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12/09/2023

Hortensia Bussi difundió su causa por el mundo
La viuda de Allende, “mujerona que nunca dijo no puedo más”

Reyes Martínez Torrijos, La Jornada, 11/9/2023

La filósofa Fernanda Navarro recuerda los tres años que acompañó a la profesora y activista en su misión

Luego de la muerte de Salvador Allende, su esposa, Hortensia Bussi, viajó por el mundo representando al mandatario chileno, fallecido durante la asonada militar de 1973. Ella persiste en la historia de América Latina y el mundo por su fidelidad a su causa democrática y pacífica. Así lo relata la filósofa Fernanda Navarro, quien durante tres años acompañó en esa misión a quien también fuera profesora y activista.

 

El primer destino de Bussi, luego de aquel fatídico 11 de septiembre, fue Estados Unidos, la nación que estuvo vinculada a los golpistas chilenos. Navarro dijo a La Jornada que ese viaje aparentemente fue una contradicción, pues se trataba del país enemigo. Ahí la traduje al inglés y vimos a la maravillosa mujer que es Angela Davis.

Fernanda Navarro (Ciudad de México, 1941) asegura que Allende, ese hombre tan cabal, sigue vivo porque a estas personas no logran matarlas. Estarán vivas no en la metafísica, sino en la historia que registra la verdad de todos los países en el mundo.

La escritora describió a Hortensia Bussi (Valparaíso, Chile, 1914-2009) como “una mujerona. Nunca se puso a llorar en un rincón ni a decir ‘no puedo más’. Roto el corazón por su amor, Salvador Allende, fue por el mundo representándolo a él y a su causa”.

En esa lid, continuó Navarro, ella mostró una gran “dignidad que se veía en su andar. Nunca fue con la cabeza baja ni dijo ‘pobre de mí’, en cambio, asumió el ‘yo represento a mi Chile’, con autenticidad. Nunca pretendió ser lo que no era, pero valía oro por ser tal como era.


Berlín, RDA, 19 de octubre de 1975: Hortensia Bussi (izq.) y Angela Davis son recibidas por Ilse Thiele, presidenta de la Liga Democrática de Mujeres de Alemania, en el Congreso Mundial de la Federación Democrática Internacional de Mujeres con motivo del Año Internacional de la Mujer.

Hortensia siempre estuvo a la altura de sí misma. La admiré siempre y a veces tuvimos que dormir en el mismo cuarto cuando viajábamos. Ella no hablaba otros idiomas, pero sí desde su corazón y yo podía traducirle todo. Me enriqueció tanto su cercanía, que no hay alfabeto para describirlo.

Fernanda Navarro, doctora en filosofía por la Universidad Nacional Autónoma de México, aprendió inglés, francés, ruso y alemán. Colaboró con el filósofo británico Bertrand Russell y fue cercana al poeta español León Felipe, al teórico francés Louis Althusser y al escritor José Revueltas. Fue pareja del también pensador y activista Luis Villoro.

Es reconocida por su trayectoria académica y su compromiso con los movimientos sociales, como el zapatismo. Ha contribuido al desarrollo de la filosofía y del pensamiento crítico, por ejemplo, en su obra Filosofía y marxismo: entrevista a Louis Althusser, además de que dio clases de filosofía maya en la UNAM.

La intelectual recordó que cuando se enteró del arribo al poder del gobierno de la Unidad Popular viajó a finales de 1970 a Chile para conocer de primera mano ese proceso, al que describió como una posibilidad de humanismo, un paso adelante por la vía pacífica. Cinco partidos, hasta la izquierda cristiana. Nunca había visto eso, y colaboró con la Editorial Nacional Quimantú.

Navarro salió del país tras el golpe de Estado, en el avión mexicano que también trajo a México a la viuda de Allende. La filósofa recordó que “por aras del destino y gracias a que estudié muchas lenguas fui su traductora, me adoptó. Me dijo ‘ayúdame’, porque llegando a México había periodistas de todo el mundo. De ahí me llevó consigo tres años a Europa y más allá”.

