26/12/2021

Mourir de froid dans la rue, en Israël

À l’occasion de la tempête « Carmel » qui s’est abattue sur Israël, plusieurs sans-abri sont morts de froid. La « start-up nation » et « unique démocratie du Moyen-Orient » découvre ainsi une réalité honteuse devant laquelle elle se voile la face. Ci-dessous, une série d’articles du quotidien Haaretz, traduits par mes soins. On peut trouver les originaux en cliquant sur les hyperliens Haaretz.- Fausto Giudice, Tlaxcala 

Sommaire

Mourir de froid

Éditorial de Haaretz

Trois personnes vivant dans les rues de Tel Aviv sont mortes dans la tempête. Israël s'en soucie-t-il ?

Vered Lee

Moshe est-il mort ou vivant ?

Gideon Levy
« Je veux vivre » : le combat des sans-abri de Tel Aviv

Bar Peleg

24 heures avec les personnes les plus désespérées de Tel Aviv

Bar Peleg

Pourquoi les gens deviennent sans-abri en Israël et ce que c'est vraiment de vivre dans la rue

Ayelett Shani

Mourir de froid

Éditorial de Haaretz, 26/12/2021

La semaine dernière, dans le quartier de Neve Sha'anan, au sud de Tel Aviv, dans la ville que The Economist appelle la ville la plus chère du monde, un sans-abri de 57 ans est mort sur un banc dans la rue. Ses vêtements étaient trempés par les fortes pluies qui sont tombées au début de la tempête hivernale Carmel, et à l'hôpital, il a été déclaré mort d'hypothermie.

Deux sans-abri le mois dernier. Photo : Eyal Toueg

 Le défunt était un père de trois enfants qui avait immigré de l'ex-Union soviétique et n'avait pas été en contact avec sa famille depuis 20 ans. Ce n'est qu'après la découverte de son corps que le ministère des Affaires sociales et des Services sociaux a chargé les maires de grandes villes telles que Tel Aviv et Jérusalem d'ouvrir leurs abris d'urgence aux sans-abri. Ce n'est qu'alors que Tel Aviv leur a offert un abri d'urgence dans un misérable abri anti-bombes, avec des matelas disposés directement sur le sol.

Mercredi, deux autres sans-abri sont morts à quelques heures l'un de l'autre à Bat Yam, qui ne dispose pas d'abris de nuit pour les sans-abri. Un homme de 60 ans a été retrouvé mort vers midi. Il avait cherché refuge contre la tempête dans une armoire de dévidoir de tuyau d'incendie dans le parking d'un centre commercial. Dans la soirée, le corps d'un homme de 50 ans a été retrouvé dans l'abri anti-bombes d'un immeuble, où il espérait manifestement échapper à la tempête. Il ne portait que des pyjamas d'hôpital minces.

La mort de ces hommes sans abri n'a reçu que peu d'attention des médias. Pire encore, ils n'ont pas réussi à attirer l'attention des maires des villes dans lesquelles cela s’est produit. Aucun membre de la Knesset, aucun ministre n'a dit un mot à leur sujet. Ce n'est pas surprenant. Les sans-abri sont des personnes sans voix, qui souffrent de stigmates cruels. Ils vivent et meurent dans la rue ; invisibles, souvent sans nom, et sans même un dossier d’assistance sociale de la ville. Cette situation est le résultat d'années de négligence et nécessite une refonte complète.

Le “gouvernement du changement" israélien doit nommer immédiatement un comité interministériel comprenant les maires des grandes villes ayant des résidents sans-abri, ainsi que les ministres des services sociaux, de la construction et du logement, de la santé et de la sécurité publique, et des représentants de l'Administration pénitentiaire israélienne. Ce groupe d'experts doit commencer à faire avancer une politique globale pour résoudre le problème: élargir la fourniture de services sociaux; améliorer et étendre les logements temporaires dans les villes d'Israël, y compris les abris de nuit, les centres d'accueil et les logements de transition; augmenter les subventions au loyer en fonction des prix du marché et mettre en place des programmes de “logement d'abord” pour fournir un logement et une assistance à long terme, pas seulement un hébergement temporaire pour la nuit.

Les sans-abri ne choisissent pas de vivre dans la rue, sans le sou, dormant sur des bancs, par terre ou dans un immeuble délabré. Ils ne choisissent certainement pas de mourir de froid. En tant que société, nous ne pouvons pas laisser les autorités blablater sur l'absence de solutions et l'aide dérisoire, tout en ignorant de tels décès. Les sans-abri sont des victimes de la société qui ont été condamnées à une vie ignominieuse de misère dans la rue. Ce sont des êtres humains qui ont besoin d'aide.

Trois personnes vivant dans les rues de Tel Aviv sont mortes dans la tempête. Israël s'en soucie-t-il ?

Vered Lee, Haaretz, 25/12/2021

Un sans-abri de 57 ans de l'ex-Union soviétique a été retrouvé sur un banc dans le sud de Tel Aviv le 18 décembre, dans un état critique. Père divorcé de trois enfants, il n'avait pas été en contact avec sa famille depuis environ 20 ans.


Un sans-abri dans le sud de Tel Aviv. Photo : Tomer Applebaum

Un communiqué publié par le service d'urgence Magen David Adom citait les ambulanciers paramédicaux Noam Weisbuch et Yamit Aharon-Fink, qui avaient tenté de le réanimer. « L'homme gisait inconscient sur un banc de rue, il était très froid au toucher et ses vêtements étaient imbibés d'eau des fortes pluies des dernières 24 heures ». Il a été emmené à l'hôpital Ichilov de Tel Aviv, où il a été déclaré mort d'hypothermie.

Ce n'est qu'après sa mort, qui a bénéficié d'une couverture médiatique insuffisante, que la municipalité de Tel Aviv a pris la peine de mettre en place un abri d'urgence minable pour les sans-abri, vu l'aggravation de la tempête et sur instruction du ministère des Services sociaux. Dans l'abri, qui ressemble à une ruine, des matelas étaient éparpillés sur le sol sans zones séparées pour les hommes et les femmes.

