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20/02/2025

SERGIO RODRÍGUEZ GELFENSTEIN
De Bruselas a Riad, pasando por Múnich: ocho días que estremecieron el mundo (I)

Sergio Rodríguez Gelfenstein, 20-2-2025

Los acontecimientos internacionales han tomado un ritmo extraordinariamente acelerado. He consultado con algunos colegas y hemos concluido que se está haciendo difícil seguir el movimiento de hechos que están conmoviendo, transformando y reestructurando el sistema internacional a una velocidad nunca vista por lo menos en los últimos 80 años. Lo cierto es que el mundo de la posguerra parece desmoronarse. El consenso logrado en 1945 en Yalta y Potsdam acaba de recibir un golpe mortal en Múnich.


“Haz Europa pequeña otra vez” - Tom Janssen, Países Bajos

Hagamos un somero recorrido de los acontecimientos de los últimos días para constatar esta aseveración que emana la impronta que la administración Trump le está imponiendo al mundo: 

12 de febrero. El presidente de Estados Unidos informó que había sostenido una “larga y muy productiva” llamada telefónica con su homólogo ruso Vladimir Putin. Dijo que este quiere que la guerra en Ucrania termine y que cree que habrá un alto el fuego “en un futuro no muy lejano”. La llamada fue la primera conversación conocida entre ambos presidentes desde que Trump asumió el cargo el mes pasado.  

12 de febrero. El secretario de Defensa de Estados Unidos Pete Hegseth, durante su reunión en Bruselas con los miembros de la Organización del Tratado del Atlántico Norte (OTAN), declaró “directamente y sin ambigüedades” que Washington ya no priorizará la seguridad de Europa, determinó que la guerra entre Ucrania y Rusia “debe terminar”, pues su prioridad se enfoca en asegurar las fronteras del país norteamericano y evitar la guerra con China.

Hegseth afirmó que las realidades estratégicas actuales impiden que Estados Unidos siga siendo el principal garante de la seguridad en Europa. Estas mismas realidades obligan –según el jefe del Pentágono-  a una reducción de las fuerzas estadounidenses en la región.  La prioridad para Washington es enfrentar a China, a la que definió como “ un competidor de gran envergadura” porque tiene la capacidad y la intención de amenazar la seguridad nacional de Estados Unidos y sus intereses principales en la región del Indo-Pacífico.   Hegseth subrayó que la disuasión de un conflicto con China en el Pacífico es la misión más importante de su despacho. Reconoció la escasez de recursos y la necesidad de tomar decisiones difíciles para garantizar que el proceso no fracase.

El secretario de Defensa instó a los aliados europeos, miembros de la OTAN, a asumir un liderazgo activo. Les dijo tajante que: “La Casa Blanca ya no tolerará una relación desequilibrada que fomente la dependencia. En su lugar, la relación entre Estados Unidos y Europa se centrará en capacitar a los países europeos para que asuman la responsabilidad de su propia seguridad”.

14 de febrero. El vicepresidente de Estados Unidos, J.D. Vance, pronunció un discurso durante la 61.ª Conferencia de Seguridad de Múnich, en Alemania, sorprendiendo tanto a los presentes como a los países europeos aliados de Washington. En la disertación, el alto cargo estadounidense afirmó que: “La amenaza que más me preocupa respecto a Europa no es Rusia, no es China, no es ningún otro actor externo. Lo que me preocupa es la amenaza desde dentro, el retroceso de Europa respecto a algunos de sus valores más fundamentales, valores compartidos con Estados Unidos”. Sin tomar en consideración la perplejidad que generaban sus palabras, agregó que “Cuando vemos a las cortes europeas cancelando elecciones, con altos funcionarios amenazando con cancelar otras, tenemos que preguntarnos si nos ceñimos a unos estándares debidamente altos”.   

GIDEON LEVY
Il n’y a aucun pavé de la mémoire à Gaza pour honorer la mémoire des Palestiniens morts

Gideon Levy, Haaretz, 19/02/2025
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Dans le quartier berlinois de Charlottenburg, a écrit Naama Riba (Haaretz en hébreu, mardi), il y a une rue avec des dizaines de Stolpersteine, ou pavés de la mémoire, de couleur dorée, incrustés dans le trottoir en mémoire des Juifs qui y ont vécu autrefois. Le droit d’Israël à exister, a fait valoir Riba, découle des événements que ces pierres commémorent.

Les « Stolpersteine », des “pierres sur lesquelles on trébuche”, commémorent les dernières résidences volontaires de Juifs tués par les nazis. Ici dans la Servitengasse à Vienne. Photo Fausto Giudice

En revanche, dans le quartier de Rimal, à Gaza, il ne reste plus de trottoirs, seulement une dévastation totale. L’hôpital Al-Shifa de la ville a également été détruit, ainsi que des immeubles d’habitation, des écoles et des hôtels. Il n’y a pas de « Stolpersteine » dorés à Rimal pour honorer la mémoire des centaines de ses résidents palestiniens tués pendant la guerre. Si de telles pierres existaient, elles pourraient témoigner de la lutte du peuple palestinien pour un État qui le protégerait.

Mais Riba est aveugle aux ruines de Rimal et de Gaza. Elle ne voit que la façon dont les Palestiniens traitent les personnes LGBTQ+. Dans son éditorial, elle critique trois auteurs de Haaretz : Hanin Majadli, Michael Sfard et moi-même, pour avoir remis en question la légitimité de l’existence d’Israël, un État dont la justification – affirme-t-elle – réside dans les pierres de la rue Giesebrecht à Berlin-Charlottenburg.

Je n’ai jamais remis en question le droit d’Israël à exister. Ce que je remets en question, en revanche, c’est son droit d’agir comme il le fait et de commettre les atrocités qu’il commet. Ce sont les actions d’Israël qui remettent en question sa légitimité.