Navarro se encontró con Hortensia Bussi poco antes de que ésta regresara a Chile, siempre fiel a lo que su patria le significaba.

 

11/09/2023

Quand un fasciste juif s'installe dans votre quartier

 Esther Solomon, Haaretz, 10/9/2023
Rédactrice en chef, Haaretz English
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Pour les libéraux israéliens en difficulté mais nouvellement combatifs, la lutte contre l'autoritarisme et l’ethnonationalisme se déroule désormais non seulement à la Knesset et à la Cour suprême, mais aussi dans les bus, sur les places des ville et dans les rues résidentielles tranquilles.

Le ministre de la sécurité nationale, Itamar Ben-Gvir, et le ministre du développement de la Périphérie, du Néguev et de la Galilée [sic], Yitzhak Wasserlauf (à gauche). Photo : Ohad Zwigenberg

C’était un tableau parfait d’Israël à l’époque du coup d’État judiciaire de Netanyahou.

Dans un quartier majoritairement laïc et libéral, des manifestants pro-démocratie, brandissant des drapeaux israéliens et arc-en-ciel, des klaxons et des pancartes, se sont assis sur la route devant l’immeuble d’habitation du nord de Tel-Aviv dans lequel un ministre d’extrême droite particulièrement virulent du gouvernement Netanyahou venait d’emménager. Il se trouve que cet immeuble se trouve au coin de la rue où j’habite.

Les voisins d’Yitzhak Wasserlauf avaient orné leurs balcons d’immenses banderoles reprenant les principaux refrains du mouvement de protestation, l’une déclarant leurs habitants “fidèles à la Déclaration d’indépendance” et l’autre “peuple libre sur notre terre” (une citation de l’hymne national, “Hatikva”). Des autocollants apposés sur les réverbère le long de la rue proclamaient : “Coercition religieuse, racisme, homophobie : pas dans notre quartier”. “Les Israéliens laïques ne sont pas des esclaves”. Et, s’adressant à Netanyahou : “Nous ne servirons pas un dictateur”.

À quelques mètres de là, des policiers bousculaient avec force une autre foule de manifestants, tandis que leur commandant - connu pour avoir lancé des grenades assourdissantes sur les manifestants au début des rassemblements contre le coup d’État - leur criait de “tenir la ligne”.

La “ligne” n’avait aucun sens : il y avait des manifestants devant, derrière et sur les côtés. La démonstration de force était une démonstration de police performative. Un effort bruyant, inutilement antagoniste mais aussi pitoyable pour apaiser le patron ultime du commandant, le ministre de la sécurité nationale Itamar Ben-Gvir. Ben-Gvir dirige Otzma Yehudit, le parti extrémiste et kahaniste auquel appartient Wasserlauf.

Wasserlauf, ministre de la Périphérie d’Israël qui ne montre même pas un intérêt périphérique pour la vie en dehors de la grande ville, était déjà connu pour son sectarisme et son ethnonationalisme avant de pousser plus loin l’idée d’un activisme aggravé, en s’installant dans une région ouvertement et historiquement hostile à ses vues.

Son bilan est explicite. Il a déclaré que les juifs réformés “se moquaient de la religion”, tout en se moquant d’eux parce qu’ils “célébraient des bar-mitsvahs pour les chiens”- une insulte éculée. Il s’oppose aux défilés de la Fierté, il veut expulser les demandeurs d’asile et incite à la xénophobie, il tente de refuser des budgets aux citoyens arabes et il refuse de s’engager à respecter l’État de droit si la Cour suprême annule la première tranche de la réforme judiciaire du gouvernement.

Il s’est installé dans le sud de Tel-Aviv il y a des années en tant que membre d’un garin torani [Noyau de la Torah] - un groupe de nationalistes religieux juifs financé par l’État, peut-être mieux compris comme une cellule d’endoctrinement théocratique, souvent implanté dans des zones à populations laïques ou dans des villes mixtes arabes et juives, en tant que stratégie démographique et d’intimidation.

