14/03/2022

Adolfo Pérez Esquivel
Dans la guerre, tout le monde perd, il n'y a pas de guerre juste


Adolfo Pérez Esquivel
, Prix Nobel de la paix, SERPAJ, 7/3/2022

Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

 Il y a des causes justes.

Il faut faire une analyse sereine des responsables de la guerre entre l'Ukraine et la Russie et du silence et du refus de trouver une solution diplomatique pour éviter la guerre de la part des USA et de l'UE.

Pablo Picasso, La Paix, 1952. Huile sur bois, isorel, 4,70 m x 10,20 m, musée national Pablo Picasso, La Guerre et la Paix. Photo © RMN-GP © succession Picasso, 2021.

 Dans sa politique, l'OTAN, avec les USA, cherche à étendre leur contrôle et leur domination mondiale et à soumettre de nombreux peuples à leurs intérêts militaires, politiques et économiques. La guerre a de nombreux visages, depuis l'action psychologique, la propagande et l'action économique que les USA et l'UE imposent à la Russie, le blocus de ses produits et exportations, les sanctions sur les avoirs bancaires, sur les hommes d'affaires russes, ils cherchent tous les moyens de nuire à l'économie russe. Ils interviennent indirectement dans la guerre en envoyant des armes et en soutenant l'Ukraine, un gouvernement pro-nazi qui, pendant huit ans, a attaqué et persécuté la population des provinces séparatistes du Donbass.

Les grands médias hégémoniques gardent le silence sur les massacres de l'OTAN et des USA en Syrie, en Libye, en Irak et les bases militaires le long des pays limitrophes de la Russie, mettant en danger la sécurité de ce pays. Les guerres psychologiques des médias grand public imposent leur propagande néfaste en ajoutant du carburant au conflit, en propageant des mensonges, en désinformant sur les faits. Ils gardent le silence et cachent la vérité sur la guerre, ils cherchent à diaboliser la Russie.

La tension et l'intervention de l'OTAN et des USA dans une confrontation avec la Russie provoqueraient une troisième guerre mondiale qui toucherait le monde entier dans un holocauste nucléaire. Il est urgent de trouver une solution négociée avant qu'il ne soit trop tard. Envoyer des armes à l'Ukraine et des combattants, appliquer des sanctions et des condamnations à la Russie, c'est jeter de l’huile sur le feu.

Les sanctions contre la Russie affectent l'économie mondiale et la situation de nombreux pays qui ont besoin de la Russie, c'est un boomerang pour les pays qui les imposent.

La position de la Chine est remarquable, car elle observe calmement les événements et les conséquences de la guerre ainsi que l'avancée de l'OTAN et des USA, et agit en tant que médiateur entre la Russie et l'Ukraine pour mettre fin au conflit armé.

Il est urgent de penser à un nouvel ordre mondial avec équité et non sous l'imposition et la dégradation capitaliste qui génère plus de pauvreté et d'inégalités. Nous avons souvent évoqué l'urgence d'un nouveau contrat social. Les Nations unies ont besoin d'une réforme profonde et de la démocratisation du Conseil de sécurité. Le préambule des Nations Unies proclame « Nous, les peuples du monde » ... Aujourd'hui, malheureusement, les peuples du monde sont absents des décisions et des chemins que le monde devrait suivre, de la paix, de la solidarité, de la lutte contre la faim, la pauvreté, le climat, plus que du changement climatique, l'humanité a besoin d'un changement de système, social, politique et économique, en recherchant la diversité dans l'unité et en mettant fin au monopole de la force dans quelques mains et à l'industrie de l'armement, en inversant la production pour la vie et le développement des peuples et non des instruments pour la mort. Les gens souffrent de la violence de la guerre, nous ne pouvons pas oublier les milliers de réfugiés qui fuient la guerre en Ukraine.

La Russie et le gouvernement ukrainien doivent protéger les couloirs humanitaires afin de sauver des vies et de garantir aux réfugiés des soins de base et la sécurité de leur vie et de leur famille.

L'humanité traverse une période de grande incertitude, de souffrance qui a coûté la vie à des milliers de personnes dans différentes parties du monde. La pandémie de Covid 19 touche tout le monde de manière égale, les pauvres sont toujours les plus touchés. Les conflits armés sont en augmentation, et la faim est la guerre silencieuse qui fait des milliers de victimes chaque jour.

Il existe dans le monde des forces sociales positives qui réclament la PAIX, qui veulent un Nouvel Ordre Mondial, libre de toute domination, des organisations culturelles, sociales, politiques et religieuses qui travaillent à la construction d'un monde plus juste et plus fraternel. Elles appellent à une Paix fondée sur les relations humaines, l'unité dans la diversité et le droit des individus et des peuples à leur liberté.

La foi déplace les montagnes.

 

 

13/03/2022

LUIS E. SABINI FERNÁNDEZ
Disputas geopolíticas, alianza ruso germánica, OTAN e invasión à Ucrania

 Luis E. Sabini Fernàndez, 11-3-2022

La invasión de Rusia a Ucrania en este mes de marzo 2022 ha desatado una serie de mecanismos mentales, ideológicos, entre los que no somos protagonistas de semejante situación.

