitalisme multipolaire et ses idéologies  (le  néolibéralisme  occidental,  les  souverainismes  et nationalismes des différentes formes de capitalisme autoritaire, le système mixte chinois). Mais, et cela nous concerne en tant qu'antispécistes, nous avons le devoir de ne pas oublier cette question. Comment la question des animaux s'inscrit-elle dans cette perspective ? Pourquoi l'animal humain fait-il la guerre ? Que deviennent les animaux non humains dans un ordre social qui parvient à mettre fin au militarisme et à l'injustice mondiale ? Comment une société peut-elle considérer le mot “boucher” comme une épithète à accoler à juste titre à un criminel de guerre et, en même temps, comme l'une de ses activités quotidiennes les plus fondamentales ?

14/08/2022

GIDEON LEVY
La condescendance de la gauche israélienne

 

Gideon Levy, Haaretz, 13/8/2022
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

Quiconque a une alternative idéologique à offrir doit combattre la droite jusqu'au bout. Quiconque a un meilleur leadership à offrir doit faire tout son possible pour se retrouver au pouvoir. Le centre-gauche israélien, malheureusement, n'a ni l'une ni l'autre. Et pourtant, il mène une guerre contre la droite dirigée par le Likoud. Cette guerre est légitime, mais elle est en grande partie fondée sur la condescendance. C'est la seule munition qui reste lorsque le carquois est vide. C'est comme ça quand il n'y a pas d'alternative idéologique ou de leadership. La condescendance est l'arme des bidonneur·ses.

Les députés du parti travailliste entourent la cheffe du parti, Merav Michaeli, après les élections primaires du parti, mardi 9 août. Photo : Moti Milrod

 Le bloc de centre-gauche n'a aucune raison, et aucune justification, pour faire preuve de condescendance envers le Likoud, de se moquer de ses représentants et de ridiculiser ses électeurs. La qualité de la liste du Likoud à la Knesset, en moyenne, n'est pas inférieure à la qualité moyenne des listes de la plupart des autres partis. Le mécanisme qui sélectionne la composition de la liste est certainement le plus impressionnant de tous les partis par son ampleur et son caractère démocratique.

La condescendance envers le Likoud est non seulement infondée, mais elle contribue également à unir et à renforcer la droite. Il n'y a rien de tel que des sentiments d'infériorité et un sentiment d'humiliation pour remplir tout un camp politique d'une juste colère contre ceux qui suscitent ces émotions.

Les insultes ouvertes et cachées qu'une grande partie des médias continue de proférer à l'encontre des Bibi-istes, des babouins ou des Likoudniks de jardin sont un combustible dont le feu ne s'éteindra pas facilement. Ils n'oublieront pas ces humiliations, tout comme ils n'ont pas oublié les humiliations du Mapai dans les années 50 et 60. La droite est au pouvoir depuis une génération, mais la lutte contre elle est toujours celle de ceux qui se considèrent supérieurs à leurs propres yeux et des gens qu'ils considèrent inférieurs à eux.

Le Likoud a organisé une primaire. Elle a été aussi correcte, populaire et démocratique qu'il est possible de le faire dans un État d'apartheid et compte tenu des marchandages politiques qui ont cours en Israël. Avant même que les votes ne soient comptés, le refrain a commencé : le parti d'un seul homme, une mauvaise liste remplie de béni-oui-oui. Il est inutile de mentionner comment les candidats sont choisis à Yesh Atid, Nouvel Espoir, Blanc-Bleu ou Yisrael Beiteinu. On peut d’ailleurs se demander comment il se fait que la règle du règne d'une seule personne de ces partis, qui a également des éléments d'un culte de la personnalité, ne suscite guère de critiques de la part des fervents de la démocratie vantée d'Israël.

Il y a autant de béni-oui-oui dans ces partis que dans le Likoud, et toute personne qui sort du rang est renvoyée sommairement. Le régime du Mapai, avec ses infâmes comités d'arrangements, était un modèle de démocratie comparé à la méthode soi-disant démocratique de sélection des candidats de Yair Lapid, Avigdor Liberman, Benny Gantz ou Gideon Sa'ar, ces guerriers déterminés contre Benjamin Netanyahou au nom du souci de la démocratie.

Le centre-gauche n'a pas non plus matière à condescendance envers le Likoud en termes d'élus. La qualité des politiciens israéliens est faible, et souvent honteuse, mais le Likoud n'a pas à rougir de la comparaison avec les autres listes. Amir Ohana est-il une figure moins impressionnante que Nitzan Horowitz ? Galit Distal Atbaryan est-elle vraiment une députée aussi ridicule qu'elle est souvent dépeinte ? En quoi est-elle pire qu'Efrat Rayten ? Et David Amsalem, en quoi est-il pire que Mickey Levy ? Et Danny Danon que Meir Cohen ? Merav Ben Ari est-elle meilleure, à tous points de vue, que Gila Gamliel ?

Si seulement nous avions des candidats plus impressionnants, sérieux et courageux sur les listes - tel est le visage de la politique israélienne - mais penser que nous avons une liste de Bibi-istes face à une liste de réformateurs, de babouins contre des démocrates, d'invertébrés contre des vertébrés est ridicule et exaspérant.

Les prochaines élections ne sont porteuses d'aucune promesse, quels que soient leurs résultats. Israël continuera sur sa lancée. Il n'y a pas lieu de prêter beaucoup d'attention aux campagnes d'épouvante anti-Likoud. Le ciel ne tombera pas. Il n'y a pas non plus de raison d'aspirer à un régime centriste. Aucune nouvelle aube ne se lèvera. Mais lorsqu'un camp est condescendant envers un autre, sans raison apparente, il dit en fait : je n'ai rien à t'offrir, à part de la condescendance.