Mercredi, le nombre de morts est passé à trois après la découverte des corps de deux hommes sans abri à Bat Yam, où la ville ne fournit pas d'abri à ceux qui n'ont pas de maison. À midi, les ambulanciers ont trouvé le corps d'un homme d'environ 60 ans, sans pièce d'identité, dans le parking d'un centre commercial, où lui et plusieurs autres sans-abri s’abritaient de la tempête. Son corps a été retrouvé dans une boîte de dévidoir de tuyau d'incendie, où il pensait probablement pouvoir se réchauffer. Dans la soirée, le corps d'un deuxième homme – environ 50 ans, connu des ambulanciers comme un habitant de la rue de longue date, et portant seulement une blouse d'hôpital légère – a été retrouvé dans l'abri anti-bombes d'un immeuble, où il avait tenté de trouver un abri.

Les sans-abri sont soumis à une déshumanisation brutale. La société s'en éloigne et les exclut de la sphère publique, les voyant comme des perturbateurs de l'ordre social. Les sans-abri sont les réfugiés de la société humaine, les exilés vivant parmi nous comme de parfaits étrangers. Les médias ne font pas assez pour faire entendre leur voix de manière indépendante, sans la médiation des autorités, qui agissent pour blanchir leur négligence. Il n'y a pas de discussion publique sur leur état, sur la responsabilité des autorités de prendre soin d'eux, sur la cruauté dans l'architecture hostile que la municipalité de Tel Aviv promeut impunément, et sur les solutions pour les aider.


Merav, une femme sans abri dans le sud de Tel Aviv, en septembre. Photo : Tomer Appelbaum

La mort tragique de trois personnes cette semaine fait partie d'une statistique amère qui est invisible aux yeux du public. En janvier, le corps d'un sans-abri de 69 ans décédé d'hypothermie lors d'une vague de froid a été retrouvé à Petah Tikva. Par une froide nuit de janvier 2019, un sans-abri de 50 ans a été retrouvé mort d'hypothermie dans une cage d'escalier d'un immeuble résidentiel à Netanya. En janvier 2016, le corps d'un homme d'environ 40 ans, également victime d'hypothermie, a été retrouvé à Bat Yam. En février 2008, le corps d'une femme sans abri morte de froid a été retrouvé avant l'aube sur le boulevard Ben Gourion de Tel Aviv.

La vague de froid de l'hiver 2008 a tué sept sans-abri. Le 31 janvier de la même année, un sans-abri a été retrouvé mort à Tel Aviv, légèrement vêtu et entouré de bouteilles d'alcool. La veille, le corps d'un sans-abri de 50 ans serrant une tranche de pain congelée avait été retrouvé dans le quartier de Hatikva à Tel Aviv. Trois jours plus tôt, un sans-abri de 35 ans a été retrouvé mort de froid dans une poubelle d'un bâtiment de Bat Yam. Deux jours plus tôt, deux sans-abri ont péri dans un incendie dans un bâtiment abandonné à Rishon Letzion, probablement après avoir allumé un feu pour se réchauffer. Le 14 janvier, un sans-abri de 36 ans s'est figé à mort à l'entrée d'un abri anti-bombes cadenassé dans un bâtiment de Holon, et le 15 janvier, une sans-abri de 50 ans a été retrouvée morte sur un banc à Bat Yam.

Les autorités balayeront cette fois aussi la mort des sans-abri sous le tapis et les blâmeront comme toujours, affirmant qu'ils avaient rejeté les solutions qui leur avaient été proposées.

La couverture médiatique de ceux qui n'ont pas de toit au-dessus de leur tête devrait fondamentalement changer, et nous ne devons pas permettre aux autorités et au gouvernement de se soustraire à la responsabilité de les abandonner à leur mort, et nous devons mettre en œuvre des solutions respectueuses et à long terme pour eux. Personne ne choisit de geler à mort sur un banc, d'essayer de se réchauffer dans un placard à tuyaux d'incendie dans un parking ou de chercher un abri pendant une tempête. Personne ne mérite une telle mort.

Moshe est-il mort ou vivant ?

Gideon Levy, Haaretz, 26/12/2021

Je sais maintenant qu'il s'appelait Moshe. Asaf a écrit qu'il était mort. Mais Vered dit que ce n'est pas certain.

La première personne décédée du froid s'appelait certainement Michael, car on l'a retrouvé avec sa carte d'identité. Le second, qui a été trouvé dans un parking à l'intérieur d'une armoire où est stocké du matériel de lutte contre les incendies, était appelé Alexi par ses amis.

DESMOND TUTU
Mon appel au peuple d'Israël : Libérez-vous en libérant la Palestine

 

Mgr Desmond Tutu est mort aujourd’hui à l’âge de 90 ans au Cap, dont il avait été le premier archevêque noir. Ce vétéran de la lutte contre l’apartheid avait reçu le prix Nobel de la Paix en 1984 et avait présidé la Commission pour la Vérité et la Réconciliation dix ans plus tard. Il avait écrit un article exclusif pour le quotidien Haaretz en 2014, dans lequel il appelait à un boycott mondial d'Israël et exhortait les Israéliens et les Palestiniens à regarder au-delà de leurs dirigeants pour une solution durable à la crise en Terre Sainte.

Haaretz, 26/12/2021
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala 

Au cours des dernières semaines, des membres de la société civile du monde entier ont pris des mesures sans précédent contre l'injustice de la réaction disproportionnée d'Israël aux tirs de missiles en provenance de Palestine.

Si vous additionnez toutes les personnes qui se sont rassemblées le week–end dernier pour réclamer justice en Israël et en Palestine – au Cap, à Washington, D.C., à New York, à New Delhi, à Londres, à Dublin et à Sydney, et dans toutes les autres villes - ce fut sans doute le plus grand cri de ralliement actif de citoyens autour d'une seule cause jamais dans l'histoire du monde.