Enumerando: deshistorización sistemática, movida del tablero geopolítico, pensamiento doble (dejemos a un lado el maniqueísmo, por intelectualmente penoso), campañas contra el intervencionismo y un largo etcétera.

 

Personas con antorchas y banderas nacionalistas del partido político ultranacionalista de extrema derecha Svoboda durante un mitin de varios partidos nacionalistas para conmemorar el 112 cumpleaños de Stepan Bandera, en Kiev, Ucrania, en enero de 2021 FOTO: SERGEY DOLZHENKO EFE

DESHISTORIZACIÓN SISTEMÁTICA

El 99 % de los análisis, abordajes, se remonta a lo sumo hasta 2014… al cambio de mano de la península de Crimea, la proclamación de las repúblicas rusoparlantes de Lugansk y Donetsk en la zona del Donbass. Ignorar todo el período soviético (1919-1991) es de una superficialidad o imposible de adoptar.

En tiempos zaristas, con un imperio ensanchándose (en Europa hacia el oeste y en Asia hacia el este), se hablaba de la Madre Rus, o Gran Rus, la Pequeña Rus  o Ucrania y la Rusia Blanca (Bielorrusia). La primera capital imperial fue entonces Kiev.

Hay entonces un denominador común, lo ruso, que es mucho más intenso que el habitual entre naciones distintas o diferenciadas.

A principios del Siglo XX, diversas expresiones políticas ucranianas resistieron el avance bolchevique. Un país muy campesino. Difícil compatibilizar esa realidad campesina y el proyecto proletarista.  Por eso, cuando el nazismo inicia su invasión a la Unión Soviética, en muchas partes de Ucrania no fueron resistidos sino al contrario bienvenidos (allí podría estar el origen histórico de cierta afinidad con la extrema derecha racista en sectores de la población ucraniana).

¿Por qué los nazis podían contar con aliados entre eslavos, siendo su racismo purificador tan hostil ante “razas humanas inferiores” (como suponían la de eslavos)?

El estalinismo produjo estragos en la población, campesina ucraniana. Holodomor. Se estima que millones de ucranianos morían literalmente de hambre mientras los comisarios soviéticos requisaban hasta la última taza de harina, para mayor gloria del proletariado, es decir de ellos mismos y su claque bolchevique.

Saqueados, hambreados, asesinados (si presentaban resistencia a perder su única vaca o la reserva de alimentos para el invierno), los ucranianos sobrevivientes recibieron a los nazis como “salvadores”.

Los nazis, en plena expansión –todavía no habían llegado a Stalingrado y comenzado el principio del fin− pudieron incluso denunciar las fosas colectivas que descubrieron a su paso, que no eran las que ellos todavía no habían empezado a hacer sino las que habían dejado los bolcheviques a su paso con la implantación de la  “colectivización forzosa” de 1929 y las hambrunas de la década del ’30 que constituyeron su herencia, ésa también forzosa.

De esa época viene, sin duda, cierta afinidad de población ucraniana con Lado Derecho, Maidan, Destacamento Azov, con el nazismo o cierto racismo étnico.

Porque en Ucrania se repite lo que ha pasado en tantas y tan diversas sociedades: ante las injusticias más flagrantes, hirientes, surge una rebeldía. Incluso una rebelión. Si ese movimiento, psíquico, de una población, que generalmente encarna en una ideología o política justiciera, igualitarista, de rechazo frontal a los privilegios; lo que se califica generalmente de izquierda, falla, porque se revela lo opuesto a lo que predica, entonces, una próxima oleada de insatisfacción profunda, un nuevo movimiento de rechazo social, no vendrá por el lado del igualitarismo, del democratismo, desde la izquierda, sino desde sus opuestos; movimientos autoritarios, radicales, sí,  pero verticalistas, racistas.

La prédica socialista derivó en la URSS, pero también en Ucrania, a la velocidad del rayo, en “almacenes para bolcheviques” que convertían a estos últimos en los únicos que podían comer regularmente, dada la brutal crisis alimentaria que produjo la propia implantación del “nuevo orden” sumada a la escasez ya tradicional de alimentos que castigaba antes a las capas más desguarnecidas. Y esto significó inmediatamente que los más rápidos, los más oportunistas, también se hicieran bolcheviques trastornando el sentido originario, las aspiraciones iniciales.

Esa historia “interna” de la URSS hay que integrarla, secuencialmente, con la segunda posguerra. De allí, sale EE.UU. como poder omnímodo. Sin embargo, en un primer momento se habla de otro triunfador, también: la URSS. El sistema cuatripartito que se estableció entonces, y se corporizó en la ocupación de Alemania por 4 sectores: EE.UU., Rusia, el Reino Unido y Francia. El R.U., un poco a su pesar (pero no demasiado; reconocía una estirpe) concedía el puesto de mando a su vástago y sucesor; EE. UU.

Francia, en cambio, defendió un europeísmo que resultò inconducente porque Europa había entrado en una dependencia, hasta hoy irreversible, de EE.UU.

La URSS figura entonces como una de las dos superpotencias (durante la mayor parte) del s XX. Convertida en potencia nuclear, la URSS asignará a dos de sus repúblicas constituyentes el armamento nuclear: Rusia y Ucrania.

