09/08/2025

AMOS PRYWES
Comment pouvons-nous continuer à savoir que les Gazaouis meurent de faim et que nous, Israélien·nes, restons silencieux·ses ?

La question de la responsabilité ne concerne pas qui nous sommes, mais ce que nous faisons et notre capacité à corriger nos actes. Les Israéliens peuvent s’inspirer de la psychanalyse et essayer de faire le premier pas pour cultiver la compassion.

Amos Prywes, Haaretz, 7/8/2025
Traduit par Tlaxcala


Amos Prywes est un psychologue clinicien israélien, auteur de De Freud au porno (Pardes, 2025, en hébreu)

 


La question ci-dessus ne m’a pas été envoyée, elle a été posée lors d’une récente manifestation en Israël contre la guerre à Gaza. J’ai décidé d’y répondre ici, car j’ai senti qu’elle planait sur bon nombre des questions qui m’ont été envoyées. Cette question est difficile à ignorer, même s’il est presque impossible d’y répondre.

Nous devons être honnêtes et dire que la réponse simple pourrait être « parce que ». La réalité est qu’à côté des nouvelles déprimantes et des images choquantes, nous continuons à nous consacrer sans réserve au drame de nos vies personnelles. Nous embrassons nos enfants, nous nous agaçons du chauvinisme de la version israélienne de « Big Brother » et nous nous disputons pour de l’argent. Alors, si nous mettons de côté notre moralisme, peut-être avons-nous continué comme si de rien n’était ?


Images de Mohammed Y. M. Al-Yaqoubi/Anadolu/AFP photoshoppées par Nadav Gazit

La vérité, c’est que même si nous pensons que c’est le cas, la guerre façonne certains aspects de l’image que nous avons de nous-mêmes et de notre perception de la réalité, de manière subtile. Alors, que signifie vivre face à de telles accusations ?

Bien sûr, chacun réagit différemment. Certains nient qu’il y ait quoi que ce soit à se reprocher, d’autres sont d’accord avec ces accusations, et d’autres encore adoptent une position intermédiaire, du genre « C’est terrible ce que fait à Gaza ce gouvernement pour lequel je n’ai pas voté ».

Quelle que soit notre position par rapport au sentiment de culpabilité, notre réponse repose presque toujours sur un engagement émotionnel circulaire qui ne mène nulle part. En général, la culpabilité nous amène à nous poser la question narcissique « Suis-je mauvais ? » et à engager un dialogue avec une figure parentale imaginaire qui nous réprimande.

En ce sens, il existe un lien fondamental entre la culpabilité et l’auto-victimisation. Les personnes coupables sont toujours confrontées à des forces plus grandes qu’elles et se rabaissent en leur présence.

Dans l’une de ses conférences sur la psychanalyse, Freud a comparé la conscience coupable à une personne qui se fait réprimander après avoir cassé un chaudron qui lui avait été confié pour qu’elle le garde. La personne se défend dans une sorte de boucle logique destinée à semer la confusion, du genre : « Je n’ai jamais emprunté de chaudron, il était cassé quand je l’ai reçu et il  était intact quand je l’ai rendu. » Ce raisonnement fallacieux est désormais connu sous le nom de « logique de la bouilloire ».

La société israélienne s’empêtre également dans ce raisonnement lorsqu’elle affirme qu’« il n’y a pas de famine à Gaza, que le Hamas est responsable de la famine, que tous les habitants sont des terroristes et que nous n’avons d’autre choix que d’être cruels ».

Un regard sur la société israélienne d’aujourd’hui révèle que nous sommes presque tous, à notre manière, enfermés dans une mentalité de victime, que nous nous considérions comme victimes du gouvernement, du système judiciaire, de l’antisémitisme mondial ou du fanatisme religieux. C’est un cercle vicieux paralysant dont il est très difficile de sortir. En ce sens, le silence face à ce qui se passe à Gaza n’est pas seulement un échec moral, mais aussi un schéma mental, une façon de ne pas ressentir et de ne pas savoir.

Alors, que faire ? Face à la culpabilité, la psychanalyse propose la responsabilité. Elle propose de regarder la personne qui se trouve en face de nous et de reconnaître le pouvoir que nous avons d’agir envers elle, même s’il est limité.

Comme la culpabilité traite de questions d’identité (« Suis-je bon ou mauvais ? »), elle laisse très peu de place à l’action créative. Elle esquisse un monde de catégories rigides, divisant les humains en méchants absolus et en victimes éternelles.

En même temps, elle encourage une attention obsessionnelle aux détails et aux définitions des péchés : s’agit-il de faim ou de famine ? De crise humanitaire, de catastrophe ou de génocide ? La personne coupable s’enfonce dans ce débat pédant et la colère s’y enferme.

Contrairement à la culpabilité, la question de la responsabilité ne concerne pas qui nous sommes, mais ce que nous faisons, ce qui se trouve devant nous et notre capacité à y remédier. Elle facilite ensuite des actions complexes telles que cultiver la compassion, reconnaître et admettre ses erreurs et recalculer son itinéraire. C’est une petite différence, mais c’est peut-être un point de départ.

