المقالات بلغتها الأصلية Originaux Originals Originales

19/08/2023

کودتایی برای ارتجاع و برعلیه دمکراسی در ایران
ه بهانه هفتادمین سالگرد کودتای امریکایی - انگلیسی ۲۸ مرداد ۱۳۳۲

مصطفی قهرمانی – 28 مرداد 1402

 

در فرهنگ سیاسی کودتا در کشوری با یک فرماسیون حکومتی قانونی را می‌توان هم‌چنین به معنای استقرار دوباره وضعیت غیردمکراتیک پیشینی توسط یک قوه قهریه داخلی و یا اربابان و همدستان خارجی آنها تعبیر نمود. و این دقیقآ همانند همان رخدادی است که در تاریخ ۲۸ مرداد ۱۳۳۲ برابر با ۱۹ اگوست ۱۹۵۳ در ایران ما بدست سیا و اس آی اس با همدستی عوامل سرکوبگر ارتجاع داخلی‌ برعلیه دولت قانونی دکتر محمد مصدق شکل گرفت.


وضعیت سیاسی امروز در میهن ما برآمده از انقلاب ۲۲ بهمن ۱۳۵۷ و همچنین رخدادهای سیاسی ۴۴ سال گذشته در راستای استقرار و نهادینه کردن استقلال، آزادی و جمهوریت درحقیقت واکنشی است در راستای پاسخگویی به دخالت‌های غیرموجه و معاندانه نیروهای بیگانه در تاریخ دو قرن اخیر، به‌ویژه دخالت‌های مستقیم امریکا در طی هفتاد سال گذشته در میهن ما.

استعمار زخم‌خورده بریتانیا از دو شکست بزرگ در مقابل ایران در طی دو فرآیند

۱- ملی شدن صنعت نفت ایران بوسیله دولت دکتر محمد مصدق و

۲- دعوای حقوقی برعلیه ایران در مقابل دیوان داوری لاهه

توانست در سال دوم زمامداری مصدق با متقاعد کردن ایالات متحده به مثابه ابرقدرت تازه نفس پس از جنگ دوم جهانی به یک اقدام قهرآمیز مشارکتی در ایران زمینه سرنگونی این دولت قانونی را فراهم آورد.

کودتای ۲۸ مرداد در حقیقت از یکسو ترجمان همدستی و تقسیم غنائم بین دو دولت بریتانیا و ایالات متحده و بازگشت محمدرضا شاه دست‌نشانده به اریکه قدرت بود و از جانب دیگر نماد جایگزینی استعمارگر پیر بریتانیا بوسیله ابرقدرت تازه نفس ایالات متحده آمریکا در میهن ما.

در ورای این‌همه، کودتای امریکایی - انگلیسی ۲۸ مرداد ۱۳۳۲ یکی از بیش‌از ۶۵ مورد دخالت‌های قهرآمیز کودتاگونه و جنگ‌طلبانه ایالات متحده در سرزمین‌های دوردست تمامی قاره‌های جهان ما پس از جنگ دوم جهانی می‌باشد که همگی بیانگر این دروغ بزرگ غرب و ایالات متحده در رأس آن می‌باشد که خود را به عنوان پاسداران دمکراسی و حقوق بشر در جهان امروز ما معرفی می‌کنند.

در سال‌های اخیر بسیاری از رهبران و سیاست‌گزاران امریکایی و انگلیسی به این خطای فاحش و ضربه مهلک آنان بر پیکر جنبش نوپای دموکراسی‌خواهی در میهن ما اعتراف کرده‌اند،  ولی همچنان توقع تصحیح استراتژیک در رویکرد و رفتار آنها داشتن انتظاری خام و بیهوده است زیرا که همین امروز هم هردو این دو کشور با تمام قوا و بهره‌گیری از تمامی امکانات پنهان و آشکار خود عناد و دشمنی خود را با اراده آزاد و مستقل مردم میهن ما به نمایش گذاشته‌اند. عناد و دشمنی ایالات متحده اما آنگاه به تحمل و رواداری در مقابل حقوق مشروع ملت‌های مظلوم و تحت ستم تبدیل خواهد شد که مقاومت قانونی ملت‌ها نیروهای قاهر فرامنطقه‌ای را نسبت به بی‌حاصل بودن و عبث بودن رفتارهای خصمانه اشان متقاعد بگرداند. در خارج از چهارچوب مناسبات قدرت سخت و نرم اما دست یازیدن به یک توازن خلاق و سازنده در شرایط کنونی تقسیم قوا امری محتمل و متصور نمی‌باشد. از این منظر کودتای ۲۸ مرداد نه‌فقط به معیاری در راستای شناخت رفتار نیروهای انیرانی در میهن ما در گذشته تبدیل شده است بلکه امروز خط انفصال بین نیروهای ترقی‌خواه و استقلال‌طلب ایرانی و سرسپردگان به انقیاد و وابستگی به بیگانگان در این میهن ایرانی می‌باشد. در این نگاه ۲۸ مرداد را باید به‌مثابه روز مبارزه با استعمار و دخالت بیگانگان در این سرزمین پاس بداریم.

 

Mohammad Mossadegh, Primer Ministro de Irán, 1951 – 1953: una biografía


The Mossadegh Project, 3-10-2013
Traducido por Luis Casado (Politika/Tlaxcala)


Ay, yo bien conozco a tu enemigo, el mismo que tenemos por acá... escribió Nicolás Guillén. Cómo olvidar esos versos... Juran los que te matan, que eres feliz... ¿Será verdad?