Con el colapso soviético y el consiguiente ascenso a superpotencia única de EE.UU., todo el andamiaje “internacional” que EE.UU. creara a su servicio, la ONU, como en su momento la Sociedad de las Naciones quiso ser la caja de resonancia de la pax britannica (1919-1946), tuvo a su vez un socio principal inesperado; la URSS.

La ONU (California, 1945, sin fecha de vencimiento por ahora) tuvo así un Consejo de Seguridad o Ejecutivo con aquellos ganadores del teatro europeo; EE.UU., Rusia, Reino Unido y Francia) más China, que era la gran presencia del Este en la flamante red internacional.

China era entonces algo muy distinto a la actual, porque gobernaba un régimen occidentalista, anticomunista. Pero en 1949, ese gobierno pierde el control del 99 % del territorio y queda reducido a la isla de Taiwan e islotes adyacentes, y los “Cuatro Grandes” no tienen más remedio que zurcir el tablero mundial, dejando a Taiwan como China nacionalista fuera del Consejo de Seguridad, incorporando a la cúspide a  la República Popular China, convertido ese Consejo así en quinteto (décadas más tarde, Taiwan, la República de China) será expulsada de la ONU, sumándose así a las naciones parias no reconocidas en la ONU (y siendo entre ellas –la nación saharaui, el Tibet, los abjasios− la de mayor tamaño poblacional, con sus más de 20 millones de habitantes).

Ahora bien, el tablero mundial, zurcido, se vuelve a rasgar con el colapso soviético. Y entonces, aparece una Ucrania independiente (formalmente libre de todo poder extranjero). “Granero de Europa”. Una tierra fertilísima, de las mejores de Europa, 40 millones de habitantes, potencia regional. El ideólogo del eje anglonorteamericano, Samuel Huntington, en sus planes para mantener esa supremacía, señalará a Ucrania (y otras naciones de porte mediano-grande, como Turquía) como naciones “partibles”, fracturables. En el caso ucraniano, el período soviético hizo de esa tierra un oeste favorable a Europa y un este más ligado a Rusia. Pero esta fractura viene de antes de la misma URSS por cuanto a grandes rasgos esas mismas configuraciones caracterizaron los asentamientos católicos al oeste y los ortodoxos, al este.

Sin tener en cuenta esa historia, “nuestro” presente es incomprensible.

TIM FLANNERY
Dans des eaux chaudes
Recension de deux livres sur les récifs coralliens, leur histoire et leur déclin

Tim Flannery, The New York Review of Books, 12/3/2022
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

Tim Flannery (Melbourne, 1956) est un mammalogiste (zoologiste spécialisé dans les mammifères) australien, paléontologue et militant écologiste, particulièrement connu pour son combat contre le réchauffement climatique. Son livre le plus récent est Europe: A Natural History (mars 2022).  Bibliographie

 « Le déclin des récifs coralliens s'accélère si rapidement que nous pourrions en voir la fin de notre vivant »

 


 

Recension de :

Coral Reefs: A Natural History (Les récifs coralliens, une histoire naturelle)
by Charles Sheppard

Princeton University Press, 240 pp., $35.00

Life on the Rocks: Building a Future for Coral Reefs (La vie on the rocks : Construire un avenir pour les récifs coralliens)
by Juli Berwald
Riverhead, 336 pp., $28.00

Faire de la plongée en apnée ou en scaphandre autonome au-dessus d'un récif corallien, avec ses couleurs exceptionnellement vives et sa prolifération de vie sous des formes totalement inconnues, est ce qui ressemble le plus à la visite d'un monde étranger. La tentation est grande d'essayer d'appréhender le récif dans son ensemble, mais la véritable merveille réside dans l'observation de près. Plus on s'approche, plus les couches de complexité et de brillance vivante se révèlent : suivez un minuscule poisson, dont la moitié avant est bleu électrique et l'arrière orange brillant, et vous vous retrouverez dans la gueule violette d'une palourde géante si étendue qu'elle ressemble à première vue à une chaîne de montagnes. La variété la plus exquise de tubes, de vrilles, d'étoiles et d'épines forme un objet si grand qu'on peut le voir de l'espace.

Une étoile de mer bleue s'accroche à une tête de corail où poussent des algues coralliennes, des tuniciers et des coraux-cuir mous, île de Batanta, Indonésie, 2012. Photo Ethan Daniels/Alamy.


La genèse des récifs coralliens du monde s'est produite il y a 54 millions d'années, dans une mer disparue depuis longtemps, surnommée Téthys, dans ce qui est aujourd'hui l'Europe du Sud. À l'époque, le monde se remettait d'un réchauffement climatique dévastateur causé par le dioxyde de carbone et le méthane qui s'échappaient de la croûte terrestre, et qui ont à la fois réchauffé et acidifié les océans, précipitant une extinction et réorganisant la circulation des courants océaniques. Lorsque les gaz à effet de serre ont été progressivement absorbés par les roches au cours de centaines de milliers d'années, les océans se sont refroidis et ont retrouvé leur alcalinité, créant ainsi des conditions favorables à la formation de récifs coralliens. La biodiversité caractéristique du récif corallien moderne est apparue si rapidement qu'elle semble avoir été presque entièrement formée, comme Dionysos jaillissant de la cuisse de Zeus. Et à travers toutes les périodes glaciaires et les dérives des continents qui ont suivi, la composition essentielle des récifs coralliens est restée inchangée.