Depuis un siècle, les Palestiniens subissent des persécutions, des dépossessions, des meurtres et des destructions incessants. Aucun meurtre, pas même celui de l’arrière-grand-père de Riba, tué par des Arabes alors qu’il se rendait à la synagogue de Haïfa, ne peut justifier cela.

MICHAEL SFARD
Grâce à son régime, Israël est en train de perdre la justification de son existence

 L’abandon de ses citoyens en captivité au profit de la poursuite de l’idéologie messianique de la droite radicale, en plus de la répression effrénée des détracteurs du gouvernement, a fait d’Israël un État en faillite.

Michael Sfard , Haaretz,  18/2/2025
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Israël est en train de perdre progressivement la justification de son existence. D’un point de vue démocratique et humaniste, un État n’est pas une fin en soi, mais plutôt un moyen de réaliser les droits de ses citoyens et sujets. Tout comme une coopérative, l’État ne possède rien en propre ; tout ce qu’il a appartient à ses membres, et tous ses pouvoirs en découlent.

Un État est une entité politique destinée à servir les êtres humains. S’il ne le fait pas, surtout s’il aggrave leur situation, la justification de son existence s’évapore.

Il existe des États dont les régimes sapent cet objectif, des États qui ne servent que la classe dirigeante, qui exploitent ceux qui n’en font pas partie et sont indifférents au bien-être de leurs sujets. Ce sont des États corrompus, criminels, comme une banque qui vole les fonds de ses clients.

Il n’y a aucune justification à leur existence. Tout flirt avec le concept de l’État comme une fin en soi – comme une entité ayant son propre but plutôt qu’un moyen – est un flirt dangereux avec le fascisme. Cela peut sembler innocent au début, mais cela conduit finalement à des goulags où les opposants au régime sont emprisonnés.

L’objectif d’un État qui se dit démocratique est de créer un environnement juridique, politique, culturel, économique et sécuritaire qui permette à ses sujets de réaliser leurs talents, d’écrire librement leur propre histoire, d’exercer pleinement leur autonomie et de rechercher leur bonheur. Un tel environnement n’est possible que sur une base normative qui sanctifie les libertés fondamentales, la dignité humaine et l’égalité.

C’est pourquoi les droits humains et la démocratie sont indissociables. Il ne peut y avoir de véritable démocratie sans un système de gouvernance qui place au cœur de ses préoccupations la protection des droits fondamentaux de chaque individu sous l’autorité de l’État. De même, il n’y a pas de droits humains sans une structure politique fondée sur des valeurs démocratiques telles que des législateurs élus, la séparation des pouvoirs et l’État de droit appliqué de manière égale à tous. Cela devrait être aussi simple que cela. C’est ce que l’on devrait enseigner aux enfants en première année. Mais ce n’est pas ce qui se passe autour de nous, et ce n’est pas ce que l’on enseigne à nos enfants à l’école.


Patrick Chappatte, Le Temps, Genève

Le projet israélien prétendait établir une démocratie libérale, mais aujourd’hui, il est loin de cet idéal et continue de se déplacer rapidement dans la direction opposée chaque jour qui passe.

JACK KHOURY
Mahmoud Abbas limoge le haut responsable de l’Autorité palestinienne qui s’est opposé à la réduction des paiements aux familles des Palestiniens emprisonnés par Israël

Qaddura Fares s’est opposé à l’ordre donné la semaine dernière par le président palestinien de modifier la manière dont sont calculés les paiements aux familles de Palestiniens emprisonnés en Israël pour des infractions liées au “terrorisme”.

 Jack Khoury, Haaretz, 19/2/2025
Traduit par Fausto GiudiceTlaxcala

Le président palestinien Mahmoud Abbas a limogé le chef de sa Commission des affaires des détenus et des anciens détenus parce qu’il s’était opposé à un décret limitant les paiements reçus par les familles des Palestiniens emprisonnés en Israël.

Kamal Sharaf

En vertu du décret présidentiel qu’Abbas a publié la semaine dernière, les critères de paiement aux Palestiniens emprisonnés en Israël pour des infractions “terroristes” vont changer. Auparavant, le montant des allocations versées aux familles des prisonniers était fonction de la durée de leur peine, les paiements les plus élevés étant versés aux familles de ceux qui purgeaient les peines les plus longues. Désormais, les paiements seront basés sur la situation socio-économique des familles.


Mais Qaddura Fares, le chef de la commission et un responsable de longue date du parti Fatah d’Abbas, a fustigé le décret.

« Il n’est pas logique que les droits des prisonniers et des martyrs soient soumis à de nouveaux critères administratifs ou financiers qui ignorent l’aspect national de cette question », a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse qu’il a convoquée la semaine dernière. Il a ajouté que le décret pourrait nuire à de larges pans de la société palestinienne et a exhorté Abbas à revoir sa décision en consultation avec les institutions nationales palestiniennes.

D’autres membres du Fatah ont exprimé des critiques similaires à l’égard du nouveau décret.

19/02/2025

RONEN TAL
Le chercheur israélien Hani Zubida a une question pour les Mizrahim : “Quand allez-vous réaliser que vous êtes arabes ? ”

Le chercheur et activiste social Hani Zubida refuse d’accepter les stéréotypes sur les Mizrahim et aime jouer avec la double identité que suggère son nom tout en cherchant à promouvoir un nouveau discours ethnique israélien.


Hani Zubida. Photo : Ella Barak

Ronen Tal, Haaretz, 15/2/2025
Traduit par Fausto GiudiceTlaxcala

Hani Zubida a l’habitude d’être automatiquement traité comme un suspect dans les aéroports à cause de son nom, mais lors de l’interrogatoire de sécurité auquel il a été soumis à son entrée en Israël lors de sa dernière visite, il a estimé que les émissaires de l’État avaient exagéré.