En otros sitios, bajo otros cielos, los imperios cometían los mismos crímenes. Como en Irán. Cuando la prensa tarifada expone hoy lo que no le gusta de ese país, olvida mencionar la génesis: un golpe de Estado, uno más, contra Mohammed Mossadegh, derrocado por la CIA y el MI6 británico el 19 de agosto de 1953, veinte años antes del 11 de septiembre. He aquí esa historia.-LC


Mohammed Mossadegh nació el 16 de junio de 1882 en Teherán. Su padre, Mirza Hedayat Ashtiani, fue ministro de Finanzas de Irán y su madre, Najm al-Saltaneh, estaba estrechamente vinculada a la dinastía reinante de los Kadjar (1789-1925). Cuando tenía 10 años, su padre murió, dejándoles a él y a su única hermana menor al cuidado de su madre.

En reconocimiento a los servicios prestados por su difunto padre a la corona, el monarca Nasir al-Din Shah le concedió el título de "Mossadegh al-Saltaneh". Años más tarde, cuando se introdujo en Irán un sistema de documentos nacionales de identidad, eligió el apellido Mossadegh, que significa "verdadero y auténtico".

La carrera de Mossadegh comenzó a la excepcionalmente temprana edad de 15 años, cuando fue nombrado, también en honor a su padre, Mostofi (jefe de finanzas) de la provincia de Jorasán. Además de interesarse por la ciencia moderna, practicó varios deportes y aprendió a tocar el tar, un instrumento de cuerda tradicional persa.

A los 19 años se casó con Zia al-Saltaneh, una princesa kadjar, a la que consideraba "la persona a la que más quería después de mi madre". La pareja tuvo tres hijas -Zia Ashraf, Mansoureh y Khadijeh- y dos hijos, Ahmad y Gholam-Hossein.

Mossadegh tenía sólo 21 años cuando el pueblo de Ispahán lo eligió miembro del Majlis (Parlamento iraní) para representarlo. Sin embargo, al no ser mayor de edad, retiró su nombre de la lista de candidatos. Durante el movimiento constitucionalista de 1905-1911, Mossadegh participó activamente en los acontecimientos que condujeron al establecimiento de una monarquía constitucional en lugar del arbitrario régimen monárquico.

Mossadegh estudió ciencias políticas en Teherán y, en 1909, continuó sus estudios en París. Durante su estancia en la capital gala empezó a experimentar debilidad y fatiga extremas, y se vio obligado a abandonar sus estudios y regresar a Irán. Durante toda su vida padeció este problema persistente, más conocido hoy como "síndrome de fatiga crónica". Más tarde regresó a Europa y estudió Derecho en la Universidad de Neuchâtel (Suiza). En junio de 1913, se convirtió en el primer iraní en obtener un doctorado en Derecho y regresó a Irán justo un día antes del estallido de la Primera Guerra Mundial.

GIDEON LEVY
Encore une “attaque terroriste” qui n’a jamais eu lieu : des soldats israéliens tuent un Palestinien et tabassent son ami

Gideon Levy et Alex Levac (photos), Haaretz, 19/8/2023

Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

 

Des soldats ont tiré des dizaines de balles sur une voiture dans laquelle se trouvaient deux étudiants dans leur village de Cisjordanie. L’un d’eux a été tué, l’autre a été blessé puis tabassé par les soldats. Il sagit d’un remake d’un autre incident, survenu le mois dernier, dont l’armée a également affirmé, à tort, qu’il s’agissait d’une tentative d’attaque à la voiture-bélier.

Un parent embrasse Mohammed Mukheimar

Un jeune étudiant est au bord de la route et pleure. Son corps entier tremble, sa voix est étouffée ; un parent tente de le prendre dans ses bras et de l’apaiser. Il est manifestement en état de choc. Comment pourrait-il en être autrement ? C’est à cet endroit, sur une route étroite qui sort du centre de son village de Cisjordanie, Sebastia, qu’il a perdu son ami le plus proche, sous ses yeux. En effet, les taches de sang du défunt sont encore visibles sur le sol.

 

C’est également à cet endroit que ce jeune homme de 19 ans a été blessé et tabassé par des soldats pendant un bon moment. C’est là que son ami a perdu le contrôle de la voiture dans laquelle ils se trouvaient, après avoir reçu des balles dans la tête et dans le torse ; le véhicule s’est écrasé contre la clôture le long de la route. Deux photographies du défunt portant une cravate rouge font partie du mémorial improvisé sur le site, avec quelques fleurs déjà fanées et un drapeau de la Palestine.

 

C’est là que Mohammed Mukheimar s’est tenu cette semaine et a raconté comment les soldats des Forces de défense israéliennes l’ont blessé puis brutalisé après avoir tué son meilleur ami, sans raison apparente. Les soldats ont prétendu que la voiture avait essayé de les écraser. Le fait que Mukheimar ait été libéré au bout de neuf jours par un tribunal militaire ne fait que démontrer que c’était une fiction : il n’y a pas eu d’attaque terroriste ni de tentative d’attaque à la voiture-bélier. Il n’y a eu que l’ivresse du pouvoir et les rodomontades de matamores de jeunes soldats qui s’ennuyaient, assoiffés d’action, et qui ont tiré une épouvantable série de balles. Sur une affiche défraîchie surplombant la scène de la mort, on voit Yasser Arafat saluer.

Il y a quelques semaines, cette rubrique rapportait une histoire étonnamment similaire (“Les soldats israéliens ont tiré et blessé des "assaillants" palestiniens présumés - mais ne les ont pas arrêtés, 29/7/2023). Deux jeunes cousins de la ville de Yabad se rendaient en voiture sur les terres de leur famille dans le village de Tura a-Sharkiya, lorsque des soldats des Forces de défense israéliennes ont tiré sur leur voiture, les blessant tous les deux grièvement. Les FDI ont prétendu qu’ils avaient tenté d’écraser les soldats, mais les auteurs présumés de cette “attaque terroriste” qui n’a jamais eu lieu n’ont même pas été placés en détention. Quelques semaines plus tard, nouveau cauchemar.