L'ouvrage de Charles Sheppard, Coral Reefs : A Natural History, ne se contente pas d'expliquer ce que sont les coraux et comment ils vivent, mais révèle, à travers des photographies exquises, les splendeurs des récifs à toutes les échelles. En feuilletant ses pages, j'ai été à la fois émerveillé et attristé, car peu de récifs aujourd'hui possèdent une beauté aussi intacte. Beaucoup de ceux sur lesquels j'ai plongé récemment ont commencé à se dégrader et à mourir. C'est une tendance mondiale qui s'accélère si rapidement que nous pourrions voir la fin des récifs coralliens de notre vivant. Une étude scientifique publiée cette année indique que lorsque le réchauffement de la planète atteindra 1,5 degré Celsius, presque aucun corail n'évitera un blanchiment sévère, qui le rend vulnérable aux maladies et à la mort par inanition[1].

Si la tendance actuelle se poursuit, nous atteindrons cette température au début des années 2030. Seuls 0,2 % des récifs échapperont au blanchiment, un résultat qui, selon les chercheurs, sera catastrophique.

La cause de cette catastrophe, et ce que l'on peut faire pour y remédier, est au centre du splendide nouveau livre de Juli Berwald, Life on the Rocks. La grande force de Berwald est de révéler une catastrophe mondiale complexe et en évolution rapide au moyen d'études de cas faciles à comprendre, et peu d'entre elles sont aussi troublantes que celle de la Grande Barrière de Corail d'Australie. Le plus grand système récifal du monde s'étend sur 2 250 km du nord au sud et couvre une superficie équivalente à celle de l'Italie. À la fin des années 1920, la Royal Geographical Society of Australasia a organisé une expédition pour l'étudier en profondeur pour la première fois, en envoyant un jeune chercheur en huîtres, Maurice Yonge, et sa femme médecin, Mattie, dans les Low Isles, dans la partie nord du récif. Dans le monde interconnecté d'aujourd'hui, où l'environnement est endommagé, il est difficile de comprendre l'aventure que le jeune couple a dû vivre pendant des mois avec vingt autres chercheurs sur une île tropicale, dans un jardin d'Eden maritime.

Ne disposant pas d'équipement de plongée, l'équipe travaillait à marée basse, documentant l'état et la diversité du corail. En février 1929, Maurice fut étonné de constater que l'eau de mer dans les bassins laissés par la marée descendante était « littéralement chaude au toucher » et, lors de la marée basse suivante, il remarqua que de grandes parties du corail pierreux et ramifié qui dominait le récif sain étaient devenues blanches - c'était le premier cas enregistré de blanchiment du corail dû à l'élévation de la température de la mer. Mais lors de la marée basse extrême suivante, en avril, les coraux avaient retrouvé leur couleur habituelle. Nous savons maintenant que ce blanchiment et ce rétablissement sont une réponse normale des coraux au stress. Le blanchiment ne devient mortel que lorsque les températures élevées persistent.

12/03/2022

BEN CRAMER
L’Ukraine en manque d’Europe

Ben Cramer, 10/3/2022

"Aucune carte du monde n'est digne d'un regard si le pays de l'utopie n'y figure pas".
Oscar Wilde

 Dans cette guerre qui n’est pas une guerre ukrainienne mais une guerre européenne, nous avons échoué à penser une nouvelle architecture européenne. Nous y sommes tous pour quelque chose.

Le désarmement en panne

Y a-t-il eu tromperie sur la marchandise ‘Europe’ ? Avons-nous été des victimes consentantes d’un enfumage ? Des élites de l’U.E. se sont enorgueillis de disposer d’une ‘puissance tranquille’ (Todorov), une ‘puissance civile’ ; et nous avons été bercés par les flatteries sur les ‘dividendes de la paix’ et le ‘soft power’. Certains ont applaudi lorsque l’U.E. s’est vu décerner le Prix Nobel de la Paix en 2012. Mais la récompense était censée gommer les déchirures à Chypre depuis 74 et l’implosion de la Yougoslavie jusqu’au massacre de Srebeniza. Le palmarès prétendument pacifique n’a pas empêché 5 Etats (sur les 27) de figurer au hit-parade des exportateurs d’armement ; et, en l’espace de 20 ans, le nombre d’alliés de la famille atlantique est passé de 16 à 30. S’il fallait condenser les séquences, nous avons vécu sur une fausse paix, une paix ‘enceinte d’une guerre qui se prépare’ comme aurait dit le père de la polémologie Gaston Bouthoul Nous n’avons pas capté que le règlement auquel ces acteurs sont parvenus dans la foulée de l’effondrement du Mur de Berlin n’a pas supprimé les causes - ou en a fait apparaître de nouvelles.