Il y a un quart de siècle, j'ai participé à des manifestations très suivies contre l'apartheid. Je n'aurais jamais imaginé que nous verrions à nouveau des manifestations de cette ampleur, mais la participation de samedi dernier au Cap était aussi importante, sinon plus. Les participants étaient des jeunes et des moins jeunes, des Musulmans, des Chrétiens, des Juifs, des Hindous, des bouddhistes, des agnostiques, des athées, des noirs, des blancs, des rouges et des verts... comme on peut s'y attendre d'une nation dynamique, tolérante et multiculturelle.

J'ai demandé à la foule de chanter avec moi : « Nous sommes opposés à l'injustice de l'occupation illégale de la Palestine. Nous sommes opposés aux tueries aveugles à Gaza. Nous sommes opposés à l'indignité infligée aux Palestiniens aux postes de contrôle et aux barrages routiers. Nous sommes opposés à la violence perpétrée par toutes les parties. Mais nous ne sommes pas opposés aux Juifs ».

Plus tôt dans la semaine, j'ai demandé la suspension d'Israël de l'Union internationale des architectes, qui se réunissait en Afrique du Sud.

J'ai lancé un appel aux frères et sœurs israéliens présents à la conférence pour qu'ils se dissocient activement, ainsi que leur profession, de la conception et de la construction d'infrastructures liées à la perpétuation de l'injustice, y compris la barrière de séparation, les terminaux de sécurité et les points de contrôle, et les colonies construites sur les terres palestiniennes occupées.

« Je vous implore de ramener ce message chez vous : Veuillez inverser la tendance contre la violence et la haine en rejoignant le mouvement non violent pour la justice pour tous les habitants de la région », ai-je dit.

Au cours des dernières semaines, plus de 1,6 million de personnes à travers le monde ont adhéré à ce mouvement en se joignant à une campagne d'Avaaz appelant les entreprises profitant de l'occupation israélienne et / ou impliquées dans les abus et la répression des Palestiniens à se retirer. La campagne cible spécifiquement le fonds de pension néerlandais ABP, la banque Barclays, le fournisseur de systèmes de sécurité G4S, la société de transport française Veolia, la société informatique Hewlett-Packard et le fournisseur de bulldozers Caterpillar.

Le mois dernier, 17 gouvernements de l'UE ont exhorté leurs citoyens à éviter de faire des affaires ou d'investir dans des colonies israéliennes illégales.

Nous avons également récemment assisté au retrait par le fonds de pension néerlandais PGGM de dizaines de millions d'euros de banques israéliennes; au désinvestissement de G4S par la Fondation Bill et Melinda Gates; et l'Église presbytérienne américaine a désinvesti environ 21 millions de dollars de HP, Motorola Solutions et Caterpillar.

C'est un mouvement qui s'accélère.

La violence engendre la violence et la haine, ce qui ne fait qu'engendrer plus de violence et de haine.

Nous, Sud-Africains, sommes au fait de la violence et de la haine. Nous comprenons la douleur d'être le paria du monde, quand il semble que personne ne comprend ou n'est même prêt à écouter votre point de vue. C'est de là que nous venons.

 Nous connaissons également les avantages que le dialogue entre nos dirigeants nous a finalement apportés, lorsque des organisations qualifiées de « terroristes » ont été légalisées et que leurs dirigeants, dont Nelson Mandela, ont été libérés de l'emprisonnement, du bannissement et de l'exil.

 Nous savons que lorsque nos dirigeants ont commencé à se parler, la raison de la violence qui avait ravagé notre société s'est dissipée et a disparu. Les actes de terrorisme perpétrés après le début des pourparlers – comme les attaques contre une église et un pub – ont été presque unanimement condamnés, et le parti tenu pour responsable a été snobé dans les urnes.

L'exaltation qui a suivi notre vote ensemble pour la première fois n'était pas l'apanage des seuls Sud-Africains noirs. Le véritable triomphe de notre règlement pacifique a été que tous se sont sentis inclus. Et plus tard, lorsque nous avons dévoilé une constitution si tolérante, compatissante et inclusive qu'elle rendrait Dieu fier, nous nous sommes tous sentis libérés.

Bien sûr, cela a aidé que nous ayons un cadre de dirigeants extraordinaires.

Mais ce qui a finalement forcé ces dirigeants à se réunir autour de la table des négociations, c'est le cocktail d'outils persuasifs et non violents qui avaient été développés pour isoler l'Afrique du Sud, économiquement, académiquement, culturellement et psychologiquement.

À un certain moment – le point de basculement - le gouvernement de l'époque s'est rendu compte que le coût de la tentative de préserver l'apartheid l'emportait sur les avantages.


Le retrait du commerce avec l'Afrique du Sud par des multinationales conscientes dans les années 1980 a finalement été l'un des leviers clés qui a mis à genoux l'État d'apartheid – sans effusion de sang –. Ces sociétés ont compris qu'en contribuant à l'économie de l'Afrique du Sud, elles contribuaient au maintien d'un statu quo injuste.

Ceux qui continuent de faire des affaires avec Israël, qui contribuent à un sentiment de “normalité” dans la société israélienne, rendent un mauvais service au peuple d'Israël et de Palestine. Ils contribuent à la perpétuation d'un statu quo profondément injuste.

Ceux qui contribuent à l'isolement temporaire d'Israël disent qu'Israéliens et Palestiniens ont également droit à la dignité et à la paix.

En fin de compte, les événements survenus à Gaza au cours du dernier mois vont mettre à l'épreuve qui croit en la valeur des êtres humains.

25/12/2021

LUIS CASADO
Le « retour de l'inflation » (ah bon, elle était partie ?)

 Luis Casado, 24/12/2021
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala 

« Les banques centrales face à la peur de l'inflation ». Ce sont les gros titres de la presse mondiale. Bon, dit Luis Casado, nous ferions bien de nous demander ce qu'est l'inflation. Parce que c’est un sujet aigre-doux. Et ils pourraient nous mettre un nouveau but depuis le milieu du terrain.