Affiches montrant une photo de Fawzi Makhalfa à l’endroit où il a été tué le mois dernier

Mohammed Mukheimar et Fawzi Makhalfa étaient des amis d’enfance qui vivaient côte à côte à Sebastia et faisaient tout ensemble. Le vendredi 21 juillet n’a pas dérogé à la règle. Ce soir-là, le père de Fawzi lui a demandé de se rendre à son usine de sacs en plastique dans le village voisin de Deir Sharaf et d’allumer les fours en prévision du travail du lendemain. C’était la routine habituelle du vendredi soir, après une journée de repos.

 

Fawzi a appelé Mohammed et lui a proposé de partir ensemble, comme toujours. Ils sont montés dans la Seat Ateka du père de Fawzi. Mohammed est étudiant en première année de comptabilité. Fawzi est également en première année et étudie la gestion d’entreprise. Tous deux fréquentent l’antenne de Naplouse de l’université ouverte d’Al-Quds.

 

Alors que la Seat s’engageait sur la route étroite, des soldats ont soudain surgi de l’obscurité devant eux. Il était 23 h 50. Mohammed estime qu’une quinzaine de soldats se sont dirigés vers eux sur la route, qui tourne légèrement à cet endroit. Les deux étudiants ont alors essuyé des tirs nourris, des dizaines de balles, sans aucun avertissement, se souvient-il. La tête de Fawzi était affaissée, mais Mohammed dit qu’il ne pensait pas que son ami était mort. Il a lui-même été touché par une balle dans le bras droit et par des éclats de projectiles dans différentes parties de son corps. Au vu de la photo de la voiture, criblée d’impacts de balles, il est difficile de croire que Mohammed a survécu.

 

Les soldats lui ont ordonné de sortir de la voiture, raconte-t-il aujourd’hui, debout sur la route, en revivant les événements. Ils ont pointé leurs fusils sur lui. Il a crié : “Ne tirez pas !” Après qu’il est sorti du véhicule, les soldats l’ont poussé et l’ont fait tomber par terre. L’un d’eux lui a mis un pied sur la gorge. Après environ trois minutes, dit-il, ils l’ont traîné jusqu’à un mur de béton au bout de la route. Un soldat lui a demandé, en arabe : “Qu’est-ce que vous foutiez, tous les deux ?” Mohammed a répondu qu’ils étaient en route pour Deir Sharaf et qu’ils ont été pris par surprise lorsque les soldats leur ont tiré dessus, sans raison et sans avertissement.

 

Mohammed dit qu’il pense avoir vu le soldat, qui s’était agenouillé près de lui, se lever et jeter un regard perplexe à ses camarades, comme pour leur dire : “Pourquoi avez-vous tiré ?” Entre-temps, une ambulance palestinienne est arrivée sur les lieux et a évacué Fawzi. Mohammed a voulu s’approcher de son ami - il ne savait pas encore que Fawzi était mort - mais les soldats lui ont barré la route, menaçant de lui tirer dessus à nouveau.

 

Mukheimar et Hani Makhalfa, à l’endroit où le fils de Hani, Fawzi, a été tué le mois dernier.


Les mains de Mohammed étaient attachées derrière son dos par des menottes en plastique. L’infirmier palestinien lui a alors annoncé que Fawzi était mort. Aujourd’hui, alors qu’il nous parle, il éclate en larmes amères et se souvient de la dernière image qu’il a de son ami : sa tête affaissée sur ses genoux. Entre-temps, les soldats lui ont dit de monter dans leur jeep. Un soldat l’a frappé avec la crosse de son fusil et Mohammed s’est effondré. Alors qu’il gît sur la route, un soldat lui donne un coup de pied dans le dos. Mohammed a réussi à se relever mais les coups de crosse n’ont pas cessé alors qu’il était conduit en direction de Shavei Shomron, une colonie située à un peu plus d’un kilomètre de là, où se trouve une base de l’armée. Du sang a coulé de son bras. Près de la barrière à l’entrée de la colonie, on lui a demandé de s’asseoir sur un rocher tout en lui bandant les yeux avec un chiffon.

 

Les soldats ont recommencé à le frapper et à lui donner des coups de pied, chacun à son tour. Un soldat l’a forcé à se lever, se souvient-il, pour ensuite l’assommer d’un coup. Finalement, il a été contraint de monter dans une jeep militaire et de s’allonger sur le sol, tandis que les coups continuaient. Ils l’ont piétiné, dit-il, un soldat appuyant sur sa gorge, un autre sur la blessure de son bras.

 

Il a été emmené à la base de la colonie, où un médecin de l’armée l’a examiné et a nettoyé sa blessure. Un autre médecin lui a fait une injection - violemment, dit-il. Environ une heure plus tard, une ambulance israélienne est arrivée et l’a emmené dans un hôpital, dont il ne sait pas lequel (probablement l’hôpital Meir, à Kfar Sava). Dans l’ambulance, il a senti qu’il perdait connaissance.

 

Après avoir passé une nuit en observation à l’hôpital, il a été libéré et emmené au poste de police de l’agglomération d’Ariel pour y être interrogé. Un officier a appelé son père pour l’informer de l’état de santé de son fils et a également permis à Mohammed de dire à son père qu’il serait amené au tribunal de Salem pour une audience de placement en détention provisoire dans deux jours. C’est à ce moment-là que nous avons arrêté le récit dans la chaleur torride du mois d’août et que nous nous sommes rendus au domicile de Fawzi.

 

Fatika, mère du défunt Fawzi Makhalfa, cette semaine. Elle pleure sans arrêt.