Au-delà de l’indignation

L’inaptitude d’une certaine gauche à insérer la paix et le désarmement dans son programme politique, à actualiser les idées de ‘deuxième gauche’ propagées par des hommes comme Claude Bourdet – qui présidera l’organisation non-alignée ‘Mouvement contre l'Armement Atomique’ ou MCAA, - ne peut être dissociée de sa dérive et de son déclin. Au sein du mouvement écologiste, il semblerait que la surenchère pour fournir des armes aux Ukrainiens vise à contrebalancer le désintérêt des militants pour la chose militaire et l’insouciance à l’égard des enjeux géopolitiques. En tout cas, ces deux courants sont hermétiques aux ressorts de la militarisation à laquelle, avec nos impôts, nous avons contribué, tout en confiant le soin à nos ‘économistes atterrés’ de faire l’impasse sur le concept de ‘capitalisme militarisé’. 
Ces derniers seraient bien inspirés de lire l’un de ceux qui avaient anticipé cette déroute.
Dans son ouvrage intitulé ‘l’Insécurité du territoire’, Virilio dénonce dès 1976 « le nouveau mode d’invasion des territoires par les militaires ». Il nous invite à apprécier à sa juste valeur combien « l’administration de la peur a repris du service actif ». Décrié alors comme prophète du malheur, Virilio ajoutait : ‘On a oublié un peu vite que la croissance matérielle n’était pas une politique économique, mais bien une politique militaire, un leurre, une ruse de guerre qui se dissipe lorsque ses nécessités stratégiques ne se font plus sentir’. Alors que nous avons tardé à détecter ces « leurres », il n’est pas inutile de rapprocher l’analyse de Virilio de la remarque un peu cynique d’Anatole France qui rappelait qu’"on croit mourir pour la patrie; on meurt pour des industriels". La formule est pourtant d’actualité puisque, sans vouloir dédouaner le tsar du Kremlin, les fers de lance de l’élargissement de l’OTAN appartiennent au gratin du "complexe militaro-industriel" auquel se référait Eisenhower. Qu’on en juge : parmi ses illustres représentants, l’entreprise Raytheon (trois fois la taille de Safran et Thalès). Elle s’est emparée dès 2002 du pécule consécutif au démantèlement et l’élimination de l’ensemble des bombardiers de l’Ukraine.
Parmi les autres ‘grands’ du complexe, mentionnons aussi Lockheed-Martin, missionné pour vendre le bombardier F-35, une arme dite ‘de pénétration aérienne’, destinée à porter des vecteurs nucléaires ; et qui va équiper les forces aériennes alliées, ainsi que celles de la Finlande et de la Suisse à la recherche de gages de bonne conduite pro-atlantiste.
Nous nous faisons déjà une petite idée de la paix des cimetières qui se profile à l’horizon parce que certains mégalos - qui prétendent ‘dénazifier’ avec le concours des sbires de Wagner (!) - ont scénarisé leurs méfaits pour ‘entrer dans l’Histoire’ avec un grand H. Ils s’arrangent trop souvent pour rendre leurs guerres inévitables. Mais à l’heure des dilemmes et des cas de consciences, il nous incombe aussi - pour nous épargner d'autres "fausses paix" - d’évaluer l’impact de cette longue marche de l’U.E. vers la militarisation, en accordant aussi toute notre attention aux retombées d’une Allemagne ‘décomplexée’.


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11/03/2022

KHAZA MOKHAMMED
L'Occident et la création du nazisme

Khaza Mokhammed , 11/3/2022

Khaza Mokhammed (1989) est un linguiste russe, docteur en philologie romane classique de l'Université d'État de la région de Moscou, auteur de nombreux articles en langue russe sur la grammaire du français moyen et la langue latine.

«  L'histoire du monde n'est pas le lieu de la félicité. Les périodes de bonheur y sont des pages blanches ».
Georg Wilhelm Friedrich Hegel

Une brève analyse marxiste-léniniste de l'impérialisme occidental

Pour comprendre l'approche marxiste de la question de l'impérialisme, malheureusement, il ne suffit pas de lire l'ouvrage de Lénine L'impérialisme, stade suprême du capitalisme.  Malgré toute l'importance de ce livre, il a en fait un sujet plutôt étroit.  Le but de Lénine, comme on peut le voir dans le texte de ce livre, était d'analyser d'un point de vue marxiste en quoi l'impérialisme diffère de l'étape pré-impérialiste dans le développement du capitalisme, de montrer le caractère décadent et réactionnaire de l'impérialisme en tant qu'étape de la décadence du capitalisme et de critiquer les tendances opportunistes dans l'analyse de l'impérialisme (en particulier la théorie de Kautsky).  Mais il n'y a pas de description complète de l'impérialisme en tant que système mondial du point de vue de l'économie politique marxiste dans le livre, bien que Lénine, bien sûr, parte du fait que l'impérialisme est un système mondial.  Et si vous prêtez attention à certains de ses textes et discours ultérieurs, il devient clair que Lénine avait encore une compréhension beaucoup plus profonde et plus holistique de l'impérialisme que celle qu'il a présentée dans ce livre.

 Une tentative de donner une analyse à grande échelle de l'impérialisme mondial dans son ensemble avec ses lois internes a été faite par Rosa Luxemburg dans son livre L'accumulation du capital, mais cette tentative a échoué et la théorie de Rosa s'est avérée complètement fausse.

 L'impérialisme occidental envahirait une nation souveraine, renverserait son gouvernement légitime sous prétexte de démocratie, réduirait en décombres de grandes civilisations comme dans le cas de la Syrie, de l'Irak, de la Libye et de la Yougoslavie.