REINALDO SPITALETTA
Colombie : le “messie” s’est enfoncé dans sa propre boue

Reinaldo Spitaletta, Sombrero de mago, El Espectador, 5-8-2025
Traduit par Tlaxcala

Les astérisques revoient aux notes du traducteur en fin de texte


Le patriarche à son automne lance à ses partisans voulant manifester contre sa condamnation : « Allez-y, défilez, moi, je ne peux pas »

Une tension à couper le souffle, incomparable même à celle qui peut régner parmi les supporters en délire lors d’une finale de championnat du monde, a envahi la salle lors du « procès du siècle », présenté avec une touche de marketing sportif. L’intouchable, le maître du téflon*, celui qui, pendant son mandat de président réélu grâce au « petit article* », se croyait le « messie », le « tout-puissant », celui qui, sans aucune considération, a déclaré que les jeunes assassinés par l’armée dans les « faux positifs *» n’avaient été vraiment pas en train de cueillir du café, celui dont presque tous les collaborateurs étaient en prison, a entendu, après un procès de 475 jours, le verdict sans appel : coupable !

La condamnation à 12 ans de prison domiciliaire, avec des fuites préalables, des menaces à l’encontre de la juge de la part de malfrats, a révélé toute l’ampleur de la décadence de l’automne d’un patriarche désolé par sa chute vertigineuse. Même son discours d’appel, dans lequel il n’a guère évoqué les crimes pour lesquels il a été condamné, était un retour sans saveur à son style de politicien traditionnel.

Je pense qu’outre le fait que justice ait pu être rendue dans un procès très médiatisé (au cours duquel il y a eu « des stratégies dilatoires systématiques pour empêcher le déroulement du procès ») qui a commencé il y a des années, et au cours duquel l’ancien président s’est enfoncé dans sa propre boue, victime de l’effet boomerang, le plus important est la figure singulière d’une juge comme Sandra Heredia, que les médias de propagande (déguisés en médias d’information) ont tant dénigrée.

Ni les pressions, ni la presse prosternée devant les intérêts criminels de l’accusé, ni les menaces ne l’ont perturbée. Au contraire, cela semble l’avoir remplie d’un sentiment héroïque et d’une sérénité dans l’application de la justice. Elle a pris la position de Thémis, a clairement énoncé des principes fondamentaux tels que « le droit ne peut trembler devant le bruit et la justice ne s’agenouille pas devant le pouvoir ». Elle a été catégorique en affirmant que « la toge n’a pas de genre, mais elle a du caractère », et c’est une évidence : cette dame de la magistrature, qui sait que la justice ne peut être ni soumise ni génuflexe devant les puissants, a du caractère à revendre.

Dompté et apprivoisé
“La justice ne s'agenouille pas devant le pouvoir"

Elle savait, et elle l’a prouvé, qu’elle ne jouait pas un rôle historique (même si elle fera sans aucun doute partie de l’histoire judiciaire de la Colombie), mais un rôle de justicière. Elle donnait parfois l’impression de ressembler, par exemple, à des juges d’un courage formidable, comme cet Italien, Giovanni Falcone, magistrat légendaire qui a traqué la mafia sicilienne, la Cosa Nostra. Elle n’a pas reculé, ni faibli au milieu d’une affaire qui, comme on s’en souvient, a cherché à obtenir des non-lieux avec des procureurs à la solde du pouvoir, comme Gabriel Jaimes.

La juge, qui a certainement pu à un moment donné se sentir comme sur une corde raide entre les pressions et les intimidations, a déclaré que son action était conforme à la loi et aux preuves et non motivée par des « sympathies ou antipathies ». Ce n’était pas l’avis des partisans d’Uribe, et encore moins celui du secrétaire d’État usaméricain, Marco Rubio, qui, sans rougir, s’est ingéré dans les affaires intérieures de la Colombie. Il connaissait les bons offices rendus par le condamné, fidèle vassal de la politique usaméricaine, partisan de l’invasion de l’Irak et fidèle exécutant des préceptes de la doctrine néolibérale et des ordres de Washington.

En tout état de cause, ce qui est ressorti de ces audiences, c’est que la juge n’a pas toléré les manipulations de la part de l’accusé et de sa défense, et qu’elle a préservé l’autonomie et l’indépendance judiciaires. Elle a mis en avant l’ensemble des membres de son bureau, toutes des femmes. Celui qui était (et qui peut en partie l’être encore) le citoyen tout-puissant, l’autoritaire, celui qui, selon les accusations, a parrainé la création du paramilitarisme, du Bloque Metro de las autodefensas*, celui qu’une sénatrice a qualifié de « vermine qui se glisse dans les égouts », a dû se taire, après avoir crié, face aux paroles énergiques et convaincantes de la juge. « Taisez-vous, M. Uribe », lui a-t-elle dit à un moment où l’accusé a élevé la voix.

La condamnation en première instance de celui qui reste aux yeux de la Colombie et du monde entier l’instigateur des « faux positifs », nombre de personnes assassinées qui a servi à ce jour à faire des jeux de chiffres avec la peine de douze ans, a réveillé l’humour noir populaire et le souvenir d’une période néfaste de répression, de persécutions, de dénonciations, de harcèlement et d’autoritarisme.