« Ils nous ont soumis à trois contrôles. Aviva, ma femme, a failli craquer d’angoisse », raconte-t-il. « Une fille de 21 ans pensait que je suis arabe. Elle est allée parler aux responsables et cela a pris des heures. Elle est partie, revenue, puis repartie. Zubida. Arabe. Terroriste. Elle a des tonnes de questions. « Êtes-vous mariés ? » Oui. « Avez-vous des enfants ? » Oui. « Comment s’appellent les enfants ? » »

Zubida a affirmé à maintes reprises qu’en tant que Juif né en Irak, il vivait en harmonie avec son identité arabe. Mais cela ne signifie pas qu’il veut qu’on lui rappelle à chaque fois la procédure humiliante que subissent 20 % des citoyens israéliens lorsqu’ils ont l’envie de partir en vacances à l’étranger.

« Ils nous rendent toujours fous. Je comprends la question de la sécurité. Avant, j’essayais de garder mon calme, mais cette fois-ci, je n’ai vraiment pas trouvé ça drôle. Ce qui me met en colère, c’est l’ignorance qui permet que cela se produise. Mais d’un autre côté, ça équilibre ma perception du monde. J’ai un doctorat en sciences politiques, j’ai fait de la télévision, je suis célèbre, mais au final, tu as un nom arabe, alors calme-toi, tu n’es pas vraiment Israélien. »

Quand il n’est pas en train d’attendre pour s’enregistrer, Zoubi aime en fait défier le public avec sa double identité. « Je vais parler dans les zones périphériques, et ils me voient et s’énervent. Tout de suite, ils me disent : « Tu aimes les Arabes. » Je leur dis [en chuchotant] : « Ne le dites à personne, mais [en criant] vous êtes aussi des Arabes. Quand vous rentrez chez vous, quelle langue parlez-vous ? » Je sors le téléphone et je mets de la musique de Farid El Atrache, et tout le monde apprécie. « Alors, ça suffit. Vous êtes arabes. Quand allez-vous réaliser que vous êtes arabes ? »

La routine automatique du contrôle de sécurité - un homme d’apparence moyen-orientale soupçonné d’être arabe - aurait pu faire l’objet d’un article dans le recueil d’essais récemment publié par Zubida, coédité avec le Dr Reut Reina Bendrihem, Brique noire : les Juifs mizrahim écrivent une nouvelle réalité israélienne (en hébreu). C’est un livre ambitieux, d’une ampleur sans précédent (557 pages), qui cherche à proposer un nouveau discours ethnique israélien, inclusif et ouvert, en lieu et place de l’approche actuelle, exclusive, qui encourage la haine et sert principalement les politiciens et les pourvoyeurs de poison. Les 80 articles du livre ont été écrits par des universitaires, des intellectuels, des artistes et des militants sociaux, parmi lesquels Yehouda Shenhav-Shahrabani, Merav Alush Levron, Ishak Saporta, Yifat Bitton et Carmen Elmakiyes.

Le livre couvre presque tous les aspects imaginables de la vie israélienne : de l’éducation à la télévision, du système judiciaire au logement social, de l’affaire des enfants yéménites à l’équipe de football Betar de Jérusalem, du Shas aux kibboutzim, de la féminité à la masculinité, de la nourriture au design. Parmi les auteurs figurent également des Ashkénazes, des membres de la communauté éthiopienne et des Arabes.

« Nous voulions donner une tribune aux écrivains issus de groupes marginaux qui ont été exclus de l’écriture de l’histoire collective d’Israël », écrivent les éditeurs dans l’avant-propos. Il en ressort un panorama critique qui élargit la discussion et l’ouvre également à des groupes qui ne sont pas mizrahim, c’est-à-dire des Juifs dont les origines se trouvent au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. On y trouve une voix féministe prononcée, des expressions de solidarité avec les citoyens palestiniens d’Israël et un appel à une véritable égalité, le tout dans un contexte d’introspection, de reconnaissance des torts qui ont été commis et de volonté d’engager un dialogue sincère à leur sujet.

L’idée, explique Zubida, 58 ans, a vu le jour il y a six ans lors d’une rencontre sociale. « C’était à Nes Tziona, dans l’appartement de [l’intellectuel politique] Benny Nurieli et [de l’anthropologue] Reut Reina Bendrihem, qui étaient alors en couple. Une réunion autour d’un café et d’une bière, au cours de laquelle une conversation s’est engagée sur ce qui manquait à la société israélienne. J’ai dit que ce qui manquait, c’était un nouveau contenu, que nous utilisions des concepts obsolètes pour voir le monde contemporain, et que nous devions les mettre à jour.

J’ai suggéré de publier un recueil d’articles. Qu’il devrait contenir au moins 50 % de femmes et que je voulais également une représentation de l’Éthiopie, de l’ex-Union soviétique et des pays arabes. Le but de ce livre n’est pas de dénigrer davantage. Vous n’êtes pas obligés d’être d’accord avec ce que je dis, mais parlons-en, et pas dans des cercles de dialogue où le fort vient vers le faible et lui dit : « Viens, assieds-toi, défoule-toi, puis retourne retrouver tes amis. »

18/02/2025

OTO HIGUITA
Colombia: ¿para dónde va el gobierno del cambio?

Oto Higuita, 19-2-2025

El gobierno del cambio que encabeza el presidente Gustavo Petro está ante una decisiva encrucijada. ¿Qué camino tomar, a la izquierda, a la derecha o al centro?

Mucha gente cree que el presidente va a dar un timonazo para cambiar el rumbo que ha tomado su gobierno, ante el incumplimiento de 146 de los 195 compromisos, solo un escaso 25% de lo prometido en campaña se ha cumplido. Fracaso del cual responsabiliza a sus ministros y directores de departamentos administrativos. 