 Famille pauvre : une famille pauvre est une famille qui, compte tenu de ses revenus et du pourcentage de ceux-ci qu'elle consacre à l'alimentation, ne parvient pas à satisfaire ce besoin. Le revenu familial par habitant se situe entre la valeur d'un et de deux paniers alimentaires.

Famille indigente : il s'agit d'une famille qui, même si elle consacre la totalité de ses revenus à l'alimentation, ne parvient pas à satisfaire ce besoin. Le revenu familial par habitant est inférieur à la valeur d'un panier alimentaire.

 (Glossaire économique. Université pontificale catholique du Chili)

« Les habitants des campagnes vendoient très cher leurs denrées pour des assignats, et venoient à Paris les changer contre de l'argent ». Gouache de Jean-Baptiste Lesueur. Musée Carnavalet, Paris

La presse financière internationale, à commencer par le Wall Street Journal de Rupert Murdoch, s'inquiète des signes indiquant que le vieux démon de l'inflation se réveille d'un long sommeil.

Les banques centrales (BC) ont un mandat qui se résume généralement à la lutte contre l'inflation, et au cours des dernières décennies - pour des raisons qui ne doivent rien aux BC - l'inflation avait disparu de la carte. Craignant la déflation, un fléau encore plus grave, les banques centrales se sont fixé un « objectif de taux d'inflation annuel" de 2 %, en s'inspirant largement du jugement de l'alchimiste suisse Theophrastus Phillippus Aureolus Bombastus von Hohenheim, plus connu sous le nom de Paracelse (1493-1541), qui a inventé cette sentence : un peu de poison ne tue pas.

Mais pourquoi 2 % ? Une bonne question à laquelle la réponse est : et pourquoi pas ?

En économie, il n'existe pas de « constantes universelles » invariantes dans l'espace-temps, comme celles de Planck, de Boltzmann ou d'Avogadro. Les notions arbitraires, en revanche, abondent. Leur fondement scientifique est le célèbre principe de L'Oréal : « Parce que je le vaux bien ».

La précision ne fait pas partie du monde de l'économie : aucun économiste ne songerait à définir la vitesse de la lumière comme la distance qu'elle parcourt dans le vide pendant le temps déterminé par 9 192 631 770 oscillations d'un atome de césium. Et compter les oscillations, une par une, pour être sûr du calcul,  encore moins.

L'économie use et abuse des constructions, pures créations de la pensée dont l'existence dépend de l'esprit d'un économiste, aussi taré soit-il.

La pauvreté, par exemple, est une construction. Chacun définit la pauvreté, ou le seuil de pauvreté, comme il l'entend. Au Chili, par exemple, ils ont défini un panier alimentaire de base :

Sa valeur est de 19,103 pesos [19€] pour les zones urbaines et de 14,720 pesos [14€] pour les zones rurales (octobre 2000). Cela signifie que si une famille a un revenu par habitant inférieur à la valeur d'un panier alimentaire de base, elle est considérée comme indigente. Si le revenu par habitant se situe entre la valeur d'un et de deux paniers, la famille est considérée comme pauvre. Si le revenu par habitant est supérieur à la valeur de deux paniers alimentaires de base, la famille est considérée comme non pauvre.

Elle est pas belle, la science économique ?

FRANCO «BIFO» BERARDI
Résignez-vous (Démettez-vous) (1 & 2)

Franco «Bifo» Berardi, Cronica della psicodeflazione,  1 et 2 21/12/2021
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala


 

1

Défaitisme de masse, désertion et sabotage : proposition d'une stratégie paradoxale de résignation/démission (en attendant les Communautés Autonomes Opérationnelles de Survie)

Le Long Covid de l'esprit social

Dans les dernières pages de son livre La Peste, Camus raconte le retour festif à la vie de la ville d'Oran après l'extinction de l'épidémie. Aujourd'hui, à l'automne 2021, rien ne laisse présager une célébration imminente à l'horizon. Au contraire, il semble que les signes de malaise psychosocial s'accentuent, et si, en l'absence de lieux de rencontre, quelqu'un ose organiser une rave party, il risque d'être attaqué comme empoisonneur.

Au début du fléau, le crétinisme publicitaire disait : nous en sortirons meilleurs. C’est tout le contraire qui est vrai : nervosité généralisée, racisme rampant, violence prédatrice des grandes entreprises, inégalités galopantes. L'avidité de propriétaire du Big Pharma a empêché la production locale de vaccins et le résultat est Omicron. Les vieux hommes blancs se sont injecté les troisièmes doses qui auraient dû aller aux autres, mais le virus est plus malin et se prépare à tuer quelques millions de plus, peut-être même moi.

Mais ce qui m'intéresse, ce n'est pas la persistance du virus, mais une sorte de Long Covid de l'esprit social.

On appelle Long Covid la persistance prolongée de symptômes de divers types après l'infection et la guérison. Une amie qui en souffrait m'a dit que son principal symptôme était un épuisement constant, une perte d'énergie et même une confusion mentale. En effet, l'épuisement et la confusion mentale semblent dominer la scène contemporaine. Le chaos (économique, géopolitique et psychique) que le virus a produit semble se poursuivre, voire s'intensifier, au-delà des effets positifs de la vaccination de masse. Les manifestations de rue, la résistance aux vaccins, la rébellion contre le Green Pass, quelles que soient leurs motivations, alimentent un sentiment de panique.

Le virus a agi comme un catalyseur de fantasmes opposés : les fantasmes paranoïaques du complot et les fantasmes hypocondriaques de la peur qui envahissent et paralysent la subjectivité.