« Trinquons avec un petit rhum de 12 ans », « tentons la chance avec le 6.402 » et même une tendance singulière à la numérologie s’est réveillée. Il y a également eu des lectures d’extraits de L’automne du patriarche, de García Márquez, ou de El gran Burundún Burundá ha muerto et La metamorfosis de su excelencia, de Jorge Zalamea. « Pendant le week-end, les vautours se sont introduits par les balcons de la présidence... ».

Des foules chantaient des hymnes de joie et on a dit que du côté de Llanogrande* et de l’Ubérrimo*, il y avait une « mer de larmes » salée.

NdT

Téflon : pendant 30 ans, Uribe a été réputé intouchable, inoxydable,

Petit article : adopté en 2004, cet article de la Constitution a permis la réélection d’Uribe en 2006

Faux positifs : jeunes hommes, généralement prolétaires ou marginaux, victimes d’exécutions extrajudiciaires de la part de militaires assoiffés de primes, et présentés après coup comme des guérilleros ou des criminels. Officiellement, il y en eu 6 042.

Bloque Metro de las autodefensas : groupe de paramilitaires dirigé par d’anciens militaires, chargé de combattre la guérilla dans le département d’Antioquia.

Llanogrande : propriété luxueuse d’Uribe à Riogrande (Antioquia), dans laquelle il devrait purger sa peine.

Ubérrimo : hacienda de 1500 hectares, propriété d’Uribe et haut lieu de son activité politico-mafieuse

MAHAD HUSSEIN SALLAM
Memorias confiscadas: encasillar los dolores, traicionar lo universal
Nunca más para nadie, en ningún lugar

Mahad Hussein Sallam, BlogsMediapart, 4/8/2025

Traducido por Tlaxcala

Una memoria bajo influencia: reflexionar sobre la justicia a través del prisma del recuerdo

“Nunca más”. Esta exhortación nacida del Holocausto se ha impuesto como un imperativo moral universal. Grabada en los museos, repetida en los discursos, pretende impedir que se repita lo peor. Pero ¿qué valor tiene esta promesa si solo protege a algunos y justifica el sufrimiento de otros?

La memoria, lejos de ser un santuario, es un campo de batalla. Ilumina u oculta. Puede prevenir u ocultar. Cuando se instrumentaliza, deja de ser un deber para convertirse en una palanca de dominación.


Memorial del campo de concentración de Dachau, Alemania

“Nunca más es ahora” en la Puerta de Brandeburgo en Berlín, 9 de noviembre de 2023

El filosemitismo como talismán moral: entre el deber de la memoria y la ceguera política

Ivan Segré escribió: «El filosemitismo es la mejor manera de dejar de ser antisemita sin dejar de dominar». » El filosemitismo de Estado transforma la memoria del Holocausto en un absoluto moral. Toda crítica a Israel se vuelve sospechosa. La confusión entre judaísmo, sionismo y Estado se convierte en arma de dominación.

En Gaza, más de 60 000 muertos, niños desnutridos, periodistas asesinados, hospitales destruidos. Y un silencio mediático aterrador. Human Rights Watch, la ONU y MSF alertan: uso del hambre, bombardeo de infraestructuras civiles, crímenes de guerra. Sin embargo, denunciar estos hechos es arriesgarse a ser acusado de antisemitismo.


Una memoria jerarquizada: Gaza, Ruanda, Yemen, Congo y Namibia

Ruanda, 1994: 800 000 tutsis masacrados. Alertas ignoradas. Complicidad pasiva de las potencias occidentales. En Francia, los archivos revelan una proximidad con los genocidas. Este genocidio sigue ausente de los libros de texto.


Mary Zins, 2018

Yemen, desde 2015: 370 000 muertos. Bombas francesas, británicas, usamericanas. Cólera, hambruna, silencio. Ningún museo, ningún día de conmemoración. En la actualidad, millones de niños siguen amenazados por la hambruna y múltiples epidemias, según organizaciones internacionales.


Manos cortadas, por Adel Abdessemed, 2017

El Congo de Leopoldo II: más de 10 millones de muertos por el caucho. Manos cortadas, aldeas incendiadas. Silencio, un siglo después. En 2020, el rey Philippe expresa su “pesar”, pero sin disculpas oficiales ni reparaciones.


Herero huyendo de las tropas alemanas en el desierto de Omaheke (1907). Imagen de Ulstein / Roger-Viollet

Herero y Nama: el genocidio inaugural del siglo XX

En Namibia, entre 1904 y 1908, los alemanes exterminaron al 80 % de los herero y al 50 % de los nama. La orden oficial del general von Trotha, octubre de 1904: «Todo herero que se encuentre dentro de la frontera alemana, con o sin armas, con o sin ganado, será fusilado». Campos de concentración, violaciones, experimentos médicos. Los cráneos se envían a Berlín para estudios raciales. El reconocimiento de 2021 sigue siendo simbólico. No hay reparaciones, ni memoria compartida, ni atención especial, siempre y cuando ocurra en otro continente.

Un historiador namibio lo resume así: «El genocidio herero es el eslabón perdido entre el imperialismo del siglo XIX y el nazismo». Pero Europa no ha aprendido nada. El crimen ha sido borrado de la historia común.



Geopolítica de la memoria: ¿a quién beneficia el recuerdo?