Les parents endeuillés : Fatika, 42 ans, qui pleure sans arrêt, et son mari, Hani, 48 ans, fabricant de sacs. Hani raconte qu’il a entendu des coups de feu cette nuit-là et qu’il a appelé avec angoisse les deux téléphones portables de son fils, mais qu’il n’a pas eu de réponse. Il est monté sur le toit de leur maison et a vu une voiture et des soldats regroupés autour d’elle. Il ne savait pas encore que son fils était impliqué. Il a appelé des voisins qui habitent au-dessus du lieu de l’incident pour leur demander ce qu’il en était de la voiture. Ils lui ont répondu qu’il s’agissait d’une Seat Atika. Hani s’est précipité à l’hôpital Rafidia de Naplouse, où on lui a annoncé la mort de son fils.

 

La grand-mère, Nisam, 75 ans, vêtue de noir, pleure à son tour. Mohammed, dont les pieds tapent nerveusement et sans cesse sur le sol, continue de raconter les événements de ce vendredi, fondant parfois en larmes. C’est un beau jeune homme délicat, avec un appareil dentaire.

 

L’officier de police a demandé à Mohammed de raconter ce qui s’était passé et a accusé le jeune homme d’avoir essayé de foncer sur les soldats. Mohammed dit qu’il a cru perdre la tête en entendant cela. “D’où est-ce que vous sortez ça ? Nous n’avons rien fait aux soldats”, déclare-t-il. Après l’interrogatoire, il a été emmené à la prison d’Ofer, près de Ramallah. Le lendemain matin, il a été transféré au centre médical de l’administration pénitentiaire à Ramle et, le jour suivant, à la prison de Megiddo.

 

Le mardi suivant, il a comparu devant le tribunal militaire de Salem, mais son audience a été reportée au dimanche suivant. En prison, il est de nouveau interrogé, cette fois par un agent des services de sécurité du Shin Bet qui se fait appeler “Tayaara” (avion) et qui menace Mohammed de le “faire décoller de là” s’il ment. L’agent l’a également accusé d’avoir planifié, avec Fawzi, un attentat contre les soldats. Il lui a montré un clip vidéo dans lequel Fawzi se filmait en train de chanter - on ne sait pas très bien pourquoi. Une fois de plus, alors qu’il raconte ces événements, Mohammed s’effondre et pleure. “Tu es un gros menteur”, a déclaré Tayaara à la fin de l’interrogatoire, au cours duquel il a également tenté de déterminer à quelle organisation les deux étudiants étaient affiliés.

L’unité du porte-parole des FDI a envoyé cette semaine la déclaration suivante à Haaretz : « Au cours d’une activité initiée par une unité des FDI dans le village de Sebastia le 21 juillet, une tentative a été faite de percuter les soldats avec une voiture. Ceux-ci ont répondu en tirant sur les deux suspects qui se trouvaient dans le véhicule. Au cours de l’incident, le conducteur a été tué et un autre suspect qui voyageait avec lui a été blessé et évacué pour recevoir une évacuation médicale [sic]. Les circonstances de l’événement sont en cours d’éclaircissement. Nous n’avons pas connaissance de plaintes concernant des violences commises par les soldats à l’encontre du suspect - si de telles plaintes sont déposées, elles seront examinées selon la procédure habituelle ».


Mukheimar et Hani Makhalfa, à l’endroit où le fils de Hani, Fawzi, a été tué le mois dernier.

 

Comme dans l’incident de Tura al-Sharkiya, il n’est pas possible d’accepter le récit de l’armée : S’il y avait eu ne serait-ce qu’un soupçon de preuve, Mohammed n’aurait pas été libéré. Salma a-Deb’i, chercheuse de terrain pour l’organisation israélienne de défense des droits humains B’Tselem, qui a enquêté sur l’affaire, a noté à juste titre que si Mohammed avait également été tué, il n’y aurait eu aucun moyen de prouver qu’une attaque terroriste n’avait pas eu lieu, qu’il s’agissait seulement d’un meurtre de plus de ce qui était apparemment une personne innocente.

 

Le dimanche 6 août, Mohammed a été ramené au tribunal de Salem, où son avocat, Salah Ayoub, l’a informé qu’il avait été décidé de le libérer. Nous lui demandons ce qu’il a ressenti à ce moment-là. “Tout ce que je voulais, c’était voir Fawzi”. Mais Fawzi avait déjà été enterré.

 

Mohammed s’est rendu directement au domicile de son ami et a visité la tombe avec les parents de Fawzi. Selon Abdulkarim Sadi, un autre chercheur de terrain de B’Tselem, qui a vu la vidéo de la visite de la tombe, Mohammed était très perturbé et dans un état très instable, dont les signes étaient encore visibles cette semaine.

 

« Parce qu’une telle amitié ne permettra jamais / À nos cœurs d’oublier / L’amour sanctifié par le sang / Reviendra fleurir entre nous », a écrit le poète hébreu Haïm Gouri dans son “Chant d’amitié”.

 

Mohammed dit que Fawzi était comme un frère pour lui, depuis l’âge de 6 ans.

 

 

GILBERTO LÓPEZ Y RIVAS
Trazos de sangre y fuego: Bionecropolítica y juvenicidio en América Latina, un libro de José Manuel Valenzuela Arce
Reseña

El libro de José Manuel Valenzuela Arce Trazos de sangre y fuego: Bionecropolítica y juvenicidio en América Latina (Calas, Universidad de Guadalajara, 2019) es de urgente e indispensable consulta para una caracterización integral de la actual etapa de acumulación capitalista, que se ha venido describiendo como militarizada y delincuencial, o como terrorismos de Estado, global y nacionales, y que nuestro colega define por los rasgos más destructores del sistema, y por situar la relación vida-muerte en “el centro de la discusión social, humanista, ecológica, artística y como parte central de las narrativas cotidianas, alertando que la dimensión depredadora del orden capitalista internacional ha acentuado los procesos de pobreza y desigualdad social, así como los escenarios de violencia y muerte que involucran a las personas, al planeta y a la vida misma”. Valenzuela convoca al análisis de “las necropolíticas considerando las dinámicas, tecnologías y actores de muerte que actúan y se despliegan desde diversos ámbitos de poder, pero también los actos y dispositivos de vida que les resisten”.