Le discours public est envahi par des alternatives paradoxales et des doubles contraintes. L'injonction sanitaire provoque une réaction qui se manifeste d'abord par le déni, puis par la phobie (attribution de pouvoirs maléfiques au vaccin, obsessions conspirationnistes). La réaction des gouvernements et de la majorité de l'opinion publique à l'encontre des hérétiques no vaxx revêt un caractère autoritaire, paternaliste ou agressif : licenciement, charges policières, stigmatisation publique, censure. Cela produit une victimisation de masse et, à long terme, la prophétie paranoïaque (le vaccin est un complot visant à imposer une forme totalitaire) finit par s’autoréaliser.

Si nous pensons que la résistance au vaccin est déraisonnable (je ne l'affirme ni ne le nie, je n'ai pas l'intention de m'occuper de questions qui ne relèvent pas de ma compétence), nous devons l'interpréter comme le symptôme d'un trouble, et il est absurde de criminaliser le porteur du symptôme, tout comme il est inutile de lui faire des sermons sur la responsabilité. Le porteur du symptôme doit être traité, mais c'est toute la société qui est envahie par les formes psychotiques.

Qui soigne qui ?

Tout en imposant une obéissance totale aux ordres du complexe industrialo-sanitaire, les gouvernements utilisent l'état d'urgence comme la condition parfaite pour imposer furieusement des politiques de privatisation et de précarisation. L'urgence ne doit donc jamais cesser, et les médias doivent poursuivre éternellement la campagne de panique qui inonde le discours collectif depuis près de deux ans. Chaque jour, nous sommes abreuvés d'heures d'images télévisées répétitives qui ont pour seule fonction de terroriser : des infirmières en blouse verte, des masques et des combinaisons de protection, des ambulances en marche, et des ampoules, des flacons, des seringues, des injections, des dizaines d'injections, des centaines d'injections.

L'effet de cette offensive qui mobilise l'ensemble du système médiatique dans une campagne de terreur est visible : le corps social est rétréci dans une crise d'hypocondrie interminable, comme s'il avait peur de renoncer à la peur. Cette paralysie de l'imagination et ce rétrécissement ne sont pas un effet du virus, mais la conséquence de l'impuissance prolongée de la société, qui est incapable d'arrêter l'appauvrissement, la dévastation de l'environnement physique et mental : la rage impuissante est un état hautement pathogène.

Mais les techniques thérapeutiques qui peuvent guérir une épidémie psychique générée par l'impuissance, la colère et la solitude ne peuvent être que paradoxales.

BEN KRISHNA
¿Por qué Omicron puede ser la última variante de interés?

 Ben Krishna, Asia Times, 23/12/2021
Traducido del inglés por Sinfo Fernández, Tlaxcala

Aunque la variante altamente contagiosa de la COVID-19 maximizara su potencial, las leyes de la bioquímica muestran que el virus no puede seguir variando indefinidamente.

 Como todos los seres vivientes, los virus, aunque nos resulte controvertido, evolucionan. Este hecho ha quedado muy claro durante la pandemia, ya que cada pocos meses han surgido nuevas y preocupantes variantes.

 

Algunas de estas variantes han sido más hábiles a la hora de propagarse de persona a persona, dominando sobre otras variantes menos trasmisibles del SARS-CoV-2, el virus que causa la COVID-19.

 

Esta mayor capacidad de propagación se ha atribuido a mutaciones en la proteína espiga -las proyecciones en forma de seta de la superficie del virus- que le permiten unirse con más fuerza a los receptores ACE2. Los ACE2 son receptores situados en la superficie de nuestras células, como las que recubren las vías respiratorias, a los que el virus se adhiere para entrar y empezar a replicarse.

 

Estas mutaciones permitieron que la variante Alfa, y luego la variante Delta, se convirtieran en dominantes a nivel mundial. Y los científicos esperan que ocurra lo mismo con Omicron.

 

Sin embargo, el virus no puede seguir evolucionando indefinidamente. Las leyes de la bioquímica implican que el virus evolucione hasta alcanzar una proteína espiga que se adhiera a la ACE2 con la mayor fuerza posible. A partir de ese momento, la capacidad de propagación del SARS-CoV-2 entre las personas no estará limitada por la capacidad del virus para adherirse al exterior de las células.

 

Otros factores limitarán la propagación del virus, como la rapidez con la que el genoma puede replicarse, la rapidez con la que el virus puede entrar en la célula a través de la proteína TMPRSS2 y la cantidad de virus que un humano infectado puede desprender. En principio, todos ellos deberían evolucionar hasta alcanzar el máximo rendimiento.

 

¿Ha alcanzado Omicron este pico? No hay ninguna razón de peso para suponerlo. Los llamados estudios de “ganancia de función”, que analizan qué mutaciones necesita el SARS-CoV-2 para propagarse de forma más eficiente, han identificado un montón de mutaciones que mejoran la capacidad de la proteína espiga para unirse a las células humanas que Omicron no tiene. Además de esto, podrían producirse mejoras en otros aspectos del ciclo vital del virus, como la replicación del genoma, como he mencionado anteriormente.

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GIDEON LEVY
Jamil protestait contre le vol des terres de sa famille : il a été abattu par l’armée israélienne

Il était la huitième victime des sept derniers mois dans le village de Beita

Gideon Levy et Alex Levac (photos), Haaretz, 24/12/2021
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

La voiture a fait des embardées d'un côté à l'autre alors qu'elle grimpait sur la route de terre accidentée, le vent tourbillonnant et hurlant autour d'elle. Les bulldozers des Forces de défense israéliennes ont déjà commencé à bloquer cette route, mais elle est toujours viable. Lorsque nous nous sommes arrêtés au sommet de la colline, la voiture se balançait et les portes pouvaient à peine s'ouvrir contre le vent violent et puissant. En effet, la tempête hivernale de cette semaine, surnommée Carmel, a également frappé la colline isolée que les Palestiniens appellent Huti, une élévation d'oliviers qui se trouve en face du mont Sabih, qui, à leur indignation, est le site de l'avant-poste de colons d’Evyatar. Quelques centaines de mètres séparent les deux collines - entre le drapeau israélien déchiré hissé comme une provocation sur ce que les habitants appellent « Jebel El Sabih » au milieu des bâtiments des colons, et le drapeau de la Palestine que les habitants du village de Beita ont également hissé comme une provocation, en face. Deux drapeaux déchirés par le vent, l'un en face de l'autre. La menorah de Hanoukka démesurée plantée par les colons envahisseurs est toujours en place, ainsi que la rangée de maisons mobiles et de tours de guet.