 
Les "pacifiques combattants de la liberté" du Régiment Azov

KHAZA MOKHAMMED
The west and creation of nazism

Khaza Mokhammed, 11/3/2022

 Khaza Mokhammed (1989) is a Russian linguist, PhD in Classics Romance philology from Moscow Region State University, author of many articles in Russian language on middle french Grammar and Latin language.

“History is not the soil in which happiness grows. The periods of happiness in it are the blank pages of history”- Hegel 

 A brief  Marxist Leninist analysis of western imperialism  

To understand the Marxist approach to the question of imperialism, unfortunately, it is not enough to read Lenin's work ‘Imperialism, the Highest Stage of Capitalism’. For all the importance of this book, it actually has a rather narrow subject matter. Lenin's goal, as can be seen from the text of this book, was to analyse from a Marxist standpoint how imperialism differs from the pre-imperialist stage in the development of capitalism, to show the decadent, reactionary character of imperialism as a stage in the decay of capitalism, and to criticize opportunist tendencies in the analysis of imperialism (in particular, Kautsky's theory). But there is no complete description of imperialism as a world system from the point of view of Marxist political economy in the book, although Lenin, of course, proceeds from the fact that imperialism is a world system. And if you pay attention to some of his later texts and speeches, it becomes clear that Lenin still had a much deeper and more holistic understanding of imperialism than he presented in this book.

An attempt to give a large-scale analysis of world imperialism as a whole with its internal laws was made by Rosa Luxemburg in her book ‘The Accumulation of Capital’, but this attempt was unsuccessful, and Rosa's theory turned out to be completely false.

The western imperialism would invade a sovereign nation, overthrow its legitimate government under the pretext of democracy, turn  great civilizations into rubble as in the case of Syria, Iraq, Libya and Yugoslavia.


Western Imperialism and  Nazism

In 1934, the Poles signed a non-aggression pact with the Germans. The Declaration was Hitler's first foreign policy success, which secured the eastern borders and allowed him to focus on expanding the western ones.

Polish leader Jozef Pilsudski and German propaganda minister Joseph Goebbels

The Polish leadership hoped to make friends with an aggressive neighbour and found common interests in the division of Czechoslovakia. However, neither the non-aggression pact nor the alliance with England and France helped the Poles: on April 28, 1939, Germany broke the agreement, and on September 1, Great Britain declared war. The Anglo-German Naval Agreement, signed in 1935, allowed Germany to acquire a navy. Prior to that, it was banned due to defeat in the First World War. As a result of the negotiations, the British allowed Hitler to build 5 battleships, 2 aircraft carriers, 21 cruisers and 64 destroyers. These forces equalized the Nazi state with Italy and France, and also gave an advantage over the naval forces of the USSR.

The Modern Nazism

The fact that Ukraine, in the three and a half years after the Maidan, has turned into a country of victorious surrealism, where the level of lawlessness has been elevated to the rank of state madness, is clear today, probably, to any sane person.

In fact, Ukraine today is a country where people are in power who preach this disgusting misanthropic ideology quite openly. Moreover, they even seem to take credit for it.

 Europe does not care about the “reincarnation” modern  Neo Nazis in Ukraine. Doesn’t condemn torchlight processions under banners with swastikas… State terror Desecration of graves and monuments doesn’t  hold the Neo  Nazis accountable  – for burning people in the Odessa House of Trade Unions shelling of Donbass and political assassinations.

Former U.S. senator John McCain With the Ukrainian Neo Nazis

SPENCER BOKAT-LINDELL
Devrions-nous vraiment éliminer culturellement la Russie ?

Spencer Bokat-Lindell, Debatable, The New York Times, 9/3/2022
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Un spectre hante la Russie - le spectre de la « cancellation » [l’élimination].

Le pianiste russo-allemand Igor Levit, à gauche, et la soprano russe Anna Netrebko. Illustration par le New York Times ; photos Stefanie Loos, Angelos Tzortzinis et mikroman6 via Getty Images

 

 

Alors que l'invasion de l'Ukraine par Vladimir Poutine entre dans sa troisième semaine, les consommateurs et les entreprises consciencieux de l'Occident ont riposté par ce que l'on ne peut décrire que comme un boycott culturel de masse.

 

En Russie, Disney et Warner Bros. ont suspendu leurs sorties en salle, et McDonald's, Starbucks et Coca-Cola ont suspendu leurs activités commerciales. Aux USA, les magasins d'alcool et les supermarchés ont retiré la vodka russe de leurs rayons, et le Metropolitan Opera a coupé les ponts avec l'une de ses sopranos les plus acclamées après qu'elle eut critiqué la guerre mais refusé de prendre ses distances avec Poutine. Et sur la scène internationale, l'Eurovision, la FIFA et les Jeux paralympiques ont interdit aux Russes de participer aux compétitions de cette année.


Ces sanctions informelles contre la culture et le business russes sont-elles justifiées et peuvent-elles modifier le cours de la guerre ? Ou s'agit-il de gestes histrioniques qui risquent de stigmatiser toute une population pour les crimes d'un autocrate ? Et qu'est-ce que l'invocation de la « cancel culture ["culture de l’élimination" ]- à la fois cliché rhétorique et phénomène matériel - révèle sur la façon dont la guerre est métabolisée via les médias sociaux ? Voici ce que disent les gens.