Se hace un recuento de la particular crueldad de los procesos de acumulación originaria en la conquista de América, en los que se vejaba mediante las formas más inhumanas a los pueblos indios y a los africanos esclavizados, con el propósito de documentar “la reaparición cotidiana del suplicio público en nuestro país (y en otros países de América Latina), a manos del Estado y del llamado crimen organizado, así como desapariciones forzadas y asesinatos, donde participan elementos adscritos a las instituciones”.

A partir de testimonios impactantes y estrujantes de sobrevivientes de asaltos en carreteras, con cruentos resultados; la experiencia traumática de los estudiantes de la escuela normal de Ayotzinapa que son testigos directos de las ejecuciones extrajudiciales, torturas, tratos degradantes y desapariciones forzadas de sus compañeros; el relato de un singular encuentro con niños sicarios, entre otros, Valenzuela pregunta: “¿Cómo se narra el asesinato de la gente que queremos? ¿Cómo explicar nuestra propia sobrevivencia? ¿Cómo seguir viviendo cuando la parca se entromete en nuestras vidas? ¿Cuánto dolor cabe en el cuerpo? ¿Cuánto plomo? ¿Cuánto miedo? ¿Cuántas humillaciones podemos soportar? ¿Cuántos cuerpos injustamente supliciados caben en un marco prohibicionista iatrogénico? ¿Cuánta indolencia en los asesinos? ¿Cuánto cinismo en sus pares institucionales?”

Busca repensar el mundo a través de la discusión sobre biopolítica, necropolítica y juvenicidio, conceptos que define y desarrolla, “así como la conformación de elementos económicos, socioculturales y simbólicos de distinción de algunos sectores de las clases medias y altas que enfatizan la desigualdad, como ocurre con la expresión racista y clasista de los mirreyes mexicanos y sus afines por todo el planeta.”

Los datos apabullantes y desesperanzadores que Valenzuela presenta comprueban que América Latina es la región con mayor tasa de homicidios por habitante, y la proporción más alta de homicidios de menores de 25 años; nueve de cada 10 personas que mueren por disparos de armas de fuego son jóvenes y niños; y con esta información discute los sentidos del juvenicidio, identificando el poder heurístico del concepto en los escenarios de precarización y muerte que lo posibilitan. En este contexto, la violencia institucional también se manifiesta en biopolítica, que define como estrategias de poder que buscan controlar el cuerpo de los jóvenes, “entre las que destacan la significación corporal, sexualidad, prohibición y penalización del aborto, esterilizaciones forzadas, violencia obstétrica, disposiciones eugenésicas, imposición de patrones estéticos, marcos prohibicionistas”. Asimismo, “los jóvenes, principalmente las mujeres, sufren diversas formas de violencia sexual entre las que se encuentran el lenocinio, la prostitución, la trata de personas, la pornografía, el hostigamiento y la violación”.

Así, el juvenicidio es el exterminio o la eliminación permanente y sistemática de jóvenes, “es la consumación de un proceso que se inicia con la precarización de la vida de los jóvenes, la ampliación de su vulnerabilidad económica y social, el aumento de la indefensión ciudadana, la criminalización clasista de algunas identidades juveniles y la disminución de opciones disponibles para el desarrollo de proyectos viables de vida frente a una realidad adscrita por la construcción temprana de su peligroso coqueteo con la muerte.” También, propone pensar el concepto de juvenicidio asociado al de feminicidio, que “alude al acto patriarcal misógino al límite que arrebata la vida de la mujer por el hecho de ser mujer”.

Esta es una obra de alcances estratégicos para la reflexión crítica sobre “las avasallantes necropolíticas del capitalismo neoliberal contemporáneo conformadas con trazos ominosos de sangre y fuego”.

 

 

18/08/2023

Mohammad Mossadegh, Premier ministre de l’Iran, 1951-1953 : une biographie

The Mossadegh Project, 3/10/2013

Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

 

“Je mets ma confiance dans le soutien du peuple iranien. C’est tout.”
Mossadegh

 

 

Mohammad Mossadegh est né le 16 juin 1882 à Téhéran. Son père, Mirza Hedayat Ashtiani, était ministre des Finances de l’Iran et sa mère, Najm al-Saltaneh, était étroitement liée à la dynastie régnante Kadjar (1789-1925). Quand il avait 10 ans, son père est décédé, le laissant avec sa seule sœur, plus jeune, à la charge de sa mère.

En reconnaissance des services rendus par son défunt père à la couronne, le monarque Nasir al-Din Shah lui a donné le titre de “Mossadegh al-Saltaneh”. Des années plus tard, lorsqu’un système de carte d’identité nationale a été introduit en Iran, il a choisi le nom de famille de Mossadegh, qui signifie “vrai et authentique”.

 

La carrière de Mossadegh commence à l’âge exceptionnellement jeune de 15 ans, lorsqu’il est nommé, toujours en l’honneur de son père, Mostofi (chef des finances) de la province du Khorasan. Tout en s’intéressant à la science moderne, il pratique divers sports et apprend à jouer du Tar, un instrument à cordes traditionnel persan.

 

À 19 ans, il épouse Zia al-Saltaneh, une princesse kadjar, qu’il considère comme “la personne que je chéris le plus après ma mère”. Le couple aura trois filles - Zia Ashraf, Mansoureh et Khadijeh - et deux fils, Ahmad et Gholam-Hossein.

 

Mossadegh n’avait que 21 ans lorsque les habitants d’Ispahan l’ont élu au Majlis (Parlement iranien) pour les représenter. Cependant, comme il n’avait pas l’âge légal requis, il a retiré son nom de la liste des candidats. Au cours du mouvement constitutionnaliste de 1905-1911, Mossadegh a participé activement aux événements qui ont conduit à l’établissement d’une monarchie constitutionnelle en lieu et place du régime monarchique arbitraire.