Lo que no está claro es hacia qué dirección dará el timonazo en el tiempo que resta para que termine el período presidencial. 

Lo que sí está claro es que Gustavo Petro busca quedar ante la historia como el presidente revolucionario, el gobierno no lo es, como afirmó en el primer consejo de ministros público del pasado 4 de febrero, dando a entender que sus ministros no son revolucionarios; no cumplieron con las metas que se trazó el gobierno, pues lo logrado está muy por debajo de las expectativas del pueblo que lo eligió.

Lo que sucedió en la reunión en la Casa de Nariño, cuando el jefe de Estado salió en directo por la televisión y las redes sociales de la presidencia a anunciar que haría público el consejo de ministros, puede calificarse como una jugada política maestra que trajo varias sorpresas. 

Las sorpresas del consejo de ministros

El regaño público a sus ministros por no cumplir el programa de gobierno que se acordó con el pueblo. Mostrar a toda Colombia un balance de gestión bastante pobre. Sorpresiva fue la manera como despotricó de la última guerrilla histórica que queda en Colombia, el ELN, para luego justificar la vuelta a la estrategia contrainsurgente, lo cual significa nada más y nada menos que deshacerse de la paz total y acoger la vieja doctrina de la seguridad nacional, decretando el Estado de conmoción interior por 90 días.  

Ni el objetivo maximalista de hacer de Colombia una potencia mundial de la vida se va a poder realizar, de no llegar a un acuerdo definitivo sobre la paz total; más difícil aún lograr sin completar la reforma institucional profunda (tributaria, laboral, salud, pensional) que requiere el Estado, hoy frenada por la mayoría parlamentaria al servicio de la oligarquía, lo cual lleva a poner en entredicho el gran sueño del gobierno del cambio.

Sorpresivo también que se ventilaran al aire las fuertes contradicciones dentro del gobierno. Haber atornillado a un personaje oscuro y negativo para el proyecto progresista en Colombia como Armando Benedetti, quien encarna precisamente valores contrarios a los que representa el gobierno del cambio.

REINALDO SPITALETTA
USAID : sous le masque, le vrai visage de la “charité” impérialiste

Reinaldo Spitaletta, Sombrero de Mago, 18/2/2025
Traduit par Fausto GiudiceTlaxcala

Au début des années 1960, en pleine guerre froide, John Kennedy, en réaction à la révolution cubaine, comme on pensait qu’un tel mouvement social était “contagieux”, a conçu une tactique de contrôle impérialiste : l’Alliance pour le progrès. L’idée, dans le but de maintenir l’Amérique latine sous son joug, était de promouvoir certains développements économiques par le biais d’une politique accompagnée d’ingérences dans les affaires intérieures des pays. Dans ce cadre, les USA ont créé l’Agence pour le développement international, l’USAID [et la même année, 1961, le Peace Corps, familièrement appelé Peace Corpse, Cadavre de la Paix, NdT].

Lisa Benson, USA

Maintenant que Donald Trump a mis fin à cet organisme d’« aide internationale », qui s’est également consacré pendant des années au financement de fondations et d’organismes non gouvernementaux, qui apparaissaient comme indépendants, il convient de rappeler les antécédents de cette forme de domestication à la mode de Washington.

L’Alliance pour le progrès, lancée en Colombie sous le gouvernement docile d’Alberto Lleras Camargo, fondateur du Front national, a été remise en question lors de la célèbre réunion de l’OEA à Punta del Este, en Uruguay, à laquelle Che Guevara assistaiet en tant que ministre de l’Industrie de Cuba. « Le peuple qui achète commande. Le peuple qui vend, sert. Il faut équilibrer le commerce pour assurer la liberté », a déclaré le Che, qui a qualifié l’OEA de ministère des colonies des USA.

Parfois avec des mécanismes d’étrange « charité », parfois avec les secteurs pauvres d’Amérique latine, et d’autres fois avec une ingérence ouverte dans les affaires intérieures des pays qui constituaient l’immense territoire de la métropole, celle-ci, par l’intermédiaire de la CIA et d’autres organismes moins évidents dans leur interventionnisme, a déplacé des pions, encouragé des coups d’État, mis en place et destitué des présidents. Il s’agissait d’une vieille pratique impériale, avec des colonisations culturelles et économiques, mais avec l’utilisation d’un masque dissimulant sa nature vampirique et ses agressions.

Maintenant, alors que l’agitation autour de l’extinction de l’USAID, qui déguisait en « aides » ce qui était en réalité un achat de consciences, une mise en scène pour maintenir la domination impériale dans quasiment le monde entier, n’est pas encore retombée, des vieilles méthodes se font jour, comme l’infiltration de journaux, d’ONG, l’achat d’“intellectuels” et autres “saloperies”.

Les tentacules de l’« agence d’aide » usaméricaine, étendues à presque toutes les latitudes, ont piégé des médias qui se présentaient comme indépendants, mais qui, en substance, étaient au service des politiques d’expansion de Washington et des grandes entreprises. Elle a fabriqué des « pauvres de droite », a fait plier la conscience des journalistes, a infiltré le pouvoir judiciaire dans de nombreux endroits, a soutenu des médias qui se présentaient comme progressistes. Un réseau de pouvoir impérial.

C’est peut-être à cause de toutes ces pratiques qui ont contaminé certains médias vénaux que la tactique consistant à garder un « silence stratégique » sur certains sujets comme le génocide d’Israël contre la Palestine, a été adoptée. C’est la politique néfaste du « tout s’achète », « tout se vend ». Ou, pourquoi pas, celle qui est très manifeste ici et là, du « tout est permis ». Avec de telles aides, la yanquilandia pouvait établir les « ordres du jour informatifs », que dis-je, idéologiques, et bien sûr désinformatifs, de nombreux médias sous son contrôle.

