Support Amazon Workers Network, Workers World, 15/8/2022
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala
Le réseau Support Amazon
Workers a lancé le 10 août l'appel suivant pour des actions
de solidarité de masse. Au 14 août, près de 200 organisations et individus de
nombreux États des USA et d'autres pays avaient signé en guise de soutien.
Travailleuses
pro-syndicat de Starbucks, Lansing, Michigan. Photo Workers United
Attention : La vague de syndicalisation des
travailleurs est en danger à cause des pratiques antisyndicales des patrons !
La vague nationale de syndicalisation et de militantisme menée par les travailleur·ses
de Starbucks et d'Amazon est la plus grande vague de syndicalisation de
travailleur·ses depuis les années 1930 et 1940. La vague de syndicalisation
s'est étendue à Trader Joe's [chaîne de 554 magasins], Chipotle [chaîne de restauration rapide spécialisée dans la cuisine tex-mex. Elle compte plus de 2 000 restaurants aux USA, au Canada (Toronto), au Royaume-Uni (Londres), en France (Paris) et en Allemagne (Francfort)], Apple, REI [Recreational Equipment,
Inc., vente de produits d'équipement pour les sports de pleine nature par catalogue, par internet et dans plus de 140 magasins répartis dans 33 États] et à une liste croissante de chaînes de magasins et
d'industries.
Cependant, ce soulèvement des travailleurs, qui a le potentiel non
seulement de sauver le mouvement ouvrier mais aussi de le transformer, est
menacé de mort. Nous devons nous unir pour défendre les jeunes travailleur·ses courageux·ses
qui sont l'avant-garde de cette lutte ouvrière transformatrice.
Nous proposons ces dates pour des actions de masse coordonnées à travers le
pays :
Lundi 5 septembre, Labor Day, fête
du travail (ou autour de cette date, selon les villes) : Organisez une présence
aux marches de la Fête du travail ou organisez votre propre action ; l'Amazon
Labor Union organise une action avec Starbucks Workers United à New York City,
le 5 septembre.
Jeudi 8 septembre : Participez à
une réunion nationale virtuelle de planification des journées d'actions de
masse coordonnées.
Jeudi 29 septembre : organisez
une action de protestation pro-syndicale lors de la « Journée nationale du
café », promue par la direction de Starbucks.
Samedi 1er octobre : Anniversaire
des six mois de la victoire électorale de l'Amazon Labor Union (ALU) le 1er
avril (qu'Amazon a jusqu'à présent refusé de reconnaître) (et également Journée
internationale du café).
L'Amazon
Labor Union célèbre sa victoire électorale devant les bureaux du NLRB (National
Labor Relations Board :Conseil national des relations de travail), à New
York, le 1er avril.
Depuis leurs salles de conseil d'administration jusqu'à leurs directeurs de
site, Starbucks et Amazon sont engagés dans une guerre totale pour écraser la
vague de syndicalisation.
Starbucks licencie des organisateurs syndicaux, ferme des boutiques, réduit
les heures de travail et refuse aux travailleur·ses syndiqué·es des
augmentations de salaire et des avantages sociaux. Les travailleur·ses de
Starbucks se défendent. Starbucks Workers United continue à remporter des
élections syndicales dans tout le pays et à montrer ses muscles par des
débrayages et des grèves.
Amazon est déterminée à annuler la victoire historique de l'Amazon Labor
Union du 1er avril à Staten Island, New York, et à écraser l'ALU.
Dans le même temps, de nouvelles sections de l'ALU se forment dans tout le pays.
Les travailleurs d'Amazon en Caroline du Nord ont formé Carolina Amazonians
United for Solidarity and Empowerment (CAUSE) et deviennent plus forts chaque
jour. Partout, les travailleur·ses d'Amazon, y compris au sein d'Amazonians
United et du Retail, Wholesale and Department Store Union en Alabama, se
rassemblent malgré leurs approches différentes de l'organisation.
Pour que ces batailles pionnières puissent vaincre les tactiques antisyndicales,
des forces immensément plus importantes doivent les rejoindre et les renforcer.
Howard Schultz et Jeff Bezos sont les têtes d'affiche de cette année en
matière d’antisyndicalisme. Mais les efforts pour écraser le soulèvement des
travailleurs ne se limitent en aucun cas aux propriétaires de Starbucks et d'Amazon.
Wall Street et la classe capitaliste usaméricaine sont entièrement derrière
cette guerre visant à détruire un nouveau mouvement ouvrier avant qu'il ne
s'étende davantage.
Notre réponse à cette menace doit être à la hauteur du danger. Un niveau de
solidarité et de mobilisation de masse pour défendre les travailleur·ses en
première ligne est nécessaire - plus grand que tout ce que nous avons vu au
cours de notre vie. L'organisation unifiée et la solidarité de masse
généralisée sont absolument essentielles à la poursuite de cette transformation
historique du mouvement ouvrier.
L'enjeu n'est rien de moins que l'évolution tant attendue et nécessaire du
mouvement ouvrier, de son état de faiblesse actuel à un mouvement plus radical,
militant, inclusif et à l'échelle de la classe qui :
- soit dirigé par les travailleur·ses de base ;
- ne soit pas dominé par le syndicalisme jaune ;
- ne dépende pas du Parti démocrate et ne lui soit pas subordonné ;
- considère toutes les luttes comme des luttes de travailleur·ses, y compris
la lutte contre le racisme, la lutte pour l'accès à l'avortement, la lutte
contre la guerre, la lutte pour arrêter la catastrophe climatique, la lutte
pour les droits des LGBTQ2S+, la lutte des travailleur·ses incarcéré·es et la
lutte pour le plein accès et la justice pour les personnes handicapées ;
- soit un élément essentiel de la lutte contre les expulsions de logements
et de toutes les luttes communautaires ;
- donne la priorité aux travailleur·ses les plus opprimé·es, y compris les
travailleur·ses migrant·es ;
- veuille faire partie d'un mouvement militant mondial des travailleur·ses ;
et
- soit assez fort pour faire tomber la menace du fascisme.
Une partie croissante de la gauche est maintenant engagée dans un travail
de solidarité à différents niveaux avec ces luttes ouvrières cruciales. Mais
pour l'instant, l'engagement de la gauche dans cette lutte est de manière alarmante
insuffisant. Alors que certains membres du mouvement syndical prennent au
sérieux la nécessité d'une solidarité contre le démantèlement des syndicats, la
plupart des hauts dirigeants du mouvement syndical restent malheureusement
insensibles à cette menace et se concentrent sur la politique électorale et la
dépendance à l'égard du Parti démocrate.
Cela doit
changer. Le moment est venu d'intensifier la pression pour forcer ce
changement.