Ayyash et Rami à l'endroit où leur frère a été tué

Le sol au sommet de la colline Huti est saturé du sang des manifestants palestiniens, et brûlé et couvert de suie par les pneus que les manifestants incendient ici chaque vendredi. Sept habitants du village voisin de Beita et un du village voisin de Yatma ont été tués ici par des soldats des Forces de défense israéliennes au cours des sept mois qui se sont écoulés depuis que la vétérane Daniella Weiss et ses amis ont rétabli Evyatar en mai. Le site était autrefois un avant-poste de Tsahal appelé Tapuhit, construit sur les terres de Beita. Par la suite, en 2013, l'avant-poste d'origine d'Evyatar y a été établi sans autorisation ; il a ensuite été évacué et démoli. Aujourd'hui, les structures érigées par les colons du nouvel Evyatar restent en place – l'avant-poste est actuellement inhabité, à l'exception de quelques soldats ui y montent la garde – ​​et le sang continue de couler. La dernière fois que nous sommes venus ici, c'était en septembre, pour raconter l'histoire du meurtre d'un autre manifestant de Beita, Mohamed Khabisa, 28 ans, père d'une fille de 8 mois. Avant cela, nous étions ici en août pour raconter l'histoire du meurtre d'Imad Duikat, 37 ans, père d'une fille de 2 mois. En juillet, nous étions ici à cause du meurtre de Shadi Shurafi, un plombier du village, qui réparait la vanne d'une conduite d'eau près de l'autoroute lorsqu'il a été abattu par les troupes de Tsahal. Et en juin, nous avons visité le village voisin de Yatma, pour raconter l'histoire du meurtre, au cours de la même série de manifestations en cours, de Tareq Snobar, 41 ans, qui n'a été père que deux jours de sa vie avant d'être tué. Lorsqu'il a été abattu par des soldats israéliens utilisant des tirs à balles réelles à environ 100 mètres de distance, il se rendait à l'hôpital pour récupérer sa femme et leur fils nouveau-né, Omar, pour les ramener à la maison. Il n'y est jamais arrivé. Ce n'est pas toute la liste des personnes tuées lors des manifestations d'Evyatar. Vendredi 10 décembre, il y a eu un huitième décès : Jamil Abu Ayyash, un menuisier de 31 ans de Beita, marié, sans enfants.

Jamil Abu Ayyash

ALFONSO LAFARGA
Livré au Maroc par l'Espagne, un blogueur sahraoui condamné à deux ans de prison à Casablanca

 Contramutis, 25/12/2021
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Faisal El Bahloul, condamné à deux ans et une amende de 1000 dirhams, avait été arrêté par la police nationale espagnole pour des activités présumées sur les réseaux sociaux avec des messages jugés « incendiaires » à l'encontre d'individus et d'institutions marocains.
Hussein Bachir Brahim, un autre Sahraoui livré par l'Espagne en janvier 2019 alors qu'il avait demandé l'asile politique, avait été condamné à 12 ans de prison.


Le blogueur sahraoui Faisal El Bahloul, livré au Maroc par l'Espagne le 16 novembre, a été condamné à 2 ans de prison par un tribunal correctionnel de Casablanca.

El Bahloul, également condamné à une amende de 1000 dirhams, a été jugé et condamné le 24 décembre par le tribunal de Casablanca.
Faisal El Bahloul, 44 ans, était connu pour ses positions hostiles à l'occupation marocaine et pour avoir défendu le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination, surtout depuis la reprise de la lutte armée par le Front Polisario, le 13 novembre 2020, après  la rupture du cessez-le-feu par Maroc.

Il a été arrêté par la Police nationale espagnole le 30 mars à Basauri (Biscaye) pour des activités présumées sur les réseaux sociaux avec des messages considérés comme « incendiaires » contre des personnes et des institutions marocaines et mis à la disposition de l’Audiencia Ncional ; il a été détenu d'abord à Madrid puis à Murcie.

Le 16 novembre, il a été emmené par la police espagnole à Casablanca et à l'aéroport, il a été laissé entre les mains de la police marocaine. La remise du blogueur sahraoui, qui selon sa famille avait une résidence légale en Espagne jusqu'en 2024 et était en attente d'une réponse à sa demande d'asile en France, a provoqué le rejet et l'indignation contre le gouvernement sur les réseaux sociaux et a suscité plusieurs questions parlementaires du sénateur de Compromis Carles Mulet Garcia.

ALFONSO LAFARGA
Condenado a dos años de cárcel el bloguero saharaui entregado por España a Marruecos

, 25/12/2021
Faisal El Bahloul, condenado a dos años y multa de 1000 dirhams, fue detenido por la Policía Nacional por supuestas actividades en las redes sociales con mensajes considerados “incendiarios” contra personas e instituciones marroquíes.
Husein Bachir Brahim, otro saharaui entregado por España en enero de 2019 a pesar de haber pedido asilo político, fue condenado a 12 años de prisión.

El bloguero saharaui Faisal El Bahloul, que fue entregado por España a Marruecos el pasado 16 de noviembre, ha sido condenado a 2 años de cárcel por un tribunal penal de Casablanca.

El Bahloul, condenado también a una multa de 1000 dirhams, ha sido juzgado y condenado el 24 de diciembre por el tribunal de Casablanca.

Faisal El Bahloul, de 44 años, era conocido por sus posturas hostiles a la ocupación marroquí y por la defensa del derecho del pueblo saharaui a la autodeterminación, especialmente desde la reanudación de la lucha armada por el Frente Polisario, el 13 de noviembre de 2020, tras romper Marruecos el alto el fuego.