 

Les arguments en faveur de l’élimination

 

Il y a environ un siècle, les sanctions sont apparues sur la scène mondiale comme une alternative à la guerre conventionnelle, une "arme économique" destinée à imposer un fardeau si lourd à l'élite politique d'un pays qu'elle serait forcée de modifier son comportement. Conçues comme un outil à manier par des États-nations contre d'autres États-nations, les sanctions peuvent également être imposées - même de façon désordonnée - par des acteurs non étatiques contre d'autres acteurs non étatiques, comme nous le constatons actuellement.

 

Dans le domaine des arts, rapporte Javier C. Hernández pour le Times, les organisations font face à des pressions de la part des donateurs, des membres du conseil d'administration, du public et des utilisateurs des médias sociaux pour renvoyer les artistes russes qui ne prennent pas leurs distances avec Poutine ou ne s'expriment pas avec suffisamment de ferveur contre la guerre. Ces campagnes ne sont pas sans précédent, comme l'ont souligné certains commentateurs.

 

Mais le contrôle des artistes pour leurs croyances et leurs liens politiques soulève des questions difficiles. « Quel est le point à partir duquel l'échange culturel - toujours flou entre être un baume humanisant et un outil de propagande, une cooptation de la neutralité supposée de la musique - devient insupportable ? » demande Zachary Woolfe, rédacteur en chef de la rubrique musique classique au Times. "Qu'est-ce qu'une distance suffisante par rapport à des dirigeants autoritaires ? Et qu'est-ce qu'un désaveu suffisant, en particulier dans un contexte où s'exprimer pourrait menacer la sécurité des artistes ou de leurs familles ? »

 

Pour le pianiste d'origine russe Igor Levit, la question n'est pas si compliquée. « Être musicien ne vous dispense pas d'être un citoyen, de prendre des responsabilités », a-t-il commenté sur son compte Instagram, ajoutant le hashtag #StandWithUkraine. « Rester dans le vague lorsqu'un homme, en particulier celui qui est le dirigeant de votre pays d'origine, déclenche une guerre contre un autre pays et, ce faisant, cause également les plus grandes souffrances à votre pays d'origine et à votre peuple, est inacceptable ».

 

D'autres ont fait valoir que l'athlétisme est le meilleur domaine culturel pour mener la guerre contre Poutine. « Les sanctions contre Poutine dans le domaine des jeux ont une portée sans pareille, car elles l'exposent en sueur au seul public qu'il craint ou courtise vraiment : les Russes de la rue », affirme Sally Jenkins dans le Washington Post. « Sa marque de patriotisme belliqueux sans chemise - son nationalisme macho - a été une longue escroquerie, et ce n'est pas une mince affaire que de le faire tomber des podiums de médailles et d'exposer les talonettes de ses chaussures, ou d'arracher sa ceinture de judo et de montrer le ramollissement de son ventre et, en retour, d'affaiblir son influence ».


Jusqu'à présent, le retour de bâton culturel ne semble pas avoir fait grand-chose pour que Poutine change de cap - et pourrait même jouer en faveur du récit qu'il préfère, selon lequel la Russie est victime de l'Occident.

 

Pourtant, plus l'isolement culturel du pays persiste, "plus ces mesures ont de chances d’entamer le narratif de l'État", écrit Yasmeen Serhan dans The Atlantic. « Si les Russes ordinaires ne peuvent plus profiter d'un grand nombre des activités qu'ils aiment, y compris des choses aussi quotidiennes que regarder leurs équipes de football jouer dans des matchs internationaux, voir les derniers films et assister à des concerts en direct, leur tolérance à l'égard de la politique isolationniste de leur gouvernement diminuera ».

 

Le risque d'une nouvelle russophobie

 

Lorsque l'on tient la population d'un pays responsable des transgressions de son système politique, comment décider qui il est juste de punir ? Dans le cas de la Russie, l'économiste Tyler Cowen affirme que c'est impossible.

« Il n'est tout simplement pas possible de tracer des lignes de démarcation justes ou précises », écrit-il sur Bloomberg. « Qu'en est-il des artistes-interprètes qui ont peut-être favorisé Poutine à l'époque plus clémente de 2003 et qui sont aujourd'hui sceptiques, mais qui ont des membres de leur famille vivant toujours en Russie ? Doivent-ils s'exprimer ? »

 

Une autre question : « Qui compte exactement comme Russe ? Les Russes ethniques ? Les citoyens russes ? Les anciens citoyens ? Les Russes ethniques nés en Ukraine ? »

 

10/03/2022

LAWRENCE WRIGHT
L'elefantessa in aula: la battaglia legale per liberare Happy, prigioniera dello zoo del Bronx

Lawrence Wright, The New Yorker, 28/2/2022
Tradotto da
Fausto Giudice  e Silvana Fioresi, Tlaxcala

Lawrence Wright (Oklahoma City, 1947) è un giornalista usamericano. Membro della New York University School of Law, lavora per la rivista The New Yorker dal 1992. Ha vinto il premio Pulitzer per la narrativa nel 2007 per il suo libro The Looming Tower: Al Qaeda and the Road to 9/11 sugli attacchi dell'11 settembre 2001 e le loro conseguenze. Il suo libro più recente è «The Plague Year: America in the Time of COVID». Bibliografia

Una curiosa crociata legale per ridefinire il concetto di persona giuridica solleva profonde domande sull'interdipendenza tra regno animale e umano.