 

Mossadegh a étudié les sciences politiques à Téhéran et, en 1909, il a poursuivi ses études à Paris. Pendant son séjour à Paris, il a commencé à ressentir une faiblesse et une fatigue extrêmes et a été contraint d’abandonner ses études et de rentrer en Iran. Tout au long de sa vie, il a été accablé par ce problème persistant, mieux connu aujourd’hui sous le nom de “syndrome de fatigue chronique”. Plus tard, il retourne en Europe et étudie le droit à l’université de Neuchâtel, en Suisse. En juin 1913, il devient le premier Iranien à obtenir un doctorat en droit et rentre en Iran un jour seulement avant le début de la Première Guerre mondiale.


En 1912

 

Peu après son retour en Iran, Mossadegh fait l’objet d’une accusation malveillante de la part d’un rival politique. Cette accusation infondée l’a tellement bouleversé qu’il est tombé malade et a eu de la fièvre. Sa mère, connue pour avoir fondé l’hôpital de bienfaisance Najmieh à Téhéran, a remarqué qu’il était malheureux et lui a dit qu’elle aurait préféré qu’il étudie la médecine plutôt que le droit. Quiconque étudie le droit et se lance dans la politique doit être prêt à subir toutes sortes de calomnies et d’insultes, lui dit-elle, mais “la valeur d’une personne dans la société dépend de ce qu’elle endure pour le bien du peuple”. Dans ses mémoires, Mossadegh a écrit que ces paroles de sagesse l’avaient préparé à la vie qu’il avait choisie et qu’à partir de ce moment-là, plus il était confronté à des épreuves et à des insultes, plus il était prêt à servir le pays.

 

Mossadegh accepte un poste au sein du gouvernement en tant que secrétaire adjoint du ministère des Finances, où il tente de lutter contre la corruption et fait condamner plusieurs personnes. En 1919, il choisit de s’exiler en Suisse pour protester contre un accord entre le gouvernement et la Grande-Bretagne qu’il jugeait très inquiétant. La principale disposition de cet accord consistait à confier à des conseillers britanniques la supervision de l’armée et des systèmes financiers iraniens. Craignant le pire pour l’Iran, il a mené une campagne fébrile contre cet accord en Europe et a écrit à la Société des Nations pour demander de l’aide dans cette affaire. Mossadegh est rentré en Iran après le rejet de l’accord par le Majlis.

 

La réputation de Mossadegh en tant qu’homme politique honnête, juste et concerné l’avait précédé lors de son retour en Iran. Lors de ses déplacements dans la province du Fars, il est accueilli chaleureusement par les habitants et se voit proposer de devenir leur gouverneur, ce qu’il accepte. Après quelques mois, il démissionne de ce poste pour protester contre le coup d’État de 1920 à Téhéran, inspiré par les Britanniques, qui aboutira à l’établissement de la dynastie Pahlavi en 1925. Il occupe cependant le poste de ministre de la Justice dans le gouvernement du Premier ministre Ghavam, puis devient ministre des Affaires étrangères. En 1923, Mossadegh a été élu au 5e  Majlis et a commencé son opposition historique à l’établissement de la dynastie Pahlavi par Reza Khan, soutenu par les Britanniques et alors Premier ministre de l’Iran. Il prévoyait le retour de la dictature en Iran, “lorsqu’un seul homme sera à la fois roi, Premier ministre et magistrat !”

 

Comme Mossadegh l’avait prédit, la vie sous le règne tyrannique de Reza Shah était dure et oppressive ; en fait, le climat politique était devenu si insupportable qu’il avait de bonnes raisons de craindre pour sa vie. En 1928, il se retire volontairement de l’activisme social et politique et se retire dans son village d’Ahmad-Abad, situé à une centaine de kilomètres de Téhéran. Pendant cette période, qui a duré plus d’une décennie, il a passé son temps à lire et à cultiver la terre, menant des expériences pour améliorer la production agricole et partageant les connaissances acquises avec les autres agriculteurs du village.

 

Le 26 juillet 1940, la police de Reza Shah débarque à l’improviste au domicile de Mossadegh, fouillant et saccageant sa maison. Bien qu’aucune preuve incriminante n’ait été trouvée contre lui, il est emmené à la prison centrale de Téhéran. Mossadegh est interrogé et, sans être informé des charges qui pèsent sur lui, transféré dans la forteresse de Birjand (ville du nord-est de l’Iran). Conscient du sort réservé à de nombreux autres qui ont osé s’opposer à l’arbitraire de Reza Shah, il s’attend à être tué.

 

Le coup le plus dur porté à Mossadegh par son emprisonnement a été l’effet qu’il a eu sur sa fille de 13 ans, Khadijeh, qui avait été témoin de l’arrestation brutale de son père et de son transfert forcé à la prison de Birjand. La très sensible Khadijeh a été profondément traumatisée et a passé le reste de sa vie dans des hôpitaux psychiatriques. Mossadegh a déclaré plus tard que cette tragédie était la punition la plus cruelle qui pouvait lui être infligée.

 

Reza Shah libère Mossadegh de la prison de Birjand en novembre 1940 et le transfère à Ahmad-Abad, “pour y vivre jusqu’à sa mort”. Un an plus tard, son assignation à résidence prend fin lorsque les Britanniques forcent l’abdication de Reza Shah et que son fils de 22 ans, Mohammad Reza, monte sur le trône.

 

Ayant repris ses activités politiques, Mossadegh est élu avec un soutien écrasant pour représenter Téhéran au 14e  Majlis en 1944. Pendant son mandat au Majlis, Mossadegh s’est battu avec passion pour l’indépendance politique et économique de l’Iran vis-à-vis des étrangers, notamment en s’attaquant à l’accord pétrolier très injuste conclu avec l’Anglo-Iranian Oil Company, un objectif pour lequel il a reçu un soutien populaire écrasant.