Soudain, alors que la tension monte en Israël, Wasserlauf décide de déménager au nord de Tel-Aviv pour vivre avec les mêmes libéraux qu’il méprise si bruyamment.

L’un de ses voisins a installé des panneaux sur les barrières du parking de Wasserlauf avec une variante des Dix Commandements, dont l’une se lit comme une référence aux colons violents qui constituent la base d’Otzma Yehudit : « Tu ne commettras pas de meurtre : pas à Huwara [scène d’un pogrom de colons], pas à Douma [où un extrémiste juif a incendié une famille palestinienne], nulle part ».



Arrestation de l’architecte Yoav Anderman : traité comme un vulgaire palestinien ou réfugié érythréen : il a eu de la chance, il a pu continuer à respirer


"Le détenteur de la pancarte a été capturé"

Il est scandaleux que le voisin ait été arrêté pour un délit mineur de vandalisme - un délit qui donne généralement lieu à une amende, et non à des policiers qui frappent à votre porte en plein shabbat. Lors de sa libération, le voisin a fait un commentaire : « Voilà à quoi ressemble la désintégration de la démocratie ».

De l’extérieur, on peut parfois avoir l’impression que le débat sur la réforme judiciaire de Netanyahou penche vers la théorie : parité entre les branches du gouvernement, signification du contrôle judiciaire, nature de la démocratie. Mais l’acte de provocation spectaculaire de Wasserlauf permet de ramener ce débat sur terre. Il y a deux Israël, divisés par leur adhésion (au moins en principe) soit à la démocratie libérale, soit à l’ethnonationalisme juif.

Le centre ne tient pas, et même si les semaines à venir ne débouchent pas sur une crise constitutionnelle et des troubles civils, le gouffre ne sera pas comblé. Il continuera de s’envenimer, car les deux parties considèrent qu’il s’agit d’une lutte existentielle.

Pour les libéraux israéliens en difficulté mais nouvellement combatifs, il s’agit d’une lutte contre l’autoritarisme, d’une lutte pour l’âme du pays, qui se déroule désormais non seulement à la Knesset et à la Cour, mais aussi dans les bus, sur les places de la ville et dans les rues résidentielles tranquilles.

10/09/2023

LUIS CASADO
Allende and I
Childhood memories

Luis Casado, 10/9/2023
Translated by
Fausto Giudice,  Tlaxcala

I never knew how my father managed to give us so much with his modest salary as a bakery worker.

In this so much the readings and the trips occupied a place of privilege. My old man collected for decades the sports magazines Estadio (Santiago), El Gráfico (Buenos Aires) and others, and every week he bought us kilos of comics, short stories and various books. My mother read novels and El Fausto, a weekly magazine for ladies that brought serial romantic stories. That’s where my love for books comes from, from the encouragement of a father who didn’t finish the third year of elementary school but loved reading. 

 

The trips always had the same destination: the archipelago of Chiloé, more precisely Achao, on the island of Quinchao. Getting there in those days -the fifties- was an unforgettable adventure.

From San Fernando to Puerto Montt you traveled in an old train pulled by a sloppy locomotive, operated by the tiznados [sooties], workers of the State Railroad Company, so called because their faces bore the indelible mark of coal.

The train moved with a delightful and gentle slowness. It took no less than 14 hours to cover the 700 km, not counting the numerous stops in the provincial capitals. If you opened a window you were liable to get a particle of coal in the eye. From time to time a man in a white jacket, very formal, would pass by and offer you something to drink and eat: the service was impeccable but too expensive for our meager purse.

In Puerto Montt you spent the half night in a lodge, until early the next morning when the steamer sailed to the island of Quinchao.

 

In Achao there was (and still isn’t) neither harbour nor wharf: you would have to disembark in the middle of the ocean going down a narrow stairway, located on the sides of the steamer, to the rowing boats that came to pick you up and to which you jumped risking diving into the icy waters of the South Pacific along with your suitcases, bags and various bundles.