Gli animalisti vogliono che lo zoo del Bronx rilasci Happy, un’elefantessa abbastanza intelligente da riconoscere la propria immagine in uno specchio. Illustrazione di Gérard DuBois, The New Yorker

Secondo il codice civile dello Stato di New York, un’ordinanza di habeas corpus può essere ottenuta da qualsiasi "persona giuridica" che sia stata detenuta illegalmente. Nella contea del Bronx, la maggior parte di queste petizioni arriva per conto dei prigionieri di Rikers Island. Le petizioni di habeas corpus non sono spesso prese in considerazione dai tribunali, questa è solo una delle ragioni per cui il caso posto alla giudice della Corte Suprema di New York Alison Y. Tuitt - Nonhuman Rights Project v. James Breheny, et al [Progetto dei diritti di animali non umani contro James Breheny e altri] - è considerato straordinario. Il soggetto del caso era Happy, un’elefantessa asiatica dello zoo del Bronx. La legge usamericana considera tutti gli animali come "cose" - la stessa categoria dei sassi o dei pattini a rotelle. Tuttavia, se il giudice accettasse la richiesta di habeas corpus per trasferire Happy dallo zoo a un rifugio, davanti alla legge, sarebbe una persona. Avrebbe dei diritti.

L'umanità sembra andare verso un nuovo e radicale accordo con il regno animale. Nel 2013, il governo indiano ha vietato la cattura e la reclusione di delfini e orche, poiché è stato dimostrato che i cetacei sono sensibili e molto intelligenti, e "dovrebbero essere considerati come 'persone non umane'" con "i propri diritti specifici". I governi dell’Ungheria, del Costa Rica e del Cile, tra gli altri, hanno emesso restrizioni simili, e la Finlandia è arrivata al punto di redigere una dichiarazione dei diritti dei cetacei. In Argentina, un giudice ha stabilito che una femmina di orangotango del Parco Ecologico di Buenos Aires, chiamata Sandra, era una "persona non umana" e aveva diritto alla libertà - che in pratica significava essere mandata in un rifugio in Florida. Il presidente della Corte Suprema di Islamabad, in Pakistan, ha affermato che gli animali non umani hanno dei diritti quando ha ordinato il trasferimento di un elefante chiamato Kaavan, insieme ad altri animali dello zoo, in rifugi per animali selvatici; ha anche raccomandato di insegnare il benessere degli animali nelle scuole, come parte degli studi islamici. In ottobre, un tribunale americano ha riconosciuto che un branco di ippopotami, originariamente portato in Colombia dal barone della droga Pablo Escobar, era una "persona interessata" in un processo per impedire il loro sterminio. Il Parlamento britannico sta attualmente considerando un disegno di legge, sostenuto dal primo ministro Boris Johnson, che prenderebbe in considerazione gli effetti dell'azione del governo su qualsiasi animale sensibile.

Anche se la questione immediata posta alla giudice Tuitt riguardava il futuro di un’elefantessa solitaria, il caso ha sollevato la questione più ampia se gli animali rappresentano l'ultima frontiera nell'espansione dei diritti negliUSA - una progressione segnata dalla fine della schiavitù e dall'adozione del suffragio femminile e del matrimonio gay. Queste pietre miliari sono state il risultato di campagne duramente combattute che si sono evolute nel corso di molti anni. Secondo un sondaggio Gallup del 2015, un terzo degli usamericani crede che gli animali dovrebbero avere gli stessi diritti degli esseri umani, contro un quarto nel 2008. Ma tale protezione degli animali avrebbe conseguenze di vasta portata, compreso l'abbandono di un paradigma secolare delle leggi sul benessere degli animali.

Le vere e proprie discussioni sul caso Happy sono iniziate il 23 settembre 2019, in un'aula con pannelli di quercia piena di giornalisti, difensori e avvocati dello zoo. Kenneth Manning, che rappresenta la Wildlife Conservation Society, che gestisce lo zoo del Bronx, ha fatto una breve arringa iniziale. Ha fatto notare che il querelante - il Nonhuman Rights Project, o NhRP - era già conosciuto nel sistema giudiziario di New York con una mezza dozzina di petizioni simili sugli scimpanzé. Erano tutte finite male. Manning ha letto ad alta voce una di queste decisioni, che sosteneva che "le asserite capacità cognitive e linguistiche di uno scimpanzé non si traducono nell'abilità o nella capacità di uno scimpanzé, come gli umani, di assumere obblighi legali o di essere ritenuto legalmente responsabile delle sue azioni", e che l'animale non aveva quindi diritto all'habeas corpus. Il NhRP ha replicato che "probabilmente il dieci per cento della popolazione umana nello Stato di New York ha dei diritti, ma non può assumersi delle responsabilità, o perché sono neonati o bambini o perché sono pazzi o in coma o altro".