Pour une poignée de dollars, des acteurs comme Angelina Jolie et Sean Penn ont soutenu l’Ukrainien Zelensky. L’Agence leur a versé du pognon à cet effet. Maintenant, il faut penser que la « nouvelle droite », dirigée par Trump et Musk, n’a pas l’intention de démocratiser quoi que ce soit, ou qu’elle a eu un élan « libertaire ». Son idée est, comme l’a déjà dit l’homme à la touffe oxygénée, de renforcer d’abord les marchés intérieurs, de revenir dans son délire à rendre à nouveau grand un empire qui, qu’on le veuille ou non, est en déclin.

Oui, l’empire est en déclin, lui qui a longtemps camouflé ses agressions, ses infiltrations et autres ingérences dans les affaires intérieures des peuples en « aide humanitaire » et « assistance économique ». Trump, qui aspire en même temps à élargir l’orbite impériale au Groenland et au Canada, a finalement démantelé l’agence internationale d’aide. Quelle est sa véritable intention ?

Pour en revenir au début, l’Alliance pour le progrès, une farce des USA pour capter ses sujets, n’a pas mis fin à la misère en Amérique latine. Elle l’a maintenue et aggravée. Elle a aggravé la pénurie alimentaire, les famines, et a été bien loin de mettre fin aux cordons de misère, qui s’étendent dans de nombreux pays, dont la Colombie. Sept ans après le début de cette expérience yankee, Richard Nixon a déclaré que la malnutrition et la pénurie alimentaire en Amérique latine s’étaient aggravées. Et que ce fût l’un des principaux agresseurs impérialistes contre les pays de ce sous-continent qui le dise, c’était franchement marrant.

On sait depuis des années qu’il faut se méfier de certaines aides, de certaines agences, de certaines politiques impérialistes. Derrière Trump et Musk, il y a d’autres dangers qui menacent les peuples.

 

Glenn Lelievre, Australie

Réunion élargie des forces et personnalités civiles et politiques syriennes (15-16 février 2025) : Déclaration finale

Réunion élargie des forces et personnalités civiles et politiques syriennes, 16/02/2025
Traduit par Ayman El Hakim, Tlaxcala

Ô grand peuple de Syrie

Ô peuple du sacrifice et de la rédemption, berceau des premières civilisations de l’histoire

Ô notre peuple, qui souffres encore de privations, d’oppression, de sang et du danger de la partition, de la division et des clivages sociaux qui menacent l’unité du pays et l’unité du peuple.

Afin de lutter pour alléger les souffrances de notre peuple, de répondre à tous ces dangers en établissant les bases d’une action nationale libre, de lutter pour restaurer l’unité nationale de tout le peuple, de lever l’injustice pour tous, de rejeter la monopolisation du pouvoir par quelque parti que ce soit, afin de ne pas retomber dans un régime monolithique totalitaire et de ne pas répéter la tragédie nationale, et sous la devise :

La religion pour Dieu et la patrie pour tous - Citoyenneté égale et Dignité humaine.

Pour tous ces objectifs :

La réunion nationale syrienne élargie s’est tenue dans les villes syriennes et dans la ville suisse de Genève les 15 et 16 février 2025, avec une participation à distance pour ceux qui ne pouvaient pas y assister physiquement. L’ appel à tenir cette réunion élargie a été lancé au vu des conditions politiques, sécuritaires, économiques et sociales dont souffre encore notre peuple syrien.

L’objectif des révolutionnaires syriens a été de renverser le régime Assad, qui a fait des ravages sur le peuple syrien pendant un demi-siècle et plus, comme notre peuple syrien a payé de lourds prix pour son renversement depuis le début de la révolution syrienne le 18 mars 2011, et aussi avant son début, de nombreux combattants syriens ont payé de leur vie pour la lutte contre la famille  criminelle Assad criminelle et son système totalitaire.

Le 8 décembre 2024 est venu nous donner une dose d’espoir à la veille de la chute du tyran Bachar el-Assad et de ses acolytes, car c’était le jour que nous voulions, comme le dit la chanson nationale populaire.

Cependant, dès les premiers jours, nous, patriotes syriens, avons commencé à voir des choses et des comportements inquiétants qui n’ont jamais fait partie des objectifs de la révolution de la liberté et de la dignité.

La nouvelle administration a annoncé unilatéralement, d’une manière qui monopolise la décision nationale, sans respecter les luttes de tous ceux qui se sont sacrifiés pour le succès de la révolution, des décisions qui suscitent une profonde inquiétude sur ce qui se passe, et suggèrent que la nouvelle administration, malgré la rhétorique du chef du commandement pour dissuader les critiques, Ahmad al-Sharaa, et son discours mielleux à divers médias, est en train d’établir un nouveau régime totalitaire qui est unilatéral et non pas pluraliste.

Reunión ampliada de las fuerzas y personalidades civiles y políticas sirias (15-16 de febrero de 2025): Declaración final

Reunión ampliada de las fuerzas y personalidades civiles y políticas sirias, 16-2-2025

Traducido por Ayman El Hakim, Tlaxcala

Oh gran pueblo de Siria

Oh pueblo del sacrificio y la redención, cuna de las primeras civilizaciones de la historia

Oh nuestro pueblo, que aún sufre privaciones, opresión, sangre y la amenaza de la partición, la división y los fraccionamientos sociales que amenazan la unidad del país y la unidad del pueblo.

Para luchar por aliviar el sufrimiento de nuestro pueblo, responder a todas estas amenazas estableciendo las bases de una acción nacional libre, luchar por restaurar la unidad nacional de todo el pueblo, eliminar la injusticia para todos, rechazar la monopolización del poder por cualquier partido, para no volver a caer en un régimen totalitario monolítico y no repetir la tragedia nacional, y bajo el lema:

La religión para Dios y la patria para todos - Ciudadanía igualitaria y dignidad humana.