When you reached the beach of Achao you took off your shoes, rolled up your pants, and jumped into the water. That’s how you arrived, walking, to your destination. There was Luis Soto Romero, my grandfather, mayor of the town, who practiced his trade. My father, teasingly, had nicknamed him the Cacique.

My grandfather had been a practitioner in the army. In Achao, as a civilian, he was a nurse, midwife, minor surgeon, public authority, spokesman, justice of the peace... in short, a cacique.

My grandfather was a socialist, one of those of that time, not to be confused with those of today: my grandfather never had any sinecure, nor did he ever create any foundation. He rather gave than received. Would it surprise you to know that he was a friend and comrade of a certain Salvador Allende?

That’s right. Salvador Allende.

 

LUIS CASADO
Allende e io
Ricordi d’infanzia

Luis Casado, 10/9/2023
Tradotto da
Fausto Giudice, Tlaxcala

Non ho mai saputo come mio padre riuscisse a darci così tanto con il suo modesto stipendio di operaio panettiere.

La lettura e i viaggi erano al primo posto di quel tanto. Per decenni mio padre ha collezionato le riviste sportive Estadio (Santiago), El Gráfico (Buenos Aires) e altre, e ogni settimana ci comprava chili di fumetti, racconti e libri vari. Mia madre leggeva romanzi e El Fausto, un settimanale per signore che riportava racconti romantici a puntate. Ecco da dove viene il mio amore per i libri, dall’incoraggiamento di un padre che non aveva finito il terzo anno di scuola elementare, ma che amava leggere. 

 

I viaggi avevano sempre la stessa meta: l’arcipelago di Chiloé, più precisamente Achao, sull’isola di Quinchao. Arrivarci a quei tempi - gli anni Cinquanta - era un’avventura indimenticabile.

Da San Fernando a Puerto Montt si viaggiava su un vecchio treno trainato da una locomotiva trasandata, manovrata dai tiznados [i fuligginosi], i lavoratori dell’Impresa di Ferrovie dello Stato, così chiamati perché i loro volti portavano il segno indelebile del carbone.

Il treno si muoveva con una piacevole e dolce lentezza. Ci volevano non meno di 14 ore per coprire i 700 km, senza contare le numerose fermate nei capoluoghi di provincia. Se si apriva un finestrino si rischiava di ricevere una scoria di carbone negli occhi. Di tanto in tanto, un uomo in giacca bianca e molto formale passava e ti offriva qualcosa da bere e da mangiare: il servizio era impeccabile, ma troppo caro per le nostre magre borse.

A Puerto Montt si passava la mezza notte in una locanda, fino alle prime ore del mattino successivo, quando il vaporetto salpava per l’isola di Quinchao.

Ad Achao non c’era (e ancora non c’è) né porto né molo di attracco: si sbarcava in mezzo all’oceano scendendo una stretta scala, situata sui fianchi del piroscafo, fino alle barche a remi che venivano a prenderti e sulle quali si saltava, rischiando di precipitare nelle gelide acque del Pacifico meridionale insieme a valigie, borse e fascine varie.

Quando si arrivava alla spiaggia di Achao ci si toglieva le scarpe, si arrotolavano i pantaloni e ci si tuffava in acqua. Così si arrivava, camminando, a destinazione. C’era Luis Soto Romero, mio nonno, sindaco del paese, che esercitava la sua pratica. Mio padre, scherzando, lo aveva soprannominato il Cacique.

Mio nonno era stato praticante nell’esercito. Ad Achao, da civile, era infermiere, ostetrico, chirurgo in chirurgia minore, autorità pubblica, portavoce, giudice di pace... insomma, un cacique.

Mio nonno era un socialista, uno di quelli di allora, da non confondere con quelli di oggi: mio nonno non ha mai avuto alcun canonicato, né ha mai creato alcuna fondazione. Vi sorprenderebbe sapere che era amico e compagno di un certo Salvador Allende?

Proprio così. Salvador Allende.