 

L’histoire contemporaine de l’Iran est liée au pétrole, une source d’énergie très recherchée par l’Occident, depuis 1901, date à laquelle des droits exclusifs de 60 ans ont été accordés à William Knox D’Arcy, un sujet britannique, pour la prospection et l’exploitation du pétrole dans les provinces méridionales de l’Iran. En 1908, le pétrole a été découvert et l’Anglo-Persian Oil Company a été créée. Juste avant le début de la Première Guerre mondiale en 1914, le gouvernement britannique a acheté 51 % des actions de la compagnie. Les Britanniques ont ainsi créé une tête de pont et pratiquement colonisé le sud-ouest de l’Iran, s’immisçant directement et indirectement dans les affaires politiques du pays tout entier. L’APOC a triché sur les maigres 16 % versés à l’Iran et a traité les travailleurs pétroliers iraniens avec mépris et racisme dans leur propre pays. La situation a atteint son paroxysme en juillet 1946, lorsque quelque 6 000 travailleurs pétroliers iraniens se sont mis en grève à Agajari. Leur affrontement avec les troupes gouvernementales a fait plus de 200 morts et blessés.

 

Mossadegh envisageait un Iran indépendant, libre et démocratique. Il pensait qu’aucun pays ne pouvait être politiquement indépendant et libre s’il ne parvenait pas d’abord à l’indépendance économique. Selon lui, “l’aspect moral de la nationalisation du pétrole est plus important que son aspect économique”. Il a cherché à renégocier et à parvenir à une restitution équitable et juste des droits de l’Iran, mais s’est heurté à l’intransigeance de la compagnie. Pour mettre fin à 150 ans d’ingérence politique britannique, d’exploitation économique et de pillage des ressources nationales de l’Iran, Mossadegh a organisé la nationalisation de l’industrie pétrolière.

 

Mossadegh a présenté pour la première fois l’idée de la nationalisation à la Commission du pétrole mandatée par le Majlis le 8 mars 1951. Le lendemain, le Front national, une coalition de plusieurs partis, a organisé un grand rassemblement sur la place Baharestan devant le Majlis pour soutenir la nationalisation du pétrole. À la veille du Nouvel An iranien, le 20 mars 1951 [29 Esfand 1329], le projet de loi du Front national pour la nationalisation du pétrole reçoit l’approbation finale du Sénat, quelques jours seulement après avoir été approuvé à l’unanimité par les députés du Majlis. Un mois plus tard, le Dr Mohammad Mossadegh a été nommé au poste de Premier ministre, qu’il a remporté avec les voix de près de 90 % des représentants présents.


Mossadegh porté en triomphe par la foule après la nationalisation de l'Anglo-Iranian


Le différend entre l’Iran et l’Anglo-Iranian Oil Company (AIOC), qui a été démantelée, se poursuit sans qu’aucune solution ne se profile à l’horizon, ce qui accroît les tensions entre l’Iran et la Grande-Bretagne. Le gouvernement britannique impose des sanctions économiques à l’Iran et le menace d’une attaque militaire. En juin 1951, le gouvernement iranien découvre un réseau d’espionnage britannique qui révèle les activités subversives d’un grand nombre de politiciens et de journalistes iraniens, y compris des communistes qui reçoivent des pots-de-vin du gouvernement britannique et de l’AIOC.

 

Le gouvernement iranien réagit en fermant le consulat britannique. Le gouvernement britannique réagit en rappelant son ambassadeur, Francis Shepherd, à Londres. En octobre 1951, le Premier ministre Mohammad Mossadegh se rend à New York pour défendre personnellement le droit de l’Iran à nationaliser son industrie pétrolière devant le Conseil de sécurité des Nations unies. Le gouvernement britannique, en quête de soutien, avait porté sa cause devant les Nations unies pour qu’elle soit entendue. Mossadegh a fait une présentation spectaculaire et réussie, démontrant que les bénéfices pétroliers de la Grande-Bretagne pour la seule année 1950 étaient supérieurs à ce qu’elle avait versé à l’Iran au cours du demi-siècle précédent.

 

Mossadegh s’est ensuite rendu à Washington, où il a rencontré le président Harry S. Truman. Sa visite a été largement couverte par les journaux, les magazines, la télévision et les films d’actualités. À son retour en Iran, en novembre 1951, il s’est arrêté à l’aéroport Farouk du Caire, en Égypte, où il a été accueilli par des milliers d’admirateurs qui ont scandé “VIVE MOSSADEGH” et “VIVE L’IRAN”. Au cours de sa visite de quatre jours, le roi d’Égypte, le premier ministre, le cabinet et d’autres dignitaires ont honoré Mossadegh personnellement, et un dîner de gala a été organisé en son honneur par la municipalité du Caire. En janvier 1952, Mossadegh est nommé homme de l’année par le magazine Time, sa deuxième couverture par Time en l’espace de 7 mois.

 

L’HOMME DE L’ANNÉE
"Il a huilé les rouages du chaos" [sic]
TIME Magazine, 7 janvier 1952

 

En juin 1952, Mossadegh se rend à La Haye, aux Pays-Bas, et présente près de 200 documents à la Cour internationale concernant la nature hautement exploiteuse de l’AIOC et l’étendue de son intervention politique dans le système politique iranien. « Il n’y a pas de critère politique ou moral à l’aune duquel la Cour puisse mesurer son jugement dans le cas de la nationalisation de l’industrie pétrolière en Iran », a-t-il affirmé, et « nous n’accepterons en aucun cas la juridiction de la Cour sur ce sujet. Nous ne pouvons pas nous placer dans la situation dangereuse qui pourrait résulter de la décision de la Cour ». Le verdict sera annoncé plus tard et Mossadegh retournera à Téhéran après avoir gagné le respect des juges.