Para todos estos objetivos:

La reunión nacional siria ampliada se celebró en las ciudades sirias y en la ciudad suiza de Ginebra los días 15 y 16 de febrero de 2025, con participación a distancia para aquellos que no pudieron asistir físicamente. El llamamiento a celebrar esta reunión ampliada se hizo en vista de las condiciones políticas, de seguridad, económicas y sociales que aún sufre nuestro pueblo sirio.

El objetivo de los revolucionarios sirios ha sido derrocar al régimen de Assad, que ha causado estragos en el pueblo sirio durante más de medio siglo, ya que nuestro pueblo sirio ha pagado un alto precio por su derrocamiento desde el inicio de la revolución siria el 18 de marzo de 2011, y también antes de su inicio, muchos combatientes sirios han pagado con su vida la lucha contra la familia criminal de Ásad y su sistema totalitario.

El 8 de diciembre de 2024 nos dio una dosis de esperanza en vísperas de la caída del tirano Bachar el-Ásad y sus acólitos, porque era el día que queríamos, como dice la popular canción nacional.

Sin embargo, desde los primeros días, nosotros, los patriotas sirios, empezamos a ver cosas y comportamientos preocupantes que nunca formaron parte de los objetivos de la revolución de la libertad y la dignidad.

La nueva administración ha anunciado unilateralmente, de una manera que monopoliza la decisión nacional, sin respetar las luchas de todos aquellos que se sacrificaron por el éxito de la revolución, decisiones que suscitan una profunda preocupación por lo que está sucediendo, y sugieren que la nueva administración, a pesar de la retórica del jefe del mando Ahmad al-Sharaa  para disuadir a los críticos,  y su discurso meloso en diversos medios de comunicación, está estableciendo un nuevo régimen totalitario que es unilateral y no pluralista.

La nueva administración ha anunciado nombramientos en el mando del ejército y en el Ministerio de Defensa sin respetar la lucha y los sacrificios de los 6.000 oficiales que desertaron del régimen de Ásad, como si no existieran. También ha concedido grados militares en el ejército sirio a personas no sirias cuyas manos están manchadas de sangre siria, y ha ignorado a la gran mayoría de los hijos de la revolución, oficiales, suboficiales y soldados que lo dieron todo para liberar a Siria de la corrupción y la tiranía.

Expanded meeting of Syrian civil and political forces and personalities (February 15-16, 2025): Final declaration

Expanded meeting of Syrian civilian and political forces and personalities, 16/02/2025

Translated by Ayman El Hakim, Tlaxcala

 O great people of Syria

O people of sacrifice and redemption, cradle of the first civilizations in history

O our people, who still suffer deprivation, oppression, bloodshed and the danger of partition, division and social splits that threaten the unity of the country and the unity of the people.

In order to fight to alleviate the suffering of our people, to respond to all these dangers by establishing the basis for free national action, to fight to restore the national unity of the entire people, to lift injustice for all, to reject the monopolization of power by any party whatsoever, so as not to fall back into a totalitarian monolithic regime and not to repeat the national tragedy, and under the motto:

Religion for God and Fatherland for all - Equal Citizenship and Human Dignity.

For all these objectives:

The expanded Syrian national meeting was held in Syrian cities and in the Swiss city of Geneva on February 15 and 16, 2025, with remote participation for those who could not attend in person. Calls to hold this expanded meeting were made in view of the political, security, economic and social conditions that our Syrian people are still suffering from.

The goal of the Syrian revolutionaries has been to overthrow the Assad regime, which has wreaked havoc on the Syrian people for half a century and more, as our Syrian people have paid a heavy price for its overthrow since the beginning of the Syrian revolution on March 18, 2011, and also before it began, many Syrian fighters have paid with their lives for the struggle against the criminal Assad family and its totalitarian system.

December 8, 2024 came to give us a dose of hope on the eve of the fall of the tyrant Bashar al-Assad and his cronies, because it was the day we wanted, as the popular national song says.

However, from the very first days, we Syrian patriots began to see worrying things and behaviours that were never part of the objectives of the revolution for freedom and dignity.

The new administration has unilaterally announced decisions that monopolize the national decision-making process, without respecting the struggles of all those who sacrificed themselves for the success of the revolution. These decisions have given rise to deep concern about what is happening, and suggest that the new administration, despite the rhetoric of the head of the command Ahmad al-Sharaa,  to dissuade critics, and his smooth talk  to various media, is establishing a new totalitarian regime that is unilateral and not pluralistic.

The new administration has announced appointments to the army command and the Ministry of Defense without respecting the struggle and sacrifices of the 6,000 officers who defected from the Assad regime, as if they did not exist. It has also awarded military ranks in the Syrian army to non-Syrians whose hands are drenched in Syrian blood, and has ignored the vast majority of the sons of the revolution, officers, non-commissioned officers and soldiers who have given their all to free Syria from corruption and tyranny.

للاجتماع الموسع للقوى والشخصيات المدنية والسياسية السورية (15-16/شباط/2025): البيان الختامي

الاجتماع الموسع للقوى والشخصيات المدنية والسياسية السورية في 2/16/ 2025

يا شعب سوريا العظيم

يا شعب التضحية والفداء ويا عنوان الحضارات الأولى في التاريخ

يا شعبنا الذي لازال يعاني من الحرمان والقهر والدم وخطر التقسيم والاقتسام والانقسام الاجتماعي الذي يهدد وحدة البلاد ووحدة الشعب.

من أجل الكفاح لرفع هذه المعاناة عن شعبنا، ورد كل هذه المخاطر عبر إرساء قواعد العمل الوطني الحر، والكفاح لاستعادة الوحدة الوطنية بين جميع أبناء الشعب ورفع الظلم عن الجميع، ورفض استئثار أية جهة بالسلطة، حتى لا نقع مرة ثانية في أتون نظام أحادي شمولي فتتكرر المأساة الوطنية، وتحت شعار

(الدين لله و الوطن للجميع) (المواطنة المتساوية) و(الكرامة الإنسانية)،

من أجل كل هذه الأهداف:

انعقدت في مدن سورية وفي مدينة جنيف السويسرية أعمال الاجتماع الوطني السوري الموسع بتاريخ 15/16 شياط /فبراير 2025م، ومشاركة عن بعد لمن لم يتمكن من الحضور الفيزيائي، وقد جاءت الدعوات لعقد هذا الاجتماع الموسع بالنظر إلى الأوضاع السياسية والأمنية والاقتصادية والاجتماعية التي لازال  يعاني منها شعبنا السوري.

لقد كان هدف ثوار سورية  اسقاط نظام الإجرام الأسدي الذي عاث فساداً وتنكيلاً وتقتيلاً بالشعب السوري لنصف قرن و يزيد ، حيث دفع شعبنا السوري أثماناً باهظة من أجل إسقاطه منذ انطلاقة الثورة السورية في 18/آذار/2011م ، وقبل انطلاقتها أيضاُ، فلقد دفع الكثير من المناضلين السوريين حياتهم ثمناً من أجل الكفاح ضد عائلة الأسد المجرمة ونظام المزرعة الشمولي الاستبدادي.

ولقد جاء يوم الثامن من كانون الأول عام 2024م ليعطينا جرعة من الأمل ليلة سقوط الطاغية بشار الأسد وزبانيته، فهذا هو اليوم الذي كنا نريده، كما تقول الأهزوجة الوطنية الشعبية (هذا اليوم الكنا نريده).

لكن ما إن طلعت الأيام الأول،  والتي تلت، حتى بدأت تتبدى لنا كوطنيين سوريين أمورا مقلقة وسلوكيات لم تكن يوماً من أهداف ثورة الحرية و الكرامة.

فلقد أعلنت الإدارة الجديدة ومن طرف واحد، وبأسلوب يستأثر بالقرار الوطني، دون أن يحترم نضالات كل من ضحوا من أجل نجاح الثورة، قرارات تدعو إلى القلق العميق مما يجري، وتشي  بأن الإدارة الجديدة برغم خطاب رئيس غرفة عمليات ردع العدوان السيد أحمد الشرع وخطابه المعسول إلى وسائل الإعلام المختلفة، تقوم بتأسيس نظام شمولي جديد أحادي لا تعددي.

MOHAMMED MHAWISH
Instantanés : J’ai parlé avec 20 personnes à Gaza après le cessez-le-feu. Mon cœur s’est brisé 20 fois

Au lendemain de la guerre, les habitants de Gaza recollent les morceaux de leurs maisons, de leurs familles et de leurs vies. Ces 20 instantanés montrent à quoi ressemble la survie et ce qu’elle coûte.

Mohammed R. Mhawish,  6/2/2025
Traduit par Fausto GiudiceTlaxcala

Mohammed Mhawish est un journaliste palestinien indépendant de Gaza, actuellement réfugié en Égypte. Il collabore avec plusieurs sites et médias anglophones. Meta Insta x

 

Dans les semaines qui ont suivi le cessez-le-feu, j’ai parlé à vingt personnes à Gaza - des mères, des pères, des enfants et des grands-parents - pour connaître leurs premiers moments, leurs premiers jours et leurs premières semaines après l’arrêt des bombardements. Leurs récits ne se limitent pas à la survie. Ils parlent de la perte : de maisons, d’êtres chers, de rêves, du rythme de la vie quotidienne.


Gaza au lendemain de la guerre. Photo Mohammed Salem/Reuters

 Ahmed, 32 ans, ouvrier du bâtiment (camp de Jabaliya)

A couru 5 kilomètres pour retrouver ses parents, une heure après l’annonce du cessez-le-feu.

« Je n’ai même pas réfléchi. J’ai couru si vite que mon cerveau et mon cœur avaient du mal à me rattraper. Lorsque j’ai vu ma mère, vivante et debout dans l’embrasure de la porte, je suis tombé à genoux. Elle tenait un balai et balayait les décombres comme si c’était un mardi comme les autres. Je l’ai serrée dans mes bras et ne l’ai pas lâchée pendant des minutes. Avant la guerre, je construisais des maisons pour les gens. Maintenant, je ne sais même pas si je pourrai reconstruire la mienne ».

Mariam, 45 ans, enseignante (Beit Hanoun)

Elle a marché dans les ruines de sa maison, ramassant des fragments des jouets de ses enfants, trois heures après le cessez-le-feu.

« J’ai trouvé la petite voiture de mon fils sous les débris de béton. Elle était écrasée, mais je l’ai tenue comme si c’était de l’or. J’ai continué à creuser : des photos, une tasse de thé, ma robe de mariée. Chaque pièce était comme une partie de moi. Mais je n’ai pas pleuré. J’ai continué à creuser ».

Youssef, 17 ans, étudiant (Ville de Gaza)

A fait la queue pendant des heures à un point de distribution d’aide improvisé le deuxième jour du cessez-le-feu.

« Je n’avais pas mangé depuis deux jours. Mon estomac se mangeait tout seul. Lorsque j’ai enfin obtenu le sac de farine, je l’ai serré dans mes bras comme s’il s’agissait de mon petit frère. J’ai couru jusqu’à la maison et ma mère a fait du pain dans la rue. Nous n’avons même pas attendu qu’il refroidisse. Je voulais aller à l’université à l’étranger. Mon rêve est devenu d’avoir un repas complet ».

Samira, 60 ans, grand-mère (Shuja’iyya)

A organisé un groupe de femmes pour nettoyer la mosquée locale, deux jours après le cessez-le-feu.

« La mosquée était à moitié détruite, mais le minaret était toujours là. Je me suis dit : “Si le minaret est encore là, nous le sommes aussi”. Nous avons balayé, transporté des briques et même lavé le sol avec l’eau d’un tuyau cassé. Au coucher du soleil, c’était à nouveau un lieu de paix. Mais la prière du vendredi n’est pas la même sans mes petits-enfants ».

Khaled, 28 ans, pêcheur (camp d’Al Shati [La Plage])

A enterré son frère à mains nues, trois jours après le cessez-le-feu.

« Nous n’avions pas de pelle. Nous n’avions que nos mains. J’ai creusé le béton jusqu’à ce que mes doigts saignent. Shady aimait la mer, alors je l’ai enterré au bord de l’eau. Je suis restée assis à regarder les vagues pendant des heures. Je ne pouvais pas pleurer. Je n’arrêtais pas de dire : “Je suis désolé”. Son visage est là chaque fois que je regarde la mer ».

Leila, 9 ans, enfant (Rafah)

Joue à la marelle dans une rue bombardée, quatre jours après le cessez-le-feu.

« Maman m’a dit de ne pas m’éloigner, mais je voulais juste jouer. J’ai dessiné des cases de marelle avec un morceau de craie que j’avais trouvé. Mes amis sont venus, et pendant un petit moment, on se serait cru à l’Aïd. Nous avons ri si fort que les voisins sont sortis pour nous regarder ».

17/02/2025

MOSAB ABU TOHA
Gaza doit être reconstruite par les Palestiniens, pour les Palestiniens

Les Palestiniens qui reviennent après le cessez-le-feu sont confrontés à la destruction de leurs maisons et à l’horreur de la proposition du président Trump de transformer Gaza en « Riviera du Moyen-Orient » en commettant un nettoyage ethnique.

Mosab Abu Toha, The New Yorker, 12/2/2025
Traduit par 
Fausto GiudiceTlaxcala

Mosab Abu Toha (Gaza, 1992) est un poète de Gaza, fondateur en 2017 de la bibliothèque Edward-Said, la première bibliothèque anglophone de Gaza. Il a pu quitter Gaza avec sa famille en novembre 2023 et aller aux USA, après une brève détention par les Israéliens. Il est l’auteur de « Things You May Find Hidden in My Ear » [Ce que vous trouverez caché dans mon oreille, Julliard, 2024] et de « Forest of Noise ».


Lorsque j’ai entendu pour la première fois le président Donald Trump faire des commentaires sur l’avenir de Gaza, j’étais à New York, à une projection spéciale célébrant la nouvelle saison de l’émission Netflix de mon ami Mo Amer, « Mo ». Puis un autre ami m’a envoyé un texto : « Conférence de presse horrible de Trump dans laquelle il dit que l’Amérique prendra le contrôle de Gaza. Nous en reparlerons demain. » J’étais choqué. Mais à qui les USA prendraient-ils Gaza ? Les forces israéliennes ont rasé des quartiers entiers avant de se retirer. Mon ami Ahmad, de Beit Hanoun, dans le nord de Gaza, m’a dit que les gens étaient retournés dans leur quartier non pas pour reprendre leur ancienne vie, mais « pour vivre sur les décombres de leur maison ». Mais même les décombres de Gaza ont un sens pour nous. C’est là que nos proches ont vécu et sont morts. Le moment venu, nous serons les seuls à enlever ce qui doit être enlevé, pour le réutiliser ensuite afin de reconstruire.


Un homme de Jabaliya vend du pain sous les restes de sa boulangerie, détruite lors d’une attaque israélienne. Photo Kareem Hana / AP

Les Gazaouis « vont connaître la paix », a déclaré Trump. « Ils ne seront pas abattus, tués et détruits comme cette civilisation de gens merveilleux a dû le subir. La seule raison pour laquelle les Palestiniens veulent retourner à Gaza est qu’ils n’ont pas d’autre choix. C’est actuellement un site de démolition. » Il n’a pas parlé de qui avait tiré, tué et détruit : l’armée israélienne, avec le soutien du gouvernement usaméricain.

Au lieu de cela, Trump a parlé de transformer la bande de Gaza en « Riviera du Moyen-Orient », comme si personne n’y vivait. Plus tard, lorsqu’on lui a demandé combien de personnes devraient être contraintes de quitter leur patrie, Trump a répondu : « Toutes... Probablement environ 1,7 million de personnes, peut-être 1,8 million... Je pense qu’ils seront réinstallés dans des régions où ils pourront mener une belle vie et ne pas craindre de mourir chaque jour. » Il a également déclaré qu’il avait le sentiment que le roi de Jordanie et le président de l’Égypte « ouvriront leur cœur » aux Palestiniens pendant la reconstruction de la région, comme si quelqu’un d’autre que les Gazaouis allait faire ce travail difficile et lent.

Je ne vais pas prendre la peine de corriger les chiffres de Trump. J’ai plutôt une question. Qui a dit que les Gazaouis avaient peur de mourir ? Beaucoup de gens dans le monde ont peur de mourir, y compris certains USAméricains qui n’ont pas d’assurance maladie ou qui vivent dans des zones à risque d’incendies de forêt. Mais notre inquiétude n’est pas de mourir. Les Palestiniens craignent d’être tués par les soldats et les colons israéliens, par les bombes et les balles. Comment empêcher les gens d’être tués ? Pas en éliminant les personnes qui ont été victimes de tirs et de bombardements, mais en arrêtant ceux qui tirent et bombardent.