 

LUIS CASADO
Allende et moi
Souvenirs d’enfance

Luis Casado, 10/9/2023
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Je n’ai jamais su comment mon père parvenait à nous donner autant avec son modeste salaire d’ouvrier boulanger.

La lecture et les voyages occupaient une place de choix dans cet autant. Pendant des décennies, mon père a collectionné les revues sportives Estadio (Santiago), El Gráfico (Buenos Aires) et autres, et chaque semaine, il nous achetait des kilos de bandes dessinées, de nouvelles et de livres divers. Ma mère lisait des romans et El Fausto, un hebdomadaire pour dames qui proposait des histoires romantiques en feuilletons. C’est de là que vient mon amour pour les livres, de l’encouragement d’un père qui n’a pas terminé la troisième année d’école primaire, mais qui aimait lire. 

 

Les voyages avaient toujours la même destination : l’archipel de Chiloé, plus précisément Achao, sur l’île de Quinchao. S’y rendre à l’époque - les années cinquante - était une aventure inoubliable.

De San Fernando à Puerto Montt, on voyageait dans un vieux train tiré par une locomotive déglinguée, manœuvrée par les tiznados [gueules noires], les travailleurs de l’Entreprise de Chemins de fer de l’État, ainsi appelés parce que leurs visages portaient la marque indélébile du charbon.

Le train avançait avec une lenteur délectable et charmante. Il ne fallait pas moins de 14 heures pour parcourir les 700 km, sans compter les nombreux arrêts dans les capitales provinciales. En ouvrant une fenêtre, on risquait de recevoir une escarbille de charbon dans l’œil. De temps en temps, un monsieur en veste blanche passait et vous offrait à boire et à manger : le service était impeccable, mais trop cher pour notre maigre bourse.

À Puerto Montt, on passait la moitié de la nuit dans une auberge, jusqu’à ce que, tôt le lendemain matin, le bateau à vapeur appareille pour l’île de Quinchao.


À Achao, il n’y avait (il n’y a toujours pas) ni port ni jetée daccostage : au milieu de l’océan, on débarquait en descendant une échelle étroite, située sur les côtés du vapeur, jusqu’aux chaloupes qui venaient vous chercher et dans lesquelles on sautait, au risque de plonger dans les eaux glacées du Pacifique Sud avec ses valises, ses sacs et ses divers fagots.

Arrivés sur la plage d’Achao, vous enleviez vos chaussures, retroussiez vos pantalons et sautiez à l’eau. C’est ainsi que l’on arrivait, à pieds, à destination. Et là il y avait Luis Soto Romero, mon grand-père, maire de la ville, qui exerçait son métier. Mon père, en plaisantant, l’avait surnommé le Cacique.

Mon grand-père avait été praticien dans l’armée. À Achao, dans le civil, il était infirmier, sage-femme, chirurgien en petite chirurgie, autorité publique, porte-parole, juge de paix... bref, cacique.

Mon grand-père était un socialiste, un de ceux de l’époque, à ne pas confondre avec ceux d’aujourd’hui : mon grand-père n’a jamais eu de sinécure, ni créé de fondation, il donnait plus qu’il ne recevait. Cela vous surprendrait-il de savoir qu’il était l’ami et le compagnon d’un certain Salvador Allende ?

C’est bien ça. Salvador Allende.

 

LUIS CASADO
Allende y yo
Recuerdos de infancia

Luis Casado, 10/9/2023

Nunca supe cómo se las arreglaba mi padre para darnos tanto con su modesto salario de trabajador de la panificación.

En el tanto ocuparon un lugar de privilegio las lecturas y los viajes. Mi viejo coleccionó durante décadas las revistas deportivas Estadio (Santiago), El Gráfico (Buenos Aires) y aún otras, y cada semana nos compraba kilos de historietas, cuentos y libros varios. Mi madre leía novelas y El Fausto, un semanario para señoras que traía románticas historias por capítulos. De ahí viene mi amor por los libros, del estímulo de un padre que no terminó el tercer año de la escuela primaria, pero amaba la lectura. 