 

De retour en Iran, les conditions économiques et de sécurité se détériorent rapidement, aggravées par les activités de plus en plus subversives des puissances étrangères et de leurs agents. Lors d’une réunion en juillet 1952 avec le jeune monarque Mohammad Reza Shah, qui dirigeait l’armée, Mossadegh a demandé le contrôle des forces armées, ce qui lui a été refusé. En réponse, Mossadegh a immédiatement présenté sa démission en tant que Premier ministre.

 

Le lendemain, le Shah, à la demande des gouvernements britannique et usaméricain, nomme Ghavam Saltaneh au poste de Premier ministre. Ghavam Saltaneh adopte une ligne dure, ce qui ne fait qu’attiser la colère de la population qui était descendue dans la rue pour soutenir Mossadegh. Lors de la plus grande manifestation de rue, le 20 juillet 1952 (30 Tir 1331), les forces de sécurité affrontent violemment les manifestants, faisant des centaines de victimes. Le Shah, constatant l’ampleur du soutien de la population à Mossadegh, s’est alarmé et a changé de cap. Il nomme Mossadegh à la double fonction de Premier ministre et de ministre de la Défense, comme le permet la Constitution. Le même jour, la Cour internationale de La Haye se prononce en faveur de l’Iran, estimant qu’elle n’est pas compétente dans l’affaire du différend pétrolier. Le Conseil de sécurité des Nations unies rejette ensuite la plainte britannique contre l’Iran. Mossadegh est alors au sommet de son pouvoir et de sa popularité, salué comme un héros non seulement en Iran, mais aussi dans l’ensemble du Moyen-Orient.

 

En tant que dirigeant de l’Iran, Mossadegh a parrainé des lois pour un “gouvernement propre” et des systèmes judiciaires indépendants, a défendu la liberté de religion et d’affiliation politique, et a promu des élections libres. Il a mis en œuvre de nombreuses réformes sociales et s’est battu pour les droits des femmes, des travailleurs et des paysans. Un fonds a été créé pour financer des projets de développement rural et aider les agriculteurs. Conformément à sa politique d’“équilibre négatif”, une idée qui a contribué à la formation du mouvement des non-alignés, Mossadegh a également refusé d’accorder une concession pétrolière à l’Union soviétique. Plus important encore, Mossadegh a contribué à favoriser une autosuffisance nationale qui n’a jamais été égalée en Iran depuis son mandat : il a équilibré le budget, augmenté les productions non pétrolières et créé une balance commerciale. Sa politique s’est souvent heurtée à l’opposition du Shah, des généraux de l’armée, des principaux religieux, des propriétaires terriens, du parti Toudeh (communiste) et des gouvernements britannique et usaméricain. Néanmoins, Mossadegh a toujours pu compter sur le soutien du peuple.

 

Entretemps, les Britanniques ont continué à saper l’autorité de Mossadegh en incitant à la division dans le pays, en renforçant l’embargo mondial sur l’achat de pétrole iranien, en gelant les avoirs iraniens et en menaçant l’Iran d’une invasion par la constitution d’une force navale dans le golfe Persique. Toutes ces tentatives ayant échoué, la Grande-Bretagne a conclu que “Mossadegh doit partir” par tous les moyens nécessaires. En collaboration avec la CIA, ils ont fomenté un coup d’État pour renverser le gouvernement démocratiquement élu.

 

Le 15 août 1953, avec la participation du Shah et de ses collaborateurs iraniens, un plan élaboré par la CIA sous le nom de code “Opération Ajax”, dirigé par Kermit Roosevelt, a été mis en œuvre, mais il n’a pas réussi à déloger Mossadegh du pouvoir. Lors de la deuxième tentative, le 19 août 1953, [28 Mordad 1332] le gouvernement a été violemment renversé. Mossadegh échappe à la capture, mais sa maison est envahie, pillée et incendiée. Le lendemain, Mossadegh se rend aux autorités et est emprisonné. Au cours de cet épisode sanglant, plusieurs centaines de personnes ont été tuées ou blessées. Les partisans de Mossadegh ont été arrêtés, emprisonnés, torturés ou même assassinés. Le ministre des Affaires étrangères de Mossadegh, le Dr Hossein Fatemi, est entré dans la clandestinité mais a été capturé quelques mois plus tard. Il a été battu, poignardé 5 fois par Shaban Jafari, un ancien catcheur surnommé “Sans cervelle” et, après un simulacre de procès, exécuté par un peloton d’exécution. Le règne de la terreur avait commencé.



Jugé comme traître par un tribunal militaire, le 19 décembre 1953, Mossadegh déclare :

« Oui, mon péché - mon grand péché... et même mon plus grand péché - est d’avoir nationalisé l’industrie pétrolière iranienne et d’avoir mis fin au système d’exploitation politique et économique du plus grand empire du monde. ...Au prix de ma vie et de celle de ma famille, au risque de perdre ma vie, mon honneur et mes biens. ...Avec la bénédiction de Dieu et la volonté du peuple, j’ai combattu ce système sauvage et épouvantable d’espionnage international et de colonialisme.

 

« […] Je suis bien conscient que mon destin doit servir d’exemple à l’avenir dans tout le Moyen-Orient pour briser les chaînes de l’esclavage et de la servitude aux intérêts coloniaux ».

Mossadegh est déclaré coupable de trahison. Il est placé à l’isolement pendant trois ans, puis assigné à résidence jusqu’à la fin de sa vie dans son village ancestral d’Ahmad-Abad. Le 5 mars 1967, Mohammad Mossadegh meurt à l’âge de 85 ans, un an et dix mois après le décès de celle qui fut son épouse bien-aimée pendant 64 ans.