Algunos dolores se sacralizan, otros se rechazan. Israel se beneficia de un capital memorial único, vinculado al Holocausto y al orden poscolonial. Este capital también sirve de escudo geopolítico.

La memoria se convierte en herramienta del olvido. Se enseña Auschwitz, pero se silencia Sabra y Chatila. El filosemitismo no es amor por los judíos: es el uso estratégico de su historia. Un diplomático europeo lo admite: «Reconocer Gaza como una tragedia humana sería deslegitimar nuestra alianza con Israel. Es políticamente impensable».

La memoria histórica nunca es neutral. Está jerarquizada, instrumentalizada, calibrada según intereses geopolíticos. En Occidente, algunos sufrimientos se santifican, otros se silencian o se relegan.

Israel se beneficia hoy de un capital memorial sin igual. Esto se explica, por supuesto, por el horror del Holocausto, pero también por el contexto estratégico en el que se reconoció esta memoria: el de un mundo posimperial, en el que las potencias occidentales rediseñaban los contornos de su influencia. La memoria del exterminio judío se ha convertido, paralelamente a un reconocimiento ético, en una garantía moral para una nueva arquitectura de alianzas en Oriente Medio.

Esta brutal ecuación pone de manifiesto una verdad incómoda: la memoria de algunos pueblos se protege porque sirve a intereses. La de otros se borra porque les molesta.

Se conmemora Auschwitz, pero no Sabra y Chatila. Se criminaliza la negación de los crímenes nazis, pero se relativizan las muertes en Rafah. La memoria se convierte en una herramienta diplomática, un arma de selección moral. Petróleo, gas, materias primas, geopolítica e intereses estratégicos: estos son, por desgracia, los verdaderos títulos bajo los que se escriben muchas tragedias humanas, que se reconozcan o se nieguen.

¿Filosemitismo contra el judaísmo?

El uso sagrado de la memoria impide cualquier crítica. Annette Wieviorka: “Hemos congelado el sufrimiento judío en una sacralización”.

El filosemitismo se convierte en una trampa.

Pensadores de confesión judía como Ilan Pappé, Norman Finkelstein o Marc Ellis denuncian la confusión entre judaísmo y colonialismo. Para ellos, es la fidelidad a la ética judía la que impone oponerse a las opresiones, incluso cuando son perpetradas por un Estado que se reivindica judío.

¿Y si el exceso de amor aparente se convirtiera en otra forma de traición? Es lo que denuncia Gideon Levy, periodista israelí: «Israel no protege el legado moral del judaísmo, lo traiciona».

La instrumentalización del Holocausto sirve hoy para santificar a un Estado que bombardea, coloniza y discrimina. Esta sacralización crea una jerarquía implícita de los dolores.

El resultado es evidente: cualquier crítica a Israel se vuelve sospechosa. La memoria se convierte en un escudo ideológico. Como bien señala Dominique Vidal: «El riesgo es que los demás genocidios se conviertan en tragedias de segunda categoría. »

El filosemitismo moderno, la admiración excesiva, la intocabilidad política, ya no protege a los judíos, los encierra en un papel de icono sagrado al servicio de un poder.

Abel Herzberg lo dijo con agudeza: «Hay dos tipos de antisemitas: los que nos odian y los que nos aman demasiado».

Gideon Levy también denuncia un Estado judío que se ha vuelto racial, desigual y excluyente. No es el único. Otros pensadores judíos, como Ilan Pappé, Norman Finkelstein y Avraham Burg, hacen sonar la misma alarma: confundir judaísmo y sionismo es perjudicial para todos. Mientras que Marc Ellis concluye: «La única manera de honrar la memoria judía es estar del lado de los oprimidos, no de los opresores».

Una memoria universal o nada

La memoria no debe seleccionar a los muertos. No debe legitimar el olvido de los vivos. Debe desarmar los relatos, acoger todos los dolores, enseñar todas las tragedias.

Este texto es un llamamiento. Enseñar el genocidio de Ruanda, las masacres coloniales, la hambruna en Gaza, el destino de Yemen, con la misma solemnidad que el Holocausto. No para relativizar, sino para universalizar.

Hacer del «nunca más» no un simple eslogan vacío de sentido, sino una exigencia real. Porque la memoria selectiva es siempre el preludio de otras violencias. El universalismo comienza cuando la memoria deja de ser un arma. Una memoria que selecciona a los muertos siempre acaba justificando a los vivos que matan.





08/08/2025

MAHAD HUSSEIN SALLAM
Confiscated memories: sorting through pain, betraying the universal
Never again for anyone, anywhere

Mahad Hussein Sallam, Blogs Mediapart, 4/8/2025

Translated by Tlaxcala

A memory under influence: thinking about justice through the prism of remembrance

‘Never again.’ This injunction, born out of the Holocaust, has become a universal moral imperative.

Engraved in museums and repeated in speeches, it claims to prevent the worst from happening again. But what is this promise worth if it only protects some and justifies the suffering of others?

Memory, far from being a sanctuary, is a battlefield. It enlightens or obscures. It can warn or conceal. When it becomes instrumentalised, it ceases to be a duty and becomes a lever of domination.