Fue detenido por la Policía Nacional el 30 de marzo en Basauri (Vizcaya) por supuestas actividades en las redes sociales con mensajes considerados “incendiarios” contra personas e instituciones marroquíes y puesto a disposición de la Audiencia Nacional; estuvo preso primero en Madrid y después en Murcia.

El 16 de noviembre fue llevado por policías españoles a Casablanca y en el aeropuerto quedó en manos de la policía marroquí.

La entrega del bloguero saharaui, que según su familia tenía residencia legal en España hasta 2024 y estaba pendiente de una solicitud de asilo en Francia, causó rechazo e indignación contra el Gobierno en las redes sociales y motivó varias preguntas parlamentarias del senador de Compromís Carles Mulet García.

LUIS CASADO
El retorno de la inflación (¿Se había ido?)

Luis Casado, 24/12/2021 

"Los bancos centrales frente al temor de la inflación". He ahí los titulares de la prensa mundial. Ahora bien, dice Luis Casado, haríamos bien enterándonos de qué es la inflación. Porque en el tema hay de dulce y de agraz. Y nos pueden pasar otro gol de media cancha. 

 Familia pobre: Es aquella que dado su ingreso y el porcentaje de éste que destina a alimentación no logra satisfacer esta necesidad. El ingreso familiar per-cápita se ubica entre el valor de una y dos canastas de alimentos.

Familia indigente: Es aquella que aunque gastara la totalidad de su ingreso en alimentación, no logra satisfacer esta necesidad. El ingreso familiar per-cápita es inferior al valor de una canasta de alimentos.

 (Glosario económico. UC. Chile) 

Santiago, otoño de 2021. Foto Tamara Merino (Bloomberg)

La prensa financiera internacional, comenzando por el Wall Street Journal de Rupert Murdoch, se inquieta de las señales que indican que el viejo demonio de la inflación está despertando de un largo sueño.

Los bancos centrales (BC) tienen un mandato que suele reducirse a la lucha contra la inflación, y durante las últimas décadas –por razones que no le deben nada a los BC– ésta había desaparecido del mapa. Temiendo la deflación, flagelo aun peor, los BC se auto-fijaron un ‘objetivo de tasa de inflación anual’ del 2%, basados mayormente en el juicio del alquimista suizo Theophrastus Phillippus Aureolus Bombastus von Hohenheim, más conocido como Paracelso (1493-1541), quien inventó eso de: un poquito de veneno no mata.

Ahora bien, ¿Por qué 2%? Buena pregunta a la cual cabe responder: ¿Porqué no?

En economía no hay ‘constantes universales’ invariantes en el espacio-tiempo, como las de Planck, de Boltzmann o de Avogadro. Las nociones arbitrarias, por el contrario, abundan. Su sustento científico es el conocido Principio de L’Oréal: Porque yo lo valgo.

La precisión no forma parte del mundo de la economía: a ningún economista se le ocurriría definir la velocidad de la luz como la distancia que recorre en el vacío durante el tiempo que determinan 9.192.631.770 oscilaciones de un átomo de cesio. Contar las oscilaciones, una por una, para estar seguros del cálculo…. aún menos.

La economía usa y abusa de los constructos, creaciones puras del pensamiento cuya existencia depende de la mente de un economista por muy chiflado que sea.

La pobreza, por ejemplo, es un constructo. Cada cual define la pobreza, o el umbral de pobreza, como le viene en gana. En Chile por ejemplo, definieron una Canasta básica de alimentos:

Tiene un valor de $19.103 [19€] para la zona urbana y $14.720 [14€] para la zona rural (Octubre del 2000). Esto significa que si una familia tiene un ingreso per cápita inferior al valor de una canasta básica, la familia es considerada indigente. Si el ingreso per cápita se encuentra entre el valor de una y dos canastas, la familia es considerada pobre. Si el ingreso per cápita es superior al valor de dos canastas básicas de alimentos, la familia es considerada no pobre.

¿No es bella la ciencia económica?

Con la inflación ocurre más o menos lo mismo. Antes de calcularla, admitiendo que eso sea posible, es necesario definirla. Ahí se lía el tema:

Inflación: Proceso económico provocado por el desequilibrio existente entre la producción y la demanda; causa una subida continuada de los precios de la mayor parte de los productos y servicios, y una pérdida del valor del dinero para poder adquirirlos o hacer uso de ellos.

Si esta definición te parece idiota, no te alarmes, hay peores:

La inflación, en economía, es el aumento generalizado y sostenido de los precios de los bienes y servicios existentes en el mercado durante un período de tiempo, generalmente un año. Cuando el nivel general de precios sube, con cada unidad de moneda se adquieren menos bienes y servicios.

Así, la inflación es un proceso que causa la subida de los precios. Tú, beocio en la materia, piensas que la subida de los precios ES la inflación… Así pues, la inflación provoca el aumento de algunos precios, o de todos los precios (eso es según…), una subida continuada o bien durante un período de tiempo (eso también es según…), cuidando, dice la segunda definición, que se trate de “bienes y servicios existentes en el mercado” visto que los que aun no existen no cuentan. Unos linces: estos tíos son unos linces.

Lo mejor de todo viene al final: la inflación produce “una pérdida del valor del dinero” o, –facilitando las cosas para no entrar en profundidades abisales–, una reducción de su poder adquisitivo.

El tema se lía, ya se dijo (plagio a Daniel Pizarro). No sabes a qué punto.

Pregunta: ¿es el precio de los productos el que aumenta, o el poder adquisitivo del dinero el que baja? ¿O ambos? Te dejo reflexionar sobre el tema algunos minutos. ¡Suerte! La moneda es, por decirlo de algún modo, el metro patrón. No puedes usar la moneda para evaluar la moneda. De tal modo que el ‘valor’ de la moneda se determina con relación a los productos que puede comprar, productos cuyo valor se mide con la moneda… (si te has mareado tómate un anticinetósico…).