Los viajes siempre tuvieron el mismo destino: el archipiélago de Chiloé, más precisamente Achao, en la isla de Quinchao. Llegar allí en esa época, -los años cincuenta-, era una  aventura inolvidable.

De San Fernando a Puerto Montt viajabas en un viejo tren tirado por una locomotora perdularia, operada por los tiznados, trabajadores de la Empresa de Ferrocarriles del Estado, así llamados porque sus rostros llevaban la marca indeleble del carbón.

El tren circulaba con una deleitosa y amable lentitud. Cubrir los 700 km le llevaba no menos de 14 horas, sin contar las numerosas paradas en las capitales provinciales. Si abrías una ventanilla eras candidato a recibir una partícula de carbón en un ojo. De vez en cuando pasaba un señor, de chaqueta blanca y muy formal, que te proponía algo de beber y de comer: el servicio era impecable pero demasiado caro para nuestro exiguo bolsillo.

En Puerto Montt medio pernoctabas en alguna posada, hasta la temprana hora del día siguiente en que zarpaba el vapor que te llevaba frente a la isla de Quinchao.

 

En Achao no había (aún no hay) ni puerto ni molo de abrigo: en medio del océano desembarcabas bajando por una estrecha escalerilla, situada en los flancos del vapor, hasta las lanchas a remo que venían a recogerte y a las cuales saltabas arriesgando zambullirte en las heladas aguas del Pacífico Sur junto a tus maletas, bolsos y mariconadas varias.

Al llegar a la playa de Achao te quitabas los zapatos, arremangabas tus pantalones, y saltabas al agua. Así llegabas, caminando, a tu destino. Allí estaba Luis Soto Romero, mi abuelo, alcalde del pueblo, practicante de su oficio. Mi padre, cachondeándose, lo había apodado el Cacique.

Mi abuelo había sido practicante en el ejército. En Achao, ya civil, hacía de todo, enfermero, partero, cirujano de cirugía menor, autoridad pública, portavoz, juez de paz... en fin, de cacique.

Mi abuelo era socialista, de los de aquella época, no confundas ese género con los de ahora: mi abuelo nunca tuvo ninguna canonjía, ni creó jamás Fundación alguna. Él más bien daba que recibía. ¿Te sorprendería saber que era amigo y compañero de un tal Salvador Allende?

Justamente. Salvador Allende.

GIDEON LEVY
Tout d’un coup, les soldats et les officiers israéliens sont des criminels de guerre

Gideon Levy, Haaretz, 10/9/2023
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

L’anxiété, vraie ou fausse, s’est emparée des chefs de l’armée et de la justice : la révolution judiciaire met les soldats des Forces de défense israéliennes et leurs commandants face à un risque concret de poursuites à l’étranger. Il est difficile de savoir si la vague de briefings qui a submergé les médias au cours du week-end n’était qu’une menace dans le cadre de la lutte contre le coup d’État gouvernemental ou si l’appréhension est réelle. Quoi qu’il en soit, les commandants de Tsahal, qui craignent pour leur avenir, se mettent soudain à dire les choses telles qu’elles sont, comme jamais auparavant, et à présenter une vérité qu’ils n’avaient jamais admise auparavant.


Cour Pénale Internationale, La Haye : "Prenez place"
Carlos Latuff

Selon ces personnes craintives, jusqu’à présent, les membres des forces de défense israéliennes bénéficiaient d’une protection efficace sous la forme de tribunaux israéliens de renommée mondiale. Maintenant que cette protection commence à se fissurer, les soldats sont susceptibles d’être poursuivis à La Haye et devant d’autres tribunaux à l’étranger. Pour la première fois, la défense et la justice israéliennes admettent qu’il y a des raisons de soupçonner que Tsahal commet des crimes de guerre et que seule la renommée des tribunaux israéliens l’a protégée jusqu’à présent.

Mais le prestige des tribunaux sur ces questions est une fabrication totale, dont les diffuseurs savaient pertinemment qu’elle était fausse. Il n’existe pas en Israël de système d’enquête sur les crimes de l’occupation. Les tribunaux militaires sont manifestement une plaisanterie pathétique, et le prestige dont jouit la Haute Cour de justice n’est justifié que tant qu’elle n’est pas confrontée à l’establishment de la défense.