Dachau concentration camp memorial, Germany


“Never again is now” on Brandenburger Tor in Berlin, Nov. 9, 2023

Philosemitism as a moral talisman: between the duty to remember and political blindness

Ivan Segré wrote: "Philosemitism is the best way to stop being anti-Semitic while continuing to dominate. " State philosemitism transforms the memory of the Holocaust into a moral absolute. Any criticism of Israel becomes suspect. The confusion between Judaism, Zionism and the state becomes a weapon of domination.

In Gaza, more than 60,000 people have been killed, children are malnourished, journalists have been killed and hospitals destroyed. And there is a frightening media silence. Human Rights Watch, the UN and MSF are sounding the alarm: use of starvation, bombing of civilian infrastructure, war crimes. Yet to denounce these facts is to risk being accused of anti-Semitism.


A hierarchical memory: Gaza, Rwanda, Yemen, Congo and Namibia

Rwanda, 1994: 800,000 Tutsis massacred. Warnings ignored. Passive complicity of Western powers. In France, archives reveal close ties with the perpetrators of genocide. This genocide is still absent from school textbooks.


Mary Zins, 2018

Yemen, since 2015: 370,000 dead. French, British and USAmerican bombs. Cholera, famine, silence. No museum, no day of remembrance. Today, according to international organisations, millions of children are still threatened by famine and multiple epidemics.


Severed Hands, by Adel Abdessemed

Leopold II's Congo: more than 10 million dead for rubber. Hands cut off, villages burned down. Silence again, a century later. In 2020, King Philippe expressed ‘regret’, but without an official apology or reparations.

Herero fleeing German troops in the Omaheke Desert (1907). Ulstein Bild / Roger-Viollet

Herero and Nama: the first genocide of the 20th century

In Namibia, between 1904 and 1908, the Germans exterminated 80% of the Herero and 50% of the Nama. The official order of General von Trotha, October 1904: ‘Every Herero found within the German border, with or without weapons, with or without cattle, will be shot.’ Concentration camps, rape, medical experiments. Skulls were sent to Berlin for racial studies. The 2021 recognition remains symbolic. No reparations, no shared memory, no special attention as long as it happens on another continent.

A Namibian historian sums it up: ‘The Herero genocide is the missing link between 19th-century imperialism and Nazism.’ But Europe has learned nothing. The crime has been erased from our shared history.



The geopolitics of memory: who benefits from remembering?

Some pain is sanctified, other pain is rejected.

Israel benefits from a unique historical capital linked to the Holocaust and the post-colonial order. This capital also serves as a geopolitical shield. Memory becomes a tool for forgetting. Auschwitz is taught, Sabra and Shatila are silenced. Philosemitism is not love for Jews: it is the strategic use of their history.

A European diplomat admits: ‘Recognising Gaza as a human tragedy would be to delegitimise our alliance with Israel. It is politically unthinkable.’

Historical memory is never neutral. It is hierarchical, instrumentalised and calibrated according to geopolitical interests. In the West, some suffering is sanctified, while other suffering is silenced or relegated.

Israel today benefits from unparalleled historical capital. This is explained, of course, by the horror of the Holocaust, but also by the strategic context in which this memory was recognised: that of a post-imperial world in which Western powers were redrawing the contours of their influence. The memory of the Jewish extermination has become, alongside ethical recognition, a moral guarantee for a new architecture of alliances in the Middle East.

This brutal equation highlights an uncomfortable truth: the memory of some peoples is protected because it serves certain interests. The memory of others is erased because it disturbs them.

We commemorate Auschwitz, but not Sabra and Shatila. We criminalise the denial of Nazi crimes, but we relativise the deaths in Rafah. Memory becomes a tool of diplomacy, a weapon of moral selection. Oil, gas, raw materials, geopolitics and strategic interests: these are, unfortunately, the real headlines under which many human tragedies are written, whether we recognise them or deny them.

Philosemitism versus Judaism?

The sacred use of memory prevents any criticism. Annette Wieviorka: "We have frozen Jewish suffering in a sacralisation. " Philosemitism is becoming a trap.

Jewish thinkers such as Ilan Pappé, Norman Finkelstein and Marc Ellis denounce the confusion between Judaism and colonialism. For them, it is fidelity to Jewish ethics that dictates opposition to oppression, even when it is perpetrated by a state claiming to be Jewish.

What if this apparent excess of love becomes another form of betrayal? This is what Israeli journalist Gideon Levy denounces: ‘Israel is not protecting the moral heritage of Judaism, it is betraying it.’

The instrumentalisation of the Holocaust is now being used to sanctify a state that bombs, colonises and discriminates. This sanctification creates an implicit hierarchy of suffering.

The result is that any criticism of Israel becomes suspect. Memory becomes an ideological shield. As Dominique Vidal so aptly puts it: "The risk is that other genocides become second-rate tragedies. ‘

Modern philosemitism, excessive admiration and political untouchability no longer protect Jews; they lock them into a role as sacred icons in the service of power.

Abel Herzberg put it succinctly: ’There are two kinds of anti-Semites: those who hate us and those who love us too much."

Gideon Levy also denounces a Jewish state that has become racial, unequal and exclusive. He is not alone. Other Jewish thinkers, Ilan Pappé, Norman Finkelstein and Avraham Burg, are sounding the same alarm: confusing Judaism and Zionism is harmful to everyone. Marc Ellis concludes: ‘The only way to honour Jewish memory is to stand with the oppressed, not the oppressors.’

A universal memory or nothing

Memory must not pick and choose among the dead. It must not legitimise the forgetting of the living. It must disarm narratives, embrace all pain, and teach all tragedies.

This text is a call to action. Teach about the Rwandan genocide, colonial massacres, the famine in Gaza, the plight of Yemen, with the same solemnity as the Holocaust. Not to relativise, but to universalise.

Let ‘never again’ not be a mere slogan emptied of meaning, but a real demand. For selective memory is always a prelude to further violence. Universalism begins when memory ceases to be a weapon. A memory that sorts the dead always ends up justifying the living who kill.



AMOS HAREL
El plan de Netanyahu para la toma de control de la Ciudad de Gaza pone a Israel en la senda de una guerra perpetua

La ampliación de los combates en Gaza solo ha empeorado la situación de Israel, y la única solución del primer ministro es adentrarse aún más en el atolladero. Mientras tanto, sus ministros ya están tratando de normalizar las inevitables bajas militares y la muerte inminente de los rehenes.

Amos Harel, Haaretz, 8-8-2025

Traducido por Tlaxcala

 

Una bandera israelí dañada en Gaza, vista desde el lado israelí de la frontera entre Israel y Gaza, el 7 de agosto de 2025. Foto Amir Cohen / REUTERS

La crisis entre el primer ministro Benyamin Netanyahu y el jefe del Estado Mayor de las Fuerzas de Defensa de Israel, Eyal Zamir, sobre la siguiente fase de la guerra en la Franja de Gaza es aún peor de lo que han informado los medios de comunicación esta semana.

Es más difícil que nunca saber qué pretende realmente Netanyahu: en esta etapa, no solo porque mantiene abiertas todas sus opciones, sino porque no se detendrá ante nada. Sin embargo, la tensión entre ambos es real.

Netanyahu puede tener otros objetivos (apaciguar al ala mesiánica de derecha de su coalición gobernante; disuadir a Hamás), pero actualmente parece centrado en persuadir al ejército para que se prepare para una ocupación total o casi total de Gaza.

En la madrugada del viernes, tras una reunión maratoniana, el gabinete aprobó el plan de Netanyahu para preparar la toma de control de la ciudad de Gaza. Zamir cree que esto sería desastroso. No es inconcebible que se vea obligado a dimitir, o que sea destituido, debido a la disputa, lo que provocaría numerosos terremotos secundarios en las FDI.

El conflicto entre ambos hombres se deriva directamente del estancamiento de la guerra. A lo largo de esta guerra, la más larga de la historia de Israel, los partidarios de Netanyahu han afirmado que está aplicando una estrategia ordenada que ha obtenido importantes logros (Irán, Líbano, Siria, los golpes asestados a Hamás) a pesar de los contratiempos sufridos. Pero, en la práctica, ha sumido a Israel en graves dificultades.

Entre mayo y julio, hubo una oportunidad de alcanzar al menos un acuerdo parcial con Hamás para la liberación de los rehenes, algo que Netanyahu afirmaba querer. Pero su decisión de ampliar la guerra lanzando en mayo una amplia operación terrestre, conocida como Operación Carros de Gedeón, después de haber violado unilateralmente un alto el fuego, no dio los resultados que él y el ejército habían esperado.

Fue entonces cuando comenzó el fiasco de la ayuda. La Fundación Humanitaria de Gaza, con sede en USA, no cumplió los ambiciosos objetivos que se había fijado en cuanto a la distribución de la ayuda a los habitantes de Gaza —algo previsible desde el principio— y el fin del control de Hamás sobre la ayuda no doblegó a la organización. Al contrario, se produjo una nueva catástrofe humanitaria en Gaza, aún peor que las anteriores. Los propagandistas propalestinos la amplificaron aún más mediante un aluvión de engaños y guerra psicológica.[sic]

La imagen de Israel en el extranjero se desplomó aún más, el gobierno usamericano ejerció presión y, hace dos semanas, Netanyahu se vio obligado a abrir las puertas de Gaza e inundar el enclave con ayuda, en contra de todas sus declaraciones anteriores. Sin embargo, el daño causado a la población de Gaza fue tan grande que llevará mucho tiempo repararlo. Y ni siquiera hablemos de la actitud de la comunidad internacional hacia Israel. Lo que vivieron los turistas israelíes en Grecia fue solo el comienzo. El número de advertencias sobre posibles ataques contra israelíes y judíos en el extranjero se está disparando.

Esta semana nos hemos enterado de que el ministro de Finanzas, Bezalel Smotrich, que hace dos meses intentó denegar la asignación de 700 millones de shekels (175 millones de euros) para garantizar los centros de distribución de ayuda de la GHF, ahora está asignando sin pestañear otros 3000 millones de shekels al proyecto. «No me interesan los palestinos, pero sí destruir Hamás», explicó. Y mientras tanto, los habitantes de Gaza que intentan desesperadamente conseguir comida para sus familias en los escasos centros de distribución siguen muriendo, por disparos o pisoteados.


Un niño palestino come tahini crudo cerca de un punto de distribución del GHF el sábado. Foto Eyad Baba/AFP

A mediados de julio, antes de que estallara la crisis alimentaria, parecía que se estaba llegando a un acuerdo parcial sobre los rehenes. Israel hizo mucho ruido sobre la ocupación de dos corredores en la región de Morag, en el sur de Gaza, con el fin de poder cederlos en el acuerdo. Los altos cargos de Defensa se mostraban cautelosamente optimistas, como si el alto el fuego inicial de 60 días que se estaba negociando fuera a dar lugar esta vez a un plan más amplio para poner fin a la guerra. Pero Hamás no tardó en comprender las nuevas circunstancias y, desde entonces, no ha mostrado ningún signo de flexibilidad en las negociaciones. Incluso añadió dos exigencias: la liberación de los miembros capturados de su fuerza de élite Nukhba, responsable de la masacre del 7 de octubre, y el aplazamiento de la liberación del último rehén hasta que haya comenzado la reconstrucción de Gaza. Empezó a insistir en la necesidad de reconstruir Gaza, en parte para señalar su intención de seguir formando parte del Gobierno del territorio.

Estas exigencias enfurecieron tanto a Netanyahu como al presidente Trump, y llevaron las negociaciones a un punto muerto. En la práctica, toda la guerra está estancada. Las negociaciones se han suspendido, los negociadores israelíes han sido retirados de Qatar y los combates en Gaza están más estancados que nunca debido a la crisis humanitaria y a la falta de una decisión sobre el futuro del ejército. Por utilizar una analogía deportiva, Netanyahu prefiere ir por la banda que por el centro. No busca una victoria rápida. Quiere dejar abiertas tantas alternativas como sea posible y ganar tiempo, evitando al mismo tiempo cualquier amenaza a su coalición gubernamental.


Netanyahu abraza a Eyal Zamir, en el cuartel general de defensa de Kirya, en Tel Aviv, a finales de junio. Foto Maayan Toaf/GPO

La falta de avances abre la puerta a una crisis con los altos mandos del ejército israelí que implique debilitar al ejército y abusar del jefe del Estado Mayor. Al igual que la «ciudad humanitaria» de Rafah, que nunca se materializó, o el plan de emigración de Gaza, que hasta ahora no ha llegado a ninguna parte, una crisis de este tipo da a los medios de comunicación un nuevo tema del que hablar. La tensa espera de reuniones decisivas y las filtraciones distraen un poco la atención de los fracasos del gobierno: la prolongación de una guerra sin objetivos, los gritos de las familias de los rehenes, el escandaloso proyecto de ley para legalizar la exención del servicio militar de los ultraortodoxos y la mala actuación de los ministros. Mientras tanto, el tiempo pasa y el gobierno sobrevive.

Una guerra perpetua también podría ayudar a Netanyahu a alcanzar su segundo objetivo: asegurar su victoria en las próximas elecciones, aunque todas las encuestas pronostican su derrota. Esto se lograría socavando sistemáticamente el proceso democrático bajo el pretexto de la guerra y sus necesidades.

Zamir tampoco tiene buenas soluciones para la crisis que se ha creado. La ofensiva terrestre de mayo no logró su objetivo y, en opinión de Zamir, eso se debe a que el gobierno no aprovechó sus logros para la diplomacia. Ahora, al carecer de capacidad para obligar a Hamás a firmar un acuerdo, Israel está improvisando soluciones alternativas. Zamir ha aprovechado el respiro en los combates para reducir las tropas en Gaza. El ejército también ha tomado medidas para reducir la carga de los reservistas este año y ha puesto fin a su política de prolongar automáticamente el servicio de los soldados reclutas mediante órdenes de movilización de emergencia.

Normalización del abandono

El enfrentamiento con Netanyahu se intensificó tras un reportaje del veterano periodista Nahum Barnea publicado el viernes pasado en el periódico de gran tirada Yedioth Ahronoth. Barnea escribió que Zamir estaba considerando la posibilidad de dimitir si los responsables políticos le obligaban a conquistar toda la Franja de Gaza. La oficina del primer ministro, siguiendo su costumbre, intentó presionar al jefe del Estado Mayor para que se desvinculase del informe, pero Zamir se negó, aunque el titular inequívoco del artículo aparentemente le sorprendió en cierta medida.

Las razones de la frustración de Zamir son comprensibles: el gabinete de seguridad casi nunca se reúne (en su lugar, hay reuniones de los jefes de las facciones del Knesset, un foro desprovisto de autoridad legal); las reuniones personales entre Zamir y el primer ministro son escasas y esporádicas; y la guerra se está librando al estilo salami, sin que se haya establecido una política clara.


Una simpatizante de los rehenes secuestrados el 7 de octubre de 2023, sostiene carteles mientras participa en una protesta para exigir la liberación inmediata de los rehenes y el fin de la guerra en Tel Aviv, Israel, el 7 de agosto de 2025. Foto Ammar Awad/ REUTERS

Mientras tanto, la familia Netanyahu ha lanzado una ofensiva contra Zamir. Mientras el padre alza la voz en los pasillos, el hijo y la madre actúan según sus métodos: a través de las redes sociales y filtraciones a los medios de comunicación. Yair Netanyahu tuiteó acusaciones infundadas contra el jefe de Estado mayor, en el sentido de que estaba planeando un golpe militar, y se desvinculó de la responsabilidad de su padre por el nombramiento de Zamir (de hecho, el primer ministro declaró con orgullo en la ceremonia de nombramiento en marzo que era la tercera vez que quería a Zamir para el cargo).

Sara Netanyahu fue citada diciendo que había advertido a su marido que no nombrara a Zamir, porque no sería capaz de soportar la presión de los medios de comunicación. Como en una república bananera, la prensa informó de que Netanyahu padre quería a Zamir, pero que la madre y el hijo presionaron para que se nombrara al general David Zini, que entretanto ha sido nombrado jefe del servicio de seguridad Shin Bet, una decisión peligrosa.

Esta semana, corresponsales diplomáticos y militares recibieron filtraciones detalladas —de una forma que plantea dudas sobre la seriedad de la discusión— sobre los planes que exige Netanyahu: la conquista de la ciudad de Gaza y los campos de refugiados en el centro de la Franja. Se trata de dos de los tres enclaves en los que las FDI han obligado a la población palestina a refugiarse y donde se encuentran los rehenes israelíes (el tercero es la zona de Mauasi, en la costa sur de la Franja).

Altos mandos del ejército israelí advirtieron de que esto requeriría una operación terrestre de varios meses y acciones para peinar la zona y purgarla de terroristas, lo que podría llevar hasta dos años. La operación requeriría entre cuatro y seis divisiones, lo que supondría un número astronómico de días adicionales de servicio de reserva. Y la intención es seguir empujando a la población por la fuerza hacia la sección sur de la Franja, mientras se intenta obligarla a emigrar.

Zamir, por el contrario, propuso rodear los enclaves actuales, ejercer presión militar sobre ellos desde el exterior e intentar desgastar a Hamás, sin poner en peligro la vida de los rehenes. Tampoco parece una solución ganadora.

Trump, al parecer, ha dado luz verde a Netanyahu para ampliar la operación en Gaza, siempre que las fuerzas actúen con rapidez, sin permanecer allí innecesariamente.

Al mismo tiempo, obligó al primer ministro a permitir la entrada de la ayuda. Por el momento, Netanyahu, con el respaldo de Trump, está luchando por una operación a gran escala, a pesar de los riesgos. También está comprando ideas irresponsables que se expresan en su entorno: que después de ocupar la ciudad de Gaza, sería posible gestionar la distribución de alimentos allí a través de los clanes locales.

Aún así, hay una salida: si el primer ministro evita presentar un calendario rígido, siempre es posible falsear el ritmo de ejecución y esperar que, mientras tanto, surja otra solución con la ayuda de la amenaza militar.

Los servidores del primer ministro, los ministros y los diputados, están ocupados normalizando la guerra y preparando el terreno para que la opinión pública acepte abandonar a los rehenes a la muerte. Se empieza afirmando que los civiles secuestrados en sus casas y en el festival de música Nova son en realidad «prisioneros de guerra», soldados capturados que deben esperar a que termine la guerra, en una fecha desconocida en el futuro, para ser devueltos, y se termina silenciando a las familias de los rehenes en el Knesset.

Zamir tiene una clara ventaja: el ejército sigue respaldándolo. La mayoría absoluta de los oficiales cree en él y en sus consideraciones. Netanyahu, cuyos partidarios barajan hipótesis de destitución y sustitución, deberá tenerlo en cuenta. La combinación del peligro para la vida de los soldados y los rehenes, junto con la confrontación pública entre el primer ministro y el jefe del Estado Mayor, podría inclinar la opinión pública en contra de Netanyahu.


Reservistas en Gaza, en marzo. Foto Portavoz de las FDI

Si Zamir hace lo que hizo Eli Geva en la guerra del Líbano de 1982 —como comandante de la 211ª Brigada Blindada, dimitió del ejército en protesta por la guerra—, entraremos en territorio desconocido. Es probable que esto provoque un mayor rechazo al servicio, especialmente entre las unidades de reserva, y que finalmente surja un nuevo movimiento de las Cuatro Madres, eficaz y más vociferante, como el que surgió en 1997 contra la guerra del Líbano.

El verdadero estado del ejército, que lleva 22 meses luchando en Gaza, se puede deducir de una publicación de un mayor de la reserva, comandante de una unidad que maneja maquinaria pesada. «En las últimas tres semanas he experimentado de cerca la profundidad del problema», escribió. «La falta de organización, la incertidumbre y la ausencia de un objetivo operativo claro son sentimientos que se repiten en todos los ámbitos... El resultado sobre el terreno: las fuerzas se mueven sin contexto, sin continuidad y sin un objetivo claro. Las tropas de combate también lo sienten, no solo por la carga, sino por una sensación de total desprecio operativo».

Cuando las cosas se dicen con claridad, y no a través de fuentes anónimas, los medios de comunicación se ven obligados a informarlas de manera directa. Pero la mayoría de las veces se dedican a difuminar los acontecimientos de Gaza bajo una espesa capa de patriotismo, camaradería guerrera y edulcoramiento.

6 de agosto de 2025: una niña palestina frente al Centro de Salud Sheikh Radwan, en el norte de la ciudad de Gaza, tras su destrucción en un ataque nocturno. Foto: Omar Al-Qattaa/AFP.