¿Qué provoca la inflación? “el desequilibrio existente entre la producción y la demanda.” Ergo, la solución es fácil: hacer lo que el Gosudárstvenny Komitet po Planírovaniyu en la URSS: planificar la producción de un lado y la demanda del otro, para que haya equilibrio (el éxito del Gosplan es de todos conocido). Mas esto hiede a lo que los juristas llaman contradictio in terminis.

Todo el entarimado neoliberal –el liure mercao– reposa en el fascinante modelo de la oferta, que le permite a cada cual producir libremente cualquier vaina, cómo, cuanto y cuando quiera, asumiendo que la oferta crea la demanda. Esta última “Ley” se la debemos a mi compatriota Jean-Baptiste Say (1767-1832), y es conocida como la Loi des Débouchés, Ley de los Mercados o Ley de Say, según la cual no puede haber desequilibrio.

“En economía la Ley de Say es un principio atribuido a Jean-Baptiste Say que indica que la demanda está determinada por la producción, y que solo produciendo se puede generar demanda: Cuantos más bienes se produzcan, más bienes existirán que constituirán a su vez demanda para otros bienes.”

Visto lo cual… ¿el desequilibrio –o sea la inflación– viene de dónde, papi?

(habrás notado de paso que el ecolálico discurso sobre el crecimiento procede en línea directa de las geniales ideas de Jean-Baptiste Say…).

Durante la Revolución Francesa Say fue un girondino, o sea un negociante, una suerte de emprendedor busca-fortuna, en fin, un ‘progresista’, cualidad que le vale ser enseñado en los cenáculos de la economía hasta el día de hoy (si compras azúcar Beghin-Say, consumes un producto heredado de su familia).

En su Tratado de Economía Política (1803) Say expuso lo que ya he contado. Para Say el dinero no tiene ningún impacto en el nivel de producción, lo que para el ‘desequilibrio’ que supuestamente genera la inflación es mortal. Para Say la moneda es solo un velo tras el cual se ocultan las transacciones. El aumento del volumen de moneda en circulación, superior a lo estrictamente necesario para asegurar el intercambio de bienes y servicios, no influye en la economía: se limita a generar inflación.

Esto parece más sensato. Veamos. Si la producción global es de 100 unidades, y se emiten 100 unidades monetarias, cada unidad monetaria representará una unidad de producción. Si el BC emite 1.000 unidades monetarias… cada una de ellas representará solo 1/10 de una unidad de producción. Aritmética simple, segundo año de escuela primaria o doctorado en economía.

De ahí se agarraron los ‘monetaristas’ para inventar la pomada wirasacha que liquida la inflación: restringir ‘la oferta de moneda’, o el crédito que es lo mismo, reduciendo por ende la demanda. Por eso los BC aumentan las tasas de interés. Claro como el agua de roca.

¿Claro? Aumentar las tasas de interés equivale a aumentar el precio del dinero… o sea la definición misma de inflación. Para luchar contra la inflación los BC generan inflación. Cualquier economista te lo explica en 40 segundos cronometrados, pasándose los cimientos del neoliberalismo por las amígdalas del sur, ¡pobre Jean-Baptiste Say!

Que por años y años los BC hayan hecho exactamente lo contrario de lo que predican, que la FED y el BCE hayan mantenido las tasas de interés en 0% desde hace décadas, que ambos BC hayan emitido billones y billones de dólares y euros sin respaldo durante lustros sin que haya aparecido ni siquiera el principio del comienzo del inicio de las premisas que conducen a un indicio de lo que llaman inflación… hubiese intrigado a Jean-Baptiste Say. ¿A ti no?

Lo cierto es que para medir lo que no pueden definir, los economistas inventaron la noción de ‘tasa de inflación’. Luego, definieron la herramienta para medirla: un grupo de productos que supone representar el consumo tipo de los hogares. Otro constructo. Pero hay un detallito:

En el siglo XVIII el marqués de Condorcet (1743-1794) postuló que no existe una función de elección colectiva indiscutible que permita la traducción de las preferencias individuales en preferencias sociales. Luego, Kenneth Arrow (1921-2017), ‘premio Nobel de economía 1972’, aportó la prueba matemática en lo que conocemos como el Teorema de Imposibilidad de Arrow.

Arrow mostró que no existe absolutamente ningún sistema que asegure la coherencia de las preferencias, fuera de aquel en que la función de elección colectiva coincide con la elección de un único individuo, llamado dictador.

De modo que para medir la ‘tasa de inflación’, noción inventada, los economistas utilizan un instrumento inventado: el IPC, o índice de precios al consumidor. ¿Consumidor de qué? En Chile calculan la evolución del precio de una ‘canasta básica’, llena de productos que harían vomitar a una famélica familia hambreada del Sahel.

Qué quieres… no me gusta la nutella, no fumo, vomito los hot-dogs, el sucedáneo de café me la suda, el pollo plástico y el jurel en conserva me producen erisipela, el queso ‘tipo’ Gauda [variante chilena del Gouda neerlandés, NdE] y aun el Gauda original me son septicémicos, etc. En cuanto al vino, bebo poco, evito el silbido de pitón y habría que ponerme si no un Don Melchor de Concha y Toro, al menos un Lapostolle Cuvée Alexandre de Colchagua.

Algún enterao te dirá que la ‘canasta básica’ NO, que hay otro grupo de productos y servicios más apañado, que incluye coches Lamborghini, vacaciones en la Riviera italiana, el Beluga a la cuchara, algunas noches en el Georges V en París, filete Angus, langosta a voluntad y dos o tres menudencias más, para el caso es lo mismo: no existe una función de elección colectiva indiscutible que permita la traducción de las preferencias individuales en preferencias sociales.

De modo que para saber qué es y cómo medir la inflación habrá que volver más tarde. Paciencia.