Des décennies d’occupation, sans un seul jour où des crimes de guerre n’ont pas été commis, n’ont pas donné lieu à une seule enquête digne de ce nom, qui n’ait pas été blanchie et muselée, à un seul acte d’accusation qui soit à la hauteur des faits, et certainement pas à une seule peine qui corresponde au crime. Un État dans lequel le procès d’Elor Azaria - qui a abattu un assaillant palestinien blessé et hors d’état de nuire - se termine par une peine de 18 mois de prison pour homicide involontaire, réduite à 14 mois pour des “raisons de compassion et de considération”, puis réduite d’un tiers, et où l’affaire est considérée comme un traumatisme national - est un État qui n’enquête pas, ne poursuit pas et ne punit certainement pas les personnes qui commettent des crimes de guerre.

Le procès Azaria aurait dû être une lumière pour les nations et la Cour internationale de justice : c’est l’exception qui confirme la règle. Et la règle, c’est qu’Israël n’enquête pas et ne punit pas les soldats ou les commandants pour crimes de guerre. Les dossiers prennent la poussière dans le bureau de l’avocat général de l’armée, se couvrant des mensonges et des tromperies des soldats et de leurs commandants, jusqu’à ce qu’ils soient mis de côté.

Ainsi, quelqu’un d’autre doit faire le travail pour l’État. Il était commode pour La Haye et le monde de s’accrocher à la douce illusion qu’Israël est sérieux dans ses enquêtes sur les membres du service. Le coup d’État judiciaire est arrivé, et soudain, nous n’avons plus d’avocat général militaire qui enquête, ni de Haute Cour de justice qui lutte contre les crimes de guerre.

Il n’y a pas de mal sans bien. Tout comme la tentative de coup d’État a tiré un grand nombre d’Israéliens de leur torpeur et les a fait descendre dans la rue, elle permettra peut-être au monde de se réveiller de son coma.

Après plus de 35 ans de reportages sur l’occupation, après avoir entendu des milliers d’histoires époustouflantes qui se terminent toujours de la même manière : des tireurs d’élite de l’armée qui tirent sur des enfants et d’autres civils innocents, des tirs réels lors de manifestations, des frappes aériennes sur des civils sans défense, des malades au seuil de la mort qui se voient refuser l’entrée en Israël pour y recevoir des soins médicaux, des punitions collectives, des détentions sans procès, des perquisitions brutales au domicile de personnes innocentes, devant leurs enfants, des humiliations, des coups, des abus, l’utilisation de chiens d’attaque, des fouilles à nu et une myriade d’autres délits, qui se terminent tous de la même manière.

« Nous n’avons pas connaissance de plaintes concernant des violences commises par des soldats. Toute allégation de ce type sera examinée » ; « Nous ne sommes pas au courant de l’allégation selon laquelle des soldats auraient utilisé des enfants en bas âge comme boucliers humains » ; « Nous sommes au courant de l’allégation concernant la mort d’un mineur. Les circonstances font l’objet d’une enquête ».

Juges du monde : ces “enquêtes” sont éternelles et n’ont d’autre but que de tromper le monde et de maintenir l’immunité sacrée et absolue des soldats de Tsahal. Peut-être que l’abrogation du critère de raisonnabilité* vous incitera enfin à agir, auquel cas le coup d’État judiciaire aura un résultat non destructeur : la fin de l’ère du mensonge selon lequel Israël et ses militaires enquêtent sur eux-mêmes. Ils n’ont jamais eu l’intention de le faire.

NdT

*La Knesset a adopté en juillet dernier une mesure qui empêche la Cour suprême d’annuler les décisions du gouvernement au motif qu’elles sont « déraisonnables ». Ses partisans disent que la norme actuelle de « raisonnabilité » donne aux juges non élus des pouvoirs excessifs sur la prise de